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[RP] Ce que femme veut

Aelyia
Une journée qui commence.

Sous une tente du campement de la Dona, aux portes de Périgueux, une blonde s’éveille. Premiers gestes…tendre la main…tâter le drap froid à sa portée et constater son absence avec une grimace.
Il y a des jours dans la vie d’une femme où la mauvaise humeur l’emporte sur tout le reste.
Des jours où elle aurait voulu simplement se poser, prendre avec lui le premier repas du jour en le regardant amoureusement dans les yeux.
Et là au contraire, elle s’inquiétait, se demandait si la garde de nuit c’était déroulé sans accroche, si son retour était proche.
Sarlat lui manquait.. leur maison…leur chambre noire et rouge, l’arbre de la petite cour… sa taverne de ramponneau…leur projet de vie…
D’un geste rageur, elle repousse les draps, se lève d’un bond, trouvant au fond du lit une marque vermeille qui explique à la fois sa nervosité et la douleur sourde qui lui broie les reins…

Une journée qui commence mal … la douce lyly broie du noir …

Elle retire sa chemise de nuit et avant d’appeler servante, trouve son reflet dans un miroir.
Elle s’examine, se jauge, se juge…le temps passe blondinette… !
Le temps t’emporte, toi aussi, la pimousse….tes seins sont encore haut perchés, ton ventre est ferme et ta peau a ce velouté qui plait tant aux hommes mais pour combien de temps encore… saura tu retenir celui qui depuis des mois partage certaines de tes nuits quand le devoir ne l’appelle pas ailleurs ? tu es devenu femme et la jeune fille s’éclipse doucement de ta vie.
D’un geste tendre, Aelyia passe une main sur son ventre meurtri en secouant la tête.
Jamais une telle idée ne l’avait traversé auparavant.
Jamais elle n’aurai laissé une telle envie la pénétrer avec une force qui la désarçonnait , qui l’inquiétait.
Pour oublier ce qui venait de la bouleverser, elle agita une clochette, attendant l’arrivée de Babette


Ah te voilà… prépare moi un bain s’il te plait et une tenue pour repartir à cheval. Pas de nouvelle de Monsieur ?
Pendant que l’eau chauffe, brosse moi les cheveux !


L’habitude des ordres, d’un certain confort malgré ce logement de fortune.
Babette faisait partie de sa vie, de leur vie depuis qu’ils l’avaient rencontré dans une auberge accueillant leurs amours lors d’une échappée belle.
Mieux payée, elle avait accepté de les suivre. Discrète et efficace, elle les suivaient dans leur imprévisible vie.
L’enfant gâtée, qu’elle reste malgré tout, croise le regard de la servante.
Un peu honteuse, elle lui pose pour la première fois une question qui aurait du venir beaucoup plus tôt.


Dis moi Babette… tu as des enfants ?
_________________
--Babette.



Le soleil venait de se lever et Babette de se lever avec celui-ci. Elle avait suivi, comme à chaque fois ses jeunes maîtres. Babette était une femme de trente-cinq ans, brune et don la vie n'avait pas toujours été facile, jusqu'à ce qu'elle croise le chemin de ce couple et de les suivre.

Là, elle se trouvait sous une tente, dans un campement, non loin de celle d'Aelyia et Rahan. Que voulez-vous, il fallait être tout proche pour répondre aux besoins de la petite dame.

Une toilette sommaire pour notre servante, Babette passe sa robe et sa blouse puis un brossage de sa longue chevelure en un chignon bien mis. Voilà à quoi ressemblait notre servante au regard des autres, tous les jours que Dieu fait.

Elle sortit de son habitat de toile et partit en direction de la tente où se trouvait les vivres. Un petit-déjeuner copieux, comme elle avait l'habitude d'en prendre depuis qu'elle était à leur service et la voilà fin prête. Prenant un plateau, elle garnit celui-ci de bonne chose à manger qu'elle allait apporter a Aelyia.

En bonne synchronisation, elle venait de poser une pomme sur le plateau qu'elle entendit la petite cloche don le son lui était bien connu, sonner. Elle sortit de la tente cantine et se dirigea vers celle d'Aelyia. D'une main tenant son plateau, elle ouvrit la toile de l'autre et se glissa à l'intérieur.


Ah te voilà... prépare moi un bain s'il te plait et une tenue pour repartir à cheval. Pas de nouvelle de Monsieur ?
Pendant que l'eau chauffe, brosse-moi les cheveux !


Temps d'arrêt un peu surpris, sourcils qui se haussent et elle prit la température ambiante. La dame était de mauvaise humeur. Bon elle était plus ou moins capricieuse, comme toutes les dames riches et élever dans l'opulence, mais Aelyia avait un bon fond et Babette le savait.

Bonjour Ma Dame ...

Posant son plateau sur une petite table, elle hocha la tête.

Je m'en occupe tout de suite !

Lui montrant le plateau pendant qu'elle prenait un seau, elle dit :

Si Ma dame a faim le temps que je mets l'eau à chauffer ...

Elle sortit ensuite remplir le chaudron qui était déjà sur le feu puis revint sous la tente. Une fois à l'intérieur, elle croisa son regard et Babette lui fit un sourire engageant, puis elle prit une brosse et se plaça derrière la jeune femme. Ramenant ses magnifiques cheveux blonds en arrière, elle commença son mouvement de va et vient, du haut du crane jusqu'à la pointe des cheveux.

Dis moi Babette... tu as des enfants ?

La question la surpris un peu, mais la fit sourire en même temps. Elle continua son brossage, méthodiquement en faisant attention de ne pas tirer trop fort sur les noeuds.

Oui j'en ai deux. Deux garçons. Damien qui a 15 ans et Grégoire qui en a presque 18. Deux petits hommes déjà.

C'était la première fois qu'elle lui posait des questions ... Disons plus personnel. Que lui arrivait-il ? Un peu inquiète, elle demanda ...

Ma Dame ?! Pourquoi cette question ? Quelque chose ne va pas ?

________________
Aelyia
Assise face au miroir, en tenue légère, la jeune femme se détend enfin un peu sous la douce caresse de la brosse qui finit de lisser ses cheveux.

Oui j'en ai deux. Deux garçons. Damien qui a 15 ans et Grégoire qui en a presque 18. Deux petits hommes déjà.

Regard appuyé sur sa servante
Babette semble encore jeune, rien dans sa silhouette ne laisse penser que par deux fois elle a porté enfant en son sein, que par deux fois elle les a accompagné jusqu’à l’age d’homme.


Ma Dame ?! Pourquoi cette question ? Quelque chose ne va pas ?

Son visage se crispe
Est ce à une domestique que l’on doit se confier ?
Mais à qui d’autres ?


A qui d’autres raconter qu’elle s’était fermée depuis longtemps à l’idée d’enfanter. Qu’elle répondait d’un éclat de rire quand une de ces amies la taquinait à ce propos.
Que pour avoir cette envie là, il fallait se sentir forte, se sentir un rempart.
Que cette force là elle l’avait perdu, à la mort de sa mère, une nuit de cauchemars. Que la plus simple façon de ne pas abandonner son gosse, comme sa mère l’avait fait, c’était encore de ne pas lui permettre d’exister.
Et pourtant aujourd’hui…


Babette… où vivait donc Babette ? Près de Genève ? En Savoie ?
D’auberges en auberges, elle avait oublié les lieux ne gardant en souvenir que les chambres abritant leurs nuits étoilées.


Elle était maintenant si loin de sa famille.

Se mordant la lèvre inférieure elle enchaîne

Et… tu es mariée ? Ils te manquent sûrement non ?

Soudain elle se rend compte que cela prend la tournure d’un interrogatoire, qu’elle assaille de questions indiscrètes une Babette qui doit la trouver tres étrange ce matin.

Mais rien n’arrête une blondinette en pleine idée fixe
Une nouvelle question lui brûle les lèvres.
Enfin non un flot de questions qu’elle n’arrive pas à refouler


Tu les avais… humm désiré ?
Et du moment que….tu les voulais…tu….


Arf qu’elle est maladroite !
Toujours sa façon de vouloir tout … tout de suite
D’être trop exaltée dans ces choix de vie… elle venait de donner naissance, ce matin, à une terrible envie de… vie… et qu’importe les obstacles rencontrés… oui qu’importe… elle aurait ce qu’elle voulait !

_________________
--Babette.



Elle ne savait pas trop ce qu'il se passait ce matin, mais elle voyait bien qu'Aelyia était étrange. Bon ce n'était pas dans ses habitudes de se mêler de la vie de ses employeurs, mais elle appréciait ce jeune couple et là, pour le coup, elle se demandait bien ce qui se passait.

Elle continuait le brossage des cheveux, attendant de voir si la jeune femme blonde allait répondre à sa question. Elle ne devait pas oublier non plus que l'eau allait être chaude dans peu de temps quand enfin sa maîtresse ouvrit la bouche.


Et... tu es mariée ? Ils te manquent sûrement non ?

Tu les avais... humm désiré ?
Et du moment que....tu les voulais...tu....


Cette fois elle arrêta son geste. Oui, quelque chose n'allait pas. Babette ramena la lourde chevelure maintenant bien lisse et alla ouvrir un gros coffre d'où elle sortit chemise est braie qu'elle déposa sur la paillasse.

Je suis veuve depuis quelques années maintenant et oui mes fils me manquent, mais ils font leur vie tous les deux et ils n'ont pas besoin que leur vieille mère, soit derrière eux tout le temps ...

Elle sourit à Aelyia et même si elle prononçait ses mots d'un air détaché, il était vrai qu'elle avait un peu de mal à être loin d'eux. Tout deux étant resté à Belley, faisant leur vie comme il se devait. Son ainé allait bientôt se marier et le plus jeune était engagé dans l'OST. Elle savait qu'ils se débrouillaient très bien et elle entretenait une correspondance régulière avec eux.

Une fois les vêtements posés, elle vint se placer devant la jeune femme et la regarda, essayant de comprendre le pourquoi de toutes ses questions.


Oui je les ai désiré tous ... J'aimais mon époux vous savez et quand on aime une personne, rien n'est plus normal que de vouloir des enfants de cet homme. J'en ai aussi perdu deux. Le premier, j'ai fait une fausse couche au bout quelque semaine et le dernier ... Et bien il est né avant terme à cause d'une forte fièvre et il n'a pas survécu. C'était une petite fille ... Mais oui je les ai tous désirés et aimé.

Se remémorer ses souvenirs était douloureux, mais si cela pouvait aider un peu sa maîtresse, elle lui ferait part de son expérience avec plaisir.

L'eau doit être chaude, je vais aller la chercher. Je reviens tout de suite et si vous avez d'autres questions, n'hésitez pas !

Elle s'inclina légèrement et sortit de la tente, laissant ainsi le temps à Aelyia de réfléchir à ce qu'elle venait de lui dire, même si elle ne savait toujours pas en quoi cela pouvait lui servir. Elle prit deux seaux qu'elle remplit et revint les vider dans le petit baquet ou un drap reposait au fond pour éviter les échardes du bois.

Si Ma Dame veut bien venir, je vais en chercher deux autres et cela sera suffisant pour le moment ...

_______________
Aelyia
Aelyia ôte ses derniers vêtements en frissonnant.
Apres s’être un peu trop attardé à bavarder, la température fraîche de ce mois d’octobre la rattrape.
Elle se dirige vers le baquet, l’enjambe et doucement se glisse dans l’eau chaude.
Elle se recroqueville sur la délicieuse sensation de chaleur retrouvée, attendant les deux autres seaux pour étendre davantage les jambes.

Je reviens tout de suite et si vous avez d'autres questions, n'hésitez pas !

Ah ça !!! Elle en avait d’autres questions
Babette ne serait que la première étape d’un long cheminement vers ce qui paraissait maintenant essentiel à sa vie.
Elle s’était endormie, la nuit dernière, dans l’égoïsme primaire de sa vie de jeune adulte, un peu rebelle, parfois frondeuse, préoccupée de son seul bonheur et de celui de ses proches, tout simplement parce que leur bonheur était nécessaire au sien. L’altruisme n’est le plus souvent que le joli nom d’un narcissisme que l’on veut ignorer.
Et pourtant… et pourtant, ce matin, l’idée de ce petit être s’infiltrait en elle au point de le rendre quasi-réel.
Enceinte d’une idée la blondinette à défaut d’une promesse de vie.

Restait à régler certains détails.

Devient on mère parce que l’on désire être mère ?

Des longues nuits d’amour, elle s’en était autorisée bien avant que le regard d’un pirate croise sa destinée, bien avant qu’il s’apprivoise l’un et l’autre et décide de jeter les amarres pour accrocher leurs deux cœurs dans une escale qu’elle espérait sans fin.

Et de ces nuits… jamais de fruits encore moins de pépins !

A cette pensée elle fronça les sourcils et fit une moue de dégoût
Le destin lui avait épargné d’être obligé d’allaiter un gnome rouquin à l’haleine de pomme verte qu’elle n’aurait pu que détester.

Oui… mais là… si par malice, si par punition diabolique ou divine… ce même destin la gardait infertile ?

Devient on mère parce que l’on désire être mère ?
Parce que l’esprit y est prêt encore plus que le corps ?

La servante entre sous la tente porteuse de nouveaux seaux.
Elle lui sourit et lui demande d’une façon qu’elle veut la plus naturelle possible.

Et… ces enfants là sont arrivés tres vite ? Je veux dire… c’était simple ?

Rouge pivoine la blondinette
Elle bafouille, s’embrouille dans son questionnement.

Rajoute un piteux


Remets vite de l’eau, j’ai froid !

Ou comment perde toute prestance devant sa domestique !

Pas tres grave…
Etait elle vraiment faite pour cette vie là notre Lyly ?
Pour cette fausse distance envers ce petit peuple qu’elle côtoyait et qu’elle estimait si souvent.

_________________
--Babette.



Elle revenait avec les seaux d'eau bien remplie pendu à chaque bras. C'était lourd, mais cela évitait de faire des allées retours sans cesse. Elle arriva vers la tente et poussa le pan de l'épaule puis entra.

Et... ces enfants là sont arrivés très vite ? Je veux dire... c'était simple ?

Pas le temps d'arriver que déjà le flot de questions revenait à la charge. Elle la regarda en s'approchant et sourit tendrement.

Remets vite de l'eau, j'ai froid !

Elle posa un des seaux puis souleva l'autre avec l'aide de ses deux mains. Elle versa l'eau chaude de l'autre côté de la jeune femme, vers ses pieds pour que cela ne la brule pas, puis elle fit de même avec l'autre. Elle rangea ensuite les deux seaux dans un coin puis revint avec un pain de savon et une grande serviette.

Remontant ses manches, elle répondit enfin à Aelyia ...


Quand je me suis mariée, j'avais 16 ans et je suis tombée enceinte six mois après, mais comme je vous l'ai dit, j'ai perdu cet enfant là quelques semaines plus tard en faisant une fausse couche.

Prenant le savon, elle commença à lui savonner le dos, évitant soigneusement de mouiller les cheveux.

Une fois remise de cette perte, je suis tombée enceinte de mon fils Grégoire, je l'ai eu j'avais un peu plus de 17 ans et là tout c'était très bien passé. Après cela il s'est écoulé bien deux ans avant que je sois encore enceinte. La vie et le quotidien de chacun certainement. Mon époux avait du s'absenter souvent pour les affaires donc forcement ...

Babette rosit un peu, ce rappelant ses moments où elle baignait dans le plus grand des bonheurs. Elle rinça Aelyia et prit la grande serviette qu'elle mit devant le baquet.

Venez ! Sortez vite, il fait froid ...

Elle l'aida à s'essuyer puis elles retournèrent vers la paillasse où était posé les vêtements.

Tenez votre chemise vous réchauffera ...

Elle la lui tendit, puis continua son récit.

Ensuite est venu Damien et cette autre grossesse que je n'ai pas menée à son terme. Cette année là, j'ai perdu bien plus que cet enfant. Une épidémie de fièvre a dévasté la moitié du village et j'ai cru que j'allais perdre aussi mon époux.

Par chance ce ne fut pas le cas et mes deux fils ont été épargnés. Après cela je ne suis plus tombée enceinte. Peut-être que la fièvre et la perte de cet enfant m'a rendu stérile. Je ne sais pas ... Vous savez, être enceinte dépend de beaucoup de chose ... Cela peut-être simple tout autant que compliquer ...


Cette remarque n'allait certainement pas l'aider, mais elle avait connu des femmes qui n'en avaient jamais eu et pourtant leur désir était grand. Aelyia était maintenant habillé, mais elle n'avait rien mangé ...

Avez-vous faim ?

______________________
Aelyia
Avez-vous faim ?

Elle avait écouté attentivement la longue tirade de Babette, hochant la tête de temps en temps, se laissant savonner le dos avec l’abandon d’une enfant qui écoute une histoire, lui lançant un regard compatissant quand le récit devenait dramatique, s’enroulant lentement dans la serviette qu’on lui tendait.

Avait elle faim ?

Excellente question, elle en était plus tres sure

Les mots se bousculaient pendant qu’elle enfilait chemise et braies

Fausse couche… deux ans d’attente… fièvre… enfant perdu… épidémie… et surtout… surtout stérilité.

Ou comment se heurter brusquement à la réalité !
Ton orgueil, mademoiselle Bleizhmorgan, ton terrible orgueil qui te pousse à croire généralement que, pour toi, tout sera différent et plus facile, ton orgueil s’efface devant la leçon que vient de te donner Babette et qu’il ne te faudra pas oublier.
La vie d’une femme n’est le plus souvent que sang, larmes et douleur.
Tu as été élevé comme un homme, très vite l’épée à la main, trop vite sur les chemins à affronter le vent de Bretagne. Tu as, malgré ta douceur l’audace de son sang mais le courage des femmes, gueuses ou aristos, ce courage des femmes qui, silencieusement, mènent la plus belle des batailles, l’auras tu toi aussi ?
Pour engendrer et surtout protéger.
Pour avancer malgré les coups du destin et rester un rempart contre ses peines jusqu’au dernier voyage.
Pour le porter vers des lendemains sans toi et savoir s’effacer quand viendra le moment.
Pour apprendre enfin la patience.

Depuis un an, Lyly avait pourtant appris
Elle progressait dans la notion si abstraite et indéfinie qu’était l’amour pour un homme.
Elle savait qu’amour n’était pas que désir mais avant tout complicité d’âme.
Elle avait été celle qui cache ses peurs de le savoir au combat.
Celle qui oublie sa fatigue pour paraître légère et drôle en s’efforçant de le distraire quand il revenait à elle.
Celle qui oubliait qu’il plaisait tout court pour juste se souvenir qu’il lui plaisait à la folie.
Celle qui voulait partager ses rêves.
Celle qui était à lui…


J'aimais mon époux vous savez et quand on aime une personne, rien n'est plus normal que de vouloir des enfants de cet homme.

Oui… quoi de plus naturel que de lui donner un enfant. La phrase chante dans sa tête et lui fait imaginer milles audaces.

Vous savez, être enceinte dépend de beaucoup de chose ... Cela peut-être simple tout autant que compliquer ...

Elle cherche des yeux Babette et lui sourit

J’ai assez d’imagination Babette pour forcer le destin à suivre ma volonté.

L’orgueil revenait mais qu’importe !
Déjà elle l’imaginait, son petit, blotti contre son sein.


Je vais chez ma tante… non je n’ai pas faim… et j’ignore quand je rentrerai… pas mal de choses à faire.
_________________
Leyah
[ Entre mairie et castel , Périgueux ]


Depuis quelques temps très lasse, la rouquine ne sortait de ses différents bureaux que pour passer dans un autre, ou encore tout simplement rentrer en cette demeure récemment acquise et qui hébergerait dans des quartiers différents, chaque âme Dona'tienne qui le souhaitait.
En proie a une profonde lassitude, empreinte de tristesse et de déception, elle avait beaucoup de mal à trouver l'envie de se lever chaque matin.

Sourire .. Folie ... Espièglerie .. Excentricité ..Joie de vivre simplement .. qui faisait d'elle ce qu'elle était étaient devenus des termes étrangers à son vocabulaire.
Sans doute que sous les traits fins de son visage, cela commençait à se voir car depuis quelques jours les visites se multipliaient, lui posant questions, cherchant a comprendre ce qui pouvait bien lui arriver.
Souvent, elle ne répondait pas .. et changeait de sujet aussi rapidement que possible .. faire étalage , pour elle c'était inconcevable et indécent.
Certains, et certaines, pleurent et reniflent sur leurs déboires personnels, profitant d'avoir public pour s'épandre en médisances, au mieux on entame la réputation de l'autre au mieux c'est une jouissance pour le poussin noir a coquille fêlée, mais tellement gueule d'ange qu'on ne peut que croire ses inepties.

La plume et la main ne faisaient qu'un .. tandis que la Bleizhmorgan était en train de compter les réserves, les impôts et autres calculs nécessaires au bon fonctionnement de la municipalité.
Une fois le tout fini, elle jeta un coup d'œil presque satisfait au résultat, presque .. puisqu'elle n'était jamais satisfaite de toute façon ..
A peine sa plume fut elle posée, que les pensées sombres revinrent au galop de charge..

Cet enfant a naitre... celui qui aurait du être comme un miracle .. un don ... et qui ne serait rien de plus dans les faits, que ces autres morveux semés de part et d'autres du Royaume par sa moitié...
Ce mariage maintes fois repoussé qui maintenant n'était plus possible .. qui ne laissait donc aucune chance a cette progéniture de naitre de la manière dont elle l'avait imaginé
Elle maudissait intérieurement le curé a sandales et la morveuse protégée, tout avait été parfait, jusqu'à eux ... jusqu'à ce que apparaisse ce qu'elle avait vu comme une conspiration .. pensée qui avait été confirmée par plusieurs personnes ..
Elle avait ragé ... pesté .. voulu tuer, détruire, écraser .. avant de finalement préférer ignorer et d'attendre tout simplement que cela passe, sauf que .. cela n'était pas passé ..
Au fur et a mesure que les jours avançaient, les quelques missives qu'elle recevait encore, n'étaient pas plus saines les unes que les autres, et démontraient juste que .. cela continuait encore et encore , c'était donc qu'un début, d'accord d'accord.
Plus tard ...
Elle déverserait et s'occuperait de cela plus tard ...

Tout était déjà fait pour gâcher ce miracle de la naissance et d'une vie qu'on rêve et imagine logiquement avec bonheur et enthousiasme , il ne fallait pas en rajouter.
Elle soupira longtemps, étirant son dos comme elle le pouvait, douleur bien installée vers les reins, puis se leva et se planta, deux pieds devant la fenetre, a observer les alentours ..

Penser à autre chose ..
Aha ! Facile a dire ! La rouquine aurait bien mis une vanne pour délester son cerveau de toutes ses pensées néfastes, de plus elle avait été blessée .. fortement, non dans son amour propre, non physiquement, mais en son coeur et son âme.
Cela non plus elle ne le dirait pas ouvertement, elle le garderait précieusement en ca cervelle d'entêtée qui préfère ne rien partager de mauvais sans pour autant réussir à leurrer son monde..
Elle se sentait de plus en plus .. isolée .. ce cocon protecteur, elle l'avait apprécié, longtemps, mais là .. il lui semblait le voir se transformer en prison
Le regard dans le vague, elle ne l'entendit pas entrer et sursauta au claquement de la porte qui se referme.
Demi tour de talon .. le bide pointant vers l'avant en guise de bienvenue , et elle força une esquisse de sourire, afin encore une fois de donner le change

Blabla nécessaire, quelques esquisses de sourire, sans plus ... mais chaque mot entrait par une oreille et sortait par l'autre, non que cela ne l'intéressait pas, mais c'était surtout qu'elle avait l'esprit occupé à tout autre chose ..
Cette distance, trop longue, trop grande .. qui s'insinuait doucement mais surement faisait des ravages qui commençaient a se figer sur les traits de la Dona , un léger silence et ... une phrase totalement sortie du contexte de la conversation vint fendre l'athmosphère tendue en deux : " Dans tes rêves les plus fous...j'ai bien dit les plus fous hein... L"homme de ta vie devrait heuuu faire quoi, se comporter comment, pour que tu sois la plus heureuse des femmes ?" .. Bim .. touchée ...

Cruche, bête, potiche, idiot .. étaient sans doute les qualificatifs correspondant a l'air qu'avait pris la rouquine a cette phrase soudaine qui venait presque de la mettre sur le derrière si tant est que son ventre lui ait permis de glisser bas de sa chaise sans la bloquer sur le bord du bureau.
Elle avait balbutié légèrement, ne sachant comment s'exprimer , rappelons que ce n'était point son habitude , émettant quelques suggestions, ou craintes plutôt .. elle ne savait pas trop ..

Plus tard, il avait quitté son bureau, elle s'était appuyée coude sur le bois, menton posé dans la paume, et réfléchissait a ce qui venait de se dire ...et finit par conclure intérieurement que la plus simple chose a faire .. serait de rédiger une missive ...

Un bruit ..
Des voix de loin qui passaient tel des murmures au travers de la porte ..
La rouquine toujours dans ses pensées maussades bien que cette conversation lui avait rendu un brin de sourire, releva un brin le menton trop affaissé dans ses paumes et reluqua la porte ..

Aucun doute, elle allait avoir une visite, et la voix qu'elle reconnaissait maintenant , se rapprochant lui arracha un sourire un peu plus naturel ..
Avisant la porte, sans pour autant se lever, elle porta la voix fort assez pour qu'elle puisse se faire entendre


Entre ma nièce
_________________
Aelyia
Entre ma nièce

La main sur la poignée de la porte soudain, Lyly hésita… une fraction de seconde.
La volonté qui l’avait animé au point de forcer son cheval au galop jusqu’au castel, cette volonté avait toujours la même intensité. Mais la jeune femme se doutait qu’il ne lui serait pas simple d’aiguiller l’entretien pour que cette confrontation avec sa tante soit bénéfique pour le projet qu’elle avait en tête.

Par où commencer ?


Elle se doutait de plus que sa tante n’était pas dans une période favorable pour sourire de ces frasques mais plutôt enfermée dans une bulle d’amertume.

Examinons la situation

Vous avez tous vécus des moments où, ce qui semble pour d’autres une fraction de seconde, vous paraît un siècle parce que cet instant là est un des plus inconfortables de votre vie.

C’est ce qu’elle était en train d’expérimenter la blondinette.
La structure incertaine et capricieuse de l’espace temporel au moment des choix cruciaux orientant votre destinée.

Dans un sursaut d’opiniâtreté, elle tourna la poignée et entra dans la pièce d’un air qu’elle voulut détaché.
Elle avait toujours su se servir de sa blondeur pour camoufler une volonté plus forte que celle qu’on lui prêtait en la connaissant peu.
Mais sa tante savait la déchiffrer.

Vouloir un bébé.

Hors de question d’attendre un mariage.
Et puis elle avait une peur bleue du mariage depuis que le projet du sien avait explosé en plein vol l’an dernier.
De cette expérience, elle gardait la certitude que ce genre de dessein rendait la vie plus compliquée et la difficulté de sa tante à organiser le sien la confrontait dans son idée de se passer de qui était surtout source de préoccupations.
Sa tante, avec son ventre plus que voyant, ne pourrait pas lui donner des leçons de moral. Resterais à faire passer la pilule au reste de la famille mais la vie était malicieusement de son coté.
Erwann, non plus, n’avait pas la position pour l’admonester aisément.

D’une voix claire, elle lui lança.


Je viens sortir un peu ta tête de tous ces fatras de parchemins et de livres de compte. Tu sais que tu as une mine de fiancée de l’Ankou toi à t’enterrer vivante entre ses murs ?

Etait ce une entrée en matière idéale ?

Elle réprima un sourire en se disant que plus les années passaient, plus elle ressemblait à son père adoptif et à sa légendaire diplomatie.

Allez viens je t’emmène…
Mets ta cape

On va faire un tour en forêt, respirer un air plus pur !
Tu en as grand besoin et… moi aussi.
Tu ne me trouves pas un peu blanche ?

_________________
Leyah
Je viens sortir un peu ta tête de tous ces fatras de parchemins et de livres de compte. Tu sais que tu as une mine de fiancée de l’Ankou toi à t’enterrer vivante entre ses murs ?
La rouquine avait levé un sourcil, nan nan elle s'en rendait pas compte, mais elle s'en doutait franchement.
Elle balaya d'un geste de la main nonchalant la question, puisqu'il ne s'agissait pas là vraiment d'une question mais plutôt d'une affirmation

Oh qui sait ... être fiancée a l'Ankou pourrait être drôle ..

Sourire simple affiché, nulle espièglerie sur la bouille de l'excentrique cinglée, et la rouquine de se lever maladroitement.
Mettre ma cape ... moui ...
Encore fallait il la trouver, c'est qu'elle avait mis un sacré foutoir dans ce bureau a force d'y vivre sans cesse et de ne rien ranger par flemmardise intense.
Fouilles rapides, et la cape fut ajustée sur son dos en moins de temps qu'il ne fallait pour le dire..

Effectivement, je crois que cela me ...
La regarde
Nous ferait le plus grand bien ... tu es certes pâle, mais je te trouves plutôt préoccupée que malade ..
Et d'ouvrir la porte, lui ouvrant ainsi par la même la route pour s'éloigner enfin de ce bureau , soudainement soulagée de prendre l'air
Tu m'expliqueras cela en route ..
Et de sourire en passant la porte , direction .. la forêt pas loin ..
_________________
Aelyia
Elles s’étaient éloignées du castel en silence.

Ne rien précipiter.
Régler la cadence de ses pas sur celle des pas de sa tante.
Lui prendre instinctivement le bras comme pour la protéger, éternelle solidarité des femmes avec toutes celles qui portaient en elles douce espérance de vie.

Et se laisser peu à peu émouvoir du spectacle fabuleux d’une forêt épousée par l’automne, par les couleurs flamboyantes des feuilles, les odeurs enivrantes d’humus.

De grands chênes les entouraient… comme là bas, ailleurs, à Roc’Han. Se mêlaient à eux les châtaigniers, Lo chastenh, les généreux arbres à pain nourrissant des familles entières de paysans périgourdins.

Marchant lentement en écoutant le bruit sec des brindilles qu’elles écrasaient de leurs bottes, Lyly, de temps en temps, jetait un regard furtif à Leyah.

Et puis des questions arrivèrent, abruptes et saugrenues.
Des questions qu’elle ne pouvait plus retenir.


Ton enfance ne te manque pas ?
Tu sais…Cette enfance sauvage et pourtant si studieuse sous le regard de ton père, cette enfance qui te préparait à un autre destin ?

Prends tu encore le temps d’étudier les bienfaits des fruits sauvages, des baies enfin … toutes ces richesses que la nature nous donnent et que beaucoup ignorent ou méprisent hors Bretagne ?


Elle ne savait pas trop bien comment aborder directement le sujet la blondinette ni comment sa tante réagirait à cette approche tortueuse pour lui demander de l’aide.

Elle se souvenait de certaines servantes au manoir de son père, de leurs regards affolés en comprenant qu’elles allaient payer cher d’avoir croiser le loup durant un bref moment de plaisir qui aurait du être sans conséquences.
Elle se remémorait qu’à demi mots, on indiquait une adresse, celle d’une vieille femme pour qui les plantes n’avaient plus de secret.

Si la nature savait défaire le lien fragile et fort qui unit mère et enfant en devenir, peut être est elle capable au contraire de le favoriser ?


Humm je suppose que ton savoir est… important ?

Voilà…

L’art de tout compliquer en n’ affrontant pas directement sa tante.
Si la malheureuse comprenait un centième du cheminement sinueux de sa pensée, elle serait chanceuse !

_________________
Leyah
Le plaisir de marcher en forêt, chaque senteur éveillant les sens, quelques plaisirs futiles mais ô combien nécessaires.
La rouquine avait le regard qui furetait à gauche et a droite et les narines bien arrondies comme pour en profiter un maximum.
De temps à autre, au fil de l'évolution de leur marche, elle lorgnait sa nièce en coin, attendant le moment ou elle allait lui " balancer la purée" ..
C'est qu'elle était loin d'être idiote la Matriarche, n'était Matriarche que celle qu'on allait voir quand le besoin s'en sentait ... et en général il fallait marcher, ou prendre l'air pour porter une discussion a son aboutissement ..
Le schéma était classique ..

La première question vint enfin ..
Un sourire en levant le nez vers les branchages d'un chêne .. puis avisant un tronc couché au sol, la rouquine de le désigner de la main..

Asseyons nous, veux tu ?
Sans attendre, la rousse dont les pieds commençaient a lui faire mal , posa son popotin sur le dit tronc et s'y installa le plus confortablement possible avant d'oter ses bottes et de les poser a coté d'elle.
Toussotement

Alors .. je mentirais si je te disais que cette époque ne me manquait pas..
L'insouciance est une chose que je ne pourrais plus me permettre

Léger sourire
Et non .. je n'ai plus vraiment pris le temps ces derniers temps .. mais je compte retourner rapidement a Yggdrasil pour ce faire , tu es intéressée par tous ces enseignements ?
Et de ricaner a la suite
Il l'est un peu je pense, mais comparé a Alieniore et a mon père, je suis encore une inculte, et ai encore beaucoup de choses a savoir .. surtout ..
Et de baisser la voix
Que ma spécialité n'était pas vraiment la bonne si tu vois ce que je veux dire
Et d'éclater d'un rire fort et naturel
Mais dis moi .. pourquoi t'intéresse tu a cela maintenant ?
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Aelyia
Voilà on y était la question qui tue !

Mais dis-moi .. Pourquoi t'intéresses tu à cela maintenant ?

Et ce rire un peu moqueur qu’elle prenait en pleine face la blondinette.

Oui, effectivement son attrait subit pour ce savoir pourtant familial devait surprendre sa tante.
Assise à coté de Leyah, elle essayait d’organise son plaidoyer

Pourquoi.. pourquoi… ?
Parce qu ‘elle avait besoin, là, tout de suite, maintenant, de ces connaissances ancestrales
Parce qu’elle voulait mettre toutes les chances de son coté.
Parce qu’elle était une éternelle impatience qui ne supportait pas l’attente et l’incertitude !
Parce que c’était tout simple … elle aimait un homme et de cet homme elle voulait un enfant !


Et sa tante qui lui parle de son père et de la plus grande Druidesse qu’elle n’ai jamais rencontré.

Humm on ne va peut être pas déranger mon père pour une histoire essentiellement féminine ni une Duchesse de Bretagne pour une affaire plutôt privée non ?

Elle bafouillait un peu lyly

C’est donc de toi dont j’ai besoin

J’ai décidé de…. Tout faire… Pour suivre la mode du moment !

Regard appuyé sur le ventre de sa tante

Forcément avoir été entourée depuis des mois de femmes enceintes avait du sérieusement travailler son inconscient.


Voilà Amy , ma fleur Edl et même toi… vous êtes responsables.
Je me suis réveillée …en me sentant différente ce matin… plus femme… presque mère

J’ai juste besoins de m’organiser


Il me faut un … comment dit on … un élixir ? un breuvage ? Enfin.. Quelque chose qui me garantisse la réussite rapide de ce projet.

Elle aurait presque dit qu’elle était même capable de se gaver de soupe aux choux bruxelles s’il le fallait.

Lui fallait le père également mais ça, elle se promettait de se venger de ses longues nuits de solitude dernièrement vécues. Finies les cures de sommeil, elle allait leur redonner le goût des insomnies.

D’un air détaché elle ajouta, comme si la question était naturelle

A ton avis, peut on dire à un homme, je veux un enfant ou il est préférable de lui en faire la surprise ?

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Leyah
Bouarf ...
Cette conversation elle pensait ne l'avoir que dans quelques années avec sa fille, la princesse de Brocéliande, mais là .. elle restait bouche close, a réfléchir à comment répondre à sa nièce
A la regarder de haut en bas et de la tête au pied, la rouquine en était à se demander ce qu'étaient ces idées d'organisation, et autres.
Elle n'avait jamais rien prévu elle ..
Ouverture de la bouche, un son qui sort ...

Heu .. ben .. heuuuu ..
Réponse excellente Lélé peut mieux faire !
Ah non mais pour sur c'était bien le moment de lui demander ca a elle, screugneugneu, elle qui supportait très mal la situation allait avoir autant de mal a ravaler ses propres angoisses pour causer a sa nièce.

Mhh .. je ne peux que comprendre cette envie et ce besoin que tu ressens la maintenant, et je suppose que tout cela est bien réfléchis, sinon tu ne m'en parlerais pas .. pour t'y aider, je peux voir ... tu viendras me rejoindre dans mon autre .. bureau ?
Sourire en coin et de rajouter
Ni surprise ni demande .... mhhh lui faire comprendre par contre ..
Et de rouler des yeux innocemment
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Aelyia
Aelyia regarda sa tante et prit conscience instantanément de la maladresse de son appel à l’aide.
Quel égoïsme, quel nombrilisme dans son attitude toute tournée vers ses propres attentes alors que la femme assise à cotée d’elle était si proche du terme de sa grossesse.
Bientôt le quatrième accouchement et, la jeune femme s’en doutait, les peurs et les souffrances seraient présentes comme si c’était la toute première fois. Fallait elle qu’elle l’importune, à ce moment là, avec ses espoirs, ses projets de vie ? Elle regretta de ne pas savoir mieux protéger celle qui l’avait guidé depuis la disparition de sa mère.

Sa mère

Comme elle lui manquait en ce moment précis.
Comme elle aurait voulu connaître la douce complicité qui se crée entre une fille devenue adulte et une mère au regard indulgent et serein.

Inconsciemment elle posa une main sur le médaillon accroché à son cou et qu’elle n’avait jamais quitté depuis Brest. De cette mère aimante, il ne lui restait que cela. C’était si peu…

Que de questions seraient venues brûler ses lèvres vers celle qui aurait pu être là, tout près d’elle, à la place de cette femme plus jeune, occupée par ses propres combats.

Des questions sur la vie… sur l’amour…

Le temps apaisait t’il peu à peu les tourments d’une vie qui se cogne aux caprices du destin comme un papillon de nuit aveuglé par la lumière ?
L’amour, en vieillissant, cesserait t’il d’être une lutte à la fois douloureuse et exquise dans un cœur enfin guéri de ses démons ?
L’age rendait il les femmes plus sages, moins impatientes ?
Oublierait elle la passion, le désir trop souvent qui l’embrase pour enfin être apaisée par les rides apparues et la douce certitude d’être sure d’avoir vécu ce qu’elle avait voulu vivre ?

Elle se leva subitement.

Je pense qu’on n’aurait pas du s’éloigner autant vu ton état. On va rentrer doucement.

Elle lui prit le bras et l’entraîna sur le chemin du retour jusqu’aux grilles du castel mais sans y pénétrer.

Je te laisse… besoin de réfléchir

C’est dans la chapelle au toit de lauze, attenante au château, qu’elle se réfugia.

L’aspect extérieur du bâtiment était simple, très sobre, aux formes pures, sans ornements particuliers hormis le montant de la porte d’entrée dans lequel une pierre était décorée d’un arbre … symbole de la vie bénie par Aristote…symbole de la vie dans sa culture celte.

Elle pénétra dans la pénombre guidée par le vitrail de petite taille au-dessus du maître- autel et trouva une place sur un banc en bois.
Elle se pensait seule et c’est à ce silence, à mi-chemin entre la terre et le ciel qu’elle voulait un moment se confier.

Elle n’avait ni la prétention ni l’audace de parler directement à Aristote.

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