Brylastar
ACTE I
[Reims, le 6 novembre: pleine journée]
Encre. Vélin. Cachet. Pas grand chose quand on y réfléchit bien. Bry observait le courrier en face de lui. Le pigeon qui l'avait apporté, venant de loin, très loin, s'était un peu éloigné. Bry lui avait laissé quelques graines sur le rebord de la fenêtre de son appartement de Reims. Il regardait le courrier sans vraiment le voir. L'ayant déjà lu plusieurs fois. Ne comprenait-il pas?
Il ne fallait plus beaucoup de choses pour que Bry soit déprimé ces jours-ci. Oh, il le cachait bien assez ce sentiment de se noyer toujours plus. Personne n'avait dû s'en rendre compte: d'apparence, il était resté jovial, enjoué, besogneux. Mais il n'y croyait plus autant qu'avant. Sa venue ici, idéalisée, n'avait pu occulter son origine artésienne. L'entretien de la matinée avec l'autre l'avait totalement détruit. Bien sûr, il devait se remettre.
Mais le pouvait-il?
Il l'avait juré en tout cas, la Vicomtesse avait su trouver les mots, le Capitaine le réconforter presque, le Duc lui-même étant présent pour lui. Mais ces quelques mots avaient eu un effet dévastateur sur le jeune homme. Le courrier qu'il avait reçu de loin avait joué la flamme avec la glace. Il en avait marre d'être tiraillé de tous les côtés, parfois emballé, porté aux nues; parfois écrasé, massacré. Il était las de cela.
Et la guerre; au moins une bonne cause. Enfin: au moins une cause. A force d'entendre parler de pillages en tous les lieux du Royaume, sa foy en la guerre légitime s'était atténuée. Bien sûr, il adulait toujours Sa Majesté, et restait comme il aimait à le dire un intégriste du Domaine Royal et de la Champagne. Mais si tout le monde mourrait, que ferait-on? La vie d'une Princesse était en jeu actuellement: ces félons oseraient-ils l'abattre?
Bry n'était plus au fond de lui qu'un homme dont la force vitale et l'envie débordante s'étaient asséchées - il espérait que ce fût temporaire; il espérait, il espérait vraiment. Car il ne pouvait pas être comme les autres. Non, son ascendance lui avait suffisamment dit. "Die Zukunft wird voll von Wunderheiten und Schönheit sein! Verzweifel nie, du darfst dich nicht beschweren: wie der Andere es sagte: 'wie dem es auch sei, das Leben, es ist gut!' also vergiss das nie!*". Bry se souvenait de sa mère. Pas de son père.
Trop d'émotions; trop de travail aussi, mais surtout trop d'émotions. Il ne tenait plus le Bry. Ses vêtements étaient préparés pour partir demain à l'aube. Au Diable l'autre Grasce qui voulait le rendre fou et le détruite! Il se remettrait! L'autre avait raison de lui dire de se préserver du poison: et puis, la Grasce n'avait-elle pas été vue comme traîtresse?? Le poing de Bry se referma vigoureusement sur le haut de la bouteille de whiskey. La fraîcheur lui rappela son existence. Bry sourit.
Allons bon...
Les yeux de Bry défièrent en silence la bouteille. Un verre à côté. Rien d'autre sur la table - si ce n'était la lettre. Oh, il savait qu'il ne pouvait pas. Mais le travail était réglé au Castel; et pour Ratafia, il n'avait plus d'autres choses à faire. Qu'attendre, ce soir, pour partir. Peut-être pour la mort? Peut-être pour la fin? Peut-être pour la Lumière? Bry n'en savait rien; mais il s'en moquait à présent. Qu'importait le reste, il lèverait haut ses armes pour rendre honneur à Sa Majesté et pour faire payer les félons!
Il découcha la bouteille, sentant quelques frissons courir sur sa nuque. Il la leva, tranquillement, observant presque ce qu'il faisait d'un oeil extérieur. Puis, il remplit doucement le verre; tout doucement. Le bruit était un régal, calme, serein; apaisant. Ses yeux se fermèrent un instant. Aucun bruit dehors; pourtant, on était en pleine journée. Ou était-ce le soir? Bry ne savait plus trop. Il rouvrit alors les yeux; et vit le verre rempli.
Donnerwetter!**
Bry ne parlait germain que lorsqu'il était seul. Presque surpris de voir le verre rempli, il rit doucement. Puis laissa ce dernier sur la table, pour approcher la bouteille de ses lèvres. Il sentit les effluves; puis but de longues gorgées...
_________________
Traître; félon; fourbe.
Rien de plus, rien de moins.
La tête finira sur la potence.
Ainsi va la vie.
P.S: pour tout message d'amour, je suis preneur!
[Reims, le 6 novembre: pleine journée]
Encre. Vélin. Cachet. Pas grand chose quand on y réfléchit bien. Bry observait le courrier en face de lui. Le pigeon qui l'avait apporté, venant de loin, très loin, s'était un peu éloigné. Bry lui avait laissé quelques graines sur le rebord de la fenêtre de son appartement de Reims. Il regardait le courrier sans vraiment le voir. L'ayant déjà lu plusieurs fois. Ne comprenait-il pas?
Il ne fallait plus beaucoup de choses pour que Bry soit déprimé ces jours-ci. Oh, il le cachait bien assez ce sentiment de se noyer toujours plus. Personne n'avait dû s'en rendre compte: d'apparence, il était resté jovial, enjoué, besogneux. Mais il n'y croyait plus autant qu'avant. Sa venue ici, idéalisée, n'avait pu occulter son origine artésienne. L'entretien de la matinée avec l'autre l'avait totalement détruit. Bien sûr, il devait se remettre.
Mais le pouvait-il?
Il l'avait juré en tout cas, la Vicomtesse avait su trouver les mots, le Capitaine le réconforter presque, le Duc lui-même étant présent pour lui. Mais ces quelques mots avaient eu un effet dévastateur sur le jeune homme. Le courrier qu'il avait reçu de loin avait joué la flamme avec la glace. Il en avait marre d'être tiraillé de tous les côtés, parfois emballé, porté aux nues; parfois écrasé, massacré. Il était las de cela.
Et la guerre; au moins une bonne cause. Enfin: au moins une cause. A force d'entendre parler de pillages en tous les lieux du Royaume, sa foy en la guerre légitime s'était atténuée. Bien sûr, il adulait toujours Sa Majesté, et restait comme il aimait à le dire un intégriste du Domaine Royal et de la Champagne. Mais si tout le monde mourrait, que ferait-on? La vie d'une Princesse était en jeu actuellement: ces félons oseraient-ils l'abattre?
Bry n'était plus au fond de lui qu'un homme dont la force vitale et l'envie débordante s'étaient asséchées - il espérait que ce fût temporaire; il espérait, il espérait vraiment. Car il ne pouvait pas être comme les autres. Non, son ascendance lui avait suffisamment dit. "Die Zukunft wird voll von Wunderheiten und Schönheit sein! Verzweifel nie, du darfst dich nicht beschweren: wie der Andere es sagte: 'wie dem es auch sei, das Leben, es ist gut!' also vergiss das nie!*". Bry se souvenait de sa mère. Pas de son père.
Trop d'émotions; trop de travail aussi, mais surtout trop d'émotions. Il ne tenait plus le Bry. Ses vêtements étaient préparés pour partir demain à l'aube. Au Diable l'autre Grasce qui voulait le rendre fou et le détruite! Il se remettrait! L'autre avait raison de lui dire de se préserver du poison: et puis, la Grasce n'avait-elle pas été vue comme traîtresse?? Le poing de Bry se referma vigoureusement sur le haut de la bouteille de whiskey. La fraîcheur lui rappela son existence. Bry sourit.
Allons bon...
Les yeux de Bry défièrent en silence la bouteille. Un verre à côté. Rien d'autre sur la table - si ce n'était la lettre. Oh, il savait qu'il ne pouvait pas. Mais le travail était réglé au Castel; et pour Ratafia, il n'avait plus d'autres choses à faire. Qu'attendre, ce soir, pour partir. Peut-être pour la mort? Peut-être pour la fin? Peut-être pour la Lumière? Bry n'en savait rien; mais il s'en moquait à présent. Qu'importait le reste, il lèverait haut ses armes pour rendre honneur à Sa Majesté et pour faire payer les félons!
Il découcha la bouteille, sentant quelques frissons courir sur sa nuque. Il la leva, tranquillement, observant presque ce qu'il faisait d'un oeil extérieur. Puis, il remplit doucement le verre; tout doucement. Le bruit était un régal, calme, serein; apaisant. Ses yeux se fermèrent un instant. Aucun bruit dehors; pourtant, on était en pleine journée. Ou était-ce le soir? Bry ne savait plus trop. Il rouvrit alors les yeux; et vit le verre rempli.
Donnerwetter!**
Bry ne parlait germain que lorsqu'il était seul. Presque surpris de voir le verre rempli, il rit doucement. Puis laissa ce dernier sur la table, pour approcher la bouteille de ses lèvres. Il sentit les effluves; puis but de longues gorgées...
*"L'avenir sera empli de merveilles et de beauté! Ne désespère jamais, tu n'as pas le droit de te plaindre: comme le disait l'autre 'quoi qu'il en soit, vivre est bon!' (Goethe). Alors n'oublie jamais cela!"
** Sapristi!
Pour information: ce RP n'est pas fermé, mais si vous voulez intervenir faites-le de façon cohérente please ^^ merci! Bry est chez lui, enfermé et seul pour l'instant!
** Sapristi!
Pour information: ce RP n'est pas fermé, mais si vous voulez intervenir faites-le de façon cohérente please ^^ merci! Bry est chez lui, enfermé et seul pour l'instant!
_________________
Traître; félon; fourbe.
Rien de plus, rien de moins.
La tête finira sur la potence.
Ainsi va la vie.
P.S: pour tout message d'amour, je suis preneur!