Erwelyn, incarné par Ygerne
Assise sur sa couche dans la tente médicale, Lynette songeait au Maine. Depuis qu'elle avait reçu les terres d'Evron en reconnaissance de son travail rendu pour son Comté, elle n'avait pu en jouir comme elle l'avait espéré. La guerre les avait tous appelés au combat et rapidement leurs pas les avaient emmenés en Anjou puis en Touraine. Là-bas, elle avait reçu un coup qui avait failli la laisser sur le carreau, mais elle s'en était sortie. Ce qui n'était malheureusement pas le cas de sa suzeraine adorée. A cette pensée, cette petite larme brulante qui était venue plusieurs fois lui chatouiller la joue coula encore une fois.
Elle songea également à Ygerne, sa chambrière à qui elle avait annoncé qu'elle lui confierait une seigneurie. La petite était enfin arrivée en Maine, en un seul morceau, ce qui l'avait soulagée. Son esprit continua son cheminement et lui vint alors que personne en qui elle n'avait confiance n'avait gardé un il sur sa baronnie d'Evron. Chose qu'il fallait remédier à tout prix.
Se penchant en une grimace, la blessure de son ventre ne s'était pas totalement remise, elle attrapa dans sa besace parchemin, encre et son scel et se mit à écrire.
Ma chère petite Ygerne
J'ai appris qu'enfin tu étais arrivée saine et sauve en terres mainois, j'en suis extrêmement rassurée.
Ici c'est la guerre, la vraie, la mortelle, la sanglante. Jamais je n'aurais imaginé revivre ça un jour, mais c'est pourtant le cas. J'ai été gravement blessée dès le premier jour des combats. Je sais, ce n'est pas digne d'une Poney rose mais j'ai fait mon possible pour défendre les membres de ma section. Malheureusement cela n'a pas suffit.
Ma suzeraine, ma vieille amie de cur et mon ami Anorion ont été injustement emportés par la faucheuse dès le lendemain. La vie est si cruelle, j'en veux à Aristote de ne pas m'avoir prise à leur place.
Pour l'instant nous sommes nombreux en convalescence à Chinon, et je ne sais nullement comment cette guerre va se dérouler par la suite.
Aussi, et comme je souhaite faire de toi ma vassale, j'aimerais que tu prennes l'intendance de ma Baronnie d'Evron jusqu'à mon retour. D'une part j'ai grande confiance en toi, et ensuite, cela te permettra de faire des propres armes avant que je te confie une seigneurie sur mes terres d'Evron.
Rends-moi compte régulièrement de tes avancées et dis-moi si quiconque essaie de te tenir tête.
Prends aussi soin de toi et restes tranquillement en Maine, tu dois être encore bien faible suite à tes nombreuses blessures causées par cette armée champenoise à la fin de l'été.
Passes le bon jour aux mainois restés sur place et souhaites leur un bon courage de ma part.
Bien à toi et affectueusement,
Lynette
Et un autre parchemin fut joint, plus officiel celui là, afin que nul ne puisse contester la mission confiée à Ygerne.
Nous, Erwelyn Corleone,
Baronne d'Evron et Dame de Sainct Antoyne de Rochefort
De par ce parchemin et de par notre scel apposé, confions l'intendance ce jour de notre Baronnie d'Evron sise en le Comté du Maine à Ygerne, notre future vassale si Aristote le veut.
Elle aura pour charge de gérer les domaines, les petites récoltes hivernales et les coupes de bois en attendant notre retour. Tous les gens et vilains lui devront obéissance et respect sur nos terres.
Nous avons dit.
Faict à Chinon, le premier du mois de novembre de l'an de grâce mil quatre cent cinquante neuf
Pensive, la baronne regarda le messager sortir de la tente avec les deux parchemins scellés. Elle avait toute confiance en la jeune Ygerne, même si elle savait que celle-ci serait complètement terrorisée de se voir confier une telle tâche.
Mais il faut grandir petite Ygerne, la vie est ainsi faite