--Lecharles
Il se reposait tranquillement sous un arbre, au milieu de la place du village, le Charles, quand il vit arriver.... il se frotta les yeux pour être sûr.... oui oui, il vit arriver deux oies suivies par une bonne sur, un livre en main. Alors ça.... Et pourtant il n'avait pas bu, le Charles. Pas encore en tous cas ! Mais il n'avait pas vu de bonne sur ici depuis.... oulah.... looooooongtemps !
Comme l'étrange cortège se dirigeait vers lui, il se redressa insensiblement. C'est qu'il se souvenait parfois des bonnes manières qu'on avait essayé de lui apprendre.
Dites moi mon brave, pourriez vous me renseigner !
Et en plus c'est lui qui devait lui apprendre quelque chose, à la bonne sur ? Il fit une moue dubitative, et lui répondit
B'jour ma soeur. Bah, dites toujours....
Je recherche un certain Toto dAngely, mais également le domaine de Sieur Chankel et Dame Morgana, pourriez-vous mindiquer ?
Ah ben ouais, il les connaissait. Tous les trois, il les connaissait. De nom au moins. Z'étaient du village... Même qu'y avait un breton dans le lot, et que par les temps qui couraient, z'étaient pas toujours bien vus les bretons par ici... Puis y avait celui qu'avait longtemps été tavernier. Il l'est peut-être encore d'ailleurs. C'est qu'il sort pas trop le Charles, et il se mêle pas beaucoup des affaires des autres. Dame Morgana par contre, il connaissait bien. Elle avait été mairesse ici pendant une éternité, à croire qu'elle faisait partie des meubles de la mairie. Mais bon... elle leur voulait quoi à ces trois-là ?
P't'êt' bien, ma sur. Vous leur voulez quoi à ces trois-là ? M'étonnerait qu'ils vous aient manqué de respect hein, c'est pas leur genre pour c'que j'en sais. 'fin à part le breton p't'êt....
Il le connaissait pas bien, le breton. Ne sortait pas beaucoup. Alors peut-être que lui.... En tous cas, le Charles regardait la nonne d'un air un peu curieux. Allait-il se passer un truc intéressant aujourd'hui ?
--Lecharles
Ah ben l'était pas gêné, le vieux ! Lui aussi il l'avait déjà vu, le Charles ! C'est lui qui vivait dans un grenier, pas loin d'ici. Mais il sortait rarement. Et... jamais avec un bouc. Gaius il lui semblait. Plus vienx encore que le Charles. Et puis que faisait-il là ? Sous la robe de la bonne soeur ? Le Charles aussi s'était déjà demandé ce qu'on y trouvait, sous la robe d'une bonne soeur. Mais jamais, au grand jamais, il n'aurait osé faire comme le vieux, et y aller voir en plein milieu du village, et sans rien demander à la soeur en plus.
Peut-être la connaissait-il ? Et qu'il se le permettait à cause de ça ? Mais quand même... en plein village... devant le Charles...
Hé, le vieux ! C'est intéressant ? J'peux t'aider p't'êt ?
Décidément, quelle matinée ! Il avait bien fait de sortir, le Charles, de disait-il en s'approchant du vieillard couché ! Une bonne soeur, des oies, un bouc, un voyeur... Il tendit la main au vieillard. Il en aurait sans doute besoin pour se relever !
--Lecharles
Il éclata de rire, le Charles, en voyant partir le Gaius ! Apparemment, la vision l'avait plus traumatisé que versé dans la félicité ! Il n'avait pas vu la main tendue, avait soigneusement évité le regard courroucé de la nonne, et avait fuit sans demandé son reste, couleur vieille pivoine, après lui avoir remis une plume... Il n'en revenait pas, le Charles. Il avait bien fait de se lever ce matin ! Mais maintenant, il allait se demander pendant longtemps ce que Gaius avait bien pu voir sous cette robe noire pour être traumatisé de la sorte... Il allait devoir lui demander ! Oui, c'est ça, la prochaine fois qu'il le verrait, il lui demanderait. Peut-être même qu'il irait le voir dans son grenier !
En attendant, la soeur courroucée était toujours là, qui regardait fuir le vieux, les mains retenant sa robe comme si elle risquait de s'envoler. Il se retourna vers elle en rigolant.
Donc, ma soeur.... Soeur Gabrielle, c'est ça ? Il continua sans attendre... Hum.... Vous vouliez quoi déjà ?
Et il se gratta la tête après avoir ôté son béret. Bah oui, avec tout ça, il avait déjà oublié, le Charles, pourquoi elle était là, la soeur. L'âge, tout ça...
--Lecharles
Son fils ? Il fronça d'abord les sourcils, le Charles... Il pourrait être son père, à la nonne. Et sa mère était morte depuis longtemps. Il se gratta d'abord la tête, se demandant si les derniers événements avaient eu raison de l'esprit de la bonne sur, quand il se souvient que le curé aussi, du temps où il y en avait un, l'appelait pareillement. Alors que tout le monde savait que les curés ne pouvaient pas avoir d'enfant, pas vrai ? Du coup ils se consolaient en appelant tout le monde de la sorte. Ca devait être pareil avec les bonnes surs, se dit-il en haussant les épaules...
Alors comme ça, elle voulait récupérer la petite Céleste ? Il lui souhaitait bien du plaisir le vieux. Non pas qu'il la connaissait, la petiote, mais il l'avait déjà vue s'amuser avec ses petites copines, se promener avec le Gaius, avec l'ancienne mairesse aussi, et même avec son homme parfois. Il ne pensait pas qu'ils allaient la lâcher comme ça, ces gens !
J'la connais, oui ! Enfin.... d'vue ! Et d'oreille !
En effet, elle avait de la voix, la petite, comme ses copines d'ailleurs. Et quand elles jouaient, on les entendait de loin. Et quand elle avait besoin de quelque chose, elle ne se déplaçait pas trop, elle hurlait ce qu'il lui faillait. Tiens, un peu comme l'ancienne mairesse, qui hurlait après Gaius depuis la fenêtre de l'auberge municipale. Elle avait vite appris, la petite !
Elle habite en effet chez le breton et Dame Morgana. Savez qu'elle a épousé un breton, la Morgana ? Comme s'il n'y avait rien de plus proche.... C'est par là, un peu après la sortie du village. Il lui montra la direction d'où étaient venus le bouc et le vieillard. Mais j'vous préviens, Sur Gabrielle, ils vont pas vous la donner comme ça !
Et le Charles de regarder la bonne sur rassembler ses oies. Drôle de cortège quand même, se dit-il. Est-ce que ça voyage toujours avec des oies, une bonne sur ?
--Lecharles
Ah ben elle semblait pas trop contente, la sur, à lui faire des yeux ronds comme ceux d'un poisson.
J'vous en prie, ma sur. s'entendit-il répondre à ses remerciements. Il allait lui montrer où se trouvait le marché, mais elle partit avant qu'il ait pu le faire. Il grommela donc, juste pour lui : Oui, vous allez sans doute le trouver. M'enfin, pas sûr que vous y trouviez grand chose ma sur... Mais bon... Aristote est votre copain, pas vrai ?
Et lui de la regarder partir, ses deux oies la suivant de leur démarche si délicate...