Archybald
[Le 19 octobre au petit matin, sur la route de Montauban.]
Moult et moult étendards se déployèrent silencieusement tandis que les pas bottés et ferrés de l'armée du Sud résonnaient dans le ciel encore voilé d'octobre. Le flamboyant léopard d'or sur fond d'écarlate du Duc de Guyenne, les armoiries de Gascogne, les châteaux bordelais et agenois sur champ de gueules, la porte fluviale de Blaye et le pont de Cahors, le Saint bazadais devant son bourreau et la croix marmandaise, le navire testérin et le saule de Montauban, l'étalon blanc de Calon, la truite Louvelle, le taureau de Mesterrieux, le lierre de Cazaugitat, le trécheur d'or de Sigognac, le soleil de Nérac et tant d'autres encore, tous s'affichèrent mus de la même expression. Celle des bannières qui s'apprêtent pour la bataille.
La machine de guerre Guyennoise s'était mise en branle l'avant-veille. Tentes de la troupe, trains d'approvisionnement, palissades précaires, feux de camps, tout l'attirail qui s'était dressé autour de la châtellenie depuis laquelle le Duc et son état-major dirigeaient les opérations, au beau milieu de la campagne Agenaise, tout avait été démonté, défait ou éteint à la hâte. Deux jours et demi de rassemblement et de coordination du ravitaillement acheminé par la Garonne n'avaient laissé aucun espoir de connaître l'heure du départ, tombé tel le marteau du forgeron sur son enclume.
La cohorte, qui de bannerets, qui de cavaliers, qui de troupiers, qui de piquiers, s'étira tout du long de sa lente progression vers l'est. L'avant-garde partie avec une bonne demi-journée d'avance ouvrait la route au gros de la troupe, suivie de la logistique et de ses trains de nourriture, de céréales, de trognons, d'écuelles, de barbaque et de vinasse.
Haaaaaaarrrooooooooo ... Haaaaaaarrrooooooooo ...
Tandis que la cohorte se mouvait d'un seul corps solide et uni pour gagner le campement de l'ennemi massé aux portes de Montauban, les cors de guerre déversèrent tout leur soul, accompagné des hurlements teigneux du clébard du Duc, à la pointe de son dispositif.
Haaaaaaaaaaaaaaarrroooooooooo ...
Entouré de sa garde prétorienne, fils, cousin, liges ou bannerets à ses côtés, Archybald de Louvelle alors juché sur son roncin de guerre, harnaché et sanglé pour porter son maître, tira son estramaçon hors du fourreau. Vers le Tarn, Gregor et ses hommes tenaient le flanc. Vers le nord, dòna Kateyll et les bordelais tenaient l'autre extrémité. Puis d'autres et d'autres braves peuplaient leur ligne de bataille, qu'ils fussent Guyennois, Gascons, ou d'autres contrées. Tous formaient les bannerets du Sud en marche vers Montauban.
Escadron Léopard ! En fer de lance !
Haaaaaaaaaaaaaaarrroooooooooo ...
À Montauban !
Et 250 écus pour la tête d'Amael. De quoi motiver les hommes.
_________________
Moult et moult étendards se déployèrent silencieusement tandis que les pas bottés et ferrés de l'armée du Sud résonnaient dans le ciel encore voilé d'octobre. Le flamboyant léopard d'or sur fond d'écarlate du Duc de Guyenne, les armoiries de Gascogne, les châteaux bordelais et agenois sur champ de gueules, la porte fluviale de Blaye et le pont de Cahors, le Saint bazadais devant son bourreau et la croix marmandaise, le navire testérin et le saule de Montauban, l'étalon blanc de Calon, la truite Louvelle, le taureau de Mesterrieux, le lierre de Cazaugitat, le trécheur d'or de Sigognac, le soleil de Nérac et tant d'autres encore, tous s'affichèrent mus de la même expression. Celle des bannières qui s'apprêtent pour la bataille.
La machine de guerre Guyennoise s'était mise en branle l'avant-veille. Tentes de la troupe, trains d'approvisionnement, palissades précaires, feux de camps, tout l'attirail qui s'était dressé autour de la châtellenie depuis laquelle le Duc et son état-major dirigeaient les opérations, au beau milieu de la campagne Agenaise, tout avait été démonté, défait ou éteint à la hâte. Deux jours et demi de rassemblement et de coordination du ravitaillement acheminé par la Garonne n'avaient laissé aucun espoir de connaître l'heure du départ, tombé tel le marteau du forgeron sur son enclume.
La cohorte, qui de bannerets, qui de cavaliers, qui de troupiers, qui de piquiers, s'étira tout du long de sa lente progression vers l'est. L'avant-garde partie avec une bonne demi-journée d'avance ouvrait la route au gros de la troupe, suivie de la logistique et de ses trains de nourriture, de céréales, de trognons, d'écuelles, de barbaque et de vinasse.
Haaaaaaarrrooooooooo ... Haaaaaaarrrooooooooo ...
Tandis que la cohorte se mouvait d'un seul corps solide et uni pour gagner le campement de l'ennemi massé aux portes de Montauban, les cors de guerre déversèrent tout leur soul, accompagné des hurlements teigneux du clébard du Duc, à la pointe de son dispositif.
Haaaaaaaaaaaaaaarrroooooooooo ...
Entouré de sa garde prétorienne, fils, cousin, liges ou bannerets à ses côtés, Archybald de Louvelle alors juché sur son roncin de guerre, harnaché et sanglé pour porter son maître, tira son estramaçon hors du fourreau. Vers le Tarn, Gregor et ses hommes tenaient le flanc. Vers le nord, dòna Kateyll et les bordelais tenaient l'autre extrémité. Puis d'autres et d'autres braves peuplaient leur ligne de bataille, qu'ils fussent Guyennois, Gascons, ou d'autres contrées. Tous formaient les bannerets du Sud en marche vers Montauban.
Escadron Léopard ! En fer de lance !
Haaaaaaaaaaaaaaarrroooooooooo ...
À Montauban !
Et 250 écus pour la tête d'Amael. De quoi motiver les hommes.
_________________