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Info:
Une rencontre fortuite entre une noble dame romanesque et un humble počte noble de coeur

[RP] La magie des mots

.mathilde.
Souvenir, souvenir. Un lieu magique pour des voyages infinis, trop peu fréquenté, mais toujours aussi beau.
D'une plume fatiguée elle couche sur le papier :


Immobile, elle contemple le feu qui consumme les derniers tisons,
Sa main tremblante trouve refuge dans le pelage douillet de son chaton.
Au rythme des ronronnements, nostalgique, elle fredonne une chanson,
Attendrit, celui ci s'assoupie, formant une boule de poil sur le coussin marron.


Puis elle laisse 4 mots à son tour :

éternelle, étincelle , emeraude , chaude
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Batcat
Que la guerre l'horripilait ! Il fallait bien pourtant des volontaires...
Alors Batcat profitait de ce quartier libre pour se vider l'esprit en errant sur les pavés de la cité qu'il méconnaissait.
Et là, au détour d'une ruelle, il vit une dame au sourire serein sortir d'un grange, laissant derrière elle la porte entrouverte.
Laissant libre cours à sa curiosité, il alla jeter un œil, et découvrit le trésor intime qui s'offrait pourtant à tout un chacun. S'emparant des mots que venait de laisser la jeune femme au sourire serein dont quelques effluves en suspension demeuraient encore, il s'essaya :



L'éther réveille une éternelle
Image diaphane qui étincelle
En mon âme morne, telle une émeraude
Dans le creux de sa poitrine chaude.


Puis, il griffonna 4 mots :

Quelqu'un, affaibli(e/s/t), parfum(s), oubli(e/es/s)
.mathilde.
Parce que les plus belles odes sont celles qui ne meurent jamais, celles que l'on couche sur un vélin à l'aide de notre plus belle écriture, gravant l'histoire d'une douceur sans pareille. C'est dans cet état d'esprit et avec un trop plein d'amour que Mathilde retourna à la grange, ravie de voir que quelqu'un y était passé après elle. Cette personne avait un don certain pour la poésie et elle prit plaisir à lire les mots alanguis sur le parchemin.
A son tour, elle saisit de quoi écrire et se laissa guider par l'inspiration :


Au fond de la ruelle, enfouit dans la pénombre, j'aperçois quelqu'un,
un homme à la silhouette voutée dont le corps semble affaibli
de ces ancêtres du village qui peu à peu se meurent dans l'oubli
ceux que le temps n'a pas épargné, dont émane un vieilli parfum


Puis elle laissa quelques mots :
pain, moyen , affiche , aguiche
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Killian.
La mini portion suivait des cours assidus de Français pour savoir lire et écrire correctement, aussi il ne rata pas l'occasion de mettre ses exercices en pratique en découvrant une sorte de petit jeu original sur le thème de l'écriture. Killian prit sa plus belle plume et commença à rédiger quelques mots..

Un lapin voit sur une affiche
Une carotte qui joliment l'aguiche
Mais le lapin ne sait par quel moyen
Transformer cette carotte en un pain


Bon le poème était du niveau d'un enfant de cinq ans, mais il s'en aurait voulu de ne pas apporter sa petite touche personnelle.

Il écrivit quatre prochains mots :

Polisson, Devoir, Comptoir et canon

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Batcat
Dans la fraîcheur matinale qu'un léger brouillard accentuait, le jeune homme encapuchonné, de nouveau de passage en la ville de Murat, n'errait pas au hasard des ruelles cette fois. Il cherchait le passage étroit qui menait à la 'grange aux merveilles'.
Lorsqu'il reconnut enfin l'objet de son désir, il hâta le pas - bien conscient que toute précipitation à découvrir si l'ouvrage intime arborait de nouvelles rimes était quelque peu ridicule.
Cependant, il se faufila dans la grange haletant, et retint son souffle au moment de découvrir que...
Oui ! deux poèmes !

Le premier d'entre eux, si touchant de justesse et de simplicité, lui permit de recouvrer une sérénité plus propice à la lecture. Ses yeux le parcoururent plusieurs fois, doucement, et reconnurent lui sembla-t-il la belle calligraphie des vers qui précédaient les siens. Alors il sourit en repensant à la jeune femme qu'il avait vue quitter la grange quelques jours plus tôt, ses narines frétillèrent même au souvenir de la douce fragrance d'alors.
Puis Batcat ne put réprimer un large sourire à la lecture du dernier poème, dont le thème bien plus léger et la graphie encore hésitante trahissaient certainement le jeune âge de son auteur(e).

Content que la poésie interressât aussi de jeunes âmes, le jeune homme tâcha alors de conserver ce ton léger :


Si demain sur mon comptoir
Je ne trouve pas ton devoir
Tremble, tremble, polisson
Tu seras chair à canon !


Batcat gloussa en se relisant. Puis il ajouta les quatre mots qui serviraient de relai au prochain poète :

récompense, écu, danse, vécu
.mathilde.
L'esprit enchanté, le coeur léger, Mathilde retourna dans son antre favorite, la granges aux mots. C'est avec un plaisir infini qu'elle constata qu'en moins de deux jours à peine.. 2 poèmes avaient été déposés. Même dans ses prières les plus sincère elle n'avait osé demander à Aristote de faire revivre ce lieu si cher à son coeur, et pourtant, tel un miracle qui vous émerveille et vous prend par surprise au point de vous faire chavirer de bonheur, elle revivait. Cette bâtisse si appaisante au sein de laquelle les âmes les plus poétiques venaient et refaisaient le monde de leurs écrits. Voyager à travers les mots, les assembler pour vivre les plus belles aventures, ressentir les sentiments les plus profonds et partager les plus belles histoires...
Elle lu avec amusement les poèmes déposés mais ne pu se résoudre à croire qu'une même personne avait bel et bien composé les deux écrits sur lesquels son regard valsait, passant de l'un à l'autre afin de comparer encore et encore chaque courbe d'écriture. Pourtant, la calligraphie correspondait en tout point, mais le style était si différent... Puis elle sourit, car après tout, l'art de l'écriture était aussi de savoir transmettre n'importe quel sentiment, de la colère à la plenitude, de la rage à la folie, de l'amour au rire, des pleurs à l'agonie. Et puis avec les mots déposés par le second inconnu il n'était pas aisé de faire dans l'acuité.
Ravie de retrouver l'entrain de ses jeunes années, elle se saisit de la plume humectant avec délicatesse sa point acérée, l'égoutant légèrement au bord de l'encrier pour ne point tâcher le parchemin.


Chacun de ses pas reflétait l'histoire de son vecu
Un flot de souvenirs exprimés au travers d'une danse
Ondulant son corps, majestueuse, sans la moindre récompense
Juste le plaisir d'émouvoir le plus froid des ecus.


Puis, comme le veut la coutume, elle déposa 4 autres mots :

rebelle, étincelle, tapisserie, joaillerie

Elle eut bien cru ce jour là croiser un homme sortant de la grange, et la curiosité de son regard cherchait à dévoiler son identité, néanmoins elle ne l'aborderait pas en ces lieux, pour conserver la quiétude de sa raison d'être et parce que l'anonymat des écrits demeurait particulièrement séduisant.
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Batcat
Le cœur léger, le jeune homme venait de tirer derrière lui la bringuebalante porte de la grange. Il avait devant lui quelques heures à flâner avant de réintégrer le rang, au service de la défense du duché.

Tandis qu'il parvint au premier angle de la ruelle, sa tête pivota pour jeter un dernier regard vers l'antre aux poèmes et figer ainsi en sa mémoire le lieu magique qu'il retrouverait, il le savait, avec grand plaisir.
Alors, il nota que la porte qu'il avait pourtant bien tirée derrière lui semblait désormais entrouverte...

Mille hypothèses se bousculèrent dans sa tête. Et, même si l'idée d'aller à la rencontre de celui ou celle qui venait peut-être de pénétrer dans la grange lui traversa l'esprit, il se ravisa, tant le contrat tacite de cette grange était l'anonymat des auteurs.
Batcat décida donc d'une part de poursuivre son chemin, parcourant au hasard le cœur de Murat... et d'autre part de revenir un peu plus tard dans la journée !

Ainsi, tandis que le soleil avait fait disparaître les brumes matinales et pointait péniblement à son zénith automnal, Batcat revint à l'endroit même où il se trouvait quelques heures plus tôt.
A peine eut-il fait trois pas dans l'enceinte qu'un parfum connu le fit frissonner, le pseudo-poète devina alors quelle serait la forme des lettres qu'il allait découvrir sur le vélin posé là-bas.

Il ne s'était pas trompé. La caresse noire de la plume sur la surface opaline et l'enchaînement des mots le ravirent.
Aussi prit-il connaissance des quatre mots déposés là, fit glisser en arrière le capuchon de son mantel, prit une profonde inspiration et laissa son esprit divaguer, avant de se saisir une nouvelle fois de la rémige :


Me laisserai-je amadouer par de la joaillerie,
Par une élégante dame qui ferait tapisserie ?
Dans un un regard j'aspire à trouver l'étincelle,
Malicieux éclair charmeur sous une frange rebelle.


Puis, sans savoir qui s'en emparerait, il inscrivit quatre mots :

flamme, prendre, dame, tendre

En quittant la grange, Batcat était songeur. Il ne parvenait à savoir si, secrètement, il espérait croiser la belle à la douce écriture, tout en sachant qu'il ne saurait que lui dire, sinon que ses vers le ravissaient. En outre, il ne savait quand il reviendrait en ce lieu magique. Le lendemain, ou peut-être dans plusieurs jours seulement... (Servir l'armée était un choix qu'il assumait pleinement, mais cela avait aussi des inconvénients).
.mathilde.
Parce qu'il est des pensées qui vous envahissent, tiraillant sans répit votre esprit tourmenté. De ces choses qui vous obsèdent et vous transportent au loin de toute concentration réaliste, submergeant votre travail d'un laxisme évident, mais contre lesquelles la meilleure des volontés peine à se faire entendre. C'est dans cet façon d'être que la duchesse contemplait oisivement les étoiles scintillantes parsemant la voûte céleste d'un ciel balayé de tout nuage, une brillance intense qui vous captive au point de ne plus voir l'heure défilée. Au loin le bourdonnement d'un clocher surplombant la capitale retenti dans la nuit froide extirpa Mathilde de sa rêverie. Il était tard, ses proches risquaient de s'inquiéter si d'avantage elle traînait. Elle se décida donc à abandonner son fauteuil moelleux et son boulier fidèle depuis 6 mois, pour attraper son manteau d'hiver chaudement fourré et ses gants de velours d'un vert émeraude. Le feu crépitant dans la cheminée ancienne, la fine buée semblant exsuder du bord la fenêtre, et les ombres dansantes des arbres au dehors, confirmaient la température glaciale d'un vent redoutable à l'extérieur, bien loin du confort du château de Clermont.
L'intention de rentrer directement fut la première et probablement la plus sage. Qu'irait bien faire une femme enceinte de 6 mois, seule, au fin fond d'une grange abandonnée? Rien de très raisonnable. Mais l’était-elle? pas vraiment. Ne pouvant se résoudre à rentrer sans jeter un oeil passionné aux écrits de l'antre poétique, elle fit signe au cocher de changer sa direction pour Murat. Au vu de la tête déconcerté que fit celui ci, vous pouvez être sûre que cela remonterait aux oreilles du duc. Les rumeurs allaient bon train lorsqu'une dame se baladait seule à pas d'heure dans un lieu où elle n'avait nulle raison apparente de se trouver. Un regard appuyé de la brune suffit à le convaincre de ne pas discuter, et d'un mouvement sec de ses lanières en cuir il démarra, guidant les chevaux à la destination désirée.

Mathilde était tellement fatiguée que ses paupières luttaient pour ne pas se laisser bercer par la mélodie des sabots battant le chemin de terre, en vain. C'est la voix balbutiant de l'homme, trahissant une gêne marquante de devoir réveiller une dame paisiblement assoupie, qui ramena la fille Vaucanson dans le monde réel. Un sourire de remerciement avec la consigne de l'attendre, et celle ci s'enfonça dans la nuit noire traversant à l'aveugle la ruelle menant à la grange. Une bougie encore allumée éclairait le bureau de fortune à disposition des amateurs d'épigrammes, entre autre.
C'est avec le souffle coupé d'une adolescente amoureuse qui tremblerait à l'idée de découvrir le verdict de l'être aimé que la brune découvrit le nouveau petit parchemin déposé depuis son dernier passage. Parcourant les quelques lignes d'un regard pétillant, elle ne pu dissimuler le sourire ébaudit que lui arrachait le quatrain. Une fraction de seconde elle se plu à imaginer que ces vers lui étaient destinés. Divagation vite envolée car il semblait évident que ce lieu étant garant de tout anonymat, personne se serait perdu à déposer un texte à l'intention d'un artiste en particulier. Car oui, jouer avec les mots pour faire naître des émotions relevait bien de l'art, l'art de la romance.
Elle se serait assise à composer toute la nuit si sa vie lui permettait, seulement voilà, son époux enverrait probablement une tripotée de gardes à sa recherche, et je vous raconte pas l'ambiance familiale après ça. Déchirant plus ou moins délicatement un coin de parchemin, elle griffonna les quelques mots avancés par son prédécesseur, et le glissa dans sa poche avant de se diriger vers la sortie.

Le lendemain matin, revêtant une robe nouvelle, elle n'omit en aucun cas de récupérer le papier froissé de son manteau. Elle le relu à en apprendre le contenu par coeur et l'emporta avec elle malgré tout au cas où, prise dans un débat interminable au conseil, elle en oublierait la suite à donner au sein de la grange. La journée qui s'écoula fut tellement chargée qu'elle ne pu se libérer assez longtemps pour s'adonner à cette passion indomptable qui lui coulait dans les veines. Hélas, lorsqu'elle pris une minute pour observer l'avancée de la journée à travers la vitre, il faisait nuit noire à nouveau. Mais cette fois ci, qu’importent les râleries qu'elle subirait à la maison, elle prit un peu de son temps pour répondre au petit jeu muratais. Il y avait de fortes chances qu'un nouvel écrivain soit passé depuis mais tant pis, après tout l'entraînement est toujours bon à prendre.
S'appliquant bien plus que d'accoutumée, le bout sa langue ayant fait son apparition entre ses dents blanches tant elle tenait à sublimer les courbes de ses lettres manuscrites, elle déposa ces quelques lignes :


Après de valeureuses joutes il lui avouait sa flamme,
Se heurtant à un des coeurs les plus difficiles à prendre,
Mais après quelques moments magiques des plus tendres,
Elle accepta de devenir à tout jamais la plus heureuse des dames.


Si l'on connaissait un peu Mathilde, on aurait vite deviné qu'elle parlait d'elle et de Silec. Evidemment, quoi de plus inspirant que son expérience personnelle pour transmettre une émotion? Rien à cacher, juste à partager. Elle espéra que son correspondant secret, car c'est ainsi que son esprit romanesque se plaisait à l'imaginer, ne lui tiendrait pas rigueur de son écrit, qui au delà d'être le reflet d'une partie d'elle même, n'était que la pure vérité. Elle plaça 4 mots spontanément au bas du vélin, pour le prochain qui passerait en ces lieux. Le mystérieux inconnu, ou pas.

Rencontre, hasard, tard, théâtre

(vu l'heure j'ai pas relu désolée.. j'espere qu'il n'y aura pas trop de phrases étrangement tournées. )

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Batcat
"Tenez-vous prêts à lever le camp demain à l'aube !" lui avait-on dit. Il avait donc rassemblé ses quelques effets, empli sa gourde d'eau claire, enroulé une miche de pain dans un morceau de toile tissée afin de la protéger et mis le tout dans la sacoche qui le suivait partout depuis qu'il s'était porté volontaire pour la défense du duché.
Le jeune homme au regard profond n'avait pas l'âme d'un guerrier. Aussi laissa-t-il ce soir-là son esprit vagabonder d'étoile en étoile sans même se rendre compte que les rimes qu'il avait lues et relues dans la journée entamaient avec ses songes une danse enchanteresse.

Le lendemain, avant les premières lueurs du jour, Batcat eut la joie d'apprendre que la lance dans laquelle il servait devrait passer encore une journée à Murat, satisfaction qu'il tenta de dissimuler aux autres membres qui, pour la plupart, étaient impatients de reprendre la route.

C'est donc sous les premiers rayons d'un soleil pâle, dès qu'il eut accompli les besognes auxquelles il devait s'astreindre, que l'engagé volontaire put se diriger vers le cœur de la cité où il put négocier auprès du vieux marchand d'une échoppe une bougie et quelques parchemins prêts à l'usage à un prix raisonnable et retrouver, sans la moindre hésitation cette fois-ci, le lieu qui mettait un peu de poésie dans sa vie morne.

A l'approche du lieu qui l'attirait irrésistiblement, Batcat tentait de maîtriser l'excitation qui montait inexorablement en lui en se répétant qu'il était fort peu probable qu'un(e) poète se fût déjà emparée des mots qu'il avait laissés la veille. Une fois dans la grange que la pénombre rendait presque inquiétante, il alluma sa bougie avec la flamme mourante de la précédente qui l'avait vu passer lui et d'autres amoureux des mots ces précédents jours, avant de s'effondrer lentement et disparaître insensiblement en maintenant pour le visiteur au milieu d'un bonbon fondu de cire un bout de mèche délivrant sa dernière lueur.

Le regard du jeune homme se posa sur le fin parchemin ainsi balayé d'une lumière neuve.
Un sourire fendit son visage avant même qu'il n'eut déchiffré le moindre mot. Il connaissait cette graphie par cœur, sans avoir besoin de vérifier les précédents poèmes.
Il s'imprégna des mots et songea que si la noblesse d'âme existait, l'auteure de ces lignes en était probablement l'incarnation. Ses sentiments et son engagement semblaient si purs, ils étaient si finement exprimés qu'il en resta bouché bée un instant, hésitant même à prendre le relai en s'emparant des quatre mots laissés là.

Il chassa de son esprit la silhouette qu'il avait aperçue précédemment bien par hasard car il voulait avant tout respecter la règle implicite qui veut que chaque auteur laisse libre cours au flot de pensées qu'il couche sur le vélin sans se soucier de qui était le précédent, de qui sera le suivant.
Probablement cherchait-il à se persuader ainsi qu'il n'écrivait ses vers que pour l'amour de la poésie...

Au bout de quelques instants, il prit la plume, et avec soin, inscrivit :

Lorsque le glas vous indiquera qu'il est trop tard,
Des ombres suaves vous apprécierez le théâtre
Où les morts embrasseront les vivants, au hasard
D'une mélancolique et évanescente rencontre.


Batcat grimaça à la relecture de ses vers...
Il aurait souhaité apporter un peu plus de gaieté, mais puisque les mots étaient ainsi venus se poser, il se résolut à accepter cette inspiration assez sombre. Aussi, essaya-t-il de choisir avec soin les mots qu'il laisserait à l'intention de... - il sourit - à l'intention de quiconque suivrait.



cape, coule, brûle, drape

Pas de souci, pour ma part, j'ai tout compris
.mathilde.
La vie à souvent appris à Mathilde que les plus belles rencontres étaient le fruit du hasard. De ces personnes qui un jour entre dans vos vies sans crier garde et finissent par la marquer au fer rouge, de souvenirs précieux et d'affinités profondes qu'aucun mot sur cette terre ne saurait refléter avec exactitude. Ces liens impalpables invisibles à l'oeil nu, ces sentiments qui rendent les hommes si vulnérables et si forts à la fois, demeurent à jamais la plus belle invention qu'Aristote eut créée. C'est ainsi qu'elle voyait le monde, la vie, et surtout ceux qui lui avaient fait l'honneur de partager les moments les plus intenses de son existence, du rire aux larmes, de la rage à la sérénité, et des milliers d'autres états d'âme, qu'un livre entier de confidences manuscrites ne suffirait à recueillir. Elle était heureuse et surtout reconnaissante envers ses parents qui, malgré leur rang de la haute noblesse ne lui avaient jamais imposé quelconque relation, amicale ou amoureuse. Indigne me direz vous? peut être, surtout à cette époque, mais l'histoire de la brune était un peu plus compliqué que le simple fait de naître avec une cuillère en or dans la bouche, oh oui... bien plus compliquée.

Pas une heure ne s'écoulait sans qu'elle ne songe à ce mystérieux poète et à sa prose fascinante. En partie grâce à lui, elle retrouvait l'envie d'écrire, de sortir de ses comptes pour profiter du soleil, car bien qu'il ne fasse guère plus chaud que dans une cave de château, avant imbibition évidemment, elle trouvait les journées rayonnantes ces derniers temps, oubliant tous les tracas de guerre et de gestion, au moins l'espace de quelques instant. Sa démarche était si légère que la brise du matin pouvait se vanter de l'emporter au loin, dans un monde enchanté où ne règne que l'imagination, le rêve et l'illusion. Car oui, bien qu'elle raffolait de cette sensation d'évasion, elle était pleinement consciente que ceci n'était qu'un jeu et que rien de ce qui pouvait se lire dans cette grange ne lui était destiné.
Mathilde avait la fâcheuse tendance à tout dépeindre de noir, afin de ne jamais découvrir par surprise plus sombre qu'elle ne l'avait imaginé, et de toujours finir par trouver la vie et les personnes plus belles que l'idée qu'elle s'en faisait. Mais c'était sans compter sur son coeur, qui lui jamais n'avait su se résoudre à perdre l'espoir de la beauté du monde et de l'espèce humaine.

L'heure de sa pause était venue. Car bien que la duchesse oeuvrait pour le duché comme un forcené, enceinte de 6 mois, il était inconcevable qu'elle saute le moindre repas. Sinon on risquerait de la retrouver étendue dans les couloirs du château ducal, le teint livide, et si un visiteur noble étranger voyait cela, l'image du Bourbonnais Auvergne risquerait de prendre un sacré coup. Personnellement, si cela ne tenait qu'à elle, Mathilde n’en aurait eu, sincèrement, rien à faire. Mais voilà, elle était vassale d'importantes personnes, et se devait de les représenter, en toutes circonstances, sauf peut être dans son intimité, mais ça, c'est une autre histoire.
Visage raffiné, démarche gracile, coiffure élégante, robe séduisante. Elle avait en apparence, tout pour plaire. Seules ses pupilles insondables trahissaient le caractère fort et plein de zèle de la belle qui d'un simple regard était capable de vous fusiller, ou à l'inverse, de vous communiquer tout son amour, plus que de raison. Sans ôter ses gants, de peur de prendre une écharde dans le doigt, elle poussa la porte en bois de la grange, dont l'humidité avait fait gonfler les charnières. Les joies de l'automne et de ses pluies torrentielles...
Sans s'attarder d'avantage sur ce détail que d'un simple constat, elle découvrit une nouvelle réponse, soulageant une certaine impatience qui l'avait fait languir toute la matinée.
Il n'était pas plus tard que midi, l'on pouvait entendre au dehors le bruit des moutons qui bêlaient, guidés par leur nouveaux acquéreurs pour rejoindre les verts pâturages, probablement pas habitués à traverser un village au sol pavé.

L'auteur, au plus grand ravissement de Mathilde bien qu'elle ne veuille l'avouer, était le même. En revanche le ton d'écriture semblait bien morose. L'avait elle déçu de sa révélation? avait il compris qu'elle parlait d'elle? Se donnant une gifle fluette pour avoir osé divaguer sur ces questions, qui ne devraient point pondre dans son esprit, elle se ressaisit. Mais malgré tout, cela était plus fort qu'elle, cette envie de le comprendre, de le découvrir, de le connaître. Bloquée par ce ton maussade, qu'elle aurait aimé transformer d'un coup de baguette magique, commençant à s'inquiéter pour le mystérieux correspondant, elle fixa les vers longuement. Ils ravivèrent chez elle un souvenir douloureux où la mort lui avait caressé l'âme, manquant de faire d'elle sa prochaine victime.
Cela remontait à quelques mois maintenant, à son arrivée en BA, où l'absence de son époux surmené par le déclanchement de la guerre l'avait conduite à un réel abandon. Elle avait tout quitté pour lui , emmenant sa fille avec elle pour le retrouver à des milliers de lieux du comté qui l'avait vu grandir. Elle avait pensé en échange recevoir un peu d'attention, de quoi combler le vide qui avait envahit son coeur en quittant sa ville natale, ou presque - quand je vous dis que sa vie est compliquée.. - . Silec l'avait retrouvé, aussi sèche que les abricots du côté de Marseilles, avec un teint cadavérique, des cernes violines creusant de véritables poches sous son regard devenu livide et sans aucune vie apparente, son squelette visible au travers de sa peau jusqu'à la côte la plus profonde. Un véritable film d'horreur.

Elle ferma les yeux un instant pour chasser ce souvenir de son esprit troublé. C'était loin et elle voulait à tout prix le rayer de sa mémoire, pour toujours. Puis elle inscrivit sa réponse.


Ce corps calciné gisant sur le sol d'une terre qui brûle
Sa vie s'est envolée, plus une goutte de sang en lui ne coule
Je m'approche, endeuillée, sortant de ma besace ma plus belle cape
Et lentement, de ce tissu soyeux brodé de nos initiales, je le drape


Il avait donné le ton, elle n'avait fait que suivre, plongeant dans une certaine nostalgie qu'elle se devrait de vite dissimuler lorsqu'elle reprendrait la route de Clermont, pour ne pas inquiéter ses collègues. Elle s'apprêtait à retrouver la lumière bienfaitrice du soleil, lorsque ses pas s'arrêtèrent. Un regard en arrière vers le bureau de fortune, songeuse. Puis, guettant autour d'elle que personne ne l'ai remarqué, avec le stress d'une enfant qui a peur de se faire surprendre en train de faire une bêtise, elle déposa "innocemment" son écharpe sur le siège. Après tout un oubli, cela peut arriver n'est ce pas? pensa elle avec un sourire de véritable chipie malicieuse. C'était une étoffe de velours sombre, sur laquelle on pouvait lire la lettre ouvragée de fil d'or, M , d'une calligraphie semblable à la sienne, vu qu'elle était à l'origine de l'esquisse présentée à la couturière.
Et voilà, elle avait retrouvé le sourire, il ne lui en fallait pas beaucoup pour oublier une funeste pensée. Elle repartie donc, contente, voir légèrement fière de sa fantaisie. Une vraie gosse.

Quelques rues plus loin, elle percuta. Mince ! elle avait oublié de laisser 4 mots ! Quelle tête en l'air... on ne la referait pas. Aussi tôt, elle fit volte face, accourant vers la grange, le coeur tambourinant de peur de se faire surprendre par le fameux poète, imaginant qu'il puisse arriver derrière elle et la voir. Il était un des seuls à connaître cette facette Mathilde, et elle, espérait secrètement, au vue de la fréquence des réponses, que cela lui plaisait.. sa facette bien sûr. Et elle avait très peur, que de la découvrir, avec son physique et son rang, déçoive son correspondant. Non qu'elle était moche, au contraire, simplement qu'il l'aurait peut être imaginé différemment. Mais pourquoi pensait-elle à ça ... c'était anonyme! A-N-O-N-Y-M-E . On y croit.
Elle failli rire en y pensant et apercevant simultanément son écharpe embaumée de parfum, et signée de la première lettre de son prénom, sur le dossier de la chaise. Elle s'approcha et note à la suite de son écrit les mots suivants :


évidence, romance, évasion, diapason

Avec ça, s’il restait dans le registre précédant, c'est qu'il devait être drôlement souffrant cet homme. De ces blessures qui vous marquent à jamais et vous enlève toute joie de vivre. Un dernier regard vers son vêtement qui faisait vraiment tâche dans l'environnement rustique des lieux. Puis elle s'évanouie dans le paysage afin de reprendre le cours de sa journée. Elle croisa en sortant un homme qui passa tout près d'elle, mais son anxiété à l'idée de le rencontrer, lui, le mystérieux écrivain, était si grande, qu'elle fit semblant d'être extrêmement pressée, ne pouvant s'empêcher de plonger ses iris azurées au plus profond du regard de l'homme, désireuse, si c'était lui, de poser un visage sur les textes de l'inconnu.
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Batcat
Un rouleau gris avait étendu son voile sur les cieux Muratais masquant les quelques rayons solaires du matin, et, des perles scintillantes s'en étaient détachées pour se déverser sur les présents dans les rue de la cité. Batcat en était et dut donc trouver refuge en attendant une accalmie. La taverne du sanglier fit parfaitement l'affaire. C'est en écoutant par hasard les échanges de quelques habitués qu'il crut comprendre que le bruit courait que les troupes auxquelles il appartenait allaient probablement se remettre en marche dès le lendemain.

Batcat s'était porté volontaire et, n'ayant aucune véritable attache à Murat, cette information, si elle se confirmait, aurait dû le réjouir. Découvrir de nouveau lieux, et aller là où on sera utile aurait dû selon lui être l'attitude attendue d'un volontaire. Cependant...

Le jeune homme brun, dont les yeux plissés semblaient fixer un objet imaginaire qu'on lui aurait fixé 20 cm face au visage, quitta le tabouret et alla régler son dû au tavernier en marmonnant mécaniquement des bribes de formules de politesse. Il baissa la tête au passage d'une porte un peu basse pour sa grande taille, et, constatant que la pluie avait cessé, se dirigea directement vers la grange.
Il était à peu près convaincu qu'il la trouverait dans l'état exact dans lequel il l'avait laissée à peine deux ou trois heures plus tôt, qu'aucun nouvel écrit n'aurait été déposé là. Il avait compris depuis longtemps qu'il n'y a que les enfants pour espérer et croire ainsi si fort que l'improbable se réalisera pourvu qu'ils le désirent très fort. Mais il fallait qu'il retourne une dernière fois, avant une absence dont il ne savait combien elle durerait, dans cette grange pour... lui dire au revoir ! (Le jeune homme n'aurait osé avouer à personne ce qui motivait sa visite !)

Alors, ayant évité de justesse une brebis égarée, et effarée, que deux jeunes paysans essoufflés tentaient vainement de rattraper, Batcat arriva enfin à destination lorsqu'il vit, se dirigeant dans sa direction, une femme - que seule sa timidité pouvait l'empêcher de douter qu'il s'agissait bien "d'elle", cette femme qui, en quelques jours, en quelques lignes, avait complètement chamboulé ses pensées, ses envies...

Fuir eut été ridicule, et lui adresser la parole complètement insensé, surtout si l'on considère qu'il n'était pas censé savoir qu'elle était l'auteure des poèmes qu'il affectionnait tant. En outre, plus elle approchait, plus Batcat pouvait constater que cette femme était une vraie Dame, une Dame comme jamais il n'en avait croisées dans sa vie... Elle devait être au moins.... reine ?! euh... non, peut-être pas... mais bon, un rang important. Ce qui ne manqua pas d'impressionner d'autant plus le vagabond qui tentait de dissimuler son trouble en conservant une allure tranquille, en maîtrisant le rythme de sa respiration et en regardant devant lui, sans rien fixer de particulier afin d'avoir un champ de vision large. Plus elle venait à sa rencontre, plus les efforts qu'il devait conduire pour paraître indifférent étaient gigantesques. Sa chevelure sombre et élégamment nouée, l'ondulation douce de sa robe n'étaient rien comparées à la finesse de son visage.

Il remarqua aussi son ventre rond, mais ne put analyser cette information sur le moment tant les choses allaient vite.
Vint ensuite le moment où ils se frôlèrent. Sans que chacun ne change sa vitesse ou sa trajectoire, comme s'ils étaient dans deux espaces-temps différents. Un échange de regards, Batcat inclinant imperceptiblement la tête en signe de respect, tandis qu'il inhalait le parfum qui confirma que c'était bien "elle".

L'ayant dépassée, Batcat marcha mécaniquement sur le même rythme, fermant les yeux, et relâchant dans un long souffle le trop plein d'air qu'il avait inspiré sans même y prêter attention pendant que progressivement, le bruit des pas de la belle sur les pavés s'éloignait derrière lui.
Elle m'a regardé ! se dit-il.
Jamais il ne pourrait oublier ce bleu profond. Avait-il vu une étincelle dans ce regard magnifique ? Ou l'avait-il seulement rêvée ?


Dès qu'il eut franchi la porte de bois, il se précipita vers le pupitre pour découvrir les nouvelles rimes.

A leur lecture, il s'en voulut d'avoir lui-même insufflé une ambiance si mortifère dans son précédent écrit.
Toutefois, en-dehors de cette considération, il apprécia que "sa reine" - hum... il rougissait de se permettre de penser à elle en la dénommant ainsi - ait produit un texte encore une fois époustouflant quand bien même il ne lui avait pas facilité la tâche avec ce contexte si sombre.
Il devait se l'avouer, il était en admiration devant un tel talent. Et, en fait, il se surprit à la revoir, avec ce ventre rebondi, et être heureux pour elle qu'un heureux évènement l'attende, de sorte qu'il ne s'inquiéta pas que des pensées obscures ne l'envahissent.

A son tour, il saisit la plume et, avec les mots qu'elle avait laissés, il s'appliqua à inscrire :


Embrassons avant qu'elle ne s'efface l'évidence
Qu'en ce vaste monde deux âmes en quête d'évasion,
Le temps d'une inspiration, chimérique romance,
De chaque trace, chaque mot, chaque son, furent au diapason.


A peine venait-il de reposer la plume qu'il réalisa qu'il était plongé dans un parfum de plus en plus enivrant. Alors tandis qu'il s'appuyait sur le dossier de la chaise, sa main glissa sur une étoffe si douce qu'il fut même étonné qu'une telle matière existât. Comment avait-il pu ne pas voir cette étoffe en approchant du pupitre ?! (Probablement était-il dans un tel état émotionnel qu'il serait passé au milieu d'un troupeau de moutons roses à 6 pattes sans même les apercevoir !)

Il attrapa l'étoffe vert sombre entre ses doigts et constata qu'il s'agissait d'une écharpe, de "son" écharpe. Un "M" en fil d'or y était joliment cousu. Il vérifia un détail sur l'un des vélins... Puis sourit.
Une personne dont les parures vestimentaires sont d'une telle qualité, personnalisées, est forcément une personne bien éduquée, et importante ! Et que lui, simple vagabond, qui apprit les joies de l'écriture auprès d'un père dans une abbaye dans sa jeunesse puisse avoir partagé quelques lignes, même anonymement, avec cette personne, c'était extraordinaire.

Soudain, il réalisa que l'étoffe parfumée qu'il tenait toujours entre ses doigts allait bouleverser la situation... Après avoir conclu qu'il était inutile de chercher à répondre aux questions de savoir si cet oubli était volontaire ou non, et si il était personnellement visé ou pas, l'indécis énuméra différentes hypothèses :
- Laisser l'écharpe à sa place ?... Non, elle pourrait être dérobée par le premier venu (elle devait être de grande valeur). Il lui fallait donc la prendre. Mais, qu'en faire ?
- Laisser une note indiquant son nom et... ? Non, il ne savait pas lui-même où il serait le lendemain. Et puis ce n'était pas à une Dame de devoir rechercher un vagabond pour récupérer son écharpe.
- Partir à la recherche de Dame "M" ? Mmmm... oui, mais, pas tout de suite, il devait retourner avec ses comparses et probablement se préparer à lever le camp.

Il trouva une solution temporaire permettant de respecter l'anonymat, tout en prévenant Dame "M" qu'il avait son écharpe. Il trouverait bien prochainement l'occasion de la lui rendre. Ainsi, malicieusement, Batcat nota - pour elle (elle comprendrait espérait-il) - les quatre mots :


écharpe, retour, peu, jours
.mathilde.
Les cieux grondaient de toute part, tel un dieu en colère qui châtierait le monde d'une éternelle désolation. Tapis au fond du lit, les paupières grandes ouvertes, la peau en chaire de poule, les poils hérissé sur son corps, un léger claquement de dents, tétanisée par le froid, non pas de la pièce, mais du vide laissé par une place avoisinante désertée par les devoirs militaires, laissant une femme esseulée et inquiète, aux pieds glacés privés de leur source de chaleur, leur de nid douillet contre lequel ils se blottissaient tous les soirs que dieu permettait, ceux de son époux.
Après que les premières portes eurent violemment claqué à l'intérieur du château, raisonnant entre les murs de pierre tel dans un fracas menaçant, ayant fait tressaillir la duchesse quelques fois, déchainées par ce vent annonciateur de l'hiver venant siffler sous les portes qui ne manqua pas d'éteindre d'un souffle la flamme au chevet

Elle écouta le clapotis des trombes d'eau résonnant sur la terre dehors, incapable de fermer l'oeil, laissant son regard parcourir la pièce telle le ferait un garde en poste pour s'assurer qu'aucune ombre ne bougerait de manière suspecte, aidée par les éclairs lumineux qui venaient briser l'obscurité. L'orage battait son plein, l'humidité flottait dans l'air à vous flétrir la peau, pénétrant votre chaire jusqu'à l'os. Elle avait pleinement conscience que, si elle ne faisait pas un effort pour se lever et hurler à la mort dans le couloir pour faire appeler un valet, qui devait être couffiné dans sa loge dans une toute autre aile de la demeure, afin qu'il lui apporte une couverture en fourrure bien chaude ainsi que des bas de laine de moutons soigneusement tricotées pour les fraiches nuit elle se réveillerait malade, la gorge enrouée, la tête fiévreuse, des petits yeux et un nez coulant. De quoi mettre en péril la santé de petit bout qu'elle portait en elle. A cette pensée, il ne fallut pas une seconde de plus pour qu'elle dégaine hors du lit, plongeant ses pieds ravis dans ses pantoufles fourrées, arrachant sauvagement la protection de laine légère qui lui faisait office de couvre-lit jusque là, s'emmitouflant dedans jusqu'aux oreilles et se dirigea vers la porte menant au couloir. Un frisson la parcouru jusqu'aux oreilles lorsqu’elle atterrît dehors de sa chambre. La température n'avait rien de comparable d'un coté à l'autre du seuil. Probablement du au fait que malgré l'immensité des galeries de liaisons d'un étage à l'autre, ceux ci ne comportant pas de fenêtre parvenait à conserver une once d'air ambiant émanant des oupilles cheminant le couloir. Une certaine ambiance chaleureuse s'en dégageait, ces faibles lueurs apportant une touche de douceur à cette rude nuit. Refermant la porte derrière elle, elle prit la direction de la loge du valet de garde afin de s'éviter un égosillement vain à travers la forteresse.

A croire qu'elle marchait aussi silencieusement qu'un éléphant car à peine fut elle arrivée au devant qu'une tête visiblement tout à fait éveillée malgré les cheveux quelques peu en bataille, passa au travers l'entrebâillement de la porte avant d'ouvrir expressément en voyant qui se présentait au devant. Dans une éducation irréprochable, il s'inclina devant la comtesse - oui aussi..et avant tout d'ailleurs, le mérite étant bien mieux que les titres par épousailles - et s'empressa de s'inquiéter de ce qui pouvait bien la mener à lui en une heure si tardive. Entendant alors ses doléances, s'étonnant même que des dispositions n'aient pas été prises au préalable, tout le personnel sachant pertinemment l'état de grossesse de la dame du duc, il se jura de faire entendre son effarement dès les premières lueurs du jour. En attendant il s'activa pour ramener galantement la belle jusqu'à ses cartiers et fit embraser plusieurs bûches bien sèches attisant le feu d'un savoir et d'une rapidité subjuguante, produisant pour la duchesse une source de chaleur généreuse qui serait régulièrement, mais très discrètement afin de ne point perturber le sommeil de la dame, ravivé.

Ainsi donc, elle pu finir sa nuit en ronronnant blottit au fond de son lit douillet sur lequel avait été porté en supplément, par précaution, une couverture molletonnée aux couleurs des armes ducales, bleu nuit envoutant brodé d'argent. Ce sont les effluves de pain chaud s'exhalant d'un petit déjeuné copieusement préparé pour la duchesse, qui l'extirpèrent de ses songes les plus sereins. Un sourire comblé, s'apprêtant à se blottir contre Silec avant d'ouvrir les yeux en douceur sous des rafales de tendres câlins et de baisers amoureux, elle tâtonna la place voisine désespérément vide, et fini par ouvrir les yeux dans un soupire de déception. Une légère moue sur le visage, elle dégusta les mets savoureusement préparées pour sa personne, avant de filer se préparer d'une toilette des plus simple non sans une certaine élégance tout de même, se parant à se rendre à la messe dominicale.
Devant sa penderie, en profonde réflexion sur la tenue qu'elle porterait ce jour - une fille quoi! - , un sourire songeur ravit son visage. Un certain espace vide occupé quelques jours auparavant par une écharpe couleur émeraude... ça vous parle?
S'éclipsant dans la salle de bain privé pour se préparer, elle en ressortie parée à affronter la brise légère du matin.

Le ciel s'était dégagé retrouvant ses plus belles couleurs sans pour autant produire la moindre chaleur apparente. Si l'on abaissait son regard, l'on découvrait les ravages du zéphyr orageux de la nuit. D’immenses flaques d'eau boueuses aux abords des chemins, des feuilles volatiles tapissant le sol de leurs couleurs volcaniques, des devantures d'échoppes à demi dévastées, un véritable raz de marée avait ravagé le village, mais celui ci, immortel, reprenait doucement le fil de sa vie.
Les premiers rires d'enfants, égayant la place du marché en jouant à cache-cache, sous le regard protecteur de leurs mères faisant quelques courses de produits frais pour préparer à leur petite famille un repas divin, les chiens errants flairant la moindre nourriture renversée miraculeusement à l'extérieur dans la nuit, la lourde cloche en fer forgé de l'église qui sonnait le début de la messe, les magnifiques nuages de volatiles migrateurs se déhanchant dans le ciel en danse endiablé, les escargots qui, sortis leur coquille profitait de la moindre gouttelette d'eau avant de se faire kidnapper par des mômes qui souhaitent leurs arracher les antennes ou bien en faire une course notant leur maisonnée d'un petit numéro. En chemin, Mathilde pu donc se remplir les poumons et le coeur des joies simples de la vie, contemplant tous ces gens avec admiration, se rappelant son enfance cachée loin de sa famille, pour sa sécurité, ayant trouvé refuge dans une ferme à l'autre bout du royaume où elle allait ramasser les oeufs tout juste pondus à la ferme, apprenant à monter à poney puis à cheval, sous le regard de son parrain.

Elle pris la direction de la grange, l'esprit enjoué. L'écharpe n'était plus là... mais était ce bien lui qui était tombé dessus? S'avançant d'avantage, ses craintes se dissipèrent en voyant le parchemin déposé. Exceptionnellement, elle commença à lire les 4 mots en premier. Etait ce de la curiosité, de la flème ou bien l'attirance visuelle du mot "écharpe", aucune idée. Quoi qu'il en soit elle intégra le subtil message très rapidement et ne pu que sourire de la malice de son correspondant. Après cela, elle savoura les quelques vers manuscrit, et à son tour, pris la plume.


Choisi parmi mes plus précieuses écharpes
Ce présent offert à vous ne nécessite nul retour
Pour vous remercier de vos lignes depuis quelques jours
M'ayant donné de par vos mots du plaisir comme il y a peu


Elle failli omettre le "de par vos mots" , mais après relecture qui lui arracha un sourire non sans une pensée à son homme, préféra évité les ambiguïté. Son coeur et son corps était à un autre, mais si elle avait pu offrir à cet inconnu la moindre petite chose lui appartenant de manière précieuse, elle l'aurait fait. Ce petit bout d'étoffe dont elle s'était séparée était celui porté à son premier anoblissement de mérite, l'élevant au rang de comtesse, faisant d'elle la fierté de son père.
Elle apposa 4 nouveaux mots.


identité, dévoilé, discussion, boisson.

Il comprendrait là ce qu'il voudrait, arrivant peut être à deviner où Mathilde voulait en venir, bien qu'extrêmement nerveuse à l'idée de pouvoir un jour rencontrer cet homme en face à face. Entre la peur de le décevoir et sa froideur des premiers abords, alors qu'il avait perçu le plus profond de son âme, risquerait de le faire fuir, voir pire, de lui faire renoncer à écrire dans la grange. Et ça, jamais elle ne souhaitait que cela arrive.
Elle soupira longuement face à cette décision difficile. Mais après tout le dernier mot ne lui revenait pas vraiment. Et aussitôt, maintenant son choix de mots, elle se leva et partie en direction de l'église.

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Batcat
Détrempée, la troupe regagnait Murat pataugeant prudemment accompagnée du 'plic, ploc' des lourdes gouttes glissant du feuillage d'arbres exténués par le vent et la pluie lorsqu'elles atteignaient les larges flaques d'eau et de boue ou le tapis molletonné des feuilles rousses et dorées. Alors que chacun aspirait à un repos bien mérité après avoir bravé ainsi les éléments déchaînés, Batcat avait demandé l'autorisation de se retirer sans plus attendre pour 'faire un petit tour en ville', ce qui n'avait manqué d'attirer sur lui les regards amusés ou dubitatifs de ses compagnons de marche.

L'engagé était quasiment trempé jusqu'aux os, mais avait pris soin de tenir sa besace à l'abri de l'humidité. Elle renfermait en effet le bien le plus précieux dont il ait jamais eu la charge (indépendamment de sa valeur pécuniaire). Il s'en voulait presque d'avoir pris cette étoffe avec lui, au risque qu'elle s'abime, mais n'avait pas eu le cœur de s'en séparer. Batcat s'éloigna ainsi de ses comparses pour filer jusqu'au lieu magique où il espérait bien une nouvelle fois être transporté par sa passion.

La lumière de la bougie tressaillait au rythme des bourrasques qui s'infiltraient dans la vaste pièce dont les parois semblaient danser, entrainant avec elles l'ombre du pupitre et de la chaise la jouxtant. Batcat tira la porte derrière lui puis approcha d'un pas lent mais décidé. Glissée dans son sac, sa main caressa l'étoffe, libérant du même coup quelques touches de parfum qui s'y déposèrent.

De retour à Murat plus vite encore qu'il ne l'avait escompté, il allait peut-être découvrir si le message masqué qu'il avait laissé à travers ses quatre mots avait été découvert. Une mèche de ses cheveux, encore plus noirs qu'à l'accoutumée puisqu'ils étaient passablement humides, tombait sur son large front, sans parvenir à masquer ses yeux qui se plissèrent en même temps qu'un sourire radieux fendit son visage en parcourant, d'abord intérieurement, puis en les chuchotant, les lignes qu'il avait sous les yeux.

Batcat frémit en voyant les quatre mots laissés là.
De toute évidence, Dame "M" ne les avait point laissés par hasard, mais à son intention particulière. Il apprit en outre que la présence de l'écharpe n'était pas fortuite ou due à la précipitation de la belle qu'il avait vue quitter d'un pas pressé le lieu de leur poétique rencontre en filigrane. Cette étoffe lui était personnellement destinée ! Il la porta à hauteur de sa bouche et en inhala profondément les effluves en fermant les yeux.

Puis, surgirent tout un tas de questions... Comment allait-il faire pour expliquer qu'il ne pouvait conserver pour lui cette bande de tissu précieux (il n'avait rien à mettre avec !) ? Comment oser se présenter à elle, humble vagabond qu'il était ? Lui savait à quoi s'attendre, mais elle ?! Elle ne pourrait qu'être déçue par un gueux de son espèce. Il n'était pas repoussant, on trouvait même un certain charme à cet homme robuste, en outre sa verve faisait souvent mouche, mais auprès des gens simples comme lui... Après ces quelques instants d'angoisse, il remit les choses à leur place :
S'il avait compris le message subtil qu'habilement elle lui avait glissé via les quatre indices, il s'agissait de partager un verre en taverne. Rien qui vaille la peine de paniquer !
Aussi, même si c'était le hasard, ou bien Aristote, qui en avait décidé ainsi, lui connaissait (presque) l'identité de la noble dame, alors il lui parut juste qu'il dévoila la sienne à la merveilleuse poétesse, même si le risque qu'elle fusse déçue était envisageable.

Batcat chercha donc, tout en respectant la règle immuable de ces lieux, à indiquer son accord à l'aide de la plume :


De l'antre secret est révélée l'identité
De ceux qui, de leur plume ont fait la discussion,
De l'encre sécrétée ont vu leur âme dévoilée,
Puis avec grand plaisir partageront une boisson.


Il ne savait comment indiquer un lieu ou une heure, et, de toutes façons, il se voyait mal lui fixer un rendez-vous, ce qui reviendrait presque à la convoquer. Lui indiquer grâce aux quatre mots qu'il essaierait de la croiser en taverne le soir venu lui sembla suffisant.

soir, entre, rencontre, boire
.mathilde.
Elle s'était agenouillée, comme rarement vous la verrez, à l'exception des allégeances aux régnants du Bourbonnais Auvergne et du Maine, dans cette petite église de province qu'elle n'avait que trop peu le temps, ou l'idée, de visiter, malgré ses croyances sans faille en Aristote. Bien qu'elle ait souvent énoncé le fait de se confesser, demandant pardon pour ses pêchers comme il était coutume avant toute cérémonie religieuse, jamais elle n'avait posé de mots véritables sur ses erreurs. Tout du moins, jamais à un bénédictin, préférant de loin parler de sa vie avec sa confidente, éternelle blonde à la peau sucrée, belle et rebelle à vous subjuguer, avec qui elle s'était liée d'une amitié unique et indestructible, tout du moins elle l'espéra, car cette Miss faisait véritablement parti des personnes les plus précieuses à son coeur.
Depuis le début de la guerre, Mathilde s'était vue plongée dans une véritable solitude. Son mari bien souvent trop occupé par l'armée, ne s'étant même pas rendu compte de sa grossesse avant bien les 4 premiers mois, sa fille sur le visage de qui elle revoyait ses plus jeunes années, qui s'était entêtée à vouloir rendre visite à son père aux portes de la Bretagne, plongeant la Mathilde dans une angoisse sans pareil. Car oui, la duchesse avait eut une fille hors mariage, qu'elle n'aurait jamais eu si elle avait envisagé une seule seconde que le père de l'enfant n'était pas celui qui allait l'épouser, demeurant avec lui quelques années tout de même, mais elle n'avait aucun regret quand à cette petite merveille que le ciel lui avait fait mettre au monde. Elle était la plus grande fierté de Mathilde, sa plus belle réussite, une fille... parfaite ! Pas très objective me direz vous? Peut être... mais attendez de la connaitre pour voir.

C'était pour cette dernière que la brune se tenait là, immobile, dans un silence olympien, ses doigts fins gantés de velours délicatement posés sur les perles de bois de son chapelet, d'un brun sombre et léger, déclamant au fond de son âme à l'intention du Très Haut ses prières pour les soldats combattant courageusement au front, voyant le sang couler chaque jours à en faire varier la teinte océane, découvrant parmis les cadavres entassés dans les fossés des chemins le visage d'être chers à qui l'on avait pu dire au revoir, dont les familles éloignées peinaient à recevoir la moindre nouvelle tant les troubles bloquaient toute communication fiable, finissant par affronter l'ennemi avec l'angoisse de ne jamais avoir la chance de contempler une dernière fois le fruit de leur chair, ou bien simplement embrasser une dernière fois la mère de nos enfants, celle auprès de qui l'on souhaitait vieillir et pour qui l'on aurait aimé mourir. C'est toutes ces scènes macabres d'un théâtre chaotique que sa princesse avait décidé de traverser à la seule compagnie de sa monture, bouleversant d'inquiétude sa mère protectrice, qui depuis des jours n'avait rien pu avaler et ce malgré les moments de détentes que lui procurait les écrits de l'inconnu, ces moyens d'expressions diverses de création à l'atelier, ces nuits fiévreuses passées dans les bras de son amant qui était avant tout son mari. Elle avait conscience qu'avec un enfant dans le ventre il n'était pas raisonnable de ne point se sustenter, mais elle ne pouvait rien avaler, fixant d'un regard vide la fumée qui s'échappait de son souper, sous le regard aimant mais peu rassuré de son époux qui aurait mangé pour elle si il avait pu et qui tentait de la forcer tant bien que mal à remplir son estomac de quelques mets. Il avait fini par réussir à l'amadouer en mettant un point d'appui sur la vie qui était en jeu si elle ne se forçait pas, celle de son enfant, de LEUR enfant. Ne supportant plus la souffrance qu'elle pouvait lire dans le regard tracassé de l'homme de sa vie, elle avait avalé quelques substances consistantes comme du pain ou des pommes de terre.

Si tout se passait bien son petit bijoux serait de retour demain, et en attendant, toujours prosternée devant cette statue de pierre inexpressive, elle implorait Aristote de veiller sur la vie de ce qu'elle pouvait plus ou moins nommer à présents "ses" enfants, bien que le dernier n'avait encore jamais respiré à l'air libre, il était pour elle, bel et bien vivant. Une chose était certaine, c'est que le père d'Esméralda allait l'entendre lorsqu'ils se verraient car il fallait bien que quelqu'un subisse le courroux d'une mère folle d'inquiétude, bien qu'elle sache pertinemment qu'étant vicomte en Domaine royal, il n'avait guère le choix de son présent avec le ban de la reyne.
Elle fini par se relever, plus sereine, le visage impassible, mais on pouvait lire dans ses yeux en amandes d'un bleu profond, toute l'intensité des sentiments qui l'animaient, bien qu'il fut impossible de mettre un nom dessus tant le regard insondable de la belle était bouleversant. Elle se signa avant d'allumer quelques cierges pour ceux dont la terre s'était séparé avant d'emprunter l'allée centrale, évitant le regard des personnes présentes, n'ayant plus qu'une hâte, retourner à la grange.

Sa léthargie était telle que rien ni personne croisé sur son chemin n'aurait pu la réveiller, la sortir de cette bulle mélancolique dans laquelle elle s'était plongée en pénétrant dans l'antre religieuse du village. Mais cela était sans compter sur notre mystérieux écrivain, qui de toute évidence, avait un impact certain sur l'attitude de la future maman. Sans s'en rendre compte elle avait bravé le vent pour se retrouver assise face à la table d'écriture. Toutes ces feuilles volantes accrochées les unes aux autres, certaines ayant même attrait de tapisserie des lieux, il serait grand temps d'acheter un véritable livre à l'allure biblique pour conserver tous ces précieux textes qui risquaient de finir ravagés par le temps. Elle y penserait, plus tard. Pour le moment ses paumes s'enhardissaient à maintenir en leur sein le dernier message déposé. Car cela était devenu un véritable moyen de communication pour ces deux amoureux des mots qui n'avaient rien trouvé de plus pudique pour faire connaissance sans même un bonjour, se mouvant directement au dela des apparences jusqu'à percer à jour leurs plus profonds sentiments.
Une étincelle christalline naquit dans les iris turquoise de la duchesse. Elle abandonnait son air maussade pour retrouver un sourire enchanté transporté par la poésie. Puis la panique monta en intégrant les 4 mots laisser à son intention. Il était tard et elle n'avait aucune idée de l'heure à laquelle ils furent couchés sur le papier. De quoi soir pouvait il bien parler? ce soir ?? mince, elle risquait de le rater, gourdine va ! Quelle idée de donner rendez vous, aussi implicitement soit il, à un homme sans surveiller activement sa réponse. En même temps elle ne s'imaginait pas faire le pied de grue toute la journée devant une quelconque taverne, ni même devant la grange. L'on risquerait de la prendre pour une fille racolant les passant, hors de question, encore qu'avec ses vêtements il y avait peu de risque, mais tout de même, une femme qui attend des heures plantée à surveiller on ne sait quoi, c'est suspect. Aussitôt elle inventa un peu précipitamment une ode, mais sans aucun message ce coup ci, sinon ils risqueraient de bloquer le jeu à la longue, bien qu'il n'était pas garanti qu'elle n'en glisse pas à l'avenir, mais là elle n'en avait tout simplement pas l'envie, c'était aussi bête que ça.


Je me souviens de notre première rencontre,
lorsque tu as passé le seuil de mon antre,
m'incitant à partager une bouteille à boire,
finissant par m'étreindre du matin au soir.


Il n'y avait là nul message prémonitoire, la duchesse ne cherchant point de relation extra conjugale, simplement la narration d'une rencontre amoureuse probablement vécue par beaucoup de monde, elle y comprit. Mais si l'ode n'était pas écrite spécialement pour le doux compositeur, les mots qu'elle laissa eux, l'étaient.

pretendre, attendre, immédiatement, éternellement.

Suite à ça, elle se releva, enfilant ses gants ôtés précédemment pour ne point baver dans son écriture, et après avoir rabattu ce qui servait de porte d'entrée, elle s'enfonça dans la nuit en direction d'une taverne éclairée. A son arrivée, il n'y avait personne, tout du moins personne semblant correspondre à la silhouette si secrètement admirée quelques jours auparavant. Mais après tout, peut être que l'inconnu en qui elle s'était plongée l'espace d'une seconde n'était pas le bon. Un regard circulaire pour analyser lequel de ces hommes pourraient correspondre, en vain. Sous le visage plus qu'intriguée de la tavernière qui devait être nouvelle connaissant le penchant de Mathilde à se fondre dans le peuple en toutes occasions, et ce surtout en taverne adorant observer le monde, elle s'avança lui demandant si elle n'aurait pas vu un grand brun sans bedaine de bière dégoulinant de ses braies, ni de moustache garni de restes de nourriture, ou encore de nez dégoulinant qui venait s'essuyer sur les manches. Rien de tout cela, un homme élégant dans son genre sur qui l'on devait probablement se retourner dans la rue quand on est ni mariée ni noble, encore que.
La dame au décolleté vertigineux dévoilant sa volumineuse poitrine, complexant au plus haut point la Mathilde qui d'un regard plus fort qu'elle compara bêtement la corpulence de leurs formes respectives, attesta d'un large sourire entendu semblant parfaitement voir de qui elle parlait. Ba mince alors... si il n'était pas resté pour "ça" - nouveau regard vers les atouts aguicheur de la tenancière - avec quoi elle allait le retenir elle? Ce n'était certainement pas avec ses 6 mois sur le ventre qu'elle y arriverait. Peut être devrait elle prendre sa plume avec elle au cas où aucun mot ne daigne sortir de sa gorge serrée de timidité? non, ridicule, et puis elle verrait bien quand elle y serait. Pour le moment, elle se contenta de prendre une table au fond de l'établissement, tout près de la fenêtre, guettant désespérément un éventuel retour, en vain.

Après une heure écoulée, la fatigue la submergeant peu à peu, n'ayant plus la force nécessaire pour foudroyer du regard les ivrognes qui la reluquaient de haut en bas et dont certaines osaient s'aventurer à s'approcher d'elle, elle se leva, payant son maigre jus de fruit - 9 mois de sevrage, l'horreur - , un sourire chaleureux à la tavernière qui avait veillé au grain tel un garde du corps évitant que la duchesse soit importunée, après tout elle semblait riche, c'était une cliente à choyer. Elle glissa au passage un pourboire non négligeable à l'employée, qui écarquilla des yeux avares, en lui demandant de lui écrire dès qu'elle apercevrait cet homme, ou au moins lui envoyer quelqu'un à l'atelier, dont elle indiqua le chemin , à défaut d'être lettrée. Elle avait également pour consigner, de signaler au jeune homme qu'elle repasserait demain au soir, quoi qu'il advienne.

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Batcat
Etant quelqu'un de discret et très respectueux, Batcat avait jugé qu'il eut été malvenu de simplement passer la tête dans la taverne afin de dévisager chacun et partir aussitôt (en vérité, vue l'heure tardive et la gaieté qui parait de rose et de rouge les visages endoloris d'ivresse, personne n'eut remarqué sa présence !) mais il estima en conséquence qu'il se devait de passer là au moins le temps de siroter une boisson (ne supportant pas les décoctions tisanoïdes, il s'enfilait une douce chopine !) Aussi, détail important qu'il avait omis jusqu'à lors, et il en fut d'ailleurs grandement surpris, qu'il y avait plusieurs tavernes à Murat ! Batcat répéta donc son manège plusieurs fois. Et, fort de toutes ces expériences, qui l'avaient plus ou moins égaré, il compta onze tavernes (sans se rendre compte qu'il avait visité certaines deux fois !).
N'étant pas tombé sur Dame "M" - peut-être s'était-il complètement fourvoyé dans l'interprétation des messages codés ? - il décida de titu... de marcher au grand air (mais quelle chaleur ce soir ?! pfiou !) jusqu'à la grange. Il sortit la bande de tissu délicat avec une délicatesse pas si délicate que ça, l'attrapa par ses extrémités pour la balancer par-dessus sa tête autour de son cou et la laisser pendre devant lui. Il inspira le doux parfum, ferma les yeux sans réaliser qu'il virait dangereusement à tribord, alors il heurta un mur (auquel il présenta ses plus plates excuses) puis rouvrit les yeux et parvint en moins d'une petite heure (sic) à traverser les deux pâtés de maison qui le séparaient de sa destination.

Là, il poussa une porte, déambula quelques pas supplémentaires pour s'affaler dans un coin où se trouvait un petit tas de paille sur lequel il ronfla durant une grosse heure...

Habitué à se réveiller en des lieux différents chaque matin, il l'était (mais peut-être pas avec un tel mal de tête !) Les yeux plissés, agressés qu'ils étaient par la pourtant faible lueur d'une bougie, Batcat mit un petit moment à reconnaître la grange. Il avait du mal à se souvenir comment il avait atterri là. Soudain, une crainte le saisit. Etait-il allé griffonner ce qui lui passait par la tête quelques moments plus tôt ? (Le pire était vraiment à craindre ! hips)
Soulagé, il constat d'une part qu'il n'avait pas sévi, mais aussi que sa correspondante avait caressé de sa plume la surface lisse pour enchanter les lecteurs comme lui. (D'ailleurs, il songea qu'il faudrait peut-être qu'ils cessent tous deux de monopoliser la plume en ces lieux ! Totally addicted !) Il sourit et ne put s'empêcher de rougir à la lecture des vers même s'il comprenait qu'il s'agissait bien d'un texte poétique, basé sur le rêve et l'imaginaire et non sur la réalité.

Levant le bras pour saisir la plume, il réalisa qu'il ressemblait à un épouvantail et épousseta donc les brins de paille qui parsemaient ses vêtements et... l'écharpe ! Une moue attristée remodela son visage dont une joue toute rouge arborait un fétu du plus bel effet, montrant à quel point il s'en voulait comme un enfant qui a cassé le jouet que vient de lui offrir sa maman. Ce sentiment enfantin et romantique déteignit sur son inspiration, et la plume gratta prestement la surface vierge pour tracer :


Mais qui sont ces seigneurs pour oser prétendre
Que plaisir et passion ne sauraient attendre,
Qu'un désir doit s'exaucer immédiatement ?
Quand moi, je t'attendrai là, éternellement.


Peut-être étaient-ce des vapeurs éthyliques persistantes ou juste la volonté affichée qu'il n'y avait aucun message subliminal qui guida le choix des quatre mots qu'il laissa ?

gnôme, pluie, arôme, lui

Content de son choix indubitablement sans connotation, le grand brun se refagota (car en fait, il faisait bel et bien froid !) et décida malgré l'heure tardive de faire une dernière fois le tour des tavernes, pour peu qu'elles fussent encore ouvertes, mais, quoi qu'il arrive, de ne pas ingurgiter une goute supplémentaire de boisson houblonnée !
La plupart d'entre elles étaient effectivement fermées, deux autres sans le moindre client. Dans une troisième, il salua les quelques clients parmi lesquels il ne vit personne ressemblant de près ou de loin à la personne qu'il cherchait. Au son des cloches il comprit qu'il était minuit (pas si tard que cela finalement !) et sur sa route, il ne restait plus que la taverne du
Sanglier Muratais. A peine eut-il entrouvert la porte que son regard croisa celui d'une élégante Dame dont le visage s'illumina aussitôt d'un sourire...
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