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[RP] Haut les coeurs !

Bossuet
On y est, le petit rituel d'avant, on place les roulottes en demi cercle, on pend nos vieilles lanternes trouées par les mites, nos guirlandes de tissus dont je défierais quiconque d'en désigner la couleur, nos lampions si vieux qu'ils ne sont plus bons qu'à attirer quelques phalènes égarés...

En voyant ces insectes tournoyer avec frénésie, irrésistiblement attirés vers la lueur blafarde, je me demande si nous aurons le même succès que ce vieux lampion abimé.

On ravive le grand feu, celui qui fait ondoyer les ombres sur les peintures écaillées de nos roulottes, celui qui réchauffe nos membres engourdis par la brise automnale, et qui scintille dans les yeux, laissant son éblouissante empreinte sur ma rétine.
On le sait bien, la ville n'est pas en liesse, et c'est autant par gout du spectacle que par simple culot qu'on y va ce soir... Soit!

J'ai mis mes plus beaux atours, ma vêture des grands jours pour annoncer la famille. J'ai eu une pensée pour la jolie en enfilant mes glorieux haillons rapiécés par ses soins, et mis mon bonnet d'âne en guise de couronne.
Je m'asperge le visage d'eau avant de me poster à l'entrée du campement, aboyant de toute ma voix pour attirer la foule.


"Gentes dames! Gentils seigneurs! Pauvres Pèlerins aux chausses trouées! Poissonniers puants, Riches marchands ou moines altruistes !

Je vous invite!

Voleurs de grandes routes! Taverniers obèses, Bouchers ensanglantés! Nobles jeunes veuves éplorées ou vieilles rombières ! Taulières de bordé, ou saintes abbesse...!

Je vous convie !

Entrez dans notre ronde, celle des saltimbanques! venez danser avec nos ombres, lâcher un peu la lourde trappe qui retiens vos rêves... Laissez vous entrainer dans la sarabande macabre des troubadours de passage !

Oubliez vous soucis, venez les noyer dans nos farces, nos jongleries, nos chansons ! Vos rires seront nos récompenses, vos visages réjouis et vos applaudissements nous contenterons..."


Sur ce, une révérence, et je repars en chantant à tue tête un petit air de bienvenue:

"*Nous sommes chanteurs de sornettes
Faits pour divertir les passants*

*Et les fainéants tout venant
Nous chantons nos chansonnettes*

*Laquais, cochers et ouvriers
Tous viennent nous couter*

*Nous savons les plus belles danses
Tant que vous ne serez compter*

*Quand vous y viendrez
Vous sauterez
Et vous tomberez mourantes*

*Souffle coup
Genoux scis
Nous serons encore jouer!*


Je danse, rit, je m'enivre de la nuit et des flammes léchant le ciel jusqu'aux nuages bas. On croirait que je suis fou, et c'est certainement vrai, mais ce soir le fou est roy !

"Approchez! Approchez! Je suis Le Roy, et ce soir je vous invite en ma cour !"


Je présente par de grands gestes mes compagnons, leur laissant le soin de faire ce qu'ils savent faire de mieux, ou ce qu'ils inventerons de plus étrange...
Le_g.


Au centre des roulottes, dans l'antre malfamée ou pas du campement, ce soir, c'est fête. On invite, on se prépare. Le Roy a été rameuter les badauds. Ils sont là, les saltimbanques, les jongleurs de feu, les griffes ardentes sont allumées, les lumières joue avec la nuit qui vient, et les ombres se profilent.

Le Gaucher regarde sa belle qui se prépare, lui-même troque ses frusques habituelles pour celles d'un spectacle. Une animation pour le village qui les a si bien accueillis. Autant par goût de l'amusement que pour l'envie de faire un pied de nez, ils se hâtent.

Quelques petites choses qui sont vite planquées ça et là, avant que les étrangers, ou plutôt, les spectateurs n'arrivent. Ils vivent là, en vase clos, entre eux les saltimbanques, et ça lui fait toujours aussi étrange de voir des personnes extérieures venir les voir.

Cela dit, comme d'habitude, il prend un chapeau rapiécé, pour une fois, pas troué, faut retenir les pièces que les badauds pourraient donner et va voir le Roy.


Tu penses que ce serait trop ?

Sourire carnassier, les flammes dansent dans les yeux du Gaucher. Mais ce soir, il n'est pas maître de cérémonie. Pour les spectacles, le Roy n'a pas son pareil, il le laisse donc faire, c'est lui, ce soir, qui est le maître des troubadours, qui donnent le LA pour la partition du spectacle. Le laissant décider, il s'avance vers le centre du cercle de lumières, un baton et des bolas en main.

Pendant la journée, certains s'étaient amusés, pour montrer le chemin, et s'amuser, se détendre. Le Goupil et le Gaucher, sous l'oeil du Cap' pas loin, avaient joué avec le feu.




En taverne, il s'était amusé à faire danser les bolas, les faisant se croiser, et se décroiser, tournoyer dans les airs. Les troubadours avaient fait ce qu'ils savent faire : picoler, s'amuser, chanter, danser.




Mais pour ce soir, avant son duo avec sa belle et les bâtons enflammés, il allait faire un nouveau numéro avec les bolas. Un numéro rapide, fougueux, un peu nerveux. Pour le coup, braies noires et foulards rouge était de sortie.

A la fin de son numéro, il s'incline, pour saluer les éventuels spectateurs, sans vraiment prêter garde de qui est là ou pas, puis il file changer de foulard, pour son duo avec sa belle, le temps de glisser deux mots au Roy sur le numéro dont il a parlé qu'ils ont peaufiné ensemble un soir, et il revient avec le sourire, sous un foulard noir pour le numéro suivant.



_________________
Andrea_
Ils étaient beaux, ses hommes. Le Roy, son humour si particulier, sa facilité à jouer avec les mots...
Le roux, discret... Et son brun...

Elle est angoissée, l'oiselle, elle n'a même pas relevé le " tavernier obèse" dans le discours du roy.. c'est peu dire! Bon j'avoue, elle avait retenu, et elle s'est même promis de lui en toucher deux mots, mais pour le moment, tremblante, elle s'habille.

Troquer, sa robe contre des braies, sa chemise contre un bustier, elle regardait son brun d'un air suppliant... Trouver dans son regard la force de se produire, pour la toute première fois en public, de donner un spectacle aussi joli qu'impressionnant, qui laisserait les gens aussi admiratifs qu'elle l'était lorsque son homme jouait avec le feu en taverne.

S'imaginer, seule avec lui pour oublier les appréhensions, oublier les risques qu'elle faisait courir aux autres, se rappeler des longues heures d'entrainement, sous la croupe d'un gaucher né artiste.

Se détendre, détendre son cou par de lents mouvements de droite à gauche, laisser tomber ses bras le long de son corps, fléchir légèrement les jambes pour se redresser, se mettre pieds nus pour apprécier la douceur de l'herbe, respirer, lentement...

Se préparer, baton en mains laisser le gaucher lui mettre le feu... Le feu au corps d'avoir enlevé sa chemise, le feu a l'intérieur par son regard de braise, le feu aux poudres pour... Le spectacle !! un peu plus et je m'égarais !

Se lancer, enfin, entrer dans la piste, et commencer a faire tournoyer son baton de feu, de lents mouvements, gracieux bien qu'hésitants, faut dire que la belle avait plus l'habitude de " foncer dans l'tas" et cet art requérait un minimum de savoir faire pour éviter les drames...

Oublier et apprécier même, de "jouer" avec et sourire, finalement lorsqu'Il la rejoint... La complicité ferait le reste...

Que le spectacle commence...

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Le_g.


Un regard de détresse, voilà ce qu'il avait lu dans les yeux acier de sa belle. Il s'approche et l'enlace tendrement, un baiser, ses yeux ambrés sur ses agates, une caresse dans le dos d'une main, et de l'autre, une caresse sur le visage, un sourire confiant, il la sait prête, et lui insuffle tout ce qu'il peut.

Ils commencent par de lents mouvements, en douceur, la force et l'adresse font le reste, sa belle a le sourire, il est fier d'elle, alors qu'ils font leurs mouvements en miroir. Le gaucher savoure de pouvoir utiliser un peu plus son bras gauche, de n'avoir pas à feindre d'être droitier.




Ils enchaînent par des mouvement un peu plus rapides. Les bâtons tournoient, relativement lents, devant puis derrière Le Gaucher et La Colombe. Il fait des arrêts et fait tourner le sien sur son épaule, et autour de son cou, sa belle se contentant de le faire tourner au niveau de ses omoplates sans vraiment toucher son cou. Il lui fait un clin d'oeil de connivence, puis se met face à elle pour lui lancer son bâton, et attraper celui de sa belle de son bras gauche.

Ils font tournoyer son bâton de feu, savourant de pouvoir s'amuser, leur complicité ne fait plus de doute. Autour du cou, des jambes, ils s'amusent et profitent de l'instant, sans songer à rien d'autre, leurs regards se croisant, leurs mouvements s'enchaînant. Petites hésitations de sa Colombe qui fait toucher l'herbe à son bâton, clin d'oeil du Gaucher pour la rassurer : ce n'est rien, on continue.

Il est en totale confiance lorsqu'elle s'apprête à faire glisser le feu autour de son torse, puis s'incline, pour la laisser comme s'allonger sur lui, dos à dos. L'effet pour le public est aussi enflammé que pour eux, il l'espère.

Le numéro manque encore un peu de synchronisation par moment, mais lorsqu'il font des passes de bâton au niveau de la taille de la Colombe, ils sont en parfaite harmonie. Leurs mains se croisent, ils se frôlent, la chaleur est intense, et il en profite pour lui murmure :
Je t'aime.

Quoi ? Quelqu'un a entendu quelque chose ? Rien ! Que dalle oui ! Ils sont loin des spectateurs, faudrait que quelqu'un soit brûlé, namého !


Sa belle s'amuse, et c'est bien là l'essentiel ! Ils sont heureux et sourient. Sa chataine, sa colombe prend visiblement du plaisir et il n'est pas peu fier d'elle.

Pour finir, simulacre de combat, et passer le baton rapidement autour de la taille de sa colombe, il s'amuse comme un fou, heureux comme rarement, de leur complicité, et lorsqu'elle lui pose sa main sur le torse, il la regarde dans les yeux, gourmand. Ils ralentissent leur mouvements, se présentent mutuellement, puis saluent le public. Elle main tendue, tenant son bâton de la main droite, en avant, lui de même, mais le bras gauche en avant.

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Lhyra
Appuyée contre un tronc non loin de là, Lhyra observe la scène. Les bras croisés, le regard vide, hypnotisée par les flammes, elle laisse ses idées vagabonder.
Être sortie de son mutisme aujourd'hui. De cette absence longue de quelques semaines, quelques mois, parce qu'elle n'arrivait plus à suivre. S'être sentie dépassée, perdue à un moment donné, sans qu'elle n'arrive à remettre le doigt dessus. Quand est-ce que tout est parti en l'air? Quand les bières ont-elles cessées d'être suffisantes pour qu'elle se sente bien, à sa place ici? Quand l'ennui a-t-il été si fort qu'elle a préféré hiberner chez elle plutôt que de faire semblant en taverne? Un jour tout allait bien, le suivant... Elle se souvient être allée en taverne, à un moment où tous attablés riaient, et avoir fixée les poutres suffisamment longtemps pour qu'elles se confondent. Avoir cessé de compter. S'être levée puis être sortie. S'en était fini.

Quelques mèches rebellent flirtent avec les courants d'air, et se confondent avec les flammes qu'ils manipulent. Les odeurs s'emmêlent, les courants d'air viennent faire danser la jupe noire qu'elle porte ce soir. Elle soupire, admire les saltimbanques, leur envie cette vie de bohème, d'arts et de fourberies, de liberté sans attache aucune.... Parfois s'imagine prendre la route, seule, sans personne, avec pour unique compagnie ses doigts faucheurs et les tavernes de passage. S'imagine grande aventurière, fière et forte, majestueuse et rebelle. S'imagine différente. Sans peur aucune, n'ayant pas honte d'affirmer encore et toujours sa différence. Ne jamais plus se demander ce qu'il se passerait si elle voulait bien se normaliser un peu, rentrer dans le moule, donner du je, du tu, en veux tu en voilà. Ne pas avoir honte, ne plus avoir peur d'être... A part. Unique.

Les rires volent, virevoltent, tandis qu'elle fait quelques pas vers eux. Avoir entendu dire qu'ils faisaient parti des "méchants". Hausser les épaules. Avoir toujours préférée se forger sa propre opinion avant de juger qui que ce soit. Songer au Soleil. A son regard azur, son sourire éclatant, ses manières folles et rebelles qu’il entretenait avec grand soin. Grimacer avec la douleur. Se dire qu’il est encore trop tôt pour songer à lui. Au mariage qui aurait dû avoir lieu. L’amour, encore une belle connerie que les saltimbanques aiment chanter dans les chaumières pour adoucir les pucelles de passage. Songer aux évènements de ce soir. Avoir rencontrés certains des cabotins. Les avoir trouvés… Intéressants… Avoir trouvé la folie de l’un plus rafraîchissante que les bières du soir, mais plus dérangeantes que la mauvaise humeur de l’Inconnu qu’elle n’a pas eu le temps de nommer. Avoir trouvé sympathique la Vilaine bien qu’un peu grande gueule pour le gabarit qu’elle a. S’être fait bannir par un roux à qui elle n’a pas adressé la parole… Ne pas avoir comprit. Se dire qu’il a du être jaloux de l’éclat chatoyant de sa chevelure qu’il a lui, terne malheureusement. Songer avec regret qu’une fois de plus les gens ne l’ont pas comprit. Qu’elle passait un agréable moment, que cela faisait longtemps, qu’elle aurait bien poursuivi leur découverte. Puis avoir goûté la porte. Bon. Il faut une première fois à tout….

Entendre non loin d’elle une branche craquer. Sursauter, jeter un coup d’œil aux alentours, ne pas oser demander s’il y avait quelqu’un, au cas où un membre de leur clan la repère. Savoir qu’ils repartiront, bientôt, bien plus vite que prévu sûrement d’ailleurs, espérer qu’ils restent tout de même quelques temps, ne serait-ce que pour faire entendre raison au têtu. Et puis pour partager quelques verres avec les deux autres. Voir si Vilaine est aussi Vilaine que ça, ou si il y a du plus fou encore dans le Fol. Bref. Quelques jours de plus quoi…

Elle soupire, replace les mèches derrière son oreille, jette un dernier coup d’œil sur cette belle scène, fait demi tour et reprend le chemin de sa routine….

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