Note : Rp écrit à six mains
Ilmarin
Daresha
[Extérieur de la tente]
Soupir à fendre l'âme. Mais dans quoi s'est il embarqué ? Pensif, il frotte le chaume blond qui lui couvre les joues. Faudra qu'il se rase. Si il a le temps. C'est que la blonde en consomme énormément. Il la laisse faire quelques pas, Boucle d'Or vacillante sous les assauts d'un vent invisible. Qu'elle soit en colère parce que son amie et un parfait inconnu l'aient vu dans son pire état de faiblesse, soit. Mais qu'elle décide de se mettre encore plus en danger, non. Elle a besoin de repos, et du repos, le géant va lui en donner. De gré ou de force. Surtout de force en fait. Enfin de force. Avec des nippes coincées sous le bras, ça va être dur. Mais en même temps, elle a les fesses à l'air. Elle flotte peut-être dans cette chemise, il n'empêche que l'on voit plus de choses que la bienséance ne le tolère. Enfin, le géant s'en fiche, il en a vu plus qu'il n'aurait fallu. Il continue de l'observer alors qu'elle boitille sur les traces de son amie. Comment lui faire changer d'avis ? Un sourire mesquin s'affiche sur son visage. Il n'aime pas en arriver là, mais elle ne lui laisse pas trop le choix. Il a hésité entre lui courir après et la mettre à terre, mais il risquerait de la blesser. L'autre solution serait de la rattraper et de la raisonner. Mais c'est une tête de mule. Il prend les vêtements de la main droite et parle d'une voix neutre, tout comme l'Azur, l'accent toujours absent.
- Dîtes moi, Ilmarin, vous êtes vous déjà faite violer ?
Un sourire tout aussi neutre que le reste de son visage étire ses lèvres. Pas de sa faute si la jeune femme est en zone rouge. Elle le cherche, elle le trouve. Tout simplement. Son allure neutre est déjà une forte indication sur la colère qu'il ressent. La perte de son accent accentue encore plus l'état dans lequel il se trouve. Et lorsqu'il utilise le vrai nom d'une personne... C'est qu'il est dans un état quasi bestial et que rien ne peut le retenir. La jeune femme se fige, plongeant un peu plus loin dans les abysses de son passé et de son être. Des images passent devant ses yeux, des souvenirs frêles et fugaces dont elle gère la douleur inhérente. Point sensible ? La réponse ne se fait pas attendre.
- En quoi ça vous regarde?
Sourire qui s'agrandit un peu plus, Azur qui devient encore plus neutre, alors qu'il s'approche lentement. Ce qu'il a envie en ce moment ? De lui foutre une bonne paire de claques et de lui montrer. Ce que ça fait. Car si elle a déjà eu ce traitement par le passé, elle n'a pas retenu la leçon.
- Moi oui. Décidément, la féline est en zone estampillée Enfer. Qu'elle ne continue pas. Ou il ne répond plus de rien. Et pour en arriver là, il en faut beaucoup. Peu de personnes ont réussit, même de par son passé. Sept, à vrai dire. Et elles en sont mortes. Et je peux vous dire que cela n'a rien d'agréable.
Il est si près d'elle qu'il peut voir son visage passer de pâle à livide et son poing valide qui se serre à s'en planter les ongles dans la paume. Emeraude froide et glaciale qui se plante dans une Azur indifférente. En temps normal, elle aurait senti le danger et fait profil bas. Mais depuis ce matin où seuls des bandages sanguinolents sont entre ses mains, plus rien ne semble avoir d'importance pour elle. Elle fonce, sans réfléchir. Têtue Boucle d'Or...
- Je réitère ma question: en quoi ça vous regarde ? Et que savez-vous de ce que je vis ? Alors que le jeune homme reste totalement impassible, la féline sort ses griffes et ses crocs. Grincements de dents, grondements qui montent et s'emmêlent dans un bel ensemble homogène. Vous me retardez, je vous rejoins plus tard.
S'il n'avait les vêtements dans les mains, le géant aurait mis sa menace sourde à exécution. Mais c'est avec flegme et détachement qu'il lui parle. Pourquoi lui raconte-t-il tout ça ? Lui même n'en sait rien. Peut-être parce qu'il voit là quelqu'un qui est aussi blessé que lui. Si seulement Clément était là, il saurait quoi faire. Il se rapproche encore, si près qu'il peut voir les éclats d'Ilménites semblables à ceux qu'il a eu. Avant que l'Azur ne se ternisse et perde de son éclat d'antan. Eclat perdu quand IL est mort. Azur ternie quand ELLE a failli mourir. Il tend lentement sa main gauche, celle qui a été clouée alors qu'il pensait sauver son ami, montrant une cicatrice mal soignée, souvenir éternel d'un burin rencontrant la chair et les os.
- Deux vies m'ont été confiées. L'une est morte alors qu'en offrant de plein gré mon corps et ma main à notre tortionnaire commun, je pensais bien faire. Il a accentué sur le mot « de plein gré », pour lui montrer qu'il s'était fait violer bien avant. Parce qu'elle est tellement bourrée qu'il doute qu'elle ai compris quoi que ce soit. L'autre... Il s'approche doucement, ses lèvres à quelques centimètres des oreilles d'Ilmarin. L'autre a failli perdre la vie alors que je m'étais juré de la protéger à tout prix. Sa voix ne devient que murmure, bien que toujours aussi neutre. Mais le plus pathétique, c'est que celle qu'elle portait en elle est morte en même temps que j'ai failli... Alors qu'ils avaient tous les trois besoins de moi... Il se recule et l'observe de nouveau, en penchant la tête sur le côté, lui tendant les vêtements. Si vous êtes une ancienne victime, il est étonnant et curieux que vous repreniez le risque que cela arrive de nouveau. Si tel n'est pas le cas, c'est de la folie pure et simple. Mais si je peux empêcher que cela arrive, je le ferais. Alors mettez ces vêtements, cela ne coûte rien. Surtout que vous êtes bourrée et que vous avez une haleine de coyotte ! A moins que vous ne vouliez que je vous montre ce qui pourrait vous arriver ?
Eclats d'Ilménite qui ressortent dans l'Azur, ce qui ne lui était pas arrivé depuis fort longtemps. Il n'en fera rien. Mais si le croire peut lui ramener un semblant de raison... Autant jouer le jeu jusqu'au bout. Eclat de lucidité que combat l'ivresse, regard qui alterne entre brume humide et éclat sûr de lui.
- Vous mentez, j'en suis sûre.
Sourcil qui se lève le plus lentement possible. Il ment ? C'est bien la première fois qu'on lui dit. Enfin, que quelqu'un ose lui dire en face. Elle a de la chance, Boucle d'Or, vraiment de la chance. Un nouveau grondement s'élève, alors que les ongles s'enfonce encore un peu plus, aguichant un flot qui ne demande qu'à sortir.
- Je vous suis...
[Tente]
Il ne dit rien, mais se dirige vers la tente où ils ont passé la nuit, les mâchoires serrées. Il écarte les pans, attendant qu'elle daigne entrer, lui tournant toujours le dos. Si elle vient, alors il aura réussi. Et pourra mettre son plan à exécution. Il n'a pas de cordes sous la main, mais celles qui retiennent la tente peuvent servir. A condition de ne pas en prendre trop pour ne pas se retrouver avec un coin de tissu sur la figure. Il suffit juste qu'elle franchisse le seuil. Elle s'approche, méfiante et vacillante, petite chaloupe secouée par des vents trop violents pour elle, dans cet océan de sentiments. Le pas est traînant, la faute à cette jambe et aux soins refusés, elle pénètre dans l'abri, non sans avoir à nouveau rivé ses Emeraudes dans ses yeux, se plantant pas très loin de ses armes. Il lui tend les vêtements, puis se tourne vers l'une des cordes qui retient les fixations de la toile.
Il la tire doucement, testant sa solidité. Elle fera l'affaire. Il sort sa dague, cachée par son pantalon, espérant que la tente ne s'effondrera pas sur eux. Et voilà. Un bout de corde pour une récalcitrante. La jeune femme est encore en train de s'habiller, d'une main tremblante et faible. S'il n'était pas tant en colère, il en sourirait. Il s'avance lentement, la corde dans les mains, et se met à lacer, peut-être un peu trop fermement, le corset qui lui cause tant de soucis. Alors, sans mots dire, d'un geste rapide, il la prend par la taille et la mène sur le lit, l'écrasant de tout son poids. Azur devenue bestiale, qui ne se contrôle plus, et qui prend le visage de la jeune femme dans une main, l'autre retenant ses poignets.
- Je mens, hein Ilmarin ? Tempête qui se mélange aux éclats, il presse un peu plus le corps fragile contre le sien, alors que la partie lucide de son être n'a qu'une envie. La lâcher, se vomir, corps et âme s'il le faut, pour ne plus jamais revenir. JE MENS ?
La jeune femme fait tout pour ravaler un cri, ravaler le grondement, ravaler l'envie de lui arracher les yeux. A cet instant précis, la cuite joue un rôle capital de voile de la conscience. Dextre qui resserre un peu plus son étreinte sur les mains, alors que la senestre qui a lâché le visage essaie de ficeler les poignets de la féline. Essaie, oui. Car elle lui fait mal. douleur qu'il n'a pas ressenti depuis longtemps. Pourquoi maintenant ? Il chasse d'un geste mental les souvenirs qui affluent, plus tard s'ils veulent, mais pas maintenant. Et puis, trouvant un peu de repos dans un havre ballotté par la tempête de la rage, un cri du coeur se fraie doucement un chemin au milieu du sinistre.
- Ficèle moi si tu veux. mais tu ne me dompteras PAS ! Oui, TU MENS!
Dompter. Ce mot tourne en boucle dans sa tête. Dompter. Ce mot qui fait remonter des souvenirs douloureux. Dompter. Il sert les dents, se forçant à garder son calme, à refouler l'autre Milo, l'ironique, le rieur, le gaffeur, qui essaie de prendre le pas sur la bête déchaînée. Sa respiration se fait saccadée, quand la suite des mots prononcés le frappent avec toute leur force possible. La bête s'efface petit à petit, reculant sous des paroles qu'elle sait vrai. Azur mélancolique, sourire triste, alors qu'il plonge dans l'Emeraude tourmentée, sa voix grave montant lentement dans le silence qui a suivit cette déclaration.
- Oui je mens. Il baisse la tête en soupirant, posant sa tête contre la tempe de la jeune femme, lui chuchotant des mots choisis avec tout le soin dont il est capable, comme le dresseur cherchant à apprivoiser le cheval fougueux. Oui je mens... Mais je ne suis qu'un homme. Tout comme toi... Oui je mens... Mais la vie n'est-elle pas un mensonge ?
Azur qui se ferme, respiration qui se fait plus lente, alors qu'il attend une réponse de la féline.
- Elle est pire que cela, elle est trahison. Trahison des espoirs et des rêves. Mensonge de l'utopie pour venin de ce poison... Mots à peine murmurés, elle appuie son front contre sa tempe. Je crois qu'on se comprend... Alors, si tu crois devoir m'attacher, fais le... Mais j'ai confiance. Tu mens et je ne souffrirais pas inutilement de tes mains. Milo.
Souffrance. Mensonge. Autant de mots qui s'abattent sur son esprit comme le burin s'est abattu avec joie sur sa main, comme le fouet est tombé allègrement sur son dos. Chair transpercée, cellules meurtries, os qui se brisent, morsure glaciale du fer, lambeaux de peau qui se détachent. Un hoquet secoue son corps. *Clément...Clément...Qu'aurais tu fais ? Qu'aurais tu dis ? *Azur qui offre un éclat douloureux, suivit d'un autre. Deux éclats. Reflets des deux vies qui lui ont été confiées. Deux éclats. A croire que tout fonctionne toujours par deux. Deux éclats. Offert à un visage qu'il n'ose regarder, tant le désespoir qui émane de son corps se fait sentir dans les moindres pores de leur peau.
- Mais je ne sais faire que ça, Boucle d'Or. Accent effacé, douleur qui serre son coeur, le comprime tant qu'il se demande comment il fait pour ne pas éclater. Je ne sais faire que ça... C'est tout ce que l'on m'a appris... Je...
- Nous nous comprenons Milo. Ma soeur a manqué mourir par ma faute. Mon frère m'a trahi parce que je ne sais comment je l'ai fait souffrir. Vilca est mort, par ma faute. Rhuyzar... Voix qui s'étrangle sur ce dernier prénom. Si tu offres la coupe de souffrance, je suis la rivière qui est la source... Milo. Tu mens, je le sais. Et tu ne feras que le bien, comme Maha... Ame noble aux reflets Azuréens...
Voix aussi douce que le murmure de la rivière au petit matin, poignets qui s'abandonnent, confiant. Se peut-il qu'elle le comprenne ? Pourtant... Elle ne devrait pas... Il n'est pas digne de confiance. Lui, noble ? C'est bien la première fois qu'il entend cela. Un léger tremblement agite son ventre alors qu'il appuie un peu plus sa tempe contre la sienne. *Clément... Pourquoi n'as tu pas vécu ? Pourquoi ? Tu aurais su trouver les mots justes.* Azur qui se referment, émues par une confiance dont elles ne sont pas dignes. Confiance qu'elles vont trahir de nouveau.
- Si je ne devais faire que le bien, Clément serait encore en vie... Si je ne devais faire que le bien, l'enfant que portait Alix ne serait pas mort, et elle ne serait pas devenue stérile... Si je n'avais fait que le bien... Nous n'en serions pas là...
Sa senestre vient délicatement caresser la joue de la jeune femme, exprimant des regrets qu'il aurait voulu garder secrets. Sa voix se fait aussi douce que possible, alors qu'il relève la tête et dépose un baiser sur son front.
- On se comprend Ilmarin, hein ?... Les lèvres contre son front, la suite de son histoire coule comme les larmes qu'elle refuse d'exposer. Oui je mens, Boucle d'Or. Jamais je ne pourrais toucher une femme contre son gré. Jamais. Et sais tu pourquoi ? Voix hésitante, apeurée de raconter ce que personne n'a jamais su, et n'aurait jamais du savoir. Il prend une inspiration. Quand je t'ai dit que deux vies m'avaient été confiées, j'ai menti. Deux autres l'ont été. Voix profonde qui se fait plus doux qu'un murmure, mots presque susurrés. Quand j'ai tué mon tortionnaire, je n'étais qu'une bête. Qui a tué. Des soldats, principalement. Temps d'arrêt, pour se remémorer le frisson ressenti alors que la vie s'écoulait entre ses doigts. Un jour, j'en ai tué un sous les yeux de sa femme et de sa fille. Je ne les avaient pas vu. Dans ma colère, j'ai failli tuer la mère. Mais la voix de sa fille m'a ramené à la réalité. Conteur qui se fait plus doux, repensant à son premier amour. Elles m'ont accueilli et m'ont soigné, malgré ce que j'avais fait. Déglutition qui reste coincée dans la gorge, comme s'il ne voulait croire ce qu'il était arrivé. Mais le temps et mon passé m'ont rattrapé. Un an plus tard, des voleurs nous ont attaqué. J'ai été incapable de les défendre. Elles ont été torturées et violées sous mes yeux...
Voix qui s'éteint sur cet autre souvenir, Azur plongeante dans l'Emeraude rougeoyante. Souvenir de rires, de joie, de tout ce qu'il ne rencontrerait plus jamais. Ilmarin, par instants, serre les dents, la peau de sa main tremblante étant mordue par la corde qui l'entame, lentement mais sûrement.
- J'ai tué Milo. Moi aussi. Parfois avec plaisir, souvent avec acharnement. Ne fais pas de toi une bête, tu t'es défendu. Moi j'attaquais...
Elle soupire à son oreille, doucement, essayant de lui montrer par ces bribes où était vraiment la bête dans cette pièce. Azur éclatant de rire, alors qu'il repose sa tempe contre la sienne, le nez enfoui dans les draps. Un rire désabusé, sarcastique, triste, et sombre.
- Les soldats que j'ai tué ne m'avaient rien fait. Ils ne me connaissaient même pas. Longue pause, durant laquelle il compte les inspirations de la jeune femme, presque calquées sur les siennes. Je les ai tué... Pour leur uniforme. Et ce que j'ai fait est encore pire que ce que toi tu as pu faire.
Le murmure de l'Emeraude lui répond, encore plus doucement, comme pour respecter une charte silencieuse et invisible.
- Si tu me comprends, Milo, tu sais ce qui se cache en ce moment, au fond de moi. Et comme je te comprend, je te dis de ne pas te juger sur des actes découlant de tes tortures. Cheveux d'or qui se mêlent aux blés, alors qu'elle appuie sa tempe, fraiche et douce, contre la sienne, brûlante et rugueuse. Deux inconnus dont pourtant, les âmes déchirées se parlent. Et peuvent se comprendre. Fais moi confiance Milo. Ta bête est née pour de bonnes raisons, ne te détruit pas pour cela...
- Oui je le sais. Rire sardonique. Je ne le sais que trop bien. Il peut presque sentir ses propres démons hurler pour s'échapper. Semblant appeler ceux de la jeune femme pour voir qui pourrait gagner. Dualité entre deux âmes blessées. Enfer contre Démons. Sa main caresse toujours la joue d'Ilmarin, autant pour s'apaiser que pour lui montrer qu'elle n'est pas seule. La Tienne aussi Boucle d'Or. Alors pourquoi La laisse tu te détruire à petit feu ? Azur qui relève la tête, observe la sombre forêt qui lui fait face, avertissant la bête silencieuse d'une présence dans le noir absolu de son esprit. Suis tes conseils Boucle d'Or, ils sont de bons aloi.
Un spasme la secoue, comme si quelque chose voulait prendre possession d'elle. Combat sans fin, contre Elle.
- Elle m'a sauvé. Pourquoi je ne sais pas. Mais Elle l'a fait. Et quand je sombre, Elle veille. Sa force est sans limite et Elle connaît le chemin pour que tout s'arrête. Alors je La suis quand je n'ai plus goût... Emeraude qui tente un sourire bien maigre, mais qui a le don de faire penser au géant que tout n'est pas perdu. Elle n'est pas née pour de bonnes raisons mais Elle est ma survie. Un nouveau spasme se fait sentir. Et Sa voix m'envoûte... Aies confiance en toi, Milo. Pas en moi. Libère tes épaules de poids qui ne sont pas ton fait...
Main qui suspend son geste, tempe qui revient se presser un peu plus contre sa jumelle, comme pour écouter, prendre la température qui règne dans ce corps meurtri. Ecouter. Et faire sentir sa propre présence.
- Tu es tetue, hein, Boucle d'Or ? Mais moi aussi. Et je crois en toi. Tout comme tes amis. Tout comme ta soeur. Tout comme...Rhuyzar. Ils ont besoin de toi... Pourquoi crois tu qu'ils restent avec toi ? Laisse La de côté. Elle n'appelle que la solitude. N'oublie pas que tout s'éloigne, Boucle d'Or. Il ne reste que les pleurs. Et même les pleurs s'en vont, à la fin. Je doute que la Tienne soit différente de la Mienne.
Les dents de la jeune femme se serrent, ses épaules se contractent, elle réagit comme si un cri strident lui vrillait les tympans. Comme si... Elle ne veux pas qu'une Emeraude blessée entende l'appel d'une Azur brisée.
- Elle reste... Mais tu as raison, toutes les folies se ressemblent par leurs dégats... Alors, toi aussi, laisse la de côté. Milo...
Un dernier spasme secoue son corps meurtri, avant de se laisser aller, épuisée. Main plus épuisée que jamais aux tremblements violents trahissant un esprit incapable de la calmer. Epuisée par Milo et sa force. Epuisée par Elle et son combat. Il lui faudrait dormir et pourtant... Le corps faible qui se tortille violemment avant de retomber inerte lui fait prendre conscience que cela fait un moment qu'il est sur elle. Un regard vers sa main tremblante lui indique que la féline est à bout de force. Compréhensible. Un petit bout de femme comme elle ne peut pas supporter autant de muscles et de chair. Il se décale doucement sur le côté, prenant garde à ne pas tomber, ni à la faire tomber. Ainsi, le poids du colosse sera une chose en moins à supporter. Le lit proteste de ce changement par un craquement sinistre, alors qu'il penche presque d'un seul côté. Et bien évidement, pas celui de la jeune femme. Il sait qu'elle doit dormir. Mais pas ici. Avec sa soeur. Oui, voilà. Avec Kal... Il la serre doucement contre lui, chuchotant contre son oreille d'une voix qui se veut la plus douce possible.
- Kal a besoin de toi... Tu as besoin de repos. Dextre qui caresse délicatement les cheveux couleur miel. Je vais te ramener près d'elle. Silence durant lequel seul les battements de coeur du géant et de la jeune femme sonnent à ses oreilles. Tu veux bien ?
Une voix lasse et vidée de toute force lui répond, murmure étouffé, ivresse dissipée par la lutte qu'il l'a forcé à mener, regard éteint et souffle à peine discernable. Seuls les mouvements incessants de sa main, épuisant pour ses muscles éreintés, montrent qu'elle est éveillée. Azur qui enveloppe un peu plus l'Emeraude, souhaitant la décharger de tout ce poids qu'elle ne devrait pas porter.
- Pas de repos... Jamais le temps du repos pour moi... Kal... Oui, tu as raison... Il faut... Toujours lutter... Pour vivre... Murmure ressemblant à un souffle, à peine compréhensible, tant et si bien qu'il est obligé de se rapprocher pour l'entendre. Si tout s'arrêtait... maintenant...
L'Azur se ferme quand la réponse est donnée. Combat qui l'a vidé lui aussi, mais il tiendra. Pour elle. Parce qu'elle doit vivre. Parce qu'elle le mérite. Du monde l'attend, à l'extérieur. Doucement, il retire les liens qu'il lui a passé, pour soulager cette main trop violemment secouée.
- Si tout s'arrête maintenant, Kal va mourir. Si tout s'arrête maintenant... A quoi bon vivre ? Murmure dans son oreille, alors qu'il jette la corde au loin. Si tu arrêtes maintenant, Elle aura gagné. Crois tu que ta soeur l'acceptera ? Crois tu que ton frère acquiescera ? Crois tu que tes amis aimeront ? Souffle qui devient léger, il aimerait tant lui faire comprendre, ce que lui n'a pas compris. Un sourire se dessine sur ses lèvres. Hé Boucle d'Or, si tu claques maintenant, tout ce que j'ai fait n'aura servit à rien. Et je ne pourrais pas avoir un bisou de Maharet. Ce qui serait fâcheux, non ?
- Je... Porte... Trop...
Parler finit de la vider. incapable de bouger, incapable de se reprendre, ses dernières forces tentent de ravaler les larmes qui menacent. Nouveau spasme crispé, nouvel assaut intérieur. Yeux mi-clos et corps d'une poupée de chiffons, cherchant la lueur pour se bouger. Elle le regarde à travers ses cils, muette et patiente, se laissant le temps d'être capable d'aider sa soeur. Azur qui regarde impuissant l'Emeraude vaciller lentement. Tout ce qu'il peut lui apporter, c'est l'assurance de sa présence. Il serre la jeune femme contre lui tout en déposant un baiser sur sa joue, avant de se relever. Protestations émises par un lit qui, décidément, avait hâte que le boeuf s'en aille. Il se penche et la prend délicatement dans ses bras, comme une enfant. Avant de s'asseoir sur la paillasse qui proteste toujours autant du poids qu'elle doit supporter. Mots de nouveau murmurés, main qui caresse les cheveux, le dos, pour réconforter la féline blessée.
- Chut... Tu n'es pas seule Ilmarin... Baiser déposé sur un front tourmenté, faible baume pour apaiser la jeune femme torturée, alors qu'une main invite doucement mais fermement sa tête à se poser sur son épaule. Et jusqu'à nouvel ordre, je prend le relais.
Il serre un peu plus la jeune femme contre lui, et après quelques minutes ainsi passées, se lève et sort en prenant garde à ne pas violenter d'avantage cette fragile brindille agitée par des vents trop violents. Il se dirige d'un pas lent vers la tente où se trouve l'avenir d'une jeune femme blonde, sa main faisant toujours de lents va-et-vient sur son dos, pour lui montrer qu'il est toujours là, quoi qu'il advienne.
[En partance pour la tente et Kalian]
Il relève les yeux, alors qu'un bruit de pas autre que le sien se fait entendre. Et devinez qui se pointe ? Dare Dare, encore une fois. A croire qu'elle le fait exprès, l'engrossée. Il regarde d'un oeil torve la grosse vache se déplacer, s'attendant à une remontrance quelconque, mais il n'a pas vraiment le coeur à cela. Il serre un peu plus son petit paquet, et salue d'une voix basse la barrique qui se pointe.
- B'jour Comtesse, z'êtes bien matinale. N'vous en faîtes pas pour Boucle d'Or, j'l'emmène voir sa soeur.
Serait-ce un soupir qui sort des lèvres de la jument ? Voilà une rencontre dont elle se serait bien passé. C'est qu'on ne lui a rien demandé, au géant. Mais se mêler de ce qui ne le regarde pas est devenu sa spécialité, depuis qu'il n'a plus rien à perdre, même pas la vie. Et faut- il qu'il soit encore là. Kal et Ilmarin, ça suffit bien à gérer, non ?
- Oui je suis matinale ET alors? Ca vous dérange ?
Pas commode, la Comtesse. En même temps, cela n'étonne pas le géant. Depuis leur rencontre, Madame est d'humeur. Mais cela ne peut pas venir de ses règles, elle est ronde comme un boeuf. Alors quoi ? Elle baisse son regard sur ce qui semble être son amie. Enfin, son amie. Un tas de chair et de cheveux qui y ressemble.
- Ilmarin...? Les yeux verts de la dame se font aussi noirs que le pantalon du géant, alors qu'elle lui parle sèchement. Et vous lui avez fait quoi, vous ?
Azur qui se fronce lentement, alors qu'il recule d'un pas. Il n'a pas envie de se battre, surtout pas, vu l'état d'Ilmarin. Il soupire doucement, et décide de la contourner, ce qui n'est pas difficile, tant elle pourrait servir de rond point à un carrefour. Sa voix se fait toujours aussi basse, alors qu'il lui répond du même ton.
- N'voyez vous pas qu'elle est complètement épuisée ? Alors fermez vot'grande gueule, et v'nez pas m'faire chier avec vos conneries d'bonne femme en cloque. Voix qui devient grondement, mais toujours bas, si bas qu'il se demande si la baleine a entendu. Baissez d'un ton, nom d'une pipe !
Réponse qui ne tarde pas. Et avec le ton en plus. Il prend garde où il pose les pieds, ne se préoccupant pas de la Banshee qui vocifère derrière lui.
- Et ma grande gueule comme vous le dites si bien vous dit d'aller voir ailleurs si j'y suis! Dites moi ce que vous avez fait a MON amie ! Et vous allez la poser oui?
Aller voir ailleurs ? Mais c'est ce qu'il fait, l'engrossée, c'est ce qu'il fait. La fureur qu'il a ressentit quelques instant plus tôt remonte beaucoup trop vite à la surface. Bon sang. Il ferme les yeux et inspire un grand coup. Il se retourne, l'Azur neutre, le sourire du même accabit. C'est reparti pour un tour ? Non. Ou alors... Calme toi, Enfer.
- Votre amie est épuisée. Perte de l'accent, c'est très mauvais pour vous, l'engrossée. Je la ramène voir sa soeur.
Doit il parler de la missive ? Non, elle va encore lui poser des questions. Et il a autre chose à faire. Sans plus tarder, il tourne les talons et se dirige vers la tente d'un bon pas, tout en faisant toujours attention au corps qui ballote contre lui. Malheureusement, le chamois la suit comme un toutou (oui, vous savez comme dans la pub : Daresha sham sham sham shamois d'or). Tant qu'elle ferme sa flûte à un trou, c'est tout ce qu'il demande. Il voit enfin les contours de la tente, et caresse une fois de plus le dos de la jeune femme. Toujours pour lui montrer qu'elle peut compter sur lui. Il écarte les pans de la tente d'une main, les laissant retomber doucement, se moquant de savoir si l'autre folle va arriver ou non. Une chose est sûre. Qu'elle ouvre sa boîte à camembert, et c'est ficelée comme un saucisson qu'elle va se retrouver. Comme si elle a deviné la tension qui habite le colosse, Ilmarin pose une main plus légère qu'une plume sur son torse, à peine plus lourde qu'un effleurement. Lèvres qui s'entrouvrent pour se refermer aussitôt. Milo la serre brièvement, pour lui indiquer que le message est compris. T'as de la chance, Comtesse, que ton amie soit intervenue Dare Dare. Il s'arrête sur le seuil, et se retourne vers la Comtesse. Azur toujours aussi neutre mais voix qui s'adoucit.
- Elle va bien Comtesse, arrêtez d'vous faire du souci. Elle a juste besoin d'repos. D'beaucoup d'repos.
[Tente de Kalian]
Sourire pour atténuer ses propos, alors qu'il entre définitivement dans la tente. Le géant se dirige vers le lit, saluant Kan, se moquant pas mal du « posez la ici... et après bas les pattes, je m'en charge ». Il doit la poser où ? Elle a pas précisé, l'éléphant. Donc il ferme ses écoutilles et fait sa petite affaire. Il a bien envie de lui répondre qu'il l'a déshabillé hier, mais il n'a pas la force de sortir des âneries.
- B'jour Papy. J'vous ramène un paquet qu'j'ai trouvé les Kan-zouilles et les fesses à l'air. Elle a b'soin de repos. J'vais la mettre avec sa soeur, si vous m'le permettez.
Phrase lancée pour la bonne cause, alors qu'il réussi Thor sait comment à repousser le drap et dépose la féline le plus délicatement possible, juste à côté de la furie. Il sait qu'Ilmarin n'a plus la force de faire quoi que ce soit, aussi se permet-il de déplacer l'épée que tiens sa soeur dans les mains et de disposer l'aînée comme il l'entend. La main droite tiendra l'épée et sera posée du côté de Kan. La main gauche sera près d'Ilmarin. Il ne sait si son geste sera bien perçu, mais les soeurs sont plus importantes que le reste. Il prend doucement la dextre d'Ilmarin, pour la poser sur la senestre de Kalian. Azur qui se penche doucement, chuchotant au creux de l'oreille de l'Emeraude éreintée, des paroles qu'il espère réconfortantes.
- Ta soeur est là Boucle d'Or, je veille au grain. Ne t'en fais pas. Repose toi. Profite d'elle.
Nouveau baiser déposé sur son front, alors que sa main reste un instant sur celle de la jeune femme. Il se relève lentement, tout en remontant le drap sur les deux femmes et se dirige vers un des tabourets qui traînent encore dans le coin. Non s'en s'être approché de la baleine et de lui avoir susurré des mots d'amour, le plus bas possible.
- Hep Comtesse, voulez pas aller chercher d'quoi manger ? J'ai faim, il doit pas y avoir qu'moi et z'avez qu'ça à faire. Regard vers son ventre. Ca vous f'ra maigrir, et pis vous et votre haleine avez b'soin d'prendre l'air. Il se passe une main sur sa joue, redécouvrant le chaume qu'il s'était promis d'éliminer. Ha et Comtesse ? D'une, c'est pas dans vot'lit qu'j'veux aller, mais dans celui d'la rouquine. De deux, ramenez moi d'quoi m'raser, s'rez gentille. Phrases gentillettes agrémentées d'une tape sur l'arrière train. Allez, magniez vous l'fion, pas qu'ça à faire. Et discutaillez pas, j'ai promis à Boucle d'Or d'veiller sur elle.
Il s'en retourne donc vers la féline, un léger sourire aux lèvres, avant de poser le tabouret et son fondement de l'autre côté de la paillasse. Il reste un moment à observer les deux soeurs. Soeurs ? Elles sont aussi soeurs que le jour et la nuit sont amants. L'une blonde, l'autre brune. L'une blanche, l'autre légèrement métissée. Intéressant mélange. Il sourit au French Kan Kan, puis pose une main sur le front de la première, son pouce traçant un chemin invisible sur la peau, attendant la belle rouquine et les victuailles.