Mildiou
Deux mois qu'il se battait pour le Berry.
Du pain et du sang. D'abord dans l'armée de Kateline, puis une première baffe à la Trémouille. Dix jours, pas trop grave, et il avait conservé ses armes. Puis l'attente, la guérison, puis retout à Poitiers, où il pouvait retrouver sa belle.
Puis la défense de la ville, montée un peu dans le désordre, et une lance de trop, contre un groupe trop étriqué.
Cette fois-ci, cela s'était mal passé, a cinq contre un, pas l'ombre d'une chance. Il avait quitté en rempant le champ de bataille avant l'arivée des sapeurs, et s'était caché pendant une dizaine de jours, aux abords de la ville, en mangeant ses maigres reserves, en buvant l'eau de la rivière.
Puis il s'était trainé dans la ville inconnue, avait eu une altercation avec la tavernière inconnue dans une taverne inconnue, comme dans toutes les villes inconnues, pour obtenir de la mangeaille à des tarifs raisonnables.
Une palabre avec le Maire eut raison des différents, et somme toute, les choses allaient à nouveau bien, mis à part sa jambe fracassée et sa blessure à la poitrine.
On venait de lui parler d'un feu de camp et de tentes aux couleurs de Berry, au delà de la porte.
Il se doutait bien de qui cela pouvait venir, il alla donc, en boîtant
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Senatore Mildiou y Basta della Bolognèse
Mamamouchi du Culte du Grand Baveux
Ministre des Etranges et Autres Affaires
Aure62
Depuis quand Aure avait-elle quitté son Duché ? Il faisait chaud, c'était l'été.
Ah oui, ça lui revient. Elle avait entrainé Mildiou avec elle. Ils s'étaient battus à Bourges mais Bourges était tombée.
Alors bien sûr... le Poitou et Poitiers.
Rester digne malgré les brimades.
Puis cette rencontre avec le Comte qui lui accorda sa confiance en la nommant Chef Maréchal. Avec le recul il fallut bien se rendre compte à regret que l'idée n'avait pas été des meilleures et sa carrière des plus courtes. Elle avait senti venir le vent en réalisant qu'elle était un groupe à elle toute seule.
Elle vit là dans le ciel
Les astres qui lui dirent :
"Demain jour bien néfaste
Tu resteras debout
Car tel est ton destin."
Ainsi, lorsqu'elle partit
Sur le champ de bataille,
Elle se garda devant,
Elle se garda derrière,
Sans oubli des côtés.
Malgré tout ne vit pas
Les hordes approcher,
Qui sur sa tête amène,
Assénèrent leurs coups,
L'enfonçant dans le sol
Comme un vulgaire clou.
Elle est restée debout
Car tel est son destin,
Enterrée jusqu'au cou.
Une migraine épouvantable, quelques trous dans sa mémoire à défaut d'avoir été saignée comme un cochon.
Pourtant elle s'était bien défendue en défendant la ville : elle en avait tué deux avant de perdre conscience, vaincue par le nombre d'assaillants s'acharnant sur elle.
Un peu flageolante mais elle se sentait bien.
Ah oui... rester digne, même en mendiant sa pitance.
Et puis retrouver Mildiou en taverne, toujours aussi accort !
Tiens, elle lui demanderait s'il n'avait pas vu son bouclier et surtout son épée... impossible de remettre la main dessus.
Il lui fallait absolument la retrouver avant la rencontre autour du feu, que George avait organisée. Or c'est lui qui l'avait armée en juillet quand elle était arrivée dans la capitale Berrichonne.
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"Soyons heureux en attendant le bonheur"