Clemence.de.lepine
La missive l'avait trouvée à Decize. C'était un gris et froid matin d'automne, l'on sentait venir novembre, pâle mois incolore où chênes et hêtres abandonnent la chaleur du brun et du roux pour laisser venir humblement le règne des conifères. Mais sans blanc manteau, car il est encore un peu tôt, les épines apparaissent plus vulnérables sous les assauts opiniâtres de la bise piquante et le paysage ainsi décharné quelque peu désolant.
Ce matin là, Clémence avait décidé d'accompagner veneurs et valets de chiens pour l'entraînement de cette nouvelle meute qu'elle s'était constituée. De tout jeunes chiens courants, pour la grande vénerie, et ô chose étrange, elle avait choisi un griffon, le Fauve de Bretagne. Ils seraient éduqués à chasser le sanglier, laboureurs de cultures, nuisibles et féroces, suite aux plaintes répétées des paysans et, de fait, aux délits de braconnage croissants. Exterminons le sanglier, donc, et servons-le au dîner. C'est, alors, montée sur son coursier navarin agile et endurant, les joues rougies par le vent, les doigts gourds sur les rênes, qu'elle reçut la missive dont nous parlions au début.
A regret, elle laissa les campagnes nivernaises, se changea, s'entoura de gardes et non plus de chasseurs, et laissa le cheval à l'écurie pour préférer la petite jument, haquenée fébrile et farouche au trot souple mais rapide. On la mandait ailleurs, elle s'y rendrait, redoutant presque la raison qui pouvait inciter la princesse Armoria à la faire chercher aussi tôt. Et, tandis qu'après quelques heures de chevauchée elle démontait dans la cour du château de Ménessaire, livrant sa monture aux bons soins des palefreniers, elle hésita un instant à repartir tant qu'on ne l'avait pas encore annoncée.
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Ce matin là, Clémence avait décidé d'accompagner veneurs et valets de chiens pour l'entraînement de cette nouvelle meute qu'elle s'était constituée. De tout jeunes chiens courants, pour la grande vénerie, et ô chose étrange, elle avait choisi un griffon, le Fauve de Bretagne. Ils seraient éduqués à chasser le sanglier, laboureurs de cultures, nuisibles et féroces, suite aux plaintes répétées des paysans et, de fait, aux délits de braconnage croissants. Exterminons le sanglier, donc, et servons-le au dîner. C'est, alors, montée sur son coursier navarin agile et endurant, les joues rougies par le vent, les doigts gourds sur les rênes, qu'elle reçut la missive dont nous parlions au début.
A regret, elle laissa les campagnes nivernaises, se changea, s'entoura de gardes et non plus de chasseurs, et laissa le cheval à l'écurie pour préférer la petite jument, haquenée fébrile et farouche au trot souple mais rapide. On la mandait ailleurs, elle s'y rendrait, redoutant presque la raison qui pouvait inciter la princesse Armoria à la faire chercher aussi tôt. Et, tandis qu'après quelques heures de chevauchée elle démontait dans la cour du château de Ménessaire, livrant sa monture aux bons soins des palefreniers, elle hésita un instant à repartir tant qu'on ne l'avait pas encore annoncée.
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