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[RP] Adieu Constance!

Arystote
"Moi non plus..." prononçaient les lèvres de Zohadez...

"Moi non plus..." évoquaient ses mots...

"Moi non plus..." disaient ses yeux...

"Moi non plus..." caressait sa main...

"Moi non plus..." hurlait tout son être...

"Moi non plus..." murmurait son coeur...

"Moi non plus..." lui prouvait son âme...


Cette fois Arystote fut touché.

Leurs mains liées en cette instant ne lui inspiraient pas de dégout, peut être cela suffirait-il pour ce jour. Il étreignit la main de l'époux de sa mère.

Peut être...

Rien de sûr, surtout quand la douleur mène toutes vos réactions...


Il acquiesça quand son père lui proposa de manger. Pour le repos...


- J'ai déjà dormi avec Maman tout à l'heure, elle avait froid.


Par contre, quand il tenta de l'éloigner de la couche mortuaire, le môme s'y opposa.


- Ici. Je mange ici. Je ne la laisse pas.


Qui a dit qu'il avait le caractère de sa mère ?
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Zohadez
Zohadez regardait Arystote, une larme aux yeux. Il ne s'était pas attendu à une réaction si mesurée, mais la fatigue devait l'emporter sur le petit. Il s'avança vers la porte, l'ouvrit et demanda aux servantes de préparer quelque chose pour Arystote.

Il le rejoint ensuite, le regarde un instant en silence, puis sa femme... ressent un léger tremblement parcourir son corps en la regardant là, sans vie. Il avait encore tant de choses qu'il voulait dire à sa femme, tant de choses qu'il n'avait jamais dites ou pas suffisamment souvent et qu'aujourd'hui en cette instant il regrettait amèrement de ne jamais avoir dis. À quel point elle signifiait tout pour lui, qu'elle ne pouvait pas partir, pas ainsi, pas sans lui. À quel point sa vie perdait de sens sans elle. À quel point il avait besoin d'elle... Une larme coulait, il l'essuya d'un revers de main et se tourna vers Arystote, lui aussi devait éprouver ce sentiment...


Voudrais-tu que nous fassions une prière ensemble ?

Se disant qu'il abusait peut-être, qu'Arystote avait certainement plein de choses à encore vouloir dire à sa mère, mais qu'il ne souhaiterait pas le faire en sa présence ?
Prunille.
Plus tôt dans la matinée...

La blonde en plein petit-déjeuner, quand Anastasie avait fait irruption dans la pièce, un poil paniquée. Raphaelle, la nourrice de Cassis, et Yueel-Arystote, filleul de notre Pruneau, étaient là. Constance était morte. Il fallait éloigner Arystote du cadavre, du moins le temps de le rendre plus présentable... Lui changer un peu les idées.

Le môme n'a rien mangé. Soit. Prunille prend la direction de la cuisine, avec - pensait-elle - son filleul sur les talons, son objectif premier est de lui préparer un lait de poule, le second étant de ne pas fondre en larmes. Peut-être le moins évident à tenir. Arrivée à l'office, elle continue à parler, sans réponse... Elle comprend, il est choqué. A sa place, elle n'aurait sans doute su dire un mot non plus. Mais une question reste en suspens...


Aimes-tu la cannelle ?

Elle n'obtient pas de réponse. Elle se retourne, donc, pour l'interroger du regard. Mais il n'est pas là. Branle-bas de combat, le soldat Anastasie est mobilisée... Elles doivent le retrouver, il ne s'est sans doute pas caché bien loin. La villa est retournée de fond en comble. Pas d'Arystote. Inquiète, Fréjus sort faire le tour des jardins, en chemise de nuit. Le moindre buisson est retourné, mais il n'est pas là. Il leur faut donc se rendre à l'évidence, il ne se cache pas pour pleurer, il s'est enfui.
Alors toute la valetaille est mobilisée. Ceux-ci iront au village, ceux-là vers les calanques, et elle... Au château.

Rouge, échevelée, la chemise couverte de boue et déchirée, elle arrive. La question ne se pose même plus, elle file droit vers la chambre de Constance. Le chagrin est - pour l'instant - couvert par l'angoisse. Alors quand elle le voit, tenant la main de Zohadez... Son poing, crispé sur la poignée, se desserre, toute la tension se relâche.


Ary... Tu es là...

Inconsciemment, son regard glisse du fils à feu la mère... Elle referme la porte, plus sèchement qu'elle l'aurait voulu. Se laisse glisser contre le mur du couloir, le visage dans ses mains. Les pensées se bousculent.
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Hersende
[Salon]

Hersende savait son cousin terriblement meurtri... Par deux fois dans sa vie, le deuil l'avait frappé.
Son père, Ilgrande, cet oncle maternel d'Hersende dont la sagesse avait marqué le règne en tant que Comte, avait disparu prématurément dans les derniers jours de son mandat et Zohadez était arrivé des lointaines Flandres après son décès, alors fort jeune et plein de révolte...
Et maintenant Constance...

Elle eût aimé pouvoir le laisser à son chagrin, mais il y avait des décisions à prendre et elle ne pouvait le faire seule. Après avoir donné un certain nombre de consignes à son secrétaire, elle restait bloquée. Le reste dépendait de son cousin, en tant que veuf de la Comtesse et tuteur de son fils.


[Vers le chambre de Constance, aile est]

Avec quelques remords à l'idée de troubler son recueillement sur la dépouille de sa femme, elle sortit du salon et se dirigea vers la chambre mortuaire, arpentant à pas lents ces couloirs inconnus, afin de lui laisser quelques minutes de plus.

Arrivant devant la porte close, elle aperçut une silhouette recroquevillée le long du mur.
Une femme se tenait là, prostrée, assise dans l'angle du mur, le visage dans les mains... Impossible de distinguer ses traits.
Mais cette blondeur...


Prunille? s'écria Hersende interloquée. Mais que faites-vous là? Je vous croyais à la villa Ariane, avec Arystote! Que se passe-t-il?
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Hersende de Brotel, Marquise des Alpes Occidentales
Arystote
Il n'était pas méchant, au fond, le Zohadez... C'est la pensée qui parcourut Arystote tandis qu'il acquiesçait à l'idée de la prière ensemble... Il allait s'agenouiller et dirigea la main de son père adoptif pour vers une de celles de sa mère, s'apprêtant à saisir l'autre quand Prunille fit son entrée.

Il se retourna d'un bloc, sans lâcher les doigts de Zohadez, crispant sa petite main dessus. Pas de réponse de l'enfant, rien qu'un regard signifiant que sa place était ici. Sur ce, elle referma la porte et il se concentra sur sa "prière".


- Maman... Je sais que t'es là haut avec le popa Yueel et Aristote qui me vole mon nom... Tu me regardes, hein ? T'as pas le droit de plus laisser le soleil se lever... Je voudrais être avec toi, mais c'est pas possible parce que sinon je serais juste mort et sans toi... Zohadez, il va s'occuper de moi, faut pas t'inquiéter...


Même à cet âge, on sait qu'il ne faut pas hurler que non, c'est pas bien, qu'elle l'a abandonné, que c'est pas juste, qu'il voulait encore sa maman...

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Prunille.
[Couloir, devant la porte de la chambre de Constance]

Prunille? Mais que faites-vous là? Je vous croyais à la villa Ariane, avec Arystote! Que se passe-t-il?

Cette voix... Une des dernières qu'elle aurait aimé entendre, à vrai dire. Et pourtant elle l'aurait reconnue entre mille sans doute, car elle était celle de la Marquise. Le temps de comprendre ce qu'on lui demandait, elle releva la tête, à défaut de se relever elle-même. Elle était bien, là par terre, au moins le sol la soutenait assez pour lui empêcher de s'évanouir, vu le chagrin qu'elle avait et la frayeur qu'Arystote venait de lui faire.

D'une voix faible, mais intelligible néanmoins, elle entreprit de répondre à Hersende :


Arystote s'est enfui. Il est à l'intérieur, avec Zo... Son père. Je viens de le retrouver.

Et puis tant qu'à faire, autant lui retourner la question :

Et vous ?
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Hersende
Hersende essayait d'absorber les informations que lui donnait au compte-goutte Prunille. Arystote enfui... retrouvé... ici avec Zohadez... Prunille effondrée dans le couloir, ramassée sur elle-même, apparemment sous le choc...

Ah non, pas tant que ça! Elle avait retrouvé son agressivité, c'était bon signe!


Allons levez-vous, dit-elle en lui tendant la main. Les couloirs sont froids et humides et cela n'aiderait en rien que vous n'alliez vous enrhumer...

Elle réfléchit un peu. Etre pragmatique permettrait d'éviter de s'apitoyer sur l'enfant, le cousin et elles-mêmes de la perte si cruelle qui les frappaient.

Nous devons organiser les funérailles, Prunille. Je suis venue ici dès que j'ai appris et j'ai annoncé la nouvelle à Zohadez quand il est rentré.
Il voulait rester seul avec sa femme... Je pense qu'ils vaut mieux que nous les laissions tranquilles quelques moments encore.

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Hersende de Brotel, Marquise des Alpes Occidentales
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