Aldraien
« Le mariage est et restera le voyage de découverte le plus important que lhomme puisse entreprendre. »*
Il y a un mois, elle pensait que ce jour narriverait jamais, quelle avait encore largement le temps dy penser, de sy préparer; cétait sans compter sur le caractère fourbe et manipulateur du temps. A peine loccasion de respirer que le fameux jour était arrivé, avec bien entendu toutes les émotions qui allaient avec : angoisse, impatience, inquiétude, tout ça, tout ça. Evidemment, comme toute future mariée qui se respecte, la Carsenac avait très peu dormi la nuit précédente, se posant les éternelles questions de celle qui allait unir sa vie avec un homme qui y avait fait son entrée quelques mois auparavant. Ferait-elle une bonne épouse, à la hauteur des espérances de celui qui lui avait demandé sa main lors dune soirée en taverne peu commune ? Saurait-elle cesser de mettre sa vie en danger pour lui ? Vous comprendrez donc que cette nuit là fut plutôt source de questionnement et remise en question, à défaut dêtre une nuit de repos. Malgré le confort de son appartement au Louvre, mis à disposition pour loccasion, et qui surpassait largement toutes les chambres où elle avait pu loger auparavant.
Cest un grognement qui accompagna larrivée des femmes de chambre dans lappartement de la rousse Capitaine. Il ne pouvait pas déjà être lheure de shabiller, non ! Et pourtant, si. Leffervescence qui venait dêtre déployée dans son appartement alors même que le soleil venait à peine de se lever, cétait bien trop dur pour elle; elle navait pas lhabitude de tellement dagitation autour delle, quon lui assène des remarques, des directives. Deuxième grognement alors quelle se sort du lit bien trop confortable pour être quitté si tôt, et quelle se laisse mettre en mouvement par la horde de femmes dont la seule et unique mission aujourdhui était de faire en sortes que la future mariée soit la plus belle de la journée, et le Très-Haut savait que cétait là un objectif bien compliqué; surtout quand on connait le caractère contradictoire et têtu de la Carsenac. Peut-être pour cette raison que le nombre de femmes de chambre était si grand, il fallait au moins ça
- Ma Dame, il vous faut prendre votre bain.
- Et nous devons vous habiller
- Et vous maquiller
- Et vous coiffer.
- Il faut que vous soyez la plus belle pour votre Prince !
- Cest bon, cest bon Jai compris.
Et la Carsenac qui capitule et rejoint la baignoire afin de se laver. Leau a été parfumée avec dexquises essences et elle en ressort quelques minutes plus tard, aidée par les femmes à son service. Le corps couturé de cicatrices dont la plus récente lui avait coûté son enfant était essuyé sous le regard presque apeuré des femmes de chambre. Elles navaient sans aucun doute jamais vu quiconque présentant tant de blessures au Palais du Louvre, mais la rousse avait vécu tant et tant dépreuves que se retrouver dans cet endroit, aujourdhui, lui semblait comme un rêve. De la torture physique aux blessures du combat en passant par les ravages dun incendie, elle avait eu droit à tout ou presque. Mais pas vraiment le temps dy songer pour le moment, puisque déjà on sappliquait à recouvrir la peau bien pâle avec des couches et des couches de tissu raffiné. Une création de Valeryane, tout simplement sublime; et elle qui navait pour ainsi dire jamais porté de robe se retrouvait avec un véritable trésor sur le dos, une uvre dart, et encore les mots étaient faibles.
Cest à peine si elle se reconnaissait, ainsi vêtue. Et lorsque bijoux, coiffure et maquillage vinrent sy ajouter, elle avait limpression davoir perdu une dizaine dannées dun seul coup. Le maquillage était presque en mesure de cacher totalement la pâleur maladive de sa peau. Les pierres précieuses à son cou et à sa main semblaient venir dun autre monde sur sa peau qui sornait habituellement dun seul et unique bijou : le collier que sa mère portait avant elle et qui nétait quune simple pierre émeraude sur un pendentif, quelle avait confié à Catherine, comme une promesse de finir par lui revenir. Les perles dans ses cheveux de feu dordinaire indisciplinés rajoutaient encore à cette impression dêtre une toute autre femme. Peut-être était-ce le cas, finalement, et que derrière son uniforme habituel, son épée, sa dague et ses manières un peu cavalières parfois, derrière ce masque, se cachait une femme comme celle qui se tenait devant elle, dans le reflet de ce miroir qui lui faisait face. Peut-être même quun jour elle aurait des réponses à ses interrogations.
- Vous êtes parfaite.
- Merveilleuse.
- Sublime.
- Eblouissante.
- Votre suzeraine ne devrait plus tarder à présent.
Mère Que penserais-tu de ta fille aujourdhui ? Tu aurais dû être celle me menant à lautel, me confier à celui qui va devenir mon époux, mais tu nes plus là. Me regarderas-tu, de là où tu te trouves ? Ne tinquiète pas, Antlia saura remplir à merveille cette tâche, comme elle sest occupée de moi à merveille toutes ces années. Tu peux lui faire confiance pour continuer dans cette voie, elle a toujours veillé sur moi.
La Carsenac se tient là, triturant ses mains, attendant que la Cavalière, la Suzeraine, lAmie, vienne la chercher pour la conduire jusque sous le regard du Très-Haut, de la Reyne, de tous ceux qui seraient présents pour célébrer ce jour exceptionnel.
Et elle maudit le temps qui, après avoir passé si vite, se plaisait maintenant à faire passer quelques minutes pour une éternité
* Sören Kierkegaard
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Il y a un mois, elle pensait que ce jour narriverait jamais, quelle avait encore largement le temps dy penser, de sy préparer; cétait sans compter sur le caractère fourbe et manipulateur du temps. A peine loccasion de respirer que le fameux jour était arrivé, avec bien entendu toutes les émotions qui allaient avec : angoisse, impatience, inquiétude, tout ça, tout ça. Evidemment, comme toute future mariée qui se respecte, la Carsenac avait très peu dormi la nuit précédente, se posant les éternelles questions de celle qui allait unir sa vie avec un homme qui y avait fait son entrée quelques mois auparavant. Ferait-elle une bonne épouse, à la hauteur des espérances de celui qui lui avait demandé sa main lors dune soirée en taverne peu commune ? Saurait-elle cesser de mettre sa vie en danger pour lui ? Vous comprendrez donc que cette nuit là fut plutôt source de questionnement et remise en question, à défaut dêtre une nuit de repos. Malgré le confort de son appartement au Louvre, mis à disposition pour loccasion, et qui surpassait largement toutes les chambres où elle avait pu loger auparavant.
Cest un grognement qui accompagna larrivée des femmes de chambre dans lappartement de la rousse Capitaine. Il ne pouvait pas déjà être lheure de shabiller, non ! Et pourtant, si. Leffervescence qui venait dêtre déployée dans son appartement alors même que le soleil venait à peine de se lever, cétait bien trop dur pour elle; elle navait pas lhabitude de tellement dagitation autour delle, quon lui assène des remarques, des directives. Deuxième grognement alors quelle se sort du lit bien trop confortable pour être quitté si tôt, et quelle se laisse mettre en mouvement par la horde de femmes dont la seule et unique mission aujourdhui était de faire en sortes que la future mariée soit la plus belle de la journée, et le Très-Haut savait que cétait là un objectif bien compliqué; surtout quand on connait le caractère contradictoire et têtu de la Carsenac. Peut-être pour cette raison que le nombre de femmes de chambre était si grand, il fallait au moins ça
- Ma Dame, il vous faut prendre votre bain.
- Et nous devons vous habiller
- Et vous maquiller
- Et vous coiffer.
- Il faut que vous soyez la plus belle pour votre Prince !
- Cest bon, cest bon Jai compris.
Et la Carsenac qui capitule et rejoint la baignoire afin de se laver. Leau a été parfumée avec dexquises essences et elle en ressort quelques minutes plus tard, aidée par les femmes à son service. Le corps couturé de cicatrices dont la plus récente lui avait coûté son enfant était essuyé sous le regard presque apeuré des femmes de chambre. Elles navaient sans aucun doute jamais vu quiconque présentant tant de blessures au Palais du Louvre, mais la rousse avait vécu tant et tant dépreuves que se retrouver dans cet endroit, aujourdhui, lui semblait comme un rêve. De la torture physique aux blessures du combat en passant par les ravages dun incendie, elle avait eu droit à tout ou presque. Mais pas vraiment le temps dy songer pour le moment, puisque déjà on sappliquait à recouvrir la peau bien pâle avec des couches et des couches de tissu raffiné. Une création de Valeryane, tout simplement sublime; et elle qui navait pour ainsi dire jamais porté de robe se retrouvait avec un véritable trésor sur le dos, une uvre dart, et encore les mots étaient faibles.
Cest à peine si elle se reconnaissait, ainsi vêtue. Et lorsque bijoux, coiffure et maquillage vinrent sy ajouter, elle avait limpression davoir perdu une dizaine dannées dun seul coup. Le maquillage était presque en mesure de cacher totalement la pâleur maladive de sa peau. Les pierres précieuses à son cou et à sa main semblaient venir dun autre monde sur sa peau qui sornait habituellement dun seul et unique bijou : le collier que sa mère portait avant elle et qui nétait quune simple pierre émeraude sur un pendentif, quelle avait confié à Catherine, comme une promesse de finir par lui revenir. Les perles dans ses cheveux de feu dordinaire indisciplinés rajoutaient encore à cette impression dêtre une toute autre femme. Peut-être était-ce le cas, finalement, et que derrière son uniforme habituel, son épée, sa dague et ses manières un peu cavalières parfois, derrière ce masque, se cachait une femme comme celle qui se tenait devant elle, dans le reflet de ce miroir qui lui faisait face. Peut-être même quun jour elle aurait des réponses à ses interrogations.
- Vous êtes parfaite.
- Merveilleuse.
- Sublime.
- Eblouissante.
- Votre suzeraine ne devrait plus tarder à présent.
Mère Que penserais-tu de ta fille aujourdhui ? Tu aurais dû être celle me menant à lautel, me confier à celui qui va devenir mon époux, mais tu nes plus là. Me regarderas-tu, de là où tu te trouves ? Ne tinquiète pas, Antlia saura remplir à merveille cette tâche, comme elle sest occupée de moi à merveille toutes ces années. Tu peux lui faire confiance pour continuer dans cette voie, elle a toujours veillé sur moi.
La Carsenac se tient là, triturant ses mains, attendant que la Cavalière, la Suzeraine, lAmie, vienne la chercher pour la conduire jusque sous le regard du Très-Haut, de la Reyne, de tous ceux qui seraient présents pour célébrer ce jour exceptionnel.
Et elle maudit le temps qui, après avoir passé si vite, se plaisait maintenant à faire passer quelques minutes pour une éternité
* Sören Kierkegaard
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