Cooky
La lune, les ombres, le paysage, tout semblait fort différent une épée à la main. Était-ce l'excitation ? La peur ? Ou le froid peut-être ? Elle n'aurait su dire exactement ce qui rendrait cette nuit si étrange .
En cet instant, elle ne sentait plus grand chose, elle se contentait de voir, d'observer. Les yeux grands ouverts, elle regardait autour d'elle avec une acuité renouvelée, cherchant à saisir le moindre détail, à deviner le moindre contour.
Contrairement à nombre de ceux qui l'entouraient, elle n'était pas une habituée des champs de bataille. Ce n'était certes pas sa première guerre, mais c'était la première à laquelle elle participait hors de son cher Béarn, la première où elle risquait vraiment... sa vie ? son épée ? N'ayant jamais été blessée ni même égratignée au cours d'un combat, elle n'arrivait guère à s'imaginer ce qu'il pouvait réellement se passer. Pas encore, pas tant que les combats n'auraient pas commencé.
Tout autour, le bruit s'intensifiait. Le cliquetis des armures résonnait fièrement dans la plaine tandis que des chants s'élevaient de part et d'autre. Ne voulant pas être en reste, elle se mit à fredonner la seule chanson qui lui venait à l'esprit.
Se canto, que canto
Canto pas per you
Canto per ma mio
Qu'es al lent de you
Aquelos montagnos
Qué tan aoutos sount,
M'empatchon de bésé
Mas amous oun sount
Encouragée par la mélodie, elle se mit à marcher plus vite. Sacrilège se balançant à son côté, elle sentait une étrange force monter en elle. C'était là... maintenant. Tout allait commencer d'un instant à l'autre.
Debat ma fenestro,
Ya un aousélou
Touto la neî canto,
Canto sa cansou.
Ses yeux ne quittaient plus la chevelure brune de Vanyel. Là, juste devant... elle devait la suivre, c'était ainsi que l'affaire était entendue. La suivre coûte que coûte, jusqu'au bout.
Baïssas bous mountagnos
Planos aoussas bous !
Perque posqui bésé
Mas amous oun sount.
Les premiers entre-chocs se firent entendre. Épées, haches, armes en tous genres étaient dégainées et se frottaient dans une cacophonie métallique assourdissante. Un instant déboussolée, elle se reprit bien vite. Les toulousains... il fallait taper sur les toulousains. Elle ne savait guère comment les reconnaitre si ce n'était par leur accent, mais il ne serait pas dit qu'elle n'aurait pas essayé... sans plus réfléchir elle fonça droit devant elle, Sacrilège en avant, prête à en découdre.
Aquélos mountagnos
Tant s'abacharan
Mas amourettos
Se rapproucharan.
Un obstacle imprévu entra soudain en collision avec sa botte droite et l'envoya rouler en bas de la bute qu'elle venait de franchir. Avortée la course fière qui devait la mener à l'ennemi... Sacrilège lui échappa des mains, tandis qu'elle s'arrêtait rudement sur le sol. Mais l'endroit n'était guère approprié pour une sieste improvisée aussi se releva-t-elle aussitôt, indemne quoique un peu sonnée. Sans attendre, elle se rua en direction de l'endroit où brillait sa lame inerte sur le sol.
Tandis qu'elle se baissait prudemment pour la reprendre, une forme indistincte attira son regard un peu plus haut, vers ce qui lui semblait être l'endroit où elle avait trébuché. Intriguée, elle remonta la pente, se frayant un passage à coups d'épée dispensés de droit et de gauche.
Sa curiosité se mua bientôt en frayeur lorsqu'elle reconnu la silhouette étendue, immobile.
Vanyyyyyyyyyyyyyyel !
Le cur battant à tout rompre, elle remit Sacrilège dans son fourreau et se pencha sur son amie. Son cur battait toujours... Un rapide examen lui apprit qu'un des bras était certainement cassé et une cheville bizarrement tordue mais elle ne décela aucune blessure profonde, aucun coup d'épée qui aurait pu être fatal à son amie.
Oubliés les ennemis, oubliés les toulousains... elle aurait d'autres occasions de se battre, d'autres guerres au cours desquelles démontrer sa vaillance. Si elle en jugeait par les couleurs des corps étendus autour d'elles, les toulousains étaient en déroute, on ne lui en voudrait pas... pas trop du moins... d'abandonner le champ de bataille pour mettre son calife en sûreté. De toute façon, elle ne pouvait décemment pas abandonner la jolie plume dans cet état. Il y aurait d'autres batailles, mais des Vanyel il n'y en avait qu'une, pas question de la laisser en plan.
Sans plus hésiter, elle attrapa la petite crevette sous les bras et la traina de son mieux. Fort heureusement, les combats s'étaient éloignés en direction des portes de Montauban, choisissant la sécurité, elle l'emmena dans le sens opposé, vers Cahors où elle la confia aux bons soins d'infirmières venues secourir les blessés.
Lorsqu'elle fut certaine que la comtesse se trouvait entre de bonnes mains et serait choyée comme il se devait, elle reprit la route et cette fois ne fit plus marche arrière.
Elle ne ramenait aucun trophée pour cette première nuit, aucune épée dérobée à l'ennemi. Mais son amie était saine et presque sauve et les troupes royalistes remportaient la bataille. L'essentiel était assuré.
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En cet instant, elle ne sentait plus grand chose, elle se contentait de voir, d'observer. Les yeux grands ouverts, elle regardait autour d'elle avec une acuité renouvelée, cherchant à saisir le moindre détail, à deviner le moindre contour.
Contrairement à nombre de ceux qui l'entouraient, elle n'était pas une habituée des champs de bataille. Ce n'était certes pas sa première guerre, mais c'était la première à laquelle elle participait hors de son cher Béarn, la première où elle risquait vraiment... sa vie ? son épée ? N'ayant jamais été blessée ni même égratignée au cours d'un combat, elle n'arrivait guère à s'imaginer ce qu'il pouvait réellement se passer. Pas encore, pas tant que les combats n'auraient pas commencé.
Tout autour, le bruit s'intensifiait. Le cliquetis des armures résonnait fièrement dans la plaine tandis que des chants s'élevaient de part et d'autre. Ne voulant pas être en reste, elle se mit à fredonner la seule chanson qui lui venait à l'esprit.
Se canto, que canto
Canto pas per you
Canto per ma mio
Qu'es al lent de you
Aquelos montagnos
Qué tan aoutos sount,
M'empatchon de bésé
Mas amous oun sount
Encouragée par la mélodie, elle se mit à marcher plus vite. Sacrilège se balançant à son côté, elle sentait une étrange force monter en elle. C'était là... maintenant. Tout allait commencer d'un instant à l'autre.
Debat ma fenestro,
Ya un aousélou
Touto la neî canto,
Canto sa cansou.
Ses yeux ne quittaient plus la chevelure brune de Vanyel. Là, juste devant... elle devait la suivre, c'était ainsi que l'affaire était entendue. La suivre coûte que coûte, jusqu'au bout.
Baïssas bous mountagnos
Planos aoussas bous !
Perque posqui bésé
Mas amous oun sount.
Les premiers entre-chocs se firent entendre. Épées, haches, armes en tous genres étaient dégainées et se frottaient dans une cacophonie métallique assourdissante. Un instant déboussolée, elle se reprit bien vite. Les toulousains... il fallait taper sur les toulousains. Elle ne savait guère comment les reconnaitre si ce n'était par leur accent, mais il ne serait pas dit qu'elle n'aurait pas essayé... sans plus réfléchir elle fonça droit devant elle, Sacrilège en avant, prête à en découdre.
Aquélos mountagnos
Tant s'abacharan
Mas amourettos
Se rapproucharan.
Un obstacle imprévu entra soudain en collision avec sa botte droite et l'envoya rouler en bas de la bute qu'elle venait de franchir. Avortée la course fière qui devait la mener à l'ennemi... Sacrilège lui échappa des mains, tandis qu'elle s'arrêtait rudement sur le sol. Mais l'endroit n'était guère approprié pour une sieste improvisée aussi se releva-t-elle aussitôt, indemne quoique un peu sonnée. Sans attendre, elle se rua en direction de l'endroit où brillait sa lame inerte sur le sol.
Tandis qu'elle se baissait prudemment pour la reprendre, une forme indistincte attira son regard un peu plus haut, vers ce qui lui semblait être l'endroit où elle avait trébuché. Intriguée, elle remonta la pente, se frayant un passage à coups d'épée dispensés de droit et de gauche.
Sa curiosité se mua bientôt en frayeur lorsqu'elle reconnu la silhouette étendue, immobile.
Vanyyyyyyyyyyyyyyel !
Le cur battant à tout rompre, elle remit Sacrilège dans son fourreau et se pencha sur son amie. Son cur battait toujours... Un rapide examen lui apprit qu'un des bras était certainement cassé et une cheville bizarrement tordue mais elle ne décela aucune blessure profonde, aucun coup d'épée qui aurait pu être fatal à son amie.
Oubliés les ennemis, oubliés les toulousains... elle aurait d'autres occasions de se battre, d'autres guerres au cours desquelles démontrer sa vaillance. Si elle en jugeait par les couleurs des corps étendus autour d'elles, les toulousains étaient en déroute, on ne lui en voudrait pas... pas trop du moins... d'abandonner le champ de bataille pour mettre son calife en sûreté. De toute façon, elle ne pouvait décemment pas abandonner la jolie plume dans cet état. Il y aurait d'autres batailles, mais des Vanyel il n'y en avait qu'une, pas question de la laisser en plan.
Sans plus hésiter, elle attrapa la petite crevette sous les bras et la traina de son mieux. Fort heureusement, les combats s'étaient éloignés en direction des portes de Montauban, choisissant la sécurité, elle l'emmena dans le sens opposé, vers Cahors où elle la confia aux bons soins d'infirmières venues secourir les blessés.
Lorsqu'elle fut certaine que la comtesse se trouvait entre de bonnes mains et serait choyée comme il se devait, elle reprit la route et cette fois ne fit plus marche arrière.
Elle ne ramenait aucun trophée pour cette première nuit, aucune épée dérobée à l'ennemi. Mais son amie était saine et presque sauve et les troupes royalistes remportaient la bataille. L'essentiel était assuré.
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