Eliane_
[Les ruelles de lArmagnac de Comminges]
"Ma fille, vous avez pêché".
Les mots heurtent ses tempes alors que lodeur putride et la moiteur des ruelles agressent son odorat.
Quimporte les villes où elle se rendait, le pêché la hantait, tel un venin enfuit dans ses veines Il ronge lêtre en silence, pervers, fourbe. Elle ne peut succomber à cette tentation qui tourmente son esprit. Lui résister serait assumer sa couardise.
La jeune femme franchit le seuil, un pas de plus vers les ruelles malfamées, ce coin à putains où errent les hommes en manque de tendresse.
Ses iris noirs se posent sur ces femelles. Elle les dévisage, les jauge en silence. Ses lèvres fines à jamais scellées avant lirréparable La quête du Pardon.
Seigneur pardonne encore une fois, cette attraction Je vous décevrais encore une fois.
Le palpitant lui serre la poitrine à chaque pas, chaque regard, chaque proposition indécente. Elle finit par rejeter sa raison au profit de la passion. Elle a trouvé.
Un homme savance doucement vers elle. Il la heurte violement lui arrachant une grimace de douleur. La blancheur de sa peau, la propreté de sa chevelure de blé, de ses vêtements trahit son milieu. Elle nest pas une traine misère et pourtant Il ose sy méprendre.
La main masculine se glisse sous son jupon sans quelle ne puisse dire mot. La peau douce est effleurée, provoquée. Les réclamations brutales sont lâchées dans son oreille si avide de délicatesse
La main remonte le long de sa jambe. Le geste est si naturel, si déplacé et déroutant quelle reste coit.
Je Je ne suis pas La réponse se prépare alors quelle fulmine.
Non, elle vient pour se servir, non pour servir. Elle le repousse violement, crachant son mépris au sol. Ignoble Mâle
Une présence se glisse dans son dos. Une main recouverte de dentelle vieillie se pose sur son épaule. Solidarité féminine ? Assurément que non, simple appât du gain. Aucune entraide en son geste même si ce dernier invite lhomme à poursuivre son chemin.
Elle nen veut quà ses écus, Eliane quà ses formes.
La blonde sempare de cette main, la guide vers sa taille et doucement invite la puterelle à reculer. Mur froid, témoin de gestes punis par lEglise. Ses lèvres souvrent, plongent dans le creux de son cou, dégustent, savourent. Les doigts se perdent, provoquent sa Foy La chair féminine se découvre. Professionnelle, la traine misère tente de lui apporter ce plaisir, la raison de ses écus
Au cur de cette ruelle profonde, obscure, le vice est consumé, la tentation nest plus. Elle a cédé.
Les soupirs, les grognements, le plaisir, rendent lendroit moins lugubre Elle ne vaut pas mieux que ces hommes
[Bien plus tard...]
La langue dEliane se joue du lobe de son oreille, son pouce doucement simmisce entre les lèvres gourmandes de la putain. Dernière caresse. Elle na plus rien à faire delle désormais.
Fière, rassasiée, aucun mot nest glissé à lattention de cette chose alors quelles arrangent leurs vêtements. Le regard de la putain est plus conciliant, elle lui propose même de la revoir Gratuitement. Femme avant dêtre putain.
Eliane y réfléchira si l'envie lui en dit.
Seigneur Pourquoi donc mavoir fait trouver ma félicité dans le corps de mes semblables
[Vers la place du village : Assise sur une marche, dos à une porte.]
Ombre pensive assise sur les marches dune bâtisse La lumière dune chaumière gît derrière elle. Postée contre la porte dentrée, elle patiente Les iris observent le ciel, supplient son Créateur.
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