--Souffleur
Bonjour chers lecteurs,
Comme vous vous en rendrez vite compte, je ne joue, dans tout ceci, qu'un rôle minuscule, celui du narrateur chargé de planter le décor.
Plantons le donc, ce décor!
Imaginez une de ces innombrables vallées pyrénéenne:
Tout en haut, des pics rocheux escarpés, plus hospitaliers à l'aigle et au chamois qu'à l'homme, et des glaciers bleutés se dressent dans le fond du décor.
Plus bas, la roche vive laisse sa place à la verdure, rares sapins rabougris par l'âge et les éléments, pâtures à perte de vue, ici et là quelques bosquets de mélèzes ou d'épicéas, et au millieu de tout cela un ruisseau.
Oh, un ruisseau, un ruisselet plutôt, un ru!
Transformé en torrent par la fonte des neiges de l'hiver et les dernières pluies de ce printemps qui éclate partout en mille bourgeons, fleurs innombrables vêtues tantôt de pourpre, tantôt d'azur ou de blanc.
Tout au bas de la vallée, un lac où le ruisseau déverse sa cascade scintillante. Mirroir des reflets innombrables de toute la vallée.
Sur les rives de ce lac, on apperçoit finalement un de ces nombreux villages béarnais, tous pareils à eux mêmes mais chacun différent.
Non loin du village, mais un peu a l'écart pour avoir un peu d'intimité, une maison, une belle maison! Une demeure paysanne!!
Deux étages, construite de la pierre gris granit de ces montagnes et toitée de l'ocre des ancestrales tuiles romaines. L'un des angles occupés par de la treille, prometteuse de belles grappes dorées au temps joyeux des vendangeurs.
Autour de la maison, un grand jardin allant jusqu'au lac, peuplé d'arbres ça et là.
Maintenant que le paysage est complet, passons, si vous le voulez bien, chers lecteurs, à l'intérieur:
Une fois la lourde porte de bois massif franchie, un espace s'ouvre devant les yeux séparant la maison par la moitié, l'entrée.
Sol de bois blanchis par le savon, la brosse et le temps passé. Murs blancs de chaux, comme toute la maison.
Pour tout mobilier, un grand mirioir encadré de bois sculpté, une désserte et deux candélabres.
deux doubles portes, à gauche et à droite de la porte principale, un éscalier au fond, donnant accès à l'étage supérieur.
Celle de droite donne accès à la salle à manger et à la cuisine.
La salle à manger, de nobles proportions est lambrisée de bois sombre. Une grande table posée sur un tapis épais, et une douzaine de chaises en occupent le centre.
Sur la table, deux candélabres et un grand bouquet de roses blanches un peu flétries.
Aux murs, tableaux de chasses, tentures moirées, trophées de chamois.
Un gigantesque vaisselier de bois sculpté fait son pendant à une cheminée de pierre claire assombrie par la suie, témoin du temps jadis.
La cuisinne, dallée de tomettes de terre cuite du sol au plafond, permettrait à une escouade entière de maîstres queux d'y travailler à leur aise.
Au centre, une table, deux chaise et les fourneaux. Parois recouvertes d'un bric et broc de placcards et d'étagères.
Au fond, une cheminée d'allure monstrueuse, permettant d'y rôtir un beuf entier, et juste à côté, une petite porte donnant de plain pied dans le potager.
La porte de droite donnait dans un grand salon meublé de tapis épais, longs divans moelleux, une petite table basse, quelques guéridons, moulte bibelots, et au fond de la pièce, meublé d'une grande armoire à livres, parchemis et manuscrits, d'un écritoire/secrétaire et d'une belle cheminée en marquetterie de pierre, le coin pour la lecture et l'écriture.
À l'étage supérieur se trouvent les chambres, cinq au total, mansardées, toutes blanches, sols de parquet blanchi, murs chaulés, rideaux blancs, couvre-lits de crêpe blanc, petites tables de nuits en bois blanc, identiques lampes à bougie de cristal blanc, cheminées de pierre très claire.
Seule la taille des chambres changeient, deux grandes et trois petites, et au fond du couloir, la salle des bains, carrelée de mosaïques de couleur représentant une sirène. Un grand tub de cuivre occupe le coin opposé de la table de toilette, et une cheminée de pierre occupe le dernier pan de mur. Un gros chaudron est pendu à la suspension.
Je passe à présent à vous décrire par le menu les personnages de cette histoire:
Les nouveaux propriétaires:
Lui: Vingt et cinq ans environ, grand de presque une toise, musclé mais sans excès, plutôt en long qu'en large, très brun de peau et de poil malgré la calvitie précoce, la peau halée par le soleil, les embruns et la mer, reflet du marin qu'il fut jadis, les yeux verts, plutôt silencieux et taciturne, mais bavard et enjoué dès qu'elle est proche, répond au nom de Diego.
Elle: Dix et huit ans à peine, cinq pieds de hauteur, fine et légère comme une plume, brunette, mais de peau claire, les yeux aussi verts que deux émeraudes scintillantes, tantôt timide er rougissante pour un rien, tantôt gaie et joyeuse comme un enfant, entre parfois dans de soudaines et violentes crises de colère, mais se calme aussi soudainement, surtout dès qu'il est proche, répond au nom de Wedy.
Cex deux là, chers lecteurs, vous l'avez déja deviné, s'aiment d'amour tendre!
Le personnel:
Rouquart: C'est le garde du domaine, cinquante et un ans, grand gaillard blond, la peau rougie par le soleil, carré, trappu, massif, bon comme le bon pain à jeun mais méchant comme une teigne dès que la bière ou le vin l'a pris, le plus souvent, car il est fort croyant, le bougre, mais pas en le Très Haut, hélas, plutôt fervent de Bacchus et de la dive bouteille, un peu chapardeur, seul trait de caractère resté de sons adolescence et prime jeunesse passée dans la brigande.
Irène: Femme de chambre et épouse de Rouquart, à peu de choses près le même âge que son mari, petite, brune de peau mate, travailleuse infatiguable, aussi pieuse que son mari est paillard, une sainte femme qui ne manque jamais les offices, priant pour tous et pour son mari, surtout pour son mari, ce démon qui la martiryse, mais envers et contre tout et tous, elle l'aime.
Robineau: Cocher, palefrenier, et par dessus tout, homme de confiance de Diego, la trentaine à peine, taille moyenne, cheveux bruns, discret, l'oeil toujours aux aguets, voit toujours tout, muet comme une carpe sauf envers son maître, mais redoutable escrimeur et joueur de surin, par dessus tout fidèle à Diego.
BonneSuzette: Cuisinière hors pair et confidente de Wedy qu'elle aime et couve comme une mère poule et envers qui elle a la tendresse d'une mère pour son enfant, la quarantaine épanouie, petite et boulotte, les cheveux bruns toujours coiffés en chignon, toujours gaie et joyeuse, prête à passer les pires caprices de sa maîtresse, regarde toujours Diego d'un oeil torve, mais dans le fond, elle l'aime bien, même si elle ne le lui dit pas.
Voilà, Dames et Sires, le conteur que je suis a fini de conter, il tire son chapeau, fait la révérence et s'efface pour laisser la places aux acteurs.