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[RP]Eglise Notre Dame de l'Espérance de Compiègne

Chris77
Chris avait été éloignée plusieurs semaines de l'église, ses blessures l'empêchant de se déplacer. A quelques jours de son départ, elle décida donc de passer dans cette église qu'elle ne connaissait pas, espérant trouver la porte ouvert et prier pour que son voyage se fasse dans les meilleures conditions en ces temps de guerre.

Elle poussa donc la porte et trouva l'église presque vide, mais une cérémonie se déroulait. Elle entendit les sanglots des personnes présentes. Elle se glissa discrètement sur un banc au fond et pria pour l'âme des défuntes se trouvant un peu mal à l'aise d'assister à des funérailles de personnes inconnues.
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Kevin60330
La cérémonie débutait et c'est le visage fermé que Kevin se trouvait. Il récita le crédo.


Citation:
Je crois en Dieu, le Très-Haut tout puissant,
Créateur du Ciel et de la Terre,
Des Enfers et du Paradis,
Juge de notre âme à l'heure de la mort.

Et en Aristote, son prophète,
Le fils de Nicomaque et de Phaetis,
Envoyé pour enseigner la sagesse
Et les lois divines de l'univers aux hommes égarés.

Je crois aussi en Christos,
Né de Maria et de Giosep.
Il a voué sa vie à nous montrer le chemin du Paradis.
C'est ainsi qu'après avoir souffert sous Ponce,
Il est mort dans le martyr pour nous sauver.
Il a rejoint le Soleil où l'attendait Aristote à la droite du Très-Haut.

Je crois en l'action divine;
En la Sainte Église Aristotélicienne Romaine, Une et Indivisible;
En la communion des Saints;
En la rémission des péchés
En la vie éternelle.

AMEN

_________________
Melisende
Mélisende avait entendu les cloches. Ce n'était pas habituel, pour un samedi... Elle monta à l'église et s'enquit de la cérémonie à venir, sans voir Kevin et le prêtre, qui venaient de rentrer.

Ce fut un choc pour elle d'entendre la nouvelle. "Pastel ? Pastel, vous êtes sûr ?"

D'un geste brusque, elle referma sa cape pour mieux cacher sa peine, et s'engouffra dans l'église. Aucune larme n'avait eu encore le temps de glisser sur sa joue.

Dans les moments difficiles, une église, c'est comme une taverne : on y entre et on oublie tout. Passée le seuil, Mélisende inspira profondément. La cérémonie avait déjà commencé, mais elle n'était pas si en retard que cela : ce n'était que le crédo. Machinalement, elle répéta les mots qu'elle avait déjà tant de fois récités :

Citation:
...de notre âme à l'heure de la mort.

Et en Aristote, son prophète,
Le fils de Nicomaque et de Phaetis,
Envoyé pour enseigner la sagesse
Et les lois divines de l'univers aux hommes égarés.
etc...


En marmonnant ces mots, son regard vint sur les chandelles qui illuminaient l'église. Instinctivement, elle en prit une, la garda près d'elle, comme pour la préserver d'un quelconque malheur, et s'avança avec elle dans l'allée. Elle prit place à côté de Kevin, car elle le savait en grande peine, et malgré les circonstances, pût lui adresser un maigre sourire.

Mélisende baissa finalement la tête, pour se plonger en son âme et repenser à Pastel. Elle n'arrivait pas encore à réaliser...

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Kevin60330
Alors qu'il récitait le crédo, Kevin voyait une silhouette s'approcher vers lui puis prendre place à côté. Il jeta un petit coup d'oeil et y voyait Melisende sa vieille amie Joinviloise tenant sur elle une chandelle.

De la peine dans son regard il voyait avant de la voire baisser la tête. L'officier royal ne disait guère plus de mot mais son regard envers la bourguignonne suffisait à faire comprendre qu'il la remerciait d'être là.

Il se retourna et vit une autre personne un peu plus en retrait dont il n'avait pour ainsi dire jamais vu, peu être une amie inconnue à son épouse défunte. Il n'en savait guère plus.

La cérémonie pouvait continuer.

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Hersent
Un messager était venu à Bourmont apporter l'annonce de la disparition de l'épouse et de la fille de Kevin. Hersent avait eu le coeur serré en lisant le parchemin annonçant ces deux disparitions tragiques et plutôt que d'écrire ses condoléances, elle avait préféré venir assister à la cérémonie du souvenir à Compiègne. Ne trouvant pas Kelso, elle était partie de Bourmont au petit matin pour rejoindre Compiègne. Quand elle arriva à l'église, la cérémonie était déjà commencée, aussi se fit-elle dsicrète et s'installa non loin de Kevin.
Elle récita le Credo


Citation:
Je crois en Dieu, le Très-Haut tout puissant,
Créateur du Ciel et de la Terre,
Des Enfers et du Paradis,
Juge de notre âme à l'heure de la mort.

Et en Aristote, son prophète,
Le fils de Nicomaque et de Phaetis,
Envoyé pour enseigner la sagesse
Et les lois divines de l'univers aux hommes égarés.

Je crois aussi en Christos,
Né de Maria et de Giosep.
Il a voué sa vie à nous montrer le chemin du Paradis.
C'est ainsi qu'après avoir souffert sous Ponce,
Il est mort dans le martyr pour nous sauver.
Il a rejoint le Soleil où l'attendait Aristote à la droite du Très-Haut.

Je crois en l'action divine;
En la Sainte Église Aristotélicienne Romaine, Une et Indivisible;
En la communion des Saints;
En la rémission des péchés
En la vie éternelle.

AMEN


Puis, elle s'approcha doucement de Kevin pour lui poser la main sur l'épaule et lui murmurer: J'ai bien reçu votre message. J'ai fait aussi vite que j'ai pu.
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Suzette
[Mardi 18 octobre 1459, peu avant midi]

Voilà une éternité que Suzette n'était pas aller prier.
Elle profita de quelques heures de permission pour se rendre à l'église de Compiègne.
En chemin, elle s'égara un peu et ce fut avec l'aide de quelques habitants qu'elle se retrouva enfin devant la paroisse.

L'endroit était désert, elle entra à pas de velours dans la bâtisse.
Il faisait frais et sombre.
Elle s'avança dans la nef et prit place sur un des bancs proche du choeur.
Là, elle croisa ses mains, inclina légèrement la tête et récita le credo
:

- Je crois en Dieu, le Trés-Haut tout puissant,
Créateur du Ciel et de la Terre,
Des Enfers et du Paradis,
Juge de notre âme à l'heure de la mort.

Et en Aristote, son prophète,
Le fils de Nicomaque et de Phaetis,
Envoyé pour enseigner la sagesse
Et les lois divines de l'Univers aux hommes égarés.

Je crois aussi en Christos,
Né de Maria et de Giosep.
Il a voué sa vie à nous montrer le chemin du Paradis.
C'est ainsi qu'après avoir souffert sous Ponce,
Il est mort dans le martyr pour nous sauver.
Il a rejoint le Soleil où l'attendait Aristote à la droite du Trés-Haut.

Je crois en l'Action Divine;
En la Sainte Eglise Aristotélicienne Romaine, Une et Indivisible;
En la communion des Saints;
En la rémission des péchés;
En la Vie Eternelle.

AMEN


Après de longue minutes de recueillement elle demanda à voix très basse la protection du Très Haut pour elle mais aussi pour tous les gens qu'elle côtoyait chaque jour.

Elle se signa et ressortit aussi discrètement qu'elle était entrée
.
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"Si tu n'as pas de voix, hurle. Si tu n'as pas de jambe, cours. Si tu n'as plus d'espoirs, invente."
Roch
ROCH poussa la lourde porte de l'église qui avait un mal fou à s'ouvrir.
Le tas de feuille devant le porche démontrait l'intérêt porté par les villageois pour son lieu de culte.

Roch s'avança néanmois dans la nef.
Il s'assit sur une chaise et commença à prier pour tous ses frères d'armes berrichons, morts au combat. Il pria pour la libération des terres berrichonnes notamment la ville de Chateauroux.

Puis, il consacra le plus d'attentions et de prières à sa compagne Lolo...cestmoi. Elle l'avait quitté par désespoir et était décédé en croisant des soldats sans avoir livré quelconque résistance ou bataille. L'horreur de la guerre était gravée à jamais dans le coeur de ROCH qui avait donné depuis sa vie à l'armée berrichonne jusqu'au sacrifice suprême ........

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Wendoline
Appelée à Reims, elle ne pourrait assister à l'office religieux du dimanche si tant est qu'il y en ait un. L'église semblait aussi déserte que les rues de la ville. Dans son souvenir Compiègne était différente.

Elle s'approche de l'édifice, pousse la lourde porte qui aussitôt manifeste son arrivée par un grincement.

Une odeur d'encens, de cierges consummés, de livres usés, de cire aussi lui monte aux narines immédiatement. Des odeurs qu'elle reconnait et qu'elle affectionne, elles lui rappellent la chapelle du Manoir où elle aimait tant se recueillir et parler au Très Haut dans ses moments d'incertitudes. Il savait toujours la réconforter et lui apporter des solutions.

Un regard sur le côté droit, le bénitier.... s'en approche et y plonge le bout des ses doigts pour enfin se signer et prendre place sur le banc à proximité.

C'est qu'elle a des choses à lui dire au Très Haut aujourd'hui, quelque chose qui la tourmente et qu'elle ne comprend pas.

Assise, mains jointes elle laisse son regard prendre possession du lieu sacré, se demande pourquoi si peu de fidèles, seraient-ils tous des brebis égaréees ? Un léger sourire à peine perceptible et replonger dans ses pensées.

Seigneur, tu peux me dire, pourquoi il a agi ainsi ? pourquoi il a refusé de m'entendre ? Tu dois savoir toi là-haut, puisque tu sais tout ! Souhaiter parler pour comprendre est-ce un crime ?

Encore sous le choc de la nouvelle, elle est profondément blessée. Etre abusée ne suffisait pas ? Maintenant plus rien n'a d'importance mais par son attitude, cet homme, lui a signifié son dédain. Il venait de briser à jamais ce en quoi elle s'était reprise à croire et plus jamais elle ne laisserait son coeur s'ouvrir aux sentiments.

Mais il fallait qu'il sache le Très Haut ce qu'elle ressentait .
... pourquoi, lui qui aurait dû être compassion et la soutenir n'avait montré que rancoeur ?
Elle était venue chercher des réponses, elle devait bien l'ennuyer le Très Haut avec ses questions. La nature humaine était-elle ainsi faite ?

Elle reste un long moment prostrée, songe à toutes ces victimes, ces personnes séparées, à son fils dont elle va être séparée durant de longues semaines.... son coeur se serre et une larme enfin glisse sur sa joue... Alors elle se recueille longuement et prie pour qu'enfin tout s'arrête, que chacun retrouve sa dignité et qu'enfin la paix s'installe.



Enfin elle se leve, allume un cierge. Ses yeux ne quittent pas la flamme qui vacille, qui lui fait penser à sa vie tant elle lui semble incertaine.
Elle dépose alors les fleurs qu'elle a apportées, une église sans fleur c'est tellement triste....

................................


Un dernier regard, un soupir, elle sort enfin. Une longue route l'attend...
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Eireann.
Par curiosité, Eireann se glissa dans l'église pour écouter l'office religieux. Les chants étaient différents de ceux de son pays natal, mais elle en reconnaissait certains. Et à vrai dire, quelle que soit la langue utilisée, elle appréciait le simple fait de chanter ou d'écouter chanter dans une église. C'était toujours beau.

Une jeune femme sortit après avoir allumé un cierge, et elle l'imita quelques instants plus tard.

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Loh
Une cascade de feu s'échappe. Un biscuit à la cannelle fait son apparition. Des chants font frémir les esgourdes des recueillis. Sans doute une répétition pour les fêtes de fin d'année. Un sourire nostalgique grandit à la commissure de mes lèvres. Tous ces lieux se ressemblent et sont différents à la fois. Le calme, la sagesse, l'apaisement, la piété, le pardon et les espoirs. Voici ce qui en ressort principalement. Pour ma part, le rire et la tristesse prédominent. C'est une longue histoire.

Des bougies. Une prière? Une pensée! Pour ses protectrices du couvent "Mère Sérénité". Surtout pour celle à la robe flambée! Et je ne parle pas d'une bière ou autre alcool fantasque! Sacrée Laurence-Yvette!

J'en empoigne une. Je trempe l’extrémité de la mèche vers une autre. Elle s'embrase. Tout le monde est encore en vie. Je la dépose avec prudence à côté d'une autre. Savez-vous comme une flamme peut-être hypnotisante? Vous la regardez fixement en brouillant un tantinet votre regard. Gauche? Droite? Rebelle? Et écoutez-la crépiter. Un somnifère à l'état divin!

Le guerrier scandinave. Qu'est-il devenu? S'est-il marié? Est-il mort? Oh non, n'y pense même pas Loh! Tu ne le reverras jamais! JAMAIS!

Je ferme mes mirettes avec violence pour me diriger vers un des nombreux bancs de l'allée centrale. Mon pas est léger, feutré. Une cape noire sur les épaules, je me cache à l'extrémité de la rangée. Même si je ne suis guère une aristotélicienne pratiquante, les églises sont un lieu béni. Un abri religieux où quiconque possède une seconde chance. Une seconde vie parfois. Je regarde la chorale chanter avec absence, mes yeux d'eau dans le vague. Il ne fait point chaud. Il ne fait point froid. Mes cheveux ondulés me protègent partiellement le visage.

Mes doigts se baladent du côté de mon cou. Le médaillon familiale a pris la froideur du temps extérieur. Je frissonne. Mais est-ce réellement le toucher du métal? Mes paluches glissent nonchalamment dans les poches de mes haillons. La pièce danoise. LA pièce. Elle est chaude. J'en suis étonnée. N'avait-il dit de la serrer fort dans sa paume et de réciter les mots magiques lorsqu'elle aurait besoin de son aide? Et si... et si ça marchait réellement? Et si j'essayais? Je ne suis guère en grand danger mais tant pis! J'assumerai!


- " Okker gokker gummi klokker erle perle pif paf puf væk med den beskidte luft ".

Un murmure. Un souhait. Une envie. Un cœur de petite fille devenant une jeune femme. Une solitude cherchant à combler son vide.

Mais qu'est-ce que je fais? La magie n'existe point! Tu pourrais être brûlée pour cela!

Ni une ni deux, je me lève. Sans un bruit. Juste le bruissement de ma cape. Mes lèvres sont serrées. Mon regard, sombre océan. Les flammes des quelques prières enflammées vacillent. Les chants s'intensifient comme mon désespoir. Ai-je une famille? La trouverai-je un jour? La porte de sortie est proche mais point encore atteinte...
Soren.
Il parait que les routes du royaume ne sont guère sures en ce moment. Oui, il parait. Avais-je eu simplement eu de la chance ou étais-je béni des Dieux? Les Dieux? Quels Dieux? Les dieux païens qu'adoraient mes ancêtre ou le Dieu, l'Unique, celui que prônait la religion d'Aristote? Bah, qu'importe après tout! Le principal était de n'avoir fait aucune mauvaise rencontre jusqu'ici... 3 jours! 3 jours de marche depuis Azincourt en terre artésienne... 3 jours à croiser ceux que la guerre avait jeté sur la route. 3 jours à se faire arrêter à tout bout de champ par tel ou tel venu quémander un crouton de pain ou une tranche de lard! Est-ce de ma faute à moi si la guerre faisait rage? Non! Je ne suis qu'un exécutant, un simple exécutant. Et même... un exécutant sans un seul contrat en poche. Ah, j'enrage! Partout, on engage des hommes d'armes, Partout on cherche des épées... et je suis là à devoir observer sans pouvoir agir! Maudite blessure ! Catin de bataille perdue!

Une épée! Il me faut une épée au plus vite! La forme physique? Elle reviendra avec le temps! La blessure à la poitrine est suffisante refermée, elle ne saigne d'ailleurs presque plus mais la douleur irradie encore parfois jusque dans l'épaule. D'épée, il n'y en avait pas ! Ni sur le marché d'Azincourt, ni sur celui d'Arras et encore moins sur celui de Peronne! Alors... Compiègne? Qui ne tente rien n'a rien!

Cette marche m'a fatigué. Ma jambe me fait souffrir atrocement. Je me demande si finalement si je suis prêt à reprendre le combat. Je jette un coup d’œil vers le ciel comme si la réponse se trouvait là-haut, là où parait-il les Dieux vivent...


Oui, oui, je sais! La parole donnée à la Mère supérieure! Je n'allais pas oublier!

La parole donnée à la Mère supérieure, là où ma vie n'avait tenu qu'à un fil. Là où...Oui, enfin... là! La parole est sacrée pour un danois! Et puis la vie vaut bien le sacrifice de quelques piécettes d'or. Sans elle, sans ses novices, à l'heure actuelle, je ne serais plus qu'un tas d'os gelés avec un peu de chair en décomposition!

Boitillant, je traine ma carcasse contusionnée vers l'église de laquelle s'échappe des chants. On y célèbre un office? Bah! Pas grave! J'entre, je fais mon don comme promis à la Mère supérieure et je me trouve une bonne taverne où le vin et les filles coulent à flot! Ce soir, je m'enivre des plaisirs de cette bonne vieille terre avant qu'il ne soit trop tard!

Après avoir gravi péniblement les marches du perron de l'église, je pousse la porte qui s'ouvre dans un grincement lugubre. Ouais! Je crois que question discrétion, je devrais repasser. Le contraste de lumière avec l'extérieur m'aveugle un instant. J'avance au jugé dans l'église quand mon épaule vient heurter quelque chose... ou plutôt quelqu'un! Je ne peux retenir un juron.


For Fanden!

Une douleur vive se propage de la poitrine et irradie de ce point central dans tout mon corps. Mon épaule se contracte. Instinctivement, je viens attraper mon bras gauche avec le droit pour venir le soutenir.

Faites donc att...

Je n'ai pas le temps de terminer ma phrase : la surprise qui m'attend est de taille!
Loh
De taille? Est-elle si en sur-poids cette surprise?!

Mon regard est rivé sur les pavés. Les compter est une excellente manière de se changer les idées. Tiens, il est plus sombre que les autres celui-là. Évitons-le, ne marchons guère dessus.

Aïe! Depuis quand ça se déplace les pavés?!


- " Par les verrues de Sainte... "

C'est le choc divin. Je me retrouve sur le popotin, ma phrase restant en suspens. Ma cape me découvre la moitié du corps. Et me cache la moitié du visage par la même occasion. Mes paumes plaquées sur le sol religieux glacé, mes jambes sont arc-boutées. De l'art gothique humain? De l'art dénudé surtout! Une de mes jambes semble vouloir se montrer sous son plus beau jour. Doux grain de maïs beurré!

A la hâte, et sans aucune grâce, je me relève avec le peu d'orgueil qu'il me reste. Je remets en place mes habits. Je tente de les lisser grossièrement en même temps que je toise la "chose" apostrophée quelques secondes plus tôt. Des petons à la taille. C'est un homme. De la taille au cou. C'est un guerrier. Du cou à la... Un guerrier scandinave?! Je plonge ma main dans ma poche à la pièce. Je la sors. Je la regarde. Je le regarde lui. Je regarde à nouveau le rond de métal. Lui encore. Mais que...

Tour de caboche furtif. La chorale a cessé de chanter. Elle nous regarde avec dédain.


- " Sortons d'ici! Vite! "

Je suis plus petite que lui. Je le pousse au niveau du torse. Mes mains picotent au vu du changement de température. Froid pour les pavés. Chaud pour la chaleur humaine. Je frissonne. Heureusement, il ne remarque rien. Mes gestes et mon regard se veulent fuyants jusqu'à ce qu'on sorte sur le parvis de la bâtisse religieuse.

- " Est-ce toi? Mais que... que fais-tu icilieu? Je te pensais... peu importe! Je suis heureuse que tu sois là! "

Sans demander son avis, je lui saute dans les bras. Du haut de mes quatorze ans d'innocence, je ne réfléchis guère. Une attirance physique m'aimante à lui. Mes bras font le tour de son torse. Mon visage s'enfoui dans ses vêtements.
Soren.
Je n'en crois pas mes yeux! Non! Rien n'aurait pu m'étonner plus...excepté de recevoir un contrat à 30 écus la journée! Et encore, j'aurais sans doute suspecté merlan sous roche! là devant moi, à des lieues du couvent de la Mère Sérénité, se trouve la fillette! La fillette à la pièce magique! Par Yggdrasil, mais que fait-elle ici??!?! Je la regarde des pieds à la tête, elle n'a pas changé! Ou plutôt si ! Elle a changé physiquement. La fleur semble éclore un peu plus chaque jour... mais visiblement, elle est toujours aussi insouciante!

L'instant de surprise passé, mon visage se déride et un sourire vient même l'éclairer. La pièce que je lui ai donnée roule entre ses doigts. Une pensée me vient en tête? A t-elle vraiment cru mon discours? Penses t-elle qu'elle est vraiment magique? Je la regarde se dépoussiérer et je ne peux m'empêcher de penser qu'un jour, elle fera une grande dame du monde! Elle aura les héritiers les plus puissants à ses pieds à n'en pas douter! Oui... Mais qui sera le plus à plaindre? Elle qui devra choisir entre le prince bedonnant, celui qui a une verrue sur le nez ou celui qui a un pied-bot? Ou son époux qui devra accepter toutes les frasques les plus excentriques de cette donzelle toujours prête à bondir d'un rocher à un arbre, et d'un arbre à un dos de mouton!

Et ne voilà t-il pas que du haut de ses.. quoi... 12? 13? 14 ou 15 ans à peine, elle me parle comme si j'étais son grand frère ou son promis. Elle me fait rire. Avec toute sa folie et son impétuosité, je la trouve attachante. Oui oui, j'ai bien dit attachante et pas attachiante!

Des images me reviennent en tête... Les délires dus à la fièvre... la douleur... puis le soulagement... le couvent de la Mère Sérénité... la gentillesse et l'abnégation des sœurs qui ont pris soin d'un étranger... La douce folie de cette fillette. Oui... sa douce folie. Je vois tout cela dans le regard de feu que je croise et qu'elle me lance.

Mais gaffeuse elle l'est, gaffeuse elle restera. Ne voilà t-il pas qu'elle se jette sur moi, ses bras m'entourant à la hauteur du torse... et de la blessure qui a du se remettre à saigner car la douleur que je ressens alors irrigue mon corps jusque dans mes pieds. Tous mes muscles se crispent. Il me faut quelques instants avant de refermer mes bras sur elle, la serrer fort contre moi, lui rendre volontiers cette affection qu'elle me témoigne ici. Elle doit voir en moi le frère qu'elle n'a jamais eu, qu'elle a perdu ou disparu. Je ne sais d'ailleurs pas grand chose de sa famille. Elle ne m'en a jamais parlé pendant tout le temps qu'elle a passé à me soigner.

Loh a écrit:
Je suis heureuse que tu sois là.


Malgré la douleur, ces mots arrivent à me faire revenir dans l'instant présent. Les souvenirs disparaissent dans la brume du moment actuel. Je reviens à Compiègne en ce mois de Décembre 1459. La réalité me rattrape et avec elle, la raison et l'honneur. Je la regarde et lui sourit. Et d'un geste qui me fait plier de douleur, j'embarque la fillette sur mon épaule et la maintient solidement en position. Je m'attends à ce qu'elle se débatte autant qu'un archange devant St-Michel!

Ca me fait plaisir de te revoir fillette! Mais je me demande bien ce que tu fais ici seule! Alors, en attendant d'avoir des explications, tu vas venir avec moi! Si j'apprends que tu t'es enfuis du couvent, je t'y ramènerai au triple galop! Tsss... Tu sais qu'il y a une guerre par ici? Tu sais que c'est dangereux la guerre? N'as-tu donc pas vu assez de plaies pour le comprendre? Les brigands fourmillent partout, les gueux ont faim et les guerriers sont en manque de plaisirs charnels! Bref, tu n'as rien à faire ici seule, tu m'entends?

Je boite légèrement. La fillette est légère mais les blessures sont encore vives. Descendre le perron de l'église a puisé dans mes forces. J'espère juste en avoir encore assez pour me rendre jusqu'à une auberge...
Loh
De quoi droit se permet-il de me porter ainsi sur son épaule tel un sac de blé? De quel droit se permet-il de me sentir aussi proche de lui?

- " Repose-moi! Tu n'as pas le droit! Je ne suis plus une fillette! Et je ne me suis point échappée d'abord! Ce sont elles qui m'ont jetées dehors! "

Il ne m'écoute guère plus que le bruit des cloches à l'horizon. Je me débats. Je ne lui facilite guère la tâche. Je veux lui montrer que j'ai acquéri de la force, que je ne suis plus une fillette comme il aime m'appeler. D'ailleurs, une idée me chatouille à l'esprit...

Discrètement, je sors la dague scandinave offerte quelques mois auparavant. Je la cache toujours dans ma manche gauche pour une meilleure utilisation de la paluche droite. J'ai appris à la manier. Je ballotte de haut en bas. Il me parle. Mes cheveux me cachent la vue au niveau du bas de son dos. Je grimace, la langue coincée entre les deux. Il ne me voit point. Il ne s'imagine guère la suite des évènements. Scroutch. Scratch. Héhé!

- " Regarde! Là! Une auberge! Cesse de tourner ainsi sur toi-même à chercher, tu me donnes envie de vomir! Le chat perché! Non, je ne parle pas de l'animal! C'est le nom de l'auberge! "
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