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[RP] Petits tracas d'un groupe en rase campagne

Kalian, incarné par Milo


Etrange sensation que celle de flotter au milieu du brouillard environnant. Ses pieds la menaient dans un lieu qui lui était familier, se découvrant à mesure qu’elle s’avançait. Le bruit régulier des vagues s’échouant sur la plage venait caresser son ouïe. L’odeur de l’eau salée s’élevant dans l’air venait la chatouiller, lui laissant un agréable goût sur ses lèvres alors qu’elle les humectait en passant sa langue dessus. Un léger sourire flottait sur ses lèvres alors que le brouillard paraissait se lever, laissant un paysage si longtemps quitté apparaître devant ses yeux. La terre qu’elle avait tant de fois foulée se déroulait sous son regard émerveillé. Comme dans ses rêves. Rien n’avait changé…

Le visage de la jeune femme était caché par ses cheveux collés par la sueur. Sa peau d’un teint habituellement hâlé était devenue aussi pâle que la neige qui tombait encore dans certains coins du pays. Le froid avait envahit son corps, provoquant de léger tremblement lorsque le peu de force qui lui restait parvenait à faire frémir un membre. Seul un faible gémissement s’échappa lorsqu’on la bougea pour la énième fois, tirant un peu plus sur sa blessure. La douleur était si forte qu’elle parvenait même à la toucher là où elle se trouvait. Le liquide ne cessait de s’écouler de la plaie béante, collant sa chemise à son corps.

Les rayons du soleil venaient caresser son visage. La mer s’amusait à venir lécher ses pieds, laissant une impression de fraîcheur sur son corps dorant au soleil. Un chant d’oiseau venait la bercer alors qu’elle était allongée sur le sable brûlant. Tout était si calme, si paisible. Loin de toute cette douleur qui l’accompagnait chaque jour. Une grimace déforma son visage un court instant, puis l’image devint floue. Quelque chose l’attirait ailleurs, loin de cette beauté, de cette terre qui était sa maison. Un gémissement s’échappa de sa gorge.

Des bruits. Des bruits tout autour d’elle. Un corps chaud sous le sien. Mais cela ne suffisait en rien à la réchauffer. Où était donc ce soleil qui, il y avait peu encore jouait sur sa peau ? Où était la fraicheur des vagues ? Où était ce monde qui lui manquait tant ? La blessure la lançait atrocement. Crier ? Pas la force… Bouger ? Un râle de douleur se fit à nouveau entendre. Mauvaise idée… Mais une main tremblante vint s’emparer de la sienne tandis qu’une autre passa délicatement sur son visage. Tenter d’ouvrir les yeux pour voir Ilmarin à ses côtés, la tenir, tandis que Maharet lui murmurait des mots apaisants. Des mots n’arrivant pas à traverser cette épaisse bulle s’étant formée. Le corps collé au sien se mit à vibrer. Les paroles sortant de la bouche de l’inconnu lui était incompréhensible. Mais le sentir remuer sous elle ne fit qu’accentuer la torture que la plaie lui faisait subir.

A nouveau un brouillard s’était formé. Son esprit s’était échappé, laissant son corps seul à la souffrance la dévorant. Cela prendrait sûrement fin d’ici peu de temps. Tourner la tête pour essayer d’apercevoir où elle se trouve. Serait-elle à nouveau sur les plages de son enfance ? Ou… Quelque chose de froid se fait sentir sous ses pieds. Ses yeux se posent sur le sol, pour découvrir un épais manteau de neige, s’étendant loin devant elle. Elle fait quelques pas avant de s’arrêter et de regarder autour d’elle pour trouver signe de vie. Ses sourcils se froncent alors qu’une forme se détache, semblant venir vers elle. Un visage d’ange lui apparaît, un sourire radieux illuminant ses traits.

La jeune femme s’approche, étonnée de le revoir en ce lieu si éloigné. La personne lui faisant face vient poser une main chaude sur sa joue. Un jeune homme aux cheveux d’ébène et aux yeux de la même couleur que la mer continuant son va et vient sur la plage, au loin. Tel qu’il était dans ses souvenirs. La main de la métisse vient se poser sur celle de l’homme, retrouvant la douceur du contact.

Gab…riel.

Léger murmure à peine audible alors que son frère semble s’éloigner. Son frère… Celui qu’elle aurait du revoir. La gorge se serre à l’idée que la dernière occasion s’était sûrement présentée à Laval. Ne plus jamais revoir ce sourire qui l’avait tant de fois fait chavirer. Ne plus croiser ce regard tellement semblable au sien. Ne plus jamais le revoir. Peut être devait-il en être ainsi…

Ses bras tentent de se resserrer autour de la forme qui la portait, sans grand succès. Persuadée qu’il s’agissait de Kan, elle voulait sentir une dernière fois son odeur. Pouvoir sentir son étreinte alors qu’il l’enlaçait. Entendre sa voix mélodieuse. S’endormir au rythme de sa respiration. Mais déjà un nouveau brouillard s’était levé, l’emmenant loin de lui… L’emmenant loin d’eux…


Ilmarin, incarné par Milo


- Dîtes moi, rouquine d'mes nuits, pas que rester à bavasser comme des pies m’gêne, mais y en a une qu’est sur l’seuil d’Charon. Alors si vous pouviez magner vot’joli fessier, tout le monde vous en s’rait reconnaissant. Et dépêchez vous, crénom d’Odin, j'vais finir par m'pieuter debout !
- Ilmarin... Range ça et mets tes enfantillages de côtés, dans l'instant présent il y a plus important. Ma furie est blessée et je me dois de la soigner.

Grincements de dents désagréable sur fond de regard haineux et tendu. Et voilà, dès qu'un mec s'en mêle, c'est le boxon. Tout allait bien, Maha tenait Kalian, elle arrivait encore, à peu près, à tenir bon la porte fermée.
Maintenant, une nouvelle goutte de sang perlait sur la pointe de son épée, le beauf qui se la raconte et ose, encore!, lui donner des ordres. Ce qui lui évite une explosion? La mention de sa soeur, tout simplement. Comme la dernière chose qui la fait revenir sur Terre et maintient sa volonté.


- Ilm'...? C'est toi?
Sourire carnassier, elle essuie la perle carmin sur les fesses de Kan. En gros, il ne perd pour rien attendre. Et se retourne vers la Comtesse dans le bruissement de son fourreau. Vite, essayer de se composer un visage calme.
- Ilm'.... je... Mais... kal.... et... et eux.... je....que se passe-t-il...?
- Comtesse, par les Enfers tu vas bien? S'approcher de son amie, la serrant dans ses bras après avoir effleuré son ventre. Ca semblait aller... Où tu es passée? L'enfant va bien? Qu'est-ce que tu as fabriqué? Non, attend, on verra plus tard. Je te présente Maharet, mon amie écuyère, geste amical vers la belle rouquine, et euh... Milo, qui apparemment connait Maha...
Et quand les mâles auront fini d'exposer leurs pectoraux comme des coqs, on pourra peut-être se magner le train!

Elle passe son bras sous celui de la Comtesse, enfin le moins poisseux de sang, pour qu'elle s'appuie et toute la mauvaise troupe se met en route. Regagnant l'extérieur et... Et... Et ben les restes du campement. Quelques hommes d'armes restés en arrière pour tout nettoyer.
S'approchant à nouveau de sa soeur, elle caresse son front moite, surveillant la progression de la fièvre.

Maha... On fait quoi maintenant...

Sourire inquiet qui tirent ses traits épuisés, aux yeux encore bien imbibés, soulignant une ou deux rides faisant leurs apparitions, elle serre la main de sa soeur, essayant d'atteindre le peu d'esprit qui lui reste pour qu'elle sache que sa soeur est là.
Une chanson enfantine qui lui revient, jouant sur sa langue, parfois un sifflotage s'échappe sur un air connu qu'elle ravale aussitôt, Kal est quand même blessée: lundi matin, Dare, Kalian, Kan, Milo et Maha sont venus me voir pour me serrer la pince... La Licorne partie, Maha nous a dit...


*Maharet*, incarné par Milo
Note : RP écrit à quatre mains



Un début de migraine se faisait sentir dans le crane de la jeune écuyère. Une pensée soudaine pour sa nourrice qui s’occupait de son petit démon. Si seulement elle avait été là, s’imaginant lui souffler " ma petite Elise, ne pouvez-vous calmer les enfants qui jouent dehors, ma tête me fait mal et ils crient trop fort." Comment ce n’étaient pas des enfants ? Qui oserait prouver le contraire lorsqu’on assistait impuissant à ce qui se tramait en ce moment. Que la douceur du cloitre lui manquait. Elle savait la vie d’Ilmarin mouvementée mais la jeune femme assistait là, à une scène singulière.
Du sang sur son amie, une sœur inconsciente, Aristote seul avait été le témoin de ce qu’il s’était passé. Elle aurait aimé lui poser les questions qui lui brûlaient les lèvres mais le moment ne s’y prêtait pas et pour cause, à peine la blessée installée sur sa jument qu’un géant blond fit son apparition. Ce malotru déchargea la bête… "Mais, mais d’où qu’il vient celui-là ?" Son regard vert s’était assombri en voyant son amie se jeter sur l’homme tel un fauve alors que la minute précédente, elle tenait à peine sur ses jambes. Croyait-elle encore à ses retrouvailles tant attendues ? Maharet n’avait pas le temps de se poser la question.

Une nuit d’inquiétude qui se transformait en un spectacle glauque. Ne voyaient-ils pas que la jeune fille perdait son sang ou était-ce le cadet de leur souci ? Baladant de mains en mains telle une poupée de chiffon sans vie, finissant dans les bras d’un homme âgé au teint sombre. Surement la personne qui lui avait écrit. Alors pourquoi sentait-elle la rage l’envahir en voyant l’homme ? Ne lui avait-il pas dit qu’il était venu seul parce que les deux sœurs étaient loin et Ilmarin à l’abri dans son alcool ? Pourquoi transposer son impuissance sur cet homme qu’elle ne connaissait pas ? Ni lui ni elle n’aurait pu imaginer ce qu’il venait de se passer et pourquoi personne n’était partie à la recherche du brigand criminel ?

Lasse, Maharet préféra affirmer sa poigne sur les rênes de sa bête et se dirigea, les dirigea vers le camp de la licorne. En route avec une comtesse, un géant blond, une mourante et son prince pas tout à fait charmant. Ilmarin suivait mais était-ce véritablement son amie qu’elle avait rencontrée ce soir au détour d’une fontaine de village ?

Maharet pénétra la première dans la tente de ses frères, un rapide coup d’œil lui appris qu’elle était vide mais heureusement, rien n’avait encore été emporté. Elle se retourna, fit face à son amie prenant les choses en main.

On va la poser sur un lit de camp et toi tu vas te reposer, se tournant vers le porteur. Allongez-là pendant que je cherche de quoi la soigner, à la comtesse, madame… vous devriez vous aussi prendre du repos on verra si ce que vous avez est grave… Et toi le montagnard va chercher de l’eau au puits. Son regard se fit perçant lorsqu’elle s’était adressée à lui.

L’écuyère se retourna et chercha de quoi éclairer le lieu. Elle s’était détournée de façon à ne recevoir aucune protestation. Plus le temps de tergiverser, il fallait soigner Kalian et avec leur petit manège elle avait assez perdue de temps.

Non Maha, je reste pour t'aider, dis-moi quoi faire, s’imposa la blonde.

Mon ton était sans appel Ilmarin, tu tiens à peine sur tes jambes. Va t’allonger avant que je ne le fasse moi-même.

Son amie ronchonna, murmurant des mots incompréhensible à son oreille, puis sortit de la tente sans un mot pour revenir quelques minutes plus tard chargée d’un parchemin, une bougie et une bouteille d’alcool. D’autorité Maharet lui confisqua la bouteille et saisit la bougie.

Merci c’est justement ce qu’il me manquait, sourit-elle perfide. Maintenant tu vas t’allonger sans un mot. Tu auras le temps plus tard pour écrire.

Elle resta plantée devant son amie sans sourciller, la voyant ouvrir la bouche pour la refermer aussitôt. Ilmarin tourna les talons non sans un "d'hors, cherché, r'viens" Maharet aurait aimé retenir la blonde mais elle avait plus urgent à faire.

Bon, si vous avez quoique ce soit à me dire, retenez-vous. J’ai autre chose à faire que jouer les nourrices pour enfants turbulents ! Maintenant monsieur d'Al Djezabel posez Kalian sur ce lit de préférence sur le côté afin que je puisse la soigner. Et rester près d’elle, deux paires de mains valent mieux qu’une. Maharet en mère louve sur le qui-vive s’éloigna. Il lui fallait allumer la bougie et se mettre à la recherche d’une trousse de secours.

Milo
Note : RP écrit à quatre mains

[Toujours entouré de femelles enragées, c'est fou ce que ça mord, ces petites bêtes là...]

Doigt posé contre la lame, il attend toujours une réponse de la belle rouquine et un geste de Boucle d'Or. Mais ni l'une ni l'autre n'ont le temps de prononcer une parole ou de faire un geste, que déjà la troisième Banshee arrive. Dare Dare, c'est le moins qu'on puisse dire. Quoi que la Dare, elle a pas l'air dans son assiette. Et elle est en cloque en plus. Le géant souffle bruyamment. Ca promet ! Il a à peine le temps de faire ou de dire quelque chose, que Dare Dare est coupée par une lame se posant sur celle de Boucle d'Or, accompagnée d'une voix grave. Cette dernière confirme à Ilmarin que Milo a raison, que ce n'est pas le moment de tailler une bavette pour le gosse que l'engrossée attends, mais surtout qu'une... Furie est en train d'agoniser et que... Un son. Un souffle plus qu'un murmure, qu'il n'a failli pas entendre dans le bruit environnant. Froncement de sourcils du géant, qui se demande s'il doit mentionner ce qu'il a entendu. Pas maintenant. Quand ils seront dans un endroit sûr.

Sourire du colosse alors que ses réflexions sont interrompues par le vieil homme, qui lui prend son paquet des bras, et que Boucle d'Or ôte enfin son cure-dent de sa gorge. Sourire qui devient rire et l'Azur moqueuse quand Ilmarin appelle Dare Dare Comtesse. Une Comtesse ? Beau morceau en tout cas. Le géant glousse tellement qu'il sent des larmes poindre au bord de ses yeux. Une Comtesse. Par Thor, dans quoi s'était-il fourré ? Ce qui ressemblait à une orgie « Banshiesque » se transforme en réunion de nobliaus. Et lui, le géant au parlé de cul-terreux se retrouvait au milieu de tout ce beau monde. Il éclate franchement de rire, songeant qu'il va bien s'amuser. Du moins si une Emeraude teintée d'Ilménite ne lui plante pas son cure-dent entre les deux yeux pour lui faire un troisième oeil. Remarque, ce serait pratique. Mort, il pourrait aller regarder sous les jupons des demoiselles. Il fronce doucement les sourcils, alors que l'Azur retrouve un semblant de sérieux. Mouais, une piste à méditer.

Il passe un doigt sur son cou, gouttant son propre sang. Petit goût beaucoup plus agréable que lorsqu'il léchait ses plaies faîtes par le Capitaine. Mais celles-ci étaient souillées par autre chose. Autre chose de plus... Malsain, dirons nous. Il se dirige vers la comtesse et Ilmarin non sans avoir soufflé une petit pique à la rouquine. Après tout, elle a mis sa virilité en doute, et ses hormones sont vexées.


- Des avances ? Baste, ma belle, z'auriez pu trouver quelqu'chose de plus classe. J'sais pas, qu'on a couché ensemble, par exemple... Des avances... C'qui faut pas entendre !

Dépité, le géant lève les yeux au ciel. Arrivé près de le comtesse, il passe à son tour un bras sous son épaule, prenant garde à être le plus doux possible, se moquant complètement des éclats Ilménite qui se font plus nombreux dans l'Emeraude, ni de la poigne resserrée autour d'un bras comtal. Azur inquiète qui se tourne vers le vieillard. Inquiet pour lui mais aussi pour son paquet.

- Moi c'est Milo, z'êtes sûr qu'ça va aller, vieil homme ? Sinon vous m'dîtes... Grommellement prononcé pour être entendu de ses seules oreilles. Quoi qu'entre une Dare Dare engrossée et un tas d'viande haché menu, le choix est vite fait... Sourire engageant à l'encontre de la première... Ca va aller, Comtesse ? Sinon vous m'dîtes aussi, tant qu'on y est...

[Campement de coincés du balai]

Ils arrivent enfin, cahin caha, à un campement dont il ne reste plus que quelques personnes. Des soldats ? Soupir d'un colosse qui se dit que décidément, il court après les ennuis qu'il fuit. Enfin, il doit être tranquille ici, cette histoire est assez vieille pour être oubliée, et elle concernait des Nîmois, point des... des gens ne qui sont pas Nîmois. Maharet, puisque c'est son nom complet, les emmène vers une tente et commençe à donner ses ordres. Une lueur ironique vint éclairer l'Azur, c'est fou ce qu'elle est encore plus excitante quand elle commence à s'énerver. Il se dirige vers une chaise qu'il indique du doigt à Dare Dare.

- Allez Da...M'dame, posez vot'comtal fessier sur c'te chaise, et r'posez vous. L'ptiot a b'soin d'être au calme.

Lueur qui se propage au sourire, tandis que la belle rouquine l'appelle montagnard. Montagnard qui relève le tutoiement d'un haussement de sourcil. Incroyable comme les gens bien éduqués sont si familiers ! Est ce qu'il les a tutoyé lui ? Non ? Bon alors ? Certes, il emploie un langage peu commun, mais est ce de sa faute s'il n'est pas né avec un balai en or dans le fondement ? Franchement les bonnes manières se perdent... Il sourit en s'inclinant doucement.

- Vos désir sont mes ordres. Même v'nir dans vot'lit c'te nuit.

Clignement d'yeux vers Maharet, suivit d'un rire, assortit d'un regard vers Ilmarin qui proteste elle aussi vigoureusement. Il les laisse à leur joute verbale, sort et se dirige vers le centre du campement. C'est là qu'il pense trouver ce que Maharet lui a demandé. Il trouve enfin l'objet de ses désirs, après avoir demandé à une ou deux personnes, qui ont même accepté de lui prêter un seau. Il accroche le seau à la chaîne et s'acquitte joyeusement de sa tâche. Une fois le seau rempli avec un plouf! sonore, il le remonte rapidement, regardant le reflet de l'Azur moqueuse.

- Alors Capitaine, tu m'as dit que tous les soldats étaient comme toi, tu te souviens ? Gloussement à peine contenu. J'en suis entouré, et je n'en vois aucun qui te ressemble...

Pensée exprimée à voix haute, sans accent, sans s'en rendre compte. Pensée de défi à l'homme grâce auquel son dos n'est que charpie. Son dos et... Autre chose. Il secoue doucement la tête et retourne vers la tente, croisant dans le même temps Ilmarin, le regard perdu. Un froncement de sourcil se permet de venir modifier l'expression de son visage, alors qu'il se dirige vers la rouquine.

- Z'avez encore b'soin d'aide, Maharet ?

- Juste de l'eau, merci...

Réponse marmonnée comme s'il est un cafard gênant, ce qu'il ne nie pas. Soudain, il se souvient d'un détail, occulté par tous ces évènements.

- Au fait, la furie a murmuré un prénom, juste avant qu'vous n'la preniez. Gabriel...

Il sourit doucement, avant de partir à la recherche de Boucle d'Or, se demandant encore ce qui l'a poussé à mettre son nez dans leurs affaires.
Ilmarin, incarné par Milo


Merci c’est justement ce qu’il me manquait. Maintenant tu vas t’allonger sans un mot. Tu auras le temps plus tard pour écrire.

*Inutile... Tu croyais avoir tant changé? Tu croyais vraiment apporter quelque chose autour de toi?* Et encore ce rire nasillard qui l'étrangle... *Inutile... Moi seule te comprend et tu le sais...* Souffle perfide qui touche le dernier recoin de son âme. *Reviens...*
Touché coulé...

Impossible d'énoncer clairement ce qu'elle a marmonné, de toute façon la conscience n'est plus assez là. Inutile... Inutile... Un dernier regard, par dessus son épaule, à son sang, sa chair, sa famille qui git, là, par sa faute, sans connaissance, à encore devoir se battre contre le Passeur.
Inutile...

Le froid qui l'assaille, mord sa peau, fige dans des entrelacs torturés les coulures sanguinolentes de la vie de sa soeur et de celle de l'inconnu. Décharge dans ses pensées, bref instant de lucidité retrouvée. Daresha et Kalian sont entre les mains de Maharet, elles ne risquent plus rien...
Inutile...
Son regard perdu implore les étoiles glacées. Nouveau tremblement, tout se voile sauf ce ciel.
Une petite fille... Un grenier... Des larmes... Un appel au secours lancé vers ces lucioles glacées et inaccessibles...
Reviendra-t-il...

Et si... Et si elle se secouait pendant qu'il en était encore temps? Et si le premier pas de Dole ne restait pas dans le vent? Et si... *Non, tu sais qu'il ne viendra pas. Tu sais que tu es seule. A quoi bon te bercer d'illusions, encore? De quoi tu te plains? Plus je souffre, plus je suis tienne... Alors autant l'appeler...*Rire sardonique suppurant la manipulation et la victoire proche... Elle soupire en fuyant les espoirs de la voûte et reprend sa route, tanguant dangereusement.
Peut-être pas si inutile... Si cette nuit était la dernière qu'elle devait vivre libre, elle les aurait au moins rapproché. Le Vent et l'Avenir. Oui... Dernier geste libre d'une jeune femme commençant à se laisser sombrer...

Impossible de déterminer le temps passé à chercher ces satanés canassons qui, bien sûr, avaient mieux à faire que de répondre à ses besoins. Enfin, au moins, ils étaient sagement sous un arbre, l'un contre l'autre, pour se protéger du gel tombant. Priant intérieurement, elle fouille ses sacoches, trouve son nécessaire d'écriture en mauvais état - faut dire que coincer entre les bouteilles, ça aide pas - et se pose sur une énorme racine. Sans autre lumière que celle de Mère la Lune. Elle serait bien incapable de dire ce qu'elle écrit, juste consciente de commencer par Suli et de finir par son nom... Rouler le tout dans une sacoche et sentir sa gorge se dessécher, son ventre se tordre dans un ballet digne de la Cour.

Une outre... Ca fait du bien l'eau...
Deux outres... C'est la vie...
Trois outres... L'alcool, avalé comme le liquide cristallin sortant des nuages, se diffuse dans le sang et le noie, emporte tout comme une énorme vague. Plus de douleur, plus d'âme, plus de pensées, plus d'Elle. Juste posée sur une souche, sans passé ni avenir.
Juste... Rien...


Milo
Note : RP écrit à quatre mains

Ilmarin

[A la recherche de Boucle d'Or]

Soupir long comme les jambes de la rouquine. Il étire lentement ses bras, baillant un bon coup. Pas qu'il est fatigué, mais les nobles sont usants. Incroyable. Ca fait sa chochotte, ça arrive Dare Dare, et ça fait son caca nerveux parce qu'un cul terreux montagnard vient se mêler de ce qui ne le regarde pas. Soupir. Décidément, dans quoi s'est il fourré ? Il lève lentement les yeux vers les étoiles, accompagnant faiblement la lune, comme autant de petites lucioles éclairant la route du vagabond. Elle qui se croit solitaire peut voir un sourire se dessiner sur le visage du géant. Après tout, qui sait ce que cette rencontre va apporter ? Mais pour le moment, il doit retrouver une Boucle d'Or qui a décidé de prendre la clé des champs. Il erre doucement dans le camp, prenant garde à ne pas faire trop de bruit. Il n'a pas envie de tomber sur un garde trop curieux, qui lui demanderait ce qu'il fait à rôder à cette heure-ci. Le géant lui répondrait sûrement qu'il était à la recherche de la couche de Maharet, mais il doute que cette réponse plaise. Mais qu'importe, tant qu'elle plaît au géant. Le froid ambiant ne l'atteint pas, tout vêtu simplement qu'il est de sa chemise rouge. Mais elle est relativement épaisse, et il est une vraie bouillotte ambulante.

[Enclos]

Un cliquetis lui fait soudainement tendre l'oreille, alors qu'il se rend compte que ses pas l'ont dirigé vers l'enclos des chevaux du groupe hétéroclite qu'il a rencontré. Il s'arrête un instant, scrutant les ombres infinies à la recherche d'une lanterne ternie par la fatigue, le froid et probablement autre chose. Il ne le sait pas. Arrêtes toi. Là. N'est ce pas un bruit d'objet tombant dans l'herbe, son porteur fatigué du lourd fardeau de la nuit ? Il reconnaît la forme d'Ilmarin, assise sur une souche, la tête baissée, le corps secoué de frissons, quelques outres échouées à ses pieds, comme si les étoiles du ciel avaient décidé de prendre le rôle d'étoiles de mer. Il ne dit rien, ôte sa chemise, la pose sur ses épaules, sachant que cela ne sera qu'un maigre rempart contre la morsure implacable de l'hiver et s'assied simplement à côté d'elle, non sans avoir poussé du pied les vestiges d'une gloire au Dieu alcool laissés là.

Deux Emeraudes embuées et vitreuse plantent leurs quelques éclats d'Ilménite dans l'Azur neutre. La boisson a si bien réussi à lancer ses tentacules dans les méandres de son esprit, qu'Ilmarin n'a pas la force de lui parler. Juste un maigre sourire, contrastant avec l'éclat de ses yeux, pour le remercier du peu de chaleur octroyé. Le géant, quant à lui, ne frissonne pas. Le froid ne lui a jamais posé problème. Il préfère même le froid à la chaleur étouffante d'une cheminée. Peut-être parce que... Il faisait toujours trop chaud, dans cette pièce. Il ferme les yeux et se recule lentement, jusqu'à ce que son crâne touche le tronc derrière lui. Il étire les jambes, la main droite posée sur le tronc, juste à côté de celle de la jeune femme, tandis qu'un auriculaire et un majeur moins flexibles que le reste de sa senestre, viennent tapoter doucement son genoux. Sa voix grave s'élève lentement dans le silence ambiant, sans artifices, oubliant sincèrement cette accent qui lui est cher, comme pour renforcer la teneur de ses paroles.


- Quelqu'un m'a dit que le meilleur remède contre la mélancolie, c'était le rire...


Jambes écartées, mains en appuis sur les cuisses pour tenir une tête trop lourde qui semble vouloir éclater, un souffle lui parvient, teinté de douleur, contenant une réponse pour le moins... Etonnante.

- La souffrance noie le rire...

Azur qui s'éveille lentement en un éclat de rire franc et amusé. Il ne dit rien, mais prend la même position qu'elle, offrant aux lueurs de la lune un dos zébré de cicatrices, certaines si blanches qu'elles brillent comme les écailles d'un poisson sous la surface de l'eau. Cicatrices entrelacées à quelques morceaux de peau manquant, là où le fouet est tombé trop fort, là où le bras s'est abattu trop de fois, comme des rigoles tracées par une pluie si puissante que rien ne peut lui résister. Bizarrement, le fait qu'elle puisse voir ce que personne n'a jamais vu depuis la mort du Capitaine ne lui fait rien. Peut-être parce que l'Emeraude lui est inconnue. Emeraude inconnue à l'Azur, mais pourtant si proche dans les éclats d'Ilménites qui la teintent. Et que dire de cette marque ? Dans son dos, représentant une lettre. Un L majuscule, apposé d'un fer chauffé à blanc, porteur de nombreuses douleurs. Ou de cette fine cicatrice sur le torse, partant du milieu du ventre, pour se perdre dans le creux de la hanche droite ? Et cette main ? Cette main gauche clouée à une table comme on cloue un cafard trop gênant pour être simplement ignoré. Main qui fait que son majeur et son auriculaire sont si raides qu'il ne peut les plier entièrement. Lentement, il tourne la tête vers la jeune femme, observant cette mitaine rigide retenant une main droite qui ne doit sûrement rien avoir à lui envier à sa gauche, secouée par intermittence de spasmes non souhaités. Azur amusée regardant Emeraude échouée, alors que d'autres reflets dorés non par une cicatrice, mais par son pendentif représentant Mjöllnir, marteau du Dieu Thor, font écho aux lueurs argentées de la lune.
- Malgré sa souffrance, il riait souvent. Je crois même que je n'ai jamais rencontré de personne qui ai autant souffert que lui, et qui pourtant, riait tant.

- Il a alors une force que je n'ai jamais connu...

Emeraude troublée, Emeraude prête à céder de nouvelles perles, menaçant de rompre la digue à mesure que la compréhension des marques de son dos trace son chemin dans son esprit. Eclat de compréhension, aussi furtif qu'un oiseau traversant le champ de bataille, avant de retourner dans le néant de l'alcool. Ses lèvres pâles du froid s'ouvrent un instant, laissant échapper un peu de buée. Et se referment. Incapables de traduire le bouillon de pensées incohérentes. Sourire ironique qui reprend ses droits. Tout comme l'éclat de ses yeux. Une idée ? Ho et quelle idée. Comme il n'a pas de seau, il va devoir faire avec les moyens du bord. Même si il sait qu'il va jouer à un jeu dangereux. La féline peut ressurgir à tous moment. Mais qu'importe, il aura fait ce qu'il pense être le plus juste. Il se lève d'un bond, enlève sa chemise des épaules de la jeune femme, la met sur une des branches, alors qu'un gloussement murmuré sort de ses lèvres.

- C'est ce que nous allons voir, Boucle d'Or... C'est ce que nous allons voir...

Il revient vers la baleine, la prend sans ménagement par le bras gauche, et la mène jusqu'aux abreuvoirs des chevaux. Elle se laisse guider comme une enfant, un corps dont l'âme est partie loin. Se laisser aller, s'étonner des volutes de l'air autour d'elle. C'est le seul instrument qui comporte de l'eau dans les parages, et il n'a pas envie d'aller chercher un seau. Et puis, un seau, il faut le remplir. Là, il a la quantité suffisante d'eau pour ce qu'il a à faire. Fera ? Fera pas ? Il force sans plus tarder la jeune femme à s'agenouiller, regarder se refléter l'image qu'elle offre en cet instant dans la flaque d'huile que compose l'eau. Elle s' étonne de voir une jeune femme hagarde et pâle qui lui ressemble tant, une ou deux rides en plus... Et puis, de mettre sa main doucement sur sa tête, et d'appuyer pour que la demoiselle prenne une douche. Il la laisse quelques secondes dans l'eau glaciale, qui par chance, n'a pas gelée. Le froid l'engourdit puis la secoue, le manque d'air menace de faire exploser ses poumons, l'angoisse de ses crises d'asthme alimente le feu dévorant du manque d'oxygène. Qui enfin revient, violemment, dans une grande goulée d'air silencieuse, alors que le géant la tire en arrière. Doux grondement qui s'annonce, calme avant la tempête qui menace de se déchaîner.

- Il a une force que vous n'avez jamais connu, hein ? Grondement qui amplifie de plus en plus, pour finir par lâcher la bonde à la fureur qu'il ressent à cet instant. Fureur qu'il n'a pas ressentit depuis longtemps. Destructrice, malsaine. Fureur qu'il n'a pas ressenti depuis.... La mort de Clément. IL A UNE FORCE QUE VOUS N'AVEZ JAMAIS CONNU ?

Sifflement de la part du colosse, alors que la jeune femme se redresse d'un coup, ruisselante, comme brûlée vive. Azur contre Emeraude. Qui des deux tiendra le plus longtemps ?

- Mais vous êtes taré sombre crétin!! Je vais vous en coller de la force, et dans la tronche encore !!

Le bras se lève mais, à mi-course, devient plus pesant qu'un sac de plomb. L'Emeraude vacille à nouveau, le choc de la lucidité est trop violent pour le sang qui circule dans son alcool. Tout devient sombre...Sombre...Comme la nuit qui étend ses tentacules sur le monde, comme le désespoir qui a envahit Milo lorsque la toute dernière larme de Clément est tombée. L'estomac d'Ilmarin revient flirter avec les lèvres, pourquoi le sol se dérobe d'un coup ? Pourquoi l'arbre entame-t-il une valse seul ? Un murmure, haché, reflet du dos du colosse, s'échappe des lèvres de la jeune femme, alors qu'il se précipite vers elle et la réceptionne lentement

- Une lettre... Dans la sacoche... urgente... La vie de Kalian... Dépend.... Pitié....

Derniers mots susurrés dans une dernière pointe de bon sens alors qu'une voix profonde de basse tente de se frayer un chemin, dans les méandres d'un esprit affaibli.

- N'implorez jamais la pitié d'une personne. Son aide oui, sa pitié non. Jamais. Et... La force que vous n'avez jamais connu, vous l'avez, Ilmarin. Vous vivez pour ressentir le soulagement quand la souffrance ne sera plus. Lui est mort, mort en souffrant, mort violé. Lui, ne ressentira plus ce soulagement...

Il faut qu'elle lui réponde, il faut qu'elle garde l'idée, il faut...Et tout vacille. Tout disparaît. Tout devient noir et abîme. Il la prend délicatement dans ses bras, alors que son esprit n'est qu'obscurité, son corps frissons. Il se dirige vers la tente la plus proche, espérant que personne ne se trouve là. Tout en marchant, il tend l'oreille. Silence. Seul le battement de son coeur semble percer le repos d'une Mère Nature fatiguée.


[Une tente]


Il entre enfin dans la tente, dépose la jeune femme sur le lit. Deux petits brasiers sont disposés de manière à dégager le plus de chaleur possible. Une planche sur des tréteaux, avec des linges posés dessus. Dont une serviette, et une chemise pour homme. Parfait. Vite, il déplace les deux braseros jusque près du lit, avant d'ôter le différent arsenal qu'elle traîne sur elle : son cure dent, deux dagues, un couteau sur la cuisse droite, deux sur la gauche, une dague dans les reins. Rien que ça. Mini chevalier d'assaut, Boucle d'Or ? Il soupire en posant la ferraille sur le sol, avant de s'attaquer aux bottes. Et c'est reparti pour un tour. Non. Juste une dague dans une botte. Baste, pourquoi pas. Il peut enfin s'attaquer aux vêtements de la jeune femme. Ce qu'il fait sans plus tarder, le temps presse. Un pincement serre le coeur du géant alors qu'il songe qu'il aurait du être moins expéditif. Mais... Ils en avaient besoin.

Il sèche le plus vigoureusement possible la demoiselle, se moquant comme d'une guigne de ses courbes. Il n'est pas violeur, ni pervers. Puis, la chemise est enfilée tant bien que mal, prenant garde à cette main violentée, à ce corps meurtri. Beaucoup de cicatrices, ce qui explique sûrement le regard de tout à l'heure. De ce qu'il en a vu, il n'en dira rien. Deux cicatrices jumelles, verticales, noires et fripées, larges de deux doigts et longue d'un au creux de ses épaules, beaucoup d'escarbilles, disséminées sur tout le corps et, sur la cuisse droite, une vilaine cicatrice de lame d'épée, mal soignée, profonde, longue, qui fait la moitié du tour de la cuisse. Il relève délicatement la jeune femme, repousse les draps, la redépose comme si elle était l'objet le plus fragile au monde sur le lit, avant de la border. Il reste un instant à la regarder, une chevelure rousse se mêlant aux boucles blondes.


[Enclos]



Il soupire doucement et s'en retourne vers l'enclos, passant les pans de la tente et les refermants le plus soigneusement possible. D'abord, la lettre, ensuite sa chemise. Malgré ce qu'il venait de se passer, il ne peut s'empêcher de sourire. Pourquoi ? La raison est connue de lui seul. Il se dirige vers les chevaux, fouillant rapidement les sacoches. Point de lettre ici, ni là. Celle-ci peut-être ? Oui. Il tire doucement le parchemin fripé, récupère et enfile sa chemise, avant de chercher où les soldats cachent leur pigeonnier. Il imite doucement le roucoulement d'un de ses précieux volatiles, alors qu'un cri lui répond, lui donnant la réponse à sa question muette. A moins que ce ne soit Dare Dare qui joue de nouveau les Banshees, après tout, la lune est pleine. Il se dirige rapidement vers un des pigeons, qui sait probablement où se trouve le destinataire de cette lettre. Sans plus tarder, il prend le volatile qui proteste vigoureusement d'être ainsi traité.

- Ha, m'fais pas chier, stupide fienteur volant! C'pas l'moment. Tu vas faire ton boulot, que ça t'plaise ou non, compris ?

Menace appuyée d'un doigt accusateur, alors qu'il passe la missive dans la bague. Puis, se reculant, il tend les bras en l'air, et regarde s'envoler le message, porteur d'une nouvelle étrangère à tous yeux et toutes oreilles. Murmure à peine audible, alors qu'il retourne dans la tente.

- Puisses Heimdall te porter rapidement au destinataire.


[Une tente]


Il écarte les pans de la tente, bien silencieuse, pour les refermer le plus hermétiquement possible, avant de s'approcher d'Ilmarin. Elle a l'air paisible, dans son sommeil, mais il se doute qu'il n'en est rien. Son attention est attirée par un léger éclat métallique, à la lueur des braises. Sa mitaine. Doit-il l'enlever ? Il a vu les tremblements, contenus à grand peine. Non, nul besoin de la faire souffrir d'avantage. Il pose une main sur son front. Pas froid, ce qui est bon signe. La chaleur a du commencer à se propager dans tout son corps. Souriant, Milo dépose un baiser sur son front, murmurant le plein objectif de la mission confiée.

- Votre lettre est partie, Boucle d'Or, la Nature fera le reste.

Il se recule lentement, non sans avoir de nouveau remonté le drap. Puis, il se baisse, ramasse les armes qu'il dépose sur la table, suivit des vêtements, mis à plat pour sécher le plus rapidement possible. Les bottes seront mises près du lit, assez pour qu'elle les voie à son réveil. Satisfait de son travail, il s'allonge par terre, juste à côté de la couche, veillant d'une oreille et d'un oeil sur Boucle d'Or, dans une position qu'il a eu depuis longtemps le loisir de tester, surtout en prison, quand son dos venait d'être fraîchement labouré, avant de s'endormir, un sourire franc aux lèvres.
Ilmarin, incarné par Milo
Note : Rp écrit à quatre mains

Milo



Jour 7 du voyage: tempête dans un verre d'eau-de-vie

*Debout, Belle au bois dormant. Reviens te lover dans le creux de mes bras... Tais toi... Mais tais toi...* Chaque pensée est plus bruyante qu'une foire ou une campagne électorale. Impossible de trop se concentrer, elle a l'impression qu'on lui arrache le crâne pour touiller son cerveau comme une laitue. Qu'est-ce qu'elle a bien pu s'envoyer la veille pour être aussi cuite...
Les yeux clos, la conscience tente de déchirer la toile de l'ivresse. Bon la nausée, ça passera, faut juste y aller doucement. La migraine euh... Ben... Doit bien lui rester un truc dans ses sacoches... Mais ça veut dire se lever, se rappeler où sont les chevaux.

Attend... Elle est où d'ailleurs? La dernière chose dont elle se rappelle est... Kal blessée! Sa respiration s'accélère subitement, son coeur loupe un battement. Mais rien d'autre ne manifeste ses pensées, c'est que les réveils se font toujours plus difficiles avec le temps et le froid.
Bouger doucement, très doucement, faire un bilan de la situation d'abord physique. Epaules en miettes mais juste courbaturées; cuisse tétanisée mais c'est pas le pire qu'elle est connue; quant à la main...
Hum... Il fait bon sous cette couverture, en fait. Mais... C'est marrant elle se rappelle pas s'être déshabillée et pourtant son corsage n'est certainement plus là. Très confus tout ça... Et surtout douloureux de penser...

Dans un gémissement fatigué, elle tente de se redresser. Oula oula oula, pas trop vite, pas trop fort, mais elle est sur un bateau ou quoi?


- Ba alors Boucle d'Or, on s'réveille enfin ?

Les émeraudes brouillées se tournent vers un géant blond, ses bras servant de coussin à sa nuque, semblant pensif. Enfin si tant est que la blonde recuite arrive à comprendre un quelconque sentiment de manière cohérente.
Ses yeux clignotent comme ceux d'une chouette en plein soleil. Bon, là, y'a pas le choix, faut se faire mal et réfléchir pour se rappeler... Mais attend... Comment elle...


- Milo c'est bien ça...? Euh... Pour... Pourquoi mes affaires sont loin et moi dans ce lit...?
L'Azur amusé se plante dans l'Emeraude agarde, alors que le sourire prend lui aussi le pli.
- Il paraît Boucle d'Or, il paraît. Boucle d'Or... Pourquoi ce surnom ressort-il maintenant? Tout est si loin et si flou... Et... Nauséeux...
- P'tet parc'que vous vous êtes écroulée hier soir dans un enclos, après avoir bu comme une éponge. P'tet aussi parc'que les elfes n'voulaient pas vous voir mourir de froid et vous ont amené ici.
- Pitié pas si fort, pas si fort... Et arrêtez ce bateau, c'est horrible... Elle se prend à nouveau la tête entre les mains. Geste qui déclenche un flash, étrange. Un dos, lacéré. Une discussion sous les étoiles. Une histoire de... De... Souffrance et de rire?
Et à nouveau, une sorte de lumière jaillie quand elle réalise que le drap glisse sur une chemise qu'elle ne connait pas. Elle était habillée c'est sûr. Alors il...


- Je vais être directe et franche, mais en parlant doucement. Dents qui se serrent pour tenter de stopper le massacre migraineux. Vous m'avez déshabillé? Vous avez... Vu et fait quoi...?
- Baste, vous flattez pas mon ego. J'étais si nul que ça ? Non, c'est un cauchemar, elle a pas fait ça, impossible... Elle ne pensait pas possible que ses yeux s'agrandissent encore plus au moment où... Le rire du géant ose enfin sortir d'un torse puissant secoué depuis un moment, secouant doucement son pendentif.
- Pourquoi poser une question à laquelle vous avez la réponse ? Fouillez donc votre mémoire, Boucle d'Or. Je doute que vot'famille aimerait vous voir de nouveau comme cela...

C'est un cauchemar... oui, c'est ça, c'est un sombre cauchemar normal, puisqu'elle s'est réveillée. Elle avait de bonnes raisons pour boire ainsi, boire autant. Elle avait si mal... Elle se sentait si faible... Nouveau retour dans sa mémoire, il lui criait... Qu'elle l'avait... Mais quoi...?
- Milo... Je vous remercie pour tout mais, pourriez-vous sortir je vous prie, et aller chercher Maha pour me donner des nouvelles de ma soeur? En prenant le temps nécessaire...
Yeux couleur forêt qui implorent, la maigre dignité qu'il lui reste refuse de réactiver ce corps engourdi devant lui. Refuse de révéler ces faiblesses maudites plus avant.

- Sortir ? Mais, et not'idylle alors ? D'un air théatral, il porte la main à son coeur, faisant mine de vaciller sous l'annonce de la nouvelle. Lueur moqueuse qui attend la réaction de la jeune femme perdue qui le fixe. Mais c'est d'un regard inquiet et d'un sourire sincère qu'il dépose de nouveau un baiser sur son front, arrêtant la comédie. Tirant un soupir soulagé à la Panthère tourmentée.
- Il n's'est rien passé Boucle d'Or, et la missive est bien partie.

L'Azur recule doucement devant le regard implorant, tend une main pour prendre son menton, plissant les yeux. Si seulement elle avait plus de deux neurones connectés pour mieux saisir ce qu'elle devine dans cette lueur.
- Et laissez d'côté vot'regard implorant. Il ne sert à rien. Il la lâche doucement, avant de se détourner lentement, murmurant les dernières paroles, assez fortes pour qu'elle l'entende. Chaque fois où j'm'en suis servi, j'me suis retrouvé l'arrière train en feu. N'implorez personne Boucle d'Or, personne ne le mérite. J'vous ramènerais aussi des vêtements propres. La douche improvisée n'les a pas nettoyé pour autant. Et aussi.. Kalian a mumuré un prénom. Gabriel.

Le géant sort dans un dernier regard. Oui, elle voulait qu'il sorte, mais la solitude qu'il laisse dans son sillage remue encore les tourbillons de son esprit.
Chaque chose en son temps, elle devait se remobiliser. Assise, le dos voûté par une douleur qu'elle voulait endormir, elle commence de longs massages de sa main droite, parcourant les cicatrices, remuant les muscles, les tendons. Ne cessant que lorsque les tremblements chassent l'engourdissement. Un mal pour un bien...
Quelques minutes plus tard, décidant que c'est bien suffisant, elle entreprend de se lever. Et oui, une cuisse, ça doit bouger pour revivre.


- Ola du campement! Nous cherchons une certaine Ilmarin et une certaine Kalian!
Aie aie aie, ne pas s'effondrer, se trainer en boitant vers la sortie.
- Je suis Ilmarin d'Azayes, ma soeur se repose. Qu'esse vous voulez?
- Missive du Duché. Bonne journée.

Le tribunal du Comt a écrit:
Par la présente, les autorités de police du Comté vous signifient votre mise en accusation.
Il vous est reproché notamment des faits de trouble à l'ordre public.

Votre procès commence dès aujourd'hui. Vous êtres prié de vous rendre au tribunal d'ici à deux jours ouvrables.

Pendant la durée de l'instruction, vous resterez en liberté.


La colère, l'agacement, l'ivresse, la douleur, l'inquiétude chassent toutes les autres questions qu'elle commençait à gérer et ordonner, les souvenirs qui sortaient du flou ambiant.
Un nouveau maelstrom l'emporte, déclenchant un vomissement qu'elle soulage derrière la tente. La tête qui tourne, pâle comme un linge, titubant à moitié en grimaçant à cause de sa cuisse, serrant les missives, elle se dirige vers un seau d'eau pour se rincer, ensuite trouver Maha.
Enfin, si elle peut, marcher aussi vite vu sa crampe, momentanément oubliée, est impossible.
Rappelée à l'ordre par son corps, tombée, à genoux, quelque part dans un lieu dont elle ne se rappelle rien et avec l'impression qu'une barrique d'eau-de-vie se balance dans sa boite cranienne, alors que sa soeur est au plus mal et qu'on les met en procès...
Tout va bien, au pays du Maine...


*Maharet*, incarné par Milo
Note : Rp écrit à quatre mains

Milo




L'écuyère alluma la bougie qu'elle avait emprunté à son amie et l'apporta au chevet de l'inconsciente. De l'eau claire dans une bassine de métal, des chiffons propres. Maharet comme en transe, répétait des gestes mécaniques, des mouvements empruntés à une adolescente, depuis longtemps disparus. Du sang, des cris, non pas Kalian, la jeune femme n'avait surement pas conscience de ce qu'il se passait, exsangue, son corps mollement allongé se laissait par habitude triturer. Le plus dur n'était pas la blessure, c'était l'état dans lequel était son flanc, comme si sa chair s'était offerte à plusieurs reprises, des sequelles incrustées, des cicatrices tatouées. De l'eau souillée, les doigts rendus gourds par des soins délicats, une étoffe précieuse travaillée avec minutie. Le regard absent, Maharet observa le teint de la soeur de son amie, pâle, en sueur, elle n'avait pas poussé un gémissement, pas ouvert les yeux une seule fois. Son pouls bien que peu perceptible battait la mesure de la vie, lent mais continu.

Elle s'était éloignée pour récupérer des bandes, submergée, Maharet dut se retenir à une table pour ne pas perdre l'équilibre. Contre-coup de ce qu'elle avait voulu oublier. Le sang, le sang, le sang, tourbillonnant dans ses tempes, le sang, le sang, le sang sur ses mains, le sang, le sang, le sang devant ses yeux. Maharet ne sentit pas les larmes qui par flots glissaient sur ses joues, elle était à Ventadour devant le corps inanimé de Tarrelian, elle était sur une mer, enferrée. Elle n'avait perdue le fil que quelques secondes qui lui avaient paru une éternité. Ses doigts blanchis aux jointures malgré la substance sur ses mains.
Maharet se redressa, arrangea sa chevelure éparse, effaça les plis invisibles sur ses jupons, se composa un sourire. Il lui fallait se montrer forte à l'image de l'Animal cabré, sa famille, son nouveau foyer, avant de retourner auprès de kalian.

La Comtesse dans un coin n'avait ouvert la bouche obéissant à contrecoeur à l'ordre donné par l'écuyère, Ilmarin et Milo dehors. Elle repensa à son attitude, dans d'autres circonstances la jeune femme serait restée en retrait, observant sans parler, elle aurait été aimable, rougissante des attentions du géant blond plus qu'elle n'aurait osé le remettre à sa place. Les événements de la soirée l'avait quelques peu perturbés.
Elle se mit à envier la Comtesse enceinte, à souhaiter que jamais son fils ne grandisse. Tristan voulait devenir comme tonton Aldebbarant un chevalier, et l'image de la métisse de s'imposer. Elle refusait qu'il grandisse, jamais il ne toucherait une arme, elle ferait en sorte que son héritier jamais n'est à approcher la guerre.

Elle avait veillé, s'était inquiétée, faisant tout pour que la fièvre tombe. Qui aurait imaginé qu'elle subirait de nouveau les affres de l'inquiètude. La survie de la jeune soeur d'Ilmarin dépendait de son envie de vivre et des soins reçues.
Le colosse pénétra la tente d'un pas lent, du moins c'est ainsi que Maharet le perçut quand elle tourna la tête vers lui. Elle l'entendit racler doucement sa gorge.


Boucle d'Or m'envoie aux nouvelles. Elle veut vous voir, mais z'êtes encore plus pale que les fesses d'une nonne. Il se mit à sourire, les bras croisés sur le torse.

Ilmarin... Où est-elle ? Dans sa voix perçait une pointe de colère.

Le regard azur du géant en se plantant dans le jade de l'écuyère en disait long, faisant presque rougir la jeune femme.

On a passé la nuit ensemble, dans une tente, près de l'enclos où sont gardés vos ch'vaux. Son sourire la provoque, attendant surement que la jeune mère réagisse.

Bien, allons la chercher, je dois m'entretenir avec elle.

Elle était complètement cuite quand j'l'ai trouvée, morte d'froid. J'l'ai emmené dans la tente et j'ai veillé sur elle.

Le sourcil de Maharet s'arqua en voyant la mou de Milo, il la scrutait avec dans le regard une drole de lueur. Il s'approcha d'elle, posa la main sur son épaule et se mit à lui murmurer.

Il lui faut des vêtements, les siens ont pris une douche. Chauds de préférence...

Elle se surprit à l'observer, avant de regarder dans ses affaires s'il y avait de quoi « réchauffer » Ilmarin.

Je suis prête, Maharet mordilla l'intérieur de sa joue pour ne pas faire de remarque acerbe au géant, surtout qu'il ne lui avait rien fait et qu'elle en voulait à Ilmarin et à son manque de jugeotte.

Le géant restait là, la fixant de son Azur neutre alors qu'elle peinait à cacher sa colère. Elle ne lui était pas destinée, de plus, elle essayait d'effacer les plis invisibles sur sa jupe mais rien n'y faisait.


Ne pensez pas qu'elle se fichait d'sa soeur. C'que j'ai vu...Douleur pour la Furie.. Colère contre elle même. Elle vit le géant se mettre à murmurer alors que sa mâchoire se resserrait, insensible au froid de l'hiver et au chemin emprunté. Elle a écrit une missive. Elle m'a d'mandé d'l'envoyer avant d's'effondrer. Elle m'a dit qu'la vie d'Kalian en dépendait. J'lai envoyé peu après.

Maharet retint une remarque acerbe qui lui brulait les lèvres mais elle n'était pas du genre à s'en prendre au messager. L'entendit jurer et s'aperçut qu'ils s'étaient arrêtés devant une tente. son regard suivit celui de Milo. Ses mains se réfugièrent dans son dos, Maharet les tordaient sans douceur devant ce spectacle affligeant : Ilmarin affalée sur le sol. Le géant marcha jusqu'à la blonde qui tenait dans une main sa cuisse et dans l'autre deux parchemins et se mit à genoux devant elle.

Bordel d'merde, z'avez rien d'autre à foutre que d'vous balader les fesses à l'air ? Pouviez pas attendre mon r'tour ?

Quel spectacle Ilmarin, la voix de l'écuyère monocorde.C'est drôle tu ne m'avais pas laissé cette image lors de notre dernière rencontre.

Kan, incarné par Milo


Tout change, ce qu'il avait prévu n'est plus, changement de programme, on ne va plus dans une auberge de premier choix, direction un campement militaire, le campement de la licorne pour être plus précis. Marrant... Il n'y a pas si longtemps que ça, à Laval, il avait logé dans l'un de ces mêmes campements alors qu'il n'a rien d'un licorneux, mais vraiment rien... Le Djinn a finit par se plier aux exigences de la jeune inconnue, certes il n'aime pas plus recevoir des ordres que la Panthère mais dans certaine circonstances il n'est pas mauvais de suivre quelque directive. Et qui emportera sa monture ? Personne à vrai dire, le noble animal suit son compagnon de voyage sans même jeter un oeil à sa suite.
Un noble ? Il est entouré de nobles et il n'a de noble qu'un semblant de nom, là d'où il vient les titres à rallonge ne sont pas coutume. Il n'est qu'un ancien mercenaire, un ancien lieutenant, un ancien infirmier – quoique le terme de marabout ou de sorcier serait peut-être plus approprié...

« Moi c'est Milo, z'êtes sûr qu'ça va aller, vieil homme ? Sinon vous m'dîtes... »

Que répondre ? Pas grand chose à vrai dire, il ne dira rien ou plutôt si il ne dira que le strict nécessaire.

« C'est Kan... Et Papy a encore la dent dure. »

Comment être plus clair, l'aide est rejetée, après tout s'il n'est pas capable de porter sa dame que vaut-il donc l'hérétique ? Suivons le guide jusqu'au campement tant vanté, campement vide, aussi vide que le désert infini, c'est comme s'il avait été abandonné par ses occupants, il suit toujours, bientôt devant une tente il sera mené, à l'entrée de sa tente il sera mené, et le cheval s'arrête alors que le pan de la tente est soulevé. Où se porte son regard ? Un lit... Première chose qu'il voit, un sourire, très chère furie un peu de repos pour toi, à présent tout ira bien. Alors que la rouquine entame sa remarque lui se dirige déjà vers ce lit, c'est un peu comme s'il avait fait abstraction du reste du monde tout ce temps.
Deux paires de main valent mieux qu'une. Certes oui mais appréciera-t-elle ses méthodes à lui ? Peu probable croyez le bien, il est comparable à un Hérétique et se trouve dans un campement d'un ordre que l'on dira « religieux ». Que dira-t-on de ses méthodes peu communes ? Pas que du bien, certes elle fonctionne mais c'est étrange cette méthode de soin qu'il emploie en certains moments. Seulement certains moments car oui il a servi dans un comté du Saint Empire Romain comme infirmier, certaines choses sont d'office entrées en son crâne.
La nuit durant les soins ne cessent, la nuit durant il restera aux côtés de sa dulcinée, lui tenant délicatement la main par instant.
Le Géant a soufflé un nom, Gabriel... Bah un nom reste un nom, et c'pas l'ange qui a donné son message à allah par hasard ? Bof, il ne sait plus tellement, tout ça c'est pas tellement sa tasse de thé, et puis le passeur, il ne l'a tout de même pas imaginé. Et oui, il aurait dû mourir... Mais en fait... Non... Toute sa famille est réduite à néant, il faut quelqu'un pour garder leur coeur, non pas celui qui se trouvait en leurs corps respectifs mais celui qui se trouve en leurs amis, en leurs frères, en leurs soeurs et en tous ceux qui ont gardé ce coeur... Lui est le lien, il ne les a pas oublié, tristesse infinie n'est pourtant pas ravivée à ses côtés, on n'oublie pas, on ne reproduit pas...

Le blondinet revient en la tente, le blondinet bien évidemment concentre son attention sur la rouquine, Kan s'efface à sa manière, quelques instants il s'éclipse, retourner à l'auberge chercher certaines choses, c'est impératif, la monture est toujours à proximité, la monture a été visiblement menée à un enclot, l'animal est toujours harnaché, parfait, un départ rapide, on ne s'arrête pas, le galop est pris, le temps presse. Auberge nous voilà bien, L'auberge est parfaite pour ces sortes de choses, il n'a plus besoin de sa chambre mais quelques affaires il doit récupérer, régler la note et prendre la vieille sacoche...

Repartir en trombe, reprendre la route, passer au galop dans le campement désaffecté pour ne s'arrêter que devant la tente, sans doute remarquera-t-on l'animal à l'entrée de la tente de la furie. Probablement... Le vieil homme à nouveau reporte son attention sur la furie, elle n'est pas dans le meilleurs des états mais il l'aidera en son combat... Comme avant... Comme avant il enlève son sabre et lui met dans la main, comme avant il enlève son mantel et se lance à la tâche, mais cette fois la plaie est recouverte par une étoffe finement travaillée. Qu'à cela ne tienne, on peut s'arranger, l'onguent pourra être appliqué plus tard, pour l'instant on se contentera de lui faire ingurgiter de quoi lui redonner des forces pour combattre, il l'a dit par le passé, il ne peut pas l'empêcher de mourir, tout ce qu'il peut faire c'est l'aider à vivre.
On a quoi dans la sacoche ? Quelques bandes, quelques onguents mais non, là n'est pas ce qui est recherché et d'eau il n'y a plus qu'une bassine peu attrayante, que faire alors ? Il n'aime pas énormément cette idée mais certainement du liquide dans les affaires de la Panthère se trouvera, une bouteille il ira prendre à proximité du cheval de mademoiselle, avec une bouteille il retournera dans la tente, dans un récipient il videra la bouteille, dans l'alcool il versera quelques herbes assez... particulières, quelques herbes... Mais il n'a jamais essayé avec de l'alcool par le passé. Tant pis, ça ne devrait pas être bien grave, c'est après tout un genre de grog, l'alcool sur le feu est placé, c'est si vous voulez un genre d'infusion, d'une odeur particulière la tente s'enduit, ce n'est pas vraiment désagréable mais ça réveille un bon coup. Après quoi il ira se placer à côté d'elle la tenant d'une main douce et le visage posé à son oreille, encore il soufflera par instant quelques mots.

« Ca devient une habitude... Mais je suis là, bat toi, N'oublie pas, le Styx ne doit pas encore être traversé. »

Faible murmure qui arrivera ou n'arrivera pas à ses oreilles alors que la vie ne l'a pas encore quittée, il y a encore de l'espoir...
Daresha, incarné par Milo


[Un peu avant... Oui je suis a la bourre et alors?]

S'il y en a un qui ferait mieux de laisser tomber l'écriture, c'est bien Lui, la haut. Voila une activité qui ne lui sied guère, même pas du tout. Mais alors, pas du tout. Il n'y a pas plus médiocre que ses pièces de théatre qui balancent entre comédie effroyablement brulesque et dramatique pathétique. Il n'aurait pas pu faire pire. Il a atteint le sommum. Et le spectateur pourra le constater par lui meme. Il n'y a qu'à commencer par le choix des personnages.
- Une Comtesse en cloque dont on se demande si elle ne pas pas accoucher dans la seconde, à l'esprit qui est du genre à courir dans les vertes prairies de la Folie et qui agit avant de réfléchir. Lorsqu'elle réfléchit. Et ça arrive quelques fois, mais rarement. Mais ce n'est point de sa faute, elle a fortement été influencée par un autre personnage.
- Une Panthère au pelage doré qui ne connait pas elle non plus, le terme réflexion, qui n'a jamais du en entendre parler, dont le Loup a eu la bonne idée de disparaitre ce qui la fait déprimer, et qui s'est découvert une passion flagrante pour l'alcool.
- La soeur cadette de la précédente - la famille c'est sacré - dont on ne peut douter du lien de parenté, et pour cause! Il n'y à qu'à comparer. Bon pas au niveau physique - car si l'une est blonde aux yeux verts, l'autre est brune aux yeux bleus - mais au niveau caractériel. Et franchement, ça en vaut la peine, le spectateur qui tentera l'expérience ne sera pas déçu du voyage. Et la dite frangine se trouve dans un état... Le truc c'est comment elle s'est foutu la dedans? Certes les deux soeurs seraient capables de se taper dessus, mais là ça à quand meme du etre sacrément violent. - Le compagnon de la soeur de la Féline, qui n'a pas du réaliser qu'en tombant amoureux il s'embringuerait dans des histoires de fous.
- Une écuyère de la Licorne qui ne regardera plus son Grand Maistre comme avant et qui le maudira surement lorsqu'elle comprendra qu'il n'est pas tout blanc comme neige dans cette histoire.
- Un type venu de nul part, apparu comme par magie, qui s'est gentiment incrusté sans rien qu'on lui demande et qui aurait mieux fait de se faire manger les doigts de pieds par un cochon affamé. Il aurait sans doute moins souffert.
Il manquerait plus que la Licorne d'Or, que le frangin de la Panthère et de sa fragine, le Vicomte haut comme trois pommes et son acolyte se pointent, et se serait l'apothéose. Mais d'un coté, la scène est déjà bien édulcorée comme cela. Et pour cause...


- Allez Da...M'dame, posez vot'comtal fessier sur c'te chaise, et r'posez vous. L'ptiot a b'soin d'être au calme.

- Vos désir sont mes ordres. Même v'nir dans vot'lit c'te nuit.


- Mais ça va aller oui? Je suis juste enceinte! Ca n'est pas une maladie! Laissez moi tranquille!
Et vous vous irez voir dans un autre lit si j'y suis!
C'est ce qui s'apelle en langage courant, un cri du coeur. Elle en peut plus la Comtesse. Et jusque là elle a été gentille. Mais là non ça va plus. Rien ne va plus. Si tant est que c'est allé un jour, ce qui ne serait pas à parier. Il se prend pour qui lui? Et de quoi je me mele? Et pour sur qu'elle va l'inviter dans son lit. Ben tiens.. C'est vrai qu'il fait froid en ce moment et qu'il n'y a rien de telle que la chaleur humaine.
Tu deviens mauvaise Comtesse. C'est pas moi, qui ai commencé c'est lui avec ses propositions perverses. Puis c'est même eux d'abord. On ne peut meme plus etre enceinte tranquillement. C'est fou ça! Et on rumine dans son coin parce que de toute façon tout ce beau est parti à droite et à gauche, la laissant lachement dans son coin. Ohé ohé, une Comtesse abandonnée... Ohé ohé mets des ailes à ton voilier... Sauf qu'elle a plus d'ailes et qu'elle n'a pas de voilier. Mais c'est un détail.

Elle aurait mieux fait de rester couchée tiens. Qu'est-ce qu'il lui a pris de se lever? Elle était pas bien chez les soeurs? Bon c'était pas l'idéal mais au moins, au moins ce mauvais scenario n'aurait pas lieu. Quand on vous disait que le Tres Haut devait se recycler. C'est pas pour rien. Il peut pas l'oublier un peu la Comtesse? Ca devient lassant cette farce ridicule là. Est-ce trop demander que d'avoir une vie à peu pres normale? Que d'élever son Vicomte de fils, que d'en profiter avant que de le voir partir pour devenir un homme? Que d'élever cet enfant qu'elle attend? Que de vivre pour cet homme dont elle s'est éprise? C'est trop demander c'est ça? Parfois c'est à se demander. Pourtant elle n'est pas si exigeante. Et si Lui, s'amuse, elle non. Ce n'est pas qu'elle ne prend pas son pieds, mais alors pas du tout. Il y a bien mieux quand meme.

Mais qu'est-ce qu'elle fiche la? Et pourquoi t'as eu l'idée de sortir de chez toi hein? Les idées stupides, il serait peut etre temps que tu penses à les oublier et de passer a autre chose. En gros, tu courres t'enfermer dans le premier couvent qui passe jusqu'à la fin de ta vie. Idée que tu devrais approfondir Comtesse. De toute façon, reves pas ma grande, ta vie est vouée à l'echec. Arrete donc de croire et d'espérer, tu sais tres bien que ça sert a rien.
Ce qu'il y a de bien avec une conscience c'est qu'elle vous mine le moral, même quand vous n'avez rien demandé.
N'empeche que tout ça, ça n'aide pas beaucoup et ça ne résoud pas le probleme. Qui, soit dit en passant, est de taille. Outre qu'elle fasse concurrence a une barrique - et celui qui ose lui dire s'en prendre une [oubliez pas qu'une comtesse enceinte, c'est susceptible] - elle est legerement perdue au milieu de nul part. Si c'est pour refaire une version de son arrivée fracassante à Montmirail, il vaut mieux éviter. Il faut savoir rester raisonnable et ne pas abuser des bonnes choses à ce qu'il parait.

Se calmer et vouloir rester seule. Oui, seule. C'est tres bien d'être seule. On ne vous enquiquine pas comme ça. On ne vous prend pas pour une incapable ou une demeurée. Surement que demain ça ira mieux. Peut etre. Avec un peu de chance. Pourquoi en doute t elle?

Nuit courte. Trop courte. Et peu reposante. Le lit du couvent était quand meme plus confortable. Et ce maudit bébé qui n'arrete pas de bouger! Il est obligé de s'y mettre lui aussi? A croire que tout le monde lui en veut c'est pas possible. Puis c'est quoi tout ce foutoir dehors? Il n'y a pas moyen de passer une journée calme? Non bien sur que non. Sinon ça se saurait. Bon. Mission du jour, chercher la panthère qu'elle n'a pas revu depuis... depuis la veille tout simplement. Parce que mine de pingouin, elle aimerait bien avoir certaines réponses à certaines questions. Par ou commencer? Par d'ou viennent les voix, ça devrait etre pas mal...

Puis bonjour la découverte. Réveillée ou pas réveillée la Comtesse?

Ilmarin, incarné par Milo
Note : RP écrit à six mains

Maharet
Milo



Retrouver ses esprits, se concentrer, essayer d'ordonner ses pensées chaotiques. Le sang bat violemment ses tempes, la bile menace de se déverser, encore et encore, en spasmes tordant l'estomac. L'alcool circulant dans ses veines, encore à haute dose, accentue les tremblements de sa main et les crampes vrillant sa jambe et son cerveau.
Elle essaie de se relever, l'urgence la presse. En procès! Elles sont mises en procès pour s'être défendues! Mais c'est quoi ce délire?
*Pourquoi tu cherches la compréhension, les hommes sont des lâches. Ils attaquent dans l'ombre, détruisent ce en quoi tu tiens et te rendent responsables, de leur turpitude. Je te l'avais dit...*

- Vas-tu te taire un jour?
*Je suis ta force et ton avenir, repousse moi et tu resteras infirme. Et... Seule...*

Serrer les dents, fermer les yeux pour encaisser le tambour battant de son rire provocateur. Elle s'appuie sur sa jambe, cette maudite cuisse tremblante et mal désengourdie avant de retomber lourdement dans la terre gelée du matin. Serrer les parchemins à s'en faire blanchir les jointures, vouloir ravaler les larmes de haine et les grondements de colère qui montent. Ne pas lui céder, non, pas encore, jamais...

- Bordel de fiente, z'avez rien d'autre à foutre que d'vous balader les fesses à l'air ? Pouviez pas attendre mon r'tour ?

Et merde, revoilà le géant... Et vu le ton de sa voix, vu le bruit mat, l'est pas content et en plus, il s'impose devant elle. Il espère qu'elle le regarde peut-être? Allez... Relève toi... Fais un effort...

- Quel spectacle Ilmarin. C'est drôle tu ne m'avais pas laissé cette image lors de notre dernière rencontre.

Nouveau poids sur ses épaules déjà abattues; la voix de Maha qui s'élève. Son amie, connue en Alençon. Qu'elle avait aidé et soutenu le plus possible, qu'elle gardait dans son coeur, dont elle avait suivi les pérégrinations dès qu'elle-même pouvait se poser quelque part. Repousser la honte qui gagne, la honte d'être blessée, la honte de cette faiblesse, la honte de l'avoir révélé...
Elle voudrait se relever, trouver la force, calmer ces tremblements, ces crampes, ces élancements et surtout, surtout, faire taire cette migraine qui prend Sa voix.


- J'ai... Glissé sur la terre gelée... J'ai pas lacé mes bottes *ça, au moins, c'est vrai* et j'ai dû me prendre les pieds dedans. Lentement, très lentement, elle se redresse, vacillante et hésitante, la main fermement gantée appuyant sur la cicatrice noire et ondulante. Comment va Kalian...?
- Pas lacé vos bottes ? Pas une raison pour sortir cul nu !

Une dernière inspiration, les Emeraudes se rouvrent, brouillées et menacées d'inondation, devinent la présence de la Comtesse pas loin, interloquée mais sûrement prête à bondir elle aussi, oscillent entre la belle rousse sûre d'elle qu'est l'écuyère et son gardien blond, presqu'envahissant alors que son dos se déroule et lui permet de se déployer, féline au port altier ravalant ses turpitudes, aux formes maigrement cachées par une chemise certes un peu large mais aussi un peu courte.

- Elle survivra. L'hésitation dans la voix de Maharet, la fermeté et le ton presque froid trahissent une part de sa colère. Si elle avait été capable de le sentir plus profondément qu'à l'instinct, bien sûr. Le sourcil s'arque en un geste machinal, le même qu'elle d'ailleurs. Il serait peut-être temps que tu la veilles non?

- Non, je ne pouvais pas attendre, Milo. Voix presque ferme, elle reprend, par bribes, ses esprits, nullement gênée de sa tenue pourtant si indécente, essayant d'être le plus sèche possible en réponse à ce qu'elle vit comme une gifle de plus soulignant l'état que personne n'aurait dû voir. Et je veux bien la veiller. Mais. Nous sommes mises en procès. Regarde. Parchemins tendus dans les rayons froids du pâle soleil d'hiver, à peu près aussi vaillant que la Panthère ce matin-là.

L'écuyère prend les papiers de sa main, devant même tirer un peu pour les arracher tant ses jointures étaient figées autour, les examine avec attention, plonge la main dans sa chevelure rousse aussi profondément qu'elle-même plonge dans des abîmes de torture sous les coups du temps qui défile inutilement, mordille sa lèvre, efface des plis invisible sur ses jupons, pour enfin plonger son regard de jade dans la forêt ombragée et vacillante. Son regard glisse, parfois, vers Milo, qui attrape les vêtements que tenait son amie, se penche par dessus son épaule, enfin se penche... Plonge ses Azur dans les missives, lui aussi la regardant parfois, presque avec douceur.
- C'est une plaisanterie...?
- J'aimerais mais ça n'en prend pas le chemin. Deux gardes peu aimables viennent de repartir. Maha... Je m'rappelle à peine de cette nuit, mais je suis sûre d'une chose: j'ai frappé pour tuer l'homme qui a blessé ma soeur. C'est de la légitime défense, il nous est tombé dessus dans l'ombre et sans préavis. Crois-moi...

Je te crois... Nouveau mordillement de sa lèvre. A elles deux, elles pourraient peler assez de lèvres pour en faire une couverture... Depuis les attaques l'armée du Maine est à cran... La chevelure rousse se tourne vers le géant. Inconscient en alerte qui l'a senti venir avant que les mots ne sortent. - Vous ne pouvez pas la porter jusqu'à la tente pendant que je vais me renseigner...?
- Et comment qu'j'vais la ramener. Plutôt deux fois qu'une. En échange, j'aurais l'droit à un p'tit bisou ? Après tout c'est...

Coincant les nippes sous son bras gauche, il acquiesce à la demande de l'écuyère. Non... Non, il ne fallait pas qu'elle soit, encore, tenue à l'écart...

- NON! Non, Maha, je viens avec toi! Elle tente un pas vers son amie, geste l'obligeant à serrer les dents à s'en péter une, nouveau vacillement dangereux, équilibre retrouvé au prix d'un miracle. Non, il s'agit de Kal, je veux savoir aussi, savoir qui était ce péquenot et les raisons de ce procès. Je viens!

Elle s'énerve de cette décision, se sent bouillonner, ce qui provoque une crise de vertige et de nausée la contraignant au silence.
Et, comme si de rien n'était, comme si c'était un salon de thé du dernier chic, Maharet jette un regard au geant blond, jouant la jeune femme presque choquée.


- Cela aurait été avec plaisir monsieur mais mes lèvres ne touchent que la joue d'un enfant de trois ans ... Le mien.
- Eh! Mais écoutez moi! Non! Je viens avec toi! Obligée de se taire à nouveau, c'est pas passé loin cette fois...

Eclat d'un vert qui n'appelle la discussion, tête de lard contre tête de mule, sauf que l'une est en pleine possession de ses moyens et l'autre cherche ses pagaies pour ramer.
- IL te ramène et je vais voir ce qu'il en est. Sa voix se radoucit, devenant presque maternelle, prévenante malgré la décision sans appel. Va voir ta soeur je ne serai pas longue.

Dans les pas s'éloignant de l'écuyère qui coupe ainsi court à toute vélléité, l'orage gronde et se lève, la couvre de son aile prédatrice alors qu'elle se pose sur le descendant des Vikings. Azur étrangement imperméable contre Forêt dissiminée par la tempête de ses pensées.

- Z'avez une réclamation à faire Boucle d'Or ? Voix tout aussi neutre que le regard. Elle essaie de repousser le brouillard dense qui l'enveloppe. Ca sent pas bon et elle va devoir se battre...
Une lueur de défi flamboie subitement, soulignant les traits pâles et tirés. *Ahah... Aurais-tu besoin de moi...? Pourquoi m'appelles-tu...?*


- Bien, puisque Madame n'a rien à dire, nous allons donc pouvoir aller voir sa soeur.
- Madame n'en a pas fini, et elle va faire ce qu'elle a dit. Comprendre ce procès. Je vous rejoins. Après.

Si l'intonation du géant se fait atone et plate, la sienne se fait grondante et pernicieuse. Elle est peut-être sans défense, affaiblie par ses cuites à répétition, Son démon qui la hante, mais elle ne se plie pas si aisément aux ordres d'un inconnu qui couche avec son amie.
Le pas est certes boitillant, pour ne pas dire boiteux carrément, tanguant comme une barque qui aurait voulu tenter de traverser l'Atlantique, mais elle entame quand même sa marche à la suite de l'écuyère. Fusillant du regard son homologue aux cheveux dorés. Même au prix d'une bataille qu'elle sait perdu d'avance.
On a les bêtises qu'on peut, et là, pour le coup, il ne lui reste que son honneur mal placé...


Milo
Note : Rp écrit à six mains

Ilmarin
Daresha

[Extérieur de la tente]

Soupir à fendre l'âme. Mais dans quoi s'est il embarqué ? Pensif, il frotte le chaume blond qui lui couvre les joues. Faudra qu'il se rase. Si il a le temps. C'est que la blonde en consomme énormément. Il la laisse faire quelques pas, Boucle d'Or vacillante sous les assauts d'un vent invisible. Qu'elle soit en colère parce que son amie et un parfait inconnu l'aient vu dans son pire état de faiblesse, soit. Mais qu'elle décide de se mettre encore plus en danger, non. Elle a besoin de repos, et du repos, le géant va lui en donner. De gré ou de force. Surtout de force en fait. Enfin de force. Avec des nippes coincées sous le bras, ça va être dur. Mais en même temps, elle a les fesses à l'air. Elle flotte peut-être dans cette chemise, il n'empêche que l'on voit plus de choses que la bienséance ne le tolère. Enfin, le géant s'en fiche, il en a vu plus qu'il n'aurait fallu. Il continue de l'observer alors qu'elle boitille sur les traces de son amie. Comment lui faire changer d'avis ? Un sourire mesquin s'affiche sur son visage. Il n'aime pas en arriver là, mais elle ne lui laisse pas trop le choix. Il a hésité entre lui courir après et la mettre à terre, mais il risquerait de la blesser. L'autre solution serait de la rattraper et de la raisonner. Mais c'est une tête de mule. Il prend les vêtements de la main droite et parle d'une voix neutre, tout comme l'Azur, l'accent toujours absent.

- Dîtes moi, Ilmarin, vous êtes vous déjà faite violer ?

Un sourire tout aussi neutre que le reste de son visage étire ses lèvres. Pas de sa faute si la jeune femme est en zone rouge. Elle le cherche, elle le trouve. Tout simplement. Son allure neutre est déjà une forte indication sur la colère qu'il ressent. La perte de son accent accentue encore plus l'état dans lequel il se trouve. Et lorsqu'il utilise le vrai nom d'une personne... C'est qu'il est dans un état quasi bestial et que rien ne peut le retenir. La jeune femme se fige, plongeant un peu plus loin dans les abysses de son passé et de son être. Des images passent devant ses yeux, des souvenirs frêles et fugaces dont elle gère la douleur inhérente. Point sensible ? La réponse ne se fait pas attendre.

- En quoi ça vous regarde?

Sourire qui s'agrandit un peu plus, Azur qui devient encore plus neutre, alors qu'il s'approche lentement. Ce qu'il a envie en ce moment ? De lui foutre une bonne paire de claques et de lui montrer. Ce que ça fait. Car si elle a déjà eu ce traitement par le passé, elle n'a pas retenu la leçon.

- Moi oui. Décidément, la féline est en zone estampillée Enfer. Qu'elle ne continue pas. Ou il ne répond plus de rien. Et pour en arriver là, il en faut beaucoup. Peu de personnes ont réussit, même de par son passé. Sept, à vrai dire. Et elles en sont mortes. Et je peux vous dire que cela n'a rien d'agréable.

Il est si près d'elle qu'il peut voir son visage passer de pâle à livide et son poing valide qui se serre à s'en planter les ongles dans la paume. Emeraude froide et glaciale qui se plante dans une Azur indifférente. En temps normal, elle aurait senti le danger et fait profil bas. Mais depuis ce matin où seuls des bandages sanguinolents sont entre ses mains, plus rien ne semble avoir d'importance pour elle. Elle fonce, sans réfléchir. Têtue Boucle d'Or...

- Je réitère ma question: en quoi ça vous regarde ? Et que savez-vous de ce que je vis ? Alors que le jeune homme reste totalement impassible, la féline sort ses griffes et ses crocs. Grincements de dents, grondements qui montent et s'emmêlent dans un bel ensemble homogène. Vous me retardez, je vous rejoins plus tard.

S'il n'avait les vêtements dans les mains, le géant aurait mis sa menace sourde à exécution. Mais c'est avec flegme et détachement qu'il lui parle. Pourquoi lui raconte-t-il tout ça ? Lui même n'en sait rien. Peut-être parce qu'il voit là quelqu'un qui est aussi blessé que lui. Si seulement Clément était là, il saurait quoi faire. Il se rapproche encore, si près qu'il peut voir les éclats d'Ilménites semblables à ceux qu'il a eu. Avant que l'Azur ne se ternisse et perde de son éclat d'antan. Eclat perdu quand IL est mort. Azur ternie quand ELLE a failli mourir. Il tend lentement sa main gauche, celle qui a été clouée alors qu'il pensait sauver son ami, montrant une cicatrice mal soignée, souvenir éternel d'un burin rencontrant la chair et les os.

- Deux vies m'ont été confiées. L'une est morte alors qu'en offrant de plein gré mon corps et ma main à notre tortionnaire commun, je pensais bien faire. Il a accentué sur le mot « de plein gré », pour lui montrer qu'il s'était fait violer bien avant. Parce qu'elle est tellement bourrée qu'il doute qu'elle ai compris quoi que ce soit. L'autre... Il s'approche doucement, ses lèvres à quelques centimètres des oreilles d'Ilmarin. L'autre a failli perdre la vie alors que je m'étais juré de la protéger à tout prix. Sa voix ne devient que murmure, bien que toujours aussi neutre. Mais le plus pathétique, c'est que celle qu'elle portait en elle est morte en même temps que j'ai failli... Alors qu'ils avaient tous les trois besoins de moi... Il se recule et l'observe de nouveau, en penchant la tête sur le côté, lui tendant les vêtements. Si vous êtes une ancienne victime, il est étonnant et curieux que vous repreniez le risque que cela arrive de nouveau. Si tel n'est pas le cas, c'est de la folie pure et simple. Mais si je peux empêcher que cela arrive, je le ferais. Alors mettez ces vêtements, cela ne coûte rien. Surtout que vous êtes bourrée et que vous avez une haleine de coyotte ! A moins que vous ne vouliez que je vous montre ce qui pourrait vous arriver ?

Eclats d'Ilménite qui ressortent dans l'Azur, ce qui ne lui était pas arrivé depuis fort longtemps. Il n'en fera rien. Mais si le croire peut lui ramener un semblant de raison... Autant jouer le jeu jusqu'au bout. Eclat de lucidité que combat l'ivresse, regard qui alterne entre brume humide et éclat sûr de lui.

- Vous mentez, j'en suis sûre.

Sourcil qui se lève le plus lentement possible. Il ment ? C'est bien la première fois qu'on lui dit. Enfin, que quelqu'un ose lui dire en face. Elle a de la chance, Boucle d'Or, vraiment de la chance. Un nouveau grondement s'élève, alors que les ongles s'enfonce encore un peu plus, aguichant un flot qui ne demande qu'à sortir.

- Je vous suis...

[Tente]

Il ne dit rien, mais se dirige vers la tente où ils ont passé la nuit, les mâchoires serrées. Il écarte les pans, attendant qu'elle daigne entrer, lui tournant toujours le dos. Si elle vient, alors il aura réussi. Et pourra mettre son plan à exécution. Il n'a pas de cordes sous la main, mais celles qui retiennent la tente peuvent servir. A condition de ne pas en prendre trop pour ne pas se retrouver avec un coin de tissu sur la figure. Il suffit juste qu'elle franchisse le seuil. Elle s'approche, méfiante et vacillante, petite chaloupe secouée par des vents trop violents pour elle, dans cet océan de sentiments. Le pas est traînant, la faute à cette jambe et aux soins refusés, elle pénètre dans l'abri, non sans avoir à nouveau rivé ses Emeraudes dans ses yeux, se plantant pas très loin de ses armes. Il lui tend les vêtements, puis se tourne vers l'une des cordes qui retient les fixations de la toile.

Il la tire doucement, testant sa solidité. Elle fera l'affaire. Il sort sa dague, cachée par son pantalon, espérant que la tente ne s'effondrera pas sur eux. Et voilà. Un bout de corde pour une récalcitrante. La jeune femme est encore en train de s'habiller, d'une main tremblante et faible. S'il n'était pas tant en colère, il en sourirait. Il s'avance lentement, la corde dans les mains, et se met à lacer, peut-être un peu trop fermement, le corset qui lui cause tant de soucis. Alors, sans mots dire, d'un geste rapide, il la prend par la taille et la mène sur le lit, l'écrasant de tout son poids. Azur devenue bestiale, qui ne se contrôle plus, et qui prend le visage de la jeune femme dans une main, l'autre retenant ses poignets.


- Je mens, hein Ilmarin ? Tempête qui se mélange aux éclats, il presse un peu plus le corps fragile contre le sien, alors que la partie lucide de son être n'a qu'une envie. La lâcher, se vomir, corps et âme s'il le faut, pour ne plus jamais revenir. JE MENS ?

La jeune femme fait tout pour ravaler un cri, ravaler le grondement, ravaler l'envie de lui arracher les yeux. A cet instant précis, la cuite joue un rôle capital de voile de la conscience. Dextre qui resserre un peu plus son étreinte sur les mains, alors que la senestre qui a lâché le visage essaie de ficeler les poignets de la féline. Essaie, oui. Car elle lui fait mal. douleur qu'il n'a pas ressenti depuis longtemps. Pourquoi maintenant ? Il chasse d'un geste mental les souvenirs qui affluent, plus tard s'ils veulent, mais pas maintenant. Et puis, trouvant un peu de repos dans un havre ballotté par la tempête de la rage, un cri du coeur se fraie doucement un chemin au milieu du sinistre.

- Ficèle moi si tu veux. mais tu ne me dompteras PAS ! Oui, TU MENS!

Dompter. Ce mot tourne en boucle dans sa tête. Dompter. Ce mot qui fait remonter des souvenirs douloureux. Dompter. Il sert les dents, se forçant à garder son calme, à refouler l'autre Milo, l'ironique, le rieur, le gaffeur, qui essaie de prendre le pas sur la bête déchaînée. Sa respiration se fait saccadée, quand la suite des mots prononcés le frappent avec toute leur force possible. La bête s'efface petit à petit, reculant sous des paroles qu'elle sait vrai. Azur mélancolique, sourire triste, alors qu'il plonge dans l'Emeraude tourmentée, sa voix grave montant lentement dans le silence qui a suivit cette déclaration.

- Oui je mens. Il baisse la tête en soupirant, posant sa tête contre la tempe de la jeune femme, lui chuchotant des mots choisis avec tout le soin dont il est capable, comme le dresseur cherchant à apprivoiser le cheval fougueux. Oui je mens... Mais je ne suis qu'un homme. Tout comme toi... Oui je mens... Mais la vie n'est-elle pas un mensonge ?

Azur qui se ferme, respiration qui se fait plus lente, alors qu'il attend une réponse de la féline.

- Elle est pire que cela, elle est trahison. Trahison des espoirs et des rêves. Mensonge de l'utopie pour venin de ce poison... Mots à peine murmurés, elle appuie son front contre sa tempe. Je crois qu'on se comprend... Alors, si tu crois devoir m'attacher, fais le... Mais j'ai confiance. Tu mens et je ne souffrirais pas inutilement de tes mains. Milo.

Souffrance. Mensonge. Autant de mots qui s'abattent sur son esprit comme le burin s'est abattu avec joie sur sa main, comme le fouet est tombé allègrement sur son dos. Chair transpercée, cellules meurtries, os qui se brisent, morsure glaciale du fer, lambeaux de peau qui se détachent. Un hoquet secoue son corps. *Clément...Clément...Qu'aurais tu fais ? Qu'aurais tu dis ? *Azur qui offre un éclat douloureux, suivit d'un autre. Deux éclats. Reflets des deux vies qui lui ont été confiées. Deux éclats. A croire que tout fonctionne toujours par deux. Deux éclats. Offert à un visage qu'il n'ose regarder, tant le désespoir qui émane de son corps se fait sentir dans les moindres pores de leur peau.

- Mais je ne sais faire que ça, Boucle d'Or. Accent effacé, douleur qui serre son coeur, le comprime tant qu'il se demande comment il fait pour ne pas éclater. Je ne sais faire que ça... C'est tout ce que l'on m'a appris... Je...

- Nous nous comprenons Milo. Ma soeur a manqué mourir par ma faute. Mon frère m'a trahi parce que je ne sais comment je l'ai fait souffrir. Vilca est mort, par ma faute. Rhuyzar... Voix qui s'étrangle sur ce dernier prénom. Si tu offres la coupe de souffrance, je suis la rivière qui est la source... Milo. Tu mens, je le sais. Et tu ne feras que le bien, comme Maha... Ame noble aux reflets Azuréens...

Voix aussi douce que le murmure de la rivière au petit matin, poignets qui s'abandonnent, confiant. Se peut-il qu'elle le comprenne ? Pourtant... Elle ne devrait pas... Il n'est pas digne de confiance. Lui, noble ? C'est bien la première fois qu'il entend cela. Un léger tremblement agite son ventre alors qu'il appuie un peu plus sa tempe contre la sienne. *Clément... Pourquoi n'as tu pas vécu ? Pourquoi ? Tu aurais su trouver les mots justes.* Azur qui se referment, émues par une confiance dont elles ne sont pas dignes. Confiance qu'elles vont trahir de nouveau.

- Si je ne devais faire que le bien, Clément serait encore en vie... Si je ne devais faire que le bien, l'enfant que portait Alix ne serait pas mort, et elle ne serait pas devenue stérile... Si je n'avais fait que le bien... Nous n'en serions pas là...

Sa senestre vient délicatement caresser la joue de la jeune femme, exprimant des regrets qu'il aurait voulu garder secrets. Sa voix se fait aussi douce que possible, alors qu'il relève la tête et dépose un baiser sur son front.

- On se comprend Ilmarin, hein ?... Les lèvres contre son front, la suite de son histoire coule comme les larmes qu'elle refuse d'exposer. Oui je mens, Boucle d'Or. Jamais je ne pourrais toucher une femme contre son gré. Jamais. Et sais tu pourquoi ? Voix hésitante, apeurée de raconter ce que personne n'a jamais su, et n'aurait jamais du savoir. Il prend une inspiration. Quand je t'ai dit que deux vies m'avaient été confiées, j'ai menti. Deux autres l'ont été. Voix profonde qui se fait plus doux qu'un murmure, mots presque susurrés. Quand j'ai tué mon tortionnaire, je n'étais qu'une bête. Qui a tué. Des soldats, principalement. Temps d'arrêt, pour se remémorer le frisson ressenti alors que la vie s'écoulait entre ses doigts. Un jour, j'en ai tué un sous les yeux de sa femme et de sa fille. Je ne les avaient pas vu. Dans ma colère, j'ai failli tuer la mère. Mais la voix de sa fille m'a ramené à la réalité. Conteur qui se fait plus doux, repensant à son premier amour. Elles m'ont accueilli et m'ont soigné, malgré ce que j'avais fait. Déglutition qui reste coincée dans la gorge, comme s'il ne voulait croire ce qu'il était arrivé. Mais le temps et mon passé m'ont rattrapé. Un an plus tard, des voleurs nous ont attaqué. J'ai été incapable de les défendre. Elles ont été torturées et violées sous mes yeux...

Voix qui s'éteint sur cet autre souvenir, Azur plongeante dans l'Emeraude rougeoyante. Souvenir de rires, de joie, de tout ce qu'il ne rencontrerait plus jamais. Ilmarin, par instants, serre les dents, la peau de sa main tremblante étant mordue par la corde qui l'entame, lentement mais sûrement.

- J'ai tué Milo. Moi aussi. Parfois avec plaisir, souvent avec acharnement. Ne fais pas de toi une bête, tu t'es défendu. Moi j'attaquais...

Elle soupire à son oreille, doucement, essayant de lui montrer par ces bribes où était vraiment la bête dans cette pièce. Azur éclatant de rire, alors qu'il repose sa tempe contre la sienne, le nez enfoui dans les draps. Un rire désabusé, sarcastique, triste, et sombre.

- Les soldats que j'ai tué ne m'avaient rien fait. Ils ne me connaissaient même pas. Longue pause, durant laquelle il compte les inspirations de la jeune femme, presque calquées sur les siennes. Je les ai tué... Pour leur uniforme. Et ce que j'ai fait est encore pire que ce que toi tu as pu faire.

Le murmure de l'Emeraude lui répond, encore plus doucement, comme pour respecter une charte silencieuse et invisible.

- Si tu me comprends, Milo, tu sais ce qui se cache en ce moment, au fond de moi. Et comme je te comprend, je te dis de ne pas te juger sur des actes découlant de tes tortures. Cheveux d'or qui se mêlent aux blés, alors qu'elle appuie sa tempe, fraiche et douce, contre la sienne, brûlante et rugueuse. Deux inconnus dont pourtant, les âmes déchirées se parlent. Et peuvent se comprendre. Fais moi confiance Milo. Ta bête est née pour de bonnes raisons, ne te détruit pas pour cela...

- Oui je le sais. Rire sardonique. Je ne le sais que trop bien. Il peut presque sentir ses propres démons hurler pour s'échapper. Semblant appeler ceux de la jeune femme pour voir qui pourrait gagner. Dualité entre deux âmes blessées. Enfer contre Démons. Sa main caresse toujours la joue d'Ilmarin, autant pour s'apaiser que pour lui montrer qu'elle n'est pas seule. La Tienne aussi Boucle d'Or. Alors pourquoi La laisse tu te détruire à petit feu ? Azur qui relève la tête, observe la sombre forêt qui lui fait face, avertissant la bête silencieuse d'une présence dans le noir absolu de son esprit. Suis tes conseils Boucle d'Or, ils sont de bons aloi.

Un spasme la secoue, comme si quelque chose voulait prendre possession d'elle. Combat sans fin, contre Elle.

- Elle m'a sauvé. Pourquoi je ne sais pas. Mais Elle l'a fait. Et quand je sombre, Elle veille. Sa force est sans limite et Elle connaît le chemin pour que tout s'arrête. Alors je La suis quand je n'ai plus goût... Emeraude qui tente un sourire bien maigre, mais qui a le don de faire penser au géant que tout n'est pas perdu. Elle n'est pas née pour de bonnes raisons mais Elle est ma survie. Un nouveau spasme se fait sentir. Et Sa voix m'envoûte... Aies confiance en toi, Milo. Pas en moi. Libère tes épaules de poids qui ne sont pas ton fait...

Main qui suspend son geste, tempe qui revient se presser un peu plus contre sa jumelle, comme pour écouter, prendre la température qui règne dans ce corps meurtri. Ecouter. Et faire sentir sa propre présence.

- Tu es tetue, hein, Boucle d'Or ? Mais moi aussi. Et je crois en toi. Tout comme tes amis. Tout comme ta soeur. Tout comme...Rhuyzar. Ils ont besoin de toi... Pourquoi crois tu qu'ils restent avec toi ? Laisse La de côté. Elle n'appelle que la solitude. N'oublie pas que tout s'éloigne, Boucle d'Or. Il ne reste que les pleurs. Et même les pleurs s'en vont, à la fin. Je doute que la Tienne soit différente de la Mienne.

Les dents de la jeune femme se serrent, ses épaules se contractent, elle réagit comme si un cri strident lui vrillait les tympans. Comme si... Elle ne veux pas qu'une Emeraude blessée entende l'appel d'une Azur brisée.

- Elle reste... Mais tu as raison, toutes les folies se ressemblent par leurs dégats... Alors, toi aussi, laisse la de côté. Milo...

Un dernier spasme secoue son corps meurtri, avant de se laisser aller, épuisée. Main plus épuisée que jamais aux tremblements violents trahissant un esprit incapable de la calmer. Epuisée par Milo et sa force. Epuisée par Elle et son combat. Il lui faudrait dormir et pourtant... Le corps faible qui se tortille violemment avant de retomber inerte lui fait prendre conscience que cela fait un moment qu'il est sur elle. Un regard vers sa main tremblante lui indique que la féline est à bout de force. Compréhensible. Un petit bout de femme comme elle ne peut pas supporter autant de muscles et de chair. Il se décale doucement sur le côté, prenant garde à ne pas tomber, ni à la faire tomber. Ainsi, le poids du colosse sera une chose en moins à supporter. Le lit proteste de ce changement par un craquement sinistre, alors qu'il penche presque d'un seul côté. Et bien évidement, pas celui de la jeune femme. Il sait qu'elle doit dormir. Mais pas ici. Avec sa soeur. Oui, voilà. Avec Kal... Il la serre doucement contre lui, chuchotant contre son oreille d'une voix qui se veut la plus douce possible.

- Kal a besoin de toi... Tu as besoin de repos. Dextre qui caresse délicatement les cheveux couleur miel. Je vais te ramener près d'elle. Silence durant lequel seul les battements de coeur du géant et de la jeune femme sonnent à ses oreilles. Tu veux bien ?

Une voix lasse et vidée de toute force lui répond, murmure étouffé, ivresse dissipée par la lutte qu'il l'a forcé à mener, regard éteint et souffle à peine discernable. Seuls les mouvements incessants de sa main, épuisant pour ses muscles éreintés, montrent qu'elle est éveillée. Azur qui enveloppe un peu plus l'Emeraude, souhaitant la décharger de tout ce poids qu'elle ne devrait pas porter.

- Pas de repos... Jamais le temps du repos pour moi... Kal... Oui, tu as raison... Il faut... Toujours lutter... Pour vivre... Murmure ressemblant à un souffle, à peine compréhensible, tant et si bien qu'il est obligé de se rapprocher pour l'entendre. Si tout s'arrêtait... maintenant...

L'Azur se ferme quand la réponse est donnée. Combat qui l'a vidé lui aussi, mais il tiendra. Pour elle. Parce qu'elle doit vivre. Parce qu'elle le mérite. Du monde l'attend, à l'extérieur. Doucement, il retire les liens qu'il lui a passé, pour soulager cette main trop violemment secouée.

- Si tout s'arrête maintenant, Kal va mourir. Si tout s'arrête maintenant... A quoi bon vivre ? Murmure dans son oreille, alors qu'il jette la corde au loin. Si tu arrêtes maintenant, Elle aura gagné. Crois tu que ta soeur l'acceptera ? Crois tu que ton frère acquiescera ? Crois tu que tes amis aimeront ? Souffle qui devient léger, il aimerait tant lui faire comprendre, ce que lui n'a pas compris. Un sourire se dessine sur ses lèvres. Hé Boucle d'Or, si tu claques maintenant, tout ce que j'ai fait n'aura servit à rien. Et je ne pourrais pas avoir un bisou de Maharet. Ce qui serait fâcheux, non ?

- Je... Porte... Trop...

Parler finit de la vider. incapable de bouger, incapable de se reprendre, ses dernières forces tentent de ravaler les larmes qui menacent. Nouveau spasme crispé, nouvel assaut intérieur. Yeux mi-clos et corps d'une poupée de chiffons, cherchant la lueur pour se bouger. Elle le regarde à travers ses cils, muette et patiente, se laissant le temps d'être capable d'aider sa soeur. Azur qui regarde impuissant l'Emeraude vaciller lentement. Tout ce qu'il peut lui apporter, c'est l'assurance de sa présence. Il serre la jeune femme contre lui tout en déposant un baiser sur sa joue, avant de se relever. Protestations émises par un lit qui, décidément, avait hâte que le boeuf s'en aille. Il se penche et la prend délicatement dans ses bras, comme une enfant. Avant de s'asseoir sur la paillasse qui proteste toujours autant du poids qu'elle doit supporter. Mots de nouveau murmurés, main qui caresse les cheveux, le dos, pour réconforter la féline blessée.

- Chut... Tu n'es pas seule Ilmarin... Baiser déposé sur un front tourmenté, faible baume pour apaiser la jeune femme torturée, alors qu'une main invite doucement mais fermement sa tête à se poser sur son épaule. Et jusqu'à nouvel ordre, je prend le relais.

Il serre un peu plus la jeune femme contre lui, et après quelques minutes ainsi passées, se lève et sort en prenant garde à ne pas violenter d'avantage cette fragile brindille agitée par des vents trop violents. Il se dirige d'un pas lent vers la tente où se trouve l'avenir d'une jeune femme blonde, sa main faisant toujours de lents va-et-vient sur son dos, pour lui montrer qu'il est toujours là, quoi qu'il advienne.

[En partance pour la tente et Kalian]

Il relève les yeux, alors qu'un bruit de pas autre que le sien se fait entendre. Et devinez qui se pointe ? Dare Dare, encore une fois. A croire qu'elle le fait exprès, l'engrossée. Il regarde d'un oeil torve la grosse vache se déplacer, s'attendant à une remontrance quelconque, mais il n'a pas vraiment le coeur à cela. Il serre un peu plus son petit paquet, et salue d'une voix basse la barrique qui se pointe.

- B'jour Comtesse, z'êtes bien matinale. N'vous en faîtes pas pour Boucle d'Or, j'l'emmène voir sa soeur.

Serait-ce un soupir qui sort des lèvres de la jument ? Voilà une rencontre dont elle se serait bien passé. C'est qu'on ne lui a rien demandé, au géant. Mais se mêler de ce qui ne le regarde pas est devenu sa spécialité, depuis qu'il n'a plus rien à perdre, même pas la vie. Et faut- il qu'il soit encore là. Kal et Ilmarin, ça suffit bien à gérer, non ?

- Oui je suis matinale ET alors? Ca vous dérange ?

Pas commode, la Comtesse. En même temps, cela n'étonne pas le géant. Depuis leur rencontre, Madame est d'humeur. Mais cela ne peut pas venir de ses règles, elle est ronde comme un boeuf. Alors quoi ? Elle baisse son regard sur ce qui semble être son amie. Enfin, son amie. Un tas de chair et de cheveux qui y ressemble.

- Ilmarin...? Les yeux verts de la dame se font aussi noirs que le pantalon du géant, alors qu'elle lui parle sèchement. Et vous lui avez fait quoi, vous ?

Azur qui se fronce lentement, alors qu'il recule d'un pas. Il n'a pas envie de se battre, surtout pas, vu l'état d'Ilmarin. Il soupire doucement, et décide de la contourner, ce qui n'est pas difficile, tant elle pourrait servir de rond point à un carrefour. Sa voix se fait toujours aussi basse, alors qu'il lui répond du même ton.

- N'voyez vous pas qu'elle est complètement épuisée ? Alors fermez vot'grande gueule, et v'nez pas m'faire chier avec vos conneries d'bonne femme en cloque. Voix qui devient grondement, mais toujours bas, si bas qu'il se demande si la baleine a entendu. Baissez d'un ton, nom d'une pipe !

Réponse qui ne tarde pas. Et avec le ton en plus. Il prend garde où il pose les pieds, ne se préoccupant pas de la Banshee qui vocifère derrière lui.

- Et ma grande gueule comme vous le dites si bien vous dit d'aller voir ailleurs si j'y suis! Dites moi ce que vous avez fait a MON amie ! Et vous allez la poser oui?

Aller voir ailleurs ? Mais c'est ce qu'il fait, l'engrossée, c'est ce qu'il fait. La fureur qu'il a ressentit quelques instant plus tôt remonte beaucoup trop vite à la surface. Bon sang. Il ferme les yeux et inspire un grand coup. Il se retourne, l'Azur neutre, le sourire du même accabit. C'est reparti pour un tour ? Non. Ou alors... Calme toi, Enfer.

- Votre amie est épuisée. Perte de l'accent, c'est très mauvais pour vous, l'engrossée. Je la ramène voir sa soeur.

Doit il parler de la missive ? Non, elle va encore lui poser des questions. Et il a autre chose à faire. Sans plus tarder, il tourne les talons et se dirige vers la tente d'un bon pas, tout en faisant toujours attention au corps qui ballote contre lui. Malheureusement, le chamois la suit comme un toutou (oui, vous savez comme dans la pub : Daresha sham sham sham shamois d'or). Tant qu'elle ferme sa flûte à un trou, c'est tout ce qu'il demande. Il voit enfin les contours de la tente, et caresse une fois de plus le dos de la jeune femme. Toujours pour lui montrer qu'elle peut compter sur lui. Il écarte les pans de la tente d'une main, les laissant retomber doucement, se moquant de savoir si l'autre folle va arriver ou non. Une chose est sûre. Qu'elle ouvre sa boîte à camembert, et c'est ficelée comme un saucisson qu'elle va se retrouver. Comme si elle a deviné la tension qui habite le colosse, Ilmarin pose une main plus légère qu'une plume sur son torse, à peine plus lourde qu'un effleurement. Lèvres qui s'entrouvrent pour se refermer aussitôt. Milo la serre brièvement, pour lui indiquer que le message est compris. T'as de la chance, Comtesse, que ton amie soit intervenue Dare Dare. Il s'arrête sur le seuil, et se retourne vers la Comtesse. Azur toujours aussi neutre mais voix qui s'adoucit.

- Elle va bien Comtesse, arrêtez d'vous faire du souci. Elle a juste besoin d'repos. D'beaucoup d'repos.


[Tente de Kalian]


Sourire pour atténuer ses propos, alors qu'il entre définitivement dans la tente. Le géant se dirige vers le lit, saluant Kan, se moquant pas mal du « posez la ici... et après bas les pattes, je m'en charge ». Il doit la poser où ? Elle a pas précisé, l'éléphant. Donc il ferme ses écoutilles et fait sa petite affaire. Il a bien envie de lui répondre qu'il l'a déshabillé hier, mais il n'a pas la force de sortir des âneries.

- B'jour Papy. J'vous ramène un paquet qu'j'ai trouvé les Kan-zouilles et les fesses à l'air. Elle a b'soin de repos. J'vais la mettre avec sa soeur, si vous m'le permettez.

Phrase lancée pour la bonne cause, alors qu'il réussi Thor sait comment à repousser le drap et dépose la féline le plus délicatement possible, juste à côté de la furie. Il sait qu'Ilmarin n'a plus la force de faire quoi que ce soit, aussi se permet-il de déplacer l'épée que tiens sa soeur dans les mains et de disposer l'aînée comme il l'entend. La main droite tiendra l'épée et sera posée du côté de Kan. La main gauche sera près d'Ilmarin. Il ne sait si son geste sera bien perçu, mais les soeurs sont plus importantes que le reste. Il prend doucement la dextre d'Ilmarin, pour la poser sur la senestre de Kalian. Azur qui se penche doucement, chuchotant au creux de l'oreille de l'Emeraude éreintée, des paroles qu'il espère réconfortantes.

- Ta soeur est là Boucle d'Or, je veille au grain. Ne t'en fais pas. Repose toi. Profite d'elle.

Nouveau baiser déposé sur son front, alors que sa main reste un instant sur celle de la jeune femme. Il se relève lentement, tout en remontant le drap sur les deux femmes et se dirige vers un des tabourets qui traînent encore dans le coin. Non s'en s'être approché de la baleine et de lui avoir susurré des mots d'amour, le plus bas possible.

- Hep Comtesse, voulez pas aller chercher d'quoi manger ? J'ai faim, il doit pas y avoir qu'moi et z'avez qu'ça à faire. Regard vers son ventre. Ca vous f'ra maigrir, et pis vous et votre haleine avez b'soin d'prendre l'air. Il se passe une main sur sa joue, redécouvrant le chaume qu'il s'était promis d'éliminer. Ha et Comtesse ? D'une, c'est pas dans vot'lit qu'j'veux aller, mais dans celui d'la rouquine. De deux, ramenez moi d'quoi m'raser, s'rez gentille. Phrases gentillettes agrémentées d'une tape sur l'arrière train. Allez, magniez vous l'fion, pas qu'ça à faire. Et discutaillez pas, j'ai promis à Boucle d'Or d'veiller sur elle.

Il s'en retourne donc vers la féline, un léger sourire aux lèvres, avant de poser le tabouret et son fondement de l'autre côté de la paillasse. Il reste un moment à observer les deux soeurs. Soeurs ? Elles sont aussi soeurs que le jour et la nuit sont amants. L'une blonde, l'autre brune. L'une blanche, l'autre légèrement métissée. Intéressant mélange. Il sourit au French Kan Kan, puis pose une main sur le front de la première, son pouce traçant un chemin invisible sur la peau, attendant la belle rouquine et les victuailles.
Kalian, incarné par Milo
Note : RP écrit à quatre mains

Ilmarin



Ses yeux étaient toujours clos alors qu’une fois de plus on lui triturait la chaire de son flanc. Seul son corps réagissait à la douleur par de légers soubresauts. Le reste n’était que calme. Sa conscience s’était échappée loin de ce monde, revisitant ses souvenirs, revisitant un monde oublié qu’elle avait tenté de fuir durant les derniers mois écoulés. Tout lui apparaissait plus clairement désormais. La douleur qu’elle ressentait n’en était que plus forte. Ca n’était pas tant la souffrance physique qui lui faisait le plus de mal, mais la souffrance morale. L’impression de perdre à nouveau une partie de sa vie. Son fils n’était plus. Alors à quoi bon lutter ?

D’aussi loin qu’elle était, elle sentit quelque chose de froid se glisser dans sa main. Son fil d’Arianne. A nouveau. Pour l’éloigner du Passeur et lui montrer le chemin de retour. A quoi bon lutter…

Il y avait tout d’abord cet homme qui se trouvait à ses côtés depuis plusieurs semaines déjà. Elle se souvenait désormais de leur première rencontre, à Saint-Claude. Une simple visite de routine à l’infirmerie. Visite qu’elle avait vu comme une perte de temps. Si elle avait su que sa vie en serait bouleversée par la suite… Et pourtant… Son cœur s’était fermé devant cet homme qui ne l’avait pas laissé indifférente. S’interdisant d’aimer qui que ce soit. S’interdisant toute relation sérieuse avec un homme. Mais cela ne l’empêchait pas d’attendre, au plus profond d’elle-même, la prochaine visite à l’infirmerie, pour le voir à nouveau. Sentir son contact lors de simples effleurements, alors qu’elle n’était qu’une patiente parmi les autres. Alors qu’elle n’était rien du tout. Chaque fois qu’elle croisait sur le terrain d’entrainement, son regard ne le quittait plus, jusqu’à ce qu’il sorte de champ de vision, la laissant perdue dans ses pensées, avant qu’elle ne se reprenne et parte se défouler sur le premier mannequin venu. Ce duel qu’elle avait tant attendu, pour se confronter à lui, passer un moment en sa présence. Croiser son regard, son sourire. Savourer son odeur…

Puis il y avait sa sœur, Ilmarin. Celle qui ne tenait jamais ses promesses. Qui trouvait toujours le moyen de partir lorsqu’elle avait le plus besoin d’elle. De là où elle était, la jeune femme était sûre qu’à son réveil, sa sœur se serait à nouveau évaporé, ne tenant pas en place. Elle était ainsi faite, et il faudrait s’habituer à la distance qui était née entre elles deux. Les choses ne se passaient pas toujours comme on le désirait… En fait, elle ne se passait jamais comme on le désirait…

La preuve en était, Aurora. Celle qui aurait du mettre fin à ses jours s’était retrouvée à se lier d’amitié avec la métisse, au grand damne d’Ilmarin. Une rencontre du au hasard seul, réunissant deux femmes aussi perdue l’une que l’autre. Apprenant à s’apprivoiser telle des bêtes sauvages, elles s’étaient habituées à la présence de l’une et de l’autre. Pas besoin de longs discours, cela était inutile. Juste apprécié les moments de calme, de rigolade, comme avec Monsieur Tonneau… Elle devait la retrouver, quoiqu’il lui en coute, quelque soit les sacrifices qu’elle devait faire. C’était une promesse…

Puis il y avait également Gabriel… Si elle avait été réveillée, un sourire amer aurait étiré ses lèvres. Lui et Ilm ne cessait de communiquer depuis quelques temps, par courrier. Ils s’étaient même vus, alors qu’elle n’avait reçu qu’une lettre en réponse à la sienne. Seul souvenir qu’elle avait de lui était le jeune homme rencontré il y avait de cela quelques années. Il avait du changer depuis… Mais elle ne le saurait sûrement jamais… Soit. Elle accepterait ce fait.

Sa main enserre un peu plus son fil d’Arianne. Retrouver Aurora quoiqu’il arrive… Retrouver l’homme qui avait causé tant de malheurs autour d’elle… Et surtout, retrouver son aimé…

L’impression que quelque chose s’agite, quelque part, autour d’elle. Quelque part… Si seulement elle savait où elle se trouvait. Si seulement elle savait ce qui s’était passé après avoir sentit une lame pénétrer sa chaire. Si seulement les choses avaient été différentes… Geran… Mouvement d’un corps qui tente de résister à l’attaque de la souffrance que la perte de son sang et de sa chaire lui provoquait. Grimace de douleur alors que la peau encore à vif se met à tirer. Main gauche qui se resserre sur la garde d’un sabre alors qu’on lui fourre quelque chose dans l’autre main.

Une odeur étrange vient chatouiller ses narines alors qu’elle se débat dans un gouffre sans fin. Son corps commence à remuer malgré les protestations que ce dernier lui lance. Une faible lumière s’infiltre sous ses yeux alors que ceux-ci tentent de s’ouvrir. Ouvrir la bouche pour dire quelque chose, mais la refermer aussitôt. Sa gorge était trop sèche et seul un râle sortit de sa bouche.

Le pouce du géant aux côtés de la blonde continue toujours son chemin, continuant à veiller sur elle. Il attend aussi patiemment qu’il le peut que l’engrossée revienne avec le repas et le rasoir qu’il lui a demandé. Que la rouquine revienne avec les nouvelles. Qu’Ilmarin prenne enfin du repos. Que Kalian se réveille. Que Papy dise quelque chose. Que la vie reprenne ses droits, pour qu’il puisse rire de nouveau. Soudain, un petit bruit se fait entendre. Le colosse fronce les sourcils sans qu’un mot ne soit prononcé.

Une pression sur la main de la jeune femme se fait sentir. Sûrement Kan. Ca ne pouvait être que lui. Qui d’autre ? Tenter de refermer ses doigts sur cette main si fine… Mais son esprit est trop embrumer pour comprendre que ça ne peut être la main d’un homme. Un maigre sourire vient étirer les traits de la blonde qui a été allongée aux côtés de la jeune métisse. Nouvelle pression sur sa main avant qu’un murmure perce tant bien que mal la brume qui s’était installée entre la blessée et le reste.


Tu vois… Je suis là…

Faible murmure qui est prononcé au creux de son oreille. Les deux sœurs sont aussi lamentables l’une que l’autre. La jeune femme tentait de faire le tri, pour essayer de se rappeler cette voix qu’elle connaissait parfaitement. Nouveau râle de douleur qui s’échappe alors qu’elle remue à nouveau. Frustration de ne pouvoir ouvrir les yeux, de ne pouvoir communiquer, de ne pouvoir bouger.

Ne bouge pas… On veille sur toi… Repose toi, ma belle. Plonge dans tes rêves… Et je suis là… Je tiens ma promesse, enfin…

Nouveaux mots susurrés à son oreille. La main qui enlace celle de la métisse semble perdre de sa vigueur, la blonde étant tout aussi vidée. Mais la jeune femme tente de comprendre les mots qui lui parviennent. Promesse. Enfin. Cela ne pouvait venir que d’une personne. Ce pouvait-il… ? Non. Elle avait déjà du prendre la route il y avait de cela quelques temps. Pourquoi serait-elle restée ? Elle n’était que sa sœur. Pourquoi se raccrocher à un espoir vain ? Pourquoi espérer l’impossible ? Pourquoi vouloir subir une nouvelle déception ? Tenter de mettre ses dernières forces en essayant de retirer sa main. En essayant de prononcer un mot.

I…lm… ?

Oui ma chérie… Je suis là…

Ne rien répondre. Elle rêvait, tout simplement. Elle était encore dans ce monde étrange, il n’y avait pas d’autres solutions. Sa sœur avait toujours été incapable d’être présente pour elle… A son grand damne, chaque fois qu’elle l’avait appelé, celle-ci s’était empressée de fuir. Ce pouvait-il que cela change ? Ce pouvait-il qu’elle soit réellement présente cette fois ? Ou bien avait-elle l’intention de partir à nouveau ? Qu’importe… Trop fatiguée pour y réfléchir.

Sa main gauche sert un peu plus son fil d’Arianne. Pas question de le lâcher. Elle voulait être sûre de retrouver le chemin du retour si elle s’éloignait à nouveau du sentier qu’elle empruntait pour se reposer. Se laisser partir dans un sommeil agité, tout en sachant qu’il est là, pas loin d’elle. Qu’à son réveil, son visage lui apparaîtra. Que son sourire lui mettra du baume au cœur.

Gabriel Morlhon, incarné par Milo


[Le souffle court, la raison envolée… près d’elles]

Un cœur au bord de la rupture,
Une envolée d’âmes pures,
Sentir une déchirure,
Sans en connaitre la nature.

Mon souffle altéré
De vous savoir en danger
Une sœur emportée par la folie,
Une autre qui sombre dans l’oubli.

Attendez que je revienne,
A défaut de vous faire mienne,
Laissez-moi porter ce fardeau,
Moi qui depuis si longtemps m’affuble de son manteau.

Ô sœur chéries et abandonnées,
Gardez pour moi l’infâme,
Cette haine qui nous condamne,
Et à jamais me damne.


Montmirail, village paisible. Le froid matin ne l’atteignait pas, trop absorbé à la recherche de celles qui avaient besoin de lui. Ironie pour le fou qui n’arrivait toujours pas à retrouver la raison. La mante l’enveloppait, protectrice, retrouvant la force qu’il lui avait enlevée. Chaleur envoutante, maitresse de sa folie, amante silencieuse.

Descendu de sa monture pour parcourir les rues, trop tôt pour croiser âme qui vive, Gabriel se doutait bien que le campement indiqué par sa sœur ne devait pas se trouver en plein milieu du bourg, alors pourquoi ne pas chercher à s’éloigner de la place centrale ? Parce que son reflet renvoyé dans le miroir de la fontaine lui faisait penser à la mort en personne. Barbe brune, teint livide, joues creusés, regard ombrageux… Il était dément mais pas au point d’inquiéter ses proches. Gabriel plongea les mains dans l’eau glacée, commença une toilette sommaire qui consistait à se rafraichir le visage, plaquer sa chevelure parsemée. Sillons marqués sur ses yeux, rides prématurés sur son front barrées. Le jeune homme esquissa un sourire cynique, à son âge son père avait déjà ses… son héritière. Trente automnes et des poussières, combien de poussières exactement il ne s’en souvenait plus très bien. Etait-ce important après tout ? Chaque grain dans le sablier de sa vie s’écoulait inlassablement avec dans sa bouche un arrière goût de cendre. Une image, un visage, flou dans l’eau se révélait. Aurora… Kalian… non… son Ilmarin… Un sourire radieux d’enfant… non plus, une personnification imaginaire. Une femme aux traits multiples, sa tête contre l’épaule du fou. La mante par l’azur se matérialisait. Montrant la force qu’à nouveau il lui accordait. Entité qui voulait être femme, combler l’âme et le corps de son créateur, ne pouvant que le bercer dans son être et l’accompagner voir celles qui si longtemps elle avait craint et honni.

Il avait repris son chemin après avoir remis de l’ordre dans sa mise. Doux euphémisme que de vouloir donner l’image d’un chevalier. Sulimo quelque part dans cet être écorché se débattait. Déchu, le seigneur n’avait qu’une hâte les retrouver. Qui de l’animal ou de l’homme tirait l’autre vers un coin d’eau, à l’orée du village ? Le cheval voulant paitre ou le dément pressé. L’oriflamme aux couleurs des chevaliers de la licorne flottait, animal à corne fièrement cabré. Hésitation dans ses mouvements, tremblement dans ses gestes. Et s’il s’effondrait là, maintenant ? Et si Kalian… Douceur d’une compagne, main invisible qui le trainait vers l’entrée.

Le pan de tissu relevé, Gabriel passa la tête à l’intérieur. Azur sous ses paupières scrutait la tente. L’œil attiré par deux corps étendus. Son cœur rata quelques battements avant de résonner dans ses oreilles bourdonnantes. Il avait quitté une adolescente aux formes naissantes, un amour impossible issu d’une semence maudite. Dorure d’un teint devenu pale par le mal, lèvres dont il se rappelait encore la chaleur. Gabriel sentit ses yeux se fermer et sa folie le bercer. Sœur… Femme parmi les femmes, autel d’un cœur offert au sacrifice, raison empoisonné, âme lacérée. Deuxième forme, boucle blonde. Sa forteresse, son Ilmarin. Il baissa la tête, discret prêt à ressortir sans un bruit. Que leur dire… que faire sans s’immiscer… Tourmente…lamente. Il prit conscience de deux autres silhouettes autour d’elles.


Ilmarin…Kalian… ?

L’envie de s’approcher, de fuir. Kalian… la toucher, l’effleurer…interdit. Douleur lancinante. Une guérison qui ne se fera jamais. Condamné à aimer une sœur. Faiblesse de l’homme, déchirure du frère. Juste l’approcher, sentir son odeur, impuissant, il restait en retrait.
Ilmarin, incarné par Milo
Note : RP écrit à quatre mains



Quelque part, où il ne fait pas bon être...

*- Aaaaaaaah, il me faudra remercier ce géant. Laisse toi aller, ma belle, laisse ma voix te guider...
- Non... Tu es... Ma folie...
- A moi de te dire non, ma belle. Je suis la meilleure partie de toi. Tu vis, grâce à moi.
- Non... Je meurs... Grâce à toi...
- L'ivresse te fait délirer, mignonne. Qui t'a sauvé des griffes de ton frère? De ton cousin? Qui t'a sauvé tous ces mois de combat? Qui ramasse la loque humaine que tu es dès qu'Il part?
- Tu m'as offert... Une non-vie à la place de la mort... Il m'a sauvé... De toi... Laisse-moi...
- Oh que non ma mignonne. Tant qu'Il n'est pas là, tu es à MOI. Et je compte bien jouer de cet avantage!*

Le rire sadique et aigu vrille à nouveau ses tympans, claque assénée à son esprit malmené plus sûrement que toute atteinte physique. Chaque seconde, elle devient plus forte. Et sa propre faiblesse, son incapacité chronique à assumer la solitude et les questions de la disparition de Rhuyzar, le cauchemar de la perte de Kalian sont autant de coups de bélier vers le dernier rempart, qui se fissure.
La force qu'Elle prend a rarement atteint cette mesure depuis... Depuis cette nuit. Serrant la main de sa soeur, bercée par la chaleur qui enveloppe son front, le souvenir qui remonte n'est que mal repoussé. La rugosité de la couverture, l'amertume des larmes, la froideur de la nuit, les claquements des sabots. Et l'aube solitaire... Une aube rosée, timide, aux tons pastels narguant de ses couleurs délicates une ombre parmi les ombres. Une de ces aubes à partager à deux, au chaud dans des bras protecteur, noyer d'amour. Une aube vrillant des yeux brûlant de larmes et de manque de sommeil.

Il lui faut se secouer. La repousser, encore et encore. Sinon, que se passera-t-il à son retour? Ne vivra-t-elle plus que par Elle? Au risque de tout perdre? La réintégrer dans le tréfonds des abîmes de son âme et de ses Enfers, à toute force. Forces diminuant sans cesse...
Et si elle reprenait, simplement, tout depuis le début? Certes, c'est un raisonnement censé que tout être humain appliquerait d'instinct. Mais qu'est donc un raisonnement, surtout censé, quand vous vivez par la mort, pour la mort et par peur d'elle? Nouveau soupir, il faut chasser ces idées morbides. Lui sait comment faire, pourquoi pas elle...?
Se relever. *Allez, tu peux le faire*. Nouveau rire, moqueur, soulignant le pathétique de la situation. Chaque muscle étant douleur après la cuite et l'attaque de cette nuit, elle en grimace en se redressant, chassant la brume qui voile ses yeux, retenant la nausée en serrant les dents, se pliant en deux sous la violente contraction de son estomac.
Vérifiant que sa cadette dort profondément, elle libère leurs mains dans une caresse légère, rassurée, si tant est qu'on puisse l'être vu la plaie. Plus tard, beaucoup plus tard, elle réalisera que si sa soeur la tenait fermement et qu'elle en avait souri, fugacement heureuse, aucune réaction n'était remontée de cette dextre fatiguée...

La panthère épuisée tente de sourire à Milo, malgré ses traits tirés, sa pâleur aussi cadavérique que celle de sa soeur. Esquisser un geste vers Kan est d'une lourdeur sans fin. Ils ne devaient pas bouger, pas s'inquiéter, la laisser retrouver ses esprits alors qu'Elle prenait possession de chaque fibre laissée à l'abandon. Consciente du combat caché qu'elle mène, elle fuit leurs regards, dissimule l'orage qui gronde et tempête, les Emeraudes fragiles qui vacillent. Personne ne doit savoir. Personne. Tant qu'elle le peut...


Ilmarin… Kalian… ?

Deux prénoms simples et connus des occupants de cette tente qui se transforment en sifflement haineux au creux de ses oreilles. Mélange de surprise et de cauchemar pour une Folie sachant pertinemment que sa présence remettait tout en cause.

Su... Suli...? C'est... Bien toi...?

Comme un zombi, elle se lève sans cesser de fixer le nouveau fantôme qui se dresse devant elle. Comme un zombi, elle pose sa main sur l'épaule de Milo, lui demandant tacitement de ne pas bouger, de lui faire confiance, avant de se diriger vers cette apparition inespérée.
*- Tu vois... Il est venu... J'avais raison...
- Mensssssssonge! Il vient te trahir et te détruire, user de ta faiblesse! Ecoute MOI et fuis!*
Elle L'ignore, restant captivée par ces yeux bleus qui l'ont si souvent bercé et consolé. Evidemment, elle perçoit la même présence qu'à Dole, mais quelque chose a changé; plus douce, plus calme, accompagnante et pas repoussante. Ses yeux se baissent en le poussant doucement dehors, pour ne pas prendre le risque qu'il capte Sa présence, pour qu'ils puissent parler, un peu, au calme.
Un sourire, léger, alors que ses doigts sentent son coeur s'emballer dans sa poitrine.


- Mon...Ilmarin...oui...
- Je... Tu... Long soupir frustré aux paroles qui refusent de sortir. Et si elle revenait à un sujet plus simple? Kalian va mieux, rassure toi. Nous avons été attaquées cette nuit. Retenir la montée de larmes devient laborieux, l'épuisement lui donne des vertiges, en quantités généreuses. Je suis désolée... Je n'y arrive pas... Je... Ne gère plus rien... Je suis désolée...
Un dernier sourire épuisé et elle se glisse, d'autorité, dans ses bras, à la recherche de son parfum boisé, de sa force, de sa présence fraternelle, de son soutien. S'y blottit en disparaissant, accrochée à sa chemise comme à une bouée, pour tenter de contenir le déferlement, pour La cacher, pour cacher sa détresse et sa honte d'être encore si faible et épuisée.
D'autorité vraiment? C'est plutôt Elle qui tente de faire croire à un frère insensible, alors que Gabriel franchit, le premier, la maigre distance qui les sépare, enlaçant de sa main gauche la taille de sa soeur, glissant la droite dans ses boucles blondes.
La Forteresse et son Seigneur, se retrouvant après les Ages, les douleurs, les trahisons, bercée et rassurée d'un geste sûr dissimulant mal le trouble né de cette proximité retrouvée.


- Viens... Elle sera heureuse de te voir à son réveil...
Toujours baisser les yeux. Toujours serrer les dents. Toujours ravaler les cris hystériques. Elle serre sa main dans la sienne et le ramène à l'intérieur, le fait asseoir sur le bord du lit. Et, n'osant pas regarder plus longtemps les retrouvailles de sa fatrie, ressort malgré son boitement et son manque d'équilibre, pour aspirer l'air frais du matin dans l'espoir de L'étouffer.

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