Aldraien
« Chaque douleur est une mémoire. » *
Le regard émeraude tournant à lacier veut tout dire : elle veut apprendre. Elle veut pouvoir défendre les siens et leur empêcher de voir quoi que ce soit leur arriver encore. Trop souvent, elle les avait vu se faire blesser, sous son nez, alors quelle était restée tellement impuissante face à ça, tellement inutile que ça en était ridicule. Elle navait pas le droit dénoncer ses grands principes, ses grandes valeurs quelle prétendait défendre au prix de sa vie sil le fallait, alors quelle navait pas la puissance de les faire respecter.
Elric pouvait lui donner cela.
Malgré les années qui pesaient sur ses épaules, la rousse savait quelle pouvait compter sur lui et quil ferait tout ce qui est en son pouvoir pour lui permettre de faire respecter la parole dune Carsenac. Parce que cest ainsi, il est lié à sa famille; et même si lainée de celle-ci est loin dimaginer lampleur de ce lien qui les unit, elle lui fait confiance et le Très-Haut à quel point cette confiance est dure à acquérir. Mais elle reconnaissait un père en cet homme, et elle comprenait de mieux en mieux lamour que pouvait porter Sindanarie à son Intendant. Il avait aimé sa mère, Aliénor, cela crevait les yeux et la rousse lavait remarqué dès la première rencontre, où il lui avait parlé de la femme qui lavait mise au monde. Il était sans aucun doute celui qui avait le mieux connu la belle Carsenac qui sétait mariée avec un marchand; et il était encore en vie avec ça. Quelque part il lui retirait ce sentiment quelle avait de se sentir orpheline, chose quelle était au final, mais quelle ne réalisait que petit à petit.
- Je sais à quoi ça peut ressembler. Jai déjà vu ma cousine se battre, je me suis même déjà battue contre elle, et elle a eu raison de moi, malgré toute lexpérience que jai pu avoir. Jai remarqué quelle ne portait que des armures légères, et je les préfères moi aussi Même si cela est bien plus dangereux. Je nai pas cette aisance à éviter les lames Je te promets que je travaillerai autant que nécessaire pour apprendre.
Foi de Carsenac. Elle a toujours été plus exposée que la grande majorité des gens, parce quelle a toujours cette tendance à vouloir se mettre en avant, à foncer dans le tas pour défaire lennemi. Parce quen bataille, elle a toujours cette impulsivité quelle a réussi à contrôler en paroles. Diplomate, oui, mais toujours piètre combattante. Elle veut devenir une crainte pour ses ennemis, elle veut les voir trembler en la voyant arriver. Elle veut les voir fuir leur destin pour ne pas avoir à laffronter, acquérir une réputation qui ira bien au-delà des frontières de la Bretagne et dissuadera les hommes de vouloir prendre lépée contre elle.
Elric pouvait lui permettre dacquérir cette force.
A sa dernière phrase, elle répond dun sourire épuisé, et lâche sa main pour la porter au visage du vieil Intendant, lui offrant une caresse tendre, de celles quil a sans doute rêvé de recevoir de sa défunte mère. Elle lui est reconnaissante et le lui montre; sa condition de blessée mettant à nue toutes ses émotions que doit transmettre la main dune pâleur et dun froid de mort qui est posée sur la joue du vieil homme aux prunelles sombres quelle accroche de son propre regard, mettant un mot -un seul- sur ce quelle ressent.
- Merci
Et finalement, la main quitte la joue après une dernière caresse pour retourner sur les lettres de sa cousine quelle a laissé de côté après que la nouvelle de la blessure de Sindanarie soit parvenue à ses oreilles. Elle les parcourt une par une, dans lordre darrivée. Les souvenirs arrivent en un flot discontinu, se rappelant des erreurs quelle a pu faire, dAymeric dont elle était tombée éperdument amoureuse, au risque de perdre les personnes qui comptaient le plus pour elle, avant de se faire abandonner sur un champ de bataille parce quelle avait voulu défendre ses valeurs, quitte à se lancer dans un combat perdu davance.
Oui, elle ne pouvait pas ne pas laimer. Ce qui linquiétait, justement, cétait quelle en avait souffert, en fin de compte, et elle ne voulait pas que sa cousine subisse la même souffrance. Parce quelle savait que cétait déjà arrivé, et que la brune sétait forgée une carapace, une forteresse, justement pour éviter que cela ne se reproduise à nouveau. Et Pierre-Louis, en qui elle navait aucune confiance, avait réussi à passer outre les défenses de la cadette des Carsenac, ce qui linquiétait au plus haut point. Une de ses surs avait déjà souffert du comportement de cet homme, elle refusait de voir cela se reproduire.
De cette lettre transparait lamour quelle lui porte et quelle lui transmet clairement Comme elle sen veut, la rousse, dêtre si loin delle à ce moment.
Deuxième lettre Le choc. La brune est enceinte. Elle a, en elle, un petit peu de son sang qui grandissait pour former un être. Un petit être quelle-même portait quelques jours auparavant et qui avait disparu à présent. Qui avait rejoins le Très-Haut, ou autre chose, quimporte ? Celle qui aurait dû être sa fille nétait plus là à présent, et elle sen voulait terriblement. Le fait que lenfant que portait sa cousine soit de Pierre-Louis lui effleure à peine lesprit : Elle craint pour cet enfant. Maintenant quelle a dû surmonter elle-même la perte de celui-ci, elle ne peut que constater la fragilité dune vie; et les larmes coulent sur ses joues sans quelle puisse les arrêter. Elle aurait tellement voulu pouvoir sauver cet enfant ! Son enfant !
Elle a à peine la force de lire les derniers plis, tant elle semble suffoquer sous les larmes dun deuil injuste qui naurait pas dû exister. Sa cousine sen veut de porter cette vie quon lui a arraché, mais la rousse souffrirait encore plus de savoir que deux vies ont été prises à sa famille, de savoir que sa cousine également connaissait cette douleur insupportable.
La Capitaine capitule; peut être plus tard aurait-elle la force décrire à sa cousine. Pour lheure, elle met les lettres de côté et ferme les yeux sur sa tristesse, sur le vide de son ventre, sur la vie qui la quitté. Sur la mère quelle aurait pu être.
« La douleur est aussi nécessaire que la mort. »**
Plusieurs jours de repos quelle sétait vue imposer, il ny avait pas fallu beaucoup la forcer pour cela, elle avait du mal à rester éveillée plus de quelques heures daffilée. Ses moments déveil étaient consacrés à se nourrir et à écouter le médicastre, à écouter Elric, et à pester parce quelle ne pouvait toujours pas se lever et commencer à sentrainer pour sendurcir à nouveau; puis le sommeil la prenait à nouveau. Jusquau jour où un grognement plus proche du rugissement la sortit de son sommeil, et quelle ouvrit les yeux pour découvrir le dos de lIntendant sortant de la pièce.
Il lui fallut quelques secondes avant de se rendre compte quelle était seule, un pli froissé juste à côté delle, et dans sa main un bouchon. Un bouchon Elisa était-elle dans les environs ? Avait-elle fait le chemin jusque là, bravant les armées ennemies pour se rendre à ses côtés ? Non, impossible Le pli le lui confirme, il vient delle. Elle reconnait immédiatement lécriture de la Chancelière et cligne quelques fois des yeux pour enlever le brouillard devant ceux-ci avant de commencer sa lecture. Elle comprend rapidement les différentes allusions, les différents « il » qui composaient cette lettre, car ils étaient bien plusieurs. Bruenor, et Pierre-Louis. Pierre-Louis Il avait donc bel et bien pris sa cousine pour une buse, tout comme il sétait moqué dElisa.
Une brusque pulsion de meurtre montait en elle, et lenvie de se lever, maintenant, pour aller faire ravaler ses belles paroles à labruti de Vicomte qui avait osé briser le cur des deux femmes qui comptaient le plus pour elle, quitte à traverser le Royaume tout entier pour le faire.
Visiblement Elric avait eu la même pulsion quelle, elle le remarqua tout de suite alors quil entrait dans la tente où elle était censée se reposer. Il navait même pas besoin de lui dire, rien quà son expression elle le savait furieux, et elle pouvait dès lors facilement deviner que la lettre quelle avait lu avait été parcourue par lui avant elle.
Il lui montre le passage de la lettre, mais elle a déjà compris. Elle a déjà compris ce quil veut lui montrer. Elle ne voit que le carmin qui séchappe des jointures, et elle pose sa main sur son poignet, son regard inquiet sur lui. Parfois, elle serait presque tentée de lappeler petiot, tant ses réactions lui font penser à celles de Sindanarie; mais pour le moment elle le regarde. Elle est encore bien pâle, et pourtant elle a retrouvé de la vigueur comparés aux premiers jours après sa blessure, elle a retrouvé la force de lui parler.
- Elric Si ce nest pas toi qui écrit cette lettre, cest moi. Et jimagine quelle técoutera plus que moi, elle croirait que je veux simplement me venger de lui après ce quil a fait à Elisa, et ce nest pas le cas, tu as pu lire par toi-même Cet homme est une ordure Tu as mon autorisation, ouvre lui les yeux. Fais tout ce quil faut pour quelle ne fasse pas cette bêtise. Mais avant Fais un bandage à ta main.
Et dans son autre main, elle tient toujours le bouchon, cadeau envoyé par une Princesse blessée, qui malgré tout cherche toujours à faire le bien autour delle. Par une Princesse qui est sa sur, et quelle aime sans aucun doute au-delà du raisonnable, comme elle aime son propre sang. Elle lui écrirait, bientôt, quand elle aura réglé cette affaire avec le traître.
Comme elle regrettait de ne pas être en Touraine à cet instant bien précis ! Elle lui aurait fait payer par le sang le prix à payer pour avoir fait du mal aux siens. Elle aurait mis en application la promesse quelle lui avait fait, un jour, alors quelle venait tout juste dapprendre le mariage à venir. Il navait plus intérêt à sapprocher delles Car maintenant, elle en était sûre, il ne souhaitait que faire le mal et faire souffrir deux curs bien fragiles qui ne le méritaient pas, lune comme lautre.
Elric allait lui faire comprendre quon ne sen prenait pas aux Carsenac impunément, elle-même soccuperait den remettre une couche, sils revenaient un jour à se croiser.
* Eric Fottorino
** Voltaire
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Le regard émeraude tournant à lacier veut tout dire : elle veut apprendre. Elle veut pouvoir défendre les siens et leur empêcher de voir quoi que ce soit leur arriver encore. Trop souvent, elle les avait vu se faire blesser, sous son nez, alors quelle était restée tellement impuissante face à ça, tellement inutile que ça en était ridicule. Elle navait pas le droit dénoncer ses grands principes, ses grandes valeurs quelle prétendait défendre au prix de sa vie sil le fallait, alors quelle navait pas la puissance de les faire respecter.
Elric pouvait lui donner cela.
Malgré les années qui pesaient sur ses épaules, la rousse savait quelle pouvait compter sur lui et quil ferait tout ce qui est en son pouvoir pour lui permettre de faire respecter la parole dune Carsenac. Parce que cest ainsi, il est lié à sa famille; et même si lainée de celle-ci est loin dimaginer lampleur de ce lien qui les unit, elle lui fait confiance et le Très-Haut à quel point cette confiance est dure à acquérir. Mais elle reconnaissait un père en cet homme, et elle comprenait de mieux en mieux lamour que pouvait porter Sindanarie à son Intendant. Il avait aimé sa mère, Aliénor, cela crevait les yeux et la rousse lavait remarqué dès la première rencontre, où il lui avait parlé de la femme qui lavait mise au monde. Il était sans aucun doute celui qui avait le mieux connu la belle Carsenac qui sétait mariée avec un marchand; et il était encore en vie avec ça. Quelque part il lui retirait ce sentiment quelle avait de se sentir orpheline, chose quelle était au final, mais quelle ne réalisait que petit à petit.
- Je sais à quoi ça peut ressembler. Jai déjà vu ma cousine se battre, je me suis même déjà battue contre elle, et elle a eu raison de moi, malgré toute lexpérience que jai pu avoir. Jai remarqué quelle ne portait que des armures légères, et je les préfères moi aussi Même si cela est bien plus dangereux. Je nai pas cette aisance à éviter les lames Je te promets que je travaillerai autant que nécessaire pour apprendre.
Foi de Carsenac. Elle a toujours été plus exposée que la grande majorité des gens, parce quelle a toujours cette tendance à vouloir se mettre en avant, à foncer dans le tas pour défaire lennemi. Parce quen bataille, elle a toujours cette impulsivité quelle a réussi à contrôler en paroles. Diplomate, oui, mais toujours piètre combattante. Elle veut devenir une crainte pour ses ennemis, elle veut les voir trembler en la voyant arriver. Elle veut les voir fuir leur destin pour ne pas avoir à laffronter, acquérir une réputation qui ira bien au-delà des frontières de la Bretagne et dissuadera les hommes de vouloir prendre lépée contre elle.
Elric pouvait lui permettre dacquérir cette force.
A sa dernière phrase, elle répond dun sourire épuisé, et lâche sa main pour la porter au visage du vieil Intendant, lui offrant une caresse tendre, de celles quil a sans doute rêvé de recevoir de sa défunte mère. Elle lui est reconnaissante et le lui montre; sa condition de blessée mettant à nue toutes ses émotions que doit transmettre la main dune pâleur et dun froid de mort qui est posée sur la joue du vieil homme aux prunelles sombres quelle accroche de son propre regard, mettant un mot -un seul- sur ce quelle ressent.
- Merci
Et finalement, la main quitte la joue après une dernière caresse pour retourner sur les lettres de sa cousine quelle a laissé de côté après que la nouvelle de la blessure de Sindanarie soit parvenue à ses oreilles. Elle les parcourt une par une, dans lordre darrivée. Les souvenirs arrivent en un flot discontinu, se rappelant des erreurs quelle a pu faire, dAymeric dont elle était tombée éperdument amoureuse, au risque de perdre les personnes qui comptaient le plus pour elle, avant de se faire abandonner sur un champ de bataille parce quelle avait voulu défendre ses valeurs, quitte à se lancer dans un combat perdu davance.
Oui, elle ne pouvait pas ne pas laimer. Ce qui linquiétait, justement, cétait quelle en avait souffert, en fin de compte, et elle ne voulait pas que sa cousine subisse la même souffrance. Parce quelle savait que cétait déjà arrivé, et que la brune sétait forgée une carapace, une forteresse, justement pour éviter que cela ne se reproduise à nouveau. Et Pierre-Louis, en qui elle navait aucune confiance, avait réussi à passer outre les défenses de la cadette des Carsenac, ce qui linquiétait au plus haut point. Une de ses surs avait déjà souffert du comportement de cet homme, elle refusait de voir cela se reproduire.
De cette lettre transparait lamour quelle lui porte et quelle lui transmet clairement Comme elle sen veut, la rousse, dêtre si loin delle à ce moment.
Deuxième lettre Le choc. La brune est enceinte. Elle a, en elle, un petit peu de son sang qui grandissait pour former un être. Un petit être quelle-même portait quelques jours auparavant et qui avait disparu à présent. Qui avait rejoins le Très-Haut, ou autre chose, quimporte ? Celle qui aurait dû être sa fille nétait plus là à présent, et elle sen voulait terriblement. Le fait que lenfant que portait sa cousine soit de Pierre-Louis lui effleure à peine lesprit : Elle craint pour cet enfant. Maintenant quelle a dû surmonter elle-même la perte de celui-ci, elle ne peut que constater la fragilité dune vie; et les larmes coulent sur ses joues sans quelle puisse les arrêter. Elle aurait tellement voulu pouvoir sauver cet enfant ! Son enfant !
Elle a à peine la force de lire les derniers plis, tant elle semble suffoquer sous les larmes dun deuil injuste qui naurait pas dû exister. Sa cousine sen veut de porter cette vie quon lui a arraché, mais la rousse souffrirait encore plus de savoir que deux vies ont été prises à sa famille, de savoir que sa cousine également connaissait cette douleur insupportable.
La Capitaine capitule; peut être plus tard aurait-elle la force décrire à sa cousine. Pour lheure, elle met les lettres de côté et ferme les yeux sur sa tristesse, sur le vide de son ventre, sur la vie qui la quitté. Sur la mère quelle aurait pu être.
« La douleur est aussi nécessaire que la mort. »**
Plusieurs jours de repos quelle sétait vue imposer, il ny avait pas fallu beaucoup la forcer pour cela, elle avait du mal à rester éveillée plus de quelques heures daffilée. Ses moments déveil étaient consacrés à se nourrir et à écouter le médicastre, à écouter Elric, et à pester parce quelle ne pouvait toujours pas se lever et commencer à sentrainer pour sendurcir à nouveau; puis le sommeil la prenait à nouveau. Jusquau jour où un grognement plus proche du rugissement la sortit de son sommeil, et quelle ouvrit les yeux pour découvrir le dos de lIntendant sortant de la pièce.
Il lui fallut quelques secondes avant de se rendre compte quelle était seule, un pli froissé juste à côté delle, et dans sa main un bouchon. Un bouchon Elisa était-elle dans les environs ? Avait-elle fait le chemin jusque là, bravant les armées ennemies pour se rendre à ses côtés ? Non, impossible Le pli le lui confirme, il vient delle. Elle reconnait immédiatement lécriture de la Chancelière et cligne quelques fois des yeux pour enlever le brouillard devant ceux-ci avant de commencer sa lecture. Elle comprend rapidement les différentes allusions, les différents « il » qui composaient cette lettre, car ils étaient bien plusieurs. Bruenor, et Pierre-Louis. Pierre-Louis Il avait donc bel et bien pris sa cousine pour une buse, tout comme il sétait moqué dElisa.
Une brusque pulsion de meurtre montait en elle, et lenvie de se lever, maintenant, pour aller faire ravaler ses belles paroles à labruti de Vicomte qui avait osé briser le cur des deux femmes qui comptaient le plus pour elle, quitte à traverser le Royaume tout entier pour le faire.
Visiblement Elric avait eu la même pulsion quelle, elle le remarqua tout de suite alors quil entrait dans la tente où elle était censée se reposer. Il navait même pas besoin de lui dire, rien quà son expression elle le savait furieux, et elle pouvait dès lors facilement deviner que la lettre quelle avait lu avait été parcourue par lui avant elle.
Il lui montre le passage de la lettre, mais elle a déjà compris. Elle a déjà compris ce quil veut lui montrer. Elle ne voit que le carmin qui séchappe des jointures, et elle pose sa main sur son poignet, son regard inquiet sur lui. Parfois, elle serait presque tentée de lappeler petiot, tant ses réactions lui font penser à celles de Sindanarie; mais pour le moment elle le regarde. Elle est encore bien pâle, et pourtant elle a retrouvé de la vigueur comparés aux premiers jours après sa blessure, elle a retrouvé la force de lui parler.
- Elric Si ce nest pas toi qui écrit cette lettre, cest moi. Et jimagine quelle técoutera plus que moi, elle croirait que je veux simplement me venger de lui après ce quil a fait à Elisa, et ce nest pas le cas, tu as pu lire par toi-même Cet homme est une ordure Tu as mon autorisation, ouvre lui les yeux. Fais tout ce quil faut pour quelle ne fasse pas cette bêtise. Mais avant Fais un bandage à ta main.
Et dans son autre main, elle tient toujours le bouchon, cadeau envoyé par une Princesse blessée, qui malgré tout cherche toujours à faire le bien autour delle. Par une Princesse qui est sa sur, et quelle aime sans aucun doute au-delà du raisonnable, comme elle aime son propre sang. Elle lui écrirait, bientôt, quand elle aura réglé cette affaire avec le traître.
Comme elle regrettait de ne pas être en Touraine à cet instant bien précis ! Elle lui aurait fait payer par le sang le prix à payer pour avoir fait du mal aux siens. Elle aurait mis en application la promesse quelle lui avait fait, un jour, alors quelle venait tout juste dapprendre le mariage à venir. Il navait plus intérêt à sapprocher delles Car maintenant, elle en était sûre, il ne souhaitait que faire le mal et faire souffrir deux curs bien fragiles qui ne le méritaient pas, lune comme lautre.
Elric allait lui faire comprendre quon ne sen prenait pas aux Carsenac impunément, elle-même soccuperait den remettre une couche, sils revenaient un jour à se croiser.
* Eric Fottorino
** Voltaire
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