Blottis dans un coin sombre d'une ruelle, dans une ville dont ils ne connaissaient pas le nom, un jeune garçon et une vieille femme s'apprêtaient à passer la nuit avant de poursuivre leur route
Parles moi encore delle ! s il te plaît Gwennie ! supplia le jeune garçon.
La vieille femme tourna la tête vers lui, presqu aveugle elle ne distingua dabord quune silhouette floue, puis peu à peu comme il sapprochait pour se blottir contre elle, elle vit le visage sale qui portait encore les marques de la dernière correction quil avait reçu et qui les avait pousser à fuir, elle âgée presque jusquà linfirmité et lui à peine sortit de lenfance. Elle soupira, se disant que cela leur ferait peut être oublier la faim qui les tenaillait.
Elle approcha sa bouche de loreille de lenfant :
Elle ressemblait à ta mère physiquement, mais peut être ne ten souviens tu plus très bien ?
Sa mère étant morte de nombreuses années auparavant il nen gardait que de vagues souvenirs, des impressions fugaces plus quune image réelle, il secoua la tête en signe de dénégation.
Elle nétait pas très grande, blonde, avec de grands yeux clairs mais ceux de ta sur devenaient noirs lorsquelle se mettait en colère, elle se mit à rire, et cétait souvent ! car si elle avait lair fragile et un peu irréel de ta mère (ton père les comparait souvent à des fées), elle avait le caractère de ton père
.oh oui ! un tempérament bien trempé !
Cétait amusant de voir comme la nature avait pris un malin plaisir à
Jumelles, et pourtant si différentes : la brune à la constitution robuste, tout le portrait de ton père, mais avec la timidité, la douceur de ta mère
et la blonde gracile, rebelle, têtue, volontaire, rendant coup pour coup
.et même un peu plus ! histoire de faire bonne mesure.
Même dans leurs activités elles étaient différentes : lune ne rêvait que toilettes, bijoux et broderies, restant au coin du feu, soccupant à des ouvrages de dame
Le jeune garçon passa une main dans ses cheveux blonds, il ne voulait pas désobliger la vieille Gwennie en intervenant mais il connaissait cette sur là, il toucha machinalement son il enflé et sa pommette ouverte
..il soupira : triste, effacée jusquà linconsistance, soumise.
Soumise au point de laisser son époux le frappait ainsi lorsquil avait oser reprocher ouvertement au jeune homme dhumilier publiquement sa sur en amenant sa dernière maîtresse en date à la table familiale. Il savait que ce nétait pas un mariage damour, même si on ne parlait jamais de ces choses là à la maison, et quil était trop jeune au moment du mariage pour se rappeler les faits exacts mais puisque sa sur était trop
.faible, il devait bien ladmettre, pour se rebeller, se défendre il fallait bien quil le fasse : cétait son rôle dhomme de la famille ! La vieille Gwennie ne lavait jamais laisser oublier ce quil devait à sa lignée : honneur, courage, courtoisie,
.intransigeance aussi, surtout sur les points dhonneur !
jouant avec ses petits chiens, à peine plus gros que des jouets.
Lautre toujours par monts et par vaux sur le domaine, au grand désespoir de ta mère, se battant comme une chiffonnière, partageant les leçons de ton frère avec le maître darme (cela en avait fait une histoire, tes parents sétaient disputés à ce sujet
.cétait si rare pourtant ) , courant partout suivie de cette énorme bête
.
Cétait la fille de Feu, nest ce pas ? la coupa lenfant
heu ?....oui, ton père lavait donné à ta sur puisquelle naimait pas les petits chiens. Au début ce nétait quune petite boule de poil un peu pataude, tout juste sevrée mais très vite elle est devenu immense
.un peu effrayante aussi, toujours sur les talons de ta sur, comme une ombre noire et feu
.mais pas méchante, juste impressionnante de par sa taille.
Inséparables ta sur et cette bête !
Mais, elle
heu
..lenfant cherche comment formuler les choses
Oui, elle a été tué peu de temps après que ta sur se soit enfuis, mais on sait que ta sur a emmener un de ses chiots
.cest pour ça quil faut se renseigner sur un molosse noir et feu, tu comprends les gens ne répondent pas toujours aux questions sur quelquun, mais sur un chien il ny voit pas de mal. Et puis c'est plus facile à remarquer .
mais alors...."ils" cherchent un molosse eux aussi? ils risquent pas de la trouver?
pfffff....penses tu ! "ils" ne la cherche plus! pour eux elle est morte, "ils" la croit semblable à sa jumelle....comment imaginer qu'elle ai pût survivre si longtemps, "ils croient qu'elle était une damoiselle fragile et délicate comme ta mère et ta soeur....
Le jeune garçon sentait ses yeux se fermer malgrès lui. Il bailla. Se blottit plus étroitement contre la femme
On les retrouvera, hein ?
Oui petit, on les retrouvera !
La vieille femme regarda avec tendresse l'enfant assoupis, songeant avec désespoir qu'il y avait peu de chance d'y arriver mais elle ne voulait pas le décourager.
Elle soupira, elle ne savait même pas à quoi elle ressemblait aujourd'hui....la fillette devait avoir fait place à une adulte, si elle était toujours en vie.
Le sommeil la fuyant elle se réfugia dans ses souvenirs, l'époque béni où le seigneur était encore en vie et où les 4 enfants faisaient le bonheur de leurs parents....
La vieille femme ne vit pas le couple qui passait au bout de la ruelle, ni l'énorme chien qui hésitait un instant entre les suivre ou rester.