Miramaz
Montauban, ruelle St Jacques:
Un tas de cuirs usés et de tissus rapiécés semble abandonné à quelques pas de l'entrée d'un établissement au doux nom de "taverne de la fraternité". Cet amas non identifié est secoué de frissons à intervalles réguliers, lorsque s'en échappe des glougloutements et autres bruits liquides. Un passant un peu curieux pourrait apercevoir deux yeux marrons et un bout de crâne duveté, seules traces de la femme cachée dans ses frusques. La Rasée puisque c'est elle, patiente ici depuis bien trop d'heures pour qu'elle les compte, depuis l'aube, depuis qu'elle a voulu se rincer le gosier après une nouvelle nuit d'un ennui à la faire mourir. Des jours, des semaines qu'elle est ici, y connaissant bientôt plus d'habitants que dans sa ville d'attache, Saumur la belle Angevine. Patiemment elle attend, non pas qu'elle n'ait pas envie d'aller voir ailleurs si l'ennui est moins fort, mais obligée, retenue ici par des chaînes non pas de métal mais de mots. Elle a proposé son aide -de façon plus ou moins spontanée- à cette ville et ses hommes qui en valent la peine et ne peut partir sans qu'on ne lui ordonne, alors chaque jour elle hante les tavernes, planquée dans un coin à même le sol, écoutant en se faisant oublier, buvant peu mais suffisamment pour passer le temps.
Mais voilà que ce matin, impossible de pousser la porte de ses repères habituels, pas qu'un mais tous les bouges de la cité lui sont interdits sans qu'elle n'en connaisse la raison, personne ne pouvant la renseigner. Bien décidée à avoir une explication, elle campe depuis devant "La fraternité", ricanant de son nom si ironique. Fraternité, ça vous évoque des images de tournée offertes à la santé de tout et n'importe quoi, la joie simple de se retrouver à l'abri des éléments, en bonne compagnie, le gosier humide et la panse remplie. La seule chose humide est le sol sous ses fesses et pour toute compagnie elle a pu grogner sa frustration sur un moineau et un rat, quant à la joie repassez plus tard, pour le moment elle est absente de cette scène.
Y avait pas assez qu'j'sois seule dans c'te foutue ville..faut qu'm'aint'nant on m'enlève les seuls plaisirs qu'j'y trouve!
Grognement adressé à qui veut l'entendre, alors qu'elle se tasse de nouveau sur le pavé de la ruelle, recroquevillée contre un mur à la propreté douteuse.
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Un tas de cuirs usés et de tissus rapiécés semble abandonné à quelques pas de l'entrée d'un établissement au doux nom de "taverne de la fraternité". Cet amas non identifié est secoué de frissons à intervalles réguliers, lorsque s'en échappe des glougloutements et autres bruits liquides. Un passant un peu curieux pourrait apercevoir deux yeux marrons et un bout de crâne duveté, seules traces de la femme cachée dans ses frusques. La Rasée puisque c'est elle, patiente ici depuis bien trop d'heures pour qu'elle les compte, depuis l'aube, depuis qu'elle a voulu se rincer le gosier après une nouvelle nuit d'un ennui à la faire mourir. Des jours, des semaines qu'elle est ici, y connaissant bientôt plus d'habitants que dans sa ville d'attache, Saumur la belle Angevine. Patiemment elle attend, non pas qu'elle n'ait pas envie d'aller voir ailleurs si l'ennui est moins fort, mais obligée, retenue ici par des chaînes non pas de métal mais de mots. Elle a proposé son aide -de façon plus ou moins spontanée- à cette ville et ses hommes qui en valent la peine et ne peut partir sans qu'on ne lui ordonne, alors chaque jour elle hante les tavernes, planquée dans un coin à même le sol, écoutant en se faisant oublier, buvant peu mais suffisamment pour passer le temps.
Mais voilà que ce matin, impossible de pousser la porte de ses repères habituels, pas qu'un mais tous les bouges de la cité lui sont interdits sans qu'elle n'en connaisse la raison, personne ne pouvant la renseigner. Bien décidée à avoir une explication, elle campe depuis devant "La fraternité", ricanant de son nom si ironique. Fraternité, ça vous évoque des images de tournée offertes à la santé de tout et n'importe quoi, la joie simple de se retrouver à l'abri des éléments, en bonne compagnie, le gosier humide et la panse remplie. La seule chose humide est le sol sous ses fesses et pour toute compagnie elle a pu grogner sa frustration sur un moineau et un rat, quant à la joie repassez plus tard, pour le moment elle est absente de cette scène.
Y avait pas assez qu'j'sois seule dans c'te foutue ville..faut qu'm'aint'nant on m'enlève les seuls plaisirs qu'j'y trouve!
Grognement adressé à qui veut l'entendre, alors qu'elle se tasse de nouveau sur le pavé de la ruelle, recroquevillée contre un mur à la propreté douteuse.
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