Cassian_darlezac
« De linestimable et admirable Duchesse de Bourgogne à son chouchou. Bla bla bla
espère que tu vas bien
blablabla
coups de latte qui se perdent
blablabla
caisses vides
blablabla
époux radin
blablabla
seulement six nouvelles robes
blablabla
marauds et sent-la-pisse
blablabla
Dijon assiégée
blablabla
requiers aide
blablabla
temps froid
blablabla
forcée de sucer des cailloux ou presque
blablabla
hydre
blablabla
raclures de fond de culotte
blablabla
levée de ban
blablabla
je tattends. »
Cest dans la grande salle de Digoine, entouré dhomme de son père, que le jeune Cassian parcourait en diagonale la missive quil venait de recevoir de leur suzeraine, la Duchesse régnante en personne. Au fur et à mesure de la lecture, sa figure trahissait leffort de concentration que lexercice lui requérait. Décidément il nentendrait jamais rien à ces inepties toutes féminines. Ne pouvait-elle point aller directement au but ? Certes la duchesse Angélyque était une grande Dame mais elle nen restait pas moins une bonne femme. Lui quand on lui parlait de chose telle que « sucer » ou encore de « fond de culottes », il sesclaffait bêtement et ne cherchait pas y découvrir un sens caché. Or cest peu ou prou les seuls mots quil avait retenu de la lecture. Ne restait quà se faire aider. Un regard intrigué se glissa alors vers les hommes présent quand la question vint à ses lèvres : « Hum Lun dentre vous entend-t-il quelque chose à ce ramassis dinformations oiseuses ? »
Contre toute attente cest un jeune homme denvirons son âge, tout juste majeur donc, qui lui apporta la réponse tant attendu. Pourtant le bougre ne payait pas de mine, sa face blafarde et anodine, accompagné des bafouillages qui sextirpaient de sa lippe chaque fois quil prenait la parole, avait toujours contraint le jeune Digoine à le regarder dun il moqueur. Et pourtant « Il m-m-me semble si v-v-votre tr-tr-trépidante Seigneurie le p-p-permet ? » Elle le permit, aussi poursuivît-il. « Il m-m-me semble di-disais-je » Un bâillement sonore sextirpa alors de la bouche du jeune Paon, voulant signifier par là quil ne resterait pas à écouter lignare bafouiller bêtement toute la journée. « S-s-sa Gr-grâce semble l-l-laisser entendre que Di-di-di-di », bégaya lautre avant se faire enfin interrompre. « Digoine ? Tudieu le drôle ! Et que dit-elle donc à propos de Digoine ? Accouche donc, par Aristote, accouche ! Aurais-tu été fini à la pisse ? ! », questionna excédé celui qui pour linstant était le seul maître des lieux présent. « Nu-nu-nullement mon s-s-seigneur. Di-dijon point Di-digoine s-s-semble ass-ssiégée. Elle de-demande donc une aide mil-militaire. » Une fois sa laborieuse explication terminée le bègue respira un bon coup, tandis que lintrépide lorgnait la missive incrédule.
« Palsambleu ! Mais cest que tu sembles dans le vrai, le drôle ! Va, je sais reconnaitre lhomme perspicace que tu es. Te voilà nommé Sénéchal ; tu dirigeras les troupes pour lassaut à venir ! », non loin de là un homme, que dis-je, un colosse, une colline, une montagne tout en masse et en muscle, se racla bruyamment la gorge, couvant lintéressé dun regard incrédule et courroucé. Le bègue, puisque cest de lui quil sagit, nen semblait pas moins désappointé. « M-m-m-moi ? ! M-m-mais je-je ne s-su-suis quun s-s-simple p-page, je-je n-np-peux » « Paix lami ! », répliqua le jeune presque seigneur. « Ce nest guère pour dire des stupidités que je vous ai nommé Sénéchal. Vous nêtes plus un idiot à présent, si ? Nenni ? Alors décampez ! Allez préparer nos hommes ! Cette discussion me rends las, la messe est dite ! »
* La geste de Messire Cassian
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Cest dans la grande salle de Digoine, entouré dhomme de son père, que le jeune Cassian parcourait en diagonale la missive quil venait de recevoir de leur suzeraine, la Duchesse régnante en personne. Au fur et à mesure de la lecture, sa figure trahissait leffort de concentration que lexercice lui requérait. Décidément il nentendrait jamais rien à ces inepties toutes féminines. Ne pouvait-elle point aller directement au but ? Certes la duchesse Angélyque était une grande Dame mais elle nen restait pas moins une bonne femme. Lui quand on lui parlait de chose telle que « sucer » ou encore de « fond de culottes », il sesclaffait bêtement et ne cherchait pas y découvrir un sens caché. Or cest peu ou prou les seuls mots quil avait retenu de la lecture. Ne restait quà se faire aider. Un regard intrigué se glissa alors vers les hommes présent quand la question vint à ses lèvres : « Hum Lun dentre vous entend-t-il quelque chose à ce ramassis dinformations oiseuses ? »
Contre toute attente cest un jeune homme denvirons son âge, tout juste majeur donc, qui lui apporta la réponse tant attendu. Pourtant le bougre ne payait pas de mine, sa face blafarde et anodine, accompagné des bafouillages qui sextirpaient de sa lippe chaque fois quil prenait la parole, avait toujours contraint le jeune Digoine à le regarder dun il moqueur. Et pourtant « Il m-m-me semble si v-v-votre tr-tr-trépidante Seigneurie le p-p-permet ? » Elle le permit, aussi poursuivît-il. « Il m-m-me semble di-disais-je » Un bâillement sonore sextirpa alors de la bouche du jeune Paon, voulant signifier par là quil ne resterait pas à écouter lignare bafouiller bêtement toute la journée. « S-s-sa Gr-grâce semble l-l-laisser entendre que Di-di-di-di », bégaya lautre avant se faire enfin interrompre. « Digoine ? Tudieu le drôle ! Et que dit-elle donc à propos de Digoine ? Accouche donc, par Aristote, accouche ! Aurais-tu été fini à la pisse ? ! », questionna excédé celui qui pour linstant était le seul maître des lieux présent. « Nu-nu-nullement mon s-s-seigneur. Di-dijon point Di-digoine s-s-semble ass-ssiégée. Elle de-demande donc une aide mil-militaire. » Une fois sa laborieuse explication terminée le bègue respira un bon coup, tandis que lintrépide lorgnait la missive incrédule.
« Palsambleu ! Mais cest que tu sembles dans le vrai, le drôle ! Va, je sais reconnaitre lhomme perspicace que tu es. Te voilà nommé Sénéchal ; tu dirigeras les troupes pour lassaut à venir ! », non loin de là un homme, que dis-je, un colosse, une colline, une montagne tout en masse et en muscle, se racla bruyamment la gorge, couvant lintéressé dun regard incrédule et courroucé. Le bègue, puisque cest de lui quil sagit, nen semblait pas moins désappointé. « M-m-m-moi ? ! M-m-mais je-je ne s-su-suis quun s-s-simple p-page, je-je n-np-peux » « Paix lami ! », répliqua le jeune presque seigneur. « Ce nest guère pour dire des stupidités que je vous ai nommé Sénéchal. Vous nêtes plus un idiot à présent, si ? Nenni ? Alors décampez ! Allez préparer nos hommes ! Cette discussion me rends las, la messe est dite ! »
* La geste de Messire Cassian
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