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[RP]En attendant revoir Maman

Briana.
[Novembre 1459 - Comté du Maine : En route vers la Normandie]


Le silence subsiste... Seul se faisant entendre le son aigre que font les roues d'un chariot mal graissé. Un rond de buée se dessine sur la vitre du coche qui file bon train au travers les paysages du Maine avant qu' une frêle main, fragile, si petite et trahissant un teint blême tel celui d'une poupée de porcelaine, ne la fasse disparaître d'un geste.
En son travers, se profile minois enfantin qui se trouvait sis là, tenu à l'abri du temps maussade qui régnait sur la contrée, son petit corps chahuté à chaque passage effectué sur des ornières laissées par les traversées d'autres voyageurs.

Petit nez collé à la vitre, Briana, petit bouton de rose, menton légèrement relevé, laissait courir ses azurs entre le ciel vide d'un jour en nuances de gris et les mornes reliefs du Mans, songeuse.

Combien de temps déjà s'était écoulé depuis qu'elle avait dû se séparer de ses proches ? Elle n'aurait su le dire vraiment, elle qui, n'étant qu'une enfant, n'avait encore aucune notion du temps. Elle dirait simplement qu'il s'en faisait trop longtemps .
Elle avait même crains ne plus rentrer, mais s'était vite vu rassurer par Carenza, Gouvernante engagée auprès la famille et ayant à charge de veiller sur la progéniture.

Serrant tout contre elle, entre ses petit doigts Eléanor, sa poupée dont elle ne se séparait jamais, elle s'imaginait déjà les futurs retrouvailles... Le plaisir qu'elle aurait à profiter de nouveau de la douce présence maternelle d'une mère aimante, du réconfort que pourrait lui procurer ses bras, le souffle chaleureux d'un baiser tendrement déposé...
Quand pourrait-elle à nouveau jouir de cela ? Le manque était là...

Cinq longues minutes... bien trop longue aux regard de la fillette, s'était écoulées depuis le dernier échange qu'elle avait tenu avec Carenza et se fut une nouvelle secousse, plus intense que les autres, qui la fit sortir de sa rêverie. Ses billes se détachant du vide qu'elle fixait vinrent alors se poser sur le visage de sa chaperonne tandis qu'elle relançait à nouveau la conversation :



" Carenza... dis-moi... Quand c'est qu'on arrive ? Ze voudrai voir ma Maman moi..."



Et cette même question de revenir incessamment... Ses azurs plongé dans le noir des yeux de Carenza et d'espérer l'entendre dire que les retrouvailles auraient lieu dans un tout proche avenir.
--Carenza
[Non loin du Mans... Quand enfance rime avec impatience]






Empreinte d'impatience sur le faciès de l'enfant... Carenza pouvait le lire dans ses yeux. Seulement, elle ne pouvait lui mentir et s'apprêtait, lui avouant la vérité, à voir s'éteindre la lueur d'espoir qui s'était mise à scintiller en ses iris.
Elle aurait beau tenter la consoler, elle le savait, même si sa présence se faisait appréciable pour la petite, jamais elle ne remplacerait sa mère. Le manque ressenti n'aurait pu être comblé que par la seule présence de cette dernière auprès d'elle...

Une fois de plus, elle lui porta cette même réponse :


" Briana... Il va vous falloir faire preuve d'encore un peu de patience... Le voyage devra durer encore quelques jours avant que vous ne puissiez retrouver Madame..."

Voyant la tristesse se dessiner sur le visage enfantin, elle poursuivit cherchant à lui faire retrouver un peu le sourire :

"... Mais si vous le souhaitez, dès lors que nous ferons étape à la prochaine ville, nous pourrons prendre le temps de lui écrire... Ne serait-ce pas une excellente idée ?"

Sourire sur les lèvres, elle savait qu'elle en serait une et qu'il ne pouvait pour l'heure en exister de meilleure. D'ailleurs, il lui suffisait voir le petit minois terni par la tristesse reprendre doucement vie s'illuminant sous les traits d'un sourire joyeux.
Briana.
[Portes de la Capitale : Quand l'imprévu s'invite]

Ecrire à Maman !...Voilà une autre de ces bonnes idées dont regorgeaient Carenza et qui avait le don d'égayer Briana. La présence de cette dernière n'avait pas que des inconvénients. Carenza avait cet avantage de pouvoir écrire à sa place par exemple.
Du haut de ses quatre printemps, Briana ne savait pas encore tracer volutes et déliés compréhensibles par d'autres qu'elle-même. Et écrire, elle aurait vraiment aimé... Pour écrire à Maman qui lui manquai tant, pour pouvoir lui dire qu'elle allait bien et qu'elle avait hâte de la retrouver enfin.


" Z'ai hâte d'arriver Carenza pour que nous écrivions à Maman ! Tu écriras pour moi tout ce que ze te dirai hein... Ze lui dirai Ô combien z'ai été sage... qu'elle me manque... que ze l'aime et que..."


Interruption inopinée survenue dans un énorme fracas... Puis un cri... celui du coche tentant de ne pas perdre le contrôle de la voiture qui les transportaient s'apprêtant franchir les portes de la capitale. Frappés de malchance, l'une des roues de la coche avait croisée une de ces ornières profondément marqué au sol et avait fini par céder, les envoyant valser dans le fossé bordant le chemin.

Appeurée, Briana, s'était jetés dans les bras de Carenza y cherchant protection et hurlant tout se qu'elle savait avant de s'effondrer, les larmes coulant à grands flots sur ses joues légèrement teintées de rose tout en réclamant Maman entre deux sanglots.



" Ma...Man... ze veux Ma Maman... Z'ai peur..."

" C'est fini Briana... Carenza est là... chuuuttt... Séchez vos larmes belle enfant... tout va bien. "


Les mains de la gouvernante se promenait sur les boucles blondes cherchant d'une douce voix à la rassurer tandis que la portière de la coche s'entrouvrait sur Hector, leur cocher.




" Mesdemoiselles... je crains que nous ne puissions aller plus loin. Impossible de continuer avec une roue en moins au carrosse... Par chance, nous ne nous trouvons pas loin de la Capitale. Si vous pouviez vous y rendre toutes deux... Trouver un abri pour Mademoiselle et avertissez quelqu'un de notre mésaventure afin que l'on vienne me porter de l'aide. Il va s'en dire que nous devrons rester là quelques jours durant... "



Quelques jours... Ces derniers mots prononcés résonnaient dans la tête de la petite princesse. Elle devrait encore se passer de Maman... et la joie qu'elle s'était faite de pouvoir bientôt la retrouver s'était soudainement dissipée. Encore sous le choc de l'accident, elle se laissa guider par Carenza, sa petite main bien serrée dans la sienne.
Rapidement, elles atteignirent le centre de la Capitale, arpentant encore quelques ruelles du Mans. Ses petites jambes tricotaient à en perdre haleine et à en avoir le souffle coupé, ses chausses battant le pavé.



" Doucement Carenza ! Tu vas trop vite ! Z'ai de toutes petites zambes moi ! et z'ai mal aux pieds! "

" Cessez donc de rouspéter Briana. Nous voilà arrivées. Vous allez me faire le plaisir d'entrer dans cette taverne qui semble de bonne réputation et m'attendre bien sagement. Je ne devrais pas en avoir pour longtemps. Le temps que je trouve endroit où nous installer, vous pourrez dans l'attente vous reposer un peu. "


Après avoir acquiessée, porte de la taverne poussée pour la faire entrer, Briana s'avança timidement, Eléanor, sa poupée, tenue serrée tout contre elle.
Non loin d'elle une chaise sur laquelle elle s'empressa de monter tant bien que mal avant de se retourner, silencieuse, et de voir sur elle se poser le regard de deux dames qu'elle n'avait encore jamais vu. Minois dissimulé pour moitié dans la chevelure de sa poupée, elle pensait à ce que Maman lui avait toujours enseigné : Faire attention aux inconnus espèrant que ces inconnues là en seraient de gentilles et que Carenza ne tarderait pas à trouver endroit où les faire loger et de venir la chercher. C'est qu'elle avait courrier à rédiger...
Karyaan
[Le Mans, taverne municipale...]

Pilier de comptoir ?
Mais pas du tout... ou si peu...
Bref, elle aime travailler en taverne, ça lui permet de rencontrer les gens, de répondre à leurs questions, de voir les soucis réellement.
Être disponible, être accessible.
Pis bon... un petit verre de temps en temps...

Un jour comme un autre, les deux folles, parce que oui, la Comtesse était rarement seule et le plus souvent accompagnée de sa superCaC².
Un jour comme un autre, elles bossaient et papotaient de tout et de rien en taverne donc.
Et puis la porte de la taverne s'ouvrit sur une silhouette qui laissa entrer un petit bout de femme grande comme trois pommes.
Quelques mots inaudibles de la grande et elle disparu. La petite chose toute timide entra, cachée derrière une poupée de tissu.

Bref silence, accompagnée des habituelles politesses d'usages et voilà la môme assise, avec un verre de lait à la main pour raconter qui elle et d'où elle vient.
La SuperCaC², super occupée fini par les laisser seules et voilà la Comtesse papoter avec la Demoiselle de Courcy.

Dire qu'elle aime les enfants, la Sorcière, c'est peu dire.
Elle craque littéralement en leur présence, elle fond, elle devient une vraie mère poule.
Mettant son travail prioritaire de coté, elle passa alors plusieurs heures à discuter de tout et de rien avec le petit bout d'ange.

Et hop un dessin à faire pour la maman. Et puis fallait le sceller hein le dessin. Parce que quand on est une grande, on appose toujours un sceau de cire.
Et hop, une patate gravée pour faire le sceau, un bout de cire rouge comtale, tant pis, elle en a plein dans son bureau. Et le scel est posé.
Le dessin sera remis le soir même à la maman en mal de sa fille. Foutue guerre...


Tu vas venir avec Carenza au Palais des Comtes. Hors de question que vous restiez à l'auberge, vous serez bien plus en sécurité au Palais et vous y serez surtout mieux.
Il y a plein d'enfants. Ceux des employés. Ils te montreront tous les coins et recoins du Palais que même moi je ne connais pas.


Sourire à la princesse.
Oui c'est mieux, plus sure. La guerre est trop proche pour laisser l'enfant d'un haut dignitaire dans une auberge quelconque. Et puis elle aura de quoi s'amuser au Palais. De quoi jouer à la princesse.
Plus confortable que les lits d'une taverne. Meilleurs nourriture, surtout par les temps qui court.
Bref... aux petits oignons la môme. Parce que c'est comme ça, parce que la Comtesse elle a craqué devant le petit minois et ses yeux de biche.
Une louve la Comtesse, pire qu'une louve. Protectrice à l'excès ? Sans doute oui...

_________________

"La parole est l'arme du faible, l'épée l'arme du sot, j'ai choisi d'être faible et de m'entourer de sots."
Briana.
[Au "Joli Mans"- Taverne Municipale]

Pas farouche pour deux sous la Môme... Il avait fallu quoi... ? A peine dix petites minutes pour que la jolie Dame qu'était Karyaan ne parvienne à l'apprivoiser... Pas plus !

Un sourire, un verre de lait servi bien chaud,... du pain d'épice fraîchement préparé... Quel enfant ne se serait pas laissé tenter ?

Si timide qu'elle avait pu paraître à son arrivée en les lieux, et ce parce qu'il n'était jamais aisé pour elle d'engager la conversation avec des inconnus, le petit trouble qui l'avait assailli s'était donc vite envolé.

Présentations faites et après avoir apprit que Karyaan en plus d'être jolie connaissait très bien Maman de par leurs activités communes, il n'en fallu pas plus à Briana pour se confier davantage.
Mam'zelle Piplette venait de réveiller. C'était ainsi qu'elle se voyait parfois appeler par son grand frère Erwan de quatre ans son aîné. Il disait qu'une fois lancée, il devenait presque impossible de l'arrêter. Mais ce n'était pas vrai. Certes, elle parlait beaucoup, mais c'était sa grande curiosité qui l'y poussait, désireuse d'apprendre comme elle l'était... Et quoi de mieux que des questions à poser pour meubler une conversation ?

Le lien était créé et Briana se décidait à faire confiance à Karyaan. Au point de la suivre répondant non sans fierté à l'invitation qu'elle lui avait faite de venir s'installer au Palais Comtal. Sa petite main confortablement logée dans celle de la Comtesse, elle se laissa guider par son hôte faisant preuve d'une hâte non dissimulée... Tellement hâte, que ses petites jambes tricotant à tous va avaient tendance à la conduire en tous sens et obligeaient Karyann à la rapprocher un peu plus près d'elle et de lui montrer le chemin qu'elle se devait d'emprunter...



[Arrivée au Château Comtal... Toute essoufflée]

Les yeux tout écarquillés, Briana découvrait l'endroit où elle allait séjourner attendant que sa Maman puisse venir la chercher...un malencontreux accident de coche les obligeant à rester durant quelques jours au Mans. Le château comtal dressant avec arrogance son donjon, ses quatre tours d'angle et sa couronne de murailles grises comme un défi aux téméraires qui oseraient s'y attaquer, Briana n'aurait pu se trouver en plus grande sécurité qu'en cet endroit. Maman serait à coup sûr rassurée de la savoir là en plus d'être sous la bonne garde de Carenza.


" Rhooo là là ! C'est Erwan qui va être zalou quand ze vais lui dire que z'ai été invité a venir dans un grand ssâteau... et que pas lui."



La tête toujours relevé sur l'immense bâtiment, elle accélèra le pas bien qu'essouflée tirant de toute ses petites forces sur le bras de Karyaan pressée de faire son entrée et bien curieuse de ce qui allait se passer :


" Tu vas me montrer ma ssambre hein ? Et les enfants ils vont venir zouer avec moi ?.. Hannn !!!... Et Carenza ? Comment qu'elle va savoir que ze suis là avec toi... ? Elle va s'inquiéter et croire que ze me suis sauvée et ze vais me faire gronder. Il faut vite la retrouver... En plus z'ai à écrire à Maman... elle m'a promis qu'une fois arrivée on le ferait... "
--Paul...


-

Dis, un jour tu m'apprendras à parler comme toi ? Dis hein dis ?

Nan !

Mais... mais pourquoi ?

Parce que, c'est rien que moi pis c'est tout !

Haaaaaaaaaaan

Et voilà la petite bouille du moineau de sept ans qui se déconfit. Yeux de biches à faire fondre un iceberg, yeux se noyant sous d'énormes larmes de crocodiles à peine forcées. Et pour couronner le tout, voilà t'y pas sa petite lèvre qui tremblote.
Faut pas croire, le Paul c'est peut-être un dur à cuir, mais il a le cœur aussi chamalow que la Comtesse dont il est le page.


Ayaaaaaaaaaaaa me regarde pas comme ça

Alléééééééé teuplaiiiiiiiiiiiiit

Et de biche, voilà que le fils du cuistot du Palais se transforma en chat potté aux yeux suppliant. Ronchonnant, le Paul fini par soupirer profondément.

Bon d'accord... mais quelques mots hein. D'façon c'trop dur pour toi c'te langue.

Ouiiiiiiiiiiiiii

Mais tu dis rien à pers...

Ah ben pas le temps d'imposer une condition que voilà l'Edouard courir dans tout le Palais pour attraper chaque môme et leur dire que lui, ben il a trop de la chance parce que le Paul, il va lui apprendre la langue de la Comtesse et pas à eux. Nananère !!!!

Et en parlant de Comtesse...


Paul ? Vel'klar ph' dos, Ussta Belaern ?
(Paul ? Où es-tu, Mon Trésor ?)

Roulant des yeux, Paul sourit malgré tout et alla à la rencontre de celle qui l'a sorti du caniveau il y a à peine un an.
S'approchant, il haussa un sourcil quand il aperçu la petite chose qui tenait la main de sa maitresse. C'est qu'il est grand pour son âge le Paul. Neuf ans, certes, mais élancé, tout fin, c'est sur que quand il sera adulte, ça ne sera pas un gringalet. C'est d'ailleurs pour ça qu'il en impose et qu'il est le chef de la bande des gosses du Palais.
Bon le fait qu'il soit le page perso de la Comtesse ça aide aussi... un peu... pas trop... quoi que...
Le blondinet s'inclina devant les deux demoiselles et claqua un sourire à faire imploser le cœur d'une princesse.


Zhal usstan xxizz dos, Malla Jabbress ?
(Je peux vous aider, Votre Grandeur ?)

Échange de sourires et explication de la Comtesse qui lui demanda de faire prévenir la dénommée Carenza, logeant actuellement à l'auberge, que des appartements leurs étaient assignés à elle et à la petite chose qui l'accompagnait.
Faisant alors les présentations, la Comtesse lui fit comprendre qu'il allait devoir s'en occuper de la poupée. En sommes, la faire entrer dans la bande. C'est qu'ils en ont des choses à faire les enfants du Palais. Et puis, il y en a une tripotée. La seule chose qui leur est imposé c'est de ne pas déranger les adultes. Sinon, ils peuvent faire ce qu'ils veulent et aller où ils veulent.
C'est que c'est un vrai labyrinthe le Palais et il y a plein des coins et recoins que même les adultes, ils ne connaissent pas. Il y a des partis de cache-cache extraordinaires qui se jouent. Et puis l'intendante des cuisines a toujours des gâteaux pour eux, des friandises. Bref, les mômes au Palais, sont comme des coq en pâtes.

S'accroupissant devant Briana, Paul pencha la tête de coté et lui sourit. Parlant doucement, presque murmurant.


Moi c'est Paul, le chef des Marmuls. C'est le nom de notre bande. Ça te dit que je te présente aux autres le temps que quelqu'un aille chercher madame Carre en sac ?

Lui tendant la main, il continua.

Et puis quand elle sera là, je vous montrerais où est votre chambre toussah. Ça te dit alors ? Je suis sur que Alice et Marie vont être super contentes de te rencontrer.

Ah ben pour sur, les deux gamines ont 4 et 5 ans. Et se sont de vraies princesses. Même si, faut pas l'dire, sont juste les filles des dames qui nettoient les pièces et s'occupent des appartements. Mais quand on a cet âge là, ce genre de considération, on s'en tape un peu, beaucoup même. Elles vivent au Palais, alors se sont des princesses pis c'tout.
Qu'elles en profitent... un jour la vie les rattrapera.
En attendant, elles s'amusent et c'est bien tout ce qui compte.



Briana.
Jusque là, elle s'était avancée avec assurance au côté de Karyaan, mais la soudaine apparition d'un visage lui étant méconnu lui fit ralentir la cadence. Arrivées à hauteur du nouveau venu, elles avaient fini par s'arrêter et submergée par la timidité qui s'immiscait en elle de façon systématique à l'approche de toute personne inconnue, elle eut un peu de recul et se retrouva presque cachée derrière les jambes de la Brune qui l'accompagnait. Un petit pincement même était venu se loger dans le fond de son ventre. C'était une habitude pour Briana que d'avoir un peu peur des gens qu'elle voyait pour la toute première fois, mais sa curiosité l'emportant, tendant son petit cou de côté, elle regardait le jeune garçon qui les saluait.

Il était à peine plus âgé que son grand frère à elle et paraissait plutôt gentil.
Et le petit pincement au ventre de s'envoler lorsqu'il se présenta à elle et qu'il échangea avec elle un sourire qu'elle trouva rassurant.



"Bonzour Paul..."


Elle l'écoutait toujours, ses petites prunelles figées sur lui, le regardant avec un certain émerveillement. C'était le chef de la bande et en plus il lui demandait si elle voulait venir avec lui et faire la connaissance d'autres membres de celle-ci. Petit hochement de tête signifiant qu'elle était d'accord. Et lorsque Paul la tira par la main pour aller la présenter, Briana était des plus contente. Tellement contente qu'un plus grand qu'elle s'intéresse à sa petite personne... Contente de savoir qu'elle allait pouvoir jouer avec d'autres petites filles... qu'elle en oublia de se retourner sur Karyaan ne jurant plus que par le blondinet.



" Ze te suis... Mais z'aurai voulu écrire à Ma Maman avant... Tu sais écrire toi ? Tu pourrais m'aider... et après on irait zouer..."



Ecrire à Maman était chose qui lui tenait à coeur depuis leur arrivée et parce qu'une fois que chose serait faite, elle se sentirait libérée.
--Paul...


-

Ben ouais je sais écrire !

Bombant le torse à s'en faire un décollement de la plèvre, le petit homme omettra bien entendu de dire qu'il écrit certes, mais qu'il écrit super lentement, qu'il fait plein de tâches d'encre, parce que la plume c'est pas évident, et qu'il tire la langue tellement il se concentre en plissant les yeux.
Mais il écrit oui oui oui et pas depuis longtemps. Avant, il savait à peine parler sans coller un juron à chaque phrase. Quand on nait dans la boue d'une ville grouillante, forcément, les marmules, comme les appelle la Comtesse, ça a du mal à avoir de l'éducation.

C'est dans une de ces ruelles à Limoges qu'un jour il a croisé la route de celle qu'il sert à présent. Elle n'était alors que Vice Chancelière du Comté et il lui fallait un page. Il avait sept ans, plus vraiment toutes ses dents. Forcément, quand on se bat pour survivre, les dents ça s'oublie vite quand on les perd dans une bagarre.
Il avait du faire ses preuves, parce que la Comtesse là, malgré ce qu'on semble croire, elle ne donne pas sa pleine confiance comme ça.
A présent, il lui donnerait sa vie et espère bien qu'un jour il devienne autre chose qu'un simple page à ses yeux. Bon, il avait espéré longtemps qu'un jour il se marie avec, mais avec l'autre rouquin là, c'était compromis. Et Dieu que ça le faisait rager le petit Paul. Mais bon, pô l'choua comme dirait l'Edouard.

Il entraina donc Briana dans les méandres des couloirs du Palais. Sans lui lâcher la main. Dès qu'ils croisaient un marmulon, comme ils aiment s'appeler, le Chef de bande lui présenta.
Il l'emmena alors aux cuisines, claquant une grosse bise à Joséphine, l'Intendante en chef, celle-ci leur apporta gâteaux et verre de lait.
Se mettant à table, il prit un vélin et une plume, inspirant profondément, il planta ses yeux noisettes dans ceux de la de Courcy et sourit.


Bon alors, tu veux lui écrire quoi à ta Maman ?


Briana.
Il en avait de la chance Paul. Il était grand. Il était le chef de la bande. Et en plus, il savait écrire lui !
Elle ! Les seules lettres qu’elle était en mesure de tracer parfaitement n'étaient autres que celles qui composaient son prénom… Chose dont elle n'était pas peu fière cependant.


Les petites guiboles de Briana avaient suivi les pas entraînant de son guide au travers de longs couloirs, continuant à s'engouffrer dans les fins fonds de la bâtisse et ce fut essoufflée, elle plutôt que lui, qu'ils arrivèrent dans un nouvel endroit.
Et quel endroit ! Les cuisines.

Il y faisait agréablement bon. Les fourneaux en marche dégageaient une douce chaleur et les aliments qui y avaient cuits avaient emplis la pièce d'une délicieuse odeur qui ne manquait pas de lui mettre l'eau à la bouche. Elle fut d'autant plus ravie lorsqu'elle vit qu'on leur servait lait et une assiette bien fournie de quelques gâteaux encore tout chaud.

Installée près de Paul, elle salivait d'envie devant ces petits trésors qu'elle prenait plaisir à regarder mais qu'elle apprécierait davantage d'engloutir. Prête à porter la main à l'assiette n'en pouvant plus de retenir sa gourmandise... elle stoppa son geste pour venir soutenir le friand regard de Paul.
Ce qu’elle aurait voulu écrire à sa mère ?
Tant de choses qu’elle aurait préféré pouvoir narrer elle-même au travers de sa missive… Mais parce qu’elle ne savait pas encore user de la plume, cela lui était tout bonnement impossible.

Il lui faudrait raconter bien des choses mais elle tâcherait de faire un condenser. Faudrait surtout pas que les gâteaux encore tout chaud refroidissent de trop. Prenant appui de ses petits coudes sur la tables, se plaçant à genoux sur sa chaise, le corps à demi tenu au dessus de la table et fixant le vélin encore vierge.



" Z'ai plein de ssoses à lui raconter... "


Moue froissée sur le petit minois enjoué, les azurs vont se percher en l'air, comme si l'inspiration se trouvait dans les poutres soutenant le plafond...


" Mais ze sais pas par quoi commencer..."
--Paul...


-

Ah ben on écrit c'que tu veux hein. C'toi qui dit. Chais pas c'qu'on dit à une maman moi, j'en ai pas.

Large sourire qui claque. Mais un peu pour faire genre quand même. Ben ouais, il est orphelin le Paul, il s'en souvient juste un peu de sa maman. Juste son odeur, juste la douceur de sa peau. Mais pas son visage, même si parfois dans ses rêves, il voit le visage d'une femme, mais trop flou, trop loin, mais si beau. Oui voilà, le plus beau visage du monde.
Ça lui fait toujours un peu bizarre quand il voit les autres marmules avec leurs parents. A bien y réfléchir, il est le seul à être tout seul. Ça lui donne un statut de presque adulte. Pas pour rien qu'il est le chef hein. L'est libre lui, l'est le chef de sa vie déjà. Même s'il dépend encore beaucoup de la Comtesse. Mais il sait qu'il pourrait se débrouiller tout seul le jour où elle ne voudra plus de lui. Parce qu'un jour ça arrivera, c'est obligé. Un jour, il ne lui servira plus, alors elle lui dira de partir. Et puis avec l'autre rouquin, ça ne serait tardé. Elle est déjà moins avec lui, l'est tout l'temps avec l'autre.

Son sourire se terni en y pensant et il prit un gâteau pour cacher le trouble qui venait de lui vriller le ventre.
Soupirant profondément, il haussa les épaules et trempouilla la plume dans l'encre avec le petit doigt levé pour faire style.


Bon alors... vas-y ch't'écoute mais parle doucement hein...

Et c'était partie, la môme commença son récit. Le blondinet tout concentré sur son vélin, plissant les yeux, tirant la langue tout appliqué à ce qu'il essayait de suivre. Bon... il n'aura pas tout noté hein. Elle avait fini par parler trop vite la bavarde, mais il avait mis l'essentiel. Pis de toute façon, elle ne sait pas lire, elle ne pourrait pas vérifier.
Finissant donc la lettre, il plia tout ça et la mis dans sa chemise.


J'la donnerais à la Comtesse pour qu'elle la donne à ta Carre en Sac et qu'elle l'envoie à la maman. Tu viens ?

Sans vraiment attendre son accord, il se leva et la pris par la main, l'entrainant alors dans les couloirs. Lui nommant chaque pièce, chaque bureau pour qu'elle puisse se repérer.

Han mais mais... c'est l'heure de... Viens viiiiite !!!

Sans lui demander, il la prit dans ses bras et accéléra le pas visiblement plus que pressé. Au fur et à mesure qu'ils approchaient d'une pièce entrouverte, une chanson se faisait entendre. Une chanson reprise en chœur, en boucle, sans discontinuer. Il reposa la Princesse sur le sol et poussa la porte d'une pièce qui ressemblait à une salle de classe sans vraiment l'être. Au milieu de tout un groupe d'enfants qu'ils avaient déjà croisés, une grande dame longiligne chantait et faisait des gestes tout sourire. Les marmules reprenant à sa suite, visiblement ravis de la leçon.

Le Paul, tout sourire, dandinant de la tête, regardait les petits bouts qui apprenaient leur alphabet en chantant. Il reporta son attention sur Briana et lui fit un clin d’œil et s'accroupit à ses cotés, chantant à son tour et faisant les gestes, comme pour l'inciter à faire de même. Pour qu'elle ose.
Puis la leçon de français s'arrêta et on passa à la leçon du corps et surtout pour se défouler. Toujours en chanson. Cette fois-ci, il la prit pas la main et l'entraina avec lui pour se fondre au milieu des enfants et faire comme eux, suivant la chorégraphie qui se répéta plusieurs fois dans de grands éclats de rire, surtout à la fin quand tout s'accélère.

Ben oui c'est ça la vie du Palais Comtal quand celle qui règne adore la musique et que son partie politique a pour nom... RITM.



Briana.
[Dans la tête de la blondinette… Improbable idée : Un profitable échange… et si et si ?]


Tout ! Il avait tout ce que Briana aurait aimé trouver chez son frère. Erwan… huit ans, tout comme Paul, la chevelure tout aussi dorée, le même engouement pour ce qui était de jouer, sauf que…
Il y avait un « mais ».

Erwan, contrairement à Paul ne portait guère trop d’attention à elle. Il préférait s’amuser sans elle, cherchant par tous les moyens à pouvoir s’en débarrasser. Tout les prétextes étaient bon pour la repousser :


« Tu es trop petite Briana… C’est un jeu pour les grands et pas pour les bébés »

Ou bien encore :

«  C’est pas pour les filles ça… les filles ça jouent à la poupée et pas à l’épée… »


Petit haussement d’épaules au travers ses pensées le temps de les chasser. Un jour ou l’autre, elle lui prouverait que ce qu’il disait ne pouvait se justifier. Elle resterait toujours la petite à ses yeux, normal… il était l’aîné… Sauf qu’un jour, elle serait une grande. Comme Maman. Même que Maman elle le lui disait que bientôt elle serait aussi grande qu’elle. Et pour ce qui était de l’épée, elle apprendrait à la manier comme leur mère.

Chassant ses songes, elle ne décollaient pas ses prunelles qui était restée figé sur le blondinet.
Qu’est-ce qu’elle aurait aimé qu’Erwan soit comme lui. Ah ça oui !
Rien que cette pensée fit germer en sa petite tête une drôle d’idée. Et si elle échangeait son frère avec Paul ? Elle se doutait bien que Maman apprenant cela désapprouverait mais qui ne tentait rien n’avait rien. Elle ne perdrait rien à essayer. Et puis ça ne serait qu’un prêter pour un rendu. Erwan ne se privait pas de son côté, cherchant à la vendre, voir même à la donner…
Le moment venu, elle en toucherait quelques mots à Paul. Celui-ci accepterait peut-être le marché.


La leçon du corps terminée, la ribambelle d'enfants qu'ils étaient s'étaient de nouveau échapper courant et criant dans les innombrables dédales du château comtal, amusés d’entendre l’échos de leur voix résonner. Ils n’avaient pas oublié non plus de rendre une nouvelle fois petite visite à Josephine pour aller assouvir une envie de se régaler de quelques bons gâteaux qu’elles avaient pris soin de leur préparer.

Et tout ceci avant un retour en chambre. Briana avait entraîné Paul avec elle, certaine d’y trouver Carenza. Ainsi il avait pu remettre la missive qu’ils avaient rédigé un peu plus tôt afin qu’elle puisse l’envoyer à Maman. Cette dernière c’était sitôt chargée d’aller la faire transmettre la laissant à la bonne garde de Paul.
Se retrouvant seule avec le blondinet, elle allait profitait de l’absence de sa gouvernante pour mettre Paul au courant de sa dernière idée.



«  Paul ! Z’ai une idée… »


Une idée qui s’avérait être une sacrément bonne affaire pour elle… Mais qu’en serait-il pour Paul ? Il avait l’air d’apprécier vivre ici, près de la Comtesse… Il semblait être des plus heureux, mais il pourrait l’être tout autant s’il s’en venait vivre chez elle. Bien décidée, elle se lança à lui faire sa proposition :


« Tu voudrais pas venir avec nous à Dieppe quand ma Maman viendra me ssersser. Et en éssanze, pour pas que Karyaan elle soit triste et ben ze lui donnerai mon frère… Erwan. C’est pas une bonne idée ? »


Sautillant sur ses deux pieds, les mains s’agrippant à celles de Paul, elle souriait pleine d’espoir.
Deedee
[Le début d’un court voyage – Pour revoir sa princesse...]

Elle l’avait longtemps attendu la missive de sa petite princesse, des nouvelles de son précieux trésor. Voila des semaines qu’elles auraient du être de retour, des semaines qu’elle aurait du la serrer dans ses bras et gouter ses petit baiser sucrée d’enfant, sentir son parfum de bébé et la douceur des ses cheveux doré. Et la missive était arrivé enfin, une écriture fine, appliqué, une écriture d’enfant a n’en point douté, mais surement pas celle de sa princesse, mais qu’importe. Adeline s’était délectée de cette petite missive, dévorant chaque mot avec le sourire d’une maman comblé, fier de sa progéniture.

Elle allait bien. C’était la le principal. Elle était entre de bonne main, c’était tout ce qu’elle désirait. Pensez vous, la Comtesse en personne, elle n’aurait pu espérait meilleurs personne pour veiller sur sa petite princesse. Mais malgré tout cela, même en la sachant si bien, Adeline ne pouvait la laisser plus longtemps si loin d’elle. Elle avait failli la perdre une fois, elle avait perdu sa petite sœur, elle voulait a tout prix la savoir près d’elle.
Alors profitant enfin de quelque jours que lui offrait cette trêve tant espérée, la jeune baronne prit la route seule, un matin froid bien décidé a revoir sa fille et la serrer dans ses bras.

Un plan parfais, un voyage court, rapide, elle devait être rentrée aussi vite qu’elle était partie. C’était ce qu’elle avait décidé. Les routes normandes elle les connaissait par cœur désormais, a force de les parcourir, de long en large en travers, le moindre chemin n’avait plus de secret pour elle, et c’est sans encombre qu’elle arriva à la frontière normande, faisant une courte halte pour écrire quelque missive avertissant qui de droit de son arrivée prochaine, et surtout pour rassurer sa petite princesse qui commençait a s’impatienter.
Elle pouvait déjà s’imaginer entendre la fillette poser moult et moult question : « C’est quand qu’elle arrive maman ? », « Elle va bientôt venir ? » ; « C’est aujourd’hui qu’elle vient ? », « Et pourquoi elle pas encore arrivée ».
Par Aristote elle plaignait d’avance son entourage. Et c’est dans un petit rire, songeant a ces doux instant qu’Adeline griffonna quelque mot sur un parchemin avant de reprendre sa route, plus presser que jamais.

Mais voila, la frontière à peine passé, la nuit tombé, sombre et sans lune, elle ne vit pas arrivé cet individu qui dans un geste de traitrise, attaquant par derrière sans lui laisser le temps de riposter, l’attaqua sans autre forme de procès.
Un coup reçut et la jeune femme tomba a terre se brisant le bras, elle se releva tant bien que mal essayant de se défendre, riposter, mais un autre coup au visage l’envoya de nouveau a terre et la suite…. La suite fut un trou noir et une chute interminable vers le néant.

Ce n’est que bien des heures plus tard, blessé, meurtris et transi de froid qu’elle se réveilla, la tête douloureuse. Le malfrat était parti, la laissant inanimé au bord de la route.
Adeline se releva tant bien que mal, une seule idée en tête, gagné une auberge au plus vite pour se soigner et se réchauffer…



[Argentan – Un peu de repos…]


Le bras en écharpe, un bandage de fortune à la tête, Adeline se reposait tant bien que mal dans cette auberge d’Argentan, écrivant ici et là les missives destinés à avertir les autorités de la présence de brigand sur les routes, mais aussi, et surtout pour avertir d’un possible retard sur son arrivée.
Elle s’en voulait la brune de faire languir encore et encore sa petite princesse, mais elle lui avait promis, ce ne serait que l’affaire de quelque jours. Rien de plus. Juste quelque jour. Le temps de reprendre des forces, soigné ces quelques blessures et tout rentrerais dans l’ordre.
Enfin…. En théorie. Parce qu’en pratique, tout ne se passa pas comme elle l’avait décidé la baronne. Après une courte nuit de repos, la fièvre venant se mêler à la douleur de ses autres blessures, Adeline dut se rendre à l’évidence que son voyage était plus que compromis.

Si elle voulait revoir sa fille, la serrer dans ses bras et la couvrir de tout cet amour que seules les mères peuvent apporter à leur enfant elle devait, pour une fois, écouter son corps et les propres conseils qu’elle donnait à ses patients…
Il lui fallait des soins, des remèdes et du repos. Beaucoup de repos.

C’est donc la mort dans l’âme, le cœur en peine et l’esprit torturé par la fièvre qu’elle rédigea tant bien que mal une dernière missive, avertissant de son retour en Normandie et priant, suppliant même pour que l’on n’inquiète pas inutilement sa petite poupée sur l’état de santé de sa maman…

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Briana.
[Bien des semaines plus tard - A l'heure des Au Revoir ]

Elle, qui pourtant, avait tant espéré voir venir ce moment, s'était soudainement mis à le redouter. Mais puisqu'il était impossible d'empêcher le temps de s'écouler, l'heure du départ avait fini par sonnée.
Depuis plusieurs jours date était fixée et leur séjour au Mans prendrait fin en cette nuit qui déjà s'annonçait. Ne restait plus que quelques heures à profiter des lieux... Une heure. Deux tout au plus... Tout juste le temps pour eux de faire leurs adieux. Redoutable instant pour Briana... Inévitable.
Non pas qu'elle n'ait plus eu le souhait de rentrer en Normandie, car rien n'aurait pu amoindrir l'envie qu'elle avait de revoir ses parents, mais les liens qu'elle avait tissé avec quelques personnes rencontrées ici s'était avérés plus profond qu'elle n'aurait pu imaginer.

Sans émettre ni plus ni moins qu'un profond soupir lorsque Carenza lui demanda de l'accompagner, elle se leva, quittant le bord de la couche dans laquelle elle avait passée bon nombre d'heures à dormir confortablement. Le regard planté sur leurs malles déjà bouclées, elle observait, les allées venues des gens de la Maison qui s'employaient à faire mener leurs effets. Puis s'était fait entendre un nouvel ordre :



" Allons Briana... Il est temps d'aller faire vos Adieux. Le temps passe vite et il ne nous en reste que peu avant que nous n'ayons à partir. La Comtesse vous attend."


Karyaan... C'est en pensant à elle que Briana quitta les lieux se faisant accompagnés par Paul et toute la Tribu que représentait les Marmules. Bande qu'elle prendrait plaisir à retrouver lorsque l'occasion se présenterait. Au pas de course, elle avait ensuite filée laissant traîner loin derrière elle Carenza et Erwan. Il ne lui restait plus beaucoup de temps à passer ici. Chaque secondes comptait. Elle n'avait qu'une envie alors : pouvoir en profiter encore.

Rapidement, elle avait rejoint la taverne où ils avaient pour habitude de se réunir, passant ensemble de bons moments... Des moments pour rires, pour parler... pour jouer, se câliner. Arrivée en compagnie d'Erwan, leur gouvernante les avaient alors laissée pour rejoindre leur escorte en vu de s'affairer aux quelques derniers préparatifs d'avant départ, sachant qu'ils seraient en sécurité avec leur hôte.
Sitôt le seuil franchit, Briana s'était faufilée dans les bras de ceux qu'elle avait tant appréciés. Guilllaume, doté d'un humour sans pareil... Zuto, toujours bienveillant et près de qui elle se sentait en sécurité... et enfin Karyaan qu'elle voyait comme une seconde maman... une marraine de coeur toujours là à lui donner de son temps, de ses sourires, de sa tendresse. Tout ce dont avait besoin Briana en ces temps ou SA Maman, venait à lui manquer terriblement.

Dur il était pour elle de dissimuler sa peine d'avoir à les quitter, retenant dans ses petits yeux des larmes qui n'avaient d'envie que de s'échapper, mais elle avait promis ne pas pleurer. Alors elle s'était retenue. Puis la tristesse avait fait place au bonheur lorsque d'une main tendue, elle avait reçu un présent. Cadeau de la part de Zuto et de Karyaan. Ses petits doigts s'étaient empressés le découvrir laissant apparaître à ses yeux un précieux. Un pendentif fait de métal que Zuto avait lui même travaillé de ses mains et à l'intérieur duquel se trouvait une magnifique pierre noire, petit bout de tourmaline arraché à celle que possédait Karyaan. Il n'aurait pu exister plus beau cadeau pour elle. Noué autour de son petit cou, c'était finalement comme si elle emportait un peu des deux avec elle. La peine se faisant alors moins lourde à porter.

Et l'heure de partir était arrivée. Ses petites mains tenues dans celles de ses protecteurs, elle avait rejoint les portes de la villes retrouvant leur escorte composée de Chevaliers d'Ordre Royaux tel que les Licornes ou bien encore les Dames Blanches. Ce fut d'ailleurs derrière l'une d'elle que Briana prit place après les dernières accolades promettant d'être bien sage. Karyaan avait fait intervenir de ses proches connaissances et pour rien elle ne voudrait la décevoir et encore moins ces Chevaliers sur qui elle portait un oeil vivement intéressé. C'est qu'elle s'était depuis quelques jours mise en tête d'intégrer l'Ordre des Licornes dès lors qu'elle en aurait l'âge. Et quand Briana avait une idée en tête elle ne l'avait pas ailleurs.

Ce fut donc en toute sécurité qu'ils se mirent en route direction l'Alençon, se retournant une dernière fois, le temps d'agiter encore une fois sa petite main et de voir s'éloigner les silhouettes qui ne tardèrent pas à devenir invisible dans la nuit noire.
Le plus dur était passé... Des adieux qui n'en étaient pas vraiment puisque bientôt ils seraient amenés à se revoir. A cette idée, un petit sourire se laissa deviner et ses petits yeux fermés, elle se laissait bercer par le rythme de leur chevauchée songeant à leur périple à venir et aux futurs retrouvailles qui s'annonçaient...





[ Après un passage par Alençon, une halte à Argentan]

Après deux jours de voyage, ils arrivèrent à Argentan en compagnie des troupes militaires qui les accompagnaient. Une halte s'annonçait et était la bienvenue. Elle leur permettrait à tous de se dégourdir un peu les jambes et surtout pour Briana, de soulager son petit fessier. Deux jours haut perché sur le dos d'un destrier n'était pas sans douleurs. Enfin douleurs qu'elles ne sentaient plus puisque son fessier non plus.

Annonce faite de leur arrêt, elle s'en était aller vaquer dans les alentours. Tout y était passé ou presque... Ses petites jambes la menant tantôt sur la place du marché, tantôt dans quelques tavernes où là encore elle avait pu converser avec d'autres Chevalier "Licorneux" pour son plus grand plaisir. Près de l'Église en reconstruction. Projet qui avait l'air de faire revivre la ville au vu de l'investissement de la population.

Le temps étant vite passé, s'apprêtant à rejoindre le campement, elle était tombé nez à nez avec leur nourrice qui s'en venait missive à la main. Après un bref échange, elle lui dévoila le contenu de la lettre :


" Nous allons devoir nous passer des services de notre escorte. Le devoir, malheureusement pour nous, les rappelle... "


Sur ordre du Connétable de France, les troupes armées qui les accompagnaient se devaient de les abandonner pour aller exercer leur activité première : défendre le Royaume. Comprenant la décision, Briana se demandait comment à présent, ils s'en iraient rejoindre la Normandie.


" Et pis nous alors? Carenza... on fait quoi maintenant ? On rencre plus alors ? Qui qui va nous emmener ? Y a falloir que on attend encore longtemps dis ? "


Subitement, elle s'était sentie comme abandonnée et puis les mots de la nourrice s'étaient fait rassurant :


" Nous allons rentrer. Ne vous en faites pas. Notre voyage ne s'arrête pas là voyons. Bientôt vous serez auprès de la Baronne. Mais avant cela, il nous faut attendre d'avoir une autre escorte qui pourra nous accompagner. Et figurez-vous que celle-ci est en chemin. Votre mère ayant eu connaissance des derniers évènements s'est empressée de faire avertir votre père qui à fait mander le Capitaine Royal de Normandie, le Vicomte Pierre de Courtalain. Il s'en viendra bientôt. Soyez-en certaine. "


Rassurée de l'apprendre, Briana esquissa un sourire et attrapant vivement la main de leur gourvernante, elle l'entraîna au travers les venelles d'Argentan.


" Il nous faut crouver Erwan pour le lui annoncer. Il va être déçu le pauvre que on reste pas avec les ssevaliers. Et pis faut que on crouve un endroit où dormir maintenant... "


Elles se devaient de retrouver Erwan, après quoi elles se présenteraient dans les quelques auberges de la cité en vue de trouver une chambre libre qui pourrait leur être allouée le temps de leur séjour forcé...
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--Carenza



[ A Argantan - En attendant ]

Erwan avait été retrouvé et averti du revirement de situation, les vivres confiés avaient été sortie des fontes de l'armée... Ne restait plus désormais qu'à trouver bon endroit où loger durant le séjour qu'il se devait de faire à Argantan. Et ce fut chargée comme une mule que Carenza avançait dans les venelles de la cité, accompagné de près par Briana et Erwan.

Dès lors qu'une auberge se présentait à eux, Carenza déposait là, au devant la porte, leurs bagages, les confiant à la surveillance des deux enfants, tout en prenant soin de laisser porte grande ouverte afin que de loin elle puisse veiller du coin de l'oeil.
Et à chaque entrée, les gestes se répétaient. Regard qui scrute l'endroit pour se faire une idée sur la fréquentation des lieux, sur le confort qu'ils pourraient y trouver. Si l'endroit s'avérait être de mauvaise augure, après brève salutation au tenancier, la gouvernante s'en retournait sans en ajouter davantage invitant les enfants à poursuivre leur recherche. A contrario, si l'auberge visitée se voulait être de bonne fréquentation, la gouvernante s'avançait faisant demande d'une chambre . Mais voilà que par manque de chance, toutes semblaient être occupées.

Entraînant les enfants vers une petite taverne, qui semblait être leur dernier espoir, Carenza poussa la porte invitant les enfants à la suivre. L'endroit était petit mais visiblement bien tenu. Cela saurait faire l'affaire pour le temps qu'il aurait à rester. Quatre à cinq jours environ. Seulement, fallait-il encore qu'il reste chambre libre qu'ils pourraient louer.
Pleine d'espoir elle s'était avancé près du comptoir derrière lequel se tenait le tenancier qui, le dos tourné à leur entrée, s'affairait à replacer quelques chopes propres sur des étagères de bois.
Posant bagages à terre et saisissant les mains de Briana et Erwan dans chacune des siennes, elle interpela le tavernier :


" Le bonjour Tavernier. Nous cherchons une chambre libre où nous pourrions loger le temps de notre séjour en votre ville. En auriez-vous une de libre dont nous pourrions disposer ?"


Sur ces mots, l'homme à la stature imposante s'était retourné posant sur eux un regard sombre venu s'attarder sur les enfants.


" B'jour ma p'tite dame... Une chambre pour trois.. c'bien ça que vous cherchez... J'n'ai bien une que j'peux vous proposer mais j'm'en va vous prév'nir d'suite. J'veux pas d'chantier. J'espère qu'vous savez les t'nir vos moufflets là. Parc'qu'si y a une seule chose d'cassée... ben vous faudra l'payer. L'proprio y rigole pas avec ça lui. Des garn'ments comme les vot', il s'en mange dix au petits déjeuner !"


Il avait poursuivit interpelant une jeune femme qui s'activait au service de quelques clients présent :


" Et toi ! Maude ! Quand t'as fini avec eux... t'mont'ras les bagages d'nos arrivants. Tardes pas !"


L'accueil bien que surprenant, Carenza n'eut autre à faire que d'acquiesser. Il ne pouvait pas passer leur nuit dehors. Suivant le tavernier qui déjà s'était précipité vers un escalier qui menait à l'étage, elle ne manqua pas le rassurer quant aux enfants dont elle tenait toujours la main :


" Soyez rassuré. Nul besoin sera de les tenir. Ce ne sont pas là des animaux que vous voyez. Mais des enfants de bonne famille et bien élevés."


Clé en main et porte ouverte, le voilà la confiant à la gouvernante.


" Des mioches ! Pour moi ça reste des mioches ! Tous les mêmes... Et maintenant j'espère qu'l'endroit il vous conviendra... parce que j'ai plus qu'ça. Sur ce... j'm'en r'tourne en bas. "


Durant quelques secondes, Carenza le regarda s'éloigner avant de s'en défaire du regard et de mettre un pied dans la chambre invitant les enfants à entrer avec elle.
La chambre bien que petite et sans grand luxe suffirait à leur séjour et après s'être assuré du confort des enfants, elle s'atabla à un petit pupitre qui meublait la pièce et entreprit rédiger un courrier à celui dont ils attendraient l'arrivée... Le vicomte Pierre de Courtalain... Impatients.



Citation:

A l'intention du Vicomte Pierre de Courtalain,

Sire,

Je me permets de prendre contact avec vous suite à une missive reçu de la part de la Baronne de la Haye du Puits, Dame de Courcy, m'informant de votre venue ici, à Argantan, dans le but de nous rejoindre et de nous faire escorte jusque Dieppe par la suite.

J'ose croire que depuis, vous ayez décidé de prendre la route et que votre périple se déroule sans encombre.
Nous serons à même de vous rencontrer, nous l'espèrons très prochainement, dans une des auberges de la ville où nous avons pris demeure le temps de notre séjour.

Puissiez-vous faire bonne route.

Cordialement

Dame Carenza
Gouvernante des enfants de Courcy




Le pli rédigé, et soigneusement reférmé, elle confia ses mots lorsque la jeune femme aperçue un peu plus tôt au rez-de-chaussée fit son entrée après avoir été invitée à le faire.


" Veillez à trouver un messager pour faire parvenir cette lettre au Vicomte de Courtalain. Celui-ci devrait être en chemin pour venir à notre rencontre. Faites lui savoir qu'il sera récompensé une fois le service rendu."


" Très bien Madame. J'y vais de ce pas."


Après un sourire, la gouverante s'était levée pour aller refermer derrière elle la porte de la chambrée. Les enfants assoupis sur leur couche, elle alla s'installer dans le seul fauteuil qui se trouvait là. Des bagages, elle s'en occuperait plus tard après s'être octroyer un petit repos qu'elle trouvait bien mérité.
Erwan.
Quand les pirates ennemis avaient attaqués la Normandie, Manou m’avait envoyé en sureté en Alençon. En sureté. Pfff. Je voulais me battre moi. Je serais chevalier quand je serais grand. Peut-être pirate aussi. Je fonderais un ordre de chevalier pirate, voilà. Ca existe pas encore et ça serait génial.

Mais les mamans, ça comprend rien.

Je me sentirais mieux si tu es à l’abri, mon grand, qu’elle avait dit. Sans compter que les moines, ça sait pas se battre et s’ils se font attaquer, ils auront besoin de toi.

Et elle m’avait donné une petite épée juste à ma taille avec un beau fourreau. En bois d’accord, mais c’est une super épée quand même, sculptée et décorée. Avant de me faire monter dans une charrette. Elle sait toujours me prendre par les sentiments Manou.

Bref, je m’ennuyais ferme à l’abbaye depuis des semaines (en tout cas, maintenant c’est sûr et certain, je serais jamais moine) quand elle m’avait envoyé un pigeon pour me dire de rejoindre ma petite sœur Briana au Mans. Parce que elle, elle était pas chez les moines. Dans le château de la comtesse (rien que ça), elle habitait. Nan, je suis pas jaloux. Bon d’accord, un peu quand même. Pourquoi on m’a pas envoyé dans un château moi, hein ? J’aurais pu aller avec Briana non ? Pffff vraiment pas juste.

J’avais débarqué au Mans avec mon escorte monastique, pour apprendre qu’on allait rentrer en Normandie avec les armées royales. Chouette!

Apparemment, ma petite sœur avait bien réussi à se mettre tous les manceaux dans sa poche. Là j’admire. Elle est repartie avec plein de cadeaux. Alors le bijou ça, ça va. L’est très beau d’ailleurs. Je lui ai même donné une ficelle pour qu’elle puisse le nouer autour de son cou (J’ai toujours plein de matériel dans ma besace. On sait jamais ça peut toujours servir, la preuve). Mais un tambour. A Briana ! Franchement ! Ca, c’est du sadisme ou je m’y connais pas.


Alors quelques jours après, on avait pris la route avec l’armée de Baile. Z’auraient pas pu prendre une armée commandée par un homme, parce que maintenant Briana elle se prend pour un chevalier.


Mais bon j’en avais bien profité quand même pour tout observer et noter dans ma tête. Comment ça marche l’intendance, la hiérarchie tout ça… Passionnant. Pour mon ordre de chevalier pirate ça me servira.
J’espérais qu’ils nous emmèneraient jusqu’à la maison mais ils nous ont laissé à Argentan.


Nous allons devoir nous passer des services de notre escorte. Le devoir, malheureusement pour nous, les rappelle... elle avait dit Carenza.

Apparemment, on allait rester là quelques jours, le temps que le Capitaine Royal de Normandie, le Vicomte Pierre de Courtalain arrive pour nous escorter le reste du trajet.

Carenza nous avait trouvé une auberge. Mais pas très sympa l’aubergiste.

…J'veux pas d'chantier. J'espère qu'vous savez les t'nir vos moufflets là…

Nanmého. Y nous prend pour qui lui ? Et il se prend pour qui aussi ?
J’ai eu beaucoup de mal à me retenir de lui coller mon épée sous le nez. Mais bon, ça faisait plusieurs auberges qui étaient complètes et si on voulait pas dormir dehors ou dans une écurie… Moi ça me dérange pas, mais les filles c’est autre chose. Et puis Briana était fatiguée.

Donc j’avais pris sur moi, mais il perdait rien pour attendre.

J’avais pris le lit près de la fenêtre pour regarder dans la rue. Briana s’était endormie à peine allongée. Moi j’avais regardé un moment dehors et puis surveillé Carenza qui s’était mise à écrire. Et mes yeux s’étaient fermés lentement.
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