Clemence.de.lepine
La vie vous offre des surprises : souvent mauvaises, parfois bonnes. Clémence ne parvient pas à les apprécier. Elles ne font que la troubler, elles brouillent ses repères, déstabilisent son monde et éprouvent l'impassibilité de son âme.
Mais aujourd'hui était jour de victoire. Et bien qu'on lui ait appris, plus jeune, que crier victoire trop vite était la plus sotte des réactions, elle ne pouvait s'empêcher d'arborer la mine ravie de ceux qui savent qu'ils ont gagné. La surprise était bonne. Excellente. Elle avait attendu ce genre de lettre des années durant. Elle s'était mise, même, à ne plus l'espérer, elle s'était résignée à l'idée de ne jamais pouvoir remédier à sa colère et à ses peurs.
Au pas de course, elle parcourait les couloirs de sa demeure de Decize, le fameux vélin à la main. Il fallait réagir. Vite. Avant qu'il ne s'échappe à nouveau. La lettre disait « peut-être ». Mais jamais on ne lui avait servi de « peut-être », jamais encore on ne lui avait dit qu'un homme du même nom que celui qu'elle recherchait avait été repéré. Jamais il n'y avait eu autant de détails concrets. C'était forcément lui. Enfin.
Arrivée à ses appartements, elle en claqua la porte derrière elle. Un instant, elle resta le dos appuyé contre le battant, tâchant de contrôler le tapage de son cur et de se refroidir les sens. Une erreur, et c'était fini. Elle pourrait le perdre, ou se perdre elle-même, ou les deux à la fois. Prudemment, elle gagna sa table d'écriture, surveillant ses gestes, s'attachant à mesurer ses pensées, à contrôler le tremblement de ses mains, à rassembler posément toutes ses pensées.
Deux heures plus tard, elle en était toujours à réfléchir. Les paumes à plat sur le bois brûlant où était-ce la peau de ses mains, qui suintait de chaleur elle avait les yeux rivés sur la table, perdue dans des réflexions qui lui courbaient les sourcils et lui martelaient le front. Enfin, elle releva la nuque, poussa un soupir, attrapa plume et encrier et coucha quelques mots insipides et quelconques sur le vélin.
Mais aujourd'hui était jour de victoire. Et bien qu'on lui ait appris, plus jeune, que crier victoire trop vite était la plus sotte des réactions, elle ne pouvait s'empêcher d'arborer la mine ravie de ceux qui savent qu'ils ont gagné. La surprise était bonne. Excellente. Elle avait attendu ce genre de lettre des années durant. Elle s'était mise, même, à ne plus l'espérer, elle s'était résignée à l'idée de ne jamais pouvoir remédier à sa colère et à ses peurs.
Au pas de course, elle parcourait les couloirs de sa demeure de Decize, le fameux vélin à la main. Il fallait réagir. Vite. Avant qu'il ne s'échappe à nouveau. La lettre disait « peut-être ». Mais jamais on ne lui avait servi de « peut-être », jamais encore on ne lui avait dit qu'un homme du même nom que celui qu'elle recherchait avait été repéré. Jamais il n'y avait eu autant de détails concrets. C'était forcément lui. Enfin.
Arrivée à ses appartements, elle en claqua la porte derrière elle. Un instant, elle resta le dos appuyé contre le battant, tâchant de contrôler le tapage de son cur et de se refroidir les sens. Une erreur, et c'était fini. Elle pourrait le perdre, ou se perdre elle-même, ou les deux à la fois. Prudemment, elle gagna sa table d'écriture, surveillant ses gestes, s'attachant à mesurer ses pensées, à contrôler le tremblement de ses mains, à rassembler posément toutes ses pensées.
Deux heures plus tard, elle en était toujours à réfléchir. Les paumes à plat sur le bois brûlant où était-ce la peau de ses mains, qui suintait de chaleur elle avait les yeux rivés sur la table, perdue dans des réflexions qui lui courbaient les sourcils et lui martelaient le front. Enfin, elle releva la nuque, poussa un soupir, attrapa plume et encrier et coucha quelques mots insipides et quelconques sur le vélin.
Citation:
Monsieur,
J'ai entendu parler de vous. Votre aide me serait précieuse pour une affaire qui requiert les services d'une personne de votre trempe.
Pouvez-vous vous rendre à Paris ? A mes frais, cela s'entend.
Cela s'entend, également, que je saurai me montrer reconnaissant : pour répondre à mon appel, et pour réussir dans ce que je vous demanderai.
Comprenez mon anonymat.
A vous voir.
Nobles salutations.
J'ai entendu parler de vous. Votre aide me serait précieuse pour une affaire qui requiert les services d'une personne de votre trempe.
Pouvez-vous vous rendre à Paris ? A mes frais, cela s'entend.
Cela s'entend, également, que je saurai me montrer reconnaissant : pour répondre à mon appel, et pour réussir dans ce que je vous demanderai.
Comprenez mon anonymat.
A vous voir.
Nobles salutations.
Pas de scel, rien qui puisse la trahir, même son écriture, involontairement, n'était pas la même : elle y avait mis une espèce d'application attentive qui arrondissait ses lettres d'ordinaires tranchantes et modelées à la hâte. Elle appela l'intendant, homme de confiance, et lui donna le pli, ainsi que de l'or.
Donne ceci à quelqu'un en qui tu crois. Qui la donnera à quelqu'un en qui il croit mais que tu ne connais pas. Il ne lui donnera que le nom du destinataire de la lettre et le lieu où il peut le trouver. Donne au premier assez pour qu'il t'écoute et t'obéisse. Donne-lui aussi assez pour le dernier, mais moins, pour que le premier ne se sente pas lésé. Assez, pourtant, pour que ce dernier puisse aller, revenir, et se sentir gagnant de l'histoire. Cela fait beaucoup d'argent.
Elle s'arrêta un instant pour réfléchir.
Promets-leur en davantage s'ils me ramènent une réponse. De la même façon, mais à l'envers. Et si je n'ai pas de réponse et que je me sens moi-même lésée, c'est toi qui devras me rendre des comptes.
Elle sourit, hocha la tête. Il fallait que tout se déroule normalement.
Sinon, c'est elle qui irait en Guyenne le sortir de son trou. Elle était prête à le faire. La colère, et la haine, autorisaient bien des choses.
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