En route vers la Lorraine et Joyeux Halloween
Des mois qu'il était parti du duché du Savoie. La première impression : je me gèle les miches. Le jeune loup atteignit un relais de passage, quel bonheur! Ce lieu sapparentait à une auberge abandonnée, les alentours mal entretenus. Les branches de feuilles mortes obstruaient considérablement son avancée. Le bruit du vent ajoutait à latmosphère un ton morbide.
Servius sentait le guet-apens. Il se faufila jusqu'au relais d'infortune afin de trouver le repos nécessaire pour poursuivre son voyage. Arrivée sur le pas de la porte, celui-là apprêtait à frapper quand tout à coup, la porte s'ouvrit. Le jeune homme entra, prêt à remercier à son interlocuteur. Personne. Il avançait vers le comptoir. L'endroit semblait abandonnée depuis des années. De la poussière couvrait chaque table, chaque chaise, du comptoir jusqu'aux bougies. Les rideaux étaient tirés. On entendait le grincement des murs, agités par la bourrasque d'automne. Servius se pinça la lèvre. Pourquoi? Au centre de ce spectacle de désolation et d'abandon, une bougie était allumée. Cette lumière aussi brillante soit-elle déclencha une peur irraisonnée chez l'hôte. Était il l'unique présence en ces lieux? Un courant glacial transperça son corps de part en part. Son imagination lui jouait-elle des tours?
"Qui est-là? Tenancier? "
Servius arpenta la pièce principale. C'était une taverne classique, le même mobilier, même style commun presque banal à la différence que celle-ci était abandonnée. Peut-être son imagination lui jouait des tours. Soudain, son cheval hennit, un hennissement terrifiant ; notre protagoniste sortit en courant, alarmé. Sa monture se débattait sans aucune raison, à priori. Elle bondissait, se cabrait, rien ne pourrait larrêter dans cet état, pas mêmes les paroles d'apaisement de son cavalier. Soudain, la vieille palissade servant à tenir la monture céda. Ni une, ni deux, le cheval s'enfuit dans l'obscurité naissante. Désormais, Servius n'avait plus d'autre choix que de passer la nuit ici, dans ce mystérieux établissement.
L'atmosphère était étouffante. Un détail lui avait échappé dans cette taverne. Subsistait parmi le vestiges d'un taux dalcoolémie élevé, une peinture représentant une femme avec un petit garçon. La seconde partie de la toile était noircie. Trois questions naissaient dans l'esprit de Servius. La première, pourquoi cette uvre eut été dégradé? La seconde, comment était-elle arrivée-là? Il aurait parié qu'elle nétait présente tout à l'heure. La troisième, pourquoi n'était-elle pas couverte de poussières.
Un nouveau courant glacial déchira son corps ; Servius fit appel à toute sa raison pour ne pas craquer en cet instant. Et celle-ci lui recommanda de se protéger. Alors pourquoi me direz-vous, pourquoi la curiosité l'emporta? Ce dernier décida d'explorer les lieux. Il alluma les bougies présentes en taverne puis sattaqua au feu. Par chance, il restait du bois sec.
Le curieux alluma une torche. Pour commencer, il décida de se rendre dans les cuisines. Chaque pas sur le sol faisait grincer le plancher. Il entendait aussi un bourdonnement, presque inaudible , ressemblant au chant d'un petit garçon. En arrivant à l'entrée, la porte seffondra dans un bruit sourd. Il observait chaque recoin, le souffle court. A première vue, cette cuisine semblait tout aussi déserte. Une nouvelle question lui vint à l'esprit. Où était le matériel de cuisine? Aucunes casseroles sur l'établi, aucunes marmites dans les recoins. Il revint dans la grande pièce, le mystère sur l'auberge semblait encore plus grand. La véritable épreuve commençait, grimper les escaliers. le bourdonnement était toujours présent. En plus de cela, il en avait la certitude, quelqu'un l'observait. Désormais Servius gardait la main sur le pommeau de son épée malgré sa fatigue.
Le son d'une marche qui craque. Puis deux et ainsi de suite jusqu'à qu'il stoppe son mouvement avant de finir la montée. Pourquoi donc le bruit de pas ne sarrêtait-il pas lui aussi? Son cur battait vivement. Qui était là? Un vil briguant souhaitait-il subtilisé sa bourse? Ou pire? Quel mystère hantait ces lieux? Et il avança. Son cur sarrêta. En l'espace d'une seconde qui lui semblait éternel, il aperçut face à lui une dame en robe blanche, lumineuse lui tourner le dos mais l'instant d'après, ne survivait qu'un image gravée à jamais en son esprit, tandis qu'un courant glacial transperçait sa chair et son âme. Même malgré sa peur, sa larme qui perlait sur sa joue, sa crispation, Servius continua son exploration.
En haut des escaliers, face à lui, une unique pièce se trouvait à l'étage. Si le lieu n'eut pas été aussi étrange, il aurait plus vite remarqué l'étrangeté qui ornait la porte. Une tache de sang partait de haut en bas. Il entra.
Armé de courage, le chevalier sortit son épée. Il étouffait, assailli par la peur. Quelles ombres malfaisantes jouaient ici lieu? C'était une chambre comme une autre toutefois, il remarqua que le matériel de cuisine était entassé dans cette pièce. Les carreaux de vitre étaient brisés. Il eut alors un flash, une vision. L'auberge était propre et sentait bon la pitance. Une femme, magnifique tenait le comptoir. Sa chevelure d'or resplendissait dans un tel endroit tandis qu'un petit garçon rieur chantait à tu tête. Toutefois il n'y avait aucun client. Peut-être que l'affaire ne marchait plus? Un homme entrait, son mari surement. Il dégageait une aura étrange. Il s'avança vers sa femme, un couteau à la main, le regard déterminé. Le sourire de celle-ci se mua en une expression terrifiée. Elle hurla à son fils de se cacher et courut vers l'escalier à sa suite. L'homme ne se pressait pas. Il avançait machinalement puis monta une à une chaque marche. La mère se trouvait en haut, protégeant la porte pour sauver son enfant. Le mari la poignarda violemment, sa femme s'écroula laissant une trace de sang sur la porte. Il l'ouvrit puis la referma, laissant sa femme inanimé sur son passage. L'homme observa les carreaux brisés dans la chambre puis pleura toute les larmes de son corps. Ecoeuré par son acte, il se trancha la gorge.
Servius revint à la réalité. Paniqué, angoissé, il prit ses jambes à son coup, dévala l'escalier. Il devait quitter ce lieu maudit. Il atteignit la porte après sêtre violemment cogné contre une table, puis sortit sans regarder en arrière, courant comme un dératé. L'effroi ou était-ce le froid lui glaçait les os. Il trébucha. C'est alors qu'il regarda en arrière. Non, c'était impossible : l'auberge avait disparu .Rêve, hallucination, folie? C'est alors qu'il crut apercevoir un petit garçon au même endroit. Que faisait-il ici? Il devait fuir lui aussi! Méprisant l'épouvante et ses démons, il accourut, faisant demi-tour pour sauver ce jeune garçon.
Il n'y avait plus de petit garçon, une illusion de son esprit? Toutefois, là où se trouvait l'établissement quelques instants auparavant, reposaient deux âmes tourmentées. Servius se pencha sur ce qui sapparentait à une tombe. Il repoussa le feuillage qu'il ornementait: "ici se repose papa et maman". Quelle triste histoire... Un nouveau courant transperça son corps de part en part. Celui-là était chaud et rassurant. Servius, harassé, les nerfs à fleur de peau, se recouvra de sa cape pour pénétrer dans le monde du Sommeil, bercé par le chant d'un petit garçon.
Le lendemain dans la matinée, illuminée par lueur du soleil, il ouvrit les yeux. Recroquevillé dans un bosquet au bord de la route, il sauta sur ses gonds. Sa monture n'était plus là. Il réalisa où il se trouvait. Le bonhomme poursuivit sa route vers la lorraine. Que s'était-il donc passé?