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[RP]Troisième à gauche après le pont... Rue des Tisserands.

Cymoril
Lance a écrit:
Sans plus de cérémonies, Lance se dirige vers la porte, et, le dos tourné, peut parler sans trahir la lueur d'amusement dans son regard.
Et ainsi, j'en reviens à dire ce que j'ai dit en arrivant.. je vais vous laisser en tête-à-tête.
La bonne nuitée à vous deux, je vais.. rapidement inspecter alentour au cas où je tombe sur Cymoril.

Si vous avez besoin, je ne serais pas loin.. au moins pour l'heure à venir.
Et merci bien pour la proposition, cependant je pense m'en sortir seul.


Sans attendre une quelconque réaction, il ferme la porte derrière lui, et se dirige aussitôt vers sa boutique. Dans le pire des cas, il enverra son coursier prendre des nouvelles.
Le temps s'écoule, et il faut qu'il termine son charbon-antidote.
--Harlem..s
La porte de se refermer sur l'apothicaire...Avec son cortège d'allusions insaisissables. Et si Harlem se pose pléiade de questions sur les évènements de cette soirée, elle opte pour les noyer dans le fond d'une chope. Elle aime pas les infusions mais prend le temps d'user de ces petits sachets que la fourmi a abandonner là.

Une tisane glisse sur la table...

Voilà. Quelle soirée...

Elle prend siège, s'amuse à souffler un instant sur la mousse de sa boisson, coudes sur le plat du bois, dévisageant ce médicastre qui s'est invité façon autiste, sans jamais relever ses propos. A croire qu'il n'entend que ce qu'il veut. Un peu comme elle en somme...

Devriez boire tant que c'est chaud. Qu'est ce qui vous amène à Paris ?

Une gorgée dilue un peu l'inquiétude qui pourrait poindre de savoir une Cymoril à gros ventre et sans bouchon de par les rues de la capitale...Harlem jamais ne s'accroche laissant filer les aléas, adaptable au moment présent.

En tout cas vous avez bon métier...


Allusion à l'embonpoint du visiteur.


C'est pas plus cher assis vous savez.


Harlem sourit et désigne une chaise solide et massive.
--Bombastus.troubalduc



-Vous ne me semblez pas trop mal lotie non plus, jeune fille" lâche Bombastus en calant prudemment une chaise mourante contre la porte. Au regard d'incompréhension que lui jette son hôtesse, souligné par la modestie du logis et le chaos miteux du mobilier, le docte bonhomme répond avec suffisance:
- Eh bien je vois une jeune fille aux traits fins, à la stature équilibrée et par dessus tout, à la dentition saine. Signe d'évidente noblesse. Noblesse que vous semblez ignorer si j'en juge par vos manières de sorcière et votre cruel manque de savoir vivre. Une sauvageonne qui ignore son lignage; ou qui l'a refusé. En butte à la tradition familiale? En fuite pour cause de mariage programmé avec un vieux barbon scrofuleux? Ou petite bâtarde née à coté du château paternel?
Non! Votre charpente, solide certes, n'a pas la grossièreté de la roture. Noble vous êtes!


Comme la jeune femme continue de gober les mouches en l'écoutant, Bombastus Troubalduc, morphopsychologue dilettante, se croît autorisé à poursuivre.
- Je vois également sous ces couettes acquises probablement dans quelque couvent fort strict et niant la féminité en fleur, un petit toupet de poils au sommet de l'oreille. Signe d'ascendance terrienne. Noblesse campagnarde donc, pas encore corrompue par le souffle délétère des cercles du pouvoir royal. Ancienneté du lignage mais loin du trône... ce pourrait être, à votre accent, le limousin, guère plus au sud. Et à voir vos marchandises entassées ici et là, on pourrait vous croire vénale. J'en doute pourtant. Noblesse trop bien ancrée pour aimer l'or plus que ce qu'il procure. Je penche plutôt pour le goût du jeu, plaisir que peut provoquer le négoce.
Me trompé-je?


Toujours pas de réponse de l'intéressée qui ne sent même pas sa tisane refroidir entre ses mains.
- Mmmh, poursuivons. Ce soin à vous cacher dans la fange, je dirais que vous fuyez. Un mariage arrangé? Un parent abusif? Un titre écorné? Ou plutôt l'ennui des cours poussiéreuses. Oui! Je vois des cordages et des cartes marines. C'est l'aventure et le goût du risque qui vous animent. Et d'après votre animosité envers la gent masculine, je pense que vous avez eu maille à partir avec père, frère ou oncle. Abandonnée peut être?

Bombastus, qui avait tout au long de son exposé enlevé braies, pourpoint, et bas, avoir soigneusement plié ses effets en sa longue chemise qui lui conférait la grâce d'une danseuse obèse, s'assoit sur le lit moelleux et coiffe son bonnet de laine.

- En vérité vous êtes fort intéressante. J'aimerais beaucoup disséquer votre anatomie si d'aventure vous deviez succomber à la malepeste.
--Harlem..s
Harlem recula méfiante soudain! Elle savait parfaitement qui elle était et de n'avoir aucun lien avec un quelconque poulet de Loué!!!
Sait on jamais...La suavité de la réplique voila la contrariété, l'aigreur de son humeur soudaine. Elle n'aimait pas le discours, ni le portrait servi. Bien trop ressemblant à quelques détails près. Parceque cela ne faisait pas un Tout et que la demoiselle n'etait guère encline Ô naturel à se confier...D'ailleurs un qualificatif qu'on lui attribuait souvent sans quelle releve, c'était opaque. Et c'était bien comme ça. Y a que les gens qui vous connaissent qui peuvent vous faire du mal.

Oui. Completement. Du début à la fin vous vous trompez.
En fait j'appartiens à une organisation criminelle infame et sans pitié.
Gnignigni..


Harlem accentua le petit rire d'une expression franchement sournoise et énigmatique...Du lard ou cochon, le sérieux mélé au soupçon de plaisanterie...

D'ailleurs nous avons aussi quelques spécialistes en matière de dissection. Je suis certaine que vous aussi seriez sujet d'études passionant...Bien j'attend de la visite...

Glissa t'elle le plus naturellement du monde, un peu comme elle annoncerait que le diner était servi et la table mise.

Je vois que vous êtes au point du coucher. Vous verrez, plus calme que cette piece, tu meurres comme dit l'expression.

Harlem réouvrit cette porte qui grinça sournoisement, offrant au médicastre en chemise et bonnet sur la couche un regard et un sourire fin presque rassurant de simplicité.

Bien bonne nuit, faites de doux rèves surtout...

Et elle le laissa à son imagination largement alimentée, à l'orée du sommeil et des possibles. Retournant au bas de l'escalier sans bruit, légère. Le silence de la maison assurément était des plus rassurants, propice à la sérénité...
Parfaitement odieuse et inquietante Harlem l'était à ses heures.
Définitivement.
Demain, s'il n'avait pas foutu le camps par la fenêtre elle aurait ptet un boulot pour lui...
Question de vice. Mais à chaque jour suffit sa peine^^.
Pour l'heure la demoiselle était de nouveau de sortie...
Oiseau de nuit, quelques affaires secrêtes en zones d'ombres...
On la trouverait dans la cuisine au matin penchée sur une tisane fumante, une tartine à la main... pour peu que quelqu'un vienne...
--Bombastus.troubalduc


- 'Ne nuit..." dit le poussah du bout de ses lèvres pincées.

Cette petite sotte ne l'avait probablement pas écouté, sinon elle n'aurait pas réfuté sa belle théorie si hardiment avancée. Qu'importe si oui ou non elle était noble! Il n'en avait rien, mais alors absolument rien à faire. Mais la logique merveilleuse du raisonnement, la finesse de l'observation, et plus que tout la manière d'énoncer les faits et leur enchaînement était pour le moins remarquable!
De quoi passer à la Sorbonne devant les Grands Maîtres des Lieux.

Une vision céleste lui percuta le front comme un distrait percute un badaud. Lui Bombastus Troubalduc, Dr es Proctologie diplômé de la faculté de Montpellier, monté à Paris chercher gloire et honneurs, recevait de Sa Majesté les Palmes Académiques.

Pour avoir retrouvé par simple observation l'enfant caché que le Roy avait malencontreusement perdue... une petite peste à couettes et l'air mauvais....

... armée d'une hache et au ventre si proéminent qu'un diagnostic devenait effrayant...

...qui se met à parler de mort calme et paisible mais agite ses scalpels à tronc de bien horrible manière...

... alors que la porte, soigneusement calée d'une chaise branlante refuse obstinément de s'ouvrir, que la hache s'agite au dessus de son bonnet de laine et qu'un cri atroce surgit de la ruelle aux égorgeurs!!!
Enfin, couronnement dérisoire de la tragédie, le "plic ploc" ironique de la pluie passant par l'une des innombrables fissures du logis vient ponctuer la scène de points de suspension narquois.


- AAAAHH!

Le rêve cauchemardisant s'estompe, Bombastus ouvre un oeil glauque et larmoyant. Pas de hache prête à le débiter en rondins sanguinolents ni de monstre à couette pour le tourmenter. il est bien debout pourtant, main dodue sur la poignée de la porte, pendant que le "plic ploc" continue son air moqueur.

La seule différence est que dans son délire nocturne, la fuite provenait du toit, pas de lui.
--Berthilde_la_nourrice



Berthilde vaquait à ses occupations journalières.

Tenant une maison inoccupée depuis un long moment. Si elle n'avait de nouvelles récentes de ses maîtres, elle continuait de recevoir sa paye donc n'avait aucune raison de s'inquiéter pour son poste.

Toutefois, elle ne pouvait s'empêcher de se morfondre sans nouvelles du jeune maître. Elle qui l'avait perdu et avait failli à sa tâche, s'efforçait de n'en rien montrer lorsqu'elle sortait pour se promener dans les rues parisiennes.

La femme qu'elle était avait senti quelques regards malveillants de la part d'une vieille voisine dès les premiers jours de son arrivée, sans qu'elle comprenne pourquoi. Mais de nature solide, elle parvenait à ignorer la bique fripée et ses yeux de fouine qui la suivaient et espionnaient chacun de ses faits et gestes.

Il faudrait qu'elle songe à en parler à sa maîtresse. Peut-être aurait-elle une explication à ce sujet.

Chaque jour, elle ouvrait la maison à l'air frais, faisant entrer la lumière dans les pièces abandonnées. Puis elle dépoussiérait les meubles, rares, briquait un sol qui n'en avait guère besoin, changeait des draps propres pour des draps encore plus propres, décorait la table d'un bouquet acheté à un fleuriste qui s'amusait de la voir si souvent, et lui faisait des prix pour un sourire.

Mais elle languissait de revoir un jour la vie animer ces murs...
Cymoril
L'arrivée sur la capitale s'était faite à l'aube. Les dernières heures de voyage silencieuses, la jeune femme ayant le cervelet en ébullition, elle n'osait même plus regarder celui qui l'accompagnait.

Depuis ce baiser...

Une part d'elle palpitait pleine de vie, tandis que l'autre, poison insidieux depuis si longtemps en sa chair hurlait à la rendre folle. Et une terrible envie de chanvre pour calmer tout ce petit monde en caboche et tenter de retrouver un minimum de sérénité. Si tant est qu'elle y soit parvenue un jour depuis longtemps.

Le claquement sourd des fers du cheval, le grincement des roues sous le chargement de vins fins et autres produits de luxe, sur les pavés crasseux au fil des rues résonnaient et comblaient le vide du silence des voix.
A droite un boulanger ouvrait boutique, et une bonne odeur de pain chaud se répandait, tandis qu'un peu partout les volets commençaient de s'ouvrir, laissant apparaitre des visages encore alanguis.

Les Halles s'éveillaient. Et elle rentrait chez elle. Faisant le détour obligatoire par les ruelles avec la charrette.
Le petit portail de bois est ouvert laissant apparaitre l'arrière cour, et un dernier claquement de badine achève le voyage faisant pénétrer l'ensemble dans l'enceinte de sa maisonnée.

La brunette saute de sa place, s'empresse d'aller fermer le portail, et entreprend rapidement de décharger, après avoir lancé en direction de la porte de la maison :



Berthilde ? Vous êtes là ?

Un regard rapide et gêné en direction de Drannoc, alors que trotte en tête la petite phrase qui se répète, "Bon sang mais qu'est ce que je vais faire" et qu'une boule lui noue l'estomac.
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Drannoc
Il n'avait jamais mis les bottes dans la capitale du Royaume, de près ou de loin et il avait été frappé par la différence. Ses murailles, la taille de la cité encore endormie quand il avait observé l'étendue du haut d'une colline.
Un halo semblait entourer la vieille ville, comme des effluves d'activité de masse, de surpopulation. Et c'est en s'approchant peu à peu que les odeurs arrivaient jusqu'à eux et jusqu'à lui assaillir les sens dès la porte franchie alors que les rues ne grouillaient pas encore...
Au moins il échapperait ce matin à ça. Ruelles crasses et premières mines de citadins pouilleux il restait sur ses gardes, du haut de la charrette conduite par la Créature silencieuse. Il l'observait.

Un changement s'était opéré alors qu'il ne l'avait jamais senti venir, imaginant l'escorter simplement jusqu'à sa demeure et la laisser vaquer à sa vie, telle une maîtresse à distance, attentionnée. Goutant son corps en surface, laissant ses envies et son attirance paraître il avait ressenti sa propre humeur s'améliorer. Un peu moins distant puisqu'elle le lui avait permis il la trouvait moins ferme, presque supportable.

Enfin parvenus à destination il s'était jeté à terre, s'étirant tout en jetant un œil à la demeure. Plus qu'un pied à terre il découvrait un ensemble cohérent, presque luxueux. Et un peu à l'écart des rues malsaines dont il n'avait pas encore l'habitude il respirait d'autant mieux, détendant ses nerfs peu à peu.

Alors qu'elle lui jette un regard, il en perçoit la gêne presque habituelle qu'il apprécie. Il exécute un léger sourire qu'il pense agréable et lui rétorque, immobile :


- Vous me montrerez ma chambre...


Un instant après, amusé :

- Cette Berthilde...j'espère qu'elle ne propose pas que du pâté de cadavre....
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Hydrae
Cymoril
Un sourcil haussé alors qu'il prétend se la jouer invité de choix. Non mais. Qu'il ne cherche pas trop non plus, les cordes sont toujours là, et elle pourrait maintenant y adjoindre des fers, ce qui serait tout à fait seyant.

Oui, on va faire ça... Pas question que vous avoir dans les pattes toute la sainte journée !

Un sourire entendu en direction de Berthilde qui vient en sa direction et entreprend de l'aider à décharger en lançant des regards dédaigneux vers l'homme qui laisse sa maîtresse s'échiner sans lever le petit doigt.
Quelques paroles échangées entre les deux femmes, instructions données et une maisonnée qui reprendrait presque vie. S'il ne manquait l'essentiel.


Suivez moi !

Le ton est certes directif. Mais elle ne va pas prendre des pincettes à chaque fois qu'elle lui parle. C'est à prendre ou à laisser. L'entrée de la maison par l'arrière cour se fait dans la cuisine, qu'elle traverse sans s'y arrêter, effleurant d'une caresse la grande table de chêne. Arrivée dans la grande pièce, elle désigne l'escalier montant à l'étage.

Prenez la première chambre en haut ! Berthilde vous amènera le baquet et de l'eau... Ca soulagera tout le monde !



Avant de retourner à ses occupations, un sourire satisfait accroché aux lèvres.
Sitôt les premières tâches accomplies et un solide petit déjeuner avalé, elle était ressortie dans l'arrière cour puis dirigée vers les portes closes depuis si longtemps de la forge. Le coeur battant, une certaine appréhension à l'estomac, la réouverture se fit dans un long grincement de gonds un poil attaqués par la rouille.

Et la lumière inonda la forge, révélant des murs froids et couverts de poussière. Un soupir lui échappa. Ses mains vérifièrent qu'aucune mèche ne sortait de la lourde tresse, alors qu'elle balayait la pièce du regard. Puis elle se mit en action. Commençant par ranger, trier, que chaque chose fut à nouveau à sa place, avant de lancer le feu et d'effectuer plusieurs aller retour au puits afin de remplir le tonneau.

Et tandis que les murs s'imprègnent de chaleur retrouvée, et qu'elle alimente sans cesse le feu pour avoir suffisamment de braises, elle délaisse tout ce qui lui pèse depuis si longtemps. Ici tout est simple, limpide et magnifique.

Le tablier de cuir passé par dessus la chemise de lin, mains gantées, le regard illuminé par la sublimation des flammes, elle est déjà toute à cette lame grossière qu'elle va plonger dans la fournaise, imaginant la forme qu'elle devra avoir, calculant la longueur et la largeur adéquates à la main qui la tiendra.
Et lorsque les flammes se meurent enfin et que le morceau de métal se trouve plongé dans ce coeur rougeoyant commence enfin la magie des éléments. La pièce s'emplit de cette symphonie carillonnant si particulière, du marteau frappant le fer incandescent, sans relâche, l'étirant et le faisant prendre forme. Des heures durant, elle jouera de cette mélodie, étourdissante aux tympans, splendide de couleurs d'étincelles et de flammèches, de la pince qui retient le métal sous les coups, de l'enclume qui résonne, du crépitement des braises sous la caresse du soufflet qui les anime, concerto au tempo régulier, donnant naissance à cette ébauche de lame martyrisée sur l'autel de métal, vibrante sous le marteau. Le fer n'en finit d'être battu, réchauffé, martelé, plié, replié, encore et encore pour lui assurer une solidité sans faille, l'oeil traquant sans répit la moindre imperfection, rougit, trempé, nombre de fois, jusqu'à ce qu'enfin le résultat soit satisfaisant.
La journée s'achève dans la vapeur provoquée d'une lame brûlante dans un tonneau d'eau claire.

Les portes sont closes. Demain il sera temps pour en finir avec l'ouvrage.
De retour dans la cour, elle s'arrête au puits. Elle est en sueur, une mèche échappée collée sur la joue, tout comme la chemise qui lui fait une seconde peau. Les muscles en feu, elle remonte un seau, en boit quelques gorgées avant de s'asperger le visage, pour calmer ses joues en ébullition.

Une longue inspiration pour remplir ses poumons d'air frais, dans cette fin après midi cuisante de juillet. Les quelques mètres qui la séparent de la cuisine sont vite effectués, et elle y retrouve Berthilde, affairée.
Et tout en croquant dans une prune mûre et juteuse à souhait, elle glisse à la matrone :


Berthilde... Auriez vous la gentillesse de me préparer le baquet dans ma chambre je vous prie ? Je suis vermoulue...
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Drannoc
Fin du voyage, abrupte comme la chute de leurs tentatives d'échange. Il a pénétré à sa suite, impassible et un peu trop las pour rétorquer quoique ce soit, observant les traits de la demeure comme pour s'isoler dans un monde.

- Prenez la première chambre en haut ! Berthilde vous amènera le baquet et de l'eau... Ca soulagera tout le monde !


Il esquisse un sourire entendu en sa direction, négligeant l'habituelle raideur de son hôte. Il salue la bonne d'un geste bref et s'échappe par l'escalier d'un pas décidé, ôtant sa robe dès les premières marches. Maison féminine où il n'a pas sa place il envisage cependant l'eau avec soulagement. Pourtant lorsqu'il pénètre dans la pièce il s'écroule sur le lit, s'octroyant un répit où le silence et l'inconscience le gagnent rapidement...

...

...Émergeant peu à peu il s'aperçoit qu'une bassine d'eau trône et le veille au pied du lit. Il fronce les sourcils mais se résout, se décrasse et revit. Au réveil il aurait su s'accommoder de la servante mais il l'oublie déjà. Et alors qu'il enfile quelques vêtements propres il observe par une fenêtre une ville qui bouillonne, qui l'attire étrangement.

Il descend silencieusement et griffonne à la cuisine quelques mots maladroits pour "sa" Créature : J'aime et vous revient plus tard. Dran.
S'éclipsant sans bruit il foule ses premiers pavés parisiens, glissant son regard le long des vastes murs et du ciel gris...hume l'enfer et s'enfonce pas à pas le long des rues, plus avant au cœur de la cité...

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Hydrae
--Berthilde_la_nourrice



Et Berthilde avait effectué toutes les tâches qui lui avaient été données.
Un tour, large, dans les Halles. En quête de divers mets et produits. Pour le cygne, madame devrait reporter, ce n'était pas une denrée si courante sur le marché populaire. Il aurait fallu passer commande avant. Elle avait dégoté une autre viande, et espérait que cela serait satisfaisant.

Toutefois elle se demandait pour quelle raison sa maîtresse se donnait autant de mal pour un butor. Car c'était bien là ce qu'elle pensait de ce type. Et même si elle devait se résoudre à lui donner du "sieur" elle espérait bien qu'il ne serait jamais... "monsieur".

Ses provisions déposées en cuisine, elle avait monté le baquet dans la chambre, considérant l'homme qui ronflait sur le lit, vautré à demi vêtu... Alors que madame était au labeur. Un "Tsss" légèrement sifflant s'était échappé entre ses dents, au souvenir de ses propos au sujet du pâté. Mauvais augure pour le dormeur. Elle retourna à ses occupations, apporta une collation légère à sa maîtresse qui suait en forge, récupéra le baquet après que l'homme fut sorti, le récura et le rangea. Un coup d'oeil rapide sur le mot laissé, qui échoua sur une étagère. Non, elle n'oublierait pas de le remettre à qui de droit, il n'avait simplement pas sa place au milieu de la table alors qu'elle avait tant à faire.

Une après midi consacrée à la préparation du repas aux allures de banquets, puis elle vit apparaître la minuscule silhouette de sa maîtresse.
Elle retint les propos plus de morgue qui lui venaient en tête pour s'exécuter avec une bienveillance presque maternelle.
Baquet dans la chambre fut vite monté, l'eau chaude se remplit, et lorsque la jeune femme s'y glissa, elle était là pour veiller. Versant plus d'eau chaude, délassant à l'occasion les épaules nouées par l'effort, posant un regard douloureux sur le petit corps meurtri.


Madame... Je vous ai trouvé un onguent.. pour vos...

Elle n'acheva pas, sachant bien qu'elles s'étaient comprises.
L'onguent fut appliqué, puis elle l'aida à se vêtir, en silence. Mais avant que sa maîtresse ne quitte la chambre et qu'elle même ne commença ses aller-retour pour vider le baquet, la question lui échappa :


Madame... Est ce que "monsieur" va rentrer bientôt ?
Cymoril
Elle s'était laissée faire, comme une enfant docile

Petite chose fragile entre les mains bienveillantes de Berthilde, elle se laissait choyer, oubliant pour un bref instant la fourmiesque carapace. Dans l'eau fumante de ce baquet il n'y avait plus qu'elle, savourant la chaleur, le répit langoureux et la caresse toute en bulles miroitantes.

Les mains qui lui savonnent les cheveux, décontractent ses muscles noués par le labeur de la journée. Tout contribue à améliorer son humeur vacillante.

Elle tressaille quand les doigts effleurent les cicatrices en appliquant l'onguent, et se demande à quoi tout cela peut bien servir après si longtemps.

Un détour à l'armoire, elle reste hésitante. Caressant la robe noire d'un doigt qui effleure une couture à la manche avec nostalgie, évitant avec soin l'ouverture de la seconde porte du meuble. La voilà qui rejoint son lit, s'y assied et enfile en gestes langoureux une paire de bas rouges. Chemise de lin assortie et houppelande du même ton. Berthilde apporte encore son aide pour le corset qui vient parachever la tenue. Peu importe la chaleur, ou les regards moqueurs au sujet de l'abondance de couches vestimentaires. Elle a depuis longtemps renoncé à lutter contre sa nature.

La brunette grimace tandis que Berthilde entreprend de mettre de l'ordre dans la chevelure essorée. Une série de Aïe... Ouille... mais euh... s'en suit alors. Jusqu'à ce qu'enfin tout soit en ordre, en tresse bien serrée, le tout pris dans un lourd chignon. Un regard circonspect en direction de la nourrice, du genre parlant d'un "C'est pourquoi ce truc?". Elle a la soudaine impression que sa tête pèse un âne mort et qu'il lui faut lutter pour la conserver droite.

Et alors qu'elle quitte la chambre pour rejoindre la cuisine, elle répond à Berthilde, une main crispée sur la chambranle de la porte.


Je ne sais pas... Je l'espère de tout coeur...

L'escalier est presque dévalé, comme pour fuir la question et la réponse évasive qu'elle a donné.
Arrivée en cuisine, un regard sur les préparations, une vérification de la cuisson des viandes et elle met la main à la pâte.
Lorsqu'enfin tout est prêt, et qu'elle sort une minute prendre une grande bouffée d'air frais, le crépuscule est là, les derniers rayons de soleil achèvent de mourir sur les toitures alentour. "Il est déjà tard" lui traverse l'esprit.

De retour à l'intérieur, un regard vers la matrone qui s'affaire encore et encore et :


Berthilde... une nappe... là.. et ce plat là.. ici.. celui ci.. là... et le pichet de vin d'anis à gauche... le blanc ici... et cette sauce là... à côté de celui là...

Et bientôt c'est un regard satisfait, avec une envie de fou rire qui s'installe, devant l'amoncellement de plats couverts. Un duc n'aurait meilleure tablée.

Elle recompte, replace chacun dans l'ordre de bienséance. Les pâtés de veau d'abord avec le vin blanc, suivis du chapon bien gras et juteux saupoudré d'amandes et servi avec sa sauce blanche. Plus loin le cochon de lait disputait à la pièce de chevreuil la primauté dans l'ordre de dégustation des viandes, tandis que les gelées restaient sagement à leur place, exhalant leurs arômes épicés. Les oignons et petits navets rôtis à la cannelle patientaient aux côtés des côtes de cardons dans leur jus, des asperges nouvelles et des artichauts. Ensuite viendrait le tour du présomptueux paon, qui illuminerait la pièce à la révélation de sa queue resplendissante de couleurs. Les vins eux... rejoindraient les verres à l'envie des hôtes de la table. Lorsque viendrait le tour des gâteaux de froment au lait d'amandes et celui du vin doux, un peu de malvoisie sans doute, avant les touches sucrées de chausson de pommes et fruits secs aux épices, et autres douceurs à la cannelle et au gingembre. Rien ne manque, jusqu'au bol contenant les dragées de coriandre et gingembre confits.

Alors, s'éclaire la pièce sous les lampions allumés, et elle va s'assoir dans la grande pièce adjacente, le fauteuil face à la cheminée, un oeil tranquille posé sur la hache accrochée au dessus.
Mais les heures s'égrainent, et Berthilde assise au coin du feu a la tête qui dodeline et la Fourmi fulmine. Quel mufle... Une main secoue la nourrice.


Allez vous coucher... Nous rangerons demain...

Le regard qui accompagne ses propos est sans appel et il n'est nullement question d'en parler plus.
Enfoncée dans son fauteuil, les doigts qui pianotent, un poil agacée.. C'est rien de le dire.^^

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Drannoc
Escapade romantique.

Les rues s'ouvraient à lui en un enchevêtrement sans fin tandis que le soleil pointait au plus haut du ciel. Il progressait lentement sans but précis et pour l'occasion il revêtait un long manteau sombre. Les boutiques vomissaient étales et devantures sans discontinuer autour desquels s'affairaient le petit peuple en pagaille parmi les immondices. Tenaillé par la faim il s'arrêtait devant un étalage de charcuteries aux mouches et alors qu'il jaugeait les pièces, méfiant, la bouchère bossue à la mine des mauvais jours le dévisageait soupçonneuse. Il poursuivait l'errance, déclinant l'invitation aimable à tailler le bout de gras avec la matrone et peut-être le patron et son tranchoir dans l'arrière boutique. Il pressait le pas se tâtant le bassin, se demandait s'il avait bon goût. J'ai faim...

Un peu plus loin il poussait la porte grinçante et lourde d'un repaire lugubre aux forts accents de taverne en décomposition où le bois des poutres semblait éponger tous les relents animaux et humains du quartier. Autour des tables s'avachissaient des types un peu moites, parfois accompagnés de gueuses criardes qui se laissaient tripoter et il se sentait soudainement un peu trop frais. Il se frayait un chemin, s'installant au hasard d'un espace suffisant pour se caler en attendant le tavernier geignard qui viendrait lui servir une sorte de pâté puant accompagné de sa croute de pain malgré tout assez fraîche. Miracle il mangeait, négligeant le passif de cette viande hachée, mélangée et sans doute préparée en 1420 dont la quantité d'"épice" devait participer à l'expérience gustative. Évidemment il devait se contenter du pain.

Il commandait malgré tout un pichet de vin cuvée spéciale de la réserve et attirait quelques regards envieux. Il esquissait un sourire tout intérieur, impassible au dehors, heureux de porter une lame dissimulée. Alors qu'il sirotait le rouge parfumé, il remarquait le regard insistant du louche en face de lui. Émacié, les yeux noirs et vides, les oreilles tranchées il semblait incarner la racine apparente de l'établissement immuable. Dran lui versait un verre et le dévisageant, découvrait au milieu de la bouche ce qui s'apparentait à un sourire en perdition.


-'Rci l'ami.
-...

Il hochait brièvement la tête en réponse, toujours aussi enclin à engager conversation. Il oubliait l'animal et se noyait peu à peu, somnolant au troisième pichet...il visitait Paris à sa façon...et le temps n'avait plus cours...

Dérangé par des éclats de voix il redressait son buste engourdi et s'étirait en soupirant. Les coups succédaient rapidement aux cordes vocales éméchées et il se levait prestement, marchant avec une certaine lourdeur jusqu'au regroupement d'excités. Il est temps. Il assénait quelques poings tout en veillant à protéger son visage, encaissant au ventre et aux jambes. Et lorsque le sang d'autrui commençait à gicler jusque sur ses vêtements il se jetait dehors par instinct de survie au moment où le soleil disparaissait derrière les remparts. Fourmi. Merde.

Il boîte légèrement et ça le fait râler. Il ne reconnait pas les ruelles, il est perdu. Parvenu à un carrefour tout aussi semblable et différent des autres il se fige un instant. Au bout d'une corde un pendu abandonné s'offre aux regards de la population indifférente, devenue éparse au crépuscule. Fasciné comme s'il s'agissait de la première fois il admire le corps aux teintes de chair avariée, en putréfaction. Quelques gamins sauvages jettent des cailloux sur le pendu en ricanant et le tableau se complète.
Créature. Il a reprit de l'esprit et son chemin, il se concentre, croit reconnaitre quelques passages et les rues un peu plus calmes. Il aperçoit bientôt un point d'eau et se rafraichit sommairement. Calme et lucide il se rapproche inéluctablement de la demeure avec toutefois l'étrange appréhension du prétendant en faute. Mmh, ce soir je vais prendre.
Il fait nuit noir maintenant et pénètre enfin chez elle. Progressant doucement à travers les pièces il découvre un salon où s'expose mets et plats alléchants. Il se fige un instant, se mordant la lèvre. Il devine aussi une lueur provenant d'à côté et s'approchant, perçoit figée près de la cheminée une silhouette au regard qu'il sait acéré. Il reste à distance.


- Bonsoir Fourmi. Si vous me pardonnez...je crois m'être perdu. Belle cité...je suppose que vous n'avez plus faim...


Il appuie son regard et vient finalement à ses côtés lui offrant une main, l'invitant il ose...

- Vous m'accompagnez à table ?
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Hydrae
Cymoril
Vive le vent, vive le vent... Gaffe au rhume !


La pièce était dénuée d'ornements superflus. D'un charme luxueux sans lourdeur inopportune. Un assortiment de sièges finement sculptés, une table de chêne aux noeuds harmonieux. Le tout caressé par les ombres ondulantes projetées par le feu de cheminée.

Recroquevillée dans son fauteuil, le regard perdu sur les flammes dansantes de la flambée dans l'âtre, elle laissait son esprit vagabonder au fil de souvenirs décousus, de réminiscence d'émotions. De complicité lucide enracinée dans l'intimité des corps, qui avait fait que chaque fois le plaisir avait été là, que jamais ils ne s'étaient retrouvés en eaux mornes. Elle se rappelait la voix grave et chaude du bûcheron, aux sonorités mélodieuses du rebec sous l'archet d'un virtuose, sépulcrales, une voix de basse faite pour les églises et les requiems. Ils étaient le feu et l'huile et elle s'était jetée à corps perdu dans ces flammes dévorantes. Aussi ses nuits, solitaires, grelottantes, n'étaient que regret de la caresse de ce feu.
Les yeux clos, elle se laissait bercer par ses rêves extatiques.

Le bruit de la porte la tira de sa torpeur. Et le temps que les pas aboutissent jusqu'à elle, le masque était reposé. Celui qu'elle s'imposait, de responsabilités, pétri de principes désuets. Elle lui fit l'aumône d'un sourire froid. Et rien ne laissait supposer ce feu glacé de colère qu'elle s'efforçait de contenir, présentant une expression grave.

Elle se déplie lentement, prend la main tendue pour se lever, souriant toujours, une lueur dans le regard, pétillante lorsque ses doigts agiles retournent un auriculaire, prise qu'elle maintient pour le forcer à se pencher, et qu'elle lui souffle à l'oreille :


La prochaine fois, essayez au moins d'être mort pour être excusé...

Elle lâche prise doucement, en se reculant à peine, un sourire narquois aux lèvres. Son regard glisse sur lui avec une lenteur délibérée, détaillant. Cherchant peut-être une étincelle. Jusqu'à ce qu'elle se détache, indifférente.
Puis s'éloigne en direction de l'escalier, démarche ajustée, d'une taille souple, manquant peut-être de rondeurs paysannes mais soigneusement mise en valeur dans sa parure de distinction simple et froide qui flattait la pâleur de son teint et le noir profond de sa chevelure.

Au pied de l'escalier, la main posée sur la rampe, la jeune femme marque un arrêt. Se retournant vers lui :


J'ai un ouvrage à terminer demain. Vous festoierez tout seul... J'avoue n'avoir plus faim.

Un sourire appuyé sur les propos, avant d'achever :

Malesuada fames...*

Et d'entamer la montée jusqu'à sa chambre.


*La faim, mauvaise conseillère.
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Drannoc
Communion festive.

Alors que le bois grince de toutes ses dents sous les pas feutrés de la demoiselle qui s'envole, il reprend possession de son doigt qu'il masse nonchalamment. Dran avait pourtant lancé :

- C'était plus difficile de rester vivant dans cet enfer...suivit d'un bon vieux sourire en coin, l'air insupportablement détaché. Bonne nuit maîtresse. Il se mordille la joue.

Elle s'éloigne encore et il ne la rattrapera pas, il le sait déjà et l'a compris. Mais il n'a plus très faim non plus. Sous les tissus vivants qui se froissent à mesure de sa démarche il en devine les formes dissimulées, souffle quelques mots qui lui sont dédiés.

- Merci de l'accueil, de ces hanches satinées et ce décor à la mesure. Saleté.

Il a pris place sur le fauteuil qu'elle a abandonné et s'étale maintenant, les bras étendus le long des accoudoirs, les bottes calées au sol. Il se verse une lampée de vin d'Anjou lorsqu'il l'aperçoit à sa juste portée et observe vaguement les mets qui vieillissent lentement sur la tablée. Il soupire légèrement un peu las de l'escapade et ses yeux s'éteignent irrémédiablement au fil des minutes. Il s'endormira sans doute ici, profitant encore un peu des lieux qu'il quittera le lendemain...

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Hydrae
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