L'ex-soldate du Rouergue fraichement mariée avait enfin fuit cette terre maudite. Elle et ses compagnons de misères étaient à la recherche de terres plus "accueillantes". Ils avaient donc accepté avec plaisir l'invitation de leur chère amie Naudeas, bourgmestre de Polignac.
C'est donc le coeur léger et plein d'entrain qu'ils avaient préparé ce voyage. Naude leur avaient vanté le bon accueil et la vie agréable du Bourbonnais d'Auvergne. Eux qui venaient d'une terre ruinée par une poignée d'incompétents, cela leur semblait être le paradis. Ils avaient donc dit au revoir à tous leurs amis assez courageux pour rester en territoire maudit puis ils avaient pris la direction de ce lieu prometteur.
[Drôle d'accueil à Aurillac ...]
Déjà le premier jour en terre promise f
ut des plus étranges ... Les villageois eux étaient adorables, plein de vie tout comme l'avait dit Naude. Mais ce début de journée f
ut entaché pour le parrain de Cath. En effet il avait reçu un courrier lui signifiant sa mise en procès !
"Comment çà un procès ?! On vient d'arriver ! Ben quel accueil !"
Ticannis "l'accusé" f
ut néanmoins laissé libre de ses mouvements à la seule condition de ne pas quitter le Duché. Ca tombait bien ce n'était pas leur intention !
[Petit aller retour inutile ...]
Deuxième jour en terre promise, arrivée à Murat. Ville toujours accueillante mais un peu plus austère. Qu'à cela ne tienne c'est Polignac qui les intéresse, aller voit Naude et enfin être loin de tous soucis.
Pourtant tard dans la nuit Cath reçoit une missive des ses amis restés en Rouergue, le Comté a été renversé, le Rouergue va mal.
Tous ses compagnons dorment, c'est donc sans les informer qu'elle demande à son cheval de faire demi-tour et retourne à Aurillac.
Une fois à Aurillac, les nouvelles sont mauvaises, le Comté est au bord de la guerre civile, Cath ne peut mettre en danger les vies de la jeune Cathy, qu'elle a sauvé de la misère, et de son jeune fillot Yoyo auquel elle tient tant. Ces deux jeunes âmes innocentes qu'elle veut sauver de la bêtise humaine et pour qui c'est le tout premier voyage.
Et surtout cette dispute avec son mari Rankken, qui ne veut pas la perdre et refuse qu'elle risque sa vie quelqu'en soit la cause.
Elle écrit donc à ses amis qu'elle ne peut les aider dans leur tâche qui est de faire éclater le scandale qui ronge le Rouergue, de mettre à jour les magouilles de ceux qui ont mis à mal un Comté en moins de temps qu'il faut pour le dire. Ils repartent tous donc vers Polignac loin du chaos qui secoue la terre qui tente de s'exorciser.
[Retour à Murat]
De nouveau de retour dans cette ville toujours un peu austère, malgré quelques rencontres agréables le premier jour. Le matin même Cath note une grande agitation en ville, beaucoup de gens en groupes et qui plus est des groupes armés. Elle écrit donc à son amie Naude pour lui demander si elle doit ou non prendre la route cette nuit ou bien attendre un jour plus paisible pour partir. Cette dernière lui répond qu'il n'y a rien à craindre et qu'elle les attend de pied ferme le lendemain pour les accueillir comme il se doit.
C'est donc rassurés qu'ils prennent tous le soir même la route, direction Polignac.
[Quand le clair de lune plonge dans les ténèbres]
La route est paisible, la lune obronde éclaire la route de sa douce lumière blafarde. Cath se dit que dans quelques jours elle sera pleine et qu'on y verrait comme en plein jour. Enfin pour cette nuit c'est suffisant pour que son fidèle Ukase sache éviter des ses sabots gros comme des seaux, les ornières qui peuplent la route.
Ukase, au petit trot, tire avec courage la charrette bien remplie. Rien ne pourrait arrêter cette montagne de muscles qu'est l'hanovrien. Et pourtant, Cath le sent devenir nerveux, jamais elle ne l'avait vu comme cela, lui toujours placide, c'est vraiment étrange...
Cath lui parle à voix basse, elle tente de le calmer de sa voix douce, cette voix à laquelle il obéit habituellement si bien ... Voyant sa nervosité monter, elle décide de s'arrêter un instant, le cahotement de la charrette qui s'arrête réveille ses compagnons de route. Ceux ci en profite pour se réchauffer ou bien assouvir quelconque besoin naturel.
Cath quand à elle essaie tant bien que mal de calmer cette montagne de muscle, quand tout à coup celui-ci hennit et prend le mors aux dents.
Il part dans un galop éfrenné, Cath n'a que le temps de sauter dans la charrette et de tenter de l'arrêter comme elle peut laissant ses compagnons sur le bord de la route.
La course folle du hongre va durer de longues minutes, Cath les pieds bien ancrés au plancher de la charrette et les rênes en main tire aussi fort qu'elle peut sciant la mâchoire de l'hanovrien pris d'une frayeur qu'elle ne comprend pas. Le combat va lui sembler interminable, le cheval est en sueur visiblement décidé à fuir mais à fuir quoi ? Elle ne comprends pas, lui qui n'a jamais peur de rien.
Après ce long combat, Ukase se calme et s'arrête enfin. Les naseaux dilatés d'où s'échappent de la vapeur d'eau, les yeux exorbités, le corps tremblant recouvert de suin mousseux. Cath descend le rassurer et vérifier qu'il n'a pas de blessures. Puis elle remonte en charrette et reprend les rênes afin de récupérer ses amis abandonnés en bord de route.
Mais ce qu'elle va découvrir à son retour lui retourne le coeur, elle se dit que ce doit être un mauvais rêve, un cauchemar !
Revenant au pas vers ses compagnons, elle ne découvre pas de suite la scène, l'astre lunaire étant voilé par un épais nuage solitaire qui parcours le ciel. Puis la lune se dévoilant petit à petit, lui fait découvrir la vision d'horreur et comprend enfin ce qui a effrayé son fidèle destrier.
Tout d'abord elle reste bouche bée devant ce qui semble être des corps gisant au sol..
Sa gorge est sèche, son souffle court. Puis enfin au prix d'un miracle une voix se fait entendre malgré elle, sa propre voix qu'elle ne maitrise plus qui devient un cri perçant dans la nuit.
"Mon dieu non !!!!!!!! Rank !!!!!!! Mon amour !!!!"
La voici devenue comme folle, elle hurle à plein poumon, elle lance son cheval au galop pour rejoindre ce qu'il semble être ses compagnons de route, la charrette bondissant dans chaque ornière, manquant de basculer à tout moment. Elle stoppe net son cheval et descend tremblante n'osant s'approcher des corps gisants d'où s'écoule un liquide rouge rubis qui luit aux rayons lunaires. Et cette odeur qui lui emplit les narines, cette odeur elle la connait trop bien... Celle du sang chaud, l'odeur de mort qui plane...
Elle tombe à genoux, les bras ballants. Elle regarde le spectacle de désolation qui s'étale devant elle. Elle reste là sans bouger attendant on ne sait qui, on ne sait quoi ... Peut-être tout simplement un signe de vie ...