Anyya
Batisse au centre ville d'Aix.
Petit appartement à l'étage, deux pièces meublées. Le stric necessaire. Mais propret et agrémenté d'une touche de coquetterie qu'une main féminine passant par là y a déposée, pour rendre l'ensemble moins austère. Des rideaux aux fenêtres, un plaid sur le lit, un dessin d'enfant sur le buffet, un fauteuil à bascule au coin de la cheminée. Petit meublé donc, loué à la semaine une poignée d'écus, pied-à-terre pour les nuits de semaine d'un époux qui travaille en ville, rejoint parfois par une épouse lorsque ses obligations la conduisent à Aix.
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La nuit pâlit à peine lorsqu'Anyya fait tourner sa clé dans la porte d'entrée. Elle est presque plus nocturne que matinale pour le coup, partie de Brignoles encore somnolente dans la carriole d'un marchand ambulant qui devait faire la liaison entre les deux bourgades. Elle doit se rendre au Chateau Comtal ce jour. Autant joindre l'utile à l'agréable... L'utile étant de se présenter en tant que Maire de Brignoles au Conseil des Bourgmestres plus tard. L'agréable étant de faire une surprise à son cher et tendre, et de le rejoindre de suite sous les draps pour quelques heures de sommeil dans les bras l'un de l'autre. Sommeil... ou autre chose... En souriant, elle pénètre dans l'appartement à pas de chat, referme la porte derrière elle. Par la fenêtre, la lueur grisâtre d'une nuit mourante dessine les contours des meubles. Elle ôte ses chausses, glisse sans bruit pieds nus sur le parquet, jusqu'à la porte de la chambre, qu'elle ouvre doucement.
Vide la chambre, tout comme le lit, même pas defait.
Anyya se fige sur le seuil. A cette heure pourtant, Thufthuf devrait être rentré de son travail, il devrait être là. Une pointe d'inquiétude vrille son coeur. Où est il ? Lui serait il arrivé malheur ? A moins que... Elle secoue la tête pour faire taire la petite voix pernicieuse qui siffle dans son esprit, siffle combien elle s'est montré naive, combien elle s'est voilée la face alors qu'elle sait depuis des jours, qu'elle sait que...
Elle claque la porte de la chambre, brusquement, comme pour y laisser enfermer ses doutes. Un pli soucieux barre son front. Il est tôt, trop tôt sans doute pour alerter qui que soit. Non, il va rentrer c'est sur, avec une explication logique.
Anyya s'asseoit sur le fauteil à bascule, au coin d'un âtre qu'aucune flamme n'anime. Elle remonte ses genoux sous son menton, les enserre de ses bras, s'enroulant dans sa cape de voyage, et attend.
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Petit appartement à l'étage, deux pièces meublées. Le stric necessaire. Mais propret et agrémenté d'une touche de coquetterie qu'une main féminine passant par là y a déposée, pour rendre l'ensemble moins austère. Des rideaux aux fenêtres, un plaid sur le lit, un dessin d'enfant sur le buffet, un fauteuil à bascule au coin de la cheminée. Petit meublé donc, loué à la semaine une poignée d'écus, pied-à-terre pour les nuits de semaine d'un époux qui travaille en ville, rejoint parfois par une épouse lorsque ses obligations la conduisent à Aix.
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La nuit pâlit à peine lorsqu'Anyya fait tourner sa clé dans la porte d'entrée. Elle est presque plus nocturne que matinale pour le coup, partie de Brignoles encore somnolente dans la carriole d'un marchand ambulant qui devait faire la liaison entre les deux bourgades. Elle doit se rendre au Chateau Comtal ce jour. Autant joindre l'utile à l'agréable... L'utile étant de se présenter en tant que Maire de Brignoles au Conseil des Bourgmestres plus tard. L'agréable étant de faire une surprise à son cher et tendre, et de le rejoindre de suite sous les draps pour quelques heures de sommeil dans les bras l'un de l'autre. Sommeil... ou autre chose... En souriant, elle pénètre dans l'appartement à pas de chat, referme la porte derrière elle. Par la fenêtre, la lueur grisâtre d'une nuit mourante dessine les contours des meubles. Elle ôte ses chausses, glisse sans bruit pieds nus sur le parquet, jusqu'à la porte de la chambre, qu'elle ouvre doucement.
Vide la chambre, tout comme le lit, même pas defait.
Anyya se fige sur le seuil. A cette heure pourtant, Thufthuf devrait être rentré de son travail, il devrait être là. Une pointe d'inquiétude vrille son coeur. Où est il ? Lui serait il arrivé malheur ? A moins que... Elle secoue la tête pour faire taire la petite voix pernicieuse qui siffle dans son esprit, siffle combien elle s'est montré naive, combien elle s'est voilée la face alors qu'elle sait depuis des jours, qu'elle sait que...
Elle claque la porte de la chambre, brusquement, comme pour y laisser enfermer ses doutes. Un pli soucieux barre son front. Il est tôt, trop tôt sans doute pour alerter qui que soit. Non, il va rentrer c'est sur, avec une explication logique.
Anyya s'asseoit sur le fauteil à bascule, au coin d'un âtre qu'aucune flamme n'anime. Elle remonte ses genoux sous son menton, les enserre de ses bras, s'enroulant dans sa cape de voyage, et attend.
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