--Le_transporteur
Une charrette sur une route, lentement, lentement.
Pas besoin d'abîmer la marchandise.
Et cette vie qui reprend, fatalement.
Danses et buffet, un bal s'improvise.
Mouches qui s'élancent dans un bruissement d'ailes,
Dans leurs robes vertes émettent un bruit de fond.
Mais voilà qu'elles ont fait place nette.
Elles prennent la route pour d'autres guinguettes,
Et cèdent les autres mets à de joyeux lurons
Grâce à qui les conversations reprennent de plus belles.
Les voici qui continuent l'oeuvre accomplie,
Bourdonnements et cisaillement implacables,
Roue du temps qui amorce un nouveau tour, inexorable.
Un tour de manivelle, et repart joyeusement cette Mélodie.
Dans un ailleurs, étrangères à cette comédie, deux silhouettes.
L'une efflanquée et aux traits taillés à coups de burin
L'autre bien plus petite, qui ne tardera pas à perdre sa grâce fluette.
Ils fixent la route, ne voulant songer à cette sauterie dont ils sont témoins.
Le charretier a pris les rênes, jetant parfois un oeil sur le ptiot.
L'enfant tient dans ses mains un tricorne, détenteur d'un morbide présent.
Sombre période, il lui faut apprendre à serrer les dents.
Qu'a-t-il vu, entendu, ressenti ? Qu'importe. Il se planque sous le chapeau.
Bourgogne, enfin, ses arbres, ses clairières, sa terre.
L'homme connaît la douleur, connaît de lourds secrets,
Le regard morne, il ne dit rien, ne fait rien, si ce n'est son métier.
L'autre aura le temps de mordre la vie, en dépit de ce goût amer.
Le voici à destination, lui, le convoyeur.
Sinistre Charon, nourrice malgré lui, il en a terminé.
Il dépose sa cargaison, et repartira dans l'heure.
Bien le bonjour Chalon, vois donc ce qu'il a ramené.