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[RP fermé] Le dernier qu'on bat...

--Ombres_du_temps
Où en est-on ?
Toujours pareil...


La plus grande des deux femmes referma doucement la porte dans un soupir. Le couloir était sombre, éclairé par une torche graisseuse, qui contrastait singulièrement avec la cellule à l'air sec, fleurant le bois brûlé et les épines de pin.

Ca fait combien de temps ?
Deux semaines maintenant...


Le silence s'abattit à nouveau entre les deux femmes. Faisait-il jour dehors ? Nuit ? En fait, cela n'avait pas vraiment d'importance. Ce qui se passait à l'intérieur de cette chambre occupait leurs esprits sans leur laisser une seconde de répit.

Que fait-elle ?
Elle regarde les flammes...


Une hésitation puis un soupir.

Elle a répondu au courrier que je lui ai transmis. Je n'en sais pas davantage. Le coursier est reparti comme il était venu.
Elle mange ?
Non...
Elle boit au moins ?
Du bouillon. Je l'y force... mais cela semble la faire souffrir.
Epigone ?
Il est le seul à éveiller des réactions. Ils se regardent et se sourient. Cela semble leur suffire.


De nouveau le silence assourdissant.
Si seulement je savais comment m'y prendre...
Et moi donc...
L'as-tu déjà vue ainsi ?
Moi ? Non... mais...


Moi si...
Il était apparu de nulle part, silencieux comme un félin. Son ombre entra dans la lumière et l'homme maigre retira sa capuche, dévoilant des cheveux blancs épars, dispersés aux quatre vents. De ses yeux clairs, secs et froids, il toisa les deux femmes, l'esprit visiblement ailleurs. Sa peau ravinée par des rides profondes trahissait son âge déjà avancé. Son regard, empreint d'un mélange étrange de résignation et de fierté affichait clairement sa détermination de survivant. Se muant avec grâce néanmoins, il vînt se placer devant le judas, observateur silencieux et triste d'une situation qui lui rappelait un passé douloureux.
Il y a longtemps, très longtemps...
Son accent germanique transparaissait à peine. De fines gouttelettes vinrent perler à la commissure de ses yeux, suivant les creux des ravages du temps. Il soupira longuement et entama son récit...
--Ombres_du_temps
La musique donne une âme à nos coeurs et des ailes à la pensée.
Platon


    L'hiver n'avait pas été tendre, cette année-là, mais l'été n'en finissait pas non plus de pourrir. Pourquoi avais-je dû quitter Grünewald ? La réponse était évidente. Parce que mon "prince" s'était marié et que sa belle-mère voulait ma tête. Difficile de trouver plus convaincant comme argument pour fuir. Résultat : j'étais sur ce bateau depuis huit longues semaines à servir la pitance à des marins qui ne voyaient en moi qu'une erreur de la nature. Mes mains si fines, si belles, commençaient à se racornir, mes ongles étaient ras, mes cheveux si gras... Diantre ! Je me faisais peur à moi-même ! Je ne cessais de me demander pourquoi Dieu m'avait fait préférer les hommes. Avec ma particularité, j'aurais eu un succès fou après des héritières friponnes, des épouses délaissées, des veuves aventureuses. Mais non, je m'étais entiché d'un "prince"... et je me retrouvais coq sur un navire marchand. Cela prendrait cependant bientôt fin : quatre semaines encore et je pourrais tailler la route sur le continent, vers un autre protecteur, une autre chance.
    - Hé ! La cantinière ! V'la un colis pour toi, on dirait !
    Les rebuffades ne me touchaient plus. Je ne leur donnais pas la satisfaction de me faire mal. Je relevai néanmoins la tête pour voir un matelot rouquin monter un paquetage immense à bord et le déposer sans ménagement sur le sol.
    - Taisez-vous, bande d'ignares !
    La voix avait résonné fort. Les visages se baissèrent, chacun retournant prestement à ses activités. Le capitaine se baissa vers le paquet, puis vers moi :
    - C'est pour toi, en effet... Approche-toi. Je te confie sa garde et sa protection...
    De sa main, il m'intima de m'approcher, ce que je fis sans plus attendre. J'étais curieux. Je ne savais pourquoi, mais je savais que c'était important. C'est alors que je l'ai vue... Elle fixait ses yeux sur moi, sans peur, ni dégoût, ni curiosité malsaine. Le capitaine l'invita à se relever. Je remarquai qu'elle claudiquait : hanche cassée assurément. Une vilaine démarche. Ses cheveux étaient courts, collées par la pluie sur son visage. Elle était maigre comme un clou. Mais ses yeux... Il y avait tant à voir et comprendre dans son regard. Heureusement, d'ailleurs, car elle ne parlait pas.
    - Pourquoi moi, capitaine ?
    - Parce que les autres ne tarderont pas à savoir pourquoi elle est là... Et prendront peur... Toi, tu ne crains rien...
    - Si vous le dites, capitaine.

    Je faisais le bravache mais je savais déjà que je n'avais rien à craindre. Je lui tendis la main ; elle me donna la sienne sans hésiter. C'est ainsi que tout a commencé... sans un mot, juste un regard.


Elle ne parlait pas ?
Non, pas un mot.
Et elle boitait ?
On lui avait cassé le bassin à la naissance de son dernier enfant pour être sûr qu'il survive... Je l'ai su bien plus tard.


    Nous étions en mer depuis quelques jours lorsque j'ai sorti mon chalumeau. Cela faisait des semaines que je n'en avais pas joué. J'avais l'impression que mes doigts et mes lèvres étaient engourdis. Elle était derrière moi, assise sans bouger. Je commençais à désespérer de retrouver ma dextérité quand je sentis sa main se poser sur mon épaule. Je me retournai, elle souriait et me tendit l'autre main. J'ai tout de suite compris qu'elle voulait essayer et lui ai passé l'instrument en lui rendant son sourire. Elle hésita, le plaça sur ses lèvres, émis deux ou trois sons proprement affreux. Je la vis fermer les yeux, inspirer, puis une ritournelle mélancolique, sur trois notes, sortit de l'instrument comme par magie... Je prenais une autre muse dans mon sac et me mis à lui répondre, harmonisant ma partition à la sienne, changeant de ton parfois.

    Nous prîmes ainsi l'habitude tous les après-midi de jouer. Je lui appris le frestel, le sackpipa, la sitole... Elle apprenait vite. Son visage s'illuminait dès que nous jouions. Elle s'amusait vraiment. Malgré sa maigreur, elle m'émouvait tellement. Je la trouvais si belle ; sans doute, si je suis honnête, à cause de ses allures de garçon.

    Puis vînt le jour où nous débarquâmes en Artois. Ce n'était pas du tout notre destination au départ. Mais c'était là qu'elle devait quitter le navire et j'en fis de même. J'avais enfin un compagnon de route. Ou du moins, en avait-elle un. Malgré son silence, je ne cessais de lui parler. Du babillage souvent, sans intérêt ni saveur... J'ai tellement pris l'habitude de parler pour ne rien dire. M'écoutait-elle ou non ? Elle seule pourrait le dire. S'en souvient-elle seulement après toutes ces années ?

    Le capitaine lui donna un pécule, en plus de mes gages. Nous avions de quoi voir venir mais l'été se terminait et il nous faudrait bientôt trouver la protection d'une riche maison pour passer l'hiver au chaud. Nous trouvâmes : deux vieilles sœurs qui se targuaient d'avoir l'âme d'artistes. Elles étaient délicieusement folles et sans talent mais leur table était grasse et nous dormions sur des paillasses propres. Les semaines passèrent, les mois... vînt la Saint Noel où les vieilles dames nous annoncèrent l'arrivée prochaine de leur neveu. Puis la St Paulos et le neveu était là. Dès qu'il posa le regard sur moi, un frisson de terreur m'envahit. Savait-il ce que j'étais ? Etais-je si transparent ? La journée n'était pas finie que les quolibets étaient tombés plus lourds et plus nombreux que les grêlons d'avril. Tandis que nous nous approchions de la table que nous avions l'habitude de partager avec les vieilles dames, il s'interposa :
    - Sortez ! Les animaux mangent à l'étable !
    Il avait accompagné son geste de son fouet qui cinglait l'air et que je voyais déjà s'abattre sur moi. Seulement, rien ne se produisit :
    - Assez ! Viens ! Nous partons ! Personne ne nous touchera plus jamais...
    D'où venait cette main qui avait retenu celle du neveu ? D'où venait cette voix puissante, grave et profonde ? C'était elle. Elle parlait enfin... et elle a tenu sa promesse. Personne n'a jamais plus levé la main sur moi.


Ainsi elle a mis plus de six mois pour retrouver la parole...
Oui et non. Elle ne l'a jamais perdue. Elle n'en avait pas besoin avant, c'est tout.
Et pour sa hanche, elle boitait toujours ?
Oui, affreusement...
Mais elle ne boite plus aujourd'hui pourtant... Comment ?
C'est moi qui lui ai recassée...
--Ombres_du_temps
Pour se plaire il faut se ressembler beaucoup afin de s'entendre, et différer un peu afin d'avoir à se comprendre.
Diane de Beausacq

- Février 1447, Buda... pas moyen d'oublier : premier et dernier contrat foiré... mal préparé...

    A la garde ! Le marquis vient de se faire détrousser !
    En mon for intérieur, je me suis dit : J'ai échoué. Pas réussi à le saigner ! Mais pas le temps de revenir sur mes pas : trois hommes déjà étaient derrière moi. La foule grouillait, ça puait. Je n'arrivais pas à me repérer. Une mégère a traversé la ruelle avec un panier. J'ai dû m'arrêter pour ne pas tomber, les gardes m'ont assaillie. J'ai dégagé le premier, assommé le second, et le troisième continuait à ameuter ces fumiers. Puis j'ai entendu les sabots sur le sol et là, j'ai fermé les yeux en écrasant une mâchoire du pied. Un regard vers la droite... Une taverne bondée... pas le temps de m'y faufiler. Un regard vers la gauche, une maison fermée. C'était terminé.

    Puis le bruit d'une lame qui transperce l'air, la corde à linge qui se détache. Le cavalier qui tombe pris dans les vêts. Le cheval que j'attrape par l'encolure avant de filer droit devant. Voilà. Première ruelle à droite, à gauche, deux fois à droite. Claquer la croupe du cheval pour qu'il s'affole et fuit. Me fondre dans la foule jusqu'à la nuit tombée. Et je suis revenue sur mes pas. Les visages étaient différents : les badauds du soir n'ont rien des bonnes femmes de la journée. Tout avait changé, sauf deux grands échalas attablés, visiblement très concentrés sur leur brouet. Je me suis invitée. Le plus jeune a lancé :

    - Je t'attendais.
    J'ai posé la bourse du marquis sur la table.
    - Tiens. Voilà ta part.
    - J'ai récupéré la dague. Aucuns frais.
    - Je paie toujours mes dettes. Quel est ton prix ?

    Je regardai ses doigts : longs, fins et pourtant puissants, pleins de dextérité. Mais des mains de femmes à n'en pas douter. Je souris.
    - Apprends moi à me battre comme toi.
    J'ai repris mon souffle. A qui croyait-elle parler ? J'avais bien remarqué sa jambe qui dépassait dans la travée, l'angle étrange qu'elle formait avec son buste.
    - Je n'enseigne pas aux infirmes...
    Elle a relevé les yeux de son écuelle, me regardant pour la première fois. Ses yeux étaient dangereusement froids. Déterminés.
    - Je peux te battre, tu sais.
    - Arrière-cour, tout de suite. Viens me montrer.

    Elle s'est levée, laissant son convive souffler son mécontentement et secouer la tête. Je l'ai suivie. La voir se déhancher pour avancer : horrible. Elle ne méritait pas ça avec les mains qu'elle possédait. Etre capable de couper une corde à linges au lancer, à plus de deux perches... et ne pas pouvoir courir. J'avais déjà mon idée. Nous nous sommes toisées, contournées, je l'ai laissé attaquer, attendant le moment, étudiant sa façon de se déplacer. Elle avait ce qu'il fallait... juste cette hanche !
    - Tu es étrangère, ça se voit. De passage ?
    - Oui...
    - Et tu loges ici ?
    - Oui, à l'auberge au dessus... pour l'instant. En quoi cela peut-il t'intéresser ?

    Un coup de pied elle était au sol. Avant qu'elle y atterisse complètement, je tirais sur son bras pour placer ma jambe dans son dos. Un coup sec du plat de la main et l'os a craqué.
    - En cela...
    Elle a arrêté de respirer un instant puis elle s'est mise à souffler fort et rapidement. La sueur perlait sur son visage, elle tremblait. Elle a fermé les yeux et murmuré un tas de mots orduriers.
    - Maintenant, ton ami et moi allons te remonter dans ta chambre... Tu ne vas pas essayer de bouger... Quand ta jambe sera réparée, je t'apprendrai...


- Tu lui as vraiment recassé le bassin d'un coup de poing ?
- Non, avec la main, pas le poing...
- Et elle ne s'est pas mise à hurler ?!
- Elle ne hurle jamais. Elle se contente de son vocabulaire châtié...
- Combien de temps vous a-t-il fallu pour la débarrasser de son infirmité ?
- Deux mois, couchée sur le sol... trois mois pour réapprendre à marcher... six mois pour courir et combattre comme un guerrier. Entrainement du lever du jour à la nuit tombée... Jamais une plainte, jamais une larme, mais j'ai appris quatre langues nouvelles avec elle... en commençant par toutes les obscénités !


Les ombres se firent un instant songeuses.
- Je dois partir. Il faut que je prévienne Marie...
- Fais attention à toi. Je dois aller quérir le « gardien » également.
- Ne vous inquiétez pas. Je la veillerai. Personne ne connait son silence mieux que moi...
--Sachiko


Retirer l'épine en fermant les yeux. De toutes manières, il faisait trop sombre encore pour voir comment elle était plantée. Un geste sec du bout des ongles et la méchante intruse quitta la tempe de la Tresse. Grelotant légèrement dans ses habits encore humides, elle s'avança délicatement vers le campement. Les tentes se ressemblaient toutes ou presque, hormis celle des quelques nobliaux qui avaient dû se les faire installer par des gardes serviles. Avancer encore, de quelques pas, accroupie entre les ronces. A la prochaine épine, elle arrache tout, quitte à se prendre un coup d'épée. Mais, là, elle en a plus qu'assez. Il faut vraiment être grand nez pour croire qu'un massif de ronces constitue un rempart de protection. Même les chevaux savent les sauter. Tsss... Et quand on est pas un cheval, mais un vrai guerrier, on sait les traverser sans broncher. Ah, les grands nez... Cela ne vaut même pas un soupir. Tout juste un froncement de nez agacé.

La tente n'est pas difficile à repérer. Rares sont celles surplombées par une buse. L'oiseau triture de son bec et ses serres, un mulot. L'estomac de la Tresse chahute. Longtemps qu'elle n'a pas mangé autant que le volatile. Elle a oublié, c'est tout. Autre chose à penser. S'approcher encore. La chaleur du camp s'insinue sur ses vêts, lui arrachant un sourire de bien être. Mais ne pas se laisser déconcentrer. Continuer à progresser. Les odeurs de feu, de graisse, de sueurs, de pus aussi. Tout est là. Le loup aussi. Droit comme un i devant la tente. Pourquoi dire "droit comme un i" d'abord. Un loup ça ressemble vaguement à un k. Les grands nez sont impayables avec leurs expressions erronées. Elle jette un regard vers l'animal. Il l'a vu et l'observe. Ils se défient du regard un instant. Il est trop sûr de lui comme s'il n'y avait aucun danger. C'est qu'elle ne doit pas encore être rentrée. Puis le loup devient complice et son regard se fixe plus loin. Elle voit son poitrail bouger, sa respiration s'accélérer.


Merci, mon beau.

Alors, elle s'approche de la tente. Pas difficile à en savoir l'occupant, les armes sont sur la porte. Elle contourne pour ne pas se faire voir et s'asseoit en silence, en tailleur, dos à la toile.

Toi sortir tout de suite ! Moi avoir message !

"Bonjour, excuse-moi" toussa toussa... Han ! Namé, vous savez de qui vous parlez là ?

Et sortir habillée ! Moi pas vouloir savoir !

Un autre silence. Le ton monte légèrement. Déjà des gardes regardent dans cette direction et elle risque bien de se retrouver avec une épée sous le nez dans les secondes qui suivent. Comme si ça pouvait l'impressionner !

Vrais guerriers pas galipette ! Vrais guerriers savoir ! Gâterie du matin, sourire crétin ! Pas bon, pour champ de bataille ! Pas bon du tout !

Elle compte ceux qui l'entourent. Quatre. Deux lames courtes et larges, une biface, une lance.

J'espère que vous écouter aussi. Moi bientôt vérifier si vous correctement dormi, hein !

Et toujours sans bouger.

Bon, dépêche-toi ! Moi pas toute la journée ! Leçon à donner !

Pattricia
Quel est le meilleur moment quand vous êtes dans les bras de votre homme ? Les douces paroles ? Nan ! Les caresses ? C'est bien mais nan ! La fusion qui vous porte au paroxysme du plaisir ? Très très bien aussi, mais ça n'était pas ce moment là que la vindicative préférait, c'était juste cet instant précis. Il semble tellement en paix quand il dort... La nuit avait été délicieuse, et depuis son réveil, bien avant l'aurore comme toujours, elle était dans ses bras, appuyée sur un coude et ne se lassait pas de le regarder. Elle aurait donner n'importe quoi pour vivre ce moment chaque matin dont Ari voudrait lui faire grâce. Toujours... Elle remet une mèche derrière l'oreille, chassant au loin ce vain espoir et reprend l'observation de ce visage aimé, suivant du regard chaque trait comme si elle voulait tout graver dans son esprit. Au cas où...

Toi sortir tout de suite ! Moi avoir message !

Et sortir habillée ! Moi pas vouloir savoir !

La môme au loup se raidit, son cœur s'accélère, et très délicatement, écarte les bras qui la serrent farouchement. La seule chose qui compte à cet instant précis, c'est qu'il ne se réveille pas, n'ayant pas du tout envie d'assister à un face à face entre l'épervier et la tresse, sachant par avance que ça finirait dans le sang. Elle sait qu'elle est trop lente, et que fatalement la patience légendaire de la guerrière qui l'attend dehors va montrer ses meilleurs côtés. La vindicative pose ses mains sur les oreilles de Cast encore endormi et elle fait bien...

Vrais guerriers pas galipette ! Vrais guerriers savoir ! Gâterie du matin, sourire crétin ! Pas bon, pour champ de bataille ! Pas bon du tout !
J'espère que vous écouter aussi. Moi bientôt vérifier si vous correctement dormi, hein !


Bon, dépêche-toi ! Moi pas toute la journée ! Leçon à donner !


Le typhon nippon enfin silencieux, la jeune femme se lève et s'habille rapidement. Elle entendait déjà du remue ménage et elle devait intervenir au plus vite. P'tain qu'est-ce que je vais dire à la Cap moi quand ça va lui revenir aux oreilles !

Patt sort en vitesse de la tente, repère du coin de l’œil la tresse et se précipite au-devant des différents soldats qui commençaient à s'approcher dangereusement de la tente de Cast. Et sur le ton le plus bas possible, toujours dans l'angoisse que son amant se réveille

Je connais cette personne, ne tenez pas compte de ses paroles, elle est étrangère et mélange souvent les mots, vous pouvez retourner à vos occupations merci ! Et... Vraiment désolée pour le dérangement.

Le demi-tour est peu amène, mais aucun reproche ne sort, juste un regard qui dit très explicitement "la ferme !"
Une fois qu'elle est sure que les oreilles indiscrètes se sont éloignées, d'un signe de tête elle indique la direction de sa tente et part sans se retourner.

_________________
--Sachiko

A regard, regard et demi. Elle est mignonne, la gamine avec ses airs de supériorité. D'accord elle est un peu plus grande : oui mais une paume, c'est rien comme écart, surtout si elle finit le nez dans une flaque. Alors le regard dit : "Etrangère qui mélange ses mots, t'as rien trouvé de plus crétin ?" ou bien "T'es chiante ! Dire que j'aurais pu m'amuser." C'est vraiment qu'en un regard et demi, on en dit forcément plus long qu'en un seul regard. C'est la fraction qui fait toute la différence. La fraction de seconde qu'il leur faut à toutes les deux pour rallier la tente de Patt. La tresse reste près de la porte, guettant l'extérieur, des fois qu'elle aurait la chance renouvelée de pouvoir embrocher un long nez. Depuis le temps qu'elle en rêve... Ou bien elle tourne le dos consciemment à la môme au loup, de peur de ne savoir réagir de manière appropriée pour lui parler.Un soupir et les premiers mots sortent d'eux-même.

Elle est morte...

Pattricia
Évidemment le regard qu'elle jette à son loup n'est pas mieux, "comment t'as pu lui indiquer où j'étais, tu veux que la guerre ait lieu à l'intérieur du camp ! T'es malade ou quoi ?" Celui que lui rend ce dernier n'a rien à lui envier "Elle a raison la tresse ! Qu'est-ce que tu a besoin d'aller sans arrêt sous sa tente, tu peux pas faire des pauses de temps en temps !", quant à la buse, c'était plutôt du genre "Hin hin..."

Les silences qui en disent long valaient bien des discours qui ne veulent rien dire, grande mode en ces temps perturbés, et ils avaient l'avantage de ne pouvoir être entendus de qui n'avait pas à en connaitre. La vindicative fixait le dos de la tresse, calmée maintenant qu'elles étaient hors de portée de toute rixe, et se demandait quelle catastrophe elle venait lui annoncer.

Cela faisait longtemps qu'elles ne s'étaient pas vues, depuis l'accouchement de Berlioz, à une période tragique de leur histoire à toutes... Elle accuse le coup, elle vient de réaliser qu'elle est la dernière Commandeuse du Désordre encore active, elle ferme les yeux pour éviter le vertige.


Elle est morte...
Je sais...


Elle vient se mettre près d'elle et laisse son regard se perdre dans le spectacle extérieur. Truffe s'est couché devant l'entrée, fixant sans aménité toute personne s'approchant un peu trop de la tente, un sourire furtif passe sur le visage légèrement hâlé.

Quelle est la situation pour Una et Hadrien ?
_________________
--Sachiko


Même si chacun de ceux qui l'ont croisées, supputent, doutent ou savent que la fille du Buke n'a pas d'amis, il est un avantage néanmoins entre personnes qui se sont reconnues, un jour, au bord du chemin, c'est de savoir sans demander, de comprendre sans expliquer, de dire sans parler. Tout ça peut paraître bien compliqué. Alors faites comme elles. N'ayez pas d'amis. Juste des gens que vous aimez, bien au delà des mots et même des faits. De cet amour qui n 'a besoin ni de preuves, ni de colifichets.

Sachiko se retourne enfin, les traits tirés. Personne ne viendra les déranger. Fini de jouer. Elle a quarante deux ans cette année et les ridules que nul ne peut percevoir, cette fois, sont bien là sur ce visage d'une constante fixité.


Nul ne sait... surtout depuis qu'elle est remontée. La fille essaie de tout maîtriser...

Le sourire n'est pas feint. Il est doux. Presque celui d'une mère.
Bon sang ne saurait se renier.

Puis un nouveau soupir.
Et le petit, c'est... très compliqué.

Et le silence.
Elle ne parle pas. N'entend pas. Elle est remontée... mais... nous sommes désemparés.

Pattricia
Nul ne sait... surtout depuis qu'elle est remontée...

Le temps s'est arrêté à ce début de phrase, elle enregistre bien le reste, mais elle le digèrera plus tard, la seule chose qui compte c'est qu'elle est revenue. Le silence s'installe entre les deux silhouettes si dissemblables, l'une guette surement les réactions de l'autre, mais cette autre est en elle, elle rit à l'intérieur, une larme coule mais elle ne s'en rend pas compte, car elle crie à l'intérieur ELLE EST VIVANTE !!!!

Elle sourit... Les jades rencontrent les perles d'onyx et le cou ploie, certains, si ils assistaient à la scène, pourraient prendre cela pour une sorte de déférence, la vindicative en a surement pour la tresse, mais là n'est pas le propos, il s'agit juste de l'inviter à se détendre. Avec des gestes devenus fluides avec l'habitude, la môme au loup rallume le brasero, verse de l'eau dans une gamelle qu'elle suspend au-dessus des flammes naissantes, déplie une natte en lamelles de bambou tressées et la pose au sol. Elle ouvre un coffret, en sort un tissu roulé et noué et libère son contenu pour le verser dans l'eau qui commence à frémir. Une fois la décoction prête, elle y trempe deux bols qu'elle pose, fumants, sur la natte.

Le silence n'est pas lourd, juste bruyant de tous les mots qu'elles ne prononcent pas. Après quelques derniers préparatifs, la môme au loup s'assied en tailleur et lève son visage vers la tresse.


Qui de la maisonnée est près d'elle ?
_________________
--Sachiko


Qui de la maisonnée est près d'elle ?

Voilà, la question. Celle à laquelle répondre ne veut presque rien dire. Qui est là ? Tout le monde ? Qui est là pour elle ? Tout le monde... Qui est là, pour elle ? Personne ou presque... Qui peut quelque chose pour elle ? Aucun. Le drame de leur étrange assemblée. Son drame. Les yeux de la tresse se baissent sur le petit doigt qu'elle s'est elle-même sectionnée, bien des années auparavant, pour expier.

L'Epigone est avec elle en permanence, le Reflet gère les repas et les soins, l'Entremonde s'occupe de l'intendance, le Rossignol la surveille, les vieux sont restés en arrière pour faire diversion. Nous avons alerté le Doge et le Gardien... Nous avons été chercher tout ceux qui sont susceptibles de nous la ramener... pour de vrai.

Sachiko se baisse d'un geste souple pour s'asseoir en tailleur à même le sol.

J'ai même failli enlevé le Traitre... si jamais ça lui donnait envie de lui cracher dessus ! Ce serait bon signe tu ne crois pas ? Il faut que tu viennes, je n'ai pas besoin de te le dire : tu le sais. Pas besoin de me dire non plus que tu es coincée ici... je le sais aussi.

Pattricia
Marie attend que Sachiko prenne son bol, jamais elle ne se permettrait de boire la première et un sourire amusé étire ses lèvres quand elle entend parler du traitre. Il était étrange de se dire qu'au moment de la création des Commandeuses du Désordre, elle et Duchesse auraient sans doute grimacé en entendant le surnom de l'homme qu'elles avaient aimé toutes les deux, mais désormais tout ceci était fort loin, et donner encore un surnom à cet homme, c'était lui faire trop d'honneur... Marie... Depuis combien de temps ne l'avait-on plus appelée ainsi ? A ce moment précis, son cœur est libéré d'un poids immense. Elle n'était plus la dernière Aristochatte, Berlioz était à nouveau de ce monde et peut importait le temps que prendrait sa guérison. Alors d'un coup un flot de paroles se libère également.

Elle ne parle pas parce que ça ne serait pas des mots qui sortiraient, elle hurle à l'intérieur et il faut juste en attendre la fin. Elle n'a jamais été avare de paroles avec ses proches, mais là...
La plante verte n'est plus, cet homme lui avait redonné gout à la vie depuis l'assassinat du père d'Hadrien, elle a encaissé tellement de deuils, d'infamies, de saloperies qu'elle préfère ne pas s'impliquer pour le moment.
Elle se replie à l'intérieur d'elle-même et moi je me rue au combat, nous sommes si différentes dans l'adversité...


Elle se tait soudain, jette un regard gêné à la tresse, elle sait déjà tout ça, pourquoi l'avoir formulé à voix haute ? Peut-être pour ne pas confirmer ce qui est connu d'elles deux, elle ne peut pas la rejoindre, son engagement est la priorité, pas parce qu'elle aurait peur des conséquences si elle disait simplement "Capitaine je dois partir, c'est personnel, je suis désolée", non... Juste parce qu'elle tient ses engagements, quoi qu'il lui en coute, et les précédents lui avaient déjà tellement couté...

Lit-elle son courrier ?
_________________
--Sachiko


Le bol fume, lui réchauffant progressivement le nez. C'est vrai qu'il ne fait pas si chaud dehors. C'est vrai aussi que la saison est bien avancée. C'est vrai... Boire pour se réchauffer. Boire pour prendre le temps de prendre le temps pour une fois. Pas de lame à aiguiser. Pas les deux mégères à surveiller. Juste profiter du temps avant que Marie ne s'embarque pour une nouvelle galère, avant qu'elle-même ne reprenne le chemin du monastère. Une impression étrange d'être perdue. Depuis combien de temps ne prennent-elles plus le temps ? Depuis toujours elles ont trimé dur parce que c'est leur volonté, leur besoin, leur destinée. Qu'ont-elles eu en échange ? Rien ou presque rien... Mais, sottement, elles ont continué et continué. Cela a-t-il un sens ? Nous sommes mourants à la naissance, c'est ainsi que l'on raisonne dans son monde. Il semblerait qu'elle l'ait oublié aux contacts des survivants, comme ils aiment à s'appeler. Ils triment, s'échinent, provocant de véritables marées partout où ils passent. Sans jamais se lasser. Et pourtant...

Essaie. Je crois qu'elle lit. Ca ne coute rien d'essayer...
Ne jamais, jamais renoncer. Telle est leur credo. Telle est leur vanité.

Pattricia
La vindicative sait bien que sa tisane ne vaut pas cette boisson si parfumée que lui avait rapportée feu son frère de son voyage forcé. Comment disait-il déjà ? Du thé, oui voilà c'est ça, du thé... Un serrement de cœur doux amère à la pensée d'Alrahir... La mèche rebelle est immédiatement remise en place, signe que le souvenir encore douloureux est chassé dans les limbes avec une volonté farouche.

Marie trempe ses lèvres dans le breuvage bouillant et sourit à la légère douleur sur sa langue. Les saveurs sauvages rappelant la forêt en été finissent de la détendre. Le moment est doux, même si pour certains il pourrait paraitre tragique, le moment est précieux. Il était rare que la tresse accepte de se poser un instant, et la jeune femme prend cela pour un compliment, une marque de confiance, un sourire dans l'adversité.

Elle pose le bol et rompe le pain. Lentement, elle déballe le fromage lové dans un tissu et le dépose près des morceaux de pain. Les gestes sont naturels, calmes... Dans l'autre tente, l'épervier doit entrouvrir un oeil et grogner de ne pas la trouver à ses côtés, cette pensée la fait sourire légèrement. Elle avait toujours été levée la première partout, ou presque...
Elle se levait presque toujours aussi tôt que moi, le fait-Elle toujours ? Marie voit le lac, la crique aux saules, la pierre plate et en face, son ile, le ponton, le volet ouvert de la tourelle et la lumière d'une chandelle... Deux amies, des manies, des envies, la vie...

Elle finit par hocher la tête en regardant la tresse.


Cela ne coute rien...
Je vais prendre mon temps, j'ai tant à lui dire, à lui apprendre, à lui avouer...


Les jades regardent au loin, largement au-dessus de Sachi, les lèvres s'étirent.

Et quand elle sera prête, elle me répondra...

Le teint est moins pâle, la main se tend vers le pain et le fromage, les mâchoires s'agitent, le corps se réchauffe et le jade devient émeraude...
_________________
--Martin
Rien, pas un indice... Ses recherches à l'université Toulousaine n'avaient rien donné. Impossible de retrouver l'écossaise. Certes, elle avait été rectrice ; non on ne savait pas ce qu'elle était devenue. Pire un étudiant affiramait qu'elle était morte sans pour autant se rappeler clairement de la source de cette information.

Le retour était prévu pour le lendemain et la mort dans l'âme, le secrétaire de Feu le Vicomte de Biron préparait son paquetage lorsqu'un page l'interrompit avec un message.


Martin Rachignac ?


-Je, oui...

Sans un mot, le page tendit un vélin

Citation:
Mestre, addisiatz.

J'ai enfin les moyens d'accéder à votre requête.
Si votre désir le plus cher n'a pas changé, suivez le page pour vous y mener.
N'en parlez à personne. Prévenez simplement d'une absence de plusieurs jours. Nous avons une monture pour vous.

Le reflet


Levant les yeux du document, Martin scruta le page. Visiblement, il ne risquait pas grand chose à le suivre et puis c'était la première piste sérieuse depuis des jours.
Il récupéra ses affaires sans un mot et dit au page qui n'avait pas bougé.


"Où va-t-on alors ?"
--Sachiko


Rrrrrrrrrrrrrrran… pout pout pout pout… rrrrrrrrrrrrrrrrran pout pout pout pout…

Tandis que Pattricia parlait et qu’elles étaient là, au chaud, devant une boisson qui avait comblé le vide de son estomac, trop habituée qu’elle était à la diète, la tresse avait quitté les rivages de la conscience pour se livrer au sens propre du terme : sans défense, elle venait de se rendre à Morphée, toujours en tailleur, le dos à peine vouté, la tête légèrement inclinée vers l’avant. Depuis combien de temps n’avait-elle pas fermé l’œil ? Elle n’était plus en état de répondre mais à ceux la « maitrisaient » pouvaient affirmer sans se tromper que son dernier sommeil devait dater du monastère, peut-être même de plusieurs jours en arrière.

Elle court désormais dans les paysages hivernaux de fin de saison, souriant aux bourgeons de
boke qui se frayent un chemin sous les rameaux couverts de neige. Le soleil blanc de Yezzo se reflète dans la baie, aveuglant les bateaux des pêcheurs. On dirait la lame de katana de son papa. Elle est fière, elle est heureuse, elle ne sait pas. Elle rend gloire à la vie comme une enfant. Elle a cinq ans... tant qu'elle garde les yeux fermés.

Boke = chaenomeles ou pommier du japon.

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