[Armaniaque / Église de Saint-Bertrand des Comminges]
19 décembre 1459
Elle n'y voyait plus rien.
Et en plus elle avait froid. Mais qu'est-ce que c'était que cette poudreuse tout à coup.
Elle redressa son corps de sur le parvis de l'église. La blessure sur son bras, elle se souvenait. Le sans avait coagulé. Lui laissant une belle croute sur le bras gauche. Elle était fatiguée. Combien de temps avait-elle pu dormir ainsi, exténuée, contre le pas de la porte de l'église.
Elle se souvenait oui.
Sentant son corps frémir sous le vent froid, elle se replia et c'est en ramenant vers elle ses jambes qu'elle bondit sur deux pattes. Le corps et la tête contre la porte, elle s'appuya sur celle-ci et poussa. La gonds grincèrent lourdement.
La silhouette se dessinait à travers les mille et uns flocons poudreux de neige qui entraient farouchement à travers les égarements du vent. Recouvrant le sol d'une fine pellicule de neige brillante. Sarcelle entra dans l'enceinte, et repoussa la derrière elle, fatiguée. Elle s'adossa contre la lourde monture de bois et regarda devant elle, là où se dressait l'autel et quelques statuaires qui étaient, depuis la fin de l'empire Carolingien, redevenus une forme d'art acceptable dans le milieu ecclésiastiques. Les crucifix monumentaux prenaient maintenant une place de choix dans les lieux de culte et ici, comme à bien des endroits, ne faisait pas exception.
Ce cher " Artistote" Dieu de tous les dieu évidemment, prenait sa place et meublait même l'air de sa présence. Du moins, c'est ce que les pèlerins avaient tendance à dire alors, de temps à autres, il fallait aussi y croire ou du moins, faire semblant d'y croire.
plouck! Petit son sourd sans écho qui arrivait du sol. Plouck! à chacun de ses pas par terre s'accompagnait une suite de points rouge et parfois une trainée. Son sang. La plaie de son avant bras s'était remise à saignée, probablement que le sang n'était pas très bien coagulée et que d'ouvrir et de refermer la porte avait suffisamment fait bouger sa peau pour ré-ouvrir la large plaie tranchée d'une lame d'arme affûtée.
La jeune femme savança jusqu'à l'avant, trouvant un coin tranquille, dans cette immensité vide et close et saccroupit au sol. Chacune des images qu'elle avait vues, ou croyaient avoir vu se bousculaient dans sa tête et refusaient de partir, refusaient de se taire. Des rires et des voix résonnaient, mélangeant histoires passées et récentes. La confusion.
Cet homme qu'elle avait vaincu quelques heures plus tôt, pourquoi diable lui avait t'elle vu le visage de son ancien fiancé?? Pourquoi maintenant alors que tous les projets avançaient de bon train, qu'elle s'entendait à merveille avec le frère de Jesse et qu'elle croyait son deuil fait. Ou du moins, en train de se clôturer complètement.
Certes, elle l'aimerait probablement toujours. Lorsqu'on aime quelqu'un, est-ce que le sentiment disparaît de notre pensée? Voilà une bien grande question que mainte fois elle s'était posée. Chaque fois, les réponses avaient variés mais, dans certains cas, elle avait fini par réaliser que de perdre certaines personnes qui lui avaient finalement fait bien du mal, avait été une souffrance bien différente que de perdre un être cher, qui lui, ne nous avait pas blessé de la même façon. Un amour reste il faut croire, mais change avec le temps. C'était là ses conclusion jusqu'alors.
Le fait est qu'il était parti, et qu'elle n'avait jamais eu le temps de lui dire qu'elle portait son enfant, l'hiver dernier. Et qu'à bout de ressources pour le retrouvé, lorsqu'il avait cessé de donner suite à ses lettres parce qu'il avait réalisé qu'elle cherchait à le rejoindre, elle avait vécue dans la solitude la plus immense. Croisant rarement des gens, elle avait passé une part de l'année au couvent où, tombée malade, on lui avait arraché du corps cet enfant vers la fin juillet. Était-ce qui venait troubler son esprit?? Ou était-ce la confirmation du décès de Jesse qu'elle avait eu en novembre? Ou encore, était-ce cette simplicité qu'elle retrouvait avec Arthur qui finalement lui apportait milles et une questions? Ou bien, comme Arthur et quelques personnes lui avaient demandés, question qui d'ailleurs l'avait surprise, était-ce le retour de Loup dans sa vie qui la faisait se questionner?
Comme elle avait dit à Arthur, elle aimerait Loup toute sa vie durant et il conservait une place particulière à son cur. Chose qui était réciproque d'ailleurs. Tant de question qui au font étaient un peu inutiles. Saletés de femmes!!! Elle avait envie de crier "" Hey ohhhh l'homme en moi... réveille toi, reprend ta place dans ma tête un peu!! "
Ses questionnements l'avaient justement poussés à faire ce qu'elle savait probablement le mieux faire: retrouver sa plénitude dans le combat. Un entrainement, un pantin, un combat, une chasse aux bandits dans la région, un tour en lice ou encore participer à la formation des jeunes combattant... n'importe quoi qui nécessitait de frapper avec son épée et donnait à son cerveau un éveil des sens grandiose et aussi, une absence de bien des choses. Tout le jour durant, finalement, elle avait peut-être un peu abusée.
Quoiqu'il en soit, elle était là, assise sur le sol froid, son bras sanguinolent et aucune réponse ne semblaient venir s'attacher à ses prières, à ses questions, à ses doutes. Une longue heure passa, dans le silence. Il était temps, l'envie de partir la démangeait. Elle voulait ne plus trop y penser et faire ce fameux voyage . Elle voulait partir le plus rapidement possible. Avec les deux hommes en question, elle savait que la route lui ferait le plus grand bien et que quelques réponses viendraient probablement lors du chemin.
C'est en sortant de l'église qu'elle réalisa enfin que la neige tombait et que le vent soufflait bien fort pour un mois de décembre. Chez elle était un peu loin, alors, c'est à la taverne de Touc qu'elle fini par s'arrêter et nettoya sa plaie.
Cette soirée là, assise à boire quelques choppes, son corps était bien moins actif que son esprit. Quelques nouveaux amis passèrent et elle eu ainsi l'occasion d'aborder un ou deux sujets qui lagaçaient, et donc elle n'avait pas de réponse. Quelqu'un lui dit même : " mais vous ne pensez pas, simplement, qu'il vous aimait tant, qu'il a voulu que quelqu'un veille sur vous? Ou... qu'il voulait que vous soyez heureuse, sincèrement?" Ces quelques mots furent tel un baume, apaisant, réconfortant et calmant. D'ailleurs, elle l'en remercia.
Lorsque le vent se fût enfin calmé, plusieurs choppes plus tard, elle fini par rentrer chez elle et s'effondra dans son lit d,un sommeil profond, qui dailleurs lui fit grand bien.
21 décembre, mercredi soir à la Taverne.
Un journée à flâner et à dessiner en taverne. Dans l'espoir d'enfin revoir Loup. Il y avait presque une année qu'ils se disaient sans cesse " il faut qu'on se voit". En effet il le fallait!! Elle se doutait que les chance de croisé Arthur et Loup à la fois étaient plutôt mince, bien dommage d'ailleurs, elle avait hâte que les deux jeunes hommes se rencontrent enfin. Mais bon, c'est alors qu'elle avait une conversation avec un nouvel ami que le grand brun fit son entrée.
Sa silhouette dans l'embrasure de la porte ne pouvait tromper personne,sa stature de guerrier y était toujours. Ses cheveux mi long venaient effleurer ses épaules et ses yeux bleu offrirent un éclat de sourire que Sarcelle lui rendit aussitôt en le voyant. Le câlin était inévitable. Une année entière, ou presque, ça avait été franchement long et ce fut avec un plaisir partagé qu'ils échangèrent un long enlacement. Et, tel que prévue, plusieurs tournées. Il y en avait des bières de retard dans tous ces racontar d'histoire et de vie. Les *hips* sinstallèrent dans leurs conversations jusqu'à en devenir néfaste au maintient sur un cheval. Par chance, ils étaient à pieds.
Après plusieurs heures, Sarcelle finie par sortir sa fameuse carte de parcours parce que, il fallait bien en parler. Loup lui avait laissé le soin de faire l'itinéraire complet. Elle avait tout de même voulu le lui montrer puisque la nécessité alimentaire obligeait à faire quelques arrêts dans le parcours. Le soleil avait disparu depuis si longtemps , qu'il allait bientôt renaître de l'autre face de la terre lorsqu'ils eurent terminé leur conversation. Loup avait regardé le bras de Sarcelle et en écoutant l'histoire de la longue journée d'entrainement, suivi des duels de soirée et du combat contre deux il lui avait lâché d'un air moqueur : " Tu n'aurais pas un peu abusée par hasard ma chère???" Une bonne tape sur l'épaule avait suffit à les faire éclater de rire.
Voilà que son empressement s'était calmé, tout comme elle et c'était l'heure de se dire au revoir et d'aller dormir. Mais cette fois, ce fût en se promettant de reprendre une bonne soirée de taverne avant le départ prochainement.
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Son regard d'émeraude cacherait-il quelques magie que ce soit? Le mystère reste à découvrir.