Margaut_de_roanne
Chinon Lhostellerie chambre dEamon.
Comme bien souvent lorsque rien ne se passait comme je le souhaitais mon petit côté duduche faisait irruption. Cette fois ci la personne incriminée par mon impatience était la pauvre infirmière de mon prince qui tardait à venir lui apporter de leau. Bien évidemment nous étions en temps de guerre et les blessés étaient si nombreux que nous pouvions à peine déambuler dans les couloirs pour parvenir jusquà cette chambre. Toujours est-il que je ne tolérais pas que lon laisse attendre mon prince quand bien même il y avait des centaines de soldats plus gravement blessés que lui. Alors que jallais finalement me lever pour aller lui chercher moi-même de leau, le léger grincement de la porte me fit me raviser. Par lentrebaillement de la porte japerçu ma mère qui tenais en ses mains un bol remplit dune mixture étrange. Piquée à vif par ma curiosité jallais lui demander ce qui composait le breuvage, mais ma très chère mère me connaissait par cur me rappela gentiment de me taire et de moccuper de mon prince.
Je me levais alors de la couche de mon bien aimé pour attraper le bol et revint tout aussi vite vers lui. Lodeur qui émanait de la mixture nétait ni nauséabonde ni agréable, cependant la simple vision du nectar extirpa une grimace à mon prince et je ne pu réprimer un éclat de rire.
- Allons donc, Eamon de Trévière, si vous avez survécu à ces combats je suis sure que vous survivrez à un peu de breuvage. Aller ouvre la bouche mon prince il faut que tu le boives cela va te faire du bien. Tu ne voudrais pas que la douleur perdure.
Je glissais alors une main sous la nuque dEamon et je relevais légèrement sa tête puis japprochais le breuvage de ses lèvres et le fit glisser doucement dans lentre buccal de mon prince. Je recommençais autant de fois que nécessaire jusquà ce que le bol soit presque entièrement vide. Mon ange blond comme à son habitude avait fait preuve dun courage sans faille. Je lui souris et posa sa tête lentement contre la couche. Puis je mapprochais de lui et glissais un baiser doux et chaleureux, emplit de tout lamour que je lui portais, sur ses lèvres. Lentement je glissais ma bouche à son oreille et lui susurrait tout en laissant rouler une larme sur ma joue.
- Je taime Eamon de Trévière ne me refais plus jamais une telle peur.
Je me reculais alors légèrement de lui et caressait sa main, quoi quil en soit, jétais là auprès de lui et il avait tenu sa promesse il était revenu certes point dans létat que jaurais voulu mais il était là
Les jours suivirent mais ne se ressemblèrent pas, je venais à son chevet quotidiennement, jarrivais tôt le matin moctroyait une pause pour manger et je ne repartais le soir que pour aller dans la salle commune prendre acte de mes ordres. Car quimporte que Eamon soit blessé jétais toujours présente pour aller me battre et en tant que soldat je devais être sure de ne pas rater le départ. Chaque jour je mémerveillais de voir que Eamon allait mieux, il parlait enfin et prenait même un malin plaisir à me raconter des histoires drôles pour détendre un peu latmosphère. Sa blessure était encore loin dêtre guérit mais il navait eut que peu de fièvre signe que les remèdes étaient efficace il ne semblait pas souffrir dune infection ce qui avait enchanté le médecin qui était optimiste quand à sa guérison prochaine.
Chinon . Salle commune de lhostellerie 24 octobre
Le 24 octobre au soir alors que javais rejoins mes parents dans la salle commune je pris acte de nôtre départ prochain au front. Nous devions être prêts pour le lendemain, un messager viendrait nous chercher pour rejoindre notre armée. Je soupirais profondément, je savais que jétais ici pour cela, mais de savoir que cétait le grand jour et que surtout jallais partir alors que mon prince nétait même pas complètement guérit me bouleversèrent le cur.
Je devais cependant my résoudre il était hors de question pour moi de faire affront à mon père en refusant dy aller. Père ne laurait point toléré et je navais pas été éduquée à faillir à mes responsabilités. Biensur, ni père, ni mère ne mavait forcé bien au contraire jusquà présent ils avaient été ferme refusant catégoriquement que je me joigne à eux lors des combats. Me répétant sans cesse que je devais rester à Roanne que ma place été là bas à labri. Je lavais accepté non sans rechigner jusquà aujourdhui. Jusquà ce que je décide de venir ici à Chinon, de les suivre pour prêter mains fortes. Javais alors expliqué que je nétais pas digne dêtre une Roanne si je restais cachée au château à attendre sagement que la guerre finisse. Je me devais, comme ma famille, de me battre pour notre duché, notre royaume, pour la Reyne.
Voilà, comment ce 24 ème jour du mois doctobre de lan 1459 je me retrouvais en cette salle commune, le visage fermé, les yeux cernés de fatigue, le corps exténué et le cur meurtrit. Prête à en découdre mais terriblement triste de laisser mon prince, ici, seul.
Chinon . 25 octobre, le départ.
Javais décidé de me levais avant laube tenant à prévenir Eamon de mon départ le jour même. Je savais que le messager pouvait venir nous prévenir du départ nimporte quand et je refusais dêtre prise de cours.
Javais dès mon réveil revêtu ma tenue de soldat. Gain de temps certain, ce qui me permettrait de rester au chevet de mon prince jusquà mon départ. Jétais partagé entre la fierté de me voir dans cet accoutrement qui devait surement en laisser plus dun pantois. Moi, Margaut de Roanne dAzayes, je me destinais à la médecine et javais dis que je ne mettrais un pied sur un champ de bataille quen tant que médecin pour venir en aide au blessé. Hors je me retrouvais devant mon miroir accoutré comme un grand guerrier prêt à brandir armes et boucliers pour ce en quoi il croit.
Je ne pu mempêcher déclater dun rire, me moquant de moi-même. Je me dirigeais vers la chambre dEamon, tout en continuant de rire. Cétait un rire nerveux, car je savais que dès que jaurais franchis la porte de la chambre dEamon ainsi affublée, il maugréerait autant quil le pourrait, tentant tout pour me retenir.
Je soupirais longuement puis poussais la porte, sans même lui laisser le temps de réaliser ce qui arrivait. Je me mis à genou devant sa couche et lui attrapais la main. Je plongeais mes yeux dans les siens et mon fou rire sarrêta net pour laisser place à un profond désarroi.
- Eamon, je te supplie de ne rien dire et de ne rien faire pour me retenir sans quoi je crois ne point avoir la force de te résister. Mais je suis certaine que tu comprends que je dois y aller. Il est temps mon prince, je dois partir au front, jattends le messager qui doit me mener à mon destin.
Je reviendrais, je te le promets, jamais nous navons faillit à nos promesses
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