Marzina
Il commençait vraiment à faire froid dans la campagne normande, et la petite blonde passait à travers les rangs de ceux qui étaient devenus ses hommes il y peu, recouverte dun épais manteau de fourrure grise de loup. Elle vint se réchauffer près du foyer, et soupirant, vit un nuage de buée blanche sortir dentre ses lèvres. Bientôt, leau se mettrait à geler. Il devenait pénible de vivre en dehors de murs, surtout pour elle qui avait lhabitude depuis plusieurs années déjà de vivre dans un château et ses épais murs protégeant des rafales de vent, mais surtout, son armée de valets maintenant le feu dans la cheminée présente dans chaque pièce
La petite chose menue semblait difforme, si minuscule dans son épais manteau de fourrure qui augmentait considérablement son apparente corpulence. Pourtant, sous la peau du glorieux animal qui la réchauffait, elle avait beaucoup maigri depuis quelle avait perdu son deuxième enfant. La démence qui lhabitait depuis ce jour était légèrement engourdie par le froid glacial de ce début dhiver, la laissant dans ses pensées mélancoliques un peu moins sombres quauparavant.
Une fois réchauffée près de lâtre, elle revint sabriter sous sa tente, qui était maintenant celle du capitaine, sa cousine Anastriana layant délaissée au profit de la tente des blessés graves. Lourde tache qui avait été déposée par le destin et la cousine sur les épaules de la blonde, le second ayant lui-même été trop blessé pour prendre le commandement. Lorsquil avait été temps de se replier après le combat pour soigner les blessés, elle nen avait pas cru ses yeux lorsquelle avait vu Anastriana et Lemerco à terre, et quon sétait alors tourné vers elle pour donner les ordres. La première chose quelle fût avait été de nommer le petit blondinet fils de chevalier en tant que logisiticien, afin que les hommes puissent continuer de recevoir leur ration de nourriture quotidienne. Bien sûr, ils avaient perdu beaucoup dhommes, ils nétaient plus quune poignée, mais la Pennher Ar Lug cette nuit encore avait survécu, comme létendard de la détermination bretonne. Létendard était désormais porté par la couronne princière bretonne, en la personne de cette frêle créature avec pour seule couronne actuelle sa cascade de cheveux dor soigneusement attachés, qui donnait des ordres dune voix aussi glaciale que le vent de Normandie.
Lorsquelle pénétra dans la tente, son page laida à se débarrasser de son manteau tandis que sa femme de chambre agitait les braises afin que la température augmente dans la tente. La princesse vint se réfugier sur son lit sous une épaisse couverture, écritoire sur les genoux et plume en main. De sa main bleuie par le froid, elle se mit à écrire :
A celui qui me hante chaque fois que la lune pleine donne aux champs des lueurs féériques propres à la rêverie,
Demat,
Je tenvoie des nouvelles de Normandie où nous combattons toujours. Je nai pour linstant pas été blessée, ce qui nest pas le cas de mes compagnons. Beaucoup dentre eux sont tombés il y a plusieurs nuits, dont ma cousine Anastriana qui menait larmée, et le sieur Lemerco, un vieil ami. A ma grande surprise, jai découvert que celle-ci mavait désigné pour diriger larmée à sa suite sil arrivait quelle ne fût plus en état de le faire. Me voici donc à la tête de larmée Pennher Ar Lug, grandement affaiblie, mais toujours debout aux cotés de nos alliés artésiens et irlandais. Cest un vrai miracle que je ne sois pas tombée cette nuit là, ni la suivante, et que jai réussi à maintenir cette armée correctement malgré mon ignorance de ces choses. Il faut croire que jai plus appris des récits de combat de mon père que ce que je pensais
Ici, les nuits sont fraiches, lon sent le gel qui arrive et qui fait trembler bêtes et hommes. Certains de mes hommes ont des problèmes de gelures aux pieds, heureusement que la nourriture nest pas un problème, ils reprennent chaque jour des forces, plus déterminés que jamais à faire tomber Rouen. Lorsque la nuit est calme, et que seul les bruits des rondes se font entendre, ton absence se fait encore plus cruellement ressentir que le froid glacial qui me saisit dans ce lit vide Il me tarde de me retrouver à tes cotés, et de sentir la chaleur de ton corps près du mien Cependant, je noublie pas le vu que jai fait de préserver ce quil me reste de pureté avant de passer devant le prêtre, et je garderai ce vu intact jusquà ce jour, et jusquà ce jour le Très Haut me protègera comme il la fait ces dernières nuits. Je pense quil manifeste là sa bénédiction pour la promesse que tu mas faite, et que je nai point encore acceptée, me faisant par là-même repenser aux raisons qui me font douter de la réponse que je souhaite tapporter.
Il ne reste plus quà prier pour que je ne trépasse pas sur la terre des consanguins, si loin de ma douce patrie et de ses flots rageurs, et avant de distinguer à nouveau ton visage autrement que dans mon sommeil.
Que lAnkou te dédaigne, et Doué te protège !
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Une fois réchauffée près de lâtre, elle revint sabriter sous sa tente, qui était maintenant celle du capitaine, sa cousine Anastriana layant délaissée au profit de la tente des blessés graves. Lourde tache qui avait été déposée par le destin et la cousine sur les épaules de la blonde, le second ayant lui-même été trop blessé pour prendre le commandement. Lorsquil avait été temps de se replier après le combat pour soigner les blessés, elle nen avait pas cru ses yeux lorsquelle avait vu Anastriana et Lemerco à terre, et quon sétait alors tourné vers elle pour donner les ordres. La première chose quelle fût avait été de nommer le petit blondinet fils de chevalier en tant que logisiticien, afin que les hommes puissent continuer de recevoir leur ration de nourriture quotidienne. Bien sûr, ils avaient perdu beaucoup dhommes, ils nétaient plus quune poignée, mais la Pennher Ar Lug cette nuit encore avait survécu, comme létendard de la détermination bretonne. Létendard était désormais porté par la couronne princière bretonne, en la personne de cette frêle créature avec pour seule couronne actuelle sa cascade de cheveux dor soigneusement attachés, qui donnait des ordres dune voix aussi glaciale que le vent de Normandie.
Lorsquelle pénétra dans la tente, son page laida à se débarrasser de son manteau tandis que sa femme de chambre agitait les braises afin que la température augmente dans la tente. La princesse vint se réfugier sur son lit sous une épaisse couverture, écritoire sur les genoux et plume en main. De sa main bleuie par le froid, elle se mit à écrire :
A celui qui me hante chaque fois que la lune pleine donne aux champs des lueurs féériques propres à la rêverie,
Demat,
Je tenvoie des nouvelles de Normandie où nous combattons toujours. Je nai pour linstant pas été blessée, ce qui nest pas le cas de mes compagnons. Beaucoup dentre eux sont tombés il y a plusieurs nuits, dont ma cousine Anastriana qui menait larmée, et le sieur Lemerco, un vieil ami. A ma grande surprise, jai découvert que celle-ci mavait désigné pour diriger larmée à sa suite sil arrivait quelle ne fût plus en état de le faire. Me voici donc à la tête de larmée Pennher Ar Lug, grandement affaiblie, mais toujours debout aux cotés de nos alliés artésiens et irlandais. Cest un vrai miracle que je ne sois pas tombée cette nuit là, ni la suivante, et que jai réussi à maintenir cette armée correctement malgré mon ignorance de ces choses. Il faut croire que jai plus appris des récits de combat de mon père que ce que je pensais
Ici, les nuits sont fraiches, lon sent le gel qui arrive et qui fait trembler bêtes et hommes. Certains de mes hommes ont des problèmes de gelures aux pieds, heureusement que la nourriture nest pas un problème, ils reprennent chaque jour des forces, plus déterminés que jamais à faire tomber Rouen. Lorsque la nuit est calme, et que seul les bruits des rondes se font entendre, ton absence se fait encore plus cruellement ressentir que le froid glacial qui me saisit dans ce lit vide Il me tarde de me retrouver à tes cotés, et de sentir la chaleur de ton corps près du mien Cependant, je noublie pas le vu que jai fait de préserver ce quil me reste de pureté avant de passer devant le prêtre, et je garderai ce vu intact jusquà ce jour, et jusquà ce jour le Très Haut me protègera comme il la fait ces dernières nuits. Je pense quil manifeste là sa bénédiction pour la promesse que tu mas faite, et que je nai point encore acceptée, me faisant par là-même repenser aux raisons qui me font douter de la réponse que je souhaite tapporter.
Il ne reste plus quà prier pour que je ne trépasse pas sur la terre des consanguins, si loin de ma douce patrie et de ses flots rageurs, et avant de distinguer à nouveau ton visage autrement que dans mon sommeil.
Que lAnkou te dédaigne, et Doué te protège !
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