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[RP] La Teigneuse, suzeraine auto-proclamée de la Teigne.

Quiou
[Campement de la Ferraille. Tente Deswaardienne.]

Il est des faits, banaux ou non, que l’on se doit de conter, pour la pérennité, dirons certain, pour éviter qu’on ne daigne jamais réitérer les mêmes méfaits, dirons les autres.
M’enfin, la Deswaard désœuvrée, aussi irrécusable qu’incompréhensible, se trouvait présentement en la tente qui lui avait été octroyée, qu’elle avait surtout confisquée à quelques soldadiers mal payés. Elle s’était appropriée l’endroit et avait prestement ordonné à son page invétéré, Galéran le bien nommé, ainsi qu’à sa Damoiselle de Compagnie, Alwenna l’aguerrie, de veiller à rendre cet espace aussi confortable que souhaité. Ainsi, au fil de leur avancée venait s’y ajouter du mobilier en plus, jusqu’à ce que l’habitation revête enfin un aspect quelque peu hospitalier.

Adoncques, la Teigneuse flamande était-elle attablée, ration quotidienne sous le nez, posée sur le semblant de bureau qu’on avait bien su lui dégotter. Le meuble, rustique, dépravé, était peu digne des goûts glaciaux de la Misanthrope controversée, mais fi, il se trouvait avoir tout de même une utilité en ces temps troublés, ainsi jonché de missives et autres papiers aux fioritures chamarrées. A noter, d’ailleurs, qu’elle faisait plus attention au décryptage d’une annonce royale qu’à ce qu’elle ingurgitait à petites bouchées trop souvent espacée dans le temps.
Et, chauffée par un brasero perpétuellement approvisionné, elle fût coupée dans son élan, dans sa lecture, lorsque la tenture faisant office d’ouverture vint à laisser entrer un Galéran conquérant, ramenant sa proie, un pauvre troubadour aux abois qui devait, sans coup férir, veiller aux bons plaisirs de la Vicomtesse continuellement irritée.


Je vous en prie, jouez donc quelques mélopées.

La funeste sénestre dépose le vélin préalablement étudié tandis que son opposée invite, d’un bref geste quelque peu lassé, le jouglar occitan, armé de son vielle, à se lancer. Du reste, la Noldor en oublie le festin peu goûteux qu’on lui a servi pour mieux se concentrer sur la contemplation des flammèches du maigre foyer, oreille attentive à souhait, bobine flegmatique comme à l’accoutumée.

Arob ab la forsa del freis
Quan totz lo mons tremble e brui
Val maï solatz e domneis
Et cant ab tot bèl desdui
Qu’el tems quan folha e flors naïs…*


Vérole !

C’est qu’on avait pu distinguer un rictus effaré s’afficher peu à peu, tandis que l’homme chantait, sur le glacial faciès marmoréen de « Sa Sombritude » qui n’avait nullement pour habitude d’apprécier un tel parlé.
Ledit homme, alors décontenancé d’être ainsi coupé, crut bon d’entamer une autre chanson. Peut être la Dame souhaitait-elle un peu plus d’animation.


Je ne pensais pas chanter,
Car je n’avais aucun sujet
Mais vint un beau chevalier
Qui dans un pré s’est déshabillé
Avec un joli chanoine bien attifé.

Ah ! Guilhem, Guilhem, Guilhem
Qui aurait cru que tu l’avais conquise
Ta domna tonsurée.


Seigneur Dieu…Rossez moi ce maraud que je ne saurais souffrir plus longtemps !

Ordre avait été donné, quelques hommes armés s’exécutaient tandis que la Teigneuse, en un bond précipité, été sortie de la tente, écume aux lèvres, emmitouflée en une pelisse de vair obombré. Suivie d’un Galéran médusé, elle poursuivait sa diatribe, folle créature en état d’énervement passager s’attardant ainsi à tenter de se calmer.
Elle marchait, elle tournait, la bête agacée. Jusqu’à ce qu’elle s’arrête brusquement, brutalement, visage fermé, comme si jamais rien ne s’était déroulé présentement.


Allez quérir le blond Baronnet. Il me faut le voir. Faites lui donc courtoisement comprendre qu’une réponse négative serait des plus malvenues. Et préparez nos destriers, le temps est par trop agréable pour ne guère en profiter à aller visiter ces quelques collines verdoyantes.

Ainsi située au milieu du campement dépravé, main enserrant non sans fermeté le pommeau d’une lame effilée, engoncée en une vêture d’un lugubre noir révélateur de son austérité, la Terreur s’attardait à toiser, de marbre, stoïque, un point, loin, trop loin pour qu’on puisse réellement savoir ce qu’elle pouvait très nécessairement contempler.


*« C’est maintenant sous la force du froid / Quand tout le monde tremble et bruit / Qu’il vaut mieux se divertir et courtiser / Et chanter avec tous beaux amusements / Qu’au temps où les feuilles et les fleurs naissent… »
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Enguerranddevaisneau
[Tente du de Vaisneau]


Un ronflement sonore transperce la quiétude du lieu. Puissant et modelé, il ne fait aucun doute quant à son propriétaire.
Le jeune de Vaisneau dort, profondément, les sens encore engourdies du vin qu’il avait consommé avec hérésie la veille. A l’entrée de son lieu de confort, posté comme un sempiternel chien de garde, Igor veille de toute sa stature, toisant avec hargne chaque valet d’arme qui à l’outrecuidance de passer devant lui, et pis, de jeter un œil vers sa trogne malhabile. En tout avertissement, l’impétueux reçoit un grognement, accompagné d’un tapotement d’avertissement sur la hache qui ceint sa hanche.
Tout du moins, ce fut le cas jusqu’à l’arrivé du Galéran, serviteur de la Noldor, tante de l’éphèbe aux cheveux d’Or qui sommeille sous la toile.
Il accepte la demande du valet de la vicomtesse d’un hochement de tête, tandis que ce dernier se saisit du licol du destrier baronnial, pour aller le seller, le préparer à la future promenade.
Il était en effet certain que le baron d’Ittre ne refuserait pas cette entrevue à la Deswaard, et il avait raison.

Entrée du maitre d’Arme d’Ittre dans le lieu de repos, voila qu’il secoue avec force la loque humaine ronflante


Humm…Non maman…Pas aller à Saint louis….Le collège c’est nul…Humph….ZZzzzZzz..

Nouvelle poussée, et réveil, brutal, du blondinet. A l’Igor alors, d’expliquer par geste au maître, qui vivait plutôt mal le déplacement constant en armée, la raison d’un réveil aussi brusque

Putain…Quoi…Cesse de gesticuler Lourdeau…Pourquoi tu me dessine une silhouette avec un fessier énorme ? Aaaahhh…Quiou…Et bien quoi Quiou ? Parle…Enfin explique moi…Et cesse de courir comme une vache…Je chauffe ? Un lapin ? Un rat ? Un oiseau…Non, ca ne cour pas les oiseaux…Oooh, un cheval, bravo pour l’imitation triple buse…Et bien quoi ?!? Quiou ce prend pour un cheval ? Assomme la…Non, elle ne se prend pas pour un cheval ? Le cheval se prend pour Quiou ? Etrange…Quoi non…Oh…Elle veut que je vienne la rejoindre pour une balade à cheval… Foutrecul, elle fait chier la vieille tante…Apporte moi de l’eau

Et de se redresser, les membres encore engourdies, l’haleine avinée et la bouche pâteuse. Gourde d’eau lui est tendue, qu’il avale prestement, avant de rejoindre un bassinet d’eau froide, dans l’espoir d’accomplir une toilette sommaire en ces temps néfastes..


Quelques minutes plus tard, c’est donc un Enguerrand à la mine des mauvais jours qui fait apparition devant la Deswaard. Outre un amaigrissement certain, une peau plus pâle que d’accoutumée, et des cernes violette qui pochent maintenant son regard, il portait également sa chevelure plus longue, mais moins bien entretenue, les cahots des routes et la poussière la rendant singulièrement sale. Il avait grande hâte d’atteindre la destination de la journée, Toulouse, pour retrouver un monde civilisé, des étuves, et des vêtements neufs, qui lui changeraient agréablement de la cuirasse qu’il portait depuis le départ de Bourgogne.

Il ploie l’échine devant la vicomtesse, et dit
.

Ma tante, le bon jour… Je suis tout à vous, tout du moins pour une balade à cheval. Et j’ai grande hâte que de connaitre les raisons qui vous poussent à partager votre temps avec moi, permettez moi de trouver cela des plus inquiétant, vous n’avez jamais été une de mes plus grande admiratrice.

Et de se saisir des rennes de son équidé, jusqu’alors tenues par Galéran, pour mettre pied à l’étrier et passer en selle, fier comme un paon.
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Quiou
Entre temps, la Deswaard avait ordonné, vociféré, ruminé, crié. Puis s’était tue. Le contenu de ses exclamations tenait, en vérité, en la coordination des préparatifs de l’escapade, en le choix du nombre d’effectifs, en l’horreur qu’elle ressentait à voir quelques troufions plantés là, à ne rien faire que de rester en émois.
Il avait donc été décidé que, de son côté, viendrait avec elle deux membres aguerris de sa mesnie : sa Damoiselle de Compagnie, son Page démuni. Pour le de Vaisneau, elle ne faisait que bien peu de cas de ses marauds.

Ainsi, l’Ittre daignait enfin montrer le bout de son nez, qu’il avait discourtois d’ailleurs, aux yeux difficiles de la Terreur.
Il s’incline, elle ne lui octroie qu’un bref hochement de tête narquois, aigrie qu’elle est, la créature désœuvrée.

C’est donc bien évidemment en silence que la Terreur s’approche de sa propre monture, le Galéran, ayant préalablement lâché les rennes de l’étalon du Baron pour venir, désordonné, embrouillé, aider sa Dame adorée. Il fait mine de l’assister, ne reçoit pour toute réponse qu’une gifle baguée bien méritée.


Vil saligaud ! Depuis quand ai-je recours à vous pour me hisser sur mon propre destrier ? Hors de ma vue.

Le valet, en disgrâce, disparait derrière les tentes du campement désordonné, irrévocablement médusé. La Teigneuse, de son côté, enfin juchée sur sa monture, avise d’un regard irrité, glacial à souhait, les quelques hommes d’armes l’ayant accompagnée depuis les septentrionales contrées qui l’avait vu naitre, apparaitre.

Von Hardenberg, vous remplacerez ce malotru.

Théobald, de son prénom, au passif discret, au port altier, récemment nommé Capitaine des quelques soldadiers accompagnant la Misanthrope invétérée suite à son attitude exemplaire, qui avait tout pour plaire, s’apprête également à prendre position après avoir préalablement aidé la juvénile Damoiselle de Compagnie à s’installer.

Le convoi, fin prêt, se met en branle, sans même que la Vicomtesse ne s’attarde à dévisager un instant son frêle Neveu tant aimé. Oui, dans le genre « j’m’en tamponne le coquillard avec un aileron de requin », elle est douée.

Adoncques le campement est-il prestement quitté pour laisser place à une nature assurément plus appréciable de par ses facultés à illustrer la liberté.
Oh l’automne, l’automne a fait mourir l’été*, et c’est certainement chose qui plait à la Deswaard irritée. Ainsi, le piètre soleil monotone éclairant pesamment les comparses de ballade, la voila qui se tait, encore et toujours flegmatique à souhait, comme d’accoutumée. Des fougères transfigurées viennent paver le chemin des destriers, des arbres torturés par des climats trop arides en été s’égrènent le long du sentier et, quelques feuilles déjà couleur sang viennent à tomber.

Un geste d’une dextre vicomtale invite alors la gueusaille et toute la valetaille à ralentir le pas, tandis qu’elle invite, par la même occasion, le Baron à continuer, tous les deux, sur leur lancée.


Quelle fraicheur ! Cela ne saurait que vous apporter grand soin suite à votre soirée des plus avinées.

Elle tourne autour du pot ? Un peu. Ainsi, acceptant enfin de toiser sans vergogne, tel un animal pernicieux, mystérieux contemplant une charogne, l’Enguerrand, la Noldor continue, encore, d’une voix toujours aussi fade, froide.

Laissez moi vous offrir le plus abjecte des cadeaux empoisonnés qu’il vous soit possible de posséder.


*Guillaume Appolinaire.
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Alwenna
J'veux pas monter sur le cheval !

Assez éloignée de la bête, Alwenna jette vers Théobald un regard plus que désespéré. Alors qu'elle détaille le canidé, les yeux font la valse entre la grande mâchoire qui menace de la croquer, les longues et fortes jambes qui pourraient l'écraser, ou ce corps tout entier qui aurait tendance à l'envoyer par terre. L'enfant sautille nerveusement sur place, s'approche à petits pas, murmurant on n'sait quoi, et vérifie en tournant brusquement la tête si l'allemand est toujours présent pour surveiller.
Courte distance qui la sépare maintenant du cheval, Lys respire calmement, et d'un signe de main, invite Théobald à l'aider pour monter sur l'animal.
10 petites secondes, hissée, installée, la Wolback est prête à se balader.


Dis au fait Théo... Bald ?

Le brun est déjà parti vers la Deswaard, remplaçant un Galéran aux airs fort perturbés, qui vient alors se poser aux côtés de la gamine. Un regard curieux de cette dernière et en se penchant vers le jeune homme, elle chuchote discrètement.

Tu sais ce qui se prépare là ? Ça sonne pas comme une promenade ...

A peine le temps que les deux haussent les épaules, qu'ils se mettent en route. Le paysage en pleine transformation, c'est la métamorphose automnale, l'air se rafraîchit, les journées sont raccourcies, et au plus grand plaisir de la Wolback, les vêtements sont plus riches et consistants. La petite Bretonne se place à gauche de Sa Sombritude, scrutant les horizons, une moue songeuse collée au visage, comme à son habitude. Alors que la petite commençait seulement à s'adapter à l'étalon, le convoi s'arrêta, mais la Tante et le Neveu continuèrent.
Légèrement frustrée de rester ainsi, Lys soupira de manière exagérée. Le vent soufflait, il faisait frais, il faisait froid.


On s'les pèle ici.

Moue boudeuse qui prend place, le petit corps frêle essaye au mieux de se réchauffer sous cette cape blanche, en vain.

Rah fait chier hein !
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DTC, c'est classe.
Enguerranddevaisneau
Juché sur son hongre, port altier, dos droit, il avance aux pas, placé pour sa part à la droite de la Noldor. Main qui enserre les rennes avec forces, il laisse allé l'équidé avec nonchalance, profitant de la fraicheur automnal de l'air, des paysages alambiqués aux reflets de flammes, de cette nature qui se meurt dans l'attente du sempiternel froid hivernal.
Il était, il savait, du même bois que la vicomtesse. Froid et incisif, il n'avait plus rien du baronnet un rien arrogant à qui elle avait presque confisquée le pouce. Nullement impressionné par son esbroufe contre le valet, il avait pour sa part, orné son visage d'un sourire amusé, qui ne le quittait plus dés lors.

Regard pour la demoiselle qui les accompagnait. Jeune, il se demandait encore quels parents avaient eux l'effroyable idée de la confier au joug Deswaardien, petite fleur de l'innocence qui serait sans nuls doutes bien vite pervertie par les moeurs discutables de la Quiou.

Il parcourait donc les sentiers à son aise, nullement effrayé par la garde qui les accompagnée, lui n'ayant pas jugé utile de venir guerroyer en compagnie de ses hommes d'armes, celle de son valet primus et de son maitre d'arme suffisant amplement.

Il écoute, donc, la diatribe de la tante, la détaillant au demeurant d'un de ses regard en coin.
Belle n'était pas le terme exacte, ou alors de cette beauté glaciale qui gelait le sang des hommes au moindre regard, comme la Méduse en Grèce Antique.
Singulière était le mot. De taille moyenne, l'allure altière, la flamande dégageait le respect et l'obligeance, son faciès en sus, nous faisait amplement comprendre qu'elle se situait bien plus haut que l'adage, et qu'elle n'avait que pour maitre elle même. Savant mélange d'arrogance et de hargne, d'éloquence et de grâce.
Ainsi était elle.


Ma soirée des plus avinée comme vous dites, me permet d'oublier que je pars en guerre aux côtés d'une tante qui aura à cœur de me planter son épée dans le dos quand elle en aura l'occasion.

Nouveau sourire tandis que leurs montures dépassent celles des hommes présents, et qu'ils continuent leur chevauchée à une allure plus que modérée. Le de Vaisneau d'ailleurs, se permet de se saisir du Licol de l'équidé de la Wolback, pour la guider à leur suite. Elle n'avait pas, de par son sang noble, à rester auprès de la gueusaille, et ce, même si elle était la cousine de la pire trainée de Breizh, et princesse accessoirement.

Il tend une nouvelle oreille attentive tandis que la Deswaard poursuit.


Faite donc, Vicomtesse, un cadeau de votre part est tellement inattendu, qu'il pourrait s'agir du cadavre d'un nouveau né, j'aurais encore la prétention de lui trouver beauté singulière. Offrez donc, Quiou Deswaard, offrez donc...
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Quiou
Le froid matinal, infernal en ces temps d’intermittence où l’on gratifiait l’espérance, n’avait nulle répercussion sur les émotions endormies de la Deswaard aguerrie. Tout au plus ravivait-il son imagination, la sortait-il d’une hibernation estivale, car, il est de bon ton qu’un personnage aussi glacial ne puisse souffrir de quelques froidures hivernales.
Les destriers aux muscles bien découplés continuaient d’avancer, donc, lentement, pesamment, en un rythme de croisière qui n’annonçait nullement une escapade meurtrière.
Tel n’était présentement pas le but premier de la Terreur avisée.

La réplique de l’Ittre fuse donc, cinglante, trépidante. De quoi soutirer un bref sourire en coin satisfait de la Vicomtesse qui, nullement dérangée, semble apprécier ce genre de réparties, signe même de la possession d’un peu de raison et d’esprit.
Pour toute réponse n’affiche-t-elle alors qu’un faciès résigné à se questionner, comme pour signifier au Baronnet que sa proposition, pertinente à souhait, vient de s’ancrer en ses pensées.
Le poignarder ? Quelle bonne idée !

A côté de cela, elle invite son destrier à la robe lugubre à souhait, d’un coup de botte bien placé, à prestement couper la route à l’hongre baronnial, le stoppant net dans son avancée. Dès lors, ainsi tous deux arrêtés, les prunelles deswaardiennes, trop clairs à son gout, toisent-elles leurs homologues non sans un certain courroux.


Je vous sais enlisé en un chemin, une destinée qui, à défaut de me plaire, semble me satisfaire. Adoncques ai-je décidé, dans ma très grande mansuétude, de vous accorder quelques terres de ma propre Vicomté.

Le palefroi, majestueux, tempétueux, agité d’être ainsi immobilisé, passablement énervé, s’était quelque peu excité, ce qui lui valu le droit de voir se resserrer l’étau du mors sur sa bouche épuisée. « Sa Sombritude », de son côté, restait inchangée, comme à son habitude.

D’Hallincx ou de Pepeghem, il me faut encore arrêter une décision. Les Blasons sont tous deux détestables, les contrées le sont moins. L’on en soutire d’ailleurs, que ce soit l’une ou l’autre seigneurie, une rente agréable à laquelle vous veillerez à m’octroyer une par plus que respectable.
Je vous offre donc présentement l’occasion que d’arborer un titre…raffiné et ainsi, par la même occasion, serez-vous amené à me représenter de par toutes les terres que vous traverserez.


Elle remet le cortège en route d’un signe de la dextre, replace sa bête sur le droit chemin, comme si jamais une humble interruption avait pu se dérouler.

Mais…

Parce qu’il y a toujours des « mais », avec cet être controversé.

Surtout, veillez à ne nullement dévier de la voix que vous vous êtes décidé à emprunter. Elle me sied parfaitement et, en bonne suzeraine que je suis, je tâcherai de ne guère vous restreindre et même de vous encourager à aller de l’avant.
Vous serez libre, plus que jamais, sous la protection de mon autorité.


Ses mœurs, ses vices, ses faiblesses, ses péchés, la Deswaard était bien du genre à vouloir qu’ils se développent chez ce prétendu chevalier à la chevelure dorée.
Et, de toute sa hauteur, de toute sa froideur, jamais elle n’avait envisagé qu’il pu lui refuser ce cadeau empoisonné.

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Enguerranddevaisneau
Face à face.

Ils s'étudient, se contemplent, se dévisagent, dans un silence lourd de sens.

L'annonce de la Deswaard était tombée comme un couperet, et le jeune hobereau à la chevelure de blé en avait la chique coupée.

Une terre, une seigneurie, attenante au vicomté de celle que l'on surnommait à raison la ténébreuse.
Pourquoi? Question à laquelle le jeune homme ne savait répondre. Mais une chose était certaine, il signait là un pacte avec le diable.

En effet, la diatribe de la teigneuse était sans équivoque: Son âme contre un titre, son intégrité contre une rente avantageuse, pour un castel en terre Flamande.

D'un claquement de langue agacé, il se dégage du barrage vicomtal, pour parcourir quelques mètres, toujours juché sur sa monture.
Il avance, en silence, pesant le pour et le contre, cherchant si il y avait issue à ce nouveau coup du sort.

Il n'avait pas oublié ce soir où la teigneuse l'avait aidée à se débarrasser du corps de cette petite innocente, soubrette angélique, qu'il avait bafoué puis tué.
Il n'avait pas oublié ce regard emplis de fierté, bref, qu'elle avait posée sur lui.
Il n'avait pas oublié que sous la moquerie attenant, la vicomtesse le traitait dorénavant avec un respect nouveau.

Elle était le mal personnifié. Un mal puissant et dangereux, sous les traits d'une femme au charme certain.
Une créature qui ne faisait jamais once de bonté, tout du moins, jamais de son plein gré.


Vous êtes un monstre...

L'accusation avait sonnée, basse, mais largement perceptible.

Tirant sur ses rennes, il fait demi tour, pour venir se jucher devant la Noldor, plante son regard d'acier dans le sien, et déclame, d'une voix sourde, empreinte de menace...


Il en sera fait celons votre bon plaisir, Vicomtesse, mais à ainsi m'encourager à poursuivre le chemin qui me mène à l'enfer lunaire, vous risquez de me rendre encore plus atroce que vous ne l'êtes vous même...

Ses deux talons viennent à s'enfoncer dans les flancs de sa monture avec force, arrachant à cette dernière un hennissement de douleur tandis qu'elle se braque.


Mais j'escompte bien poursuivre ma route comme je l'entends, et éliminer tout nuisible qui s'y trouvera. Partez confiante vicomtesse. Mais n'ayez jamais l'outrecuidance de me tourner le dos, où vous en pâtirez. Sérieusement.

Et un rire froid, glacial même, vint à déchirer la quiétude du lieu.
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Quiou
Le menton deswaardien est haussé, par fierté, pour s’assurer, peut être, que jamais l’on ne puisse douter de sa…supériorité ?
Fi, il est relevé, point n’est besoin de tenter de percevoir les choses cachées derrière ce bref signe affiché.
Ainsi, les mains baguées, pâles à souhait, enserrant un peu plus les rennes de son destrier, jusqu’à en faire blanchir ses jointures inaltérées, la Teigneuse toise, amusée mais toujours neutre comme à l’accoutumée, son neveu, son vassal, celui pour lequel elle en attend tellement.

Il est bienfait, bien qu’elle-même ne puisse octroyer un tel jugement si contraignant.
Il est arrogant, semble capable de daigner commettre quelques sordides méfaits.
Il est Enguerrand, fin prêt à représenter la lie d’une famille désœuvrée, ainsi armé de ses convictions, de ses intentions, de son insolence, de sa décadence.


Que le Très-Haut vous entende, de Vaisneau. Car il s’agit présentement de l’avenir que je souhaite vous offrir de par cette manœuvre savamment acheminée.
L’élève surpassant le maitre, ce serait perspective tellement…tellement…


Les mots, les maux ne sortent pas, car il est malaisé que la Terreur puisse ressentir et exprimer la moindre joie, le plus grand des émois.
Elle se contente donc de laisser l’opacité de l’atmosphère automnale s’intensifier, la tension entre elle et le Baronnet électriser jusqu’au plus modeste bosquet.


Ne vous inquiétez donc nullement. Je serai cette ombre aux abords du sentier qui vous encouragera à continuer plus avant d’un sourire carnassier à chaque fois que vous daignerez bien vous retourner.
Vous pourrez donc…compter sur moi, et la réciproque sera tout aussi vraie.
J’ai décidé.


La Noldor, déterminée, rebrousse chemin, laissant le chevalier à la chevelure dorée à l’endroit où il était, très nécessairement dans ses pensées.

Allons, rentrons.

Et « Sa Sombritude », comme à son habitude, de réajuster sa riche pelisse de vair obombré sur un plastron chamarré et orné de quelques fils argentés.
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