Afficher le menu
Information and comments (0)
<<   <   1, 2   >>

[RP] Puisque rien ne dure.

Aldraien
« Chaque douleur est une mémoire. » *

Le regard émeraude tournant à l’acier veut tout dire : elle veut apprendre. Elle veut pouvoir défendre les siens et leur empêcher de voir quoi que ce soit leur arriver encore. Trop souvent, elle les avait vu se faire blesser, sous son nez, alors qu’elle était restée tellement impuissante face à ça, tellement inutile que ça en était ridicule. Elle n’avait pas le droit d’énoncer ses grands principes, ses grandes valeurs qu’elle prétendait défendre au prix de sa vie s’il le fallait, alors qu’elle n’avait pas la puissance de les faire respecter.
Elric pouvait lui donner cela.
Malgré les années qui pesaient sur ses épaules, la rousse savait qu’elle pouvait compter sur lui et qu’il ferait tout ce qui est en son pouvoir pour lui permettre de faire respecter la parole d’une Carsenac. Parce que c’est ainsi, il est lié à sa famille; et même si l’ainée de celle-ci est loin d’imaginer l’ampleur de ce lien qui les unit, elle lui fait confiance et le Très-Haut à quel point cette confiance est dure à acquérir. Mais elle reconnaissait un père en cet homme, et elle comprenait de mieux en mieux l’amour que pouvait porter Sindanarie à son Intendant. Il avait aimé sa mère, Aliénor, cela crevait les yeux et la rousse l’avait remarqué dès la première rencontre, où il lui avait parlé de la femme qui l’avait mise au monde. Il était sans aucun doute celui qui avait le mieux connu la belle Carsenac qui s’était mariée avec un marchand; et il était encore en vie avec ça. Quelque part il lui retirait ce sentiment qu’elle avait de se sentir orpheline, chose qu’elle était au final, mais qu’elle ne réalisait que petit à petit.


- Je sais à quoi ça peut ressembler. J’ai déjà vu ma cousine se battre, je me suis même déjà battue contre elle, et elle a eu raison de moi, malgré toute l’expérience que j’ai pu avoir. J’ai remarqué qu’elle ne portait que des armures légères, et je les préfères moi aussi…Même si cela est bien plus dangereux. Je n’ai pas cette aisance à éviter les lames…Je te promets que je travaillerai autant que nécessaire pour apprendre.

Foi de Carsenac. Elle a toujours été plus exposée que la grande majorité des gens, parce qu’elle a toujours cette tendance à vouloir se mettre en avant, à foncer dans le tas pour défaire l’ennemi. Parce qu’en bataille, elle a toujours cette impulsivité qu’elle a réussi à contrôler en paroles. Diplomate, oui, mais toujours piètre combattante. Elle veut devenir une crainte pour ses ennemis, elle veut les voir trembler en la voyant arriver. Elle veut les voir fuir leur destin pour ne pas avoir à l’affronter, acquérir une réputation qui ira bien au-delà des frontières de la Bretagne et dissuadera les hommes de vouloir prendre l’épée contre elle.
Elric pouvait lui permettre d’acquérir cette force.
A sa dernière phrase, elle répond d’un sourire épuisé, et lâche sa main pour la porter au visage du vieil Intendant, lui offrant une caresse tendre, de celles qu’il a sans doute rêvé de recevoir de sa défunte mère. Elle lui est reconnaissante et le lui montre; sa condition de blessée mettant à nue toutes ses émotions que doit transmettre la main d’une pâleur et d’un froid de mort qui est posée sur la joue du vieil homme aux prunelles sombres qu’elle accroche de son propre regard, mettant un mot -un seul- sur ce qu’elle ressent.


- Merci…

Et finalement, la main quitte la joue après une dernière caresse pour retourner sur les lettres de sa cousine qu’elle a laissé de côté après que la nouvelle de la blessure de Sindanarie soit parvenue à ses oreilles. Elle les parcourt une par une, dans l’ordre d’arrivée. Les souvenirs arrivent en un flot discontinu, se rappelant des erreurs qu’elle a pu faire, d’Aymeric dont elle était tombée éperdument amoureuse, au risque de perdre les personnes qui comptaient le plus pour elle, avant de se faire abandonner sur un champ de bataille parce qu’elle avait voulu défendre ses valeurs, quitte à se lancer dans un combat perdu d’avance.
Oui, elle ne pouvait pas ne pas l’aimer. Ce qui l’inquiétait, justement, c’était qu’elle en avait souffert, en fin de compte, et elle ne voulait pas que sa cousine subisse la même souffrance. Parce qu’elle savait que c’était déjà arrivé, et que la brune s’était forgée une carapace, une forteresse, justement pour éviter que cela ne se reproduise à nouveau. Et Pierre-Louis, en qui elle n’avait aucune confiance, avait réussi à passer outre les défenses de la cadette des Carsenac, ce qui l’inquiétait au plus haut point. Une de ses sœurs avait déjà souffert du comportement de cet homme, elle refusait de voir cela se reproduire.
De cette lettre transparait l’amour qu’elle lui porte et qu’elle lui transmet clairement…Comme elle s’en veut, la rousse, d’être si loin d’elle à ce moment.

Deuxième lettre…Le choc. La brune est enceinte. Elle a, en elle, un petit peu de son sang qui grandissait pour former un être. Un petit être qu’elle-même portait quelques jours auparavant et qui avait disparu à présent. Qui avait rejoins le Très-Haut, ou autre chose, qu’importe ? Celle qui aurait dû être sa fille n’était plus là à présent, et elle s’en voulait terriblement. Le fait que l’enfant que portait sa cousine soit de Pierre-Louis lui effleure à peine l’esprit : Elle craint pour cet enfant. Maintenant qu’elle a dû surmonter elle-même la perte de celui-ci, elle ne peut que constater la fragilité d’une vie; et les larmes coulent sur ses joues sans qu’elle puisse les arrêter. Elle aurait tellement voulu pouvoir sauver cet enfant ! Son enfant !
Elle a à peine la force de lire les derniers plis, tant elle semble suffoquer sous les larmes d’un deuil injuste qui n’aurait pas dû exister. Sa cousine s’en veut de porter cette vie qu’on lui a arraché, mais la rousse souffrirait encore plus de savoir que deux vies ont été prises à sa famille, de savoir que sa cousine également connaissait cette douleur insupportable.
La Capitaine capitule; peut être plus tard aurait-elle la force d’écrire à sa cousine. Pour l’heure, elle met les lettres de côté et ferme les yeux sur sa tristesse, sur le vide de son ventre, sur la vie qui l’a quitté. Sur la mère qu’elle aurait pu être.

« La douleur est aussi nécessaire que la mort. »**

Plusieurs jours de repos qu’elle s’était vue imposer, il n’y avait pas fallu beaucoup la forcer pour cela, elle avait du mal à rester éveillée plus de quelques heures d’affilée. Ses moments d’éveil étaient consacrés à se nourrir et à écouter le médicastre, à écouter Elric, et à pester parce qu’elle ne pouvait toujours pas se lever et commencer à s’entrainer pour s’endurcir à nouveau; puis le sommeil la prenait à nouveau. Jusqu’au jour où un grognement plus proche du rugissement la sortit de son sommeil, et qu’elle ouvrit les yeux pour découvrir le dos de l’Intendant sortant de la pièce.
Il lui fallut quelques secondes avant de se rendre compte qu’elle était seule, un pli froissé juste à côté d’elle, et dans sa main…un bouchon. Un bouchon…Elisa était-elle dans les environs ? Avait-elle fait le chemin jusque là, bravant les armées ennemies pour se rendre à ses côtés ? Non, impossible…Le pli le lui confirme, il vient d’elle. Elle reconnait immédiatement l’écriture de la Chancelière et cligne quelques fois des yeux pour enlever le brouillard devant ceux-ci avant de commencer sa lecture. Elle comprend rapidement les différentes allusions, les différents « il » qui composaient cette lettre, car ils étaient bien plusieurs. Bruenor, et Pierre-Louis. Pierre-Louis…Il avait donc bel et bien pris sa cousine pour une buse, tout comme il s’était moqué d’Elisa.

Une brusque pulsion de meurtre montait en elle, et l’envie de se lever, maintenant, pour aller faire ravaler ses belles paroles à l’abruti de Vicomte qui avait osé briser le cœur des deux femmes qui comptaient le plus pour elle, quitte à traverser le Royaume tout entier pour le faire.
Visiblement Elric avait eu la même pulsion qu’elle, elle le remarqua tout de suite alors qu’il entrait dans la tente où elle était censée se reposer. Il n’avait même pas besoin de lui dire, rien qu’à son expression elle le savait furieux, et elle pouvait dès lors facilement deviner que la lettre qu’elle avait lu avait été parcourue par lui avant elle.
Il lui montre le passage de la lettre, mais elle a déjà compris. Elle a déjà compris ce qu’il veut lui montrer. Elle ne voit que le carmin qui s’échappe des jointures, et elle pose sa main sur son poignet, son regard inquiet sur lui. Parfois, elle serait presque tentée de l’appeler petiot, tant ses réactions lui font penser à celles de Sindanarie; mais pour le moment elle le regarde. Elle est encore bien pâle, et pourtant elle a retrouvé de la vigueur comparés aux premiers jours après sa blessure, elle a retrouvé la force de lui parler.


- Elric…Si ce n’est pas toi qui écrit cette lettre, c’est moi. Et j’imagine qu’elle t’écoutera plus que moi, elle croirait que je veux simplement me venger de lui après ce qu’il a fait à Elisa, et ce n’est pas le cas, tu as pu lire par toi-même…Cet homme est une ordure…Tu as mon autorisation, ouvre lui les yeux. Fais tout ce qu’il faut pour qu’elle ne fasse pas cette bêtise. Mais avant…Fais un bandage à ta main.

Et dans son autre main, elle tient toujours le bouchon, cadeau envoyé par une Princesse blessée, qui malgré tout cherche toujours à faire le bien autour d’elle. Par une Princesse qui est sa sœur, et qu’elle aime sans aucun doute au-delà du raisonnable, comme elle aime son propre sang. Elle lui écrirait, bientôt, quand elle aura réglé cette affaire avec le traître.
Comme elle regrettait de ne pas être en Touraine à cet instant bien précis ! Elle lui aurait fait payer par le sang le prix à payer pour avoir fait du mal aux siens. Elle aurait mis en application la promesse qu’elle lui avait fait, un jour, alors qu’elle venait tout juste d’apprendre le mariage à venir. Il n’avait plus intérêt à s’approcher d’elles…Car maintenant, elle en était sûre, il ne souhaitait que faire le mal et faire souffrir deux cœurs bien fragiles qui ne le méritaient pas, l’une comme l’autre.
Elric allait lui faire comprendre qu’on ne s’en prenait pas aux Carsenac impunément, elle-même s’occuperait d’en remettre une couche, s’ils revenaient un jour à se croiser.



* Eric Fottorino
** Voltaire

_________________
--Elric_lesang
Curieux, comme la douleur rapproche les gens. Qui aurait cru qu'un jour, une femme réagissant en bête blessée à son arrivée se retrouverait là, à tenir un poignet qui aurait volontiers retourné une mandale à quiconque aurait un tant soit peu poussé l'intendant des Cars ? Curieuse situation, vraiment. Et il aurait été étrange pour Elric d'analyser ces gestes doux, caressants même, que lui avait en deux occasions si rapprochées prodigué la rousse dont il devait se faire l'ombre avant de la laisser s'éloigner. Sauf qu'en l'état où il se trouve, l'ancien mercenaire n'a pas le temps de cogiter sur la main à présent fragile qui enserre son poignet (contrairement à la caresse sur sa joue, qui lui a plus que largement donné à penser) : il a besoin, par ordre alphabétique à défaut de dégager une priorité nette, de défoncer un crâne et d'écrire à celle qu'il a élevée.

Mais il doit aussi, et tant qu'il y est il s'y met, à rassurer la rousse qui a l'air de croire que sa cousine la prendrait pour une menteuse. Incroyable, c'qu'il faut entendre, d'nos jours... Bon, il ne va pas lui dire que des deux, c'est probablement Aldraien la plus diplomatique mais Sindanarie la plus retorse, ce qui place la probabilité de mensonge du côté de la brune... Il va juste le penser très fort. L'une influence, l'autre manipule. Subtile distinction qui n'a pas vraiment sa place dans ce qu'il va lui répondre, pour la simple et bonne raison que pareilles réflexions (comme celle sur les gestes tendres) ne reviendront qu'après qu'il ait pu écrire cette foutue lettre. Grognement étouffé en guise de préambule, le vieux répond donc à la blessée :


Elle croirait jamais ça de toi. Elle douterait, oui, elle chercherait quelque chose qui pourrait expliquer... Ca, mais elle ne croirait pas que tu lui mentes. C'est pas ton genre, et elle le sait.

Bon. Maintenant, fallait passer aux choses sérieuses. Dans un baiser piqué sur le front de la Carsenac (qui y verrait à redire, puisqu'il était là pour veiller sur elle ?), il lui souffle tout de même, pour quelque obscure raison :

Si tu n'étais pas là, j'irais...

L'instant d'émotion doit passer. Quand même, il n'allait pas - encore - se laisser attendrir... Sur un vague "J'te ramène ça quand j'en aurai fini, faut qu'je puisse le copier", il se lève, embarquant au passage la lettre d'Elisa, et se prépare à écrire LA missive qu'il aurait voulu ne jamais écrire. Et, alors qu'il sort de la tente, bravache, il lance un dernier :

Et pas besoin d'bandage, j'en ai vu des pires !

Naméo, dirait la p'tiote. L'allait pas se laisser empapaouter par deux gouttes de sang suintant d'une articulation à la noix, non plus ! Tss, ces femmes, j'vous jure (il est possible que la mauvaise foi ait une part dans cette réaction de ce que l'on appellerait plus tard du machisme primaire). Bon, fallait admettre que ça faisait un peu mal, mais c'était si peu par rapport à ce qu'il allait devoir écrire... Alors l'intendant se calme comme il peut, s'isole. Commence à écrire. Et finit par envoyer une lettre, avant de rendre celle de la princesse à Aldraien.

Citation:
Sinda,

J'ai une bonne et une mauvaise nouvelle. La bonne, c'est que ta cousine s'est réveillée. Elle va mieux, elle reprend doucement des forces. Ne t'inquiète pas, je veille sur elle. Elle m'a même demandé de lui apprendre à se battre avec deux lames. Tu te souviens ? Ca faisait tellement rire Antoine quand je t'apprenais... Résultat, il n'est plus là pour continuer d'en rire, mais nous, si.

La mauvaise nouvelle est celle pour laquelle je t'écris. Ma toute petite... Quitte ton fiancé. Quitte-le immédiatement, quitte sa Vicomté, pars vite et prends garde de ne jamais y retourner. Cet homme t'a trompée. Depuis des semaines... Si j'avais su, ma tiote, si j'avais su, je te promets que je lui aurais cassé les dents quand il a osé venir parler de mariage avec toi et l'Abbesse de Bourganeuf, à Viam. Je crois qu'il te trompait déjà alors.

Je ne sors pas ça du fond d'un chapeau. J'avais eu quelques doutes sur lui, je t'en avais fait part et je peux comprendre que tu les aies balayés. Je n'avais pas de preuve... Je ne sais pas si j'aurais préféré ne pas en avoir, mais une m'est tombée entre les mains. Une lettre de son ancienne fiancée, la princesse Elisa, adressée à Aldraien. Par habitude, je l'ai lue (je lui ai lu tout son courrier, hormis les lettres que tu lui as envoyées, quand elle était inconsciente), et j'y ai vu très exactement ceci.

[Suit la copie du troisième paragraphe de la dernière lettre d'Elisa de Lahaye Malemort à Aldraien Carsenac]

Ma Sinda, je suis désolé de t'envoyer ça. Je te vois t'effondrer de là où je suis... Parce que tu sais que je ne te mentirais pas, non plus que cette femme n'avait de raison de mentir à ta cousine. Elles sont comme soeurs, malgré leur différence d'âge. Alors je le répète : quitte-le, immédiatement, dès que tu auras ces mots. Tu n'as pas à te justifier, il te trompe, montre-lui ce qu'est une Carsenac !

Debout !

Courage, ma Sinda. Achève de te remettre, et reviens passer ta convalescence chez toi, chez nous, si tu le peux. Sinon, sois sûre que je prierai pour toi.

Elric
Sindanarie
["C’est le temps seul qui révèle l’homme juste ; un seul jour dévoile le perfide."
Sophocle, Œdipe roi]


Les mains se crispent sur la lettre tout juste reçue. L'écriture, elle l'aurait reconnue entre mille, c'est celle de son mentor. Le style, lui, est plus inhabituel. Il n'a pas, ordinairement, ces précautions, et elle comprend soudain pourquoi en lisant la copie de mots d'Elisa. Même si Elric avait eu des doutes, même s'il avait émis des réserves sur la fiabilité d'un homme qui n'avait pas rechigné une première fois à prendre maîtresse alors qu'il était fiancé, elle n'y avait pas trop pris garde. Mais cela... Elric n'essaierait pas de lui faire prendre des vessies pour des lanternes, elle le savait. Alors le déferlement de douleur un instant retardé par le doute arrive. D'assise qu'elle était, la Carsenac se courbe, son front vient se poser sur la table de sa chambre à Château-Renault. Cette chambre qu'elle partageait, si peu de temps avant, avec son fiancé...

Cette fois, elle connait le remède. Sans un mot, réfrénant les larmes, elle se lève, va prendre dans sa besace le linge et la bande dont elle sait qu'elle aura besoin. Par impulsion, elle s'est déjà abimée une fois pour lui. Pour se souvenir, elle le fera une seconde fois. Bientôt tout est disposé. Sur la table, un feuillet et son nécessaire d'écriture, parce qu'il lui faudra bientôt laisser une lettre. A côté, le linge et la bande. Enfin, tirée de sa manche, la petite lame, si fine, si cruelle. La senestre posée, bien à plat, à cheval sur la feuille et le bois attend le coup. Une inspiration, une expiration. Contrôler la douleur.

Tac.

Le bruit mou de la peau déchirée est oublié quand la pointe vient buter contre le bois de la table. Rapidement écartée, pour éviter d'inonder le feuillet, la main de nouveau blessée y laisse tomber quelques gouttes pourpres auprès d'une tache qui entoure une entaille. Nette, et fine. La lame qui vient d'achever de tracer une croix sur le dos et dans la paume d'une main l'est assez pour passer entre deux os de la main. Cette fois, ça saigne plus que la première... Elle a dû toucher une veine. Qu'importe. Une fois les soins que Sindanarie anticipait achevés, comme dans un brouillard, elle se met à écrire de sa main pleinement valide. Elle ne se penche pas sur le feuillet, non. Sinon il verrait les larmes que lui seul a su lui arracher, depuis si longtemps. Les hommes ne pleurent pas, les pierres non plus, et l'Immortelle aspire, à cet instant précis, dans un ultime sursaut d'orgueil, à une sortie à peu près digne. Les mots sont tracés, et bientôt, le feuillet abandonné sur cette table reste la seule trace que la chambre a eu, un jour, Sindanarie Carsenac comme occupante. Toutes les autres disparaissent en un tour de main. L'habitude des campements, de tout rassembler le plus vite possible...

Rideau.


Citation:
A Pierre-Louis de Villefort, Vicomte de Château-Renault, Seigneur de La Morélie,
De Sindanarie Carsenac, Vicomtesse des Cars, Dame de Viam et du Freyssinet.
    Point de salut.

    Mon intendant m'a transmis un extrait d'une lettre de votre ancienne fiancée à ma cousine, sur laquelle il veille. A sa lecture, j'ai mesuré l'ampleur de ma bêtise et de votre duplicité. Vos protestations de fidélité n'étaient que des leurres, vos absences sans doute des prétextes pour aller visiter et courtiser celle qui vous était fiancée avant moi. Vous comprendrez donc que je me libère officiellement de tout engagement envers vous, et vous encourage à oublier jusqu'à mon existence.

    Courtisez-la, puisque vous la voulez, et ne m'approchez plus. N'essayez plus de m'envoyer quelque courrier que ce soit, n'essayez pas de me retrouver. Il ne sera pas ouvert, je vous éviterai. Vous m'avez trompée, et je ne peux vous le pardonner après les transports hypocrites dont vous m'avez régalée. Quels que soient mes sentiments et le lien que j'ai pu avoir avec vous, je fais une croix sur eux, comme celle qui est désormais gravée sur ma senestre.

    Et quand nous nous croiserons sur la Lune, ayez en tête une chose : je n'oublie jamais un bienfait, mais les trahisons restent plus longtemps encore dans ma mémoire.

A Château-Renault, pour la dernière fois.

S.C.



["La vérité est solitude. L'agonie est solitude."
Huguette Leblanc, La nuit des immensités]


Retour à Chinon. Il aurait été peu dire que, durant le trajet qui l'avait ramenée, à bride abattue, de Château-Renault à la ville où nombre de ses Frères et Soeurs, et compagnons d'armes au sens large, étaient encore retenus - littéralement - pour soigner leurs blessures, l'Immortelle en avait voulu à la terre entière. A elle-même, de n'avoir rien vu venir. A Elisa, de lui avoir rendu, au bout du compte, la monnaie de sa pièce. A Aldraien, d'avoir eu raison. A Bruenor, de ne pas lui avoir donné ce dont elle aurait eu besoin pour confondre plus tôt le traître. Au Très-Haut, même, de lui infliger pareille douleur alors qu'elle avait fait moins que bien d'autres pour l'offenser.

Sauf que... Sauf que dans le fond, le ressentiment et la colère se tournaient vers la même personne. Vers ce vassal de la Reine, qu'elle avait défendu bec et ongles quand elle l'avait senti attaqué, vers ce Vicomte de Château-Renault dont elle avait contribué à éviter l'éviction politique, vers ce Pierre-Louis de Villefort qui l'avait trompée avant même leur union. Brûlante de colère, la Carsenac avait repris ses quartiers à l'auberge chinonaise qu'elle fréquentait par intermittence jusque là. Elle avait reposé son paquetage, et elle avait filé vers un forgeron qui lui avait semblé faire un travail assez délicat pour ce qu'elle avait à lui demander. Monter sa matrice de sceau en bague, pour qu'elle n'ait plus jamais à s'en défaire.

Retour à l'auberge. Arrivée de la culpabilité. Impossible de rester seule, et impossible de voir du monde. Elle n'aurait pas supporté la compassion dans un quelconque regard. Et compassion il y aurait si l'on savait, dans l'immédiat. Elle avait besoin d'un peu de temps, oh, pas beaucoup... Deux ou trois jours. Après elle pourrait croiser des gens qu'elle connaissait. Alpaguant un gamin tourangeau, la Carsenac lui demanda de veiller, par une fenêtre de l'auberge et contre nourriture et boisson, afin de la prévenir si par hasard l'ancien Duc de Touraine répondant au nom de Villefort devait apparaître, ou si un membre d'Ordre royal venait à se montrer. Facile à reconnaître : un membre d'Ordre royal porte en général une cape frappée d'un symbole particulier, et ils se déplacent souvent en groupes. Fraternité.

Cette disposition prise, la Cavalière sait ce qui peut essayer d'apaiser un peu sa culpabilité. La colère, la douleur attendront. Avant tout, elle écrit, donc. Pas vraiment avec ses destinataires, mais pas complètement seule non plus, elle a trouvé le compromis qu'il lui faut, à ce moment précis. Et, une à une, elle égrène les lettres. Une fois la matrice de sceau ramenée, en état, par un apprenti du forgeron, elle peut sceller la première missive et envoyer les autres, une à une, à mesure qu'elle les achève. Un seul courrier du Limousin lui parvient alors qu'elle envoie à tous les concernés ce qu'il faut. L'ancienne fiancée, la cousine en priorité. Et ensuite, tous les autres, de la Sénéchalissime Lieutenanterie qui devait l'amener à l'autel à l'Abbesse de Bourganeuf qui devait officier, en passant par le mentor... Mélange de colère et de culpabilité, jusqu'à ce qu'elle se souvienne d'un surnom qu'elle avait entendu murmurer. Sindanarie la Flamboyante. Il faudrait qu'elle le soit, de nouveau. Pas seulement la loque qu'elle avait l'impression d'être. Peut-être une étincelle pourrait-elle encore lui donner une perspective, un projet à accomplir. Peut-être.


Citation:
A Elisa de Lahaye Malemort, Princesse de France,
De Sindanarie Carsenac,

Salutations.
    Je n'ose vous écrire qu'elles sont respectueuses après le tort que je vous ai causé, en dépit de toute l'estime que j'ai pour vous. Je pense que je vous écris, d'ailleurs, avant tout pour vous demander pardon du mal que je vous ai fait, même si je me doute qu'il ne peut y en avoir. A défaut, donc... Je vous prie uniquement d'achever la présente.

    Elric (mon intendant, vous l'avez sans doute croisé dans le sillage de ma cousine : je lui avais demandé de veiller sur elle en mon absence) m'a envoyé copie de quelques mots que vous avez adressé à ma cousine. Ces mots qui m'ont montré la trahison d'un homme que je pensais fidèle. Ils m'ont arraché les premières larmes que j'ai versé depuis le jour où il m'avait quitté pour vous revenir. Manifestement, il n'avait jamais vraiment renoncé à vous, malgré toutes ses belles paroles.

    Votre Altesse, sachez que je me retire. Je ne serai pas, je ne serai plus un obstacle pour vous, en aucune manière : j'abandonne tout espoir et toute prétention quant à cet homme. Je le hais autant que je l'aime, et je renonce à tout commerce avec lui. En un mot comme en mille, il est tout à vous, et puisse le Très-Haut me préserver de croiser de nouveau son chemin. Permettez-moi juste de vous souhaiter bien du courage... Car en cette épreuve, ce n'est même pas à vous que j'en veux. Je vous savais éprise... Non. A lui vont ma colère, ma déception et cette haine née d'amour, à lui qui m'a trompée après vous avoir trompée de même manière.

    Puissiez-vous un jour me le pardonner. Que le Très-Haut vous garde en ces temps de trouble.

A Chinon, le 12 novembre 1459.

S.C.


Citation:
Ma Cousine, ma Soeur,
    Toi, tu sais déjà... Tu sais ce qu'il m'a fait. Tu sais tout. Tu l'avais toujours senti. Tu n'imagines pas ce que je donnerais pour t'avoir cru dès le départ, pour éviter toutes ces peines à Elisa, pour éviter aussi de me voir, à mon tour, bafouée par cet homme.

    Je commençais à me sentir vivante. Maintenant, je suis comme une rivière : de l'eau coule de mes yeux sans que je puisse la retenir. J'ai laissé une lettre à Château-Renault, pour lui dire de faire une croix sur moi. Je crois que je n'ai plus qu'une hâte... Repartir au combat. Peut-être que cette guerre me donnera enfin ce que j'étais venue y chercher.

    Pardonne-moi de m'être éloignée de toi pour lui. Je te demande pardon de tout.

    Puisse le Très-Haut veiller sur toi.

Sindanarie

_________________
Kasia
[«Le destinataire d'une lettre a toujours un énorme avantage sur l'expéditeur. Il peut la lire et la détruire en moins de temps qu'il n'en faut pour l'écrire.» Groucho Marx]



La dernière lettre qui lui était destinée était arrivée si peu avant le mariage auquel elle avait été de nouveau invitée, qu'elle n'avait jamais eu le temps d'y répondre.
Pour autant, cette même lettre avait rejoint la liasse formée par toutes les autres, ces lettres qu'elle conservait toujours sur elle, ou presque. Les lettres d'Ald'. Sans doute, depuis le début, elle en avait perdu une ou deux. Mais même à leur dispute, elle ne s'était pas séparée de celles qu'elle avait encore qui dataient d'avant.

Certaines de ces lettres, entre de mauvaises mains, auraient pu faire du tort. A elle, un peu, mais plus à Aldraien, et à d'autres encore, dont les noms s'égrenaient au fil des pages. Pourtant, pour rien au monde elle n'aurait détruit son bien, et elle ne comptait pas plus en réutiliser la trame.
A vrai dire, elle ne les relisait même quasiment jamais, juste une ou deux fois, la dernière reçue, avant de réfléchir à la réponse.
Mais c'était plutôt comme un porte bonheur, ou une sorte de manie, dont elle n'avait pas l'envie de se défaire.

Avec la missive, elle s'était rendue au mariage, et là bas, elle y avait donné réponse, de vive voix, par bribes de conversations coupées trop souvent, par d'autres, par le silence parfois, parce qu'elles ne s'étaient pas vues depuis bien longtemps, la rousse et elle, par les évènements enchaînés les un à la suite des autres sans que soit laissé le temps de reprendre haleine, aussi.

Alors quoi ? Alors finalement, elle était revenue propriétaire d'une robe dont elle n'aurait pas su quoi faire si elle avait du l'emmener avec elle. Ce serait toujours une occasion de revoir celle qui l'avait gardée. Et puis, comme cadeau de la toute récente Malemort-Carsenac, elle y tenait, à cette robe, et pas moins, loin de là, du fait qu'elle ai déjà été portée.
Finalement, elle était revenue avec une autre vision de Paris qu'elle n'imaginait pas, avec le sentiment d'avoir réussi à ne mordre personne, d'avoir été, pour une fois, à la hauteur. Vu les bourdes qu'elle accumulait, en permanence, elle tenait ça pour un exploit.
Et elle était revenue avec la lettre. Qui la titillait ; lui démangeait l'esprit. Même repartie en Maine, puis par la suite, dans les campagnes Angevines dans une guerre qui n'en finissait pas, elle ne pouvait s'empêcher de songer au fait qu'elle n'avait pas répondu.

Elle venait de la voir.. Pourtant, elle n'avait pas pu tout lui dire. Impossible, trop peu de temps. Ou trop de choses à dire ? Peut-être.
Et puis au final, c'était un peu comme une question de principe.
Un principe discutable, mais qui s'était imprimé dans son esprit au fil des jours. Celui qui disait qu'il faudrait répondre, pour ne pas rompre l'échange.

En fait, honnêtement, elle avait surtout envie de lui écrire, à la rousse, d'avoir de ses nouvelles, et de fouiner un peu.
Enfin ça, et une annonce, aussi. L'un des deux devait servir de prétexte à l'autre, toutefois....


Citation:
Ald'

    Alors j'espère que finalement, tu as compris que je te pardonnais.
    En fait, il n'y avait pas grand chose à pardonner, et j'ai sans doute parfois plus grave à me reprocher sans présenter la moindre excuse.
    De toute manière, j'espère réellement qu'il n'y aura jamais quoi que ce soit que je ne puisse te pardonner. Pas tant venant de toi d'ailleurs, mais venant de mes propres limites.

    Dit voir, Paris.. Tu y es restée quelque peu, après le Mariage, alors ? Quand tu commenceras à connaître, je te demanderais de m'en faire voir le bien, et le mieux. Moi je n'aime toujours pas.
    Et ton époux ? Il faudra me donner l'occasion de le rencontrer vraiment, de le connaître, un peu. Ce n'est pas en si peu que j'aurais pu me faire une idée.

    Comptes-tu te reposer encore avant de retourner au front ? Moi, je te le demanderais bien. J'imagine que la décision n'appartient, en grande partie, qu'à toi.

    A part ça. J'avais juré, devant Sinda, que si jamais tu te relevais de tes blessures, je me ferais baptiser. Maintenant que je commence à la connaître. J'imagine qu'elle n'oubliera pas. En fait, elle m'en a même déjà reparlé.
    J'aimerais.. Et bien. Je voulais déjà t'en parler. Rien n'est fait encore, mais ça viendra. Il me faudra un parrain, non ? Ou, tout comme, une marraine.

    Au fait. Tu sais, tu écris bien mieux que moi. Je n'écris jamais sans avoir en horreur les phrases que j'aligne. Et encore merci pour la robe. Je ne crois pas me souvenir d'un présent aussi cher à mes yeux, comme à mon coeur.


Prend soin de toi.

Kasia
Elisa.
    « Lis entre mes lignes, lis dans mes larmes, je vis ma vie comme un soldat sans armes . . . »
        Véronique Villaume




[Quelques jours après le 12 Novembre]

Tout juste le temps à ce maudit pigeon de faire le trajet entre la Touraine et le Limousin. Maudit pigeon… Maudit pigeon qui aurait mieux fait de se perdre comme tant d’autres pigeons. Pourquoi fallait-il toujours que les mauvaises nouvelles arrivent à bon port ?
Mais sans autre choix, la Malemort avait prit connaissance de cette missive. Reconnaissant le sceau parmi tant d’autres.
A quoi bon cette lettre ? Se retirer ? Mais cela n’avait jamais été un jeu. La Vicomtesse avait osé venir la briser, osé venir briser son couple, sa vie, son avenir, son cœur. Elle avait osé la briser alors que la Malemort la respectait. Comment peut-on faire cela ? Et encore plus après parler de se retirer ? Un Homme qui aime aimera toujours. Peu importe les tromperies, peu importe les conflits. Un amour restera toujours plus ou moins intensément en fonction des désirs….


Je ne répondrais pas ! Hors de question !

[Un mois plus tard]

Et si finalement… Si finalement la Malemort voulait mettre les choses au clair ? Si tous les derniers évènements de sa vie l’avaient fait finalement mûrir et grandir ? Pour sur son ressenti envers l’autre n’avait pas changé, mais, elle voulait changer son regard sur la vie. Elle voulait finir son acte de repentance… Et le point de chute était là. Son point de chute était finalement la haine qu’elle vouait à cette Vicomtesse. Et sans ce pardon, le Très-Haut ne pourrait gracier ses péchés… Du moins, elle en était certaine la Malemort…

Mais comment réussir à pardonner l’impardonnable ? Comment réussir à pardonner cet acte qui l’a complètement détruit ? Peut-être que Titca avait raison… Il était temps de voir que l’Hiver n’était pas annonciateur de la mort, mais plutôt du renouveau à la personne du printemps… Peut-être était-il temps de voir que peut-être… la Vicomtesse lui avait permis d’échapper à un avenir qu’elle ne souhaitait pas réellement. Peut-être…

Peut-être… Mais pour l’heure… Place à la haine !


Citation:
A vous, Sindanarie Carsenac, Vicomtesse de Cars, dame de Viam et de Freyssinet, Cavalière de l’Ordre Royal de la Licorne,

De nous, Elisa de Lahaye Malemort, Princesse de France, Dame de Saint Bonnet en Bellac, Grande Chancelière du Limousin & de la Marche, Première Conseillère du Limousin & de la Marche,

Bonjour,

Qui aurait cru qu’un jour je puisse écrire à la *catin* femme qui a brisé mon couple. Qui aurait cru que je puisse vous porter le moindre intérêt après ce que vous avez fait. Savez-vous au moins à quelle hauteur vous m’avez brisée ? Vous m’avez humiliée et rabaissée ?

Je vous pensais aussi digne que vous êtes censée l’être en portant le distinction de membre d’un Ordre Royal, mais finalement je me suis trompée. J’avais accordé en vous toute ma confiance durant votre mandat de Comtesse. J’avais même vu briller une pointe d’admiration en vous, pour votre travail, votre acharnement. Mais tout ceci n’était que du papier jeté au feu. Vous m’avez jetée au feu, dans les limbes de l’enfer. J’ai cru mourir par la douleur que vous avez fait subir.
Sans même un pardon ou une once de gêne. Vous me regardiez droit dans les yeux, alors que vous tentiez de courtiser *comme une catin* l’homme que je devais épouser. Pensiez-vous réellement qu’il puisse un jour vous aimer ? Qu’il puisse vous aimer entièrement ? Vous n’avez été qu’une femme de passage pour vider son trop plein de fou *tre*gue. Et ensuite, vous n’avez été que la femme qui était amoureuse de lui, pour l’aider à m’oublier. Car même après ce mariage, il me serait revenu si je lui avais demandé, si j’en avais eu envie.

Rassurez-vous, depuis le jour où celui-ci à posé ses lèvres sur vous, j’ai su qu’il ne serait plus jamais mien. Que ce mariage qu’il espérait n’était qu’illusion, et surtout qu’il ne serait pas le mien.
Vous avez sûrement souffert du fait qu’il me revienne dans votre dos, mais jamais, Ô grand jamais cela ne pourra égaler la souffrance qui a été la mienne quand vous me l’avez prit. Car au fond de vous, bien au fond de vous, vous deviez savoir qu’il était homme à tromper et qu’un jour ou l’autre, vous deviendriez cette femme trompée que je fus.

Aujourd’hui je suis liée au Carsenac par votre cousine et votre frère. Par ma sœur de cœur et de lien spirituel. Et votre frère par la mort. Malgré le mal que je ressens à cette idée, je ne peux passer outre, je ne peux m’en détacher. Je dois désormais vivre avec. Savoir que notre arbre est désormais lié et à jamais.

Que l’Hiver passe pour laisser place au Printemps,

E.



Bon… Pour le point de chut c’était sûrement raté… Ou du moins, pas pour tout de suite. La Haine était bien trop grande pour l’heure. La Malemort ressentait le besoin qu’elle sache à quel point elle détestait cette Vicomtesse. A quel point elle souffrait de savoir qu’un jour elle avait pu être heureuse dans les bras de son fiancé.
Il fallait que cela sorte… Et Elisa n’avait jamais pu le dire à sa rouquine d’amie, cela lui aurait fait bien trop de mal, même si elle devait sans aucun doute s’en douter. Après tout, la chef de famille Carsenac arrivait à lire comme dans un livre ouvert chez la princesse Malemort… Alors oui, il était certain qu’elle savait. Et il était tout aussi sur, qu’il était mieux pour toutes les deux, qu’elles n’en parlent pas entre-elles.

Et c’est ainsi, que le dernier acte de repentance commença… Autant dire que c’était pas gagné !



*Ceci est un texte normalement barré dans la lettre. Mais qui à une bonne loupe peut réussir à le déchiffrer. *
_________________
See the RP information <<   <   1, 2   >>
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)