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[RP fermé] Le dernier qu'on bat...

--Ombres_du_temps
Entre Biron et ailleurs...

Trois chevaux attendaient, tenus par un deuxième cavalier. Le premier page montrait le chemin au secrétaire sans avoir répondu à sa question. Quand ils furent suffisamment près des montures, la capuche du second page tomba.

Je suppose que vous me reconnaissez, Mestre... Je suis le Reflet, vous vous en doutiez. Je vous présente l'Entremonde, mais je pense que ce n'est pas une inconnue pour vous, et nous vous conduisons là où vous vouliez aller. Nous retournons sur nos pas en quelques sortes...

D'un geste habile, les très féminins pages se hissèrent sur les montures tendant la troisième bride à Martin. Puis les sabots claquant sur le sol dur de la grande cour, ils quittèrent les lieux silencieusement comme ils étaient venus avant que le soleil ne se levat complètement.
La route est un peu longue... Dites-nous si vous fatiguez...

Puis vers sa compagne.
Je n'ai pas osé te demander... Les autres l'ont fait... Mais toi, tu ne m'as pas expliqué comment vous vous êtes rencontrées... Qu'est-ce qui vous a rapprochées ?

L'entremonde esquissa un sourire. Deux en fait : l'un d'être habillé en homme, ce qui n'avait pas dû lui arriver depuis la puberté ; l'autre de la curiosité du Reflet et des souvenirs pénibles et heureux à la fois qui remontaient à la surface.
Ce qui m'a rapproché d'elle, c'est sa capacité à maltraiter ceux qu'elle aime pour leur bien et à les défendre contre la moindre contrariété venant de l'extérieur...
Le Reflet la regarda, interloquée.
Explique !
Et bien pour commencer, je dirais que la première fois que je l'ai rencontrée, elle m'a écrasé le visage dans du lisier pour m'apprendre à me respecter...
Han !

Un léger regard de côté, sachant que leur compagnon de voyage aurait toutes les chances de ne pas s'en remettre, mais elle était fière de faire partie des survivants et elle n'avait pas à s'en cacher.
Comme tu dis... Mais je vais raconter...
--Ombres_du_temps
C'était à Venise, c'était en juillet 1449. Il faisait affreusement chaud sur la galère qui nous avait amenés depuis la Turquie.

    Moins chaud que dans les chariots avec lesquels nous avions traversé la Perse, mais il faisait chaud... très chaud. C'est pourquoi quand nous avons débarqué, toutes, à la nuit tombée, c'était presque un soulagement. La gargote dans laquelle le sahib nous a conduites était bien surchauffée, bondée, mais par rapport au bateau, je respirais. Il y avait une troupe de jongleurs vraiment particulière. Ils m'ont attiré l'œil immédiatement. Ils me ressemblaient, en fait : au premier regard, je n'aurais su dire qui était femme, qui était homme... et même en y repensant aujourd'hui, je ne saurais pas davantage le deviner. L'un crachait du feu, l'autre faisait des acrobaties incroyables et cassait des planches avec ses mains et sa tête... le troisième lançait des couteaux, même les yeux bandés ou en équilibre sur une main... Ils me faisaient rire au point que je n'ai pas suivi ce qui se passait pour le sahib. J'ai compris lorsqu'il était trop tard.

    En jetant un regard à la table où le nabab s'était assis, j'ai vu que ses bagues n'étaient plus à ses doigts mais déjà de l'autre côté, dans le magot d'un marin, au visage ravagé par le sel, le vent et la chaude pisse. J'ai juste eu le temps de saisir qu'il venait de nous parier et un regard à ses cartes a suffi : le sahib ne serait plus mon protecteur dès que les cartes seraient posées. C'était un amant délicat bien que peu doué ; je n'étais donc pas foncièrement attristé. L'incertitude me taraudait néanmoins : excitation de la nouveauté, crainte. Je ne savais pas vraiment. Ce que je ne savais pas non plus dans mon extrême naïveté, c'est que chez vous, il n'existe pas de caste comme celle à laquelle j'appartiens. Pour vous, je ne suis qu'une perversité.


- Nous sommes tous des perversions dans ce monde sans compassion.
L'Entremonde sourit tendrement aux paroles de réconfort.
- Disons qu'une femme dans un corps d'homme, c'est ici une perversion difficile à accepter.
- Oui mais quand on ne le sait pas...
- Certes, mais dès que le marin vérolé a mis la main sous mon sari, il s'est tout de suite rendu compte de l'énoooorrme kyste dont je suis affectée...

Le Reflet s'empourpra jusqu'à la racine des cheveux en pouffant, la main devant la bouche jetant un regard discret vers sa compagne mais également vers le secrétaire avant de fermer les yeux, au comble de la confusion.
- Certes... et alors ?
- Alors il m'a tiré par les cheveux jusqu'à la ruelle et fait ce que tous les hommes font pour montrer leur supériorité.


    Je ne savais pas ce qu'était la honte avant. Je ne parle pas de cette honte qui nous prend lorsqu'on se fait prendre à chaparder dans le garde-manger. Non, je parle de la honte qui vient de l'intérieur de l'âme, de celle qui ne fait que s'accroitre lorsqu'on ferme les yeux, de celle qui vous consume dans une douleur tout autant du corps que de l'esprit. De celle qui ne donne qu'une envie : celle d'en finir, de mourir et de ne jamais revenir pour ne plus souffrir. Il s'est acharné sur moi pendant des secondes qui m'ont paru des heures, des minutes qui m'ont paru une éternité. Il avait à peine fini qu'il proposait à son second de le remplacer... puis ce fût un troisième. Je ne m'en souviens même plus, mon esprit m'avait quitté. Je me rappelle juste le goût de mes larmes, amères et salées, qui se mélangeaient à la poussière pour former une boue qui m'irritaient le visage et le cou. Je me souviens avoir pensé "Mon dieu, mon sari est tout déchiré, je ne vais pas pouvoir le raccommoder." La porte s'est ouverte et j'ai vu les bottes du lanceur de couteaux. Juste ses bottes et :
    - Ecco fischietto, voilà ta part de la recette... Ma che cazzo fai ???
    Puis une masse est tombée d'un coup sur mon dos, un gargouillis de sang a obscurci ma vue. L'odeur du sang, mélangée à celle de la sueur et de l'alcool. Je crois que c'est là que je me suis évanouie. Je me suis pris une gifle, enfin, c'est ce que je pense... j'avais mal à la joue mais ce n'était plus la boue. J'étais assise le long du mur. Mon sari était irrécupérable, ça c'était certain. Je les ai vus, tous les trois : le cracheur, l'acrobate et le lanceur...
    - Elle revient à elle. On peut y aller.
    et tous les autres gisaient, la gorge tranchée. L'acrobate était en train de nettoyer sa dague sur le revers de sa manche. Je suis retombée dans les pommes immédiatement. A mon réveil, j'étais sur le pont d'un bateau. Ils étaient là, tous les trois, plus une truie, des porcelets et une bauge. Je me suis mise à pleurer, pleurer, pleurer, je n'arrêtais pas de pleurer. Ils me regardaient, le visage fermé, sans parler. Puis le lanceur m'a prise par la nuque et m'a plongée le nez dans le lisier.
    - Bordel, c'est à ça que tu veux ressembler ? C'est comme ça que tu te vois ? Un tas de merde ? Si c'est ce que tu imagines quand tu te regardes, c'est ce que les autres verront ! Alors arrête de chialer, p'tain ! Arrête ou je t'y replongerais volontiers !!!
    Cette voix, ouh là là !!!. Elle m'a fichue la peur de ma vie. Certes, ce n'était pas pire que la honte. Je suis quand même restée pétrifiée. J'aurais bien voulu arrêter de pleurer mais je me suis mise à cogiter en accéléré. Je les ai regardés davantage à travers mes larmes et j'ai soudain compris : le lanceur et l'acrobate étaient des femmes — des «vraies» —, qui se travestissaient pour leur art. Quant au cracheur de feu, il n'était pas comme moi mais pas loin. J'étais entourée d'êtres de l'entremonde et même eux me maltraitaient. Dans des sanglots pitoyables et bruyants, j'ai sorti la tirade la plus idiote qu'on puisse dire pour sme défendre :
    - Vous ne pouvez pas comprendre...
    - Ecoute-moi bien parce que ce que je vais dire là, je ne te le répéterai pas... Tu la voies, elle, derrière moi ? Elle, comme moi, nous avons été mariées... et ce que ces hommes t'ont fait, nos époux respectifs nous l'ont fait subir aussi... Des jours, des mois, des années... Jusqu'au jour où nous avons choisi de ne plus être du lisier.
    - Et qu'est-ce que vous avez fait, hein ?
    - Bah, nous avons vraiment repris "en main" notre destinée.
    - De la même façon qu'aujourd'hui... avec moins de précision. Nous n’étions pas aussi entraînées !


    D'un coup, je n'ai plus eu envie de pleurer. Elles ne montraient ni remord, ni regret, ni tristesse, ni gaîté. Elles étaient sûrement dingues mais je me suis sentie en sécurité. Avec elles, je pourrai vaincre la honte... même si on ne peut pas l'effacer.


Le silence revint sur le chemin.
- Je suis désolée, je sais qu'elle ne t'a jamais parlé de ce qui s'est passé avec ton père.
- Ne t'inquiète pas. Elle croit que je l'ignore mais je l'ai toujours su.
- Et tu ne lui en veux pas ?
- Non, même si mes sentiments sont parfois compliqués. Mais pour en revenir à ton histoire... L'affaire ne s'est jamais ébruitée ? Cinq cadavres, ce n'est pas anodin, même pour les vénitiens...
- Ah ça ! Je n'en sais rien ! Il faut le demander au Doge... Je crois qu'il y est légèrement mêlé.


Un sourire fugace sur le visage ocre de la cavalière et un regard de côté vers Martin.
Mais je crois que nos potins féminins ont de quoi sérieusement fatiguer notre invité, n'est-ce pas ? D'ailleurs nous arrivons, à la poterne... Le Doge ne doit pas être loin. C'est là qu'il est censé nous rejoindre, non ?
Natale
Doge, Doge, il était simplement "Marquis" et c'était amplement suffisant pour lui et lui-même d'ailleurs.
Tout ce trajet lui rappelait le chemin qu'ils avaient parcouru ensemble...

Autre temps, autres lieux, autres mœurs ?






- Va' a fa 'n culo figlio di putana !

Ce qui en bon français châtié donne : « va te faire –sodomiser- fils de -péripatéticienne- ! » Oui c’est à peu près ça.

- Ah ! Ah ! Ah !

Fichtre ! A l’époque il avait 10 ans de moins environ. Il était déjà fort, beau, blond, puissant et sûr de lui. Mais pour l’heure il court le Furet !
Que faire quand on est fils du Doge Souverain et petit fils de la première Dogaresse de la Sérénissime ? Il faut bien que les jeunes et riches oisifs passent leur temps et lui profite de ses derniers jours en la capitale avec toute sa bande. Derniers jours car dans la famille on s’aime mais on n’a pas peur de l’éloignement… Aussi ne s’était-il pas plaint quand son père, tout juste remarié, lui avait annoncé que son turbulent fiston irait en pension dans la famille française de sa première mère et que, les études dans les meilleures universités françoises lui seraient certainement profitables. On dira ça comme ça !
Faut dire qu’il n’avait pas froid aux yeux même s’il ne connaissait bien que leur domaine de Castel d’Ario ainsi que les canaux de la capitale sur lesquels il pensait régner en maitre. Franchir les Monts Alpins qu’il ne voyait que de loin, aller à l’intérieur des terres, cela ne l’effrayait pas. Il se croyait le maitre du monde. Après tout ne l’était-il pas un peu ?


- Presto ragazzi !
(*plus vite les gars !)
Alors pour se divertir ils s’amusent à chaparder sans se faire attraper et se faire reconnaitre. Et puis c’est quoi ? Quelques menus fretins : quelques pommes, du pecorino, dont ils feraient bombance à l’arsenal ou ailleurs.
Le mieux était de chaparder dans les quartiers commandés par les familles ennemies et en l’occurrence l'Erbaria de l’autre côté du Gran Canale, était le meilleur des étalages.


- Testa di cazzo ! (*Tête de biiiiiiip –te ! ou de nœud, c'est selon)
Le marchand continuait à s’époumoner tout en lançant des insultes à tire larigot. S’il savait à qui il s’adressait…
- Dai ! Dai ! Dai ! (*vas-y !)
Derrière lui le jeune Marco s’impatientait tout en courant dans la ruelle, limite s’ils ne jouaient pas des coudes. Là ! Enfin le canal. Ni une ni deux, chacun pour soit et Aristote pour tous ! Il se jette sur la première embarcation qu’il voit, se retourne et adresse un majeur provocateur à son poursuivant en signe de victoire. Victorieux, mais les deux pieds dans le fumier.
C’est ainsi qu’il commence à faire connaissance avec ces étranges acolytes. Enfin, Venise, centre de Son monde, on est habitué à voir de tout. Quoique l’averroïste un peu efféminé ne passe pas inaperçu non plus. A vrai dire il croit même lui faire un peu d’effet. Bigre !
Il apprend leurs dernières aventures, d’où ils viennent et lui leur dit ce qu’il a fait juste avant, partageant ainsi les pommes qu’il vient de ravir.

Mais ils n’ont pas le temps d’aller bien loin, déjà leur bateau est arraisonné et on les somme de descendre sur le quai. Cherchent-ils ce voleur d’étales ? Ce moins que rien ? Non, ils recherchent l’auteur des crimes. Malheureusement leur petite troupe n’est pas passée inaperçu tout à l’heure et il reste le marchand d’esclave qui est toujours valide lui, prêt à récupérer sa captive et à faire payer les voleurs.

- Sono con me ! (*Ils sont avec moi !)
Le fils du père abaisse son capuchon et dévoile sa crinière blonde, cette fois-ci on le reconnaît bel et bien.
- Signore. Ma che fate con questi ladri ? (*Mais que faites-vous avec ces brigands ?)
Mais rien n’y fait, le groupe sera mis en geôles et le Perverti retrouvera son maitre en attendant, l’affaire, elle, sera débattue devant le Grand Conseil…
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number 7
Pattricia
[Tente de Patt, camp royaliste de nos jours...]



Elle avait faim donc elle mangeait... Légèrement perdue dans ses pensées embrouillées et matinales. Elle était partout à la fois, à la caserne qui ne ressemblait plus à rien, au château où elle ne remettrait surement plus les pieds à part pour une missive éventuellement, au bord du lac qu'elle quitterait bientôt, dans une tente pas loin à sourire en entendant grogner l'épervier, sur les routes à soutenir sa filleule errant sur les grands chemins semés d'embuches, dans le Sud où elle vivrait bientôt, à Castel...

Quand les émeraudes se fixent sur la tresse, cette dernière semble somnoler, sa respiration est sonore mais sans plus, mais le visage est soudain bien plus juvénile et souriant qu'il ne lui avait été donné de le voir. Alors elle sourit à son tour, se lève le plus doucement possible et remet une buchette dans le braséro. Lentement, elle va quérir un châle et le pose délicatement sur les épaules de Sachi. Elle sait très bien que l'orientale ne restera pas longtemps près d'elle, mais le peu de temps que cela durera, Marie aimerait qu'elle se repose un peu.

Laissant derrière elle l'intérieur douillet de la tente, la jeune femme file à la rivière pour y faire quelque toilette. En traversant le camp, elle aperçoit un gamin assis sur un tonneau et elle se souvient.
J'étais assise sur un tonneau et j'invectivais un Comte quand elle m'a abordée... Les premiers ingrédients de la recette de notre amitié étaient déjà réunis...
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--Sachiko
[Sous une tente, dans un camp..loyaliste ou fumiste, ou autre chose, na'fout... c'est des histoires de grands pieds !]



Les limbes se retirèrent progressivement, laissant un goût doux amer, comme le poisson-bulle aux amandes de cerise. Pattricia avait disparu. Sachiko soupira et sortit à son tour, prenant soin de replier délicatement la couverture d'un instant.

L'eau. Chercher l'eau. Des rituels qui ne changeaient pas. Elles venaient de l'eau. Toutes les trois. Même si chacune l'appelait différemment. Nouveau sourire. Diantre, elle devait couver un vilain rhume de long nez pour sourire autant aujourd'hui. Pat était là. La tresse en profita pour retirer ses chaussons de satin et découvrir son gros orteil bleuâtre. Sûrement foulé. « Bien fait ! T'as qu'à porter des bottes pour crapahuter ! On est pas que stupides, nous, les longs nez ! » entendit-elle en écho dans un coin de son esprit.

Elle trempa ses pieds à son tour :


La gamine nous interroge beaucoup, tu sais. Elle cherche à comprendre, à reconstituer. Tout ce que je sais pour Elle et toi, c'est une boutade qu'Elle répète souvent : "C'est l'histoire d'un gros tonneau prêt à percer en équilibre sur un plus petit qui ne lui avait rien fait... et d'un Comte vraiment très très giron, mais véritable tête de cochon..." Sinik je suppose... après Matpel, c'est le seul qui me fasse aussi de l'effet.

Elle soupira, le regard rêveur en pensant à cheveux de feu. Jolie tête de lard aussi, celui-là, mais jamais Ô grand jamais, Elle ne l'aurait exprimé.

Et si toi, tu me racontais...

--Ombres_du_temps
[Une troupe de cavaliers que rien ne prédestinait à se fréquenter...]

Han ! Elle est allée en prison ?
La jeune fille regardait le blond vénitien les yeux écarquillés de stupeur.

Juste à l'heure, votre Grandeur ! Toujours aussi beau, mon chéri... J'espère qu'avec le temps, néanmoins, tu t'es assagi !
La hijra regardait le même homme avec les yeux écarquillés de convoitise. Chasser le naturel, dit-on. Puis vers la jeune fille :
Ce ne fût pas la seule fois... Ils avaient déjà de l'expérience tous les trois... Quoi que les Plombs, c'était un peu différent... N'est-ce pas ? Je n'y étais pas... cantonnée dans la soute de la galère pour risque de "mal vénitien". C'est que le sahib était très très craintif de tourner fou...
Pouffa-t-il.

Votre Grandeur, vous devez nous raconter la suite !!! Qu'est-ce qui s'est passé ? Comment... enfin quoi... dites !
Les portes de leur destination se profilaient déjà. Dans quelques foulées, ils seraient, tous, près d'Elle. Et pourtant, le Reflet eut l'impression qu'elle venait seulement de s'approcher mais il lui restait tant à savoir et à comprendre. Le temps, comme une ombre qui nous poursuit pour nous rappeler à quel point il est éphémère. Elle craignait d'en manquer. Elle avait tellement eu peur déjà de ne plus jamais en avoir.
Pattricia
[Retour au camp des armées royales… Quand une tête de cochon peut en cacher une autre…]



La tignasse attachée façon nippone, sauf que la baguette c’est une dague -ben ouai, plus pratique quand tu te baignes à poil et qu’en même temps qu’il y a risques de raids de lourdauds lubriques…- la vindicative se frottait le corps avec énergie. Un cri busesque, les oreilles de Truffe dressées, mais sans plus, ne pouvaient signifier que deux choses, soit l’épervier venait la rejoindre, soit la tresse s’était réveillée et voulait procéder à ses ablutions matinales. Quand les émeraudes se lèvent en direction de la rive, c’est Sachi qui apparait dans leur ligne de mire. La rousse esquisse un sourire et continue sa toilette.

La gamine nous interroge beaucoup, tu sais. Elle cherche à comprendre, à reconstituer. Tout ce que je sais pour Elle et toi, c'est une boutade qu'Elle répète souvent : "C'est l'histoire d'un gros tonneau prêt à percer en équilibre sur un plus petit qui ne lui avait rien fait... et d'un Comte vraiment très très giron, mais véritable tête de cochon..."
Et si toi, tu me racontais...


Celle-là elle ne si attendait pas… Patt la regarde, le bras légèrement levé, une poignée de sable à la main et éclate de rire.

Un gros tonneau…
C’est tout à fait ça. J’attendais les triplés, j’étais donc énorme. J’avais quitté leur père dont j’avais vu le vrai visage, enfin une partie, j’ai mis du temps à complètement ouvrir les yeux.


La môme au loup fait une pause, jamais très heureuse de parler de cette époque qui n'avait pas toujours été facile pour elle...

Virginia était notre mairesse et faisait du bon boulot.
Mais son caractère charmant l’avait fait se comporter très mal vis-à-vis de Miquette et du coup, Sinik, Comte du PA, parrain de Miquette, et particulièrement remonté contre notre bourgmestre suite à une histoire de spéculation sur le bois dont il avait été accusé, avait décidé de faire une tournée comtale, accompagné de Yoda et Plantagenet, et de commencer par Sarlat pour contrecarrer les nouvelles élections municipales.

Il s’avère que Virginia avait attrapé une fièvre qui ne l’avait pas quittée de trois jours, et je suis donc montée au créneau pour expliquer à ce mal embouché de Sinik qu’il n’était pas question qu’il nous dicte notre conduite et que nous votions selon son bon vouloir…
J’en étais donc à faire face aux trois quidams, quasi seule, quand une grande bringue, brune aux yeux gris les plus intelligents qu’il m’ait été donné de rencontrer, était venue me parler et avait à son tour dit sa façon de penser au régnant et ses deux conseillers.


A ce moment là, Marie arrête son histoire un instant, laissant un grand sourire éclairer son visage.


Et oui c'est vrai ! J’étais assise sur un tonneau et effectivement, il ne m’avait rien fait puisque je ne l’avais justement pas encore vidé !

La Commandeuse du Désordre reprend sa toilette, le temps de remettre en place dans sa tête les évènements de cette époque. Son frère, la Rouquine, Mimi, G, lui… et Elle...
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--Sachiko


Des effluves nauséabondes montèrent au nez de la Tresse lorsqu'elle entendit certains noms. Non pas celui du charmant comte Alexandre qui dans ses nominations farfelues avait réussi à placer les genoux de Matpel sous les cuisses de... Eurf, non, c'était Elayne qui avait un peu cafouillé et lui avait permis d'imaginer, enfin bref... C'était compliqué tout ça. Mais Virginia et l'Etienne, pouah ! Il n'avait pas fallu longtemps à l'orientale pour les classer, ceux-là. Alexandre, c'était un parfum ni odorant, ni désodorant... Plutôt un savon à l'huile d'olive et à la soude. De quoi rester propre mais sans plus d'effet. Les deux autres, vitriol et fleur de lavande associée. L'aspect du vison... avec l'odeur du putois. Pouah, pouah, pouah... Mais Elle leur avait laissé leur chance, comme elle la laissait à tous. Seulement, la barre de la Tresse était bien plus élevée... et lorsqu'elle la descendait c'était uniquement pour assommer.

Elle et toi ? Des difficultés avec Sinik ? Lui qui a un caractère si conciliant...

Et Sachiko de regarder une brindille pour se concentrer et éviter l'éclat de rire qui allait la prendre.


Pattricia
Cette fois la réaction est le rire certes mais pas seulement. La main plonge dans l'eau, se libère de tout le sable qu'elle renfermait, et d'une caresse un peu vive sur l'onde, envoie une bonne giclée en plein dans le visage de Sachi. Si il y avait bien une chose dont Marie était sûre, c'est que "le vieux" pouvait être beaucoup de choses, mais la conciliation ne faisait pas partie de son vocabulaire...

Il a toujours cru que, quelques semaines auparavant, quand il n'était pas encore Comte, j'avais essayé de le noyer... C'était l'affreux que je visais, pas de ma faute si il était aussi dans la barque...

Cette fois-là avait été encore une journée merveilleuse comme Sarlat n'en vivait plus, et noyer un beau mâle qui nage comme un poisson aurait été bien difficile.

Je dis pas que je n'ai pas voulu plus d'une fois l'étranger, peut-être même le gifler parfois, mais le noyer non.
Tu sais que c'était la première rencontre entre le vieux et Elle ? Deux esprits brillants, sans concession, brutaux en parole et généreux en amitié... Je ne crois pas que nous ayons réalisé que notre vie allait changer du tout au tout grâce à ce jour là. Certains autres ont cru que c'était eux qui avaient interféré dans nos vie, mais c'était en fait tout le contraire. J'étais en passe de me libérer de bien des choses, de rencontrer Aly, d'être baptisée, de partir pour mon premier long voyage et d'aménager "Les Mures" avant l'époque de "La Tribu".


Une main glisse sur son ventre et Patt, inconsciente de son geste, sourit à nouveau.

C'est vers cette époque, juste avant l'été, que le dojo a été installé dans une vieille grange par Al... Je crois qu'Elle appréciait mon frère, j'allais juste les observer car, à part me faire rouler au sol, ou encore remplir des rapports pour la maréchaussée, je n'étais plus bonne à grand chose.

Tu sais qu'Elle se faisait appeler Brunhilde à l'époque ?


Ça aussi leur avait valu bien des discussions étranges en taverne, sans parler des missives qu'Elle recevait pour la menacer ou l'insulter. Ses homonymes, un peu trop célèbres à son gout, lui avaient créé bien des inconvénients.
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--Sachiko


Brunhilde : oui, elle savait ou du moins elle se doutait. Comme une croix à laquelle on s'est soit même attaché, une culpabilité, un devoir. Brunhilde : le prénom de la docile épouse Erikssen qu'elle avait continué à porter pour expier ; un prénom au coeur de silences intenables, une effluve de servilité et de renoncement. Un cauchemar pour ne pas oublier.
Pour Eux, elle n'avait jamais eu que son surnom, et c'était très bien ainsi.


Je sais...

Il Lui avait fallu du temps pour remonter définitivement à la surface, pour réaffirmer qui elle était. Mettre un article devant son nom par exemple. La Tresse s'était rendue compte progressivement du changement. Puis exprimer qui elle était, confirmer son baptême, vouloir récupérer ce qu'Erikssen lui avait usurpé, à commencer par son Reflet. Un jour, elle avait commencé à redésirer une autre vie, et c'était très bien ainsi.

Et toi tu sais qu'elle n'avait jamais été baptisée sous cet affreux nom ? Oui, tu sais... Tu y étais...

Pattricia
Le baptême... Sainte-Lucie à l'époque où elle était encore respectée par les prêtres qui officiaient à Sarlat, Choubinet et sa façon bien à lui de mener une cérémonie, la mule, sifflard, le jeune Villon, un sac de farine piqué dans son moulin par Michel...
Michel...


J'me souviens surtout de la mule et de Sifflard qui se rhabille...

Marie se mord la lèvre, en bonne Commandeuse du Désordre, elle avait su apprécier ce baptême haut en couleur et pourtant si intime. Les professions de foie, le trucmachinchosisme, les bras en croix, Elle tenait au bout de chaque bras une bouteille. Oui, haut en rubis d'un bon vin, haut en rose des Poneys, haut en blanc d'un sac de farine, haut en rouge des joues à la vin de la bénédiction vinesque. Elle murmure...

- J'vous baptise au nom de l’Eglise Aristotélicienne et au nom du Très Haut, pour l’amitié de tous les Saints et pour l’amour du Père de l’humanité.
Eh ben voilà, z'êtes baptisés!

- Oui j'y étais...
J'l'ai marrainée j'te f'rais dire !


Sortant sans fausse pudeur de l'eau, la môme au loup file prendre un linge pour se sécher. Finies les matinées ensoleillées et chaudes où elle pouvait se laisser sécher par les caresses du soleil.

Choubinet avait bien officié, Sifflard avait bien besogné, le jeune Villon avait sagement anoné, moi et Bryn éthyliquement communié et Michel bien sautillé... J'crois aussi que la mule avait bien morflé... Mais bon avec Sifflard, faut toujours planquer son potard...

Une fois séchée, la vindicative enfile ses frusques, frissonnant sous l'effet de la bise matinale.

T'as déjà vu une mule dans une église ? Moi j'ai vu une vache aussi un jour...

Pourquoi à chaque fois qu'il se passait un truc bizarre pendant une cérémonie religieuse, y'avait Elle et Choubinet dans le coup ?
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--Sachiko


Sachiko sourit en regardant les vaguelettes se fracasser sur le gravillon. C'était un sourire triste. De celui qui veut dire : "J'ai raté tout ça, j'étais loin". Loin, lorsqu'ils avaient été obligés de la laisser aux portes de Sarlat pour échapper à leurs poursuivants. Il leur avait fallu plus de quatre mois pour revenir sur leur pas. Et Elle était partie faire la guerre, alors. Elle avait retrouvé les siens, comme Pat, un monde auquel Sachiko savait qu'elle n'appartenait pas. Des mois encore de clandestinité, de rendez-vous manqués, jusqu'au déménagement pour Périgueux, là, où Elle pensait à raison qu'on ne les jugerait pas, ou moins. C'était déjà ça. Des pans de vie complets de celle dont elle était la plus proche depuis dix ans et qu'elle ne connaissait toujours pas.

Non, je ne pense pas avoir vu ça... Ni beaucoup du reste d'ailleurs...

Natale
-Té ! Toujours en forme ! Si j’aurai su que je vous retrouverai à Périgueux un jour… Après tout ça !






    Convaincre le Grand Conseil n’était en fait pas chose aisée pour notre juriste en herbe, cependant ce qu’il n’arrivait à obtenir par la persuasion il l’acquérait par la ruse ou par la force.
    En attendant donc il chercha d’abord à retrouver l’entre-deux. Si par mégarde il le perdait dans la foule bigarré de la cité des Doges il pourrait toujours aller se brosser pour recueillir son témoignage et libérer les autres qui pour le moment n’avaient pas d’autre avenir que celui de rameur bénévole au service de la Sérénissime.

    -Un uomo… o piutosto una dona… capelli bruni… no ?
    A vrai dire on se demandait bien ce qu’il pouvait chercher, même si la courte description pouvait déjà être éloquente : « un homme, ou plutôt une femme, aux cheveux bruns … »
    Allez demander ça à des pêcheurs ou à des maraichers ou même au quidam !
    Il ne cherchait pas non plus à se montrer comme un client… *tilt* Mais c’est qu’il avait un pif de géni le blond vénitien !


    Si Venise est la ville des amoureux (ouais bon, pas forcément à cette époque hein) il faut savoir que justement elle est la capitale réputée d’une certaine pratique de la luxure, qui allie à la foi le mystère et diverses tentations en des lieux et à des heures bien précises et l’on ne se renseigne pas sur la tenue de la prochaine bacchanale, comme s’il s’agissait de comparer les dernières morues achalandées à l’étale des maquereaux !
    Les Vénitiens [d'aujourd’hui sont] aussi mystérieux en galanterie qu'en politique*. Encore fallusse-t‘il l’écrire un jour.


    C’est donc muni d’une civette à long nez que notre gredin se trouve un soir à arpenter les canaux brumeux de sa petite Atlantide.
    *toctoctoctoctoctoc …. Toc-toc-toc*

    -Parola d’ordine ! (mot de passe !)
    - Figa (chatte)
    Bas les masques !
    La porte s’ouvre et il pénètre dans un univers fait de merveilles : des tapis d’orient, des tentures et des rideaux, de la nourriture et des coupes de vins, des alcools fins, des tables de jeux, des chambres et des couloirs sombres d’où s’échappent quelques cris, de la musique et du monde. Tout respire la richesse et la luxure.
    Il cherche quelqu’un ou quelqu’une qui peut potentiellement se trouver en une telle assemblée et c’est donc de bon cœur qu’il accepte de donner son corps à La Science.
    Ah c’est sûr qu’il se trouvait loin des Plombs à l’heure actuelle ! Courage ! Persiste ! C’est pour la bonne cause !
    … Comme s’il avait eu besoin de cela.
    Mais il est du genre à aller au bout des choses, comme un paysan qui retourne la terre en profondeur. Il procède donc avec application.
    Malheureusement après de longues heures à avoir enquêté auprès d’un public aussi divers que varié, et après avoir ingurgité quelques substances narcotiques douteuses, permettant tout à la foi d’aiguiller ses sens et d’affermir… son raisonnement, il n’a toujours pas trouvé ce qu’il cherche. Loin de savoir que l’entre-deux attend prêt du Lido, à fond de cale, dans une quarantaine forcée.
    C’est alors que, comme une révélation, il retrouve le Persan entrain d’admirer les prouesses d’une vierge –elles vous diront qu’elles le sont toutes en ce genre d’occasion- à cheval sur quelques beaux étalons. Il se fait connaitre, il faut dire que la petite sauterie à laquelle ils participent tous deux, et le rodéo qu’ils sont entrain d’admirer, permet de rapprocher un peu les gens.

    -No Signore non è da vendere ! Ma se siete un diletante… (non seigneur, non è da vendere ! Mais si vous êtes un amateur…)
    Il se heurta donc à un refus catégorique, dont l’objet visait au moins à faire monter les enchères. Quuuuuui diiiiiit mieuuuuuuuuux !
    Aussi alors que l’Innocente subissait avec un plaisir non feint ce qui semblait la dernière charge de cavalerie, ils décidèrent de quitter la pièce en quête de quelques boissons. Maintenant qu’il était tombé sur lui il n’allait plus le quitter.
    De même était-il prêt lui aussi à dépenser une fortune ? Il ne savait point trop encore, vu qu’il était plutôt du genre à minimiser les coûts afin de maximiser les profits. Il allait donc encore devoir ruser notre Furet…





- J’ai eu de la chance de mettre rappelé que le Persan était un amateur des jeux et des paris.
Reprit le Blond Marquis un sourire aux lèvres.
- Et autant dire que dans ce genre de situation, « l’important ce n’est pas les cartes, mais ce que vous en faites ».



    … Aussi, arriva donc le jour de la dernière audience du Grand Conseil.
    Il avait eu beaucoup de peine à trouver la hijra pour s’en faire un témoin crédible, même le Persan avait été mis à contribution, c’était sans compter sur le scepticisme de la plupart des membres de l’assemblée. Même son père, le Doge, ne pouvait rien y faire.
    Heureusement il y a peu, la Présidente de séance s’était illustrée comme une indomptable cavalière. Son cri résonnait encore dans sa tête.
    Un sourire malicieux ornait le visage du blond et de la présidente qui s’étaient reconnus.


    - Vous êtes libres !

    C’était dit en Français, comme une marque de respect pour les victimes de cette « erreur judiciaire ».
    Le Blond s’était alors appliqué pour parler un peu mieux la langue qu’il utilisera bientôt lui aussi. Allez savoir pourquoi, mais le fait de savoir qu’ils avaient pu faire connaissance ainsi et que leurs routes à chacun les amèneraient un jour par delà les Mont Alpins, dans le Sud, là où chantent les cigales, cela le rapprochait un peu d'eux.




- Tu sais quoi.
Dit-il à l’Ombre du temps.
-Déjà à cette époque Elle paraissait sûre d’elle, alors qu’elle allait tout droit vers l’aventure, et je crois que c’est ça qui m’a plut tout de suite. C’est une Grande Âme. J’aime sa manière de s’engager et sa franchise et c’est pour ça que je la considère comme une sœur.
Je ne lui ai jamais dis et il a fallu tout ça pour que je m’en rende compte.




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number 7
Brygh_ailean
Ressusciter, c'est accepter sa destinée.

J'ai accepté...

La première fois. Je m'en souviens si bien. Avant que la lumière ne me recouvre, je l'ai entendu vagir, d'un son clair, d'une voix forte pour un si petit être. Je savais que c'était une fille, je l'avais su depuis le début. Et je l'ai aimée aussi dès que j'ai su. Il n'en voudrait pas. Elle serait tout à moi. Elle serait tout pour moi. Il fallait me battre pour elle. Alors j'ai accepté...

Toutes les autres fois, le souvenir est moins distinct. Comme une répétition permanente, un jeu dont on se sait d'avance le perdant. J'ai vu la lumière les envahir, tous, les uns après les autres, comme une fatalité. Puis elle m'a enveloppée. Mais je ne pouvais pas les suivre, parce que je devais rester pour elle, pour ses pas que j'entendais dans les couloirs, pour ses rires et ses larmes qui m'atteignaient depuis la tour, pour ce jour que j'espérais où je pourrais enfin la toucher, pour gagner le temps qu'il faudrait, j'ai accepté...

Encore une fois. Lorsque j'ai mis au monde son héritier. Je n'étais pas en paix. Sa voix ne résonnait plus dans les jardins, je ne l'entendais plus m'appeler dans ses larmes, me maudire aussi, parfois. Je savais que je saurais la retrouver. Je savais qu'elle ne pouvait pas encore une fois m'être enlevée, personne ne pourrait jamais me la faire oublier, j'ai accepté...

Cette fois-ci enfin, parce qu'elle est près de moi, malgré les années, malgré les silences, malgré ce que j'ai fait. Parce qu'elle se bat pour moi, davantage que je n'ai su me battre pour elle ,et je lui dois au moins d'essayer. Parce qu'il me reste tant à lui expliquer, à lui transmettre, à lui donner... Parce qu'il me reste tant à me faire pardonner. Parce qu'il est là aussi. Parce qu'Aristote ne saura jamais m'apporter soleil plus éblouissant que son sourire lors qu'il se tourne vers moi, de chaleur plus douce que ses yeux pétillants, d'amour plus infini que celui que m'offrent ses petits bras.

Mais....

Je n'accepte pas...

Que leur soit infligé un destin si cruel et si retors, à eux, si plein d'espoir et d'amour, si plein de bonté. Non, je n'accepte pas...
Que le Dieu que je vénère, puisse vouloir prendre à mes enfants, à ses enfants bien aimés, le peu qu'ils ont encore sans qu'ils l'aient jamais offensé. Non, je n'accepte pas...
Qu'il me retire, à moi, le droit de leur dire Ma Vérité. Non je n'accepte pas.

Alors, je reste là, prostrée, sans savoir ni vouloir vraiment être là, sans vouloir les quitter. Sans savoir quoi faire ni dire qui puisse les protéger à jamais... Sans pouvoir remonter la clepsydre et les épargner.

Mes enfants, mes amours, ma seule raison d'accepter...
Mes enfants, mes amours, ma destinée.
Pattricia
[Camp royaliste... toujours...]


A la suite de la réponse de la tresse, Patt s'était habillée et avait commencé à chercher du petit bois. L'huile d'orient qu'elle venait de se passer sur le corps flattait ses narines légèrement dilatée par le plaisir de humer. Malgré la brume matinale, souvent de rigueur à cette saison, la vindicative réussit à trouver un bois à peine humide et commence à préparer un petit feu.

Nous avons vécu pas mal de choses ensemble, mais à l'époque de la guerre du Berry, j'étais clouée en PA et elle était partie se battre. Je ne sais si elle t'a parlé de cette époque, je crois que c'est à ce moment là que le lien entre elle et Ben s'est créé malgré eux... C'est aussi à ce moment là où elle a pu admirer l'efficacité de Mat et sa capacité à respecter ses hommes...

Elle m'a conté bien des histoires et des batailles de cette époque, mais après son retour et se fut très bref, car je suis partie me battre en Savoie. Nous nous sommes vraiment retrouvées à mon retour, et là nous avons fait le ménage en PA ensemble.


Les bons moments passés entre Elle et le piaf, les tournées, le popeuh... Tout cela englobait de bons souvenirs, c'est la période Thoros dont elle n'avait toujours pas couper les coucougnettes, c'était l'époque ou le steack haché avait commencé sa glorieuse carrière, c'était il y a bien longtemps... La môme au loup se souvenait avoir intégré la COPA juste avant la croisade, quand elle était revenue en PA, Bryn était 1er Lieut et elle avait commencé sa carrière d'estafette... pour finir Lieut à son tour...

Je me rappelle d'un anniversaire passé ensemble, y'avait Nyxx également, on avait trop bu. Nyxx est partie la première pour vider le garde-manger des Mures tu penses bien, et après de multiples déceptions et désagrément, nous avons pris, Elle et moi, le chemin du port...



    Pagaie, pas gai, sur cette vieille mare.
    Tais toi l'ivrogne… C'est pas une mare c'est un lac.
    Pagaie, pas gai : N''arrivera nulle part…
    C'est sûr, tu risques de t'effondrer et de pas te relever…
    Héron. Héron…
    Une pause légère juste pour faire rouler les épaules afin que la tête ne tombe pas vers l'avant, toute seule, comme ça, sans qu'on lui demande rien. Aux deux empêcheurs de se souler tout rond, regard méprisant ... dans l'intention... plutôt flouté dans la réalité. Et elle reprend :
    Là-haut, guetteur, Vois-tu, vois-tu ailleurs ?
    Nouvelle pause de prise de conscience face aux paroles du chantiau.
    Moi je vois pu rien d'façon… Patt, on est bientôt arrivées chez toi, là ?
    Et ça continue.
    Rame, rame. Rameurs, ramez. On avance à rien dans c'canoë.
    Là-haut, il m'mène en bateau : je pourrais jamais supporter de pas l'aimer...

    Et la grande se met à chouiner, larmes de soulasse, larmes de détresse… 50% Robusta, 50 % Arabica... Un mélange parfait.
    Patt, chuis malheu-reuse... chuis drô-leu-ment malheu-reuse... Snif... qu'est ce que j'ai fait ? Bouhou hou hou.
    Nouvelle roulade d'épaules parce que les larmes ça fait effectivement beaucoup varier le centre de gravité du ciboulot vers la terre ferme.
    Bouh hou houh.. glups... beurk.
    Main devant la bouche.
    Et en plus je vais vomir, bouhou hou hou...




La suite de cette histoire est assez édifiante de ce que l'on peut faire lorsque nous sommes tous les deux. Je ne sais pas si ça vient d'elle ou de moi, sans doute nous sommes-nous bien trouvées...

La Sarladaise réchauffe ses mains au feu naissant et regarde la tresse, un petit sourire en coin.

La suite t'intéresse ou nos histoires de longs nez sont pour toi trop pathétiques ?
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