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Tatouage de l'Ysengrine.

[RP] Fais-moi mal...

Victorine
C'était arrivé comme ça, dans la conversation, Victorine ne savait plus trop comment. Elle savait juste que maintenant, elle était au pied du mur (du mur de l'échoppe plus exactement) et qu'il allait falloir se lancer.

Elle faisait moins la maline. Et il n'était tout à coup plus question de fesse. Eh oui, la jeune Ysengrin avait beaucoup de verve mais peu de témérité quand il était question de donner de son corps. Et puis Marmont l'impressionnait un peu. Encore, en taverne avec du monde autour, son oncle pas loin, la porte ouverte, elle était rassurée. Mais ici, en terrain inconnu, seule, elle n'en menait pas large.

Elle plongea une main dans l'une des poches cachées dans les larges manches de sa robe, et vérifia machinalement la présence du modèle. Une hermine et un loup dos à dos enlaçant avec délicatesse les jambes d'un Y majuscule. Il n'y avait plus qu'à espérer que l'homme ne tatoue pas que des esclaves de l'initiale brute de leur maître, avec les pieds. Oh non, Johnny pas avec les pieds ... *

De toute façon, si elle voulait cette marque, elle n'avait pas grand choix d'artistes. Sans y réfléchir davantage, elle frappa à la porte. Non parce que bon, on n'allait pas passer des plombes à hésiter devant la lourde. Et puis une Ysengrin n'a peur de rien.


*Boris Vian
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Marmont
L'enseigne était restée à Tulle, "A tout Age, Tatouage à tout prix" avait vécu, brièvement. Marmont s'était installé dans une grange abandonnée, ce qui ne fut pas difficile, la moitié du village, si ce n'est plus, ayant été déserté par ses habitants. Le reste se barricadait derrière des volets perpétuellement clos pour ne faire que de fantomatiques apparitions au marché. Souvenir peut être des temps troublés où le comte avait livré la ville aux bandes de pillards.
La fesse dodue marquée d'un coeur joufflu avait donc été griffonnée -non sans talent- au charbon de bois sur la chaux du mur. Aujourd'hui ici, demain peut être ailleurs. Pourquoi pas à l'Hotel de Ville, probablement aussi désert que le reste des ruines.
De l'intérieur, des bruits étranges s'échappaient par intermittence.

- GRUIIIIK!!
- Bouge pas, s.alopard! Ou je te transforme en terrine!
- Huuiiiiiik!
- Toc toc
- 'Trez!

Les petits coups frappés sur la grande porte de la grange ne couvraient pas les grognements mais l'oreille de Marmont était à l'affut, car l'espoir fait vivre, dit-on. Imaginer l'effroi d'un client découvrant son atelier était chose agréable et lui peignait un perpétuel sourire sur le visage: le goret saucissonné comme pour souligner sa future nature de charcuterie, mais bien vivant et ruant comme un forcené, tandis que Marmont lui décorait la couenne de ses représentations colorées de l'Enfer lunaire, lui donnant occasionnellement quelques claques sonores sur ses jambons dodus, voilà qui avait de quoi faire couler des torrents de sueur froide dans l'échine du curieux.
- Tiens, la demoiselle Ysengrin s'est décidée à visiter ma tanière! Entrez jeune fille, et installez vous comme vous pourrez. je finis ce satyre et je relâche Carlus Magnus, qui me prête sa couenne.
Langue entre les dents, Marmont s'activait. La pointe encrée piquait et repiquait mieux que celle de n'importe quelle couturière. Carlus Magnus avait déjà, outre le satyre en phase de finition, une bataille navale entre galères vénitiennes et Ottomanes sur le flanc, et un magnifique pénis sans nationalité mais héroïque, dressé comme une lance de chevalier, sur la joue. Tout à son art, Marmont termina rapidement les sabots luisants du faune, lâchant quelques comentaires enjoués.
- Ce qu'il y a de bien ici, par rapport à Tulle, c'est que le nourrain est aussi abondant qu'abandonné. J'ai trouvé Carlus Magnus dans l'arriere cour d'une ferme désertée, où il finissait de becqueter un vagabond crevé. Ici les hommes trépassent et les gorets engraissent. Curieux non ?
Victorine
Carlus Magnus...

Vic était en effet entrée, et ne pouvait s'empêcher d'entretenir une moue de dégoût sur son minois mignon. Elle allait passer après un cochon. Un cochon doté d'un nom, en plus. Qu'en penserait Attila, son père ?

Mais, consciente que cette mine pouvait passer pour de la crainte, ou pire ! pour de la compassion pour le goret frétillant, elle finit par se reprendre et, négligeant l'invitation à prendre place sagement, fit lentement le tour des lieux tandis que le tatoueur finissait sa fresque.

Ce n'était pas vraiment le petit atelier douillet qu'elle s'était imaginé. C'était plutôt... brut. Il allait falloir se déshabiller ici. Exhiber sa peau. Compter les minutes.

Elle contempla les hautes poutres et revint au modèle mécontent. Le support était insolite certes, mais la main semblait habile. Pourvu qu'il ne s'amuse pas à lui dessiner ce qui lui passait par l'esprit. Esprit fort tourmenté, apparemment. Les grands yeux verts s'arrondirent sur la peau de la joue velue et elle reprit d'une petite voix mal assurée.


Saurez-vous copier cela ? Cela et rien de plus mmh ?

S'il innove, j'lui crève les yeux t'façon. Elle exhiba le feuillet où l'hermine et le loup paradaient en Y, comme le reflet d'une dualité chez la jeune Ysengrin.

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Marmont
La voix fluette s'insinua entre deux couinement du goret, obligeant Marmont à détourner le regard vers:
d'abord le parchemin tendu, légèrement tremblotant dans une menotte gracile;
puis le bras juvénile à la peau - et c'est un connaisseur qui jauge- délicieusement vierge;
enfin au visage faussement serein de la jeune fille et son indéchiffrable expression. Ses yeux perçants sont adoucis par le trait courbe de ses sourcils et ses lèvres délicatement ourlées sont serrées en une moue défensive.
Curieux mélange.
Marmont en contrepoint, est brut comme un tesson de bouteille. Rien de fin ou d'indéchiffrable, tout se lit sur ses traits, ses années de crève la faim ont laissé sur sa face des sillons vifs qui en disent long sur son aptitude à survivre. Ses mains sont laides et noueuses comme des paluches d'étrangleur, et on les verrait mieux tenir le surin que le fin stylet vénitien qu'il manipule présentement. Il n'est pas bien gros, mais tout, de ses épaules sèches à son ventre creux, trahit la violence qui ne demande qu'à sortir de cet épouvantail.
Et elle vient se faire délicatement piquer la peau, avec la précision d'un moine copiste et la douceur d'une dentellière! N'étant point sot, il prit une attitude plus engageante et se risqua à sourire avec affabilité.

- Décidément, je vais voir défiler toute la portée. Une autre demoiselle m'a demandé semblable mariage. Avec une buse au lieu de l'hermine. Mais on n'a pas eu le temps de faire affaire.
Marmont libéra le goret d'un coup de pied pour débloquer la poulie, et celui ci, après s'être bruyamment dépêtré de ses liens, fila sans demander à voir le chef d'œuvre. Preuve d'une grande confiance dans l'art du maître.
- Et où allons nous travailler damoiselle? Car il faut préparer soigneusement la toile pour ne pas gâcher l'oeuvre, lisser, raser, oindre et assouplir. Enfin, pour une jeune fille comme vous, de bonne condition et de délicate constitution. Si vous aviez été matelot, évidemment, je n'aurais pas risqué ma vie à vous ménager le cuir.
Victorine
Une buse ? Vic haussa un sourcil. Aurait-il croisé la route d'une adorable angevine vassale des Ysengrin...

La "portée" comme vous dites, n'est pas aussi inépuisable que les porcelets que vous décorez avec passion. Alors veillez à ne pas me louper.


L'homme n'est pas vraiment de ces beautés d'albâtre qu'on croise dans les salons de l'ambassade, ou de l'hérauderie. Il est même peu engageant, avec ses grosses mains et sa face burinée. Et quand il sourit, c'est encore pire. Vic voudrait fuir.

Pourtant elle voudrait se fier à son instinct, qui lui dicte depuis leur première rencontre, qu'il a de l'or dans les doigts et une âme d'artiste.
Bon, certes, Vic s'est souvent trompée dans ses choix, collectionnant autour d'elle les pires traitres, voleurs, magouilleurs du royaume. Elle est attirée par les balafrés, les déchus, les arrogants. C'est pas de sa faute. C'est les dents. Quand elle voit des crocs, ça l'éveille.
Mais pas lui. Non. Enfin il y a bien cette histoire de cochon mais... hein ? qu'a-t-il dit ??
Les yeux verts tournent à l'orage avant qu'elle ne batte des cils et annonce gentiment :

Je vais vous avouer une chose. J'ai l'air délicate et sans défense, comme ça. Mais c'est un leurre.

Non mais j'vais t'montrer moi, si j'suis de constitution délicate. Est-ce que j'ai une gueule de constitution délicate !

On œuvre où vous le voulez, mais maintenant que vous le dites, on pourrait aller ailleurs. Il fait un peu frisquet ici.

Et puis ça résonne des cris du goret.

Quant à raser, je n'ai pas de soies à raser, moi. Vous verrez, aussi lisse que le verre.

Et aussi froide.

On va chez vous ?
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Marmont
Marmont s'était assis sur un tonneau renversé et fendu et il détaillait sans vergogne la jeune fille. "On œuvre où vous voulez..." avait-elle dit sans frémir. Restait encore à déterminer ce "où". Le visage était exclu, à part quelques marins trop laids pour en souffrir, il n'avait jamais fait autre chose sur un visage qu'une petite larme de sang ou maquiller une fleur de lys récoltée à la prévoté royale en signe moins infamant.
Son cou était agréable, à la peau tendue et blanche, presque transparente sur des jugulaires qu'on devinait aisément. Un emplacement possible, où il serait doux de se pencher pour les détails, en se laissant gagner par son arôme parfumé de jeune fille encore tendre.


- Eh bien suivez moi.

Ca lui laisserait le temps de réfléchir, le cou n'étant pas un si bon choix car marquer un coté serait disgracieux et la nuque peu pratique si elle se laissait pousser les cheveux.
Il se dressa comme un diable sortant de sa boîte et posa sa main sur la taille de l'Ysengrine pour l'entrainer vers la ruelle.

Ses petits seins de serin pigeonnaient à grand peine malgré une robe ajustée au plus près. Soit le glyphe familial dépasserait disgracieusement, soit il faudrait le réaliser en un format si minuscule qu'il deviendrait ridicule. Si l'idée de tenir un de ses petits oeufs de pigeon sous son stylet excitait la curiosité et les appétits en sommeil de l'artiste, l'honnêteté exigeait qu'il abandonnât à regret cette vision charmante et cet emplacement par le même effort de volonté.

- Puisque j'ai le choix de l'endroit....
Son battoir serra un peu plus la taille de la jeune femme pour en éprouver l'élasticité. Pas beaucoup de hanche, et encore moins de graisse. La pique à cet endroit serait facile, la peau ferme et bien tendue, et l'occasion de voir ce que peu devaient avoir vu, la donzelle étant si jeune, peut être encore pucelle. Y aurait il mieux? A coté par exemple.
Le battoir glissa nonchalamment vers le bas, poussant toujours la jeune fille avec délicatesse et éprouvant par la même la partie charnue de sa personne.

- Comprenez que c'est pour me faire une idée... une idée tout ce qu'il y a de plus professionnelle... je dois m'assurer de...
...oui de quoi au juste? Bon la fesse était dure, musclée sur la selle de ses destriers probablement, et sans être plate, elle n'avait pas l'ampleur qu'on pouvait honnêtement demander à une future mère. Il affermit sa prise mais plus délicatement que s'il s'était agit d'une soubrette ou une blanchisseuse au lavoir. Sa grosse main la tenait toute entière dans sa paume et n'avait rien d'autre à pétrir que de la chair ferme, sans douillette culotte de cheval qui pourtant faisait tout le charme féminin.
Il fut immédiatement gêné de constater qu'à sa grande surprise, il aimait fort cette sensation nouvelle.

- Nom d'un ptit bonhomme!
Il cracha un long jet de salive ensanglantée comme il s'était mordu la lèvre sans y prêter attention. Quetant la réaction de la gamine de rupin avec des yeux ronds.
Victorine
Il prenait des libertés avec elle, l'entraînant au dehors par la taille, réduisant les distances avec son auguste personne. Les joues de Victorine s'en empourprèrent violemment, plus de rage que d'excitation. C'est qu'elle était plus facile à énerver qu'à tenter. Mais il avait déjà empoigné sa fesse avant qu'elle n'aie eu le temps de s'écarter de lui. Son sang ne fit qu'un tour et en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, Marmont se retrouva avec la pointe d'une dague sous le nez.

Elle était deux fois plus petite que lui, et le faisait très certainement loucher avec son arme pointée sur son pif. Mais si la situation pouvait être risible, elle, ça ne la faisait pas marrer du tout. Aucun soldat, matelot ou mercenaire, même au fin fond du Languedoc, ne s'était permis de la palper ainsi.


Je ne suis pas une petite marchandise. Et vous n'avez le choix de rien du tout ! Je vous montrerai l'endroit quand vous m'aurez montré l'endroit où...

Elle tiqua. Ah, oui, il y avait eu quiproquo. Il voulait savoir sur quel endroit de son corps il allait travailler. Pas dans quel maison. Elle rengaina son arme à la ceinture de sa robe, et prit un petit air de rien.


Bref. C'est moi qui choisis.

Elle comprenait mieux maintenant pourquoi il la reluquait de bas en haut, s'il avait cru qu'il devait choisir le meilleur endroit pour tatouer. Bon, on n'allait pas tuer un homme pour ça. Elle lui tendit un petit mouchoir brodé en grimaçant.

Vous avez du sang, là.

Et c'est pas moi, je jure.
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Marmont
- Hein? Ah euh...
Déjà pas un foudre de guerre en temps normal, Marmont atteignit les tréfonds du crétinisme, et Deos sait à quel point c'est profond par les temps qui courent...
En un clin d'oeil une lame avait scintillé sous son groin, la demoiselle avait lancé des trilles de rossignol scandalisé, et un mouchoir délicatement parfumé et impeccablement plié effleurait sa peau mal rasée.
Elle l'avait égorgé? Et évidemment une jeune fille convenable comme elle ne supportait pas la vue du sang gargouillant hors de ses artères et elle lui demandait de mourir proprement.

Il se tira machinalement la peau de la gorge -non sans vérifier qu'elle était indemne- et décida de ne pas s'apesantir inutilement sur des détails insignifiants comme les raisons de la brusque envolée Ysengrine.


- Donc... faudrait se mettre à l'oeuvre parceque le jour descend vite et les bougies, ça douille. A moins que vous n'aimiez la cire chaude? C'est bien pour épiler... parfumer, décrasser... s'amuser, aussi.
Tout en lui vantant les mérites de certains jeux pour adultes qu'il avait appris dans les bordels de Saint Jean d'Acre, il regarda à la sauvette la jeune fille marchant à son coté.
Elle lui faisait penser au Capitanio de la galère où il rama tant d'années. Un jeune homme d'apparence délicate, frêle, dont le moindre geste était pesé et réfléchi avec soin de par son éducation de jeune noble, élu à son grade grâce à la protection paternelle. Il avait à son coté une hache de mer à nulle autre pareille. Les autres hommes d'arme en avaient de courtes, à double lame, laides et massive. La sienne était fine, au manche un peu plus long et à la double lame évidée en son centre pour la rendre plus légère.
Ce Capitanio quand il monta à bord déclencha un fou rire sur les bancs de nage et sur le château arrière des archers. Quelques lazzis graveleux sur sa virilité douteuse fusèrent. Le fouet claqua et il n'en fut jamais plus question.
Mais quand l'Ottoman brisa le convoi pour s'emparer des galères de la Sérénissime lourdement chargées, que la bataille fit rage sur tous les navires, que les galériens mouraient par dizaines quand ils étaient, comme Marmont, non pas salariés, mais condamnés et enchainés, alors on vit le Capitanio bondir d'un bord à l'autre du vaisseau avec aisance, fendant l'air de sa hachette décorative.
Et en faire un usage meurtrier, car si les têtes ne roulaient pas sur le pont, les gorges n'en étaient pas moins tranchées.
Le Capitanio sauva son navire, Marmont survécu, et voilà qu'il se retrouvait devant ce petit bout de femelle tout droit sorti d'un souvenir de sa jeunesse envolée. Avec un chapeau à large bord pour la protéger du soleil du Levant, une culotte à gros boutons de cuivre sur le coté, une ceinture de soie de Perse, une paire de hautes bottes de marine, un anneau d'or dans l'oreille, et son regard farouche étincelant dans l'ombre du chapeau, elle ferait merveille.
Après tout le Capitanio était tatoué des chevilles aux épaules. Il y avait oeuvré. Jusqu'à son "ptit soldat" qu'il avait fait décorer par une Maure aux yeux azur. Marmont avait du poliment décliner les avances du Capitanio ayant peur de trembler un peu.
Perdu dans ses souvenirs, il l'avait emmenée à sa masure, raflant au passage un linge où il rangeait pigments, encres, et pointes.

- Voilà, faites comme... euh mettez vous à l'aise. Y a un broc d'eau claire pour décrasser la couenne, avec un bon gant de crin pour bien ouvrir les pores. Et il doit me rester un peu de miel pour adoucir et assouplir. Mais je le mettrai sur vot'note.
Il se détourna pour déballer ses instruments avec soin sur la table branlante, jetta un coup d'oeil par dessus son épaule pour s'assurer qu'elle avait compris et, constatant son embarras, ajouta:
- Selon l'endroit, la pose. Si je vous marque le dos, la chaise sera parfaite, si c'est plus b... ailleurs, faut voir.
On entrait finalement dans le vif du sujet. Un sujet prometteur.
Victorine
Au moment de passer la porte, tous les signaux se mirent en détresse dans le cerveau de l'Ysengrine. Raison et curiosité se disputaient la meilleure place. L'une disait de fuir, l'autre d'oser. L'honneur se mit de la partie : il est trop tard pour reculer, jeune loupiote écervelée. Dans l'antre d'une autre bête tu pénètres, et de celui là, nul respect des usages ou de l'étiquette ne te protègera. A toi de te faire respecter, seule.

Bougies, miel, vin, mettez tout sur ma note : je suis riche. En revanche, vous n'êtes pas autorisé à tout mettre sur mon corps.

Profitant qu'il avait le dos tourné et les paluches occupées, elle fit un tour des lieux et regarda le broc avec dédain. De l'eau froide sans doute. Et peut-être moins propre que son corps parfait. Hors de question d'y toucher. De toute façon, elle avait désormais pour habitude de se faire laver par les servantes de son oncle. Elle n'allait pas s'abaisser à cette tache.

Sachez que ma "couenne" est immaculée.

Elle s'approcha de lui et nota la précision avec laquelle il disposait son matériel. Il alignait ses outils avec amour. L'habileté et la tendresse des grosses mains calleuses la subjugua. Et l'on sait que peu de choses clouaient le bec de Vic, dans la vie. Mais cela fut de courte durée, car bientôt elle relevait sa robe et s'étendait sans hésiter sur la table branlante. Sur le dos. Offrant son ventre en pâture à l'attablé.


Ici,

fit-elle en dessinant du doigt gauche les arabesques d'un Y sur son flan droit, entre les côtes flottantes et l'os du bassin, là où la peau est d'une douceur extrême. En se tortillant comme un asticot, elle fit glisser un peu la ceinture des braies qu'elle portait toujours là-dessous (pour monter à cheval, c'est mieux), de façon à dégager la zone, mais guère plus.

Assouplissez, adoucissez, mais ne lavez pas à froid. Je suis fragile.

Cycle long, sans essorage.
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Marmont
L'air se figea dans la petite pièce. Spectacle troublant que cette jeune demoiselle à la vesture mise en bataille pour dévoiler son ventre blanc, sur une table miteuse dont Marmont s'empressa de caler le pied le plus court. Puis, satisfait de sa stabilité, il souleva délicatement la tête blonde pour y glisser une couverture pliée en guise de rugueux oreiller.
- Z'êtes bien installées?
Sans attendre la réponse, il passa une paluche épaisse sur la peau fine de la taille. Pour la retirer aussitôt: la jeune fille avait tout soudain la chair de poule, que ce fût du au froid ou à l'appréhension. Avec un sourire il reprit sa palpation, cherchant un point sensible qui contre indiquerait l'emplacement, et éprouvant le grain de peau et son épaisseur.
- Faut qu'j'vous dise... si vous dev'nez grosse de vot'futur, comme c'est probable, le dessin sera sûrement déformé. Je ne garantis pas qu'il reste comme avant.
Douce comme de la soie, agréablement tiède, tendre sans être molle, les muscles n'étaient pas très loin dessous. Immaculée, comme elle l'avait annoncé, palpitante d'une respiration calme, confiante. Il prit un peu d'eau pour s'humidifier les mains et un peu de cendres dans l'âtre en guise de savon. Satisfait de leur propreté, il les rinça et plongea deux doigts dans un pot d'onguent qu'il passa sur la peau de la jeune femme. D'abord un peu brusque, l'onction se fit plus caressante à mesure que la tiédeur de son épiderme réchauffait sa main. La manipulation se prolongea comme il se rendait compte à quel point la peau d'une femme était indispensable à l'homme, et il s'égara de plus en plus dans le voisinage immédiat, passant sur les côtes, le ventre, glissant vers l'aine...
Victorine
Table et nuque étaient calées. Victorine fit vivement oui oui de la tête : elle était bien installée et s'en remettait à ses mains. Fin tressaillement sous la peau d'albâtre. Les marbrures bleues palpitent à toute allure et envoient en corolle des ondes inconnues.

Victorine toussote légèrement. Ferme les yeux. Se cale les épaules en un petit mouvement. Se concentre. Sort de son corps pour nier la douleur à venir.
Impossible.
Sous les masseuses grandit une houle de lave. L'Ysengrine se maudit et grogne. Elle raisonne : fondre pour un vulgaire éleveur de cochons tatoués, un exilé, spéculateur de surcroît. Stabilisateur de marchés, dit une petite voix. Elle soupire. Sans noblesse, à peine propre et de rugueuses mains de galérien. Elle gémit. Et puis pas bien délicat avec ça. Victorine ! Par le fémur de Lucifer ! Calme ta joie !
... si vous dev'nez grosse ...
Vous comptiez m'engrosser ?
J'vais la tuer...
Je ne garantis pas qu'il reste comme avant.


Aucun loupiot en vue, vous pouvez tatouer.

Oui parce qu'avant que Victorine se laisse engrosser, il faudra qu'elle ait trouvé le bon mari, raffiné, élégant, pince sans rire, un rien rebelle. Elle se mord la lèvre inférieure, et on voit ses petits crocs de lait. Et noble pour plaire à Mère-Grand ! Et tout ça réuni dans le même gus, en Limousin, ça n'existe pas, on est pénards. Un fin sourire étire ses yeux fermés, elle savoure le massage qui s'étire en délicatesse tout en se disant qu'elle est à l'abri des prétendants. Sa taille fine s'assouplit. Quant à se mettre à l'abri des pognes qui frôlent sa ceinture trop lâche, elle n'y songe même pas.

Inconsciente.

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Marmont
La main épaisse comme une côte de boeuf malaxa et pétrît la chair tendre, les doigts s'avancèrent, s'avancèrent encore, jusqu'à effleurer une lisière duveteuse et chaude. Marmont serra les dents et siffla un "merci" indistinct d'un "m.erde" plus prosaïque, les yeux perdus derrière les lourds voiles de souvenirs brouillés. Et subitement s'empara d'une pointe à l'extrémité noire d'encre tandis que sa senestre tendait le fin vélin d'Ysengrin. Courbé sur la jeune femme, enivré des subtiles fragrances de chair, il fit taire pour de bon les démoniaques grondements de ses appétits carnés. La Connétable était ce qui se rapprochait le plus d'une alliée, peut être une protectrice. Approfondir leurs rapports ne passeraient certainement pas par son connet mignon, même si l'envie qu'il en avait se faisait plus ardente que le fer du bourreau. Avoir toute la meute sur le dos ne le laisserait pas s'en tirer avec quelques années de galères, comme dans sa jeunesse. Ils l'écorcheraient, tendraient sa peau séchée dans le salon familial où ils riraient de la chasse à courre qu'il leur aurait prodiguée.
Déplaisante pensée.

La première piqure fit perler une minuscule goutte de sang rouge profond. Bientôt suivie d'une autre, puis d'une autre, jusqu'à ce qu'une fine rigole glisse paresseusement dans le creux du ventre et noyer le délicat nombril de l'Ysengrine.
Marmont regarda le juvénile visage et sourit en apercevant deux petites canines fichées dans des lèvres exsangues. Elle était assez fiérote pour ne pas se soucier de dissimuler sa douleur. A quoi bon nier? ça faisait mal, mais ça n'aurait qu'un temps, et on survivrait, ravi d'avoir poussé ses limites un peu plus loin, jusqu'à la prochaine fois.
Bizarrement c'est ce qu'il s'entendit dire à mi voix pour la distraire avec quelques paroles apaisantes. Avant de poursuivre sur d'autres limites, celles de ses braies qu'il avait franchies avec non moins de ravissement, et dont il l'entretint longuement, trouvant des mots pas toujours appropriés pour décrire ses impressions alors qu'il rôdait aux abords de son bosquet:

- Vive qui Hottin hotina, Le connet qui le connina, Le tetin qui le tetina Et la main qui le tatina.(*)" finit-il par dire, un sourire égrillard aux lèvres comme aux yeux, alors que la pointe voletait de touche en touche.
A l'aide d'un morceau de lin grossier, il épongea un peu le sang qui menaçait de tacher le linge de corps et s'appliqua à en prolonger la caresse, pour laisser son sujet souffler un peu. La chair de poule réapparut sur le ventre palpitant d'une respiration saccadée et il souffla dessus pour le baigner de son haleine tiède.

- C'est bientôt fini, vous avez été forte.
"...et moi aussi"
marmonna-t-il en reprenant la pointe.


(*) MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506)
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