Kernos Rouvray, Baron de Mévouillon & Sire de Glandage,
A Dame Edwen de Blanc-Combaz, Prévôt de Bourgogne, salut & paix!
Par la présente, j'accuse avoir connaissance de votre courrier concernant la fermeture des frontières du Duché de Bourgogne, et vais m'employer à répondre aux questions qui y figurent, en espérant qu'elles vous satisfassent pleinement.
Mes parents - paix à leurs âmes - m'ont baptisé Kernos, Rouvray pour nom de famille. Je réside en la ville de Die depuis maintes années et suis vassal de votre voisin du Lyonnais-Dauphiné que j'ai quitté il y a plus de trois mois pour me rendre sur vos terres de Bourgogne, sur les traces d'une femme qui serait passée elle aussi par votre Duché vers le mois de mai de cette année. Voilà ce qui m'amène ici, chevauchant seul à mon arrivée et n'ayant toujours aucun compagnon de route, mes recherches m'ont conduit en votre capitale, espérant y glaner quelques informations sur la route que la demoiselle aurait emprunté, ayant perdu sa piste à son entrée à Mâcon, j'erre depuis plus d'un moins dans les rues de Dijon en quête de réponse mais demeure bredouille, ce qui me laisse supposer qu'elle n'a point mis les pieds dans cette ville et m'obligera donc à reprendre la route vers une autre de vos cités si, toutefois, vous m'autorisez à continuer ma route sur vos terres.
Je pense commencer par cheminer vers Tonnerre, le nom de cette ville l'ayant toujours fasciné sans doute a-t-elle séjourné là-bas, en passant par Sémur puis, si je ne trouve pas d'informations là-bas, je poursuivrai vers Cosne puisque cette ville est frontalière avec le Berry et tout proche de Sancerre où elle résida autrefois, même si je doute qu'elle s'y trouve à l'heure actuelle étant donné la guerre qui y fait rage. Ensuite, si de nouveau je ne trouve rien de concret, je descendrait sur Nevers afin de prier pour la suite de ma quête et dans ce cas, je ne sais qu'elle route j'emprunterai ensuite. Je ne puis hélas savoir combien de temps cela me prendra, tout dépendra des renseignements que je recevrai en chemin.
A ce propos, si jamais vous déteniez des informations concernant la Demoiselle que je recherche, je vous serai infiniment reconnaissant de me les faire parvenir, même si ce n'est qu'une rumeur, un murmure ou un bruissement, je suis preneur et prêt à me reconnaître votre débiteur. La Demoiselle en question se nomme Terwagne Méricourt, une jeune femme d'une vingtaine d'années, la silhouette frêle et le teint opalin, des yeux profonds et sombres comme la voûte céleste qui se plonge dans la nuit étoilée, s'égarant parfois dans les voiles d'un rêve lointain ou parfois aussi ardent que si vous contempliez le soleil en face, une chevelure tout aussi noirs qu'elle ramène souvent en arrière afin de laisser sa nuque délicate apparaître aux vents, à l'exception d'une mèche rebelle qu'elle doit constamment remettre derrière son oreille gauche sauf quand elle laisse ses cheveux libres, flottant autour de son visage fin. Elle porte un parfum de giroflée, elle affectionne les couleurs rouge et noire, aime la pluie, le vent et la route, la musique, les chansons et la poésie, elle a des manières de troubadour, la voix légère mais qu'elle sait faire portée, elle aime la simplicité, le naturel, la franchise et la passion... accessoirement, elle est Officier royale de la Cour d'Appel de France, Vicomtesse d'Orpierre et Dame de Taulignan en Lyonnais-Dauphiné, mais ceux ne sont pas des choses qui se devinent ou qu'elle met en avant. Si au moins je savais qu'elle direction elle a prise, sans doute mon voyage à travers votre Duché serait moins long et hasardeux.
Je vous demande donc humblement de bien vouloir m'accorder un laissez-passer sur vos terres de Bourgogne, aussi longtemps qu'il me sera nécessaire pour trouver une nouvelle piste dans mon enquête. Je m'engage sur l'honneur à respecter vos lois et coutumes, et à ne point créer de troubles dans votre Duché durant mon séjour, j'en fais serment devant le Très-Haut et saint Georges de Lydda. Si vous voulez d'avantage de gage sur me bonne foi et mon honnêteté, vous pouvez vous adresser à mon suzerain le Duc du Lyonnais-Dauphiné, actuellement Sa Grâce Thiberian Baccard qui me connaît depuis plusieurs années, ou encore au Maréchal d'Armes Nynaève de Gaudemar, héraut du Lyonnais-Dauphiné, à l'évêque du diocèse de Die, Monseigneur Oiselier, et au Commandeur de l'Ordre de Sainct Georges, ordre du mérite ducal dont je suis l'un des titulaires, Sa Grâce Ka Devirieux. Vous pouvez également prendre renseignement ici en Bourgogne, où j'ai exercé il y a quelques années la charge d'ambassadeur pour le Lyonnais-Dauphiné, peut être quelques personnes se souviendront de moi à Saint André ou que quelques parchemins portent encore mon nom, ou bien demandez à Dame Lenada qui fut ma belle-soeur par alliance par le passé.
Dans l'espoir d'une réponse, que je souhaite de tout coeur favorable, soyez assurée Dame de mes sentiments les plus pieux à votre égard.
Faict à Dijon, le 30e jour du mois de septembre de l'an MCCCCLIX,