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[RP – semi-ouvert] Amen – Ainsi soit-il…

Ashikaga_yoshimasa
Clic.

    Puissant pour vaincre la tombe…

    Une empreinte se moule dans les sillons de l’eau soumise… Rondeur souple et mouvante, caressant les contours d’un pas délicat et se reforme lorsqu’il l’abandonne. Le ciel pleur sur le pays et ses larmes baisent les toits, s’y glissent et éclaboussent le sol en bois. Même bois ou se forment flaques par milliers, ou elle s’avance. D’un attouchement sur la matière rugueuse, la chair d’un pied-nu effleurant, pas après pas… Sur ce qui autrefois formait les ramures d’un horizon passé. Et à leur suite, se traine en une soyeuse mélodie la fourrure d’un épais manteau aux couleurs rougeoyantes et aux bordures d’un blanc immaculé. Et la pluie l’accueil… Passant sa main humide sur sa jeune tête, la bénissant d’un voile satiné et recouvrant par touche doucereuse sa longue chevelure ombrageuse.

    Sa tête aspire vers le ciel, et larme après larme, ses lèvres entrouvertes sont embrassées de fraicheur, sur ses joues on ne reconnait plus des siennes les perles des cieux. Sur sa peau pâle, les ailes de ses cils s’en détachent, longue et noires, pour battre et s’abattre à nouveau sur elle en clignement. Et à a travers sont regard fouillant l’étendue, elle ferme les yeux, les ailes déployées maintenant reposent. Son âme respire… La fine pellicule de son souffle se libère de sa bouche assoiffée, révélée dans l’humidité ambiant et la nature même autour d’elle s’affranchie et évapore leur oxygène en fumée légère. Sur la terrasse de ses appartements, ombragés d’une étendue privée… Le secret n’y est pas mais l’étendue verdoyante auréolée de sainteté laisse planer le mystère tandis que le ciel continue d’habiller la jeune femme.

    D’abord pardonnée par la main pluvieuse qui caresse sa chevelure, moins ténébreuse, illuminée par les diamants délicats. Ensuite sanctifiée, son visage… Sa bouche… Son cou… Une chute sur sa peau jusqu’à ses épaules dénudées et elles se recouvrent froidement. Yoshimasa fini par faire remonter l’épais manteau pour les en recouvrir et son visage s’abaisse. Sa chevelure retombe sur son visage… Vient alors l’humilité enfin révélé après l’avoir longtemps chéri. Elle frissonne… Se presse alors d’un grand pas une main humaine et féminine, celle d’une servante qui l’aide à recouvrir entièrement son corps et d’un bras attentionné, l’invite à reculer sous la protection du toit. Et deux autres fidèles femmes s’ajoutent et, une à une, la revêt jusqu’à ce que sa féminité disparaisse sous une armure.

    Sur tout cela, le manteau est reposé à nouveau sur ses épaules et sa chevelure est empoignée par des mains expertes pour la relever en un chignon complexe. Les anges qui purifiaient la femme à demi-nue, environne maintenant le Maître Ashikaga. Même personne, même manteau… Deux être différents, une dualité d’une âme profonde et d’une existence par naissance. Quel était l’avantage entre elle et les simples ? Difficilement cheminer pour vivre essentiellement, ou vivre pour mourir. Elle n’avait pas choisi, comme le fils d’un pauvre homme ne choisi pas non plus. Mais si elle était née pour ne pas durer, c’était ainsi qu’elle vivrait. Courtement surement mais non pas dans la richesse matérielle. Yoshimasa savais que sa vie, elle la donnerait la main tendue, munie d’un sabre meurtrier pour les indignes, et sauveur pour sa nation.

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Tokugawa_hakumei
- Autre chambre, même décor -

    Le shoji* est ouvert. Le ciel déverse ses larmes en de multiples clapotis. Douce mélopée qui envahit l’espace. Le fude* demeure en suspens, perché au dessus de sa toile dont il a quitté le tissage. La main gracile est immobile. Tout comme le visage surmonter des deux perles terreuses. Au Shognat, ou au Yajimaro, jamais elle ne se dépayse. Toujours cette vue imprenable sur les jardins.

    L’eau. Toujours l’eau dont elle se plait à penser d’être l’égale. L'Absolue. L’eau qui ne ressent rien, mais qui fait ressentir. La terreur de l’océan en tumulte. La fraicheur de la source cristalline. L’eau, l’insensible et l’éternelle. L’eau jamais ne meurt, elle se transforme.

    Chuchotement d’un froissement de toile. La servante s’occupe dans un coin de la chambrée, réparant quelque soies déchirés. L’Œil reste toujours vigilant, mais la Tokugawa demeure, calfeutrée dans l’indifférence qu’elle offre au monde qui l’entoure. Bulle de silence. Le jeune corps se meut dans un bruissement d’étoffe. Un pas silencieux qui se suit d’un autre.

    _ Hakumei-sama! Vous allez attraper la mort!

    Ton sévère de la camériste reçut dans une ignorance parfaite. La main s’appose sur la bordure du shoji contre lequel elle prend appuie. Les prunelles sombres se perdent dans le rideau liquide. Elle aime la pluie et le monde qui la fuit. Les larmes célestes sont empreinte d’une solitude dont elle aime croire être la seule à profiter. Silence. Une paume se tend. Caresse liquide sur la peau de nacre.

    _ Hakumei-sama!

    Les doigts se replient dans toutes leurs lenteurs sur la petite flaque qu’elle ceint de ses chairs.

    _ Katsuyu. Tu m’ennuie.

    Le pied glisse sur le sol, y imprimant un demi-tour. La frêle silhouette rejoint sa tablée. La paume se révèle quant les doigts se desserrent, laissant ruisseler l’eau qu’elle contenait sur le sol. Grimace de la servante. Dans un calme absolue, la jeune Hakumei reprend place. Les doigts s’emparent du fude dont elle lave la pointe avec minutie. D’un geste empreint d’une infime précaution, elle dégorge les poils de leurs eau dans un frottement de lin. Puis le pinceau retrouve sa place, tête plongée vers le sol.

    Le corps s’ébranle encore et la main vient pousser une autre porte. L’envie de parcourir le silence et la solitude des couloirs du shogunat. Profiter à elle seule de la mélopée de la pluie. Dans ses soies éthérées, la Tokugawa abandonne ses appartements et la servante chargée de ses soins.

    Bruissement.


* Shoji: Porte coulissante japonaise
Fude: pinceaux japonais

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De retour - Navrée pour mes retards!
Ashikaga_yoshimasa
Clic.

    - Suis-nous, Le Maître te demande.

    Résonance frappante. Beauté d’un pas des plus homme sur un sol ferme. Ils s’étaient approchés dans un accord parfait. Trois protecteurs, trois sentinelles, maniés par une main exigeante. Ils s’étaient approché en une ligne qui ne laissait droit de passage à aucun. Du fond du couloir éclairé par une sortie, jusqu’à la jeune femme qui s’avance dans un bruit soyeux.

    Ils s’étaient arrêtés en face d’elle, d’un seul et même pas. Nul ne pose son regard sur le Bushi sauf celui du milieu, on ne lit rien en celui-ci si se n’est la dureté d’un homme de guerre. Ils étaient tous de pierre. Brisable que par l’à-coup du sabre. Il n’y avait dans leur parole ni respect ni manque. Et Hakumeii saurait apprécier la direction de leur ton, dans une égalité, même fer, sorti d’une même terre.

    Sa voix fut un bas grondement, qui ne résonna qu’aux oreilles d’Elle. Comme un raclement de roche. Ceux là n’étaient soumis qu’à deux seuls, le Seii’ premièrement et le Daisho Sentinelle secondement. Et si… Dans le jeune regard, miroitait une gloire future ? Fait de Haut-faits, c'est-à-dire de sang et de sacrifice, le passage de la douleur sans artifice, ainsi… Genou se poserait devant-elle, méritant son titre de fait.

    Quelle était la sensation d’avoir pouvoir sur la force la plus charnelle ? Hommes fidèles à une femme, plus que la leur, qui revêtait toute l’image d’un maître. Pas même son père n’avait imaginé, que cette autorité, elle l’aurait gagné de par son propre sacrifice plus que par le droit d’un ainé de sexe. Elle avait ce qu’elle n’avait jamais cherché, et souhaitais moins que ce qu’on lui offrait.


[Plus avant, dans les appartements du Maître]

    - Et Maître Riyu ?

    - Il est occupé à la formation de Ryoku-kohai votre Grâce…


    A l’infirmerie, Chiharu reprenait santé. Atsuhito s’épenchait sur les lettres. Au loin, Matsakodo voyageait… Et il n’était pas question de déranger son frère pour une si petite affaire. Les Bushi étaient là pour ça. Cependant de plus en plus d’affaires liées au domaine les retenaient. Ils faisaient leur devoir avec une perfection extrême, Yoshimasa pensait à les récompenser. Mais à cet instant elle réfléchissait…

    - Et le Bushi Tokugawa ?

    Lui vint un visage passé, presque oublié à lui-même. Le souvenir d’un être vide, sans peur, sans expression de souffrance, un jeune corps blessé. Et ce jusqu’à ce qu’il n’en ressente plus la morsure de la neige. Elle se trouvait ici même, en son domaine, laissée à elle-même depuis quelque temps. Yoshimasa ne voulant jusque là, ne pas intervenir dans son éducation. Et l’oublie avait passé sa main sur l’esprit. Elle se retourna vivement vers sa servante.


    - Faites là apprêter, ainsi que nos chevaux.


[A nouveau dans le couloir…]

    Un nouveau personnage apparut. Il s’arrêta tandis que les gardes s’écartèrent, dos contre le mur. Elle regarda Hakumeii, non pas comme elle l’avait fait la toute première fois mais comme elle l’avait fait la dernière fois avant de la laisser entre les mains de chef Tokugawa. Le souvenir lui rappela le sentiment d’envie, celui de la faire sienne, son disciple, son enfant d’arme. Et d’en recevoir toute la gloire et la fierté.

    En effet, car voici le Tokugawa en avait fait une merveille. Yoshimasa fit un pas, puis un autre. Tourna autour d’elle, le regard inexpressif, ni appréciateur ni méprisant. Hakumeii se tenait droite, le menton en équerre, sans fierté ni faiblesse non plus. Régulier. Son corps dans une position aussi forte qu’elle pouvait l’être. Gardant le silence, ne bronchant. Oh oui, Kadokawa avait fait du bon travail.

    Hakumeii demeurait la même, avec les dorures en plus et le port d’un chef. Il était plus inné qu’apprit. Yoshimasa cessa devant elle, ses yeux se portant sur le regard de la jeune fille s’attendant non pas a ce qu’il soutienne le sien mais fixe son devant. A la fois image de force et d’humilité. Un sourire entendu perça au coin de ses lèvres. Satisfaite de ce qu’elle voyait. Se voyant en elle sans non plus se retrouver. C’était comme un miroir qui apportait la perfection à une image passée.


    - Es-tu prête à me suivre ?

    Plus qu’une question, un engagement s’entendait. Tokugawa, Ashikaga… Une alliance qui avait toujours eu ses rebondissements, ses amours et sa haine. Et qui trouvait peut-être une destiné en deux femmes sacrifiées pour revêtir la beauté d’une autorité masculine. Avec ses parures, ses respect mais ses traditions et ses plaies.

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Tokugawa_hakumei
    Ballet des gouttes qui martèlent les parois de murier. Lente agonie des larmes qui y ruisselle. Elle est devant un théâtre où ce joue des ombres chinoises. Une main vient frôler la parois translucide et s’y pose en un geste délicat. Aux perles terreuses de contempler la lumière improbable qui filtre de l’extérieur. Une lumière intime presque secrète.

    " Suis-nous, Le Maître te demande."

    Les pas, elle les a entendu arrivés. Comme à son habitude elle les a ignoré. Langueur d’un esprit trop prompt au désintérêt. Dans une indifférence toute innocente, elle contemple encore un instant les ombres qui tavèlent le shoji. La pluie. Si délicate. Si poétique. Aussi insaisissable qu’un regard. Calmes et insondables, les prunelles se portent sur le bushi qui la contemple. Lentement, elle se redresse pour venir faire face à l’homme… puis à la femme à qui il cède le passage.

    Superbe, sévère. Elle sent vibrer en elle cette même fascination qui l’avait étreinte la première fois. Fascination d’un geste, d’un pas, d’un regard. Yoshimasa Ashikaga. Si le Seii Taishôgun voit en elle le pâle reflet de son passé, pour la Tokugawa c’est l’image de son avenir qui se meut devant ses yeux. Elle a trouvé son model. Elle a trouvé le maitre à dépasser.

    Aucun geste n’ébranle le corps juvénile qui se laisse patiemment examiner. Sous les perles Ashikaga, elle ne bronche pas, tous sens concentrés sur les pas qui martèlent le sol tel un calme métronome.

    " Es-tu prête à me suivre ?"

    Une phrase pour rappeler à l’esprit languissant qui elle est. Tokugawa no Hakumei, Bushi de la famille Tokugawa. L’aurais-tu oublier? Tu es un Bushi. Le Bushi Tokugawa.

    Silence. Le buste ploie dans une déférence certaine, les lèvres se délient.

    _ Laissez-moi le temps de me préparer et je vous rejoindrais.

    Pas un mot de plus. Pas le temps de la réponse. La jeune Tokugawa rejoint ses appartement à peine abandonnés. Le shoji s’ouvre sur une Katsuyu qui lui lance un regard des plus agacés. Bouche scellée dans un respect imposé, jamais elle ne se risquera à une remarque désobligeante. Pas besoin de mot pour trahir, pourtant. Un regard suffit.

    _ Yoshimasa-dono a besoin de moi. Apporte mon armure.

    Rien. La tête de la jeune fille pivote sur le visage ébahit de sa servante.

    _ Katsuyu! Aller!

    A la femme de s’empresser de lui apporter ce don elle avait besoin. Un main experte vient nouer ses cheveux puis dans un silence mortuaire, la jeune fille endosse calmement l’okegawa do* avant de laisser la servante l’engloutir sous les dernières masse des plaques de lames ferrées.

    _ Vous ne l’avez jamais porté auparavant. Vous auriez du m’écouter et la porter pour vos entrainement!

    Silence. Le regard reste figer dans le vague tandis que chaque muscle s’acclimate du poids supplémentaire dont-ils se parent. Bruissement des étoffes qui disparaissent sous l’armure. Imposture. La voilà ensevelie par une tâche qui ne devrait pas être sienne. Imposture. Impression étrange de se sentir comme une grenouille coincer dans un vase. Imposture. De bushi, je n’en ai que je le nom.

    _ Vous n’avez pas de kat..

    _ Je sais. Apportes mon boken.

    Et le boken vient rejoindre sa taille tout comme son wakizashi et ses précieux tessens. Parée. Armée. Ses mains se posent sur le do, avec une délicatesse infime, comme s’il était fait d’un cristal qu’elle aurait peur de briser. Le rouge et le noir, telles sont ses couleurs.

    Dernier geste de la servante qui lui apporte son kabuto. Un regard presque soucieux vient parcourir le corps juvénile paré de son armure. Elle seule connait l’étrange mal qui atteint la jeune Tokugawa.

    _ Faites attention, Hakumei-sama.
    _… Cela fait quinze ans que je fais attention Katsuyu.

    Les mains s’emparent du casque puis le bushi disparait dans un cliquetis de métal.


* Okegawa Do= Armure des samouraïs
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De retour - Navrée pour mes retards!
Ashikaga_matsakodo
[ Sur le sente, à quelques lieues de là]

Il ressemblait à la branche morte, d'un rosier qui semblait renaitre, porté par le sang Ashikaga qui coulait en lui comme une sève puissante et sereine. Ses sens étaient toujours acérés comme des épines, ses blessures pansées, et puisqu'il le pouvait enfin, il reprit la route de Nakatsugawa aux premiers jours de Momijigari*. C'est ainsi qu'il traversa la région cuivrée par l'arrière-saison, sur le dos de son indéfectible Yukigure. Lui qui partit comme un souffle deux mois auparavant, ressurgissait à la saison des tempêtes, comme une rose des vents de son passé de ronces.

Son regard porté sur l'horizon gris avait gardé sa superbe d'autrefois et d'autre lieux, mais il semblait éteint par le voile humide d'une averse automnale, qui venait de chasser les frimas du matin. Les naseaux de sa jument exhalaient des nuées de vapeurs qui bousculaient les gouttes dans leur chute rectiligne, rappelant à lui le souvenir florissant des courses lointaines avec Shima. Il aimait se remémorer ces bons moments durant ses périples. Cela brisait la monotonie du voyage et ajoutait des couleurs aux décors rubescents de la nature saisonnière. Au brun du petit Ramu sur le sable doré d'une plage où Aylisha et lui regardaient autrefois les navires, succédaient le rouge des étoles du shogunat et le lac bleuté du jardin. Ce passé irisé était une fenêtre ouverte sur ses anciens compagnons d'armes, sur sa famille et sur ses proches, le détournant un instant de l'inconnu de son destin. Une pensée au goût du calme infini qui précède les plus lourdes douleurs.

A ces spectres ancrés en son âme, il avait promis qu'un jour, la guerre ne serait plus qu'un vieux fantôme. Que l'ironie funeste donnant à la paix le prix du sang, n'agitera plus ses ailes sombres au dessus de l'Oda, du shogunat et des Ashikaga. Dusse t-il la rompre dans le vertige du trépas. Peut être saura t-il alors voir au cœur de l'âme ce que chacun cache sous les éternels masques des regards translucides, dénués d'oriflammes et de drapeaux. Un jour... demain.... peut être.

Et la brise s'invita en silence. L'absence faisant semblant de s'effacer, à la vue des premières fortifications apparues au travers de la chevelure brumeuse de l'ondée. L'heure de rassembler les éclats de sa vie avait sonné. Il était l'heure de reprendre un peu racines et d'oublié le temps perdu, puisque seul celui qui reste à vivre est important. Et comme chaque goutte d'eau, ensemble, se mêlent en torrent, les destins se réunissaient autour du shogunat. Personne n'y était jamais ni surnuméraire, ni indispensable. Et pourtant, les portes s'ouvraient pour le laisser entrer, enfin, chez lui.


*Momijigari, littéralement, « la chasse aux feuilles d'automne » est la coutume traditionnelle japonaise d’apprécier la beauté des feuilles en automne
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Ashikaga_yoshimasa
    La voici qu’elle revenait, vivacité singulière chez la jeune fille que Yoshimasa observait pour la première fois. Le regard scrutateur du Maître se fit comme un froncement tandis qu’Hakumei approchait. Ses yeux descendirent le long du corps du Bushi, ne dit mot mais elle comprit le manque d’instruction chez l’adolescente. En effet, pour le chef Ashikaga, sa tenue était loin d’être complète mais plus encore elle perçu une mal-habileté dans le port de l’armure. A peine certes, mais déjà trop pour l’œil guerrier.

    Preste, elle lui tourna le dos et prit chemin de la sortie, signalant le départ. Deux montures se trouvaient là, apprêtées pour le Maître et le Bushi et maintenues par deux hommes. Yoshimasa grimpa d’un geste, sans qu’on ait à l’y aider. Son visage demeura fixé sur le lointain, les rennes en mains, bien serrées. Si elle ne fit mine de prendre en compte les lacunes qu’elle avait découvert chez la fille, il n’en demeurait pas moins qu’une idée tenace s’incrustait à son esprit, du plus en plus persistante. Finalement, d’un signe de tête des plus discret, elle fit signe à l’un des serviteurs d’aider la jeune fille.

    Une fois bien en scelle, Yoshimasa élança sa monture par un cri net et un coup sec des talons sur les flans. Si son regard se fixait toujours droit devant elle, son oreille était à l’écoute de la chevauchée derrière elle, de crainte que l’enfant ne tombe malencontreusement, cependant elle n’en montrait rien. Lui accordant encore la possibilité de tenir sa fierté et de gémir la pénibilité de ce qu’elle devait vivre en silence. C’était une forme d’enseignement pour Hakumei et Yoshimasa était un maître rude, pour le plus grand bien de l’élève et la rapidité d’un apprentissage solide.

    C’est alors qu’un cavalier passait les portes tandis qu’elles allaient quitter la limites du domaine militaire. Le regard de Yoshimasa s’agrandit très brièvement, elle reconnu son cousin. Tirant sur les rennes de plus en plus forts, jusqu'à en arrêter sa monture au niveau de celle de Matsakodo, nul mot ne fut prononcé. Demeurant l’un en face de l’autre, Yoshimasa soutint son regard durant de longues secondes. Comme un échange en esprit, un regard fixe et sévère… Celui de Yoshimasa et un regard diplomate et patient… Celui de l’homme doux.


    - Suis-nous,
    finit-elle par ordonner.

    Et sans autres formes, les trois cavaliers prirent direction du sud… Seule Yoshimasa savait ou elle les menait. Une mission non point des plus importantes, cependant l’escorte était de qualité. Elle aimait engager auprès d’elle, les personnes en lesquelles recelait un talent profond. Hakumei… Elle était comme l’eau. L'eau sinueuse sur la terre qui fait son chemin le long des sillons. Un éclat dans un regard, un éclat brun et verdoyant, une étincelle que Yoshimasa ferait peu à peu sienne. S’en était décidé. Matsakodo… Il était à la même image que l’enfant, cachant cependant dans son poignet une férocité. Mais comme la terre s’abreuvant de l’eau, plus paisible que jamais.

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Teruko
    Et que tombe la pluie.
    L'eau cristalline se déversait sur les paysages mordorés et cuivrés, embellis par la belle saison, leur apportant charme et monotonie. Très vite, la pluie se mêla à la terre du sol pour former de la boue, ce qui ralentissait considérablement la marche de Teruko. Arriverait-elle à gagner la capitale avant le coucher du soleil ? Le doute était de mise, bien que cette question était vitale. Cela faisait quelques jours que la jeune femme n'avait rien ingéré. Pourrait-elle continuer à marcher ainsi, des heures durant ? Une atroce douleur labourait l'estomac de la nippone, tandis que ses articulations s'affaiblissaient non sans la faire souffrir, de par l'effort et le froid glacial de cette sombre journée.

    Tout en parcourant les paysages boueux, Teruko se remémorait. Cela ferait bientôt une année que cette même température polaire et la pauvreté avaient emmené ses parents. Aujourd’hui, c'était à elle de lutter contre cette misérable réalité, qui la menaçait de mort à chaque instant. Le danger était d'autant plus important qu’elle savait que si par mégarde, elle venait à rencontrer un brigand, ce serait la fin. Bien qu'elle cachait précieusement un boken de mauvaise facture, à quoi lui servirait-elle ? Le haut de son coup était quasiment paralysée en raison des conditions hostiles contre lesquelles elle se battait.

    Tout en douceur, la jeune femme se retourna. Elle promena un regard sur les environs, et le laissa retomber sur le sillon boueux. Les traces de pas qu'elle laissait derrière elle finiraient-elle par la trahir ? Cette idée la hâta, et son pas magistral se fut davantage rapide. Sa course était folie, et son corps exténué. Son ambition relevait de l'impossible. Pourtant, la jeune femme ne faiblissait pas. Son regard impassible fixait sans cesse un même point, encré sur l'horizon tapissée de brume. Une énergie à l'origine inconnue alimentait sa marche laborieuse. A s'y méprendre, Teruko courrait vers sa destinée.

    Les cheveux de la jeune femme, bien que trempés jusqu'aux pointes, restaient étrangement lisses. De longues lignes bleutées parcourraient ses fines mains. Son souffle était profond et ardu. Sa respiration, singulièrement rapide. A plusieurs reprises, l'envie de s'affaler sur le sol fangeux, et d'attendre patiemment la mort la prit. Mais, l'image des lueurs de la capitale la ramena perpétuellement à la raison. Teruko leva ensuite le front vers le ciel grisâtre. Des perles salées bordèrent les yeux de la nippone, pour rouler sur ses joues, et se mêler aux gouttes insensibles de l'intempérie.
    Et que tombe la pluie.
--Sukatorokisama
Kisama marchait d'un pas rapide. L'eau ruisselait sur son visage, gouttait de ses cheveux; il plissa les yeux pour apercevoir le chemin devant lui. La pluie grisait l'horizon. Il cru apercevoir un point noir, au loin.

Il serra plus fort dans sa main les cinq Kobans qu'il avait gagné en travaillant à Kyosu puis compta mentalement ce qu'il lui restait à rembourser à ses créanciers: Douze... non, Dix neuf Kobans avec les œufs de l'épicerie. C'était son dernier emprunt, il le savait. Asuka l'avait prévenu, il ne lui ferait plus crédit. Mais s'il donnait sa paie du jour, qu'allait il manger?

Il plissa de nouveau les yeux. Le point noir qu'il avait aperçu un instant plus tôt semblait se mouvoir. Et si c'était un brigand? Il glissa dans la boue du chemin pour atteindre un buisson. Pourvu qu'on ne l'ait pas repéré. Il prit le Kunaï qu'il avait à la ceinture, se recroquevilla et attendit sans bouger.

Avec la pluie, il eut du mal à entendre le bruit des pas qui faisaient voler la boue derrière eux. Ils ne furent perceptibles que lorsque leur auteur passa à coté du buisson. Il leva les yeux et ouvrit de grands yeux. La surprise l'immobilisa quelques secondes. C'était une jeune fille qui courait. Elle le dépassa et continua sa course. Apparemment, elle ne l'avait pas vu. Elle lui tournait maintenant le dos, continuant vers le chemin qu'il venait d’emprunter.

Sans qu'il en eut même conscience, il fit un rapide calcul. La jeune fille semblait seule, elle paraissait maigre et frêle, il n'y avait personne à l'horizon. Impossible de savoir si elle était riche, ses vêtements étaient trempés; mais une aussi jeune fille ne traine pas seule sur les routes. Elle devait être missionnée par un adulte... vendre la production de son père au marché... Oui, c'était surement cela! Et comme elle n'avait plus de panier, elle devait rapporter l'argent gagné à la maison. Et elle courait par peur de se le faire voler !!!

Kisama sourit pour lui même. Il se trouva très malin d'avoir compris la situation. Il pensa à tout l'argent que devait transporter la gamine. Il fallait qu'il agisse vite, avant qu'elle ne soit plus à sa portée... Il sauta sur la route et couru aussi vite qu'il put. Heureusement, la jeune fille commençait à fatiguer. Elle courait moins vite. Il fut aider par le bruit de la pluie qui couvrait ses propres pas. lorsqu'il fut près d'elle, elle se retourna sans cesser de courir. Elle voulu accélérer son pas, mais trop tard...! Il réussit à attraper un pan du kimono de Teruko et tira dessus aussi fort qu'il put. La gamine partit en arrière et se trouva collée à Kisama. Il lui attrapa le cou d'une main et pointa son Kunaï dans sa gorge avec l'autre.


Donne moi ton argent, Chibi abazure!!!
Teruko
    Les pas continuaient de s'emboiter, toujours avec cette même excitation meurtrie. Les muscles affaiblis de la nippone grondaient sous l'effort que demandait Teruko, tout au long de la folle course sans fin qu'elle entreprenait. Et alors que les minutes défilaient, que les gouttes tombaient et que les traces de pas se suivaient, la jeune femme crut apercevoir une silhouette, à l'horizon. Bientôt, elle s'arrêta. Un impétueux éclair éclaira le ciel assombri d'une vive lumière, et disparut en un lourd brouhaha. Le regard perdu au loin, elle se rappela d'un ancien conte fantastique mettant en scène un fantôme,paysan de son vivant, qui détruisait la récolte de ses pairs, en revanche de la malédiction qui cause sa tragique mort. En effet, de multiples coups de tonnerre le frappèrent, lui et ses terres. En guise de revanche, on raconte que le Maboroshi, comme on l’appelait familièrement, arpentait les cultures de paysans aisés, et en appelait à Susano-wo afin de les saboter.

    Quittant le monde des songes pour rejoindre la réalité, bien plus misérable, Teruko promena un regard espion sur les alentours. La silhouette n'était plus là. Jamais elle n'avait cru à cette légende mythologique, et n'y croyait toujours pas. Seulement, le cadre dans lequel elle était placée facilitait le viol de son esprit, et la nippone reprit sa marche, apeurée. Lorsqu'on est plus tout à fait vivant, mais pas tout à fait mort, les pensées se bousculent et perdent leurs repères. A présent, la jeune femme s’obligea à ne pas lâcher son but des yeux, et à ne plus prêter attention à ce qui l'entourait, ce qui pouvait ralentir sa course. C'est ainsi que les forces de Teruko se décuplèrent, et que ses pas reprirent un rythme effréné.

    Un bruit étrange se mêla à celui de la pluie diluvienne qui se déversait sans compter sur l'écosystème. La jeune femme trahit sa promesse et se retourna vivement, sans ralentir. Un homme à l'air vicieux s'approchait d'elle à grands pas. La nippone ne tarda pas à comprendre qu'il s'agissait d'un brigand. Même avec toute la volonté dont elle disposait, la vitesse de sa course restait constante, mais ne s’accélérait pas. Peine perdue, l'homme rattrapa Teruko, en saisissant le tissu de fortune qui la revêtait. En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, la jeune femme était prisonnière du mécréant, telle une bête prise à proie. Le regard de Teruko était d'acier, comme à l'accoutumée, mais n'avait jamais était aussi glacial qu'à cet instant précis.

    « Tue-moi, mais ne touche pas à mon visage... »

    Cette pensée silencieuse était la dernière faveur de la jeune femme, qui se l'adressa intérieurement. Jamais elle n'aurait eu le déshonneur de se rabaisser en demandant d'épargner son visage. Non, elle était bien trop fière pour cela. Cette faveur pouvait paraître égoïste ou superficielle au premier abord, mais il n'en était rien quand on savait le passé de la nippone. Le seul compliment qu'elle avait reçu depuis sa naissance était relatif à sa beauté. On n'avait cessé de louer sa plastique, qui faisait de nombreuses jalouses parmi les paysannes. Ses parents étaient persuadés que la beauté de leur fille lui assurerait un avenir plus confortable, mais il n'en était rien. La jeune femme regarda l'homme, avec une once de haine dans le regard, aussi dure que de la roche.

    - Je n'ai pas d'argent, kisama, cracha-t-elle.
--Sukatorokisama
Kisama fut glacé par le regard et les paroles de la jeune fille. Elle semblait prête à mourir, et il compris instantanément qu'elle ne mentait pas lorsqu'elle disait ne pas avoir d'argent. Un frisson glacé parcourut sa colonne vertébral. Qu'avait-il fait?

Il essaya de se calmer, mais la peur, la terreur même, l'envahissait. S'il la relâchait, elle allait le dénoncer. Il serait jugé, pendu ou roué de coups jusqu'à ce que mort s'en suive. La pluie coulait dans ses yeux. Sa vue se troublait. Par tous les Kamis, qu'avait il fait? Qu'est ce qui lui avait pris?

Il ne devait pas réfléchir plus longtemps. Elle devait disparaitre. Elle devait être rendue muette, pour l’éternité. Il leva son Kunaï et frappa, et frappa encore. Dans la poitrine, dans les côtes. Il était comme fou, il ne pensait qu'à sa peur d'être pris et ses gestes devenaient mécaniques. Il se vengeait de ses propres erreurs sur le pauvre corps de la jeune fille.

Le sang éclaboussa son visage, ses vêtements et se mêlèrent à la pluie. Une flaque commença à se rependre sous leurs pieds. Il s'arrêta enfin, à bout de souffle. Il avait porté 6 coups, peut être 7. Il ne savait plus.

Soudain, prit d'effrois devant ce qu'il venait de faire, n'osant plus regarder le pauvre corps de la jeune fille, il se mit à courir sur le chemin. A courir comme s'il avait un démon à ses trousses, comme si ça course pouvait effacer le crime qu'il venait de commettre. Ses larmes se mêlèrent à la pluie. Qu'avait-il fait, par tous les kamis...? Qu'avait-il fait?!
Ashikaga_yoshimasa
Clic

    D’un calme qui possède dorénavant la pluie, une simple bruine, goute à goute balancée… Bercée… Abusée par le vent. D’une fureur possédant la terre, un incohérent galop, pas après pas frappé… « fortè »… Chevauché écorchée. Un rythme brassant la boue et brouillant l’eau. Et que fait donc le Cavalier ? Menant la danse, ses pieds glissant, effleurant à peine la terre mère, ne touchant plus le sol de bois laqué ou de fange. Cravache à la main, il mène sa Charmante… Monture aux formes parfaites, obéissante bête à la main gracile qui repose dans celle du danseur étoile.

    Exaltante danse pleine d’une douleur éreintante. Le bonheur d’être malheureux, fierté d’un poids non admis. Chemin adoré et hait, jusqu’à l’acte ultime de la destiné. On détourne d’un pas, échappe à l’assassin d’un chassé. Yoshimasa tire sur les rennes pour éviter l’homme aux mains pleine du sang innocent. Et si la danse s’arrêtait là ? Un corps déposé… Mais le danseur poursuit son agréable cauchemars, il veut boire le rêve jusqu’à la lie. Le cavalier s’approche, son regard pénètre… La danse est explicite, ses yeux expressif, il narre. Petite lueur discrète dans le ciel bleu nuit.


    - Tue le.

    L’ordre fut simple, yeux dans les yeux.Yoshimasa à Matsakodo. N’avions nous pas dit que l’histoire était celle d’une vengeance ? Le Cavalier quite son agile compagne pour s’approcher d’une autre Cavalière qui, elle, à perdu sa monture. Ou peut-être n’en a-t-elle jamais eu… Yoshimasa écarte la mèche de cheveux zébrant le trop beau visage, sans manquer de remarquer sa maigreur. Puis ses doigts s‘active sur le corps, déchirant et entourant de tissue dans un acte désespéré. Ultime acte, une destinée étrange, est-il possible de sauver la mort ? Sang pour sang , ou la vie pour une condamnation ?

    - Nous la prenons avec nous, nous allons justement rendre visite à un médecin. Aide moi Hakumeii-san.

    Ainsi, le coup du destin, une lueur dans un ciel étoilé…

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--Sukatorokisama
Kisama fut terrifié de l'arrivé des cavaliers. Il esquiva les chevaux qui crachaient par leurs naseaux une brume plus épaisse et plus chaude que celle de l'air ambiant. Kisama sentait dans sa chair qu'il était en danger, que sa vie ne tenait qu'à un fil. Il aurait voulu disparaitre, ne jamais avoir été là.

La meneuse regarda la scène d'un air sombre, comme si elle analysait ce qui s'était passé. Se pouvait il qu'elle ne comprenne pas? Non! Son regard glacé lui fit prendre conscience qu'elle avait saisit qu'il était l'assassin. Son cœur s'arrêta un instant. Un instant trop court, il aurait préféré mourir tout de suite, ne pas savoir la suite qui était inéluctable.


Il essayait de se rappeler une prière lorsqu'il entendit l'implacable:
- Tue le de la sombre créature qui dirigeait la troupe. Soudain, il manqua d'air. La panique le submergea, tout son corps tremblait, ses yeux étaient exorbités. Il ne voulait pas mourir. Il se jeta à genoux, leva les mains vers le cavalier qui s'approchait de lui et hurla:

Pitié, maitre. Je vous en prie, laissez moi partir.
Ashikaga_matsakodo
Les montures couraient le long du cours d'eau meurtri.

Retour difficile, tant par la fatigue de son voyage que par l'effort nécessaire qu'il devait déployer pour pouvoir la masquer. A peine avait-il eut le temps de rentrer qu'il devait à nouveau s'élancer pour suivre sa cousine qui n'avait pas changé d'un iota. De sa stature à son regard déterminé, Shima était toujours Shima. La volonté d'un torrent, et le calme d'un lac.

Sans un mot il s'était donc élancé à leurs suite, menant un train d'enfer jusqu'au lieu ou un drame s'était déroulé. Un drame qu'ils devaient achever. Face à lui, un homme à genoux, l'implorant sans que ses paroles ne l'atteigne. Que disait-il ?

Ses mots étaient bien plus qu'un soupir, mais bien moins qu'un cri. C'était l'envie de vivre retenue de lâcheté et de dépit. Parce qu'il savait bien que c'était trop tard. Que rien n'effacera son crime.

Après la nuit blanche, journée noire et ciel gris pour le samouraï. Il souffla :


_ Mourir n'est qu'une autre façon de partir. C'est tellement plus digne que de fuir.

Lentement, il avait mis pied à terre, et d'un geste large et concis, il trancha la tête du brigand.

Il essuya sa lame avant de la ranger. Elle était faite pour la guerre. Tuer sans combattre, cela revenait à voir le verre d'eau à moitié vide. C'était son credo, son héritage. Longues années d'études où la guerre change de visage, parce qu'elle évolue et parce qu'elle ne se gagne que si elle est organisée. Vagues de souvenirs.

Mais aujourd'hui était un jour où dès le réveil, il avait sentit que tout serait sombre. Coincé entre le minable et le formidable, à moitié vide lui aussi, à se demander si le temps l'avait à ce point changé. Il avait la sensation de n'avoir qu'à demi vécu, mi intime à lui même et mi étranger. Son impact dans ce monde, jusqu'ici, se résumait à tellement peu. Quelques empreintes de pas de son passage sur le sable passable de son passé que l'écume de l'oubli et du temps effaçaient lentement.

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Tokugawa_hakumei
    La pluie efface les mots. Creuse le silence. Les perles cristallines viennent plaquer sur l'armure les pensées alanguies d'un esprit en latence. Cliquetis sur le métal qui exacerbe son état d'âme. Statue de silence. Lèvres closent qui ne se défont d'aucune paroles. Inutiles.

    Imposture.

    Unique mot qui sévit dans son âme. Le malaise se fait ressentir sur la monture qui galope. Gène de l'armure trop lourde qui enraye ses gestes malhabiles. La Honte derrière la Grâce glaciale. La Tokugawa derrière l'Ashikaga. Embrun de rage qui s'anime dans les entailles infantiles. Bushi a son âge. Un honneur qu'elle ne peut pleinement assumer. Cette rudesse qu'elle a lut dans les prunelles seigneuriales... elle ne le supporte pas. Non. Car c'est dans ses yeux là qu'elle voudrait briller.

    Course effrénée dans une bulle de silence. Malgré le chant des larmes célestes, malgré la rage qui a put étreindre le ciel. Le calme. Encadrée par les deux sereins. Mais la tranquillité se brise quand le vermeil se mêle à l'eau.

    Les doigts hyalins resserrent les rênes qui fige la monture. Aux sabots de l'équidé, un corps est allongé. Pâle pantin de chaire couvert par les prunelles terreuses qui ne souffrent d'aucun ressentit. Ce flot rouge qui coule sur les courbes martyrisées... et cette douleur dont il témoigne. C'est la fascination. Encore. Toujours. La fascination pour celle qui ne ressent rien. Attirance de l'inconnu. Le corps reste platement immobile alors que le regard profond ne quitte pas le sang qui s'écoule des plaies de la supplicié.

    C'est les paroles du Seii Taishogun qui viennent sortit la jeune Bushi de son immobilité profonde. Le corps quitte la monture dans son bruissement de métal et lentement elle s'approche des deux femmes. Un regard qui cherche ceux de l'Ashikaga, puis les gestes légers de la jeune se mêlent à ceux de l'ainé. Le corps est soigneusement porté sur la monture de Yoshimasa. La jeune s'écarte alors pour rejoigne son propre cheval. Les perles terreuses se perdent un instant sur les mains blanches que recouvrent maintenant quelques rivières de sang. La pluie ruisselle, se mêle, efface.

    La bushi remonte en selle, non sans une certaine galère qui ne manque pas d'agacer son esprit bien peu habitué à pareil énervement. Un soupir quand la cavalière reprend sa digne place. Le visage se lève au ciel.

    Que la pluie efface l'amertume. Que la pluie lave le sang.

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De retour - Navrée pour mes retards!
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