Parbleu, pour des cerises en cette saison hivernale, je suis preste à prendre le risque de recevoir le fouet du père fouettard...
Une fine courbe sétira à la commissure des lèvres du saint nicoco, quand il vit avec quelle délectation la vicomtesse savourait les cerises.
Un éclair malicieux traversa son il quand il imagina quelle histoire cela pourrait inspirer.
Bien que présent de corps au milieu de la salle du bal, Il se voyait déjà pendant les veillés d'hiver, en train de conter aux lutins une légende du Poitou
Il était une fois, dans un royaume fort fort lointain, une jeune et belle femme ( comme dans tous les contes ) qui se prénommait Blanche-Oane. Elle menait une vie assez tranquille dans une chaumière au milieu des marais poitevin, rêvassant comme toute les jeunes pucelles de son âge au beau prince charmant en collant noir non ???
Un jour, alors quelle préparait une délicieuse tarte aux mirabelles en chantonnant des lalalaaa derrière les fourneaux et que les souris grignotaient les miettes par terre en relevant parfois leurs museaux en suivant la mélodie, le père fouettard car Saint Nicolas ne ferait pas ça! - déguisé en vieille femme aux cheveux grisonnants tape
toc toc toc
à sa porte. Dans sa main il tient un petit panier tressé débordant de fruits divers quil a confectionné spécialement pour offrir à Blanche-Oane une cerise mure à point mais... empoisonnée.
'Waouh
Une cerise en cette saison', se dit linnocente Blanche-Oane qui, après avoir ouvert la porte, na dyeux que pour ce panier, et surtout LA fameuse cerise. La jeune femme surprise d'un tel cadeau qu'elle n'avait même pas eu à déballer, nen revenait pas de voir scintiller devant ses yeux la couleur rubis du petit fruit. La lèvre tremblotante retenant difficilement un filet de bave gourmand, elle saisit du bout des doigts un fruit par la queue, le tient un instant devant son visage et cruinch
le fait avidement disparaitre entre ses lèvres gourmandes puis plonge ses dents dans la chair juteuse. La cerise empoisonnée explose dans sa bouche et la laisse inanimée, plongée alors dans un sommeil profond qui durera jusquà ce quun brave type vienne lembrasser d'un baiser d'amour et briser le sortilège. Mais voila
il parait que les braves types ne trainent pas dans les marais poitevins. Aie... Merdouille! Comment arriver à la dernière page de lhistoire, celle qui dit il lemporta sur son cheval blanc jusquà son château et ils y vécurent heureux jusquà la fin de leurs jours. ???
Bref... voici en gros l'histoire, il resterait à fignoler quelques détail, rajouter quelques lutins des tavernes, trouver le noms du princes charmant et je suis sur qu'on aurait là un conte super original et typique du Poitou..
Allez... Retour sur terre
mais avant je précise, pour ceux qui se posent des questions, que Saint Nicolas ne sétait pas arrêté en route pour se réchauffer avec quelques remontants.
Alors quil écoutait la jeune femme parler
lui parler, presque sur le ton de la confidence. Il nosa pas la couper et lui dire que Saint Nicolas, normalement, son boulot c'est de recevoir les lettres des enfants et en retour il leur donne des friandises. Point. Et qu'il nest pas habitué aux vicomtesses-danseuses en détresse. Surtout pas lui... il savait déjà qu'il allait lui sortir comme réponse, le truc à ne surtout pas dire. En plus, ce qui l'inquiétait surtout, c'est de voir la jeune femme passé d'un visage aux traits anxieux et un brin tourmenté, aux grands éclats de rire. Il hocha plusieurs fois de la tête, même si il n'était pas sur de bien comprendre ce qu'elle racontait, puis d'une petite voix, il se hasarda à...
Écoutez comtesse, il ne faut pas vous en faire. Vous êtes une femme qui sait ce quelle veut et qui na pas froid aux yeux pour lobtenir.
Tenez... si il vous plairait de danser avec le sieur Datan, pourquoi ne l'invitez vous pas? Si il est venu ici, c'est bien parce qu'il avait l'envie... le besoin de se changer les idées.
Et puis... un homme qui passe ses journées en tête à tête avec Nebisa doit être très habile pour savoir faire quelques pas de danse.
Il reprit une gorgée de bière, puis regardant dans le fond de sa chope, il fronça les sourcils en constatant que boire avec la grosse barbe rendait périlleux le vidage au complet de la chopine. Tant pis...
Puis reportant son attention vers la jeune femme, il poursuivit:
Quand à moi, vous avez raison... je ne peux pas danser, sans courir le risque de provoquer une catastrophe qui briserait alors les premiers rêves des enfants présents.
Il ne pouvait pas démentir la jeune femme. Il se savait spécialiste dans l'art de mettre les pieds dans le plat, bien que là... ça risquait plus d'être les deux pieds sur la traîne. Mais le résultat serait le même. Et puis, il craignait surtout, si la barbiche venait à lui tomber d'être découvert et de récolter durant toute l'année quelques taquineries. Dans le rôle du saint nicoco, il lui fallait mieux rester le plus anonyme possible... En plus, la pestouille de Nadi venait de faire son apparition. Il fallait vite qu'il trouve une raison de s'éclipser, avant qu'une catastrophe n'arrive.
Et comme vous le savez... j'ai bien d'autres enfants qui attendent de recevoir mes friandises et comme dit la chanson...
Mais avant de partir, je vais me resservir,
Dehors je vais avoir si soif, je crains l'extinction de voix.
Respectueusement, il salua Oane d'un large sourire, voyant bien qu'un prétendant pour une danse attendait impatiemment et il lança bien fort son OhohohohO 'qui donne soif au gosier' en se dirigeant vers le buffet de bières.