Sherynne
Rp ouvert à ceux qui croisent leur chemin et qui sont dans la confidence. mp dans tous les cas. Suite d'une histoire qui a débuté il y a plusieurs mois. Lire ici.
Le pigeon s'étale sur la courtepointe qui la recouvre. C'est l'oeil encore ensommeillé qu'elle libère la patte du volatile du rouleau de parchemin.
La jeune fille porte la lettre à ses narines, clos les paupières et hume le parfum subtile, un mélange de lui, de voyage, de nature..
Avant même de le dérouler, elle sait que c'est la réponse qu'elle attend. Cela la ramène quelques mois en arrière, dans les ruelles de Castillon, la maison du lac.. la fuite à travers le P.A., et surtout à La Rochelle..
Pourquoi a t' elle pris contact avec lui après tout ça ? Sherynne se pose la question pour la centième fois depuis des jours. Se rappeler à lui peut être dangereux mais elle a besoin de savoir, de clore cette histoire une bonne fois pour toute.
Se redressant sur l'oreiller, elle déroule enfin la lettre.
Sherynne,
Je dois bien vous avouer qu'avoir une lettre de vous m'étonne quelque peu. Je ne sais qu'en penser. Bien sûr, pour être honnête avec vous, j'ai pensé rejoindre Castillon, j'ai pensé vous croiser, par hasard, au détour d'une rue. Mais je ne puis me le permettre, ne pouvant être totalement sûr de ne pas être suivi.
Vous m'apprenez être dans l'armée... C'est sûr que vous avez du caractère, vous avez également hérité cela d'elle. Et pourtant, malgré la vie que j'ai mené, et celle que je mène encore, je ne puis que vous dire de lâcher ces armes qui ne vous apporteront que malheur et déchirures. Mais... qui suis-je pour vous dire cela... Je vous le concède.
Je ne puis vous dévoiler ma position exacte, de peur que le pigeon ne soit intercepté par je ne sais quelles mains douteuses. Pourtant, je puis vous dire que je suis, depuis quelques temps, moi aussi empêtré dans des affaires, politiques, militaires, et maintenant judiciaires. Mais je ne m'en fait pas trop, je suis, et resterai toujours aussi libre que le vent.
Je n'ose vous questionner, je n'ose même pas espérer une réponse à ces quelques mots. Aussi, je me contenterai de vous dire de prendre garde à vous. Je ne vous ai pas laissé sortir vivante de cette grotte pour que je ne sais quel homme ne passe sa lame en travers de votre poitrine.
Bien à vous,
B.
Elle fronce le nez, hausse un sourcil et le coeur battant et rédige une réponse courte et directe. Elle griffonne quelques mots sur un vélin sorti de son nécéssaire à écriture, signe, l'enroule et l'attache à la patte du messager ailé.
Vole.. vite, trouves le et apportes moi sa réponse.. vite.
Son regard fixe l'envol du volatile à travers la tente de l'armée et le regarde disparaitre par l'ouverture d'un pan.
Ce n'est que deux jours plus tard qu'enfin revient l'oiseau, épuisé.
Sherynne est au campement et s'apprête à rejoindre Angoulème pour sa permission de deux jours. Le pigeon la trouve sur le chemin, le nez au vent et l'esprit vers LUI.
La brunette s'assied sur une pierre, et entame la lecture de la réponse tant attendue.
Sherynne,
Ne vous ai-je pas suffisamment blessé pour que vous vouliez que je vous parle encore de votre défunte mère ? Et ne m'avez vous pas suffisamment blessé pour que vous me parliez désormais de votre père ? Croyez-moi, la cicatrice qui vous rappelle la grotte n'est rien en comparaison à celle qui déchirera votre coeur si vous continuez à chercher la vérité. Pourquoi ne pas simplement rester dans l'ignorance et le mystère ? Pourquoi voulez-vous, vous-même vous porter atteinte ?
Et moi, que dois-je faire là-dedans ?
J'avais espéré que vous ne cherchiez jamais à me revoir, que vous nous faciliteriez la tâche. Et pourtant, je dois le reconnaître, votre questionnement est légitime. Votre destin, mon passé et la vie de vos parents sont intimement liés. Bien sûr. Mais jusqu'où êtes vous prête à aller pour connaître la vérité ? Etes vous prête à aller jusqu'à vous sacrifier pour cela ?
B.
Son coeur rate un battement en relisant la dernière phrase, puis revient à une autre..
" Et ne m'avez vous pas suffisamment blessé pour que vous me parliez désormais de votre père ? "
Que diable entend t' il par là ? moi je l'ai blessée ?
Puis la dernière ..
" Êtes vous prête à aller jusqu'à vous sacrifier pour cela ? "
Je pensais qu'il avait compris que .. oui..
Elle range la missive dans sa besace, file une pichnette au volatile et reprend la direction d'Angoulème.
Elle répondra plus tard... Réfléchir...