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[RP privé] Naître plutôt que n'être...

Elisa.
Merci de prendre en compte que ceci est un RP privé et que bien sur, aucun des personnages ne peut-être au courant de ce qui va se dire ou se faire ici. Les intervenants se trouvant à chaque fois dans des lieux fermés et privés. Et non, aucune lettre ne pourra être interceptée avant qu’elle n’arrive à son destinataire.
Merci de respecter cela.
En cas de volonté d’intervenir, merci de me prévenir par MP à l’avance en motivant votre demande.
Bonne Lecture.



    «Il n'y a aucun remède contre la naissance et la mort, sinon de profiter de la période qui les sépare. »
        Georges Santayana



Comment réussir à reprendre le cours d’une vie normal après cela ? Comment réussir à repartir comme avant ? Il lui était impossible de faire comme si de rien n’était… Il lui était impossible de passer outre pour continuer. Il lui était impossible… Alors comment faire ?
A chaque fois que ses prunelles noires venaient se poser sur sa sœur, la Malemort revivait chaque instant de ce soir tragique. A chaque fois, elle revoyait la scène de sa rouquine tenant dans ses bras une cape vide de vie. A chaque fois, elle se revoyait entrain de tomber dans le couloir, son corps rempli de douleur.
Et lui… Et lui… Aucune réponse, une vide sans fond, rien… Strictement rien… un nouvel homme lui contant fleurette pour mieux l’abandonner quand tout va de travers. Voilà l’âme réelle d’un homme… Tous semblables, tous entrain de fuir quand tout va mal. Tous entrain de fuir quand il s’agit d’arriver à l’étape du soutien.

Idiote ! Sotte ! Tu t’es fais avoir une deuxième fois… Tu t’es fais avoir comme une débutante. Tu aurais dû te méfier. Tu aurais dû pour déjà deux raisons :
- Il est un homme !
- C’est un Carsenac !
Idiote !

Et les heures passent, et les jours passent… Et la douleur est toujours là. Et la peur de l’avenir l’inonde. Le silence est d’or. Le mal de glace. Mais il parait que parler fait du bien… Mais à qui ? Sa sœur ? Plutôt trépasser. Elle lui en a déjà bien trop fait subir. La Princesse s’en veut déjà tellement de lui avoir fait subir tout cela. De l’avoir obligé à vivre ce drame. De devoir le vivre ainsi, directement, sans avoir le choix.
Pourquoi le Très-Haut lui en veut-il ainsi ? Pourquoi le Très-Haut ne lui permet-il pas d’être heureuse comme les autres ? Pourquoi toujours lui reprendre ? Pourquoi ?
Tant de questions… Et là… La personne qu’il lui fallait lui vint enfin à l’esprit.

La princesse va rapidement aligner ses mots sur ce parchemin brun, sa plume trempée plusieurs fois dans l’encrier noir.


Citation:

A vous, Titca Casavecchi-Nolliver, Dame de Flavigny,

De nous, Elisa de Lahaye Malemort, Princesse de France, Dame de Saint Bonnet en Bellac, fidèle perdue,

    Bonjour,

    Puisse t-il être bon, encore une fois,

    Je sais Ô combien vous êtes ces derniers jours occupée par vos différents travaux. Je sais Ô combien, vous n’avez pas besoin que l’on vous rajoute des tâches.
    Mais aujourd’hui, je viens à vous en tant que fidèle de notre Très-Haut. Je viens à vous en tant que fidèle perdue et abandonnée.
    Vous êtes la seule personne en qui j’ai trouvé le courage de me tourner. Je me pose un très grand nombre de question sur l’existence, sur la vie, sur la mort et sur l’utilité d’être ici bas tandis que le Très-Haut rappelle les nôtres auprès de lui.

    Ainsi, je vous demande une audience afin de pouvoir entamer une confession. Votre jour et votre heure seront mienne.

    Je me tiens à votre entière disposition. En espérant que cette date sera proche.


Bien à vous,

E.


Et le pli fut rapidement scellé. La cire de la bougie coula contre le parchemin brun, et c’est le sceau qui vint sceller l’avenir de cette lettre, aux armes de la Lahaye Malemort.
_________________
Titca
Château de Limoge, Bureau du Bailli de bon matin. Le soleil caressait à pleine les plaines du Comté que déjà une silhouette aux courbes rondes et les cernes marquées abimait le tapis de son bureau, laissant ses bottes frôler le sol et refaire demi-tour tourmentée par l'angoisse, l'attente, le désir. La pièce était spacieuse du moins suffisamment pour entasser les divers options de son poste, les parchemins rangés par catégories laissant entre voir la dose de travail journalier : Mines, Haut Fonctionnaires, Animaux, Finances, Audits, Taxes. Elle devait s'y atteler, arrêter de penser de tourmentée son esprit avec ces détails sans intérêts. Les échanges avec Clodeweck avaient eu du bon elle savait ou elle allait et le ressenti de la Curie. Elle savait aussi que bien des Pompom rouges l'attendaient aux tournants, mais cela avait-il de l'importance ? Une main posée sur son ventre qui s'arrondissait avec une délicatesse certaine, bientôt nier deviendrais impossible... Ce n'est pas vraiment comme cela que la femme imaginait sa grossesse, mais impossible d'éviter l'inéluctable.

Un courrier pour vous...

Sourcils froncés, moue intriguée et main qui ce tend alors que le dit courrier lui fut tendu par une domestique. Remerciement rapide avant de reconnaitre le sceau. Rouge ? Rien d'officiel alors, voilà qui piqua à vif la curiosité de la Vipère qui décida de le lire sans attendre.

....

Silence, elle s'attendait à bien des choses, mais surement pas à cela. Bon d'accord ses relations avec Elisa avaient considérablement changées, de froid cela était devenue moyennement amicale, courtoise dirons-nous. Elle était maladroite et la femme exigeantes ce qui pouvait provoquer bien des tentions. Décidément courtoise était le terme parfait pour tout décrire sans trop en dire. Pouvait-elle refuser ? Assurément, mais elle n'en avait point envie, premièrement ce genre de questions étaient passionnante et puis s'occuper des ''moutons'' son devoirs l'air de rien, pour ne pas dire un besoin vitale de partage et de foy.

Alors elle attrapa une belle plume d'oie et la trempa dans l'encre afin de fixer une heure et un lieu.


Citation:


    A vous, Elisa de Lahaye Malemort, Princesse de France, Dame de Saint Bonnet en Bellac,

    De nous, Typhanie Casavecchi-Nolliver, Dame de Flavigny.

    Salutations,

    Nul tâche ne sera rajouté à ceux et celle qui aiment d'un amour Divin. Nous trouvons toujours le temps d'écouter et de guider les enfants du Créateur lorsque ceux-ci ont besoin d'une oreille attentive. La confession même d’un point de vue simplement humain, nous libère et facilite notre réconciliation avec les autres, mais plus encore elle nous libère de nous-même. Rare sont les âmes capables de pointer du doigts leurs erreurs, leurs possibles actes déplacés. C'est une preuve de maturité et de courage.

    Pourquoi ne pas nous donnez rendez-vous demain matin, à la lisère de la foret. Nous avons toutes deux besoin de prendre l'air et je pense pouvoir dire sans erreur que nos alliées pourrons surveiller les remparts quelques heures sans notre présence.

    Prenez soin de vous,



    Tbis.


Hector ? Remettez ceci à la Princesse Elisa de Lahaye Malemort, en personne ! Point de domestique... Merci.

L'homme déjà vieux approuva, il connaissait les caprices de la Vipère et savaient que généralement ceux-ci avaient une raison valable et plutôt importantes. Aussi il quitta sa maitresse et le château à la recherche de l'une des Princesse de France.
_________________
Elisa.
    «Je ne vois pas pourquoi on ferait un travail de deuil. On ne se console pas de la mort de quelqu'un qu'on aime.»
        Michel Houellebecq



Le sort était jeté. La lettre avait été envoyée. Peut-être serait-elle jugée, sûrement même. Une confession… Quelle idée stupide. Devrait-elle tout dire ? Devrait-elle tout avouer à cette femme ? Devrait-elle lui dire qu’elle est une femme froide et distante tout simplement pour se protéger ? Et qu’au fond elle, il n’y a sûrement pas plus fragile qu’elle ?
Qu’au corps de femme elle n’a qu’un cœur et qu’une âme d’enfant encore ?
Qu’elle a une peur terrible de la mort ? Mais surtout qu’elle a une peur terrible de la solitude ? Idiot n’est-ce pas ? Et pourtant… Sa plus grosse angoisse est qu’un jour, elle se retrouve seule face au monde. Se retrouver seule face à des inconnus, sans avoir personne sur qui compter, sans avoir personne sur qui s’appuyer.
Qui n’a pas peur de se retrouver un jour seul est un menteur. Mais cette peur, lui faisait malheureusement faire parfois, de trop grande fois, des erreurs.

En attendant une réponse, Elisa s’était plongée dans ses parchemins. Qui ne connaît pas le dicton : « Si tu es malheureux, tu travailleras dix fois mieux ». Quel est l’idiot qui a dit ça ? Qui est l’idiot qui a eut raison de dire cela ?
Ainsi elle était passionnée par son travail, passionnée pour mieux oublier le mal qui la rongeait petit à petit.
La réponse arriva enfin. Une lettre courte, mais acceptant un rendez-vous. La princesse devait-elle se sentir soulagée ? Devait-elle se sentir mieux à l’idée que bientôt, il lui faudrait dévoiler toute sa vie à une femme à qui, il y a quelques semaines, elle ne parlait même pas ?Aujourd’hui leurs discussions étaient cordiales, parfois rendues froides par la Malemort, elle en avait conscience.

La lettre fut rangée… Demain elle y serait !


    [Le lendemain matin]


Une nuit tout aussi difficile que les précédentes. Les cauchemars prenant toute place aux rêves. Revoir ces images horribles, sentir de nouveau cette douleur lui déchirant le ventre. Voir de nouveau les yeux acier de sa sœur, rongée par le mal et la souffrance.
Ses nuits étaient agitées, et chaque lendemain matin, la princesse se réveillée en nage. La fièvre la prenait chaque nuit, son front suant de peur. Elle bougeait dans tous les sens dans son lit. Arrivant même jusqu’à réussir à déchirer sa robe de nuit.

Mais l’aube était là. Et le rendez-vous avait été fixé. S’habiller donc rapidement, se coiffer et tenter d’effacer les traces de ces nuits agitées, rien de bien facile. Et voilà la princesse qui prend la direction de la forêt bordant le village, seule. Gardes, domestiques et tous les autres étaient restés sur place. Elle voulait être seule. Seule avec Titca pour pouvoir lui parler avec franchise.

La lisière enfin là, Elisa était la première sur les lieux. Regarder au sol, voir à plusieurs endroits que le sol semblait avoir été fraîchement retourner. La princesse se met à grimacer, elle se souvint alors de cette nuit là… Où Aldraien lui avait dit qu’elle s’occuperait de tout, et qu’il serait en paix aux abords de la forêt.
Non !
Non, il ne fallait pas penser à cela. Une chance sur… beaucoup trop pour que l’endroit soit celui-ci précisément. Sûrement un loup qui avait gratter la terre… ou un rongeur pour se cacher. Mais en attendant, la princesse malemort tournait en rond. Impatiente de retrouver Titca, et d’en finir surtout.

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Titca
Le reste de cette journée s'écoula de façon ordinaire, en compagnie des vaches, des moutons et des Cochons du Comté elle oubliait bien des soucis et le soir à la lumière d'une bougie la comptabilités lui arracha un sourire satisfait, non pas que les écus entraient par millions mais le manque semblait moindre et qui ne pouvait pas être rassurée par cela ? Le moment de rentrer au Manoir arriva et c'est à contre coeur que la Religieuse ce força à remettre sa cape de fourrure autour de son cou. S'emmitouflent dans celle-ci, elle ferma son bureau et rentra chez elle sans détour. Une fois au chaud, elle s'informa des nouveautés de la famille, naissance, décès, maladie, perte de noblesse et autres détails croustillant bien que sans intérêt en ce jour-ci. Une fois un repas avalé et une dernière discutions avec quelques domestiques sur l'importance de laver les robes blanches au savon blanc elle admit la possibilité de ce coucher.

Escalier, couloir et voici que la porte de sa chambre la défia, comme pour la provoquer : '' Pousse moi si tu veux être seule'', soupir avant de s'enfermer dans le noir et la douleur. Bougie qui illumine la pièce légèrement alors qu'elle entra dans le lit froid et terne pour espérons-le dormir quelques heures. ''Qu'as-tu ? pauvre amoureux, dont l'âme demi morte Soupire des sanglots au vent qui les emporte. '' * Alors qu'elle souffla sur la flamme, la religieuse ce recroquevilla entre les draps. Cette guerre séparaient trop d'âmes, détruisait trop de vie et elle s'endormit avec la pensée terrible que cette nuit sera une de plus bercée de souffrance et d'angoisses.


*Antoine de chandieu  (1534-?)


-[ Le lendemain, à l'aube. ]-


Dormir ? Douce illusion, elle ne pouvait pas dormir ! Qu'avait-elle fait réellement ? Chercher sa chaleur, souffert des changements de son corps et le réveil n'était pas mieux, cernes sous ses yeux azures, nausées dans sa gorge et la langue encore sèche d'avoir point assez bu de rhum, l'alcool aidait à dormir, mais votre corps en réclamait toujours plus ce qu'elle refusa pour des questions d'étique. Repas prit pour remplacer le précédent qui fut rendu à mère nature, vêtements choisi de façon sobre et simple, ventre caché sur une ceinture et de long jupons. Elle pensait être prête... Une confessions de bon matin c'était inattendue, mais l'air frais et le froid de Décembre aiderons...

Par chance le manoir n'était pas loin de la foret et bien que la Vipère arriva après Elisa, elle pouvait avoir l'espoir de ne pas avoir trop fait attendre la Princesse.


Bonjour Elisa. Certains s'inclinait devant-elle, la Religieuse ne sachant que faire avait prit l'habitude d'embrasser sa joue de façon courtoise comme elle le fait souvent. Pardonnez mon retard, marchons si vous le voulez bien. Parait-il que l'endroit possédait des Loups et assurément des animaux bien moins dangereux, mais deux femmes armées pouvaient s'autoriser une marche matinal. Que serait la vie sans quelques risques après tout. Elle chercha les mots, que pouvait-elle dire ? Décidant de laisser son coeur dépasser sa tête, Typhanie la regarda avec une tendresse certaine. Votre envie de confession est liée au drame qui vous à touchée... Vous confier au Créateur est un début, la preuve d'un combat intérieur qui vous trouble. Parlez si vous en avez envie, ou apprécions le silence.

Elle, préférait marcher aux côtés d'un religieux en silence, sans un mots avec la présence d'une âme plus forte que la sienne, c'est ainsi qu'elle ce libérait du mal et soudainement sans même que cela soit calculer elle hurlait sa haine et lâchait son venin, l'instant d'après tout lui semblait moins important. Mais peut-être qu'Elisa n'était pas ainsi ? Chaque âme avait son code, son mode d'emploi.
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Elisa.
    «L'amour d'une mère pour son enfant ne connaît ni loi, ni pitié, ni limite. Il pourrait anéantir impitoyablement tout ce qui se trouve en travers de son chemin.»
        Agatha Christie


Le froid de cet hiver était déjà rude. De si bon matin, la forêt semblait endormie sous la gelée de décembre. La Malemort regardait autour d’elle, statique, apeurée, frigorifiée et anxieuse.
Oui elle était anxieuse de ce qui allait pouvoir se dérouler. Comment cela allait-il se passer ? Devrait-elle tout lui dire ? Devrait-elle avouer tous ses pêchers depuis sa prime jeunesse ? Ou alors pourrait-elle faire l’impasse sur certains évènements ? Mais à quoi bon se confier si c’est pour trier ? Le Très-Haut lui en voudra toujours autant, il la croira menteuse. Alors que la Malemort déteste le mensonge. Ayant vécu dedans durant de trop longs mois.
Son fiancé lui avait menti sans vergogne alors qu’elle lui exposait son cœur sans retenue et remplie de faille. Il lui avait promis fidélité et amour infini, alors que le soir il allait rejoindre les bras de sa catin. Comment avait-il pu lui faire ça ? Comment avait-il pu à seulement quelques jours de l’affichage des bans de leur mariage ? Et il n’avait même pas eu honte… Elle lui en voulait tellement…. Voilà… Elle ressentait de la haine envers lui et envers sa catin. De la haine de l’avoir brisée ainsi sans aucune gêne alors qu’elle leur faisait confiance à tous les deux. Comment avaient-ils pu ? Comment ?
Et idiote comme elle l’était, elle l’avait cru, lui l’amour qu’elle pensait de sa vie. Elle l’avait cru et elle tentait de lui pardonner… Mais la vie n’était jamais si simple, la vie lui en voulait. Et voilà que ce breton arriva… Fichu Breton, Fichu Bretagne !
Et son fiancé s’enfuit, dans un élan d’ego mal placé. Comment avait-il pu encore ? L’abandonner alors qu’elle n’avait jamais eu autant besoin de lui ? Tout cela pour sa gloire et son intérêt personnel ? Et après il osait lui dire qu’il l’aimait ?

Que tu es sotte Elisa ! Que tu es sotte !

Tandis que ses yeux s’étaient de nouveaux embrumés, la Malemort lança un coup de pied dans un caillou passant par là. Sa bottine bien trop fine ne pouvant encaisser le choc, et la princesse perdit l’équilibre et se retrouva au sol, le pied désormais aussi douloureux que son cœur.


Idiote !

Elle resta ainsi quelques instants, ses joues mouillées traînant son chagrin. Ce sentiment d’être seule, sans pouvoir compter sur quelqu’un, sans pouvoir compter sur quelqu’un aux épaules larges pouvant supporter son chagrin.
Comment avait-elle pu en arriver là la jeune Malemort ? Comment avait-elle pu en arrivant là depuis sa jeunesse heureuse ? Ce faux sourire chaque jour pour faire croire que tout va bien. Son travail et encore son travail pour être sûre de ne pas pouvoir penser au reste. Comment en était-elle arrivée là ?

Mais ses pensées furent rapidement coupées par des bruits de pas qui arrivaient vers elle. La princesse se releva, en tentant d’alléger le poids sur son pied désormais douloureux lui aussi.
Essuyant ses joues, tentant de reprendre contenance pour ne pas paraître si amoindri qu’elle ne l’est à l’intérieur.


Bonjour Titca. Merci d’avoir répondu à ma missive et m’accorder cette audience aussi rapidement. Marchons, oui.

Marcher… Fichu caillou, fichu drame, fichu vie !
Et s’est donc en boitant, que la Malemort suivi le pas de la religieuse. Ses joues étaient rougies par le froid de décembre, ses mains tremblantes par cette angoisse qui n’avait toujours pas disparu. Et voilà que le Bailli du Limousin rentrait dans le vif du sujet.
Ce drame… Son drame. Comment peut-on vivre ainsi ? Comment peut-on vivre…


Le Très-Haut semble m’avoir abandonné. Comment peut-on infliger cela à une femme ? Comment peut-on d’autant plus l’infliger par deux fois ? Qu’ai-je donc fait pour qu’il me fasse cela ? Je ne comprends pas Titca, je ne comprends plus. La douleur m’assaille, elle me ronge de l’intérieur, et je sais que cette douleur blesse ma sœur, que cette épreuve la fait souffrir, ce qui me fait encore plus mal. Que puis-je faire ? Que puis-je faire pour que tout cela s’arrête ? N’ai-je point droit au bonheur moi aussi ? N’avons-nous pas tous droit au bonheur ? Même le plus vil brigand à le droit d’être heureux, il a le droit d’être pardonné s’il se repend de ses crimes. Alors pourquoi pas moi ? Pourquoi n’y ai-je pas droit ?

Et bien la Malemort, elle… Parlait beaucoup… Beaucoup trop…
Mais elle l’avait prévenue… Elle lui avait dit à la religieuse qu’elle se posait beaucoup de questions… Certaines ne trouveraient sûrement jamais de réponse. Mais cela soulagerait-il la Malemort ? Peut-être…. Peut-être pas…

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Titca
La vie vous réserve parfois de tout petit plaisir très simple, celui de la liberté était aux yeux de la Religieuse le plus simple, le plus beau, le plus tendre des plaisirs de ce Royaume. Celle qui avait parcourt les chemins des années, trainées ses bottes de l'ouest à l'est et du nord au sud, fut ravie et vraiment soulagée de pouvoir un instant marcher sans chaines, oublier l'armée, oublier les conséquences des charges, simple plaisir loin des questions, loin des tourments, proche de la nature et du silence. Enfin le silence pas vraiment, elle ferma les yeux et respira un grand coup ses mains arrachant quelques feuilles des arbres jaunies et proche de tomber. Souvenir des musiques entrainantes, des tavernes remplit de femmes et de bravent brigands, sourire aux lèvres aux doux visages qui bercèrent son enfance et surement toutes sa vie finalement.... Instant solitaire, à elle et elle seule...

La réalité n'était jamais loin cependant et aux mots d'Elisa, elle secoua la tête pour revenir la religieuse qu'elle devait être en cet instant. Que de question, avait-elle toutes les réponses ? Surement pas, ni elle, ni le Seigneur. Elle garda le silence, laissant le bruit des leurs chausses déchirer les feuilles mortes et le chant des oiseaux qui quittèrent le Comté caresser leurs esgourdes. Puis lorsque le silence deviens trop lourd, elle décida de répondre à toutes ses intégrations par une seule.


Quel définition donneriez-vous au bonheur ?

Lui lançant un regard en coin, la Vipère continua sa route sans relever les questions restée en suspend. L'être humain dans les pires moment ne vois que le pire est en oublie le meilleur. Elle était pas mieux la Divine, retenant que ce qui l'agaçait oubliant de prendre en considération ce qui la laissait vivante et pleine de force. Elisa elle ne semblait pas remarquer la force en elle et le pouvoir intérieur de changer sa vision des choses. Certes la mort était horrible, la perte insoutenable elle l'avait vécue par trois fois, mais avancer restait la seule possibilité à moins de souhaiter périr également ? Sans attendre de réponse, elle regarda à nouveau la princesse et lui montra d'un doigt gantée un arbre non loin d'elles.

Pensez-vous qu'il meurs Élisa ? Pensez-vous que ses feuilles vont tout simplement tombées sans autres ambitions ? Que l'hiver annonce la fin de cette vie là ?
_________________
Elisa.
    «Les dieux jettent les dés et ne demandent pas si nous avons envie de jouer.»
        Paulo Coelho


Où comment se sentir dès plus mal à l’aise… Ce sentiment de déranger, d’être de trop, de trop parler, de trop faire, de trop tout… La religieuse laissa un long silence entre la fin de ses interrogations et sa réponse. De quoi laisser le temps à la Malemort de se réécouter parler. A vrai dire, tant de questions lancées en si peu de temps, cela pouvait faire fuir c’était certain.
Et puis finalement, le silence fut rompu, brièvement, trop brièvement même… La jeune chancelière ne s’attendait pas à une telle réponse… Qui finalement d’ailleurs n’était même pas une réponse.
La définition du bonheur… Existait-il au moins une définition ? Chaque être n’est-il pas lui-même l’auteur de cette définition en fonction de son ressenti ? En fonction de ses attentes de la vie ? Pourquoi lui posait-elle cette question ? Pourquoi venir rajouter des questions à son esprit déjà bien rempli ? Pourquoi ne pas répondre, Titca ?… Pourquoi ?

Un long soupire sortie d’entre ses lèvres. Comment allait-elle pouvoir répondre à cela ? Comment allait-elle pouvoir donner une définition de ce mot ? Elle-même aujourd’hui se trouvait dans une situation bien étrange.

Mélangée entre :
Ce deuil la bouleversant de tout son être. Ce deuil lui tirant les entrailles. Cette nouvelle perte dont elle ne se remettrait sûrement jamais. Comment pourrait-elle ? Comment pourrait-elle l’oublier ? Il était son lui, il était la chair de sa chair. Il était simplement tout, en si peu de temps. La dernière fois, elle s’était reprochée de ne pas assez l’aimer. Elle s’était reprochée ce manque d’amour qui avait couru à sa perte. La Malemort avait été mauvaise… Mauvaise… Aujourd’hui, elle venait d’apprendre de ses erreurs… Mais devait-elle maintenant se reprocher de l’avoir trop aimé ? De l’avoir tant désiré avant même qu’il ne soit là, véritablement ? Sûrement pas. A moins qu’elle se reproche l’absence du Carsenac. L’absence et surtout le silence de celui qui aurait dû la soutenir dans ce drame. Cela était certain, elle souffrait, elle souffrait en partie grâce à lui, en partie à cause de son indifférence.
Et puis cette rencontre, cet homme… CET homme… Son homme désormais. Elle le voulait sien, elle voulait être sienne. Elle était, étonnement, ouverte la Malemort. Elle ne voulait pas répéter les erreurs du passé. Elle ne voulait pas qu’il puisse lui reprocher lui aussi son manque d’implication et de communication. Il devait tout connaître d’elle, il devait tout connaître de ses envies, ses désirs, ses peurs, ses doutes, ses rêves. Elle voulait construire près de lui, construire avec lui. Et même si cela était peut-être rapide pour certains, la princesse Malemort n’en avait que faire de leurs avis. Il était hors de question, que cette fois, elle se rende malheureuse pour le regard et les pensées des autres. Hors de question. Après tout, elle n’était pas seule à le vouloir. Ils étaient deux. Et lui semblait vouloir autant qu’elle.

Ca n’arrive qu’aux autres, […]
Relativises, fermes les yeux et imagines toi.
Tu verras comme ta vie et belle. *

Aujourd’hui, elle devait donc apprendre à vivre avec ce malheur et ce bonheur réunis. Apprendre à pleurer en rigolant, à rigoler à pleurant. Bonheur… Voilà donc ce qu’était le bonheur ?


Un sentiment à l’état pur, parfois si simple que l’on ne s’en rend pas vraiment compte. Tellement simple qu’il fait partie de nous, et nous avons tendance à l’oublier. Au du moins à le mettre de côté pour laisser nos états d’âme prendre le dessus. Mais c’est humain non ? Humain de vouloir se poser des questions sur notre malheur pour tenter de l’évincer ? Le bonheur se vit, il se partage avec les personnes qui l’apportent et avec ceux qui en manquent. Ne pensez-vous pas ?

La Religieuse était-elle entrain de tenter de l’embrouiller pour ne pas avoir à répondre à ses questions ? Bien sur, la Malemort avait une vie parfaite, une famille, des amis, de l’argent, des terres… Mais aujourd’hui, il lui manquait cet être qu’elle venait de perdre. Cet être qui avait choisi de ne pas être plutôt que de naître. Mais… Avait-il au moins pu choisir ?

Je sais bien ce que vous allez me dire. Je sais l’hiver n’est pas annonciateur de la mort. Il amène la vie future, le renouveau, la renaissance de ce qui nous entoure, de ces arbres par exemple, de ces feuilles.
Mais je ne peux pas oublier que derrière lui, il laisse la mort. Il laisse ces feuilles mourir pour aller en quérir d’autres, des plus vertes, qui pourront bourgeonner après lui. Et elles alors ? Et les restant ? Ceux qui vont pleurer leurs pertes ?


Le discours de la Malemort était peut-être incohérent pour la religieuse. Mais pour elle, il était clair. Chaque personnage jouait son rôle : L’hiver avait celui de la mort, l’arbre celui de la famille, et les feuilles celui des être partis rejoindre le Très-Haut.
Alors quoi ? Où voulait-elle en venir la religieuse ? Devait-elle, elle aussi bourgeonner de nouveau ? Mais comment tourner la page si rapidement ? La Malemort ne pouvait pas oublier. Pas si vite, pas maintenant…




* Soprano – Fermes les yeux et imagines toi
_________________
Titca
Il me semble raisonnable de dire que le bonheur est une forme de contemplation, que le sage doit s'efforcer d'atteindre. Il y a milles et une raison d'être triste... Milles et une façon de s'écrouler dans la douleur, la haine, le mal être profond. Parallèlement, nous avons tout autant de choix pour être heureux et savourer le bonheur....

Elle esquissa un sourire, dit comme cela tout semblait facile, sans complexité, aussi accessible que de faire son marché, bien entendu tout était bien plus difficile à vivre. Elle en avait conscience et bien qu'utopique, la religieuse en gardait pas moins les pieds sur terre. Mais la vie était faite de coup, il était dur de rester debout, pourtant là était tout l'enjeu.

Vous cherchez à fuir une réalité : Triste, horrible, insupportable, insoutenable et bien pire encore. Aucunes femmes, aucunes mères ne peut comprendre ce que vous ressentez... Elles peuvent effleurer l'idée, caresser de très loin la souffrance que vous tolérer, mais finalement... Vous êtes la seule à pouvoir vous relever. Nous tout les autres, ne pouvons que vous tendre la main.

Quelques pas encore, à penser, mais elle avait oubliée comment penser à dire vrais, préférant de loin ne plus le faire, décidant d'avancer envers et contre tout, le futur, le passé rien ne devait compter uniquement le présent et même-si la Vipère avait un caractère de flamme elle en restait pas moins une femme, blessée, souffrant plus que la limite, mais continuant à avancer pour elle, pour lui, pour eux.

C'est à travers ceux qui pleurent notre perte que nous continuons de vivre Elisa, rien n'arrive pas hasard, même-ci nous ne comprenons pas toujours. C'est horrible ce que je vais vous dire et j'en est conscience, mais ne pensez-vous pas qu'il est préférable qu'un enfant du très-haut quitte cette vie ainsi ? Que savons-nous, qui sommes-nous Élisa ? Fondamentalement il dois avoir une raison pour que la nature rappelle aussi injustement et atrocement un être humain... Imaginez qu'il fut atrocement malade ? Qu'il souffre... Qu'il puisse subir plus encore que la mort, dans ce cas aussi horrible et atroce que soit la vérité, n'est-il pas ainsi en paix ?

Non décidément c'était atroce, il y avait aucun mots pour décrire ces mots justement, mais réel pourtant. Un Cheval qui souffre ce vois tué sans hésitation, un lapin blessé aura le même sort. Horrible assurément, mais parfois il semblait mieux de laisser partir un être aimé, que de le voir souffrir ou le savoir proche de l'agonie non ?

C'est... immonde comme paroles, surement proche des démons... Vous avez le droit et je comprendrais de ne pas partager mes idées à ce sujet. Mais je crains que vous vous posiez beaucoup de questions... Hors les réponses finalement ne sont peut-être pas aussi complexe ou/et rassurante que vous le souhaitez.
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