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[RP] A chacun sa trêve

.mahaut.
- Pardon ma dame, vous avez fait tomber votre mouchoir. Tenez.
- Oh merci bien, avec tous ces paquets je n’ai plus une main à moi. He bien quoi ?


Le gamin la regardait, la main tendue, confiant. Interloquée, elle le fixait, tentant de comprendre ce qu’il attendait. Derrière elle, Anatole tentait d’ouvrir la porte du carrosse sans poser un seul paquet. Genève avait beau être une ville charmante, plein de jolis chalets, du fromage fondu délicieux, les sapins sous la neige adorables, elle n’en restait pas moins comme toutes les villes quand la neige fondait : elle était pleine de boue.
Les bras chargés des achats de fin d’année, ils revenaient dans leur auberge avant d’être arrêtés par l’enfant.


- Ben j’ai ramassé votre mouchoir. Ça vaut bien une p’tite pièce, nan ?
- N’exagérons rien, ce n’est qu’un mouchoir en coton, ce n’est pas comme si c’était un carré Erre Messe non plus.


Anatole avait réussi à ouvrir la porte et commençait à entasser les paquets sur une banquette. Mahaut lui tendait ses propres paquets, évidemment sans attendre qu’il ait fini, pour ne pas qu’il s’habitue à trop de facilités.
Tandis qu’elle se tournait vers lui, elle sentit soudain une chose affreuse : un coup de pied dans sa cheville.


- AAAAAAAAAH ! Au meuuuurtre ! Aaaah !
- Bien fait !
- Il a taché ma houppelande ! Je galère à la relever depuis cet après midi et il me la s.alope pour un mouchoir ! Mais dans quel monde vivons-nous ? J’emménage à Genève pour fuir la petite délinquance qui gangrène notre société française et je découvre qu’elle n’est pas mieux ici ! Je vais prévenir les autorités ! Tu ne t’en tireras pas comme ça !
- M’en fous ! Evadée fiscale ! Tu viens chez nous pour pas payer chez toi !
- Quuuuuuoi ? Anatole ! Rattrapez-le et mettez-lui-en une !


Le gamin avait déjà fui à toutes jambes, ne se privant pas de quelques gestes explicites à base de doigts relevés et de pliage de coudes. Choquée, Mahaut le regarda s’enfuir, cherchant du soutien dans les badauds présents.

- Vous avez vu ça ?
- Ben une p’tite pièce ça vous coutait rien, m’dame. Avec tout ce que vous avez dépensé dans les boutiques vus vos paquets, ça vous aurait pas manqué des masses, hein.
- Ah oui ? Et le paiement pour le stationnement du carrosse hein ? 4 écus l’heure ! C’est du vol ! Et mon poney n’avait même pas la place de se reposer ! Avant-hier on l’a embouti à l’arrière et quelqu’un lui a écrit « a bas les riches » sur les côtes !
- Ben oui m’dame, mais faut comprendre aussi. Vous, vous avez plein d’argent, vous faites étalage alors qu’à côté on roule pas sur l’or. Ca énerve…
- Je fais étalage ? JE FAIS ETALAGE ? Je fais les étalages, ça n’a rien à voir, vous ne connaissez pas le choppe-ingue ? Non mais c’est pas croyable, ça… On vient relancer l’économie marchande d’un pays et voilà comment on nous remercie…
- On n’a pas besoin de vous, m’dame. Notre économie va très bien sans les expatriés français.


Choquée, elle serrait les poings dans ses gants en chevreau teints en rouge cachant quelques délicieux bracelets à breloques en or. Ces gens se croyaient tout permis. Déjà, une loi ridicule les protégeait en empêchant quiconque de travailler le vendredi. Le vendredi leur était réservé. Encore un jour pour les assistés, où ils en profitaient pour s’en mettre plein les poches, tandis qu’elle, ELLE, elle devait rester à la maison. Ce système ne pouvait pas fonctionner. Les riches devaient gouverner et les pauvres travailler, sinon comment vouliez-vous vous en sortir ? Et d’ailleurs, qu’est-ce que c’était que ces critères, hein ? D’où tenaient-ils qu’elle était riche ? Quand elle avait envoyé Anatole déguisé en pauvre au salon de l’emploi un vendredi, il avait été reconnu et renvoyé à l’auberge à coups de pieds. Le limousin soutenait qu’il souffrait encore de bleus et contusions aux parties molles, mais la brune avait regardé en douce et son double menton ne présentait aucune trace. Les pauvres sont menteurs, en plus.

Riche, elle ? A peine. Non, non, à peine. Riche de son aura, certainement. Après tout, elles avaient gagné le concours, le maire l’avait même dit dans son courrier. Mais riche… Tu parles. Ces gens n’avaient aucune idée de ce qu’elle vivait. Depuis qu’elle était noble, elle avait un rang à tenir. Les nobles devaient jeter l’argent par les fenêtres, c’était comme ça qu’ils participaient à l’économie d’un pays. S’ils gardaient leur argent, on les traitait de bourgeois. Le comble de l’horreur en termes d’injure sociale.

Jurant dans ses dents devant la foule plutôt hostile qui lui faisait face, elle grimpa dans le carrosse et laissa Anatole manœuvrer. Elle avait essayé une fois et les gens avaient râlé quand elle avait frôlé toutes leurs échoppes et leurs propres montures. MAIS ILS N’AVAIENT QU’A FAIRE DES PLACES SANS CRENEAUX BORDEL !
Voilà, ils avaient réussi à lui gâcher sa journée. Elle ôta son chapeau et le jeta sur les paquets, bientôt suivis de ses gants. Elle avait froid aux pieds avec ses chaussures à talons mal adaptés à la neige mais elle refusait de l’admettre. Des semaines que ses orteils étaient bleus.
Genève… Comment se permettaient-ils ?

Anatole finit par sortir de la rue et lança les poneys au petit trot. Les maisons et hôtels particuliers défilaient, entrecoupés de banques et auberges de luxe. Pff. Ils voulaient bien l’argent des riches étrangers mais pas leur prêter respect. Et elle n’était pas riche, enfin ! Devait-elle se faire un panneau autour du cou affichant « Veuve privée de 3000 écus » ? Roudoudou l’avait fait exprès. Il l’avait laissé se démerder avec l’hérauderie qui lui refusait toujours ses titres de vicomtesse et baronne, sans les 3000 écus et sans la possibilité d’avoir des vassaux pour l’entretenir et se battre à sa place en cas de guerre. Le « en cas de guerre » était d’ailleurs passablement amusant quand on savait la situation en France, où les gens étaient tellement doués qu’on en venait à proclamer des trêves plutôt que de faire avancer les choses. Sale ponantais. Et sale reyne, aussi, quelle idée d’être limousine. Ils n’avaient qu’à voter pour elle, elle au moins elle aurait empêché la guerre. Ou alors elle aurait vidé la cave le temps que ça se calme.
De toute façon, tout ça était fait exprès contre elle. On ne voulait pas d’elle en France, et on ne voulait pas d’elle à Genève. Elle n’avait plus d’argent, et ses amis étaient loin… Certains étaient même au Périgord, c’était dire leur détresse morale, à tous. Et Roudoudou qui avait préféré crever, hein. Avec son cercueil en or.
Elle avait été trop gentille, voilà tout. « Oh oui, mets donc tout ton argent dans un cercueil que tu ne verras jamais, choupinou, tu le mérites bien ». « Mais oui, Doudinet, reste donc étudier en Normandie, c’est si joli avec les vaches maille dine normandie et les filles au dents rouges et jaunes et peu importe la chanson je ne sais plus les paroles ». « Mais oui, restons un peu à Genève, après tout les gens y sont charmants et on a gagné le concours. »
MES FESSES, OUAIS.
Elle s’était encroûtée, laissant chacun décider de ce qu’ils voulaient faire, comme s’ils en étaient capables. Foutaises ! Elle avait laissé faire et tout partait de travers. Il était temps de se reprendre. De reformer les poneys roses. Et de repartir en guerre. Après un petit vin chaud, quand même.


- Bordel, j’ai froid…
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.mahaut.
- Anatole, bilan !
- Hein ? Quoi ? Billot ?
- Ôtez ces caches oreilles roses de vos oreilles, mon vieux, nous sommes à l’intérieur maintenant.


Déchaussant enfin ses Loup Bouttin, elle s’installa dans un grand fauteuil devant le feu de cheminée. Arrivée à l’auberge, elle s’était précipitée dans sa suite, réclamant une boisson chaude alcoolisée avec une pointe de crème, et elle avait boudé quand le serveur avait oublié de dessiner un cœur avec la crème. Après un long débat sur la forme et la taille régulière des cœurs, ils avaient trouvé un terrain d’entente quand, tout en secouant la tasse, une espèce de forme vaguement en forme de licorne s’était dessinée.
Désormais, elle calait ses pieds bleus (bleus !) sur un petit tabouret rembourré, serrait fort la tasse entre ses mains et fixait le feu d’un regard bravache.
La guerre était déclarée. Il restait à faire l’examen des troupes.


- Bon. Anatole, prenez un air martial et soumis à la fois, disons que je suis la capitaine et vous un sous-fifre quelconque. Vous tremblez d’être aussi près d’une cheffe de guerre aussi impressionnante. Et on fait le bilan. Orka !
- Absente, cheffe ! Elle doit être avec son mari à l’heure qu’il est.
- Ah oui, le gueux. Berk. Roudoudou !
- Mort, cheffe !
- Oh…
- Mouchoir, cheffe !
- Je comprends pas, j’ai beau le savoir, ça me fait toujours quelque chose… Ensuite… Héritage !
- Mort aussi, cheffe ! Enterré avec votre Roudoudou, cheffe !
- Raaaaaah ! Mon avocat, le baron Têtedefer ?
- Aux dernières nouvelles, il était en PA, cheffe !
- Raaah, mais euuuuh ! Isabel ?
- Bergerac, cheffe !
- Lapinou ?
- Bergerac aussi cheffe !
- Pff… Papapair ?
- Mystère… Rabatelière ?
- Rabatelière ?
- Rabatelière, cheffe !
- J’aime mieux ça. Elayne ?
- Certainement avec, cheffe, ainsi que Pârys, cheffe !
- Qui ?
- Votre petit frère, cheffe !
- Ah oui, l’ôte-héritage. Bien… Lynette ?
- A la guerre, cheffe ! Elle défend son comté, cheffe ! Rapport à la guerre, cheffe ! Les ponantais, poil au nez, cheffe.
- Quelle horreuuuuuuur, ça fait des mois que ça dure, ils réalisent le stress que ça implique de devoir défendre le Maine, un peu ?
- Sais pas, cheffe.
- Pff… Ygerne est avec elle, je suppose ?
- Je… Je… euh…
- Anatole, vous êtes plus rose que vos caches-oreilles. Elle vous fait de l’effet, Ygerne ?
- Pas du tout, cheffe ! Et d’abord ça ne vous regarde pas, cheffe.
- Ttttt. Ygerne est la vassale de Lynette désormais. Ou va l’être sous peu. Hors de votre portée, mon vieux. Vous n’êtes qu’un sous-fifre limousin.
- Les limousins sont sur le trône, cheffe !
- Taisez-vous ! Ce n’est pas parce que la réalité est catastrophique que je dois l’entendre !



Elle se pinça l’arête du nez et but son verre d’un coup. Depuis quelques mois, c’était l’anarchie dans son royaume. Une limousine sur le trône. Anatole qui ne se sentait plus et qui profitait de chaque occasion pour le lui rappeler. Il en venait même à lorgner une vassale de Lynette, au motif qu’elle avait été sa suivante et qu’ils avaient partagé quelques moments…

Il était temps de quitter Genève, cette ville lui montait à la tête. Pourvu que ça aille mieux en France… Bah, au pire elle deviendrait Ponantaise, elle avait toujours aimé l’Anjou. Et Roudoudou était mort, il n’avait plus son mot à dire, il pouvait bien se retourner dans son cercueil en serrant ses 3000 écus contre lui. Raaah, voilà, elle commençait à se calmer et ça repartait. Elle tendit son bras et sentit son verre se remplir immédiatement. Aristote soit loué, elle savait encore manier le petit personnel.


- Mary ?
- Avec votre amie, cheffe.
- Optat ?
- Houla, il va falloir enquêter, cheffe.
- Lancez des pigeons renifleurs. S’ils sentent de l’ail et des champignons, qu’ils rentrent nous prévenir. Gourry et Espartame ?
- En Touraine, cheffe. Aux dernières nouvelles, votre ami était élu maire pour la seconde fois et à son grand dam.
- Vache !
- En Normandie, cheffe ! Enfin il y en a ailleurs mais c’est là bas qu’on trouve les vaches les plus caractéristiques.
- Sombre idiot. En parlant de Normandie…
- Oh.


Il avait espéré qu’elle n’aborde pas le sujet. D’une façon ou d’une autre, il savait qu’elle allait conclure avec ça mais que voulez-vous, il espérait toujours. La crise allait empirer.

- Où est Doudinet ?
- Ahem…


Il se fit tout petit et se recula discrètement.

- Aux dernières nouvelles, cheffe… et nous n’en sommes pas sûrs, après tout, nos moyens de détection sont encore amateurs et vous savez que Léonardo da Chianti vous avait dit qu’il devait reformuler la traçabilité des mouches espionnes, rapport au fait qu’elles ne revenaient pas quand elles tombaient sur du sucre ou des fenêtres fermées, persistant à se cogner quinze fois au lieu de chercher un autre endroit, ce qui posait aussi problème car nos moyens pour les équiper de perce-vitraux n’étaient pas totalement adaptés à leur force…
- Où. Est. Lotx ?
- Il… Il semblerait qu’il soit en Normandie, Cheffe. Dans un monastère, cheffe. Une histoire de guérison de courante, cheffe.
- Je vous demande pardon ?
- Nous n’en savons pas plus, cheffe. Les mouches ne sont pas revenues et je ne vous parle même pas des papillons, ils n’écoutent aucun de nos instructeurs, préférant batifoler d’herbes en herbes. Et les coccinelles, c’est un désastre si l’adversaire possède chez lui des rosiers à pucerons. C’est une arme fatale, elles sont redoutablement efficaces pour dénicher les secrets d’armement, elles n’ont plus qu’à apprendre à retransmettre l’information parce qu’actuellement, compter les points sur leur dos ne nous a pas donné de bons résultats et Leonardo m’a dit qu’en fait ce n’était pas leur âge alors que moi je croyais parce que j’ai toujours entendu dire que les points c’était les années et que donc en fait, elles ne vivaient jamais plus de 6 ans. Mais vous savez, d’après Léonardo, ça vit moins que ça alors c’est gênant quand même je trouve parce que ce serait comme de la publicité mensongère et donc…


Tandis qu’Anatole s’enfonçait dans son blabla habituel destiné à détourner son attention, Mahaut fronçait les sourcils. Sa guerre s’annonçait mal. Des troupes éparpillées, des agents qui s’étaient installés dans la chaleur du poney-poney quotidien (réfléchissez un peu, en 1459, pas de train)… La situation était complexe. D’un côté, elle avait de gros atouts. Elle était elle, déjà, et de mémoire d’homme et de sainte, jamais elle n’avait laissé tomber un but qu’elle s’était fixé. Ensuite, elle avait avec elle l’effet de surprise. Personne ne l’attendait. Même pas les poneys, certes. Mais ça ne la rendait que plus insoupçonnable. Un tour de France se programmait peu à peu dans sa tête. D’abord, rentrer à Sémur récupérer ses fûts. Vérifier les positionnements de chaque personne, après tout leur côté poney rose pouvait les amener à se déplacer de façon complètement désordonnée. Ensuite, tracer une ligne de route. Avec plein de flèches et des dessins. Voilà qui redonnait de l’envie et de la motivation. Touraine, Périgord… Argh, Périgord. Si seulement elle pouvait éviter ça. Bon, chaque chose en son temps.
Elle secoua sa tête, remua ses orteils, siffla son verre et se leva. En se retenant au fauteuil, elle regarda fièrement les deux Anatole face à elle. Dedieu, les genevois n’étaient peut-être pas accueillants mais ils savaient servir…


- Lilane, faites les valises. La guerre vient de commencer.
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.mahaut.
- Et le tonneau de cidre ?
- On prend !
- Il risque de ne pas tenir sur votre poney. Ou alors il faut sacrifier la malle des bijoux.
- Han !
- Écoutez, si vous partez vraiment en guerre, il faut prendre le strict nécessaire.
- Bon ben les bijoux alors. On trouvera bien à boire en route.
- Je pensais plutôt à un choix plus raisonnable qui ne vous, enfin vous, surtout moi quoi, qui ne vous forcerait pas à vous arrêter tous les quatre matins pour vous assurer que tout va bien et que...


Au milieu d'une chambre dévastée par une quantité effarante de caisses et de malles ouvertes, débordantes de soieries, de machins vaguement pailletés-mais-qu'on-peut-pas-jeter-c'est-un-cadeau, de chaussures impraticables-mais-si-facheunes-que-ce-serait-une-folie-que-de-les-laisser-dans-un-placard-et-puis-le-beau-doit-rayonner-sur-terre-grâce-à-moi, bref, au milieu de tout ça, Mahaut trônait, un verre d'armagnac à la main, un couvre-chef orné d'une mini-épée (pour le côté martial) sur le crâne. Elle se préparait pour les champs de bataille. Après tout, personne n'avait jamais précisé qu'il fallait absolument avoir du sang partout et des blessés à amputer, une paire de bas dépareillés faisait tout aussi bien l'affaire. Anatole, tel un médecin-chef débordé par l'ampleur des dégâts, restait là, bras ballants, devant une malle sur laquelle il avait concentré tous ses efforts durant une heure mais qui venait de rendre l'âme en se rouvrant brutalement sur un contenu trop compressé.

- Je trouve ça quand même étrange, qu'avec tous les hommes de guerre que vous avez fréquentés, vous ne sachiez toujours pas vous organiser pour mener une bataille.
- Oh dites "touuuus les hommes de guerre", c'est vite dit, hein. Je n'ai connu que Roudoudou et Papapair. Et encore, papapair est plus pour la diplomatie.
- Bon mais mariée à un chef d'armée, vous n'en avez rien retenu ?
- Ah si ! Il faut crier "BEUARH" de façon très convaincante et ne pas hésiter à se battre de façon tout à fait déloyale en visant les parties molles. Je m'en suis servie lors de la période des soldes et c'était TRES efficace, vous auriez vu la baronne d'Estienne, RAH, par terre, en train de pleurer ! Ah ah !


A moitié horrifié et à moitié consterné, Anatole réfléchissait à ses chances de survie en cas de combats rapprochés. Le constat final l'inquiétait. Il fallait... il fallait autre chose. Ils étaient en guerre, alors que tout le royaume était tendu comme le STRING, malgré la trêve. Elle voulait passer partout, crier "SUS A L'ENNEMI" avant de se reprendre avec des "non, je n'ai pas dit exactement ça vous avez mal compris", manier son épée de façon désordonnée et prétendait rester vivante durant tout le parcours. Même avec sa chance de poney, c'était perdu d'avance.

- Et si...
- Rah, tchac tchac, aaah aaah ! Botte en touche ! Je fends... et je virevolte ! Aha !
*BROM*
- Voilà, et vous virevoltez, tel un papillon à la sortie de l'hiver. De façon chaotique.
- Cessez de faire le malin et aidez-moi à me relever.
- Bon, je disais, et si vous recrutiez quelqu'un pour vous aider à mener toute cette opération ?
- Reconnaître que j'ai des difficultés ? Jamais ! Raaah, mais je suis coincée dans le tapis, soulevez ce bord là... Non... l'autre. Plus fort ! Ben oui ça pèse lourd, je sais.
- Mettons que vous recrutiez quelqu'un pour porter vos malles alors.
- Je vous ai déjà vous.
- Quelqu'un qui porte les malles avec moi, qui saurait se battre et qui pourrait vous conseiller dans vos grandes manœuvres. En portant l'essentiel de vos malles, quand même.
- Han, Anatole, vous êtes pas si bête, des fois...
- Je sais.
- Comme quoi vous progressez à notre contact. Bien, il me FAUT un homme de guerre à mon service. Où est-ce que je m'en procure un ?



[Plus tard, dans une taverne plus ou moins bien famée du centre-ville]


- Je... Avec tout le respect que je vous... enfin non, quand même pas mais... Enfin soyez prudente, quoi.
- Je respire la prudence.
- Non, vous sentez l'alcool. Enfin j'imagine que chez vous c'est pareil.
- Écoutez, j'ai laissé un mot à Orka disant "C'est la guerre, suis partie chercher du matériel humain en ville", c'est parlant non ? Elle nous retrouvera en cas de problème.
- Hmm...
- Bien, comment procède-t-on ?
- Avec discrétion.
- TAVERNIEEEEEER !


L'habitude de devoir se faire entendre lors de ventes aux enchères, lors de ventes privées et lors d'évènements hippiques ("CREVE-LE, PETIT TONNERRE !" restant un traumatisme vibrant pour bien des nobles dames de l'assemblé) permit à la brune de se faire entendre. Tandis qu'elle s'installait à une table à l'hygiène douteuse, le tavernier s'avança vers elle, un torchon sale à la main.

- Qu'est-ce qu'elle veut la p'tite dame ?
- A boire, pardi ! De votre meilleur tord-boyaux !
- Gnnn... Vous allez encore être malade... Et Elayne déteste vous entendre parler ainsi... De plus nous ne sommes pas là pour ça.


Le tavernier leva un sourcil soupçonneux à l'égard du Limousin.

- Faites comme moi, ne l'écoutez pas.
- Mon tord-boyaux est très bon, j'vous signale.
- Je n'en doute pas !
- Il tord un peu les boyaux mais c'est sa fonction, non ? Sinon, on l’appellerait pas comme ça.
- Merveilleux, vous êtes philosophe ! Je ne regrette pas d'être venue ici.
- Il vous fallait que ça ?
- Il nous faut surtout un homme de main.
- Non, ce soir.
- ...
- Ce soir ou demain ?
- Le plus vite possible. Quelqu'un qui sache se battre...
- Qui soit facheune, aussi.
- Qui puisse organiser une expédition avec des gens peu formés et disciplinés.
- Qui sache faire la cuisine. Anatole, sans vouloir vous vexer, la vôtre est innommable.
- Hmpf. Quelqu'un qui sache rester stoïque face aux attaques verbales les plus perfides.
- Quelqu'un qui écoute sans discuter. Pour changer.
- Quelqu'un qui porte ses p... de malles de fringues de m...
- ET DU TORD BOYAUX ! Youhou !
- J'vais vous chercher c'que j'trouve.
- Je m'amuse comme une folle ! Vous croyez qu'on va trouver ?
- Avec tous ces critères, j'en doute...
- Rabat-joie. Bon, vous disiez quoi à propos de mes malles ?
- Euh...

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Foulopchone
Il était difficile d'ignorer le cyclone rose qui venait d'entrer dans la taverne où Foulop (pour les intimes) tuait le temps comme à son habitude. Enfin ... quand il ne préparait pas un sale coup. Depuis quelques temps, les autorités le laissaient tranquille. Il faut croire qu'il avait su se faire oublier. Mais encore fallait il ne pas faire trop de vagues. Ne rien faire était donc la stratégie qu'il avait adoptée à force d'intense réflexion. En taverne, de préférence.
Soupirant en constatant que, faute de revenus régulier et légal, sa bourse fondait comme glace dans le tord boyau local, il ne put faire autrement que d'entendre les critères de sélection du casting de la rose furie.


- Il nous faut surtout un homme de main.
*hum ?*

- Le plus vite possible. Quelqu'un qui sache se battre...
*C'est tout moi ça* pensa-t-il.
En réalité, la principale technique de combat de Foulop consistait essentiellement à tourner le dos à son adversaire et courir le plus vite possible. Mais -allez savoir pourquoi - il ne voyait pas vraiment les choses sous cet angle.

- Qui soit facheune, aussi.
Il esquissa un sourire satisfait. Foulop était habillé de guenilles mais il soignait son apparence et se croyait/savait beau. Surestimant sans doute trop souvent le charme qu'il exerçait sur ces dames, d'ailleurs.

- Qui puisse organiser une expédition avec des gens peu formés et disciplinés.
*C'est ça, c'est moi*
Là, il n'avait pas vraiment écouté, hein. Il avait déjà décidé de se proposer de toute façon. Un revenu et l'occasion de quitter ce trou, les cadeaux de Noel arrivaient pile à l'heure cette année. Et puis si ça ne se passait pas bien, il partirait avec les bijoux que la donzelle arborait.

- Qui sache faire la cuisine. Anatole, sans vouloir vous vexer, la vôtre est innommable.
La fin de la phrase le faisant sourire, il en oublia le début.

- Hmpf. Quelqu'un qui sache rester stoïque face aux attaques verbales les plus perfides.
*Pareil, tout moi ça. C'est quoi "stowik" au fait ?*

- Quelqu'un qui écoute sans discuter. Pour changer.
*Oui, bon, ça on verra.*

- Quelqu'un qui porte ses p... de malles de fringues de m...
*Non, ça, ça va pas être possible*
Mais ce n'était pas un problème, car dans l'instant, il se leva et s'approcha du couple d'étrangers pour imposer ses propres conditions, car il était évident qe sa candidature serait immédiatement acceptée.

- HAHUMHAHAAAAMMM HUM (ça c'est fait).

Petite pose élégante se voulant charmeuse, maintenant que les regards étaient braqués sur lui.

Milady - pourquoi Milady ? Aucune idée. C'est ce qui lui vint sur le moment et il trouvait que ça en jetait - Veuillez pardonner mon indiscretion, je n'ai pu m'empecher d'entendre votre conversation. Il était effectivement difficile de la rater. Même les gens au fond, là bas, avaient entendu. L'on me nomme Foulopchone, mais je vous en prie ... appelez moi Foulop. Il fit sa plus belle révérence puis jeta un oeil à Anatole en se relevant. Hmm lui m'appellera Foulopchone, ou Messire Foulopchone. Ou Votre Excellence. Ou Votre Magnificence. Ou alors Votre Superbitude ... Peu satisfait de cette dernière proposition, il enchaina.
J'ai cru comprendre qu'il vous fallait la compagnie d'un homme pour vous rendre en des lieux pour le moins dangereux. Un homme avisé sur lequel vous pourrez compter en toute occasion. Un homme qui porte avec joie vos malles de m... manteaux de m... marmotte. Un homme un vrai, qui sache vous procurer assistance, protection, écoute, petits plats pour le meilleur et pour le pire (surtout) pour des siècles et des siècles amen... Et je reste stowik aussi. *Ca c'est placé.*

Madame, cet homme, c'est JE.

Par contre, j'veux être son chef dit il en montrant Anatole du doigt.
On part quand ?
.mahaut.
Ce qu'il y a de bien dans la langue française c'est qu'elle est à la fois descriptive et très poétique. "Tord-boyaux". On voyait fort bien l'alcool se glisser dans les intestins et se démener pour les amener à ce contracter dans tous les sens, jusqu'à une crise finale. Non, vraiment, c'était bien trouvé.
D'ailleurs, Anatole commençait à se trémousser sur son siège, lâchant de petits "on peut y aller maintenant s'il vous plait ?" que la brune n'écoutait pas, insensible qu'elle était à toute attaque éthylique. Elle était venue recruter, elle ne repartirait pas sans recrue. Dépité (et plié en deux, Anatole) tentait de la supplier des yeux et de la voix.


- Ecoutez...aie... On ne trouvera pas, ou alors on tombera sur un abruti qui essaiera de vous arnaqu...aie... bon, et si on cherchait en route, hein ? Allez, aie, on fait ça.
- Nullement ! J'ai bon espoir ! Tenez, je vous parie que je claque des doigts et que quelqu'un débarque.
- Qu'il débarque mais vite alors. Aie.
- HAHUMHAHAAAAMMM HUM.


Ils sursautèrent tous les deux. Habituellement, leur petit numéro pouvait durer des heures et seuls les poneys les plus expérimentés se permettaient d'intervenir, en général pour taper Anatole. Haussant les sourcils (tout en restant plié pour le limousin), ils aperçurent un homme. Plutôt jeune. Plutôt en état de fonctionner. Mahaut se redressa. Pas de cheveux blancs. Pas de tenue de soie et de velours. Pas un noble à épouser donc. Elle relaissa tomber machinalement ses épaules (et par conséquent son décolleté). Un gueux. Un gueux malade en plus, à en juger par sa toux bizarre quand ils les avaient interpellés.
Elle s'appuya dans son siège et détailla l'homme du regard en essayant au mieux son regard appris par Elayne, à savoir : le regard qui vous détaille en faisant bien comprendre que c'est vous la noble. Ouais, elle kiffait ce regard.
Ne lui laissant même pas le temps de passer à l'étape 2 ("prendre le ton hautain et lâcher un "qui diable ose m'interrompre ?" du bout des lèvres"), il enchaina :


- Milady...
*Mince, à qui il parle ?*
Elle regarda nerveusement autour d'elle tout en essayant de le garder dans son champ de vision pour surveiller.
- Veuillez pardonner mon indiscrétion, je n'ai pu m’empêcher d'entendre votre conversation. L'on me nomme Foulopchone, mais je vous en prie ... appelez moi Foulop.

Bon, là, il fallait absolument se reprendre et reprendre l'air blasé de la vicomtesse qu'elle était (enfin qu'elle serait un jour, si l'hérauderie se décidait à finaliser les choses un jour). Foulopchone. Bon, au moins on évitait un Jean-Eudes-Audebert ou un Anatole. En tous cas il savait saluer. Sans se vautrer. Respect.

- Aie.
- Hmm lui m'appellera Foulopchone, ou Messire Foulopchone. Ou Votre Excellence. Ou Votre Magnificence. Ou alors Votre Superbitude ...
- Ah nan, pas un mégalo comme vous, nan ! Aie. C'est pas possible, vous les attirez...
- Taisez-vous Anatole.


En l'écoutant, elle s'était rapprochée de la table. Voilà qui devenait intéressant. Quelqu'un qui savait reconnaître les limousins et les traiter de la façon qui convenait...

- J'ai cru comprendre qu'il vous fallait la compagnie d'un homme pour vous rendre en des lieux pour le moins dangereux. Un homme avisé sur lequel vous pourrez compter en toute occasion. Un homme qui porte avec joie vos malles de m... manteaux de m... marmotte. Un homme un vrai, qui sache vous procurer assistance, protection, écoute, petits plats pour le meilleur et pour le pire (surtout) pour des siècles et des siècles amen... Et je reste stowik aussi.

Elle plissa les yeux. Bon... S'il disait vrai, elle venait de trouver la perle rare. Et s'il mentait ? Et s'il en profitait juste pour s'approcher d'elle et lui voler ses malles de manteaux de marmotte ? M.erde, pourquoi elle n'avait pas de manteaux de marmotte d'ailleurs ?! C'était une superbe idée ! Personne n'en avait ! Perdant le fil de sa réflexion, elle s'imagina un instant entrer dans un salon de haute couture vêtue d'un formidable manteau en marmotte, même si elle n'avait aucune idée de quoi pouvait bien ressembler une marmotte, elle était à peu près sûre que ça comportait des écailles, donc que ça brillait. Tout le monde levait les yeux vers elle, les bouches s'arrondissaient sur un "ooooh" de surprise et d'admiration et...


- N'importe quoi. aie.


Elle referma la bouche et se reconcentra sur l'homme en face d'elle. Qu'est-ce qu'il avait dit après ? Quelqu'un pour apporter protection, assistance, écoute, HAN IL A DIT ECOUTE, et petits plats ? Mais qui était-il ?

- Madame, cet homme, c'est JE.

Elle se retint de justesse de regarder autour d'elle. A voir le sourire enjôleur de l'homme et ses pouces tournés vers son torse, c'était apparemment de lui qu'il parlait. Bon, il avait l'air beau parleur, ce qui était une qualité chez les poneys roses, mais devait-elle accepter ça d'un serviteur ? Et un homme de main était-il un serviteur ? Anatole était une loque, chacun pouvait s'en rendre compte, d'où l'absence de salaire, mais quelque chose lui disait que cet homme là réclamerait un salaire. Oh oui, il était du genre à le réclamer à cor et à cri. Etait-elle prête à ça ? D'un autre côté, il n'avait pas encore parlé des gages... Ce qui ramenait la situation à son avantage. Elle se permit donc un grand sourire en retour.

- Par contre, j'veux être son chef. On part quand ?
- C'est une aie plaisanterie j'espère ? aie. Il n'a même pas de vêtements corrects, regardez ! Là, aie, y'a un trou, on voit ses fesses !


Le sourire de la brune s'agrandit.


- Bien, c'est accordé, vous avez le droit d'être son chef.
- Héééé ! Aie !
- On part le plus tôt possible, le temps de réunir nos affaires... Deux ou trois malles, rien de bien méchant. Nous voyagerons en carrosse et à poney, il faudra faire vite. Je vous préviens, il se peut que des armées entières s'en prennent à nous. Mais n'ayez crainte, nous nous en prendrons à elles également.
Elle se vit un instant en agent de facheune police, tendant une contravention à un soldat pour atteinte au bon goût et déficience intellectuelle majeure. Oh yeah.
Elle se leva et fit signe à Anatole de se mettre debout, ce qu'il ne réussit qu'à moitié. Elle posa quelques pièces brillantes sur la table et s'assura que l'homme les regardait. C'était du tout cuit.
Elle enfila sa cape d'un geste vif et se dirigea vers la sortie avant de piler net. Elle se retourna et tendit sa main à l'homme, dans l'attente d'un baise-main.


- Au fait, je suis Mahaut de Nabinaud, Baronne de Barbezieux et Vicomtesse de Verteuil.


Oui, bon, presque. Mais il n'avait pas à le savoir. Le seul but était de lui en mettre plein la vue. Elle lorgna ses bras discrètement. Oh oui, il allait pouvoir porter au moins deux malles en même temps, minimum. Les affaires démarraient bien.

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Foulopchone
- Au fait, je suis Mahaut de Nabinaud, Baronne de Barbezieux et Vicomtesse de Verteuil.

Bon, alors là, autant dire que c'était le Jacques Pote.
Non seulement la brune avait accepté de le prendre comme homme de main, ce dont il ne doutait pas, hein, mais elle avait accepté ses conditions sans sourciller ... et voilà qu'en plus ladite directrice de castingue était noble et semblait ne pas regarder à la dépense.

Preuve était faite, et de la manière la plus évidente qui soit, que le charme de Foulop était une arme redoutable. Pour vous dire, lui même n'en revenait pas. De toute évidence, à partir de ce moment, il se devait d'être encore plus prétentieux. Si si, c'est possible, on va trouver un moyen.

Une main tendue le sortit de sa torpeur et ses yeux écarquillés reprirent leur forme originale.


Houlà, vite, reprendre une contenance.
Foulop prit délicatement la main de la Rose entre ses doigts et y posa ses lèvres.


Heu... Enchanté. Foulop mais heu ... vous le savez déjà.

Reprendre une contenance, on a dit.

Oui heu... ahem ... laissez moi donc le temps le passer à ma cab... à mon castel pour récupérer mes biens.... *quels biens ?* Des papiers ... héhé ... des documents ... d'une grande importance. D'une grande heu .... valeur.
Bon, ce qu'il possédait de plus précieux à l'heure actuelle était le contenu de son estomac, mais bon, elle n'était pas censée savoir.

S'adressant à Anatole :

Tiens, Demi-Homme, rends moi donc service. Porte donc les malles de ta maitresse le temps que j'aille récupérer mes affaires. Regarde, ta position est parfaite tu peux en porter plus sur ton dos de cette façon. Montre toi donc un peu stowik, que diable.

Remarquez le sens de l'efficacité glissa-t-il à Mahaut sans se priver d'un clin d'oeil bien lourd.

Il aurait bien giflé Anatole pour assoir son officielle domination et puis parce que son faciès s'y prêtait, tout simplement, mais bon, il eut peur que ça fasse vulgaire. Non, il attendrait un jour ou deux.
.mahaut.
D'abord, retrouver Orka et son gueux d'époux. Ensuite, faire tenir les malles sur le carrosse. Ensuite, trouver de nouvelles cordes pour attacher celles qu'on avait oubliées. Ensuite, payer l'aubergiste, en négociant parce que le chauffage n'avait pas été terrible, rapport au fait qu'on avait demandé du chêne et qu'on avait eu du châtaigner et que ça brûlait vachement moins bien, avec une fumée plus noire qui abimait les vêtements. Ensuite, partir vite avant qu'il ne réalise que la bourse ne contenait pas forcément le contenu négocié. Et là, LA ! Conquérir le monde. Une fois de plus.
Elle n'en pouvait plus d'attendre.


- Oui heu... ahem ... laissez moi donc le temps le passer à ma cab... à mon castel pour récupérer mes biens.... Des papiers ... héhé ... des documents ... d'une grande importance. D'une grande heu .... valeur.
- Faites, faites. Vous nous retrouverez à notre auberge. Comment s'appelle-t-elle déjà, Anatole ? L'auberge de la poule rousse ? De la compote ? Un truc là... Bah, vous m'avez l'air de pouvoir vous débrouiller, vous nous retrouverez bien. Rendez-vous là bas dans la soirée, nous voyagerons de nuit.

Et tandis qu'elle observait Foulop faire ami-ami avec Anatole, elle commença à réfléchir à son plan de guerre. Première étape : définir le trajet. Ce qui, chez les poneys, pouvait devenir source de bien des discussions. Mais pas cette fois. Non, cette fois, elle avait un plan génial : elle décidait, tout le monde s’exécutait. Fantastique.

- Je ne vous permets pas ! Je ne suis pas en état de porter quoi que ce soit, je... aie. Si vous m'en rajoutez une, je ne réponds pas de mon estomac.


Lui tapotant l'épaule, elle passa le seuil et s'engagea dans la rue sans se retourner. Anatole saurait bien se débrouiller, lui aussi. Même en rampant et en vidant son estomac. Après tout, c'était un limousin.



[Le soir devant l'auberge]


- Formidable !
- Formiquoi ?


Au centre de la cour, le carrosse des poneys roses avait été repeint conformément aux consignes de la brune. Prévoyant les attaques, elle avait opté pour une touche de camouflage : de larges lettres roses précisant "c'est pas nous, vous faites erreur" d'un côté et "non non, juré" de l'autre. Imparable.
Tout autour des malles, des malles, des malles et des tonneaux. Et des poneys.


- Ça ne tiendra jamais.
- Tatatatata. Notre nouvel homme de main saura régler ceci, nous l'avons recruté exprès. Il m'a l'air très capable. *un peu lourd niveau clins d’œils, mais capable*
- Ah oui ? Et il est où ?
- Il ne va pas tarder. De mon côté, je peaufine le trajet.
- L'aubergiste nous regarde à travers la fenêtre, hein.
- Brave homme. Vous avez bien mis du plomb dans ma bourse comme prévu ? Sous les écus ?
- Oui mais c'est parfaitement injuste ce que vous faites, cet homme nous a hébergés durant des semaines, et vous n'avez pas arrêté de martyriser le personnel et de réclamer et...
- Hé oui, je suis noble. Ha ha.

Les yeux brillants, elle flatta l'encolure de Petit Tonnerre. Veillant à ce qu'il soit bien attaché à l'arrière du carrosse, elle remit sa carte dans sa besace, tâchant tant bien que mal de la replier selon les plis avant d'abandonner, trouvant l'opération bien trop conventionnelle. Bordel.

- Bien. Orka et le bof nous rejoignent à la porte d'après le dernier pigeon reçu. Je n'ai pas bien compris ce qu'ils ont écrit parce qu'apparemment la lettre a été écrite à quatre mains, mais globalement ils nous rejoignent. Je me mets au chaud dans le carrosse, ça caille grave. Vous vous débrouillerez avec Foulopchone pour organiser le taupe départ.
- Ah mais non ! Non ! Je...


La porte du carrosse se claqua juste devant son nez et il se retourna devant la figure hilare de l'aubergiste et des valets. Ronchonnant, il attrapa une corde et enroula une malle pour la préparer.

- Vous allez voir que l'autre pignouf va se pointer comme une fleur quand j'aurais tout fait. Stoïque, ouais, tu parles. Glandeur. Ça ne se passera pas comme ça. Je vais lui laisser les plus lourdes. Et il prendra la mule, j'en ai marre de passer pour un abruti quand tout le monde est à dos de poney. Et qu'il n'essaye pas de me faire porter un truc hein ! Alors là, non, niet, nada. Anatole n'est pas un larbin, il n'est pas là pour obéir à n'importe qui et à n'importe quoi.
- LA FERME, ANATOLE !
- D'accord.

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