Citation:AïeeeeeeeeYEUUUUUUUUUUU !!!
Ça, cest un coup de sabot bien senti pour la gaffe ! Aurèle a stoppé lhémorragie des mots à temps, car la dame nest point sotte et pourrait sapercevoir quils mentent tous : sils connaissent Feuilllle et ses pastorales, cest quils sont dici tout de même !
Alors que Mahaut se penche avec compassion vers la pauvrette ( elle soulève un peu la houppelande, voit un bleu énorme fleurir sur le mollet peu charnu de la fillette,) un Étranger arrive, surprenant par sa vêture et couleur de peau, qui semble plus marquer son contraste avec la neige environnante.
Les mignards le regardent, médusés : ils observent la différence sans à-priori , c'est une des qualités de leur enfance.
Citation:
"- Salam Aleykoum Dame.
Jai pour nom Azeem et je suis du lointain pays dorient que lon nomme lEgypte.
Dites-moi est-ce coutume chez vous que les bambins épient les cérémonies dépousailles ?
Ohhh ils nont rien fait de mal je vous assure, enfin pas encore !"
*" Ce doit être un Sarrasin*, pense immédiatement Mahaut, qui n'en n'a jamais vu, mais qui connait leur existence et un peu leurs usages par son amie, qui elle, en bien connu un dans son enfance : lErmite qui a tant instruit la petite Feuilllle de l'époque.
Touchée de l'intérêt que cet homme tient aux enfants Mainois, elle porte sa main vers son cur puis son front, et la dirige d'un geste affable et léger vers lui, l'accueillant en souriant :
"- Messire, vous êtes le bienvenu ici, mais j'espère que nulle blessure ou mauvaise santé ne vous entravent. Vous venez de si loin...
Elle songe aux océans, aux terres qu'il lui a fallu parcourir pour venir jusqu'ici. Dans un tout petit et anodin village de France.
"- Ces enfants ne sont point méchants, je vous le confirme ; juste un peu facétieux et bien entendu, ils ont quelquefois les secrets de leurs âges."
Elle les regarde avec indulgence. Mais la petite sur se plaint, dit quelle a mal et une larme perle au coin de ses paupières : le coup asséné a été trop rude, le garçon impulsif n'a pas appris encore à doser sa force.
Dame Mahaut se tourne vers l'homme, les yeux plissés de rire ^^ ; une complicité d'adulte qui n'échappe point aux enfants... Elle gronde Aurèle :
« - Cest vraiment sauvage et très mal ce que tu lui as fait ! Vraiment ! Comment peux-tu traiter ta jeune sur ainsi ? Toi qui devrais la protéger vu ton ainesse ! Oui oui, ta sur ! Je vois bien votre ressemblance ! »
En effet, celle-ci ne fait même aucun doute : même broussaille couleur dambre et de miel, yeux bleu- sombre bien arqués, nez en trompette et menton volontaire
« - Pourquoi as-tu fait cela ? »
« - J'ai po fait exprès Dame !"
De fait elle réalise qu'il a lair malheureux de son geste trop brutal. Mahaut décide de ne pas insister. Certes ils sont menteurs et préparent un mauvais coup, et ils sont dici puisquils connaissent larchidiaconesse, et aussi ses pastorales !
Bah ! Les bandes denfants de tout temps ont joué sur le dos des adultes. En général, ça ne va pas bien loin. Loccasion fait le larron comme on dit, et ceux là nont pas lair bien méchant.
Elle se réjouit déjà du moment où elle sentretiendra avec Feuilllle, après la célébration ; elle se doute quelles riront bien toutes deux. Mais il ne faudrait tout de même pas quils se fassent mal, aussi cest dune voix féroce quelle leur dit, puisque labreuvoir est plein. Dailleurs elle nen avait nul besoin, cétait un prétexte pour les interroger un peu.
« - Il va falloir être sage, un jour de mariage ! Sinon vous risquez bien tous dêtre grondés dimportance et de travailler plus que de coutume ! »
Les enfants, penauds, baissent le nez
Puis elle se tourne vers la Petiote, radoucie :
« - Allons Fillette, comment tappelles-tu et tu as quel âge ? »
La gamine renifle, déjà consolée sous le léger massage de la Dame, le majeur et lauriculaire gauches dans la bouche. Elle en a vu dautres avec ses frères, et elle en rajoute pour se faire câliner un peu.
« - Zai presque 7 ans, z'mappelle Agnès Dame. »
Deux doigts baveux sont retombés sur le vêtement fripé. Il lui manque une dent à la mâchoire du haut.
« - Cest un très joli prénom. Viens, je vais te passer un peu de pommade de racine darnica, tu auras moins mal ensuite. Suis- moi à lherboristerie. Allons Aurèle accompagne nous, et sois gentil avec ta sur.
Restez ici vous autres, et surveillez-moi les animaux en labsence des palefreniers, partis se sustenter un peu."
Elle se tourne alors vers l'homme, riant, mais lui chuchote bas sa première phrase, de manière à ce que les Barbouillés ne l'entendent pas :
"- Pour vous répondre, Messire, non ils sont normalement cloisonnés aux offices, si je puis dire, quand il y en a. Mais aujourd'hui la célébration religieuse a déplacé pas mal de monde, et ils en ont profité pour s'échapper. Il ne risquent du reste pas grand chose, nos plus grands sont habitués à garder les plus jeunes, et ils sont relativement fiables niveau sécurité. : les accidents sont fort rares."
Puis plus haut :
"- Nous accompagnerez-vous jusqu'à l'herboristerie Messire? Ou préférez-vous surv... Euh tenir compagnie à tous ces Marmousets ?"
La vingtaine de gamins, penaude, se regarde consternée, ils sont tous très embêtés : ils ne désiraient point se faire remarquer ! Manquait plus que ça : un grand Sire qu'ils ne connaissent même pas qui se pointe en plus de Dame Mahaut!
*Et pis, il a une grande et drôle d'épée! Pensent peu rassurés les plus jeunes...*
*Vrai, l'hostilité des adultes envers les enfants ne cessera donc jamais !* réfléchissent les plus âgés.
Silencieux, ils rongent tous leur frein de charrette...