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[RP] Je me souviens ...

Elisette
RP ouvert à ceux qui ont côtoyé Elisette et qui ont envie de faire partager certains souvenirs.

Le but étant de faire un petit "livre de souvenirs des proches d'Elisette" en parallèle au RP de son décès, merci d'intégrer les "Je me souviens d'Eli la tête dans l'abreuvoir après le bal de la première fête ducale" ('fin, c't'un simple exemple, bien sûr, mais vous cernez le concept) dans votre RP.
Si c'est pas tout à fait clair, copier sur le modèle des autres, ou demandez-moi, ou faites comme vous voulez !

Droits d'idée : LJD Lavania, merci !



[Je me souviens d’un corps sans blessures…
Je me souviens d’un sursaut, d’une peur, d’une tentative de défense puis de douleurs insurmontables…qui n’étaient pas prêtes de disparaître.]



Une fois de plus, c’est d’une nuit agitée et pénible qu’Elisette sortit ce matin-là, comme chaque matin depuis près d’un mois.
Ce n’était pas sa nouvelle demeure qui l’empêchait de dormir, ni les réflexions qu’elle se suffisait de ressasser la journée, mais les spasmes de douleurs que lui infligeait sa plaie au ventre.


[Je me souviens d’une première inquiétude en me rendant compte être victime d’une fatigue croissante…
Je me souviens d’une vision d’horreur, un matin, en découvrant l’état de mon ventre...]



Elle le savait depuis quelques jours déjà, et avait eu le temps de beaucoup réfléchir, c’est pourquoi cette pensée ne l’affolait pas – ou plus. Le dernier coup avait été celui de trop, l’attente avant de parler de sa blessure à quelqu’un avait été trop longue.
Le petit bout de métal était resté, il avait rouillé, et le sort en était jeté.
Elisette s’était faite à cette idée : elle mourrait plus tôt que prévu.


[Je me souviens d’amitiés, d’amours, de joies, de peines…
Je me souviens de fiertés, de déceptions, d’honneur, d’erreurs…]



Il fallait l’annoncer ; le dire à sa famille, à ses amis lorrains, qu’elle ne reverrait plus, à son époux…
Quelle sera leur réaction ? Et lorsqu’elle ne sera plus là, se souviendra-t-on d’elle ? Que pensera-t-on de celle qui était encore pour quelques jours Elisette de Warenghien Cardofer ?

Elle appréhendait tout cela, mais elle avait cependant besoin d’en parler.
Une pensée à ce que lui dirait ses amis dans un tel cas la convainquit d’écrire à un vieil ami dont les mots ne pourraient être que réconfortants.





Citation:
Cher Uriel,

    Je ne trouve pas les mots pour t’écrire ce que je ressens, mais je sais que tu sauras me comprendre, et m’aider à retrouver la paix.

    Je vais mourir, très bientôt.
    Ersinn et moi nous sommes faits attaqués, et une de mes blessures me condamne, c’est irréversible.
    J’ai peur de voir en cette condamnation une réponse à mes actes, ou plutôt à mes décisions.

    N’aurais-je pas bien fait de décider de suivre mon époux en abandonnant tout le reste, jusqu’à ma réputation ? Après tout, je me suis unie à lui à vie. Récemment, cette vision des choses m’a fait commettre certains actes que je n’aurais jamais pensé commettre un jour.
    Je ne l’ai pas regretté, parce que j’ai senti qu’enfin et pour la première fois, j’avais été capable de laisser ma vie d’avant toute entière, au profit de celle qui s’est offerte à moi après le mariage.

    Le prix d’un amour aussi grand pour son époux est-il vraiment de mourir ?

    Malgré ma totale confiance en toi, je te demande de bien garder tout ceci pour toi, la dispersion de quelque information pourrait avoir des conséquences importantes…

    Embrasse Sybille pour moi.


E.W.C
Uriel
[Je me souviens d'une vie simple et heureuse ...
Je me souviens d'un endroit accueillant où le respect était de mise ...]


Les choses pouvaient-elles changer à ce point ? Lui à qui tout avait toujours sourit, s'était glissé entre les turpitudes de la vie, évitant la pluie et le mauvais temps.
Mais le monde changeait, invariablement et inexorablement ; les valeurs sûres du passé n'avaient plus cours ...



[Je me souviens d'un départ, pour un voyage d'aide ...
Je me souviens des plaintes des vivants et du besoin de repos d'une morte ...]

Il s'était rendu à Dole pour deux raisons, la premier, un appel à l'aide de la Franche-Comté, pour la ville de Dole assiégée par des brigands et en proie à la famine ; c'est donc tout naturellement qu'il avait accompagné quelques personnes, prenant lui aussi quelques vivres qu'il céda à un prix sans faire de bénéfice.
La seconde était plus personnelle, accorder à une âme le repos éternel. Récolter des témoignages pour aller demander réhabilitation et une fois encore, affronter l'inquisition ...



[Je me souviens de beaucoup de choses, d'amis, de soirées au coin du feu ...
Je me souviens enfin de leur départ, vers un endroit où ils vivent éternellement ...]


Tant de personnes, parties, disparues, trop, trop ...
... et ainsi danse, danse la mort, éclaircissant le cercle des vivants pour ne plus laisser à votre vue que solitude tandis qu'elle dépose sur vous muscles et vos os les affres de l'âge avançant ...


Merveilleux pigeons qui trouvaient invariablement celui ou celle à qui le message était dédié.
Le clerc en prit connaissance et une fois encore, ce fut un choc ; une fois encore le cercle des vifs allait se resserrer ...





Citation:
Chère Elisette,

    Me voici bien marri d'apprendre pareille nouvelle.
    Toi qui fut l'une des premières à m'accueillir à Verdun, lorsque j'arrivai en Lorraine, après un long long voyage ... toi qui fut la première que je baptisai ... aurais-tu déjà l'idée de nous quitter ?

    Chacun de nos actes, l'un après l'autre , façonne notre existence, ici-bas, mais aussi là-haut. Tout ce que tu as fait, si tu l'as fait par Amour, ne pourra que t’octroyer la chaleur bienfaisante de l'éternité.

    Je ne t'écrirai point de lignes sur le fait que tu te trompes sans doute, car à te lire, il semble qu'il n'y ait pas moyen de se voiler la face.
    Il n'y a nulle crainte à avoir, car la mort n'est qu'un passage. Tous, nous en avons peur car là nous perdons nos certitudes et nous nous retrouvons devant l'inconnu, comme à beaucoup de périodes de notre vie. Pourtant, c'est pleine de certitudes que tu dois t'y préparer, dès lors.

    Je pars de Dole ce jour, en espérant voir ton sourire lorsque j'arriverai.
    Nulle partie de ton courrier ne franchira mes lèvres, mais j'y pose une condition, attends-moi, afin qu'une dernière fois, j'éclaire ta route.

    Reçois toute mon affection aristotélicienne.


Uriel


_________________
Ersinn
[Je me souviens d'une femme, innocente et hésitante.
Je me souviens d'une femme, tendrement captivante ...]


Paris. Une ville qu'Ersinn avait bien adoré, lors de sa première visite, il y a de cela quelques années. Mais, aujourd'hui, tout lui paraissait fade. Le but de son voyage.. Le voyage en lui-même..Les gens qu'ils avaient pu rencontrer.. Bah.
Rien n'était à la hauteur de son humeur. Il avait quitté Elisette pour aller leur procurer de nouveaux habits, mais ce voyage lui insufflait, au fur et à mesure qu'il avait progressé dans son ascension vers Paris, un mauvais pressentiment. Se sentait-il coupable de la laisser seule, alors qu'elle venait seulement de se remettre doucement de ses blessures ? Ou, sinon, cette inquiétude éternelle qui s'emparait de lui lorsqu'il se séparait d'elle ?
Ce qui était certain, c'est qu'elle lui manquait terriblement.


[ Je me souviens du Berry, et de ce temps orageux que j'avais déclenché sans réfléchir..
Je me souviens de la Touraine, où la pluie avait obscurci ma vue et mes souvenirs..]


Bien que très pressé, Ersinn prit le temps de rédiger une courte lettre à Elisette. Il ne voulait pas la laisser sans nouvelle. Il voulait, surtout, s'assurer que tout allait bien.

Il avait soigneusement, une fois la lettre roulée et scellée, accroché une fleur de lys sur la missive, puis avait sommé au pigeonnier de ne surtout pas l’abimer, lorsqu'il l'enverrait ce message.







Mon amour,


Le voyage s'est bien passé, quoiqu'un peu ennuyant, malgré la présence de ces compagnons de voyage.
Il parait que je "suis grincheux", disait-on. Mais ça, nous savons tout les deux que cela arrive lorsque que tu n'es pas là pour m'avoir à l’œil.

Tu me manques bien trop, c'est vraiment inquiétant.
Portes-toi bien, je serais là dans trois jours, mais donne moi de tes nouvelles, que le temps me paraisse moins long..

Je t'aime,

Ersy.



Le temps passait bien trop lentement pour le lorrain.
Devoir subir trois longs jours de voyage que nécessitait Paris - Marmande lui pesait également sur le moral : il voulait à tout prix écourter la durée du voyage. Mais c'était impossible d'aller plus vite.

Il ne savait pas encore, qu'il n'aurait jamais du partir.

_________________
Pour plus de précision sur l'allure d'Ersinn :
http://www.lesroyaumes.com/FichePersonnage.php?login=ersinn
Larouchka
[Je me souviens d'une femme que je ne connaissais pas,
Je me souviens d'une princesse au petit pois...]



Des années... Des années que cet homme était entré dans ma vie. Il m'avait tiré de sombres de vicissitudes, il m'avait appris à me battre, contre la haine, contre les autres. A être forte.

Il allait se marier et j'en étais jalouse! Ironie de l'amitié, toujours un peu trop possessive, parfois même un peu ambiguë... Qu'il ait des amantes, des maîtresses, peu m'en cuisait, mais une femme, une épouse! Tout de même!!!

Imagination quand tu nous tiens... J'en avais fait le portrait à l'époque.

"Princesse au petit pois", nobliote triste à mourir au cul coincé... Pauvre Ersinn au mariage si triste, enchaîné à un boulet de chair (et non pas un bourrelet de chair!)


[Je me souviens d'une rencontre,
Je me souviens d'une découverte... lumineuse.]



Et puis, il y avait eu la rencontre. Situation fâcheuse. Quand la gueuse rencontre la nobliote... en taverne, le mari entre les deux... Gloups!

Rencontre improbable, situation improbable, amitié improbable?? Pas tant que ça car étrangement, j'ai de suite apprécié sa compagnie. Envolée la jalousie, la verrais-je comme une amie?

_________________
Elisette
Les jours suivant celui de la rédaction de sa lettre, l'état d'Elisette continua de s'aggraver.
Mais à quoi bon se soigner ? Après tout, elle savait qu'elle allait mourir ; demain, dans un mois, deux ou trois, cela ne changeait finalement rien, et mieux : sa souffrance n'en serait que plus courte.


[Je me souviens d'un premier regard timide...
Je me souviens d'un premier sourire arraché avec difficulté...
Je me souviens alors de la cicatrice encore ouverte de la perte de l'Amour...
Je me souviens de confidences, d'espoir, de révoltes, de la découverte d'un amour différent, d'un bon coup de tête, d'un départ insensé, du commencement d'une longue histoire...]



Cependant en mourant demain, elle laisserait son époux sans un seul regard d'adieu, et aussi grande soit sa morosité, elle ne pouvait supporter cette idée, ne serait-ce que par respect pour celui qu'elle aimait toujours tant.
La réponse d'Uriel vint alors, en plus de la soulager et de l'apaiser sur ses inquiétudes, la conforter dans l'espoir de rester en vie suffisamment longtemps pour le voir et l'écouter une dernière fois.
Il savait décidément bien manier la langue, pour parvenir à éclairer à cet instant le visage de la mourante qu'était Elisette.




Elisette a écrit:
Cher Uriel,

    Tu ne saurais imaginer à quel point ta lettre me fait chaud au cœur.
    Je t'accorde la promesse que tu demandes, si toutefois la vie me le permet - mais je m'efforcerai de faire ce qui est en mon pouvoir pour le favoriser.

    Aussi, permets-moi, lorsque tu seras là, de te faire part de mon ultime demande à ton égard, que je ne t'obligerai en rien à accepter, bien entendu...

    Merci mon ami, de ce que tu as fait et fait encore pour moi.

    E.W.C





[Je me souviens d'avoir imaginé, pour la première fois, une vraie vie à deux, un vrai mariage, une vraie famille, un vrai amour comme celui qu'imaginent les petites filles...
Je me souviens "du Berry" : des pleurs, des cris, des discours grands mais sincères, du désespoir puis de l'espoir, de la réconciliation.
Je me souviens d'un couple d'une grande fragilité due aux différences, aux sacrifices, mais d'un amour tout aussi grand.
Je me souviens d'une séparation regrettée, de nouveaux pleurs, remplacés le lendemain par la joie de l'arrivée, "enfin", de cette demande tant attendue...]



Elisette était maintenant décidée : elle resterait en vie aussi longtemps qu'elle le pourrait ; elle avait donc besoin qu'on lui procure des soins...
Sa sœur lui avait annoncé qu'elle avait de bonnes bases en médecine, si ses souvenirs étaient bons, et après tout, si elle pouvait confectionner d'autres souvenirs - qui n'étaient déjà pas assez nombreux - avec elle, il lui fallait saisir cette opportunité.
Elle envoya donc quelqu'un chercher Mayouche chez elle et l'amener à son chevet, demande qu'elle appuya avec un bout de parchemin sur lequel elle avait griffonné :




Elisette a écrit:
May,
J'aurais besoin de tes soins pour quelques jours, ainsi que de ta présence réconfortante. Veux-tu bien m'accorder ceci ?
Viens me voir tout de suite, si tu le peux.
Ta soeur


Alors qu'elle réfléchissait à la meilleure manière d'annoncer à sa sœur son proche décès, arriva un second courrier, accompagné d'une magnifique fleur, certainement une des dernières de la saison qui s'en allait.
Pouvait-il arriver mieux que cela pour rendre Elisette d'une aussi belle tristesse ?
Prise d'abord de tendres sourires aux mots de son époux, les suivants firent monter à ses yeux des larmes plus remplies de sens que jamais.

Sans un seul tremblement ou reniflement, laissant seulement les larmes rouler sur ses joues, elle saisit à nouveau de quoi écrire.





Elisette a écrit:
Mon amour,

    Que ces trois jours me paraîtront une éternité...
    Dépêche-toi de les faire passer, pour me revenir au plus vite, j'ai aujourd'hui besoin de sentir ta présence, ton odeur et ta chaleur près de moi.
    Si tu savais à quel point je t'ai aimé, Ersinn !
    Sache que je ne regrette aucun des gestes que j'ai fait pour nous, la plus grande réussite de ma vie a certainement été de devenir ta femme, et si j'avais quelque chose à me reprocher, c'est de ne les avoir fait plus tôt pour avoir pu faire vivre ce "nous" quelques jours de plus...

    Fais vite.
    Je t'aime.


Elisette



[Je me souviens d'une nouvelle vie en Guyenne, heureuse auprès de lui, malheureuse loin de la Lorraine.
Je me souviens de la première apparition de jalousie, après pourtant plusieurs années à deux, il fallait croire que cette haine-là était bien forte.
Je me souviens d'un brusque retournement de situation.
Je me souviens de quelques simples mots, d'une seule phrase, qui a suffit à changer la vision d'une femme, et à faire disparaître en elle toute jalousie.
Je me souviens d'une pointe d'amitié naissante entre deux femmes, qui aurait certainement pu beaucoup grandir.]



Elle murmura un "je t'aime", embrassa la lettre et la fit envoyer.
Uriel
[Je me souviens d'une terre accueillante, aujourd'hui moribonde ...
Je me souviens d'un village, aujourd'hui en cendres ...
Je me souviens d'angelots buveurs, aujourd'hui ils pleurent ...]



Les choses changeaient, les gens changeaient mais le pire ... ils oubliaient ...
Ils laissaient de côté les bons actes pour ne se rappeler que des moins moins ; ils effaçaient les sourires des visages pour les remplacer par des grimaces ; ils oubliaient jusqu'à ce qui faisaient d'eux un peuple uni et fier.

Uriel voyageait encore, et encore, ayant tant sillonné les routes de la Lorraine, il les traversait une dernière fois, car au retour de Marmande, il n'irait pas plus loin que la Franche-Comté. D'autres aspirations l'appelaient ailleurs, la roue tournait, tantôt haute, tantôt basse ... était-ce cela, la fortune ?

Arrivé à Marmande, il alla saluer la "curette", sa chère soeur Ellya, puis se rendit bien vite à la maison où il redoutait que quelque chose de grave se passe.
Il pénétra dans la masure silencieuse ... il sentait le renfermé, l'humidité faute de chauffage et d'aération ... fallait-il à ce point faire des économies pour une malade ?
Enfin, on le conduisit à la chambre, dans laquelle rôdait déjà l'ombre de la mort. Il l'avait côtoyé tant de fois, presque vu venir chercher le dernier souffle de tant de gens. Le futur ex-archidiacre serra les dents mais garda une figure de composition arborant un sourire au lieu d'une mine grave.

Elisette était là, allongée sur le lit, dormant, paisiblement semblait-il. Les cheveux défaits et le front en sueur.
Avisant un broc d'eau, il s'empara d'un linge qu'il humidifia et tordit, pour éponger ce trop plein de miasmes qui perlaient ... elle n'avait pas bonne mine.

Il prit alors un tabouret et l'approcha, prenant la main de son amie en attendant qu'elle se réveille ...

_________________
Alfred

[ Je me souviens de mon arrivée dans une taverne en Lorraine, une dame accueillante, la première fois, je cru qu'elle était la sœur de Lavania.]


Alfred était un grand pessimiste sur le point, c'était surement le fait qu'il y a une existence qui pourrait être une demie mesure pour tous, si seulement il existait un livre d'or ou tout le monde pourrait signer et donner ses motifs de plainte, c'est bien sur le livre d'or de la mort.

Avec un visage sans couleur, à donner la crainte et l’hésitation, elle fauche sans mise en garde; tant d'histoires, tant de secret entre nsaymar et Alfred qui saurait expliquer ce qui s'est réellement passé, tout ce mystère, seule cette dame, sait ce qui en est des deux hommes...

Seuls les raisons de sa transformation demeure en lui. Des souvenirs en fusion profusaient de partout, c'était une rosée de fines gouttelettes, celle d'une grande période de froid, une saison...


[ Je me souviens d'une femme, l'âme de l'ALM, m'appelant pour integrer son parti...]


Tout ceux qui disparaissent laisse des traces, des souvenirs inlassables, ce sont toujours des gens bien qui décident de mourir soit par leur gré ou non. Alfred semblait fatiguer de cette coutume qui prenant d'autres allûres, prenait d'autres accoutrements pour le grand jour...

C'est finis, Elisette de Cardofer n'était plus...une lueur s'assombrit et decida de marcher pour secher ses larmes au vent.

_________________
Mayouche
[Quelques temps avant l'arrivée d'Uriel]

[Je me souviens d’une famille retrouvée
Je me souviens d’un sourire timide, d’une joie, d’une tentative de compréhension puis de bonheur immensurable…qui n’étaient pas prêt de durer.]


C'était des jours agités en Guyenne... Et Mayouche était toute aussi agitée. Préparatifs par ci, rangement de son bureau de Chancelière par là... Et pas de nouvelles de sa soeur. Juste qu'Ersinn n'avait pas de nouvelles! Une certaine inquiétude au fond de l'âme, May savait qu'il arrivait à sa soeur d'avoir des moments d'isolement. Elle savait lui donner cet espace ... mais un ressentiment la dérangeait.

[Je me souviens de nouvelles heureuses,
Je me souviens de mariage, de retrouvailles et de déménagements,
Je me souviens d’une vision d’amour et de dévotion...]


Alors que la brunette se plongeait dans ses pensées, qui la ramenait à des moments joyeux de sa vie... Les retrouvailles avec ses soeurs et sa famille... Un messager vint cogner à sa porte pour lui remettre un pli rapidement écrit de la main de ... justement, sa soeur.

Une première lecture, puis une deuxième pour s'assurer d'avoir bien saisi le sens des mots ... et elle se mit tout de suite en route vers la maison d'Élisette, à quelques coins de rue de la sienne. Ses pensées se chamboulaient, étaient en désordre.

« J'aurais besoin de tes soins pour quelques jours.... » De ses soins? Déjà, elle n'y connaissait rien en "soins".... et pourquoi avait-elle besoin de soins? Elle était malade? Était-elle enceinte et allait accoucher, la petite cachottière? « Viens me voir tout de suite, si tu le peux.» Lui était-il arrivé quelque chose de mal? Était-elle blessée? Ses pas s'intensifièrent en rapidité...

Une fois arrivée à la maison, on la fit entrer et on lui indiqua où était Élisette.. sa chère Élisette. Avant de faire son entrée, Mayouche prit quelques instants pour se calmer - pour reprendre son souffle aussi. Puis, elle fit un pas dans la chambre.

L'aînée était là, pâle... Très pâle. Trop pâle. Elle était donc malade. Un autre pas. Puis un troisième. Quelque chose sur son ventre... Qu'est-ce que...


Éli? Je suis là..
_________________
Elisette
[Je me souviens de deux petites filles se tenant la main devant la porte de l’orphelinat…
Je me souviens des adieux, des promesses de retrouvailles…
Je me souviens d’un départ pour un avenir meilleur…
Je me souviens de regrets…
Je me souviens d’un élan de courage, d’une lettre, d’un départ, de retrouvailles…
Je me souviens d’une grande affection entre deux sœurs…]

[Je me souviens d’un enlèvement…
Je me souviens d’un autre élan de courage, d’une autre lettre, d’autres retrouvailles…
Je me souviens de rires, de sourires, de confiance et de soutien entre deux sœurs…]



Elisette n'eut pas longtemps à attendre avant que sa sœur ne vienne, mais ce peu du temps lui suffit à sombrer dans un sommeil éveillé.
Quand Mayouche entra, la mourante ne s'en rendit pas immédiatement compte. Elle dût attendre que son nom retentisse pour sursauter légèrement, et réaliser la présence de sa cadette.


May...

Elle lui tendit sa main, qui une fois serrée, lui apporterait un certain réconfort.

Tu sais...Ersinn et moi, nous avons été attaqués par l'armée, tu te rappelles..? Je ne m'en suis pas aussi bien sortie que..ce que j'imaginais.

Les yeux dans ceux de sa sœur, Elisette réussi à lui adresse un sourire, bien que pâle et triste. Elle voyait dans les yeux de Mayouche la réflexion se faire, pour en arriver, enfin, à la question ultime. Elisette fit un non, presque imperceptible de la tête, signifiant qu'elle n'en guérirait pas.
Puis enfin, elle brisa le silence.


Resteras-tu avec moi jusqu'à la fin, ma sœur ?


[Le lendemain]

Affaiblie par la maladie, Elisette avait besoin de réguliers moments de solitude, et de calme. Ce matin-là, elle avait demandé à sa sœur de la laisser un moment, histoire qu’elle se repose encore, et qu’elle entame une rédaction qui lui demanderait beaucoup de concentration, et qui semblait de plus en plus…urgente.



Elisette a écrit:
Nous, Elisette de Warenghien Cardofer,
Dame d’Aingeray et d’Ogéviller en Lorraine,
déclarons, malgré notre corps meurtri, être saine d’esprit lors de la rédaction de nos dernières volontés que voici :


  • Bien entendu, les terres d’Ogéviller que notre suzeraine, Sybille von Frayner, nous a fait l’honneur de nous confier, lui reviennent.
    Ayant la plus grande confiance en elle, et sachant qu’elle porte à l’égard de son filleul notre fils, Gabriel Etéocle, une sincère affection, nous souhaitons que la garde de celui-ci lui revienne, si elle l’accepte. Au cas où elle ne serait pas en mesure d’accepter, la demande serait renouvelée auprès de Caoimhim O'Sullivan, et au cas où ce dernier ne serait pas non plus en mesure d'accepter, notre fils serait confié à l’Église pour son éducation.

  • Nous souhaitons que notre seigneurie d’Aingeray, en Lorraine, revienne à notre époux, Ersinn de Warenghien, qui, ayant appris à les gérer à nos côtés, n’aura aucune difficulté à continuer seul,
    Qu’à notre époux également revienne notre alliance, qu’il puisse la conserver précieusement en guise de souvenir de notre amour.

  • À notre plus petite sœur guyennoise, Mayouche Cardofer, nous souhaitons offrir notre tenue de mariage, dans l’espoir que l’idée lui vienne de s’en servir un jour.

  • À notre sœur champenoise, Abeline Cardofer, dicte Yunab, faute de posséder dans un coffret le courage ou la patience nécessaire pour une future duchesse, car telle est sa destinée, nous n’avons trouvé meilleur héritage à lui offrir que notre première et dernière arme, notre dague, qui symbolise ma foi le courage.

  • À notre fils, Gabriel Eteocle, reviendra la bague de fiançailles que nous avait confiée son père avant son décès.

  • À notre plus grande et fidèle amie et confidente, Lavania d’Acoma, sans qui notre vie a perdu tout son éclat, nous léguons l’entièreté de notre garde-robe, afin qu’elle garde infiniment souvenir de notre coquetterie exemplaire,
    Et à son époux, notre filleul adoré, Zeiss d'Acoma, le plaisir de la contempler dans ces tenues.

  • À nos plus grands et fidèles amis et confidents, Caoimhim O’Sullivan & Niconoss d’Acoma, nous confions la cave des Angelots Buveurs, où notre stock de « Mirabelle des Angelots » est resté intact, avec la certitude qu’ils sauront en faire…bon usage.

  • À Aodh O’Sullivan, fils de Caoimhim O’Sullivan, reviendra la bague que nous a confiée son père, et que nous avions promis de lui transmettre pour son futur mariage.

  • Et enfin, la Lorraine ayant la place la plus grande dans notre cœur depuis toujours, nous souhaitons que nos funérailles y soient célébrées, et que notre corps repose dans notre ville, Verdun, au pied de la statue à notre effigie se trouvant en place centrale de ce qui est aujourd’hui un grand cimetière.
    S’il était impossible d’enterrer en dehors d’un cimetière officiel, que ma dernière volonté soit abandonnée au profit de l’un deux.

    ...


[Je me souviens d’amitiés…]

[Je me souviens d’une joyeuse petite fille à deux nattes,
De grands verres de jus,
D’une demoiselle avec pour seul défaut la manie de se plaindre du prince charmant qui ne venait pas,
D’une Dame, à la grande carrière, et au grand cœur, qui restait l’amie de l’aubergiste de son enfance,
D’un grand honneur, d’une couronne et d’un blason,
D’une Duchesse fragile, méritant l’admiration de tous.]

[Je me souviens d’une femme de caractère, jalouse et autoritaire,
D’une guerre secrète qui se transformerait au fil des jours, en une fine amitié, puis en une grande, puis à toute épreuve…
Je me souviens d’un journal tissé de rires et de joies…
Je me souviens d’une soirée arrosée, d’une liste secrète de chez secrète,
Je me souviens de promesses, de confidences, de révélations, de confiance et de soutien…
Je me souviens d’un départ, d’une séparation, de la perte du sourire, du manque de cette amitié si précieuse…]



Ici, il lui sembla qu’elle avait mentionné tout le monde, ou surtout qu’elle avait tout légué. Si elle avait pu encore avoir des choses à donner au reste de sa famille et de ses amis, elle n’aurait pas hésité à continuer, mais là, il fallait l’avouer, Elisette n’était pas une femme dont les biens étaient monstrueux…

Elle se garda d’apposer déjà son scel, et se contenta de reposer le parchemin sur la table de chevet.

Enfin, elle se laissa aller gentiment vers le monde paisible et sans douleur qu’est celui des rêves.

Lorsqu’elle se sentit quitter ce monde pour celui de la réalité, Elisette n’avait aucune idée du temps qu’elle avait passé dans son sommeil. Quelques heures, toute une nuit, ou même plusieurs jours ? Elle avait perdu toute notion du temps, et se sentait toujours aussi faible.
Un soupir pour chasser ses pensées, et elle ouvrit péniblement les yeux, pour découvrir avec surprise...


U…Uriel ?

Elle se redressa avec difficulté, prenant soin de penser à autre chose que son ventre pour ne pas accroitre la douleur, pour regarder son ami, et lui adresse un léger sourire, ma foi triste.

Tu es venu…Merci. Je ne t’attendais pas si tôt, j’ai…j’ai dormi. Ton voyage n’a pas été trop pénible ?

Elle adressa un mouvement de menton en direction de la chaise aux côtés du lit, invitant Uriel à s’asseoir vers elle.
Uriel
[Je me souviens d'un départ, puis d'un retour plein de vie.
Je me souviens d'un accouchement, dans la chambre d'un Castel qui appelait à la vie, lui aussi.
Je me souviens d'un second départ ... mais pour cette fois se terminer par la mort.]


Prenant le tabouret, il s'approcha et déposa un baiser sur le font humide de la jeune femme.
Lui qui avait fait ses cours de médecine chez les lescuriens, lui qui avait obtenu la note maximale, lui qui avait ensuite enseigné cet art ... il voyait là des signes qui ne trompaient pas et nul remède, nulle invocation n'y changeraient. Seule restait la prière.

Il empoigna un linge qu'il humidifia, il frotta le front d'Elisette, puis s'assit enfin.


Il n'y a pas à me remercier.

Dit-il avec un pâle sourire.
Que pouvait-il lui offrir de plus hormis ce petit réconfort ? Et pourtant, son coeur tant affligé n'était plus qu'un fruit desséché, tant de souffrance, tant de tristesse ... une Lorraine qui l'avait oublié, un enfant mort si vite, une épouse dont la raison avait été emportée par le décès de ce qu'il restait d'eux deux.


Oui, me voici. Je te devais bien cela.
Toi qui me fut la première à me répondre, à Verdun, au sujet d'une hache lorsque tu étais maire ... voici déjà si longtemps.


Et oui, il avait une excellente mémoire.

Mon voyage s'est bien passé, n'aie point d'inquiétude.
Alors, chère amie, que vas-tu me conter ?


Oh il n'était pas dupe. Les grimaces qui tiraillaient son visage une fois de temps à autre étaient évocatrices, de même que la main qui massait inconsciemment ce ventre blessé ...
_________________
Yunab
[ je me souviens de ce voyage en Lorraine...
de nos retrouvailles....
je me souviens de son visage , de son sourire et de mon cœur qui bat la chamade devant elle...
je me souviens des instants passés ensemble, de ce déménagement qui l'a emmener loin de moi...]


La Champagne...devait-elle certainement être folle pour ne pas être comme certains et de n'attendre qu'une chose...que de pouvoir en partir, tout avait été pourtant prévu, finir son dernier mandat en tant que Cac pour ensuite partir loin avec lui et enfin passer du temps près de ses deux sœurs, oui tout était prévu...sans compter cette guerre qui s'éternisait et qui la retenait depuis des mois.


Voilà quelques jours qu'elle avait enfin pu quitter le lit de l'infirmerie, sa rencontre avec les armées artésiennes lui laisseraient quelques cicatrices, lui rappelant sans cesse cette nuit ou beaucoup de ses amis étaient tombés au combat.Juste quelques jours de répit avant de reprendre les armes, pour son duché, pour sa reyne.



Un bref passage a Rosoy c'était imposer de lui même, rare était les moments qu'elle avait pu passés sur ses terres depuis qu'elle avait été anoblie quelques semaines plus tôt, vérifier que tout allait bien, prendre connaissance du courrier qui aurait pu y arriver...d'ailleurs une missive retient son attention , une lettre de son beau frère , Ersinn, étonnée elle l'était, oui, en faite il ne se connaissaient pour ainsi dire pas du tout ne s'étant croiser qu'a de rares occasions. A la lecture, elle grimaça légèrement, il était sans doute déjà bien trop tard pour lui répondre, c'est surtout le post scriptum qui retient son attention...Eli...voilà quelques semaines que le silence c'était installer entre elles, leur correspondance c'était faite plus rare, pas vraiment de sa volonté, cette guerre occultant presque tout le reste, elle avait pourtant des choses a lui dire...


Sans attendre, elle rejoint son bureau, s'installa , se saisit d'un parchemin et de sa plume, ne sachant pas ou elle serait demain et si elle aurait la possibilité de lui écrire.


[ je me souvient de chacune de ses lettres...
des nos joies et peines partagées, allongées sur le papier...]





Citation:
ma chère Eli...

je suis profondément désolée de ce silence,
ici comme presque partout ailleurs la guerre fait rage, j'ai été grièvement blessée il y a quelques semaines de cela en essayant d'entrer a Peronne, je ne voulais pas que tu t' inquiètes pour moi...aujourd'hui, je vais bien même si certaines cicatrices ne disparaitrons probablement jamais, surtout les souvenirs...

J’espérais tant pouvoir venir vous retrouver et passer du temps avec toi et Mayouche mais malheureusement je pense qu'il faudra que je soit encore patiente un long moment a moins que vous ne me fassiez l'honneur d'êtres présentes a mon mariage...je l’espères du fond du cœur même si je sais que la distance qui nous sépare n'est pas des moindres et ne rend pas les choses faciles.

tu me manques...
je pense chaque jours fort a toi et Mayouche et ne désespère pas de pouvoir vous retrouvez, bientôt..

je t'aime
donne moi vite de tes nouvelles.




Ersinn
Au terme des trois jours, Ersinn était plus qu'impatient de retrouver Elisette. La lettre qu'il reçut brisa sa joie, ses espérances.
Relisant sans cesse les mêmes mots, Ersinn n'en comprenait plus le sens. Il fut pris de tremblement, et d'un vertige, qu'il le fit tituber..

Non...Non..

[ Je me souviens de nouvelles promesses.
Je me souviens d'une nouvelle vie.
Je me souviens de notre joie, notre amour.]


Sa voix se brisait déjà. La lettre toujours à la main, il se mit à courir à travers la ville, pour atteindre leur maison le plus rapidement possible.
A l'entrée, un messager, visiblement mal à l'aise, hésitait à entrer. Il remit une lettre à Ersinn, et déguerpit le plus vite possible. Une lettre d'Abeline. Une réponse pour lui, après tout ce temps ? Sans doute pas.. C'était pour elle. Sans plus attendre, il entra.

Ce qu'il y vit le déchirait. Elisette était pâle, et gisait là, sur le lit, comme si le destin avait déjà décidé de son sort.. Ce qui était probablement vrai. Mais le lorrain se fermait à cette éventualité. Il avait peur.
Puis, seulement, il vit Uriel assis à coté d'elle, et May qui le regardait avec inquiétude.


[ Je me souviens de cette étrange nuit, terrible, mais excitante, à tes cotés.
Je me souviens ensuite de notre réveil, ô combien douloureux.. ]


Elisette..
Pourquoi ne m'as-tu rien dis, mon amour..


Il s'assit sur le lit, jetant un regard anxieux à Uriel, et prenant l'autre main d'Eli entre les siennes.

Y'a-t-il quelque chose à faire ?

Il connaissait déjà la réponse. S'il y avait quelque chose à faire, ils ne seraient pas là, à ne rien faire.. L'accompagner dans sa mort.. Ersinn frissonna, et se pencha légèrement vers Elisette, murmurant.. Je t'aime, tu m'entend..
Sa main toucha sa joue, froide et brûlante en même temps.. Ne me quitte pas... Il posa délicatement la lettre d'Abeline dans sa main.

_________________
Pour plus de précision sur l'allure d'Ersinn :
http://www.lesroyaumes.com/FichePersonnage.php?login=ersinn
Elisette
[Je me souviens d'un premier baptême, pour l'un comme pour l'autre.
Je me souviens d'une marraine, Alistryna, partie beaucoup trop tôt...
Je me souviens de la voix de Caoimhim répétant "Parle en à Uriel" ou "Uriel pourra t'aider", dans chaque situation difficile...]



La présence d'Uriel, ici, à Marmande, procura à Elisette un sentiment étrange.
Elle pour qui la Guyenne et la Lorraine étaient deux mondes différents, et totalement coupés l'un de l'autre, elle se retrouvait alors dans l'un des deux avec l'une des plus grandes figures de l'autre.

Que serait-elle devenue si elle était restée chez elle ? Certainement qu'elle se serait enfermée, sans plus pouvoir supporter de croiser l'une ou l'autre personne, comme cela avait commencé avant son départ. Elle ne serait pas mourante, et si elle l'avait été, elle aurait eu tous ses amis auprès d'elle...Bonne ou mauvaise chose ? Cependant, elle n'aurait pas été plus heureuse, loin d'Ersinn, ou alors auprès d'un Ersinn malheureux lui-même. C'était tout aussi inconcevable pour elle que de quitter une seconde fois la Lorraine, mais elle avait fait un choix qu'elle ne regrettait pas.

En sus de ce sentiment dit étrange, Uriel apportait un réconfort particulier à Elisette. Il parvint même à la faire rire - ce qu'elle n'avait plus eu l'occasion de faire depuis longtemps - en relatant leur premier contact, dont Elisette avait bien entendu déjà tout oublié.


Heh bien, j'ai essayé de rédiger mon testament, et je crois qu'il est presque achevé...

Elle désigna d'un geste faible le parchemin posé sur sa table de chevet.

Je me disais que comme j'ai confiance en toi, tu es venu auprès de moi, tu es Lorrain et donc que tu retourneras là-bas, et que tu connais la plupart, si ce n'est tous mes héritiers...tu pourrais bien tenir le rôle d'exécuteur testamentaire, pour moi...Si tu es d'accord, bien sûr.

Mais à cette instant, la porte s'ouvrit pour laisser apparaître le visage abattu d'Ersinn.
Elisette tenta de lui adresser un regard réconfortent. Certainement son époux avait-il plus besoin de réconfort qu'elle. Elle, avait déjà accepté l'idée de partir.

Elle estima cependant qu'il n'était pas nécessaire de répondre à sa première question. Et puis, que dire ? Qu'elle ne pensait pas que sa blessure dégénérerait autant, qu'elle ne voulait pas l'inquiéter ou l'affoler ?

D'autant qu'elle le pouvait, elle serra la main qui était venue prendre la sienne, et répondit le plus sereinement possible, craignant que sa voix tremble un peu de par son émotion du moment :


Reste avec moi, et tout ira au mieux...

Et lorsqu'il s'approcha et lui murmura quelques mots, c'est avec difficulté qu'elle retint un sanglot pour ne laisser que couler quelques larmes silencieuses sur ses joues.

Elle joignit sa main à celle déjà posée sur sa joue, pour à nouveau la serrer, et murmurer à son tour.


Je suis heureuse, mon amour...Parce que tu es là, avec moi...

Et une fois qu'elle lui eut transmis un sourire, elle entreprit d'ouvrir la lettre.
Une lettre de sa sœur....Elle la lut. Elle versa à nouveau quelques larmes. Elle s'essuya la joue. Elle la relut.


[Je me souviens de lettres, et de lettres, et de lettres...
Je me souviens de rires, d'attendrissements, de fiertés, d'inquiétudes à la lecture de ecs lettres...
Je me souviens du regret de l'arrêt momentané de cette correspondance, si bénéfique.]



Veux-tu bien écrire pour moi, mon amour ?

Lettre en main, elle commença à réfléchir à sa réponse, et dicta les phrases au fur et à mesure.

Citation:
Ma chère sœur...

Je suis tout autant désolée que toi ; si tu ne m'as pas écrit, je n'en ai pas fait plus.
J'espère de tout mon cœur que tes blessures sont minimes, et va voir régulièrement quelqu'un qui saura en prendre soin, s'il te plaît.


Petit mouvement de main instinctif au niveau de son ventre.

Citation:
Je veux déjà que tu m'excuses, Abeline, de mon absence future à ton mariage. Si tu savais combien j'aurais voulu être présente...Mais je serai présente, dans un certain sens...Je veux dire par là que je veillerai comme je le pourrai sur la cérémonie, et sur la suite de ton mariage, que j'espère le plus heureux du monde.

Si je te dis cela, c'est que je ne serai certainement plus là, à cette date. J'ai moi aussi eu droit à des blessures, qui me seront, je le crains, fatales. Là est la cause de ma mise en garde quant aux tiennes...

Ne sois pas trop triste, si tu le peux, de cette annonce. J'ai moi-même accepté cette idée, et j'espère que tu y arriveras aussi facilement que moi.
Je sais que tu es assez forte pour cela, une future duchesse doit pouvoir le surmonter ! Ne laisse pas tomber ta carrière, j'ai confiance en toi pour aller très loin.

Je t'aime, Abeline, et j'aurais voulu prendre plus soin de toi que ce qui m'a été donné.
Prends soin de ta vie, pour moi, et garde surtout un souvenir de moi.


Elle regarda Ersinn terminer d'écrire, puis lui demanda de lui rendre le parchemin qu'elle relut, et la plume, pour apposer sa signature, puis s'attela à le sceller.

Une fois cela fait, elle regarda à nouveau Uriel qui avait eu le temps de réfléchir.


Alors, est-ce que tu es d'accord ?
Uriel
[Je me souviens du désarroi de ceux qui perdaient un être cher.
Je me souviens de mes mots et de leur incrédulité.
Je me souviens de voir de la tristesse et du chagrin, trop, trop, trop ...]


La porte s'entrouvrit, c'était Ersy. Uriel le salua d'un clin d'oeil, mais sa mine restait grave.
A la question posée, il hocha la tête, négativement.


Oui ... prier, et rester avec ton épouse aussi longtemps que tu le pourras.


... les heures sont comptées, mon ami, Il n'y en a plus une à perdre.

Cela il le garda pour lui, mais l'homme avait bien compris.
Il entendait alors la requête d'Elisette et remarqua le parchemin qu'elle lui désignait.


Je suis honoré de ta confiance, Eli.
Et bien soit, je retournerai pour toi en Lorraine, alors, car mes pas à priori ne devaient plus m'y porter.
Je passerai au delà de Dole, où sera bientôt ma nouvelle vie, pour le meilleur et pour le pire.


Mais le pire restait à venir, il le savait. Sybille se murait dans son silence, et elle se mourrait, refusant de voir quiconque.
Puis il la regarda.


Je m'occuperai de tout, comme il se doit.

Le clerc se leva alors, et prit dans sa sacoche de ceinture deux objets : une fiole d'eau bénite et une médaille aristotélicienne.
Il la plaça dans la main d'Elisette puis déboucha la fiole et s'en imprégna le pouce, avant d’approcher ce dernier du front de la mourante pour y tracer le signe de la croix de Christos.
Serrant les dents, il dit alors une phrase fataliste, espérant qu'elle n'en ait pas besoin.


Ego te absolvo.
Je t'absous de tous tes péchés.

Te voilà partie du bon pied ! Je te dis à tout bientôt mon amie.


Dit-il en souriant, une fois encore. Il déposa un délicat baiser sur son front, avant de poser sa main et de serrer l'épaule d'Ersinn, en signe d'encouragement.

Je dois sortir, quelques instants. Mais si vous avez besoin, je ne serai pas loin ...

Il n'allait pas priver les deux amants d'un dernier moment ensemble, une ultime entrevue pour s'échanger des mots que seuls les amoureux pouvaient entendre.
Sa mission était accomplie, pour l'heure, il resterait dans le couloir jusqu'à ce qu'on ait besoin de lui.

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Ersinn
Reste avec moi, et tout ira au mieux...

Cette phrase résonnait dans l'esprit du lorrain. Il reconnaissait là bien sa femme. Toujours à tempérer n'importe quelle situation, pour que tout se déroule le mieux possible.
Ersinn se contenta d'acquiescer, restant muet, le regard fixé sur son visage. Il allait suivre son conseil, car finalement, il ne pouvait rien faire d'autre que rester là et profiter de leurs derniers instants, ce qu'Uriel soulignait avec gravité.

La lettre. Ersinn l'avait ouverte bien entendu, et lue. Une sorte de réponse à sa propre lettre, qu'il avait envoyé quelques semaines plus tôt. Presque trop tard..

Veux-tu bien écrire pour moi, mon amour ?


Il hocha mécaniquement la tête, s'écarta pour trouver une surface plane, et s'empara d'une plume pour noter scrupuleusement chaque mot de la réponse destinée à sa belle-soeur que lui dictait Elisette. Seul le grattement de sa plume et la dictée de la Cardofer étaient audible. Le silence était écrasant.
Aucun son ne franchit les lèvres du lorrain, ni lorsqu'il laissa Elisette relire, et apposer son scel, ni lorsqu'il s'écarta de nouveau pour laisser la place à Uriel.

C'était comme si on l'empêchait de réfléchir. Comme si.. une brume qui embaumait son esprit, pour l'empêcher de sombrer dans la tristesse.

Le désespoir lui avait coupé la langue, et seul ses yeux parlaient pour lui à présent. Leurs couleur noir avait perdu de son éclat. La main d'Elisette entre les siennes, il s'efforçait en vain de maitriser son tremblement.
Il ne voulait pas la perdre. Pas comme ça. Pas maintenant. Pas déjà.

Ce ne fut que lorsqu'Uriel eut quitté la pièce, en entrainant Mayouche à sa suite, qu'il s'adressa enfin à son épouse.


Je n'aurais jamais du nous entrainer hors de la Lorraine une seconde fois.
Regarde où cela nous a mené. Pardonne moi..
La punition d'un égoïsme, infligé par .. un excommunié.


Il y avait de la colère dans les derniers mots, mais il la contenait.
Soupirant tristement, il prit place près d'elle, pour caresser doucement sa joue.


[ Je me souviens ... de cette fois où j'allais t'abandonner pour une autre.
Je me souviens de notre dispute au sujet du divorce que j'exigeais de toi.
Je me souviens mes remords lancinant, ton mépris, et la peur que j'ai eu de te perdre à ce moment là.]


Ne m'abandonne pas..

Puis, il approcha enfin ses lèvres des siennes, pour lui transmettre encore au moins une fois tout son amour.
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Pour plus de précision sur l'allure d'Ersinn :
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