Promenade matinale, accompagnée de sa chatte pimprenelle, passant prés de la belle église, tout paraissait calme, presque endormi. Chanie entra sans trop savoir pourquoi. Les fleurs qu'elle avait placées quelques jours plus tôt avaient fané, les cierges étaient bien sur consumés. Triste édifice en vérité depuis quelques temps...
Chanie en ouvrit grand la porte, laissa entrer la lumière du soleil, astre auquel tout bon aristotélicien aspirait à rejoindre. Son amie à quatre pattes s'amusait à entrer et sortir, chassant souris et autre rongeurs.
La jeune femme entreprit de dépoussiérer les lieux, attrapa un vieux balai et fit sortir l'amas de saleté agglutiné au sol, à grands mouvements énergiques. Elle balaya même les bancs, l'autel, les statues, les décorations, tout ce qui se trouvait à portée. Elle ne trouva aucune ustensile plus approprié. Elle vida les vase de fleurs fanées mais n'avait rien emmené pour les remplacer. Elle se promit qu'elle en ferait sécher pour qu'elles tiennent plus longtemps. Elle fit un monticule de restes de bougies sur un banc puis les évacua hors de l'édifice lorsqu'elle finit de toute récolter. Elle se dit qu'il en faudrait de nouvelles. Elle trouva un chiffon, frotta les vitraux qui étaient à sa portée puis se laissa enfin tomber sur un banc et attendit quelques instants.
Soudain, il lui vint une idée, une "inspiration". Elle alla fermer la porte de l'église, s'assurant que personne ne se dirigeait vers ce lieu, attrapa son chat, le posa sur un banc, et se précipita vers l'autel.
Elle se plaça derrière et revêtit, dans sa tête, l'habit de diaconesse, et commença à célébrer un office imaginaire.
Mes chers amis, dit-elle à haute voix, sur un ton solennel, ouvrant les bras, s'adressant à une assistance réduite composée d'un chat qui somnolait,
nous sommes réunis ici, en ce jour de 4 mars de l'an de grâce 1457, pour célébrer...
elle marqua une pause, se demandant ce qu'elle pouvait bien célébrer, puis repris :
pour célébrer, disais-je, le baptême de notre amie Chanie. Elle sourit de toutes ses dents à sa propre plaisanterie et poursuivit :
Nous allons l'accompagner dans son entrée dans l'amitié aristotélicienne. Soyons unis, mes amis, afin de l'aider à réaliser ce passage. Guidons-la vers la vertu, gardons-la des péchés, montrons lui le chemin...
Chanie continua à célébrer son propre baptême, dans le secret, s'y croyant de plus en plus dans ce rôle, prenant confiance au fur et à mesure, parlant de plus en plus fort...
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