Ma Choar*,
Bran ma effectivement trouvé, je suppose avec un peu de mal, vu que je ne suis plus sur Muret, j'ai pris la route. Il m'a trouvé, mais en croassant ainsi au dessus de ma tête, avant que je l'aperçoive il a bien failli se faire caillasser ou finir en ragout ! (je n'ai jamais essayé le ragout de corbeau, il n'est pas dit que ce soit très bon) Heureusement pour lui, je lai reconnu, cest quil nexiste pas beaucoup de corbeau porteur de message de par le royaume, ça aide.
Jai moi aussi longtemps chercher les mots pour técrire, pensant, repensant à ce que je voulais te dire, aux non dits entre nous lors de ton départ, pour finalement renoncer à envoyer un pauvre pigeon se perdre au dessus de la mer en tentant vainement de te trouver.
Au final, nous nous connaissons mieux mutuellement que nous même
tu ne ma pas proposé de partir, et men voulais de ne pas partir avec toi, de mon coté je ten voulais de ne pas me proposer de partir, tout en sachant que je ne pourrais venir. Nos vies se sont rapprochées, nos vies nous éloignent, mais cela ne changera jamais les sentiments que jéprouve pour toi. Cest bien parce quils existent, que jai eu mal à ce point de te voir prendre ta décision dans ta langue natale, de parler si vite à ce vieux débris éclopé pour ne pas que je comprenne. Cest bien parce quils existent, que je lai ressenti comme une trahison, moi qui accourait, vous pensant en danger ! Jai éprouvé une rage telle contre cet homme qui tenlevait à nous, à moi, avec le recul de la situation, une rage aussi contre moi même, de ne pas pouvoir te suivre, de ne pas être capable de te suivre dans ton « activité » que jai, je pense, perdu toute raison pendant un très long moment. Je ne sais pas sil est toujours avec toi, mais je lai poursuivi ce vieux débris, jai voulu lui faire passer mon épée, ma dague au travers du corps
il est bien conservé pour son âge, et moi bien aveuglé par ma rage à cette époque, puisquil ma échappé.
Aujourd'hui, alors que je t'écris ces mots, je ne ressens plus cette rage, juste cette douleur, ce manque de ne plus vous avoir à mes cotés. Je ne t'en veux pas, je ne t'en veux plus. Je comprend, j'avais compris à l'époque, sans vouloir le voir, sans pouvoir le voir, sans vouloir l'admettre, que tu ne semblais plus te plaire à Muret.
Ne pas se sentir à sa place, perdre l'envie de vivre, j'ai éprouvé ces sentiments à Muret. Depuis Lyon, depuis la Provence, je n'ai jamais plus été celle que j'étais, je nai plus jamais été vraiment heureuse. Est ce que je l'ai été un jour d'ailleurs? Parfois, je me pose honnêtement la question. Un jour sur Muret, jai été voir celle que dans les bas fonds on appelait « La Vieille » pour lui acheter ce qui me permettrait de quitter cette terre. Elle me la vendue contrainte et forcée, tu imagines, elle ne voulait pas me la vendre, « du gâchis » quelle disait ! Jai longtemps hésité face à la potion, la prendre, ne pas la prendre
au final, restant pour toi, pour Sean, pour ces promesses que jai faite un jour à ma mère, à Renoan.
Je suis plus dune fois retourné voir cette Vieille, non plus pour mourir, non pour apprendre. Oui apprendre, remèdes pour soigner, mais aussi potions pour tuer, autant tout savoir, ne crois tu pas ? Elle est un peu « sorcière » La Vieille, elle voit certaines choses, surement a-t-elle vu quelque chose en moi qui lui a plus, pour me proposer dapprendre plutôt que de maider à passer larme à gauche. Et je dois dire que quelque chose ma plut chez elle. Elle a le caractère affirmé, et cette tendresse bien cachée au cur, qui touche si on dépasse les apparences pour lapercevoir quelques fois lorsquelle relâche son attention.
Aujourdhui, je suis sur les routes avec elle et son loup (et oui, il la adopté et moi aussi par la même occasion, nous formons donc une petite meute hétéroclite à trois ! ) pas encore en Bretagne, pas encore en Flandres, nous prenons des détours, les guerres, les frontières fermés de certains Duchés, Comtés naident en rien ! Fichus hommes à avoir toujours peur du premier venu ! Le seul point positif cest que nos affaires marchent, nous vendons remèdes et potions diverses.
Ha, je viens de croiser par le plus grand des hasards ma filleule Krystel. Je ne sais si tu ten souviens, mais elle se souvient parfaitement de toi.
Prenez soin de vous, embrasse mon neveu pour moi.
da gared a ran**
Ty Choar***, Annwenn