Fanta n'en croyait pas ses oreilles. Qu'il ose redire que si elle était pas partie, il serait pas avec elle. Ou elle est partie alors c'est normal qu'il tourne la page. C'est étrange, elle n'était pas comme ça. Ce choix était si difficile à prendre, si dur, mais il fallait le faire, pour son amour propre. C'était une femme indépendante même si elle était capable de tout pour lui..
"Killijo, tu es avec elle, c'est un fait, je m'en plains pas, j'espère que tu seras heureux, plus qu'avec moi, vu que j'étais qu'une femme sans cervelle et qui pleurniche pour un rien. Si tu m'avais écouté, un tout petit peu, au lieu de t'enfiler tes mandats, si tu avais prit le temps de venir avec moi en voyage... Killi, je t'ai pardonné ce que beaucoup auraient criés sur la place publique en disant "mon futur mari me trompe, et nous ne sommes pas mariés." Tu avais peur, soit, moi également. Tu savais très bien que je ne t'ai jamais demandé le mariage, je t'avais juste demandé d'être là, simplement là...Mais ta soif de pouvoir et de séduction était trop grande. Ce n'est pas grave. Tu as le droit au bonheur."
Autant calmé le jeu parce que sinon, elle risquait d'être méchante. Il n'y avait rien à dire, elle retenait ses paroles, elles résonnaient à l'intérieur de sa tête. Il venait de la blesser une fois de plus. Si elle partait, c'est parce qu'elle souffrait, si elle fuyait c'était pour reposer sa tête, et réfléchir. Elle aussi elle doutait, mais elle n'avait pas le droit à l'erreur.
"J'aurai peut être du te tromper comme tu l'as fais avec moi pour comprendre ma douleur et mon besoin de m'évader d'Angers. Tu étais Maire, si grand, si noble, et moi la simple bourgeoise que t'avais, par accident, engrossé... Tu aurais peut être découvert la blessure que j'avais au coeur, celle qui ne cicatrisera jamais.. Je t'ai fais confiance, à deux reprises, j'ai pardonné tes écarts, mais à force, on est épuisé."
Calme toi ma grande, qu'elle se disait. Elle caressait les cheveux de sa princesse, elle était si douce, si calme, elle savait que tout n'allait pas pour elle. Cette situation était impossible, et partir était mieux, pour leur sécurité, ils ne devaient pas payer les pots cassés d'une relation échouée...
Puis on en venait au sujet de sa famille. Il mettait sa famille sur un piédestal, il fallait qu'elle soit comme ça Fanta, à son image, façonné à son envie. "fais pas ci, fais pas ça, les enfants auront ça et ça, attention en place publique, il faut cacher notre relation, il ne faut pas trop se montrer." Trop de règle et il ne l'avait pas comprit, ça non plus. Elle n'en parlerait pas, car elle ne voulait même plus parler.
"Je dis juste que j'avais demandé à Kilia que les enfants restent éloignés de toi. C'était ma seule demande, après qu'elle ait pas tenue, ce n'est pas grave, mais je suis déçue, je lui faisais confiance! Respectes moi et je respecterai ta famille, d'accord?"
Fanta n'était pas stupide, mais on lui avait apprit "ne fais pas aux autres ce que tu n'aimerais pas qu'on te fasse...". Mordage de langue parce que ça la détend et qu'il fallait pas faire de scandale. Elle savait discuter à peu près calmement, même elle avait mal à remuer ce passé, ce passé qui aurait pu être un présent et son futur. Les enfants auraient eu une meilleure vie, et elle s'en voulait de leur infliger cela...Mais elle ne s'excuserait pas d'être partie parce que maintenant, il avait refait sa vie et l'avait oublié, seuls les enfants restaient dans la tête de Killijo.
Elle le fixait toujours, un petit sourire au coin des lèvres. Montrer qu'elle peut être forte et qu'elle n'a pas besoin de lui pour avancer.
"Il y a longtemps que je n'accepte plus tes excuses, et j'en veux même plus. Tu n'as pas su m'écouter, je n'ai pas su t'écouter, la grossesse est arrivé trop vite, on était perdu, c'est ainsi, à quoi bon en reparler? C'est fini, bien terminé. Notre histoire est...terminée.."
C'était bel et bien terminée. Il avait tourné la page plus facilement qu'elle. Elle ne sortait que rarement de sa petite maisonnette qu'elle avait loué à Saumur. Elle sortait pour que ses enfants puissent aller en taverne, et s'amuser à leur tour, elle n'allait pas gâcher leur enfance, oh ça non! Elle ne restait plus en compagnie d'hommes, ceux qui la charmaient se retrouver facilement seule, abandonnés par la bulle. La Bulle avait perdu son pétillant depuis la rupture. Mais elle ne se rabaisserait pas et lui demanderait pas de la reprendre...Non....
"Personne ne va pas avouer ses tords. Maintenant, il faudra nous laisser partir parce qu'ils ne doivent pas vivre entre la guerre et nos disputes, je veux qu'ils découvrent la vie, et pour cela, je vais rejoindre la Guyenne, mes amis...Les enfants décideront de te revoir le jour où ils seront assez grands pour comprendre tout ça. Ils sont illégitimes, je préfère grandement qu'ils connaissent un homme qui pourra les élever avec moi, c'est ça qu'ils souhaitent."
Elle se souvenait d'Elandra lui demandant quand elle aurait un nouveau papa. Et les deux demoiselles s'étaient promit de trouver un papa et un mari génial et parfait. C'était leur petit pacte à elles. Mais ça, il ne le saura pas. Il ne fallait pas brusquer ses petits anges à elle.
D'un seul coup, une petite voix qu'elle connaissait très bien. C'était celle de son chevalier, son fils, l'amour de sa vie. Il sautait dans ses bras, elle l'embrassa sur le front, sur les joues, et remerciait Phé de lui avoir ramené son fils. Il était content de retrouver sa soeur, et elle aussi. Ils se soutenaient tout le temps, les jumeaux étaient plus que proches... Il ne fallait donc pas les séparer ou ils seraient malheureux toute leur vie.
"Oh! Mon Amour, alors on essayera de trouver un dragon tous les deux, promis, mais tu sais, ils se cachent, ils ont peur. Mais Tata Phélya des fois, faut pas trop l'écouter hein... On te trouvera une vraie armure avec une épée en bois, comme ça tu t'entraineras avec moi, d'accord?"
Son fils était si souriant, ça lui réchauffait le coeur, en s'agenouillant près de ses petits coeurs, elle les regardait, comme pour leur donner du courage, son courage. Ils s'en sortiraient tous, tous ensembles. La famille n'aurait pas besoin de supplier Killijo. Elle vivra comme une grande, et dans l'amour d'une famille unie.
Puis en tant que jeune homme bien élevé, parce qu'elle lui apprenait la politesse, la galanterie, comme à tous les hommes, il venait se présenter devant son père. Elle lui souriait, pour lui montrer qu'elle était fière de son comportement.
"Evolio, mon chéri, c'est ton papa, dis lui bonjour, et ensuite on va aller chercher un dragon, des bateaux, et pour toi ma Princesse j'ai un cadeau qui t'attend à la maison... Je voulais attendre un peu, mais je vois tes petites larmichettes qui ont coulés sur ton beau visage d'ange, et je n'aime pas te voir malheureuse mon ange. Maman est terriblement désolée pour tout ça..."
Elle avait fait commander, par un de ses amis proches, un petit chiot pour sa princesse préférée. Il saurait la protéger comme il le fallait lorsqu'elle sortirait toute seule, et pour Evolio, on lui avait commandé un petit chaton, une vraie meilleure, ils seraient heureux, du moins, elle l'espérait... Elle prit ses anges dans ses bras, les embrassa une dernière fois.
Ses yeux se décollaient plus des petits visages potelés de ses enfants, ils ne regardaient plus Killijo, pourquoi se faire souffrir volontairement?
"Killijo, je crois que maintenant, je devrai les ramener à la maison, ils vont être fatigués..."
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...Une femme de fer au cur de pierre...
...Son amour était sincère, mais si éphémère...