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[RP] Le parfum entêtant de la vérité...

--Gauthier_de_montfaucon
A mesure qu'ils avançaient vers leur but, le coeur de Gauthier battait de plus en plus vite, il s'emballait. Jusqu'à présent, il avait fait un sans-faute, ou presque. Le Muet n'aurait certainement rien à lui reprocher, ce n'était donc pas le moment de faire un écart. C'est pourquoi, lorsque Sherynne lui demanda de s'arrêter, il n'y prêta même pas attention. Il se contenta de lui répondre, assez sèchement, quelques instants plus tard :

Vous n'aviez qu'à prendre vos disposition. Maintenant, nous sommes en route. Mais rassures-vous, nous sommes bientôt arrivés.

Fendant le vent, ils chevauchaient au double galop. Gauthier et Sherynne en avant, le Muet qui refermait la course. Aux alentours de 14-15h, Sherynne sentit que le groupe ralentissait. On y était. Bien sûr, il lui était impossible de savoir précisément où elle avait été menée. Elle avait bien assez à se concentrer pour ne pas tomber de cheval pendant la course, elle qui fut balloté de droite à gauche, sans pouvoir se repérer. Une fois arrêtés, Gauthier descendit de cheval, et fit de même avec Sherynne. Il lui dit qu'elle pouvait maintenant enlever son bandeau, qu'ils étaient arrivés.

Alors qu'elle ouvrait les yeux, elle put voir devant elle un grand domaine. Elle était au pied de murailles qui encerclaient quelques champs, vraisemblablement quelques bâtisses, mais aussi et surtout un château, qui surplombait le domaine du haut d'une bute. Partout, elle voyait des étendards blancs, avec cette croix dorée brodée. La Citadelle. Devant elle, une grande porte, gardée par quatre hommes, eux aussi habillés aux couleurs de l'Ordre. Cela devait dissiper quelques doutes, ou éclaircir au moins un point : cet Ordre n'était pas si secret. Mais alors pourquoi le bandeau ?

Quelques instants plus tard, trois gardes vinrent vers elle. Gauthier semblait fier, ce sentiment du devoir accompli. Pourtant il n'avait pas fini. Il regarda Sherynne, ayant simplement le temps de lui glisser, discrètement :


C'est maintenant que tout commence...


Puis il reprit, plus haut : Sherynne, vous donnerez vos affaires à ces hommes, y compris vos armes. Vous n'en aurez pas besoin ici. Elles vous serons rendues à votre sortie.

Un des gardes repris :
- Toutes vos armes... Cela va de soi...
- Et sinon, chef, je pourrai la fouiller, pour être sûr que...
s'excita un autre garde, coupé par le regard noir de celui qui semblait être son supérieur.

Tout ce petit groupe attendait que Sherynne s'exécute. Elle devait se demander où elle était, ce qu'elle devait faire, tellement prise par ce qu'il se passait qu'on en oublierait presque le Muet, qui n'était plus avec eux. Celui-ci avait profité des événements pour entrer dans la citadelle.
Sherynne
Elle grimace sous le refus mais elle s'y attendait... trop direct. Elle soupire et s'accroche à Gauthier quand le cheval se met au galop. Quand enfin la chevauchée cesse, elle se retrouve à terre et sous l'ordre retire le bandeau. Eblouie par la lumière, elle plisse les paupières quelques instants, le temps de s'habituer à la luminosité.

Elle lève la tête vers l'immense domaine, écarquillant les yeux à présent devant les champs à perte de vue, des maisons éparpillées et un château qui surplombe la plaine. Sherynne se mord la lèvre. Elle ne s'attendait pas à ça. Plutôt une antre cachée quelque part mais ça... Elle porte un regard vers Gauthier puis vers le muet puis fixe la lourde porte gardée. Trois gardes s'approchent d'elle, la jeune fille déglutit légèrement son coeur battant la chamade quand Gauthier lui murmure quelques mots à l'oreille. Elle ne peut s'empêcher de lui lancer un regard inquiet.

Quand les trois hommes portant la tunique s'arrêtent devant elle et lui somment de leur remettre ses armes, Sherynne a un mouvement de recul. Mais n'ayant vraisemblablement pas le choix elle s'exécute. Elle se défait du carquois qu'elle tend au plus grand, puis l'arc qu'elle lance sur celui qui voulait la fouiller. Redressant le menton, elle le toise fièrement puis tout en le regardant se baisse pour dénouer les liens de cuir qui retiennent la dague autour de sa cuisse. Elle garde celle ci dans la main droite et se redresse. Il a dit " toutes "..


Puis je garder ceci ?

Ses jointures blanchissent tant elle serre la dague. Pensant soudain au coutelas dans sa botte gauche, elle frémit mais n'en laisse rien paraitre. Sous le hochement négatif du troisième homme, elle lui tend le pommeau de la dague en se mordant la lèvre. Et c'est quand il l'en délivre qu'elle se sent seule subitement. Les trois hommes la regardent et lui intiment l'ordre de la suivre. Sherynne a envie de rétorquer qu'un bonjour ou bienvenue cela aurait été de bon aloi, mais hoche la tête en signe d'assentiment et fait quelques pas bientôt entourée des gardes..

Alors ses pensées s'entrechoquent.. Elle ne peut plus reculer là n'est pas la question. Qui y-a-t-il derrière ses murailles ? Qui est le grand mage ? Buhr est-il ici ? Que va-t-elle apprendre ? et surtout.. Que va-t-il se passer ...

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--Gauthier_de_montfaucon
Bien entouré par quatre gardes, Sherynne pénétra dans la Citadelle. Elle suivit Gauthier qui avançait, le pas assuré, et un sourire aux lèvres. Maintenant, plus rien ne pouvait perturber la mission. Elle n'était pas été si compliqué que cela... Une fois à l'intérieur, Sherynne observait attentivement les habitations, les champs, les échoppes. Ici, quelques cavaliers, là une femme avec ses enfants. La ville paraissait des plus... normales. Si ce n'est cette richesse, presque cette opulence, qui transparaissait notamment dans de magnifiques statues, de grands drapeaux aux couleurs de l'Ordre. A quelques centaines de pas, sur cette bute, elle voyait le château, qui semblait surplomber ce domaine. C'était là qu'ils allaient, assurément. Plus elle s'avançait, et plus elle avait l'impression d'être suivie, voire épiée. Son sentiment se confirmait de plus en plus, au fur et à mesure que les abords de la route se remplissaient de ces habitants, qui laissaient ce qu'ils avaient à faire, comme attirés par Sherynne. De plus, elle avait cette impression que tout le monde savait qui elle était, et ce pourquoi elle était amenée ici. Que cette impression soit fondée ou non, cela la mettait de plus en plus mal à l'aise. Jusqu'à cet escalier, majestueux, flanqué de colonnes de part et d'autres, qui menait aux portes du château.

Pourtant, arrivés au pied de l'escalier, on fit signe à Gauthier, qui bifurqua, prenant une ruelle, sur sa gauche. Le groupe s'enfonçait dans cette ruelle, étroite, et de plus en plus sombre, avant de pénétrer dans une bâtisse qui faisait penser à une échoppe de l'extérieur. Mais en y réfléchissant bien, personne n'installerait un commerce dans cette ruelle non-fréquentée. Effectivement, à l'intérieur, personne. Personne, sauf cet homme, au fond, qui semblait attendre. Toujours dans ce silence pesant, il leur indiqua un passage derrière un rideau. Sherynne fut embarquée entre ces gardes, sans qu'on lui demande son avis. Au final, elle savait bien qu'elle n'avait guère le choix de toute façon. Après quelques mètres dans ce couloir creusé dans la roche, elle se retrouva dans une grande salle, qui ressemblait à la grotte de La Rochelle. Au centre, un autel. Accrochés aux murs, des tableaux, certainement d'anciens Grand Maîtres de l'Ordre. Gardant chacun des quatre points d'entrée, deux gardes, toujours parés de blanc. Plus elle observait, et plus elle se dit que c'était sans doute une salle de réception. Quoique si la décoration en mettait plein les yeux, elle voyait mal comment on pouvait recevoir ici. Au final, elle se dit qu'on ferait de toute façon la lumière sur ce lieu, et sur toutes ces personnes. Douze gardes en tout pour elle, elle se demandait bien pourquoi...


Attendez ici. Il va arriver. Gauthier donna ses instructions à Sherynne. Lorsque vous le verrez, ne lui adressez la parole que s'il vous l'autorise. Et ne le regardez pas dans les yeux... enfin évitez de le regarder, ça sera plus simple pour vous. Ne vous approchez pas de lui, laissez vous guider.

Les instructions que lui donnait Gauthier étaient confuses. Il rajoutait à chaque fois quelque chose, il n'avait pas vraiment prévu de dire tout cela. Le mieux aurait certainement été qu'il ne dise rien, Sherynne aurait bien compris d'elle même qui était Magus, et qu'elle n'avait rien à faire ou à dire qui ne lui serait pas autorisé. Mais c'était Gauthier... A la fin, il rajouta simplement : Ah, et puis... Ne lui posez aucune question avant qu'il ne vous le permette...

Le groupe était là, attendant. La tension montait de plus en plus. Ils regardaient tous vers l'entrée du milieu, en face d'eux, de l'autre côté de l'autel. C'est certainement de là qu'il devait venir. Effectivement, au milieu des simples bruits de respiration, on distinguait, de loin, un pas lourd et lent, qui s'approchait de plus en plus. On pouvait aussi entendre le bruit, répétitif, d'un objet, peut-être du bois, qui heurtait le sol, à fréquence régulière. Sherynne percevait certainement tout cela.
Sherynne
Les yeux écarquillés devant l'opulence, la richesse de l'endroit.. des champs des étendards, des statues.. Sherynne avance entourée de gardes comme une prisonnière que l'on craint de voir échapper à son châtiment. Comme si on la conduisait au bûcher. La brunette tremble malgré elle et sans s'en rendre compte elle accélère le pas rejoignant ainsi Gauthier. Gauthier qui se pavane de sa " prise ".

Ils traversent à présent le village. Les portes des maisons s'ouvrent sur son passage, elle frissonne sous le regard des habitants qui en sortent, se pressent pour la dévisager. Alors, Sherynne avance bien droite, le menton relevé fièrement se demandant pourquoi tout ça.. Pourquoi ces gens la regardent, savent ils pourquoi elle est ici ? Elle croise le regard d'un enfant souriant qui la réconforte un peu.

Le château se rapproche et bientôt elle se retrouve devant un grand escalier, elle s'apprête à y monter quand on lui indique une ruelle froide et sombre. Elle suit Gauthier qui ouvre une porte, puis un passage derrière un rideau.. Sherynne se demande si elle est vraiment là. Si ce n'est pas un rêve étrange.. Elle avance dans un couloir creusé dans la pierre et après quelques mètres ils débouchent sur une salle.. Comme la grotte. A ce souvenir, elle remue les doigts de la main gauche, là où quelques mois plus tôt on lui fit cette cicatrice sur la paume..

Des gardes partout, un autel au centre de la pièce, Gauthier qui lui donne les instructions à suivre devant le grand mage.. La jeune fille acquiesce sans un mot. Elle espère que Gauthier reste dans les parages, elle ne sait pourquoi mais elle a confiance en lui. Puis un bruit de pas, le pas d'un homme âgé et atteint de claudication sans doute. A chaque bruit que fait la canne sur le sol, le coeur de Sherynne tressaute. Elle se tient derrière l'autel et attend qu'il se montre.

Quand enfin il entre, les gardes lui font un salut plus que respectueux. Sherynne ne voit pas ses traits, une lumière dans le dos du vieil homme l'empêche d'en distinguer le moindre détail.. Ne pas le regarder dans les yeux a dit Gauthier, ne pas lui parler sans y avoir été inviter.. Cela lui rappelle Robert.. Se pourrait il que ce soit lui ? Dans ce cas elle est tombée dans un piège. Buhr l'aura trahi et elle est en train de vivre ses derniers instants. Mais pas sans savoir... Elle plisse les yeux et fait un pas en sa direction. Aussitôt un garde lui barre le passage, posant sur sa poitrine le fer de son épée. Tétanisée, elle déglutit et attend... Que peut-elle faire d'autre..

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--Magus
Sorti de ce couloir, Magus entra dans la salle. Il marchait lentement, appuyé sur un long bâton, qui paraissait de bois, et qui comportait, au bout, une sorte de pierre précieuse. Sherynne ne pouvait vraiment identifier ce que c'était. Des bâtons de magiciens, elle en avait entendu parlé, comme tout le monde, dans ces histoires que l'on racontait aux enfants. Mais cela existait-il ? Et en était-ce un ? Difficile de savoir. Elle n'aurait pas pu dire si c'est l'homme lui-même qui dégageait cette lumière, mais toujours est-il qu'il en était comme auréolé au moment où il entra dans la pièce, rendant très difficile de regarder dans sa direction, jusqu'à ce que les yeux en soient habitués. L'homme était très âgé, bien qu'on ne pouvait lui donner précisément un âge. C'était cette longue barbe blanche, le seul marqueur. Il avait un visage travaillé par le temps, mais pourtant détendu et serein. Il était habillé, comme tout le monde, de cet uniforme de l'Ordre. Mais par dessus, une longue cape pourpre, comme symbole de sa supériorité.
Magus ne venait pas seul. En plus de tous les gardes de la pièce, une personne marchait à ses côtés. Etant donné qu'ils étaient tous habillés de la même façon, c'était difficile de distinguer cette personne là d'une autre. Certainement quelqu'un d'important. Robert ? Non, il ne semblait pas. Pourtant, Sherynne eut comme une impression, un pré-sentiment. Il ressemblait beaucoup, dans son attitude, au Muet. Mais que ferait-il ici, lui qui semblait être le serviteur de Gauthier, et qui était maintenant à la droite de Magus ?

Les deux hommes s'avancèrent, calmement. A leur entrée, tous les gardes avaient baissé la tête, en signe de respect, pendant de longues secondes. L'homme imposait le respect, pour les initiés comme pour Sherynne, qui comprenait bien à qui elle avait à faire. Ils se dirigèrent sur le côté de la pièce, où étaient installés quelques chaises autour d'une table. Il s'installa au bout de cette table, sur une chaise qui, de par sa taille et sa décoration, se rapprochait plus d'un trône. A sa droit, le Muet prit place, toujours sans dire un mot. Depuis son entrée, il n'avait pas regardé Sherynne. Maintenant qu'il était assis, les choses pouvaient commencer. Il prit la parole, d'une voix des plus rauques, presque rocailleuses, prenant le temps de formuler chacun de ses mots, dans le silence ambiant qui les entourait :


Lorsque la souris sort de son trou, elle attire les matous. Et elle a beau se savoir inférieur en taille et en force, elle sait jouer de sa position pour attiser les convoitises et déclencher des conflits entre les chats.

Il fit un signe de la main. Tous quittèrent la pièce immédiatement. Il ne restait que les deux hommes attablés, et Sherynne, au milieu, toute seule, qui ne savait que faire. Devait-elle s'avancer vers la table ? Rester où elle était ? De longs instants passèrent sans qu'il ne se passe rien. Magus jouait aussi sur ce tableau. Puis il brisa le silence.


La Prophétie vous a annoncé, Sherynne, fille de la grande Alemona. La Prophétie précède toujours les grandes journées, et les grands Hommes. En cette deuxième nouvelle lune de l'automne, vous voici à nouveau ici. Bien que l'endroit ne vous dise rien, il ne vous est pas inconnu. Tout comme vous ne lui êtes pas inconnu.

Magus marqua une pause. Il voulait tester Sherynne, voir ce qu'elle allait faire, ou dire. Elle était certainement encore bien trop peu en confiance pour oser le regarder ou prendre la parole. Magus continua alors.

Heureux le juge, qui entend pareillement l'accusé et l'accusateur. Vous vous en doutez, Sherynne, je connais bien plus d'éléments sur votre personne ou sur votre propre histoire que vous-même. Pourtant, racontez-moi qui vous êtes, et pourquoi vous êtes là. Racontez moi comment l'Ordre et vous avez renoué les liens rompus. Puis je répondrai à deux de vos questions.
Sherynne
Sherynne, faut l'avouer est assez impressionnée. Mais elle se refuse à le montrer. Alors elle se tient droite, le menton relevé et les regarde s'avancer, mains dans le dos, puis prendre place autour de la table. Magus est comme elle l'avait imaginé, imposant de charisme et d'autorité. L'homme à ses côtés c'est autre chose..
Quand les gardes sortent, la jeune fille tique un peu. Et puis Magus parle. Sherynne hausse un sourcil... Souris.. elle ? Mais elle ne dit rien, elle est comme au repos devant son lieutenant. On pourrait croire qu'elle est bien dressée.. Sherynne a toujours fait ce qu'elle a voulut, elle est énergique, joviale et fonceuse. Sauf quand il s'agit de ses parents, de l'ordre, de Buhr.. Elle n'est jamais en position de force. Elle savait en suivant le muet et Gauthier qu'elle devrait prendre sur elle pour rester... pour paraitre une jeune fille calme, un peu niaise surement. Juste paraitre.. Ce qui n'est évidement pas le cas.

Le hic c'est qu'elle ne comprend pas grand chose à ce que le Grand Mage dit. Elle ne relève que ce qui l'intéresse. Elle plisse les yeux et balaye la pièce du regard. Non cela ne lui dit rien. Machinalement, elle porte une main à sa nuque tout en l'écoutant. Puis elle plante ses yeux dans les siens.


- Je connais bien plus d'éléments sur votre personne ou sur votre propre histoire que vous-même. Pourtant, racontez-moi qui vous êtes, et pourquoi vous êtes là. Racontez moi comment l'Ordre et vous avez renoué les liens rompus. Puis je répondrai à deux de vos questions.

Elle fronce le nez, ouvre la bouche mais la ferme presque aussitôt. T'emballes pas... Inspire.. expire.. Voilà... Calme maintenant réfléchis.. Encore se plier au bon vouloir des autres.. juste deux questions.. Mais elle aura le temps d'y revenir..

- Je suis fille d' Alemona, j'ai dix-sept ans. Je suis meunière à Castillon dans le Périgord, et soldat de l'armée de mon Comté. Mais je pense que vous le savez déjà... Je suis ici pour tout savoir.. Absolument tout. Savoir qui étaient mes parents et leur histoire pour comprendre qui je suis.

La brunette s'éclaircit la gorge discrètement et reprend, malgré l'émotion qui l'envahit. Elle décroise ses mains et fait quelques pas tout en le fixant du regard. Se montrer sereine et forte, voilà ce qu'elle veut.

- J'ignore tout de ma vie passée, ce qu'elle fut avant mes sept ans.. Lorsque que... Buhr a prit contact avec moi il y a quelques mois, j'ignorais tout et ma vie en fut bouleversée. Je l'ai donc rejoins à La Rochelle pour comprendre.. J'en partie désorientée et blessée. J'ai tenté de continuer de vivre dans l'ignorance.. Et j'ai fini par lui écrire pour qu'il me mette sur la voie.. La votre apparemment.

S'avançant au plus près de lui, elle pose les paumes sur la table, toujours en le fixant bien que Gauthier le lui est interdit. La colère gronde en elle au souvenir de ce qu'il s'est passé avant.. Les souvenirs remontent mais toujours ce trou noir sur son enfance.

- Vous ne pensez pas que j'ai droit à autre chose que deux questions ni que j'ai le droit légitime de savoir d'où je viens et pourquoi tout ceci .. Vous tolérez ma présence certes, je ne serais pas ici en cas contraire, mais elle vous sied et je me demande bien pourquoi..

Tout en parlant, elle écarte les bras et fait un tour sur elle-même, lentement .. Le voisin de Magus ne bouge toujours pas, ne prononce aucun mot, sa poitrine ne se soulève pas, il est comme endormi, seuls ses mains jointes sur la table dont les jointures blanchissent montrent un signe de vie chez cet homme mystérieux. Elle fait quelques pas, leur tournant le dos et continue.

- Mais non... Je dois me plier à vos désirs. Soit ! Alors voici mes questions...
La première ... Que s'est-il passé il y a dix ans pour que je me retrouve seule, sans famille et sans passé ?
Ne m'épargnez aucun détail je vous prie. Quand vous aurez répondu, je vous poserais la deuxième...

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--Magus
Magus était là, attablé, immobile, regardant Sherynne avec ce regard calme, apaisé. D'une main, il tenait son bâton, l'autre, elle trifouillait sa barbe, comme si le sage réfléchissait à tout ce qu'il entendait. Il avait l'habitude de prendre son temps pour chaque chose : écouter, comprendre, prendre partie, parler, agir. Quand Sherynne eu finit de parler, sa réponse dénotait avec le ton très empressé, très saccadé de la femme.

L'Homme est ainsi fait qu'il court. Toute sa vie, il court. Lorsqu'il est enfant, il se presse de devenir Homme, il avance le plus rapidement possible vers son avenir. Et lorsqu'il est plus âgé, alors il aimerait rattraper son passé. Vous, Sherynne, vous me semblez essoufflée par tout ceci. Prenez donc le temps de vous asseoir, d'écouter, sans penser à ce qui a été, ou à ce qui sera.

En disant cela, il fit un signe de la main, désignant une chaise à ses côtés. Aussitôt, le Muet se leva, reculant le fauteuil, comme pour signifier à Sherynne qu'elle pouvait prendre place, puis alla se rasseoir, toujours aussi silencieusement. Le mage reprit alors, fixant toujours Sherynne.

Lorsque vous serez prête, alors je répondrai à cette première question.


Magus prenait son temps, comme à son habitude. Néanmoins, il ne cherchait ni à mettre Sherynne mal à l'aise, ni à gagner du temps. Il voulait simplement la mettre dans de bonnes dispositions. Il mettait en application ce qu'il venait de dire : d'une attitude plutôt remuante et active, il demandait à son interlocutrice de se poser quelques temps. Finalement, cette mise en scène était aussi une partie de la réponse qu'il allait formuler.
Sherynne
La voix de Magus a un pouvoir étonnant sur Sherynne. Elle relache instinctivement les épaules, se détend doucement et remercie d'un signe de tête le Muet quand il tire un siège pour elle. La brunette reprend son calme, s'avance lentement, contourne la table et s'assied.

Elle croise les mains sur ses cuisses et se tient bien droite attendant que le Grand Mage reprenne la parole. Elle sent que la fin de cette histoire est proche, mais sera-t-elle satisfaite des réponses qu'il lui donnera ?.. et surtout est-elle capable de les entendre.. A la deuxième, oui sans aucun doute. Depuis des mois, elle explore toutes les hypothèses, s'attendant à apprendre le pire.

Alors elle se tient là, parmi ces deux hommes dont l'un finalement tient son destin entre ses mains, celui qui orientera surement son futur, et l'autre qui de plus en plus lui rappelle quelqu'un.. Elle décroise les mains, une remonte sur sa nuque, l'autre se pose sur la table, loin de sa botte..
Sherynne regarde Magus.


- Je vous écoute..
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--Magus
Une fois Sherynne installée, Magus prit encore quelques instants de réflexion, dans un silence presque méditatif, bien qu'on puisse sentir la tension qui envahissait Sherynne. Le Muet, de son côté, était toujours là, immobile. Si ce n'était sa respiration, forte et lente, rien ne se dégageait de lui. C'était presque lui qui accaparait l'attention de la fille : pourquoi était-il là si c'était pour ne rien faire ? Mais très rapidement, elle tourna la tête vers le mage, prête à l'écouter. La barbe se mit en mouvement :

Que s'est-il passé il y a dix ans ? Au fond de vous-même, vous le savez, mais ne pouvez l'admettre. Ne venez-vous pas simplement chercher une caution ? Une voix extérieure, une autorité, qui confirme ce que vous craigniez ? Mais qu'importe, ce rôle m'a été attribué. Et je le tiendrai.

A ces mots, Magus mit sa main sur l'épaule du Muet. Aussitôt, ce dernier sortit de la pièce. On entendait ses pas résonner, puis s'estomper.

En réalité, toute cette histoire commença bien avant votre naissance. Votre mère, Alemona la Grande, était liée à Robert de Molay, que vous avez rencontré. Robert était alors Intendant de l'Ordre, et avait été chargé de retrouver le symbole magique de puissance, dernier reliquat d'une civilisation méditerranéenne, la Bithynie. Quiconque serait en possession de ce médaillon gagnerait la vie éternelle. Une promesse lourde de conséquence, comme vous pouvez vous en douter... Or, il se trouvât qu'Alemona était descendante du dernier Roi de Mithridate. Voyez comme leur destin était lié avant même leur rencontre physique... Puis, l'amour, ou du moins un certain attachement, vînt se mêler à cette quête. Mais, bien vite, Robert comprit qu'il pouvait tenir dans ses mains une puissance absolue, et ce médaillon le travailla profondément. Plus les années passèrent, et plus il s''enfonçait dans les ténèbres de son âme. C'est ainsi que vous êtes venue au monde : fille d'une sorcière descendant de Mithridate, et d'un grand guerrier, peut-être le plus puissant que l'Occident ait connu jusqu'alors. Un guerrier qui avait usé de cet atout pour gravir les échelon de l'Ordre.


A ces mots, il marqua une pause. Plus loin, on entendait des pas se rapprocher, puis le Muet entrer à nouveau dans la pièce, avec un vieux grimoire, qu'il déposa sur la table, devant Sherynne. De sa position, elle put enfin regarder le Muet du dessous, et remarquer une large cicatrice qui descendait au bas de sa joue droite. Une fois le livre posé, le Muet se rassit. Magus reprit alors :

Vous trouverez dans ce recueil des illustrations de votre mère, de votre famille, et du médaillon. Il vous était destiné. Puis-je poursuivre pour en arriver à répondre enfin à votre première question ? Etes-vous toujours prête à entendre votre histoire ?
Sherynne
Assise bien droite Sherynne fixe son regard sur les lèvres du Grand Mage. De petites lèvres à peine masquées par une longue barbe blanche, des lèvres qui lui délivrent ce qu'elle veut tant savoir. Les mots qu'il prononce, elle les entend, elle les vit, la jeune fille les ressent au plus profond de son être. Quand Le Muet disparait quelques instants, elle redresse le menton et en elle se livre un dur combat. Serrant les poings, elle retient une réplique glaciale.

Puis elle se fige. Bythinie.. Robert..Mithridate .. Robert et sa mère ?!
Sherynne a l'impression que son sang quitte son corps, un vertige la saisit, un froid l'envahit.. Son père.. La gorge nouée, elle ouvre sa main gauche et fixe la cicatrice sur sa paume. Ainsi cet ignoble individu est son géniteur.. Comment a-t-il pu ...

L'encapuchonné revient et pose un grimoire sur la table devant Sherynne. C'est à ce moment là qu'elle le reconnait.. Un murmure étranglé par l'émotion.. " Buhr .. ? ", il se rassied toujours silencieux. La jeune fille déglutit, retenant l'émotion qui l'étreint. Tout s'embrouille en elle. Sherynne pose les yeux sur le grimoire, se mord la lèvre et l' effleure de sa cicatrice.

Ainsi Robert est son .. géniteur, il a aimé sa mère.. Et elle, elle... elle est ce mélange d'êtres si différents.. Elle relève la tête aux questions de Magus. Oui elle veut savoir. Elle est venue là pour ça. Le grimoire à présent sur sa poitrine, le serrant comme un bien précieux, ce grimoire qu'elle ne peut ouvrir maintenant de peur de s'effondrer..Et d'une voix rauque..


- Oui.. Je suis prête ..
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--Magus
Magus observait Sherynne, attentivement. Finalement, elle semblait encaisser mieux tout ce qu'elle apprenait que ce qu'on aurait pu penser. Aucun accès de colère, aucune larme, aucun sourire crispé. Il poursuivit alors, regardant toujours son interlocutrice dans les yeux en lui parlant.

Bien. Poursuivons alors. Continuant ses recherches, Robert trouva sur le territoire de l'ancienne Bithynie un prêtre, à qui il montra ce médaillon. Le prêtre était un des gardiens de cette légende, et s'inclina devant le possesseur de la pièce sacrée. Il lui expliqua que pour délivrer toute sa puissance, il fallait régulièrement faire des offrandes à Aton, le dieu qui l'avait forgé. Il dit aussi que dans sa grande sagesse, Aton avait décidé d'augmenter les sacrifices avec le temps. Ainsi, plus la durée d'utilisation était grande pour une même personne, plus les sacrifices qu'il devait faire étaient grands. C'était une manière d'éviter que sa puissance ne soit monopolisée par un seul homme. Robert ramena ce prêtre ici, et en fit son plus proche conseiller. Ensemble, ils activèrent le médaillon. Robert était prêt à payer le prix. Au fil des jours, son emprise et son influence grandissaient. Mais il est arrivé ce qui arrive à tous ces hommes tentés par le pouvoir qui n'ont pas la pureté d'âme nécessaire à l'assumer. Robert devenait plus fort, et donc plus confiant et plus entreprenant. Il se mit à contester les ordres qu'on lui donnait, il se mit à se servir de l'Ordre pour servir ses propres desseins. Jusqu'à ce qu'il franchisse la ligne. Il voulait se servir du médaillon pour prendre la direction de l'Ordre. C'était il y a exactement treize années. Mais le prix à payer était élevé. Le grand prêtre demanda à Robert de prouver à Aton qu'il tenait plus au médaillon qu'à la prunelle de ses yeux. Robert perdit la vue, mais gagna l'Ordre.

Magus marqua une petite pause, pour s'assurer que Sherynne suivait toujours l'histoire racontée. Il était obligé de passer par ces explications quelques peu fastidieuses pour en arriver à ce qui intéressait vraiment la jeune femme. Il reprit alors.

Les années passèrent, et vous avez grandi dans ce milieu : entre un père de plus en plus accaparé par le médaillon, l'Ordre et le pouvoir ; et une mère aimante qui se retrouvait bien incapable de faire quoi que ce soit, malgré sa lignée prestigieuse. Au bout de deux ans à la tête de l'Ordre, le prêtre demanda un sacrifice encore plus important à Robert pour conserver et accroître la puissance du médaillon : il devait offrir sa fille à Aton. Robert tenta de négocier, de discuter, même de corrompre le prêtre. Il vous aimait tant. Cependant, les oracles étaient précis : il devait offrir sa fille. Il livra alors un combat intérieur des plus difficiles, mais son âme était devenue trop noire pour choisir le chemin de la vie. Il décida alors de vous mener à l'autel. La suite, vous la connaissez, il me semble que Buhr vous l'a raconté : Alemona ayant appris cela fit le nécessaire pour vous protéger et vous transmettre l'héritage de votre noble famille, au prix de sa propre vie.

Magus arrêta son récit à ce moment là. Pas de conclusion, pas plus d'explication que cela. Sherynne avait compris comment tout cela s'était déroulé. Il gardait toujours cette position la plus objective possible, garant de la morale dans son Ordre. Il ne lui demanda pas non plus comment elle allait, ou quelle était sa deuxième question. Sherynne était certainement au plus mal, et il le savait. Il voulait simplement se poser comme celui qui répondait aux questions, ni plus ni moins. Sa seule action fut de poser à côté de lui son bâton qu'il tenait toujours en main. Alors qu'il se retournait pour l'appuyer contre le mur, Sherynne put remarquer, l'espace de quelques instants que le mage n'avait plus sa main droite, mais un mécanisme en bois qui y fixait son bâton. En temps normal, le tout était habilement caché par le plis de sa tunique.
A côté de lui, le Muet ne bougeait toujours pas. Il était toujours aussi calme et silencieux, ne laissant sortir de lui que le son d'une respiration lente, grave et régulière.
Sherynne
Comme essoufflée après avoir entendue la tirade du Grand mage, la jeune fille pose le grimoire sur la table devant elle, se lève en s'appuyant sur le dossier de la chaise et file d'un pas titubant jusqu'à une ouverture, respirer un air frais. Elle met quelques instants à retrouver son souffle, sentant les regards sur elle. Les mots de Magus résonnent en elle, sa mère morte, sacrifiée pour elle.. Robert.. L'ordre.. oui elle a songé à cette hypothèse la repoussant sans cesse, mais c'était vrai.

Elle se tourne vers eux, s'appuyant contre le mur, gorge serrée et mains croisées, elle baisse les yeux le temps de reprendre ses esprits. Qu'il est difficile d'entendre la confirmation de ses doutes. Et dire qu'à La Rochelle, elle s'était retrouvée face à son géniteur et que celui-ci n'a rien évoqué, ni montré.. Sherynne sent un grand vide en elle, non pas parce que son " père " était un meurtrier, ça il lui faudrait vivre avec.. mais elle pense à sa défunte mère. Alemona qui a donné sa vie pour sauver la sienne.

Il lui faut penser à tête reposée, faire le vide pour finir l'entretien avec Magus. Malgré son coeur tambourinant fortement dans sa poitrine, malgré le vertige qui l'a saisi auparavant et qui ne l'a point quitté. Elle souffle lentement puis reprend place autour de la table. La jeune fille pose le regard sur le grimoire, puis lève les yeux vers Buhr, elle est infiniment persuadée qu'il s'agit de lui, puis sur Magus.


- Je vous prie d'excuser cette .. légère faiblesse.. Je vous remercie d'avoir été franc avec moi, grand mage Magus.

Puis elle s'adresse au muet en relevant un brin le menton..

- Vous ne dites rien Buhr... Vous connaissiez déjà cette.. histoire. Et vous n'en avez rien dit auparavant. Vous en aviez l'occasion pourtant.. et à maintes reprises...

Puis à Magus.. Elle a une myriade de questions qu'elle a envie de lui poser, mais une seule réussit à franchir ses lèvres.

- Puisque j'ai droit à une seule autre question.. Pourquoi Buhr m'a t-il demandé d'apporter la dague de ma mère ?

Pour les autres questions qui resteront sans aucun doute sans réponse, Sherynne jure mentalement qu'elle s'emploiera à leur trouver des réponses, même si elle doit y passer sa vie entière...
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Buhr
Toujours encapuchonné, le Muet ne bougeait pas. Il avait écouté toute l'histoire, sans dire un seul mot, sans réagir, sa présence alourdissant encore la scène. Il avait cherché à cacher son identité de Sherynne le plus longtemps possible. En fait, il avait accompagné sa vie, les grands épisodes depuis toutes ces années, et une fois encore, le Muet, Buhr, était là, avec elle. Une fois son nom prononcé, il découvrit sa tête, faisant ainsi tomber le masque : sa secrète identité qui ne l'était plus. Il avait le visage reposé, calme, serein, beaucoup plus que ce que Sherynne avait pu voir de lui auparavant, comme s'il était lui aussi soulagé, libéré d'un poids.

Bonjour, Sherynne.


Après ces quelques mots, prononcé en la regardant droit dans les yeux, Buhr se tourna vers Magus, lui posant une main sur l'épaule, presque en signe d'amitié. Difficile d'interpréter ce geste. Puis il poursuivit.

Ce que j'ai fait, je l'ai fait pour l'Ordre, ce que j'ai dit, et ce que je n'ai pas dit, je l'ai fait dans notre intérêt, et donc, indirectement, dans le vôtre. J'en ai plus fait pour vous que vous ne le pensez. J'ai été avec vous sans que vous ne remarquiez ma présence. Mais raconter votre histoire, ce n'était pas à moi de le faire. Tout ce que je devais faire, tout ce que nous devions faire, c'est vous mener icelieu, aujourd'hui. J'ai rempli ma mission et vous avez répondu à vos obligations.

Alors qu'il parlait, un garde apporta la dague que Buhr avait demandé à Sherynne de prendre avec elle. Elle attira l'attention de tous dans la pièce pendant un instant. Puis, une fois le garde ressorti, les regards de Magus et de Buhr se posèrent sur Sherynne, qui devait se sentir comme épiée, surveillée, la rendant presque mal à l'aise. Maintenant, c'était au tour de Buhr de parler, et au tour de Magus de devenir muet. C'était difficile pour la jeune fille de comprendre qui étaient vraiment ces personnages et quels étaient leurs relations. Mais eux deux semblaient savoir parfaitement ce qu'il faisaient et semblaient savoir parfaitement ce qu'ils voulaient. Ils attendaient.
Sherynne
La brunette dévisage Buhr tandis qu'il s'exprime enfin. Il a changé, les yeux moins cernés, le rictus qu'elle lui connait, disparu, les traits de son visage sont reposés comme libérés d'un poids. Elle a toujours gardé en mémoire la cicatrice qui lui barre la joue gauche, mais curieusement cela ne l'a jamais interpelé. C'est son apparence entière dont elle se souvient. La claudication moins prononcée, le regard moins défiant..
Sa mission... Oui elle est une de ces missions qu'on lui confie et certainement la dernière fois qu'ils se retrouvent face à face..

Un garde apporte la dague et la tend à Sherynne. Celle-ci fait un pas en avant et s'en saisit des deux mains en hochant la tête. Puis elle se tourne vers Magus et Buhr et reprend place à la table. Elle pose délicatement la dague sur la table et la pousse doucement vers eux. Se souvenant des mots écrits par Buhr, elle caresse le pommeau comme un objet fragile alors qu'il n'en est rien.


- Voici la clef qui ouvre la boite de Pandore...

Un bref murmure... Elle s'adosse à son siège, posant les deux mains sur ses cuisses, le regard allant du grimoire à la dague, puis de la dague aux deux hommes. Sa peur s'est envolée il y a bien longtemps déjà, pas sa curiosité.. Son besoin de savoir est en parti comblé, mais il reste le secret de l'arme, offerte un jour par Buhr..
Etrangement, elle ne considère pas Buhr comme un ennemi mais, tout comme cette dague, comme une clef qui lui ouvre les portes de sa vie passée et à venir. Sherynne, malgré ce qu'elle a subi dans le passé, garde un grand respect pour cet homme. Elle le trouve même beau en cet instant.
Elle les regarde tour à tour et attend leurs explications...

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Buhr
Toujours très calmes, observant Sherynne, les deux hommes ne bougeaient pas. Ils la laissaient faire, ne pouvant pourtant retenir une expression de visage difficile à cerner. Elle se trouvait entre la satisfaction, le bonheur, l'impatience, et peut-être un brin de crainte. Comme si ce moment était celui qu'ils attendaient depuis maintenant bien longtemps. Cette dague était là, enfin, dans la Citadelle, devant Magus. Buhr s'en saisit alors, inclinant la tête vers Sherynne, puis la tendit au mage. Ce dernier la prit entre ses mains, affichant alors un petit sourire. Il joua avec, la faisant tournoyer entre ses doigts, comme s'il vérifiait que c'était bien l'objet.

- Et maintenant, Magus, que pensez-vous faire de la dague ? et de la fille ?
, demanda Buhr, mais sur un ton qui faisait penser qu'il avait déjà la réponse. C'était comme si il voulait simplement dire à Magus que c'était maintenant à lui de reprendre la main.

- Tout d'abord
, reprit le mage après quelques instants à contempler l'objet, dites lui donc pourquoi elle devait apporter la clé. Ensuite, vous verrez.

Buhr s'exécuta, reprenant l'histoire où elle avait été laissée, même si la réponse du sage ne semblait pas lui convenir.


- Robert n'a pas pu laisser partir sa fille, son seul moyen d'accentuer encore sa puissance et son emprise, sur l'Ordre, mais certainement sur le Royaume d'ici quelques temps. Il retourna alors toutes les villes et villages, toutes les localités pour vous retrouver. Il envoya ses meilleurs hommes à votre recherche. Mais la petite fille avait grandi, et il était maintenant difficile de la reconnaître. Le seul moyen était de passer par la légende. Ce signe que j'avais dessiné sur ce parchemin, vous en souvenez-vous ? C'était pour moi un moyen de m'assurer de votre véritable identité, que vous-même ignoriez alors. Je vous ai alors laissé la dague, parce que la Prophétie voulait que vous, l'héritière d'Alemona, l'apportiez icelieu, aujourd'hui. Vous avez vécu avec, et maintenant, c'est à nous, à l'Ordre, de vivre grâce à elle. La dague est la clé qui permettra enfin à Robert d'égaler la puissance du grand Mithridate. Tant d'années de quête, et tant de sacrifices enfin récompensés pour cet homme, et pour l'Ordre. Malheureusement, vous avez eu à subir votre histoire, et le passé de votre famille, mais aujourd'hui tout cela se termine enfin. Vous vivrez avec des réponses, et non plus avec des questions.

- En remettant cette dague à Robert
, continua Magus, vous renoncez définitivement au legs d'Alemona, à sa magie, à l'histoire de votre famille, et vous le transférez à Robert, et à l'Ordre. Voilà pourquoi vous êtes là, pour mettre fin à des siècles d'errance, et pour enfin accomplir ce que Mithridate avait écrit.

Alors qu'ils parlaient, on entendait des voix du fond d'un des couloirs. Il n'était pas possible de discerner ce qu'elles disaient, mais on pouvait percevoir comme de l'affolement, puis, tout d'un coup, plus rien. Le silence, une grande lumière qui venait de ce couloir, comme un flash, et un bouclier qui vola au milieu de la grande pièce, attirant l'attention de Buhr. Magus, quant à lui, ne bougea pas, il n'avait pas été effrayé, comme s'il savait ce qui se passait.
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