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[RP] Le cimetière des pauvres

Poppie
Bordel de m...! *Plarf !* Qui c'est qu'à mis ça là ?! C'est quoi d'ailleurs ?

Poppie souleva la chose molle et puante sur laquelle elle avait trébuché en se promenant hors de la ville.
Grimace. C'était visiblement les restes d'un soldat. Ami, ennemi, peu importe.
Ce qui comptait, c'est que la gargouille avait mis les pieds dedans et qu'elle en était très contrariée.

À ce propos, Poppie avait fait deux constatations :

D'abord, il y avait un grand terrain vide, là, juste en face de la petite grotte aménagée où elle vivait en marge de la ville.
Si, si vous savez. À la sortie des portes (celle où il y a toujours un gros garde qui dort), faut tourner à droite après le puits, traverser les champs de maïs et puis tourner à gauche. Enfin, en gros, quoi.

Ensuite, depuis la guerre, on ne pouvait plus faire un pas sans se prendre les pieds dans un mort.
Ceux dont la famille n'avait pas eu de quoi payer les obsèques.
Ceux que les ennemis n'avaient pas pu ramener chez eux.
Et puis ceux dont on s'en fichait de toute façon.

Et c'est là que la lépreuse décida de créer un cimetière.
Pour tous ceux qui n'avaient pas leur place ailleurs.

Pour commencer, la gueuse s'en retourna chez elle et posa un panneau au bord de son bout de terrain.
Cela disait, en grandes lettres un peu tremblées (ben oui, quand on a les doigts trop gourds pour écrire...) :




CIMETIERE DES PAUVRES

Enterrements à petits prix (ou en toute discrétion si pourboire conséquent)
Tombes individuelles et fosses communes
Service de qualité pour le repos éternel de vos proches/ennemis/huissiers/types qui ont crevé devant votre porte/animaux de compagnie
Abris pour ceux qui dorment dans le coin pour pas payer l'auberge

Attention : nous n'enterrons pas ceux qui ne sont pas tout à fait morts !

Puis Poppie s'accroupit et se mit à tracer dans la terre des plans du site.
Ici les allées qui menaient aux tombes, là-bas les fosses communes, par-là la remise...


RP ouvert à tous ceux qui le veulent.

_________________
Tellusine
La rouquemoute visitait sa ville comme chaque jour, petit tour par la mine, le marché, la mairie toussa toussa mais ce matin elle avait décidé de faire un petit détour. Au détour d'une ruelle puis un petit raccourci par les champs enfin à ce qu'elle crut et elle aperçut Poppie, très loin de l'endroit où elle pensait arriver d'ailleurs mais bon, une rouquine ça n'a pas un sens de l'orientation très inné non plus et puis c'est bien connu, les donzelles ne naissent pas avec la capacité de se repérer facilement parmi les ruelles et les bâtiments d'une ville.

La jeune lépreuse, déjà croisée en taverne ily a quelques semaines était en train de taper sur un poteau où était accrochée une pancarte :



CIMETIERE DES PAUVRES

Enterrements à petits prix (ou en toute discrétion si pourboire conséquent)
Tombes individuelles et fosses communes
Service de qualité pour le repos éternel de vos proches/ennemis/huissiers/types qui ont crevé devant votre porte/animaux de compagnie
Abris pour ceux qui dorment dans le coin pour pas payer l'auberge

Attention : nous n'enterrons pas ceux qui ne sont pas tout à fait morts !


D'abord étonnée la jeune femme repensa à tout ces morts qu'elle déplorait et se colla un bout de tissus sur le nez avant de s'approcher de Poppie.

Bonjour Poppie comment allez vous ? Vous vous souvenez peut être de moi, Tellusine on s'était croisées en taverne un soir ?
Poppie
Entendant une voix, Poppie leva son nez en prune écrasée.
Loucha un instant, le temps de reconnaître la visiteuse.
Ben oui, si les rouquines n'ont pas le sens de l'orientation, les brunes boutonneuses n'ont pas forcément celui de la mémoire et de la physionomie...
Un aimable sourire déchira la face accidentée de la lépreuse. Ayé, elle remettait la visiteuse.

Par habitude, elle se plaça sous le vent avant de répondre.


'Jour !

La gueuse essuya ses mains sales sur ses haillons – ce qui n'eut aucun effet notable vu la propreté de ceux-ci.


Bien sûr que j'me souviens de vous ! C'tait à la taverne, j'crois bien. Qu'est-ce qui vous amène dans l'coin ? Pas grand-monde qui passe par là, d'habitude.

Haussement d'épaules.
La gargouille savait bien que ceux qui connaissaient sa présence ici évitaient la zone.
Et puis le Corniaud y vivait aussi, qui aurait repoussé une charge de cavalerie rien qu'à l'odeur.


J'travaille, crut-elle bon d'ajouter au cas où Tellusine ne l'ait pas remarqué. Faut s'débarrasser des morts avant l'hiver, voyez ? Sinon ça apporte des maladies et j'voudrais pas qu'on m'accuse. M'est déjà arrivé, voyez, donc...

Petite moue.

D'ailleurs, z'avez bataillé, vous ? Pourriez m'aider à identifier les restes des soldtas d'ici... Qu'y z'aient une meilleure sépulture qu'les yoyos, voyez.
_________________
Tellusine
Tellus serra encore plus son tissus contre son nez, l'odeur était insupportable et c'était tentant pour elle de saluer rapidement la donzelle et de filer vers des cieux plus agréables mais son idée en tête elle voulait aller jusqu'au bout.

J'travaille j'travaille pensa la rouquine ben elle aussi travaillait hein fallait pas croire elle faisait pas que roupiller au Ponantais ni la nuit pffff. Elle tenta de cacher ses pensées et à la demande de reconnaître des cadavres déjà bien entamés Tellus sourit en grimaçant.

hum euh bataillé oui bien sur mais bon à peine hein ! Je me suis à peine engagée derrière des bretons aux dos bien baraqués que la seconde d'après j'étais par terre sans connaissance donc non je crois pas que je pourrais les reconnaitre. Enfin peut être de dos si c'est un des deux bien bâtis qu'étaient devant moi, j'ai assez apprécié la vue pour ça, mais ça m'étonnerait z'étaient forts quand même et les bretons entre eux ça se connait et ça se rapproche.

La rouquine jucha les cadavres sur le sol et la taille du terrain. Elle se dit que une petite vingtaine de plus ça passerait. Elle balança d'un pied à l'autre, hésitant à en parler à la lépreuse et se demandant si elles arriveraient à enterrer tout ce beau monde à elles deux. Elle prit son courage à une main (ben oui petit courage là pas besoin des deux mains pour le coup) et se lança :

Dites, j'ai quelques corps à enterrer aussi, des malheureux sans famille victimes de la guerre. Une petite vingtaine mais y en a trois qui vont pas tarder à avoir besoin d'un bout de terre pour pourrir. Ça vous embêterait qu'on les emmène là ? Oh vous inquiétez pas hein j'essaierai de débaucher du monde en taverne pour nous aider.
--Corniaud


[Au pied du panneau]

Le Corniaud roupillait.
Ou, pour être plus exact, digérait. Le ventre distendu, enflé comme une barrique.
Parce que ça l'avait bien arrangé, lui, d'avoir un garde-manger de la taille d'un charnier.
Suffisait de se baisser pour bien manger.
Et puis la viande s'attendrissait de jour en jour sous son vieux croc (ben oui, celui qui restait).

Mais la Carpette n'était plus ce qu'elle était.
Ses petites pattes usées se fatiguaient plus vite.
Ses mâchoires n'étaient plus à même de briser les os des macchabées.
Cette fois-ci, il n'avait pas réussi à finir son dîner (faut dire, un champ de bataille tout entier...)

Il leva la tête vers les deux humaines qui parlaient puis se détourna.


Bleuarp ! Lâcha-t-il avec un dédain.

Enfin ! Enterrer les morts !
On aurait tout vu !
C'était beaucoup moins pratique, quand il fallait les déterrer !

Il grogna pour montrer son désaccord.

_____________
Seigneur des mouches, lord of ze poubelles
Tellusine
Pendant qu'elle parlait à Poppie et qu'elle attendait sa réponse, Tellusine prit conscience d'un sac à puces tout sale qui roupillait au pied de la pancarte.

Déjà lorsque le chien rota elle trouva ça plutôt désagréable bien que les lieux ne soient pas clairement propices à une hygiène et à un savoir vivre et puis un cabot qui rote ma foi c'est assez courant, mais vu qu'elle parlait d'honorer les morts c'était un chouille déplacé quand même. Lorsqu'il se mit à grogner sa passion pour les chiens prit le dessus, elle sourit à Poppie d'un air angélique pendant que le toutou s'éloignait d'un kai kai kai du au coup de pied qu'elle venait de lui coller.
Poppie
Poppie redressa machinalement du bout du pied son panneau qui penchait à la mode de Pise.
Les travaux manuels, c'était pas encore son truc.


Arf, tant pis pour l'identification. Pas grave. Faudra repérer à la couleur des uniformes. C'pas jouasse, m'enfin bon...

Oui, égoïste dans l'âme, la lépreuse n'allait pas farfouiller dans les cadavres de bon cœur.
Mais si elle ne le faisait pas, personne ne le ferait.
Et les corps resteraient à pourrir tout l'hiver, où la terre serait trop dure pour les enterrer.
Ça attirerait les bêtes sauvages et comme la gueuse n'était pas protégée par les remparts, ce serait elle qu'elles dévoreraient en premier.
Et puis ça amènerait des maladies, et Poppie serait la première accusée.
C'est bien connu, les lépreux apportent la peste, rendent stérile, font tourner le lait, assassinent les enfants dans leur lit et autres joyeusetés...

À vrai dire, ce cimetière était bien la première chose responsable que faisait Poppie, à part empêcher le Corniaud de dormir sur sa paillasse.
Fallait dire que lui, il en apportait vraiment, des maladies.
Et à propos de la Carpette...


Marrant qu'il se tire comme ça, lui, fit Poppie en voyant le petit bâtard s'enfuir. D'habitude, quand il voit quelqu'un, il lui colle au train pour avoir un croûton de pain. 'Fin bref. Vous disiez ? Une vingtaine de maccabées ? 'Faites collection ou bien...? Nan c'est qu'c'est pas courant d'en avoir autant dans son salon, quoi.

Le panneau penchait à présent de l'autre côté.
La lépreuse lui jeta un regard mauvais, certaine qu'il le faisait exprès.
Après l'avoir calé de nouveau, elle reporta son attention sur la rouquine.


Blague à part, y'a pas d'problème. Pour les enterrer, j'veux dire. J'ai un âne qui pourra en porter, et si du monde est d'accord pour aider...

_________________
Tellusine
Bon entendu alors je rameute les pochtrons en taverne pour nous filer un coup de main. M'enfin c'est pas dans mon salon hein c'est nos jeunots trop faibles de caractère pour supporter la disette due à la guerre. Si c'est pas malheureux !

Un coup d'oeil au grogneur,

hum c'est votre cabot ?

Tellusine se disait que ça devait être le sien et s'en voulut un peu pour son 36 fillette sur son arrière train, mais bon un peu hein pas trop quand même.

La rouquine se trouvait impressionnée par la lépreuse qu'elle pensait plutôt préoccupée par elle même et découvrait l'altruisme qui s'emparait d'elle. C'est vrai quoi, déjà lépreuse c'était pas facile mais en plus s'occuper d'un cimetière c'était rarement populaire comme tâche. Qui s'inquiétait des macchabées dont personne voulait ? Et voilà que cette pauvre fille, défigurée et très difficile à regarder, d'une odeur pas franchement attirante et probablement contagieuse allait s'épuiser à enterrer toute cette montagne putride. La pensée lui donna le tournis et la nausée monta.

L'impression d'un mouvement du côté du sac à puces lui fit tourner la tête dans sa direction.
Poppie
Ah, le p'tit jeunot ! C't'une race de bestiole qui dépérit ben vite !

Poppie opina du chef comme une vieille de la vieille (expression qui ne veut rien dire au demeurant) qui a tout compris de la vie.
Pourtant, elle-même n'avait qu'une poignée d'années. Mais la maladie lui avait donné l'impression d'avoir vécu mille ans de trop.

La toute nouvelle fossoyeuse s'acharna encore une fois à redresser son panneau bancal, qui décidément lui en voulait.
Elle finit, en désespoir de cause, par le poser contre un rocher.
Puis son attention se reporta sur la rousseote.


Mieux vaut les solliciter dans la matinée, s'vous voulez mon avis, vos pochtrons. Après, 'sont généralement trop soûls pour tenir debout. Alors pour porter un mort !


Pas de méchanceté dans la remarque.
Réaliste, tout simplement.


Et méfiez-vous du chien. Un vicieux. C'pas l'mien et y m'écoute pas, mais il m'suit tout l'temps. Chais pas pourquoi. Mais la dernière fois qu'il m'a regardé comme il vous lorgne, après l'a essayé de m'croquer le gros orteil.
_________________
--Corniaud


Suite à un ignoble acte de maltraitance envers le p'tit chien le plus mignon des Royaumes, Corniaud avait dû exécuter une retraite stratégique.
Retraite d'une dignité et d'une noblesse tout à fait remarquable.
Si vous aviez eu l'impression d'entendre quelques couinements pitoyables, vous vous trompiez...
Ce n'était là qu'une manœuvre afin de déstabiliser l'ennemi.
Bien sûr. Évidemment. Enfin, faites semblant d'y croire, quoi.

À présent, la Carpette se grattait les puces avec une désinvolture calculée tout en louchant sur son bourreau.
Comme une menace, ses parasites jaillissaient tout autour d'elle.

« Vengeance ! » Criait l'esprit embrumé d'alcool du bâtard. « Vengeance ! »
Vengeance pour lui avoir assené un douloureux coup de pied, l'avoir fait courir après un repas et donc les désordres gastriques qui en avaient résulté.
Car il avait l'estomac fragile, le Corniaud, et qu'on le secoue encore un peu plus...

La bête se leva pour tourner lentement autour des deux humaines, son odeur pestilentielle le suivant comme un étendard.
Que la rousse ait un moment d'inattention et un coup de croc serait à redouter
.
_____________
Seigneur des mouches, lord of ze poubelles
Tellusine
Tellus hochait la tête et hochait la tête encore en signe acquiescement.

Oui je ferai ça, je leur parlerai ce soir puis je répèterai demain matin quand ils auront dessaoulé.

Bon Poppie je vais retourner en ville les affamés vont m'attendre pour manger sinon. Je vous envoie les volontaires et je ferai un plan des maison où faudra récupérer les corps pour libérer les lieux pour les nouveaux arrivants

La bonne journée à vous


Elle allait tendre la main pour lui souhaiter la bonne journée puis se ravisa soudain, se rappelant la lèpre, se contenta de faire un signe en guise d'au revoir.

Tournant les talons, la rouquine se rendit compte que le sac à puces s'était rapproché et qu'il regardait ses talons avec un oeil mauvais. Elle fit un détour pour l'éviter et reprit le chemin en traversant le champ, les hautes herbes la forçaient à lever les jambes et ralentit quelque peu son allure
Poppie
[Le lendemain, au petit matin]

C'est trop duuuur... Chuis fatiguéééée... J'en ai d'jà maaaaarre... J'ai des ampouuuules...

Dans la campagne silencieuse de Poitiers, une plainte rauque, morne et déprimante s'élevait.
Zoomons un peu. Oui, juste là, sur cet espace dégagé. Vous voyez ?
Il y avait une femme vautrée par terre contre un panneau.
Enfin, une femme. Une bestiole vaguement humanoïde, en tout cas.

Une pelle tordue pendouillait mollement dans la main de la gargouille.
Pour la énième fois, Poppie leva la tête et jeta un regard circulaire à son futur cimetière.
Pour la énième fois aussi, elle lâcha un soupir dépité.

Depuis la veille, la lépreuse avait travaillé sans relâche (du moins selon sa propre définition de ce terme).
Elle avait tracé les allées, les avait désherbées, avait amassé des petits galets pour y faire un semblant de pavage...
Et, quand au bout de nombreuses heures de travail (et toutes aussi nombreuses pauses), elle avait levé la tête pour voir tout le boulot abattu...
Rien. C'était comme si elle n'avait rien fait.
Son labeur était presque invisible.


J'aiiiime pas travailleeeer... La Chose ! Lâche mon pied ! Chuis pas encore morte ! Pourquoi les lutins qui bossent la nuit existent que pour les cordonniers...?! Pff !
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