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[RP] Journal d'une chiasse en goguette

Andrea_
Reconversion.



J'y avais jamais pensé, mais on n'peut pas penser à tout, même les meilleurs ont leur moment d'faiblesse.
J'ai toujours eu du mal à m'faire des rondelles.

Déjà parce que j'fais pas un boulot facile, brigand, faut pas croire c'est pas c'qui paye le plus.
Ensuite parce que bon... Faut être honnête, j'bosse pas souvent. J'fais du camping, et j'me laisse souvent distraire.
Une mouche qui vole, un Ouam' en slibard kangourou -dédicace-, et on m'perd. 'Fin façon d'parler hein, on m'perd pas moi, mais mon esprit s'égare loin. Loin et vite. Si vite que parfois j'ai du mal à l'rattraper. Pis j'ai rarement envie de le rattraper.

Y en a qui disent que c'est de la paresse, moi j'pense surtout que la vie est trop courte pour qu'on la gâche en futilité.
Et franchement, ça m'fil'rait un stress inutile avec excès de sébum et apparition d'boutons, auréoles sous les bras et rides intempestives. Avec un minois comme le mien, j'vous jure, j'ai pas envie.

Et y a c'fichu Morphée qui a tendance à m'caliner souvent, et moi, j'suis une fille facile avec celui là - et un autre mais...-, j'me fais berner à chaque fois - et avec l'autre aussi-.
Faut dire qu'avec lui j'fais des rèves au top. Des rèves où j'ai même pas besoin de courir pour de vrai. Je me tape un cent mètres, je tabasse du nobliot, j'accouche d'une portée de chatons, j'mange un goret entier et je me réveille comme une fleur au p'tit jour. Fraîche comme la rosée du matin - parfois humide aussi-.
Sans crampes, sans vergetures, sans chatons à mes basques, et sans estomac surchargé. Non vraiment, j'l'aime bien c'Morphée.



Sauf que ce soir... tindam ! J'ai eu une révélation. LA révélation qu'on a qu'une fois dans sa vie.
J'ai voulu un champs. Un caprice. Mais sans écus...

Alors j'ai d'mandé. J'ai blablaté. J'y croyais pas une seconde. Et ce qui à la base n'était qu'une idée en l'air est devenue réalité.

J'ai passé ma soirée à faire des aller-retour au marché et me voilà riche. J'avoue que... j'vais être honnête sur ce coup. J'vais l'acheter ce champs. Histoire d'avoir un bout d'jachère à filer à mon fils si jamais j'devais claquer un jour. Mais ça m'a filé des idées...


C'est facile de s'faire d'l'argent comme ça. A croire que j'peux endormir tout l'monde avec un sourire.
ça a marché une fois, ça marchera encore. Au moins une fois dans chaque pat'lin.
Y a combien d'pat'lins dans tout l'royaume ?


AHAH !


J'suis un militant au quotidien
De l'inhumanité
Et puis des profits immédiats
Et puis des faveurs des bêtas
Moi je suis riche très riche
J' fais dans l'immobilier
Je sais faire des affaires
Y en a qui peuvent payer *


Ouais, y a pas à chier, des idées comme ça, j'devrais en avoir plus souvent !

*Noir désir à un mot près

_________________
Andrea_
Inconstance.



Inconstance : facilité à changer d'opinion, de conduite.

Si le p'tit Robert me dit vrai, je pense qu'il est atteint d'inconstance aïgue.
Nous avons joué, et je sais que je me brûle les ailes à chaque fois, pourtant je finis toujours par y revenir et gaiement. Un peu comme un pauvre écureuil qui voudrait sa noisette, il court après, il s'en approche, et il arrive toujours quelque chose qui fait qu'il ne peut pas l'avoir. Il pourrait en avoir plein l'dos l'écureuil, surtout qu'il a la dalle et qu'il croise pleins d'noisettes, mais non, c'est celle ci qu'il veut alors il lui court après comme un gros bêta qu'il est.


Le gaucher, c'est ma noisette. Ma noisette qui me les casse.
Parce que moi, j'suis pas un écureuil -hahin-, ma noisette j'l'ai touché, j'l'ai senti, j'l'ai gouté, j'l'ai embrassé, et du coup maint'nant bin les autres n'ont pas la même saveur.
Inutile de dire que j'en ai gouté plusieurs pour arriver à cette conclusion? Inutile donc.

J'ai rapidement dû me rendre à l'évidence pourtant, il n'est plus celui que j'ai laissé.
J'aurais donné cher pour qu'il me dise que ça n'était qu'un rêve, que sa vie d'avant lui manquait, et que cette vie là, sans moi, ne valait pas la peine d'être vécue, mais le gaucher qui fait dans la dentelle n'est pas vraiment le gaucher. Donc il est allé droit au but : Adieu.


J'ai pris la chose plutôt bien, nos entrevues étant soit passablement froides soit totalement brûlantes. Autant j'passe mon temps à dire " c'est pas tout blanc ou tout noir, y a du gris", en rajoutant même parfois " y a du gris et va falloir avec", autant cette fois, y avait pas de demis mesures. On s'aime autant qu'on se déteste, fallait se rendre à l'évidence.

Il se peut, par mégarde, sans le vouloir et totalement indépendament de ma volonté, qu'en froissant le courrier reçu - avant de le piétinner et de cracher dessus-, j'ai lâché des " bin ça mon con, tu vas l'bouffer", " mais... t'es nouille ou tu l'fais exprès?", peut être même des " mais quel con*** j'vous jure !" et des " va vers l'sans nom". C'est fort possible.


Mais faut bien s'rendre à l'évidence. On s'est aimé, on s'est détesté, et maintenant bah... On est incapable de s'supporter.
Monsieur est maire et gère sa trésorerie d'une main de maître, Madame ne rève que de la lui piller.
Monsieur rève d'une vie rangée et d'un champs, Madame ne souhaite que brigander.
Monsieur veut du lapin aux olives, Madame préfère le saucisson.
Bref, entre nous, tout un monde.


Alors j'lui ai répondu. En plusieurs parties parce que Monsieur est un râleur qui se plaint toujours de ma "non-organisation".

Au maire j'ai répondu que non, je ne quitterais pas la ville, qu'à moins d'une armée bien fournie il me délogerait pas, c'est vrai ça, j'ai payé un champs -avec l'argent d'un autre mais c't'un détail- c'est pas pour tout quitter.
Au père, qu'il me priverait pas d'mon fils, qu'un abandon suffisait. Et que moi hein, j'avais pas séjournée en prison depuis sa naissance. -A croire que j'cours plus vite-.
Et à l'ex époux, que j'avais pas été aveugle et que j'm'en doutais. Après tout j'allais pas changer pour lui. C'pas mon genre.



La vie reprend son cours, donc.

Sauf que j'ai un champs.
Que Monsieur le maire-papa de mon fils-ex-époux et amant m'a réclamé DEUX écus d'impots, alors que j'suis sûre que c'est sa façon d'me faire payer une pension alimentaire.
Que l'Ouam' m'a toujours pas acheté de cadeau.
Qu'on aurait hérité d'un nouveau voyageur, avec qui j'ai refait le monde à grands coups de : " tous les mêmes... un monde sans hommes... sans femmes... triolisme... enlèvement... cochon...précipice... santé ! ".
Que j'ai des fourmis dans les pattes et des poches à vider.

Et on dit qu'les femmes sont inconstantes ? Bin Berdol !

_________________
Andrea_
Les Voyages, c'est la santé...



Ecrire, Ecrire, toujours une écrire, une lettre au père du moutard, une lettre aux voyageurs, une lettre à son fils, un autre à une future princesse...





Bonjour Bonjour,


Moi, Andrea de la Colombière, ai l'honneur de vous faire part de quelques indications sur le voyage.

Tout d'abord, bienvenue à *tâche* !
Le vent souffle nord/ nord-ouest, la température extérieure est de 18degrés, le sol est stable et la mer inexistante.

Ensuite, nous reprenons la route ce soir.
Si vous aviez des carences en nourriture, n'hésitez pas à me le dire, nous nous arrangerons pour que je vous dépanne. Demain nous serons à *tâche*, et je pense que nous ne nous attarderons pas non plus.

Je tenais aussi à vous prévenir quant aux soupirs entendus cette nuit. Non, nous n'avons pas été encerclé par une famille d'ours sauvage, non nous n'avons pas écrasé de lapins, non je ne suis pas tombée de bourrique.
Dans l'ordre et sans images :
- C'est Ouam' qui beuglait comme un malpropre parce que la bourrique lui a pissé sur les chausses.
- Les couinements n'étaient pas des plaintes lapinesques mais bien ma phobie des écureuils qui a pris le dessus quand j'en ai "chaussé" un,
- Personne n'est tombé de bourrique, j'ai juste dû jeter deux trois choses que j'espère sans importance pour qu'elle daigne avancer. D'ailleurs je n'sais pas à qui était l'habit rouge ou orange que j'ai roulé en boule mais sachez que la bourrique l'a juste grignoté hein, y en reste un peu.


Enfin je ne suis pas sûre de vous accompagner jusqu'au bout de notre périple. C'est la première fois pour moi que c'est si dur de quitter une ville, première fois pour moi que j'ai l'impression de faillir à mon rôle de mère. Je suis cependant contente d'être avec vous mais... Mais il y a un mais et il ne devrait pas.

A ce soir les amis,
La Colombe




BERDOL, OUVREZ VOS PIGEONS, ça fiante partout !
Ouam', tes braies !

Mus', arrêtes de m'reluquer comme ça!
Marie, rapprochez vous d'Ouam' et démerd'vous pour l'faire taire, tous les moyens sont bons !

Sam... Bin Sam fermez vos yeux, laissez votre filleule faire ses gammes...

_________________
Andrea_
Donne moi...


Donne moi des battements, redonne moi l'envie, la magie redonne moi des ailes
On a plus vraiment 20 ans sa fait des années qu'on écrit ce chapitre voici les dernier vers,
Plus d'un roman ou deux comment oublier c'est gravé
Pas de remords mais un gout d'inachevé et pas d'retour en arrière possible.*


Ouais, y a comme qui dirait une couille dans l'potage, encore.

Les blonds, les bruns, les châtains -y a jamais eu de roux-, c'est fini. FI-NI. Terminé.
J'avoue que ça porte à sourire, mais on va dire que j'ai eu l'illumination -de ma vie ?-.

Je commence à m'y connaitre en paradoxe et j'aimerais montrer au royaume tout entier que tout est possible. Tout est réalisable. Qu'on peut tout avoir, du blanc et du noir, du rose et du bleu, le jour et la nuit, l'amour et l'amitié, la haine et la complicité, le... J'crois que vous avez compris l'concept.

J'veux tout et tout de suite.
J'veux prendre des mairies et... prêcher la bonne parole sur les remparts.
Oui, moi, Andrea de la Colombière, je vais rentrer dans les ordres.

Bon j'sais pas encore tout ce que ça implique, hein, d'ailleurs j'ai pas commencé ma pastorale mais c't'un détail...

Alors je demande, qui, qui a des doutes ?



* donne moi, Féfé (je crois)
_________________
Homme_sombre
Un mot solitaire, griffonné furtivement sur le papier, un mot souligné d'un trait noir qui s'étire et se perd en bas de la page, comme une réponse à la question précédente qui se voulait pourtant rhétorique...

L'Ombre
Andrea_
Et Merd'



Et ouai, j'pensais que je cachais bien mon cahier, mais tu es toujours là petite Ombre...

J'ai un message pour toi, je suppose que j'économise un pigeon et que j'y réponds ici...


Tu as gagné la bataille mais pas la guerre.
Je veux bien revoir certains de mes projets mais pas mon destin tout entier.
Il ne faut pas négliger les ombres, elles se révèlent sous le soleil mais deviennent vite incontrôlables quand plusieurs astres tournent autour...

Je veille, Ombre, je veille, et comme les autres, vous finirez par regretter votre solitude...



_________________
Andrea_
Des visages tout autour de moi me sont familiers
Des endroits usés - des visages épuisés
Lumineux et matinal pour leurs courses quotidiennes
Allant nulle part
Leurs larmes remplissent leurs mirettes
Aucune expression

Je me cache la tête pour étouffer mon chagrin

Et je trouve ça un peu étrange, je trouve ça un peu triste que
Les rêves dans lesquels je meurs soient les meilleurs rêves que j'ai jamais fait
Je trouve que c'est dur à dire, je trouve ça dur à supporter
Lorsque les gens tournent en rond c'est vraiment
Un monde de fous...*




Tu voulais que j'écrive, Ombre, alors je vais écrire, qui sait si une fois encore tu auras l'audace de venir me lire.

Tu es désormais le seul à pouvoir encore lire ce journal alors on est un peu entre nous, peut être qu'il est temps que tu comprennes que la Colombe n'est pas femme à se confier. J'ai tenté pourtant, j'aimerais, parfois te dire pourquoi.

Pourquoi ta distance me fait du mal, pourquoi j'évite certaines classes de personnes, pourquoi je ne veux pas parler de mon passé.
Pourquoi je charme, pourquoi je fuis, pourquoi, parfois, je reste.


La vie d'une Ombre n'est pas simple, je le sais. Et ton mode de vie me fascine autant qu'il m rebute.
Parce que je n'aime pas la solitude.
Tu m'as demandé ce qui me faisait peur, et j'avais répondu que " rien". Je n'ai peur de rien.

Sauf de la solitude, Ombre, des silences, des absences, de l'oubli.

J'ai peur d'être seule.
J'ai besoin d'une famille, d'un point d'accroche, de quelqu'un qui me chopera par la peau des fesses quand j'irais de travers, de quelqu'un qui respecte que moi, parfois, je prenne mes distances, et qui sache, quand je l'aurais décidé, m'accueillir à bras ouverts.
Oui, c'est égoïste, mais je SUIS égoïste.


Alors si vous vous posiez la question... Oui je vous en veux. Je vous en veux d'avoir encore une fois disparu pour aller je n'sais où, je vous en veux d'avoir été si proche pour finalement m'abandonner. Je vous en veux de ne pas TOUT me dire. Et je vous en veux, parce que vous, vous êtes cette personne... Vous savez que je peux partir du jour au lendemain et vous finissez toujours par me retrouver. Vous avez toujours ce sourire au coin des lèvres à ma venue, toujours cette manière de me surprendre alors que je ne sais jamais comment vous aborder.
Vous me laissez sans voix, Ombre, et vous me coupez le souffle.

Mais que fuyez-vous ?
La Colombe ou la Féline ?

Pourquoi faire toujours deux pas avant pour finalement reculer de quatre ?


Je pars Ombre, je rentre.
Mon chez-moi est là où se trouve ma famille,
Je ne ferais pas le premier pas, ou bien disons que ce chapitre est une invitation.

Je vous embrasse, Ombre, mais je ne suis pas femme à attendre...

Andrea




* Mad world. Gary Jules
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Andrea_
[ A trop faire son beau... ]


Vous connaissez ces petits moments où l'on tient tout un groupe en haleine ? Où tous sont suspendus à vos lèvres?
Non ? Pauvres de vous. Bande de cloportes. Bande... Pardon je reprends.
Donc ça m'arrive assez souvent - ça ne devrait pas vous étonner-, et pas seulement quand j'ai un coup dans le pif. - gné c'est trop bon la bièèèère-.
Ce jour là, un bon petit groupe, -on était au moins... quatre mais pour cette ville là c'est pas mal-, je racontais la vie palpitante que j'avais mené, et que je mène encore -parfois- quand il s'est levé -verre à la main- et s'est décidé à prendre la parole.

Bon j'étais pas super super ravie qu'on me coupe dans mon récit, mais je l'ai laissé parlé, après tout avec cette histoire j'avais le gosier sec et surtout trois tournées de retard.
Son histoire, tellement rigolote que ses deux acolytes se sont endormis debout , un qui a siroté son verre pendant plus d'une heure, un verre sans fond couillon! et l'autre qui est resté bloqué sur un " non" -faut quand même avoir du coffre, parce que le nooooooonnnnn en question a bien duré une demi heure avant qu'il ne s'évapore par le plafond.
Déjà faut imaginer la scène, c'est important, donc nous avons le couillon qui a besoin d'être regardé, debout sur une chaise, verre levé vers le ciel, une chiasse qui grommelle en buvant ses chopines sourire éteint, gueule des grands jours et grommellements actifs. Chiasse -moi donc- qui écoute quand même ce que raconte le blondinet sur sa chaise, parce que bon, quitte à faire acte de présence autant le faire bien. Puis vient dans les seconds rôles notre dormeur -un brun- et une rousse qui a gloussé un long moment que -non parce que c'est important- son cri perde en intensité, ses cheveux tombent, ses bras deviennent transparents, et enfin, son âme accompagne son corps entre deux lames de bois, juste au dessus de la poutre. La petite histoire ne dit pas si la donzelle est resté bloquée dans le faux plafond ou si elle a creusé dans le toit de chaume pour s'enfuir à la lueur d'une nuit sans lune. Non on sait juste qu'elle s'est évanouie par le plafond - y en a qui sont forts quand même-.

Bref, au bout d'un petit moment, je me suis décidée à l'écouter vraiment, parce qu'après un moment en mode "jeparletoutseul", j'ai pensé qu'il allait en avoir plein l'dos, donc j'ai ... "humhummé", humhummer, c'est faire " humhum". Il a souri, je l'ai regardé, il m'a regardé, il a compris je le regardais parce qu'il me regardait et j'ai compris qu'il avait compris, donc j'ai sourit, bref, on s'est regardé et on a sourit.
Il s'est mis a me parler de bateau et ENFIN, j'avais VRAIMENT envie de l'écouter... Il avait l'air de s'y connaître, il parlait de mâts, de voile, de force du vent... Il vendait du rêve l'homme !- comme quoi, même un blond...-
Puis.. j'ai parlé d'une goélette. En lui disant que j'adorerais faire un tour sur une goélette. J'ai tergiversé là dessus un moment, parlé du vent dans les cheveux tout ça, il a remis sa tournée et j'ai donc continué, il avait l'air vraiment d'dans.

Il avait l'air, juste l'air.

Comment je l'ai compris ? Quand il m'a dit : " mais pourquoi monter sur un oiseau ?"

J'ai donc sourit -jaune- pour enfin lui dire que non, une goélette, ce n'est pas la femelle du goéland.

Y a pas a chier, un blond restera un blond.

_________________
Andrea_
[C'est avec un cochon qu'on fait les meilleurs lardons.]




J'étais persuadée d'avoir été invitée en taverne pour boire un verre. Persuadée, c'est donc pimpante que j'ai fait mon entrée. D'ailleurs au début c'était pas trop mal, les tournées s’enchaînaient à un rythme tellement endiablé que même mon foi me suppliait d'arrêter en utilisant un stratagème désormais rodé : le rot-déo.

Une soirée normale en ce beau royaume de France, jusqu'à ce que l'impensable arrive. L'impensable qui se produit de plus en plus souvent quand même -et c'est regrettable-.
L'impensable c'est la donzelle qui décide en plein milieu d'une conversation qui devait la gêner, que c'est l'heure pour sa mouflette de becter. L'impensable c'est donc un mouflet de sexe féminin qui est extirpé de son couffin -qui était invisible jusque là, forcément !-et collé au sein de sa mère sous les yeux extasiés du "papa". Voilà comment la soirée tourne court, que soudain on troque la bière pour du lait, les morceaux de saucisson pour des biscuits au miel et comble du comble, que ce qui s'apparentait à une discussion d'adultes se met soudain à tourner sur les traits des parents, mélés et miniaturisés sur le visage de leur progéniture.

Depuis quelques temps, j'ai la nette impression de ne tomber QUE sur des lardons, et je suis sûre que tout ce qui touche de près ou de loin à ces p'tits machins humains m'emplissent désormais d'une lassitude indicible. Un peu comme quand il faut écouter pendant des heures le récit des aventures de vos amis, c'est cool, ok ils se sont amusés, mais franchement vous, vous n'en avez rien à foutre, puisque vous n'y étiez pas...
Déjà la veille j'avais dû faire face à une soirée exclusivement féminine où chacune se faisait un plaisir de raconter, au choix :
- les douleurs de l'enfantement,
- les plantes à absorber,
- la souffrance,
- la joie,
- les nuits sans sommeil.

Sur ce dernier point d'ailleurs, y a un détail que j'ai pas dû saisir... Ils savaient pas? On leur avait jamais dit qu'un mioche ça pleurait la nuit ? -au moins au début-.
Ils sont étonnés ? Mais berdol, c'était AVANT qu'il fallait y penser, un gamin, c'est pas livré avec un bon d'échange pour motif " ne correspond pas à l'objet désiré" ! Alors ils dorment pas la nuit, ils camouflent leurs putains de valises sous les yeux et l'histoire est close, est-ce que j'me plainds MOI quand j'ai la gueule de bois un lendemain de fête ?? NON, bin voilà.

J'en ai assez de devoir m'extasier en regardant un nourrisson sous peine de mourir sous le regard incendiaire de l'un ou l'autre des "fautifs". Assez de devoir répondre à la question " à qui tu penses qu'il ressemble?" -question piège ça, un conseil, ne vous mouillez pas-.
Assez de les entendre dire "tu trouves pas qu'il sent bon? Mais si, sens sa tête, ça sent le bébé", bin si c'est ça, ça pue un bébé, un mélange de lait caillé et de fleur, perso, j'l'ai fait une fois et j'éprouve pas l'besoin d'le refaire.

Je comprends pas non plus l'intérêt que porte,t les parents aux mains de leur bébé :
" non mais regarde moi ses p'tites mains ! Avec des p'tits ongles !"
Mais ils s'attendaient à quoi ? Qu'le gamin sortent avec des paluches déjà taillées comme un adulte? et tout le monde dirait " Berdol, t'as vu les taloches ?!"


J'dirais qu'dans le degré de débilité parental, y a quand même le fait que l'enfant prodige... grandit.
" Tu ne trouves pas qu'il grandit ?"
"bin j'ai envie d'dire qu'il vaut mieux, s'il rétrécissait..."
Et je parle pas des cris hystériques des dits-parents quand la marmaille se décide enfin à ramper -étalant au passage de la bave sur le sol-, puis à marcher. A croire que c'est un évènement inattendu. Mais là encore, à quoi s'attendaient-ils ? Que leur chérubin chéri s'envole ?


Non vraiment, les parents vivent dans un autre monde.
Si j'ai des regrets de ne pas avoir élevé mon fils?

Non...

_________________
--Soeur.
[ Le temps passe et la mort vient ]



L'écriture n'est pas celle de la Colombe, mal assurée bien que jolie, les mots courent sur le vélin.
La Soeur les connait par coeur, depuis ce matin elle les recopie inlassablement, aucune compassion, une blessée parmi tant d'autres, peut être une des rares à conserver en permanence sur elle des dizaines et des dizaines de missives. La seule aussi à avoir autant de nourriture... à même la peau, comme cette cuisse de poulet glissée dans son corset et dont le gras se mêlait au sang.
Dans une besace marquée d'une Colombe (aucun doute possible, tous les habits de la personne étaient marqué d'une Colombe), les courriers tenaient compagnie à quelques souvenirs, des cailloux marqués de noms de ville, une mèche de cheveux bruns, une plume blanche, une dague... Autant d'effets personnels qu'elle devrait remettre à la famille si ...

Et ce journal, que la Soeur a parcouru rapidement, levant les yeux au ciel, esquissant un sourire ou s'ennuyant fermement parfois.
L'envie d'y noter quelques mots, comme une trace dans la vie de la Colombe, parce que tant qu'il y a de la vie il y a de l'espoir et que tant que son dernier souffle ne sera pas expiré, elle s'interdit le droit d'annoncer son décès. Même si l'état ne laisse que peu d'espoir.







L'aube n'était pas encore levée ce matin lorsque nous avons vu l'abominable.
Les combats ont été rudes cette nuit, les fers ont tapés, les chevaux sont tombés, et des hommes sont morts. Des hommes et des femmes, des militaires et des innocents.

Des dizaines de corps entassés les uns sur les autres, avec au milieu quelques rares survivants. Survivants inconscients ou agonisants.

Sur le corps de l'un d'eux, nous avons trouvé ce carnet, dévoilant ainsi l'identité de la personne. Andrea De la Colombière - Di Foscari Widmann d'Ibelin.
Ce carnet, une couronne de fer, quelques effets personnels et des missives. Vos affaires Andrea.

Nous avons pu prévenir certaines personnes, ceux dont vous aviez laissé trace.
Les armes à vos côtés ne font aucun doute, vous étiez dans l'une des armées, aucune femme de ce monde ne peut sinon être ainsi équipée. Cependant aucun capitaine des armées n'a pu vous identifier.

Vous êtes au dispensaire de Millau, et je tiendrais ce journal dès que le temps me le permettra.

Que le très haut vous garde, et vous laisse avec les vivants,


Soeur Gertrude.
--Soeur.
[Jour un]




Assise sur un fauteuil poussiéreux, la Soeur trouva enfin le temps de se poser. La journée avait été rythmée par les soins des blessés, les toilettes aux moins chanceux pour finir péniblement par l'enterrement de ces derniers.

Elle ne savait pas ce qui la poussait à revenir à ce chevet. L'état de la chataîne n'avait pas empiré. Il ne s'était pas amélioré non plus. Aucun réveil. Aucun mot ou grognement qui pouvaient attester qu'elle était en vie. Seulement son souffle, régulier.

Son souffle et son carnet, comme la promesse qu'elle reviendrait.

Soeur Gertrude n'était pas fière de s'attarder ainsi sur cette blessée plus que sur une autre, ni de lire son carnet, ni d'offrir à la vue de tous ses effets personnels. Les cailloux marqués de ville tronaîent ainsi sur le guéridon, à côté de la Couronne.

Elle, Andrea, puisque c'est ainsi qu'elle s'appelerait, restait une énigme. Une énigme au corps tuméfié, au menton gonflé, au nez cassé, aux yeux pochés.

La vieille lu une missive reçue un peu plus tôt. Qui sait, peut être que qu'elle entendrait...

Citation:
La Soeur de là-bas,

mais qu'est-ce que vous racontez là? Tel que j'vous écris j'en suis sur le cul, pis pas qu'un peu. Reusement que j'étais déjà l'cul sur un siège en tavern. Non mais, z'êtes sérieuse, là? Nan, j'peux point croire un truc pareil.

J'la connais, la Colombe, l'est point du genre à se poser sur le flanc; la Colombe, elle siffle, elle virevolte, elle vole au d'sus du monde, pis on peut point l'attraper. Alors nan, j'vous crois point. Une Colombe comme ça, ça peut point s'arrêter, alors z'avez dû confond'. Vous dites que z'avez trouvé l'correspondance avec mon nom d'sus? Z'êtes sûre de qui que c'est que vous avez trouvé avec, là? ça s'rait point qu'la colombe a l'aurait balancé tout c'te tas d'parchemin dans l'coin pour s'en débarrasser pis qu'a l'aurait filé putôt? Ouais, ça srait bin putôt ça, moi j'vous dit. A quoi qu'a ressemb, vot' colombe d'abord? J'voudrais bin savoir...

Alors z'allez vérifier c'que vous avez ramassé, pis z'allez m'faire savoir au pu vite à quoi que ça ressemb. Pis on va voir c'qu'on va voir...

J'attends bin vite d'vos nouvelles, la soeur. Y'a intérêt...
- Ouam.


Vient ensuite le moment de répondre...



Ouam,


Je comprends votre désarroi, et si cela peut vous aider, dites vous qu'elle s'est battue comme un chef, à côté d'elle gisaient trois corps, et son épée était recouverte de boyaux.

Nous n'avons malheureusement que peu de doutes sur son identité. Le sac en question était brodée d'une Colombe, comme tous les habits de la demoiselle.

Elle n'est pas très grande, peut être un mêtre soixante cinq, a la peau pâle, les yeux qui oscillent entre le bleu et le gris.
Elle portait une houppelande mauve, et cachait entre ses seins une cuisse de poulet.

Plusieurs cicatrices recouvrent son corps. Des cicatrices anciennes.


Les seuls mots qu'elle a pu prononcer avant de sombrer n'ont été que décousus.
"Louis", "mon fils", "les blonds".
Nous avons pu joindre le précepteur de l'enfant, à ce jour nous savons que le père de ce dernier a été joint aussi, il nous reste les Blonds mais nous avons bon espoir de les retrouver rapidement, vu l'envoi massif de pigeons suite à la découverte de sa besace.


Soeur Gertrude.



Se saisissant du carnet, elle prit une plume. Elle n'avait aucune idée du pourquoi elle écrivait dans son journal, peut être pour continuer... Continuer une histoire qui n'est pas encore terminée.




Vous avez reçu une missive Andrea, un certain Ouam.
Et je me surprends à imaginer votre vie en lisant ses mots.

Il parlait d'une Colombe et j'ai supposé que c'est ainsi qu'on vous nommait. La Colombe.

Il parlait d'une femme vive, qui volait et virevoltait, une Colombe qu'on ne pouvait saisir, qu'on ne pouvait arrêter, j'avais pourtant précisé que deux armées s'étaient trouvé en face de vous. Et pourtant il n'y croyait pas.

Qui êtes vous Andrea ?

Une mère qui n'avait pas son enfant, une épouse qui voyageait loin de son mari. Une femme qui portait des armes et voyageait seule.


Les informations nous parviennent au compte goutte et il semblerait que vous n'étiez pas la voyageuse innocente que j'avais imaginé. Vous étiez recherchée, ce n'était donc pas une erreur.
Le très haut me pardonnera t-il de tout tenter pour sauver votre vie ?


Personne ici ne donne cher de votre peau et pourtant je suis là, à lire et relire votre journal, vos correspondances, à caresser du bout du doigt cette mèche de cheveux en espérant comprendre. J'aurais aimé que tout ceci me permette de vous connaître, de vous reconnaître, mais celà m'échappe.

Etiez vous croyante Andrea ?
J'aime vous imaginer dans une paroisse, récitant vos prières, j'aime à penser qu'ils se trompent.



Je ne sais pas de quoi sera fait demain, je ne sais pas si vous passerez la nuit, mais sachez que je ne partirai pas sans avoir fait votre connaissance.

Soeur Gertrude.
--Soeur.
[ Jour Deux ]



Deux vélins roulés sous le bras, la vieille fait son entrée. Les transmissions se font rapidement, et à voix basses, à croire qu'ils ont compris qu'elle entendait.
Un cri de surprise étouffé d'un revers de main surprend tout le monde, et les regards se tournent vers la blessée.
Soeur Gertrude pousse lentement le fauteuil au plus près de la Chataîne, s'y assied lourdement et lui prend la main.
Il y a sûrement eu un sourire d'esquissé, une caresse du bout du pouce sur le dos d'une main plus blanche que blanche. Et peut être une série de "notre père" soufflée du bout des lèvres.
Désormais la vieille lui parle, c'est sa nouvelle lubie, pourtant, là, tout de suite, elle ne dira rien. Elle ne dira pas ce qu'on vient de lui dire, elle se contentera de prier. De prier deux fois plus.

Un soupir vole cet instant, à croire que la Colombe n'aime pas qu'on s'appitoie sur son sort.


Alors alors, une missive d'Ouam, encore.

Citation:
La soeur de Millau, ou bin de qui qu'ce soit;

j'ai bin lu vot' missive qu'est arrivée en retour de mes questions. J'suis perplexe, la soeur, très perplexe. Pis dégoûté aussi, mais surtout perplexe. Non pasque des châtaines avec la peau pâle et pis des cicatrices un peu partout, bin j'vous en amène quarante treize à la douzaine quand que j'veux. Bon, y'a les vêtements brodés avec une colomb' que vous dites, m'enfin si vous saviez le nomb' de fois qu'a m'a piqué une paire de braies ou bin aut' chose, ça veut rin dire du tout. Suffit que y'ait eu échange avec quelqu'un, donc nan, ça veut rin dire.

Les yeux... Ouais bon bin là, à la limite, ça peut corresponde. Mais pareil que pour la peau pis les cicatrices, j'ai envie d'dire. même si y'en a ptet moins.

La cuisse de poulet? Nan mais qu'est ce que c'est que cette histoire? Suffit qu'ça soye une voyageuse qu'avait point envie d'se faire piquer tout son pique nique pis qui l'avait planqué là et pis c'est tout!

Pis "Louis" qu'a l'aurait dit? C'est d'un commun c'te nom, mais d'un commun... y'en a bin des centaines j'suis sûr, donc ça veut rin dire. "Mon fils"... Bin z'imaginez que même les bonnes soeurs elles disent "mon fils" à tour de bras alors qu'a z'en ont point en vrai, alors si ça s'trouve c'en est une de bonne soeur que vous avez récupéré. Té, connaissant la Colombe en plus, qu'a disons une conception très... ahem.. limitée de l'intérêt des bonnes soeurs, l'aurait bin pu faire le coup d'vous déguiser une bonne soeur avec sa houpp. Oué, si ça s'trouve c'est bin ça l'histoire! Alors nan, c'est point une preuve.

Pour "les blonds", bin là j'sais point trop... A part que j'suis blond, pour sûr, m'enfin j'suis tout seul dans mes braies là, pis j'suis un peu unique dans mon genre si vous voulez. Alors pour que y'en ait plusieurs... A part en ayant beaucoup picolé ptet, et encore, parce que j'vous assure qu'elle encaisse la Colombe...

Bon, bon, bon, j'vous concède que la combinaison de tout ça, bin ça pourrait - notez bin comment que j'fais un effort pour écrire au con-dit-son-aile, vu que j'avion jamais appris coment que ça se dit - ça pourrait, donc, donner comme l'impression qu'ça correspond éventuelment de loin à la Colombe que j'connais. Enfin que j'connais... enfin oui, j'la connais, un peu plus qu'ça aussi quand même. Même que ça m'ferait plus que chier - oué ho beh hein, z'êtes ptet une soeur m'enfin z'allez point défaillir non pu pasque j'prend des mots qui chatouillent vos zoreilles de sainte ni touche - que ça soit bin la Colombe en question qui serait dans l'état que vous disez.

Alors on va faire un truc, la soeur à Millau, pasque j'ai ptet disons un peu d'mal à point êt' inquiet quand même. La donzelle que z'avez ramassée, là, vu que y'a le bout de la queue d'un doute que ça soye peut-êt' bin la personne que vous disez, bin vous allez vous arranger pour que y'a quequ'un qui soye à son ch'vet jour et nuit pour qu'a lâche point, pis pour la soigner comme y faut.

Ensuite, dediou si vous saviez pourtant c'que j'aime point les canassons, mais j'me fous en route tout d'suite pour arriver à Millau au pu vite, pasque l'est point question qu'on la laisse com' ça si c'étion l'Colombe. Pis z'avez intérêt qu'ça soit point en vrac quand que j'vas arriver.

Piz j'exige que vous m'donniez d'la nouvelle de vot' donzelle tous les jours, pasque j'veux tout savoir sur c't'histoire.

A très bintôt, la soeur... J'vous tiendrai au courant d'où que j'en suis.
- Ouam.



Ah oui, et une autre d'une certaine Gypsi.
Elle arrive.



Le " elle arrive" est glissé dans un haussement d'épaules, comme s'il s'agissait d'un détail futil, il faut dire que la vieille n'a pas vraiment repris espoir, et se dit qu'au moins, elle ne mourra pas seule...
Machinalement sa main ridée s'empare du journal...





Une journée de plus au dispensaire.
Vous nous avez étonné Andrea, personne ne donnait cher de votre peau à votre arrivée, et j'ai ouïe dire que certains avaient même parié sur vous. Ils ont tous perdu. Vous finissez votre seconde journée parmi nous.

Vous avez reçu du courrier, de nouveau Ouam, un Blond, à priori, et je me demande s'il s'agit de votre amant, de votre époux peut être, toujours est-il qu'il dresse un tableau très interessant de votre personne.

J'aimerais que cette force de caractère vous ai suivi là où vous vous trouvez.
Une certaine Gypsi aussi, qui va venir. Pas très explicite d'ailleurs, cette dernière.

Et puis... Il y a cette chose que je n'arrive pas à croire. Cette chose que je n'ose formuler, même à voix basse, de peur qu'elle ne vous porte malheur.
Cette nouvelle, Andrea, changerait votre vie, je me plais à imaginer votre réaction si vous étiez consciente. Je vous imagine, radieuse, criant à qui veut l'entendre votre bonheur. Serrant dans vos bras votre fils et embrassant votre mari les larmes aux yeux.

Et je comprends encore moins pourquoi vous étiez seule.
Et je comprends encore moins pourquoi vous aviez des armes.
Et je comprends encore moins que personne ne pose la question.
Je pense juste que c'est un miracle.


Je vais prier, Colombe, pour que vous viviez.

Soeur Gertrude.
--Soeur.
[ Jour Cinq ]


Les mains ridées se posent enfin sur le carnet. Trois jours. Trois jours sans pouvoir écrire. Trop occupée, préoccupée aussi.
Les missives arrivaient de tout le royaume, des belles, des moins belles aussi et la vieille avait préféré attendre un peu avant de se lancer. Enfin sauf celles qui lui étaient directement destinées. Comme celle ci, qui lui avait arraché un haussement de sourcils.


Citation:
À l'adresse de.. Gertrude

Ressaisissez-vous, femme de peu de foi. La blessée que vous avez devant vous ne saurait périr de quelque atteinte physique ridicule. Ce n'est pas un rouerguat enragé qui tuera la déesse faite femme, faite déesse.

Prenez grand soin d'elle, mais ne craignez pas, son chirurgien personnel est en route pour reprendre le relais.

Taros, dict le Tablier


L'état d'Andrea stagnait, les paupières étaient un peu moins gonflées, les écchymoses viraient de couleur et l'on pouvait toujours observer son souffle régulier. Rien qui ne prouvait qu'elle entendait et pourtant...

Et pourtant la vieille s'obstine à lui lire, une à une les missives. A les poser, dans son journal, pour qu'à son réveil elle puisse les lire.
Et à écrire, dans ce cahier qui n'est pas sien et qui pourtant lui parait si familier...





Cinquième jour.

Vous êtes vivante, je me permet de le dire parce que celui qui lira le carnet peut trouver ce détail croustillant. Nous commençons même à voir votre viisage sous un jour meilleur. Vos yeux ne ressemblent plus à des oeufs de poule, votre lèvre se referme peu à peu, votre nez semble se remettre. Mais vous ne vous réveillez pas. Par conséquent vous ne mangez pas. Et je me demande combien de temps vous allez tenir, vous qui vous trimbaliez avec une cuisse de poulet dans le corsage. Enfin bref.

Vous allez recevoir de la visite, le fameux Ouam, qui vous a ENCORE écrit, et si j'ai un conseil, si ce n'est pas votre époux, épousez le donc, il a l'air tellement inquiet pour vous ! Il est vrai qu'il est un peu " dur de la feuille" si vous me permettez. Il rajoute ENCORE qu'il arrive, il REPETE qu'il ne croit que ce qu'il voit, et je crois qu'il a un soucis avec la religion. Finalement c'est bien, qu'il vienne, lui et moi pourront en parler calmement.

Oh et puis il y a ce.. Tarnos qui visiblement vous accompagnait au tournoi de Genève, Pitié Andrea dites moi que c'est une blague vous? une brigande? Enfin ma fille soyez sérieuse, vous n'avez pas l'étoffe !
Enfin sachez qu'il arrive, ce qui tombe bien, puisqu'il est chirurgien.


Je suis désolée d'avance pour ce qui va suivre. Mais il semblerait que vous n'ayez pas que des amis... Pépita, ça vous dit quelque chose?
Je cite " A défaut de le faire moi même, je remercierai les armées en question. En espérant que ta souffrance égale ta méchanceté, et que Déos te soit aussi reconnaissant que je le suis pour t'être occupée de mon mari personnellement. "


Ce que j'en dis moi, c'est que plus je vous connais, et moins je vous reconnais.

Soeur Gertrude.
Andrea_
J'ai vu de la lumière et ...




Et je ne suis pas entrée. Non j'ai préféré rester là où j'étais.
Et c'était pas si mal.

Je ne sais pas combien de temps j'ai dormi, ni même si j'ai dormi. Prisonnière entre deux mondes. Rève et réalité.


Le réveil est dur et ... douloureux.
Si j'avais pensé un seul instant en chier autant, j'aurais peut ètre réfléchi avant de voyager seule, mais on apprend de ses erreurs, il parait, donc je vais commencer par m'acheter une carte, ça m'évitera de me perdre et d'me faire taper d'sus en f'sant d'mi tour.Peut être.


Louis était là. Ouam' aussi.
Alors tout allait bien.
C'est marrant d'ailleurs, c'est quand il vous arrive des broutilles plus ou moins grave que vous devez paraitre la plus forte. Limite c'est vous qui devez rassurer ceux qui viennent vous visiter. J'ai été une malade exemplaire. J'ai souri, j'ai écouté, j'ai rassuré, j'ai même râlé...

Et puis c'est comme tout, y a une fin. Et ils sont parti.
Et c'est seule que j'ai pu me rendre compte de l'ampleur des dégâts.
C'est pas joli joli.


J'ai commencé par lorgner ce bout de ventre. Celui que j'avais pas vu v'nir.
Bien sûr que Louis en était le père... Qui d'autre.
Rien n'est dû hasard, la Soeur l'a assez répété dans mon pseudo sommeil. Peut ètre que cet enfant est ma façon de me racheter. Qu'après avoir été la pire mère qu'il soit mon fils, je puisse enfin me prouver que je peux réussir. Parce que cet enfant ne sera jamais loin de moi. Parce que peu importe qu'il ne soit pas un enfant désiré, qu'il ne soit qu'un bâtard que les géniteurs auraient fabriqué un soir d'orgie bestiale -faut savoir mettre des mots sur des maux hein-, il est et restera mon fils. Mon second fils. Un bébé de l'amour même si c'est plus compliqué chez les Track qu'ailleurs.



Puis il y a eu le psyché, qui m'avait été déposé par la soeur, subtilement, parce vous comprenez " si vous voulez vous coiffer". Et c'est vrai que j'avais besoin de me coiffer, mais pour la première fois, mes cheveux sont devenus secondaires.
Lentement j'ai pris le miroir, persuadée que si on survit au passage d'une armée, on survit au reste.
Pourtant, ce qui j'y ai vu n'était pas moi. Mes yeux posés au milieu d'un champs de bataille. Une perle salée a pointé le bout de son nez et s'est baladée...
Douce promenade d'une larme entre balafres et bosses, griffures et plaies.

Bien. Le drap s'est soulevé, laissant entrevoir moultes bandages sanguinolants. La chemise s'est entrouverte sur une poitrine barée de rouge.

Il semblerait que j'ai morflé.
Il semblerait que c'était le prix à payer pour continuer à vivre.


Alors le miroir a été reposé. La chemise a été lacée. Le drap remis en place. La larme essuyée d'un revers de main.

Et j'ai démélé. Brossé. Lissé et enrubannée cette tignasse.

Parce que j'ai lutté, et que c'est pas maintenant que je vais déserter...
Même si tout de suite, mes yeux se ferment sur la promesse de répondre à mes amis j'en suis persuadée, rien n'est fait au hasard.

_________________
Andrea_
Lèves toi et marches.



Voilà ce qu'elle m'avait sorti la Soeur.
Ça me rappelait vaguement quelque chose, genre une lecture que j'aurais entendu quelque part, et qui m'aurait teeeeeeeellement marqué que j'aurais oublié. En tout cas elle était sacrément contente de sa blague si j'en crois le claquement qu'a fait sa main ridée contre son cuissot détendu.
Ça aura au moins eu le mérite de me faire sourire. 'fin sourire... mes lèvres se sont entr-ouvertes et une jolie rangée de dents est apparue à la lumière du jour. Mais j'ai trouvé que c'était un bon début, parce que qu'une soeur passe plus de trois minutes à mes côtés sans que je l'étripe ou la fasse fuir, bin c'était pas gagné.
Par contre après sa p'tite phrase et mon p'tit sourire, elle a bien compris qu'elle en avait assez fait, et s'et précipitée vers la sortie avec la tête d'un chien qu'aurait piqué dans la popotte familiale - sauf qu'elle baissait pas les oreilles-.


Pis quand même j'ai réfléchi. J'me suis sentie aussi, et ça, ça a franch'ment accéléré ma décision. Oui j'devais m'lever, rien qu'pour aller m'laver.


Alors oui, je sais ce que vous pensez, on se lève, on se lave et voilà, y a pas d'quoi en faire un roman. Mais c'est LA que j'vous r'prends. Bien sûr que SI, on va en faire un roman, forcément, vous, vous pouvez pas comprendre parce que vous n'vous êtes jamais pris d'armée sur l'coin du pif, vrai? faux? VRAI. J'ai raison donc.


Pour commencer faut soul'ver le drap, pour se faire, on prend son bras, on empoigne l'morceau d'tissus, on le... Non j'déconne, j'vais pas entrer dans les détails.
Elle s'est levée, elle a marché - en grimaçant, ça donne un genre-, elle s'est lavé, pourtant j'vous promet qu'son odeur lui rapp'lait le Roy Fol et que rien qu'pour ça elle a -un peu- hésité.


Puis l'autre Gertrude est rentré, l'a aidé à s'habille, et -alleluia?-, lui a refilé l'autorisation d'sortie.
Une demi heure pour commencer.

Et là je dis : Préparez vos chopes, préparez vos hommes, THE Colombe is back.



Et tout était prêt. Sauf les expressions débiles des gens qu'elle croiserait.

" J'vous souhaite de r'monter la pente". Oh mais merci Couillon, seul'ment t'as pas r'marqué qu'tout est plat dans c'te ville ?
Donc, si j'ai bien suivi, pour aller mieux, je dois dévaler une pente - en roulant ?- et ensuite la remonter. Simple donc.

" Mais non, vous allez reprendre du poil de la bête". Ah bin super, moi qui gueule à qui veut l'entendre que j'ai la chance de n'pas en avoir beaucoup, voilà que j'vais ressembler à une bestiole de foire. Poilue en plus !

" Un peu d'temps encore et vous reprendrez le collier". Gné? j'ai une tête à porter un collier ??
Ou alors je porte sur moi, le fait que je suis une brigande...

"Rho, mais vous êtes de mauvais poil !" Bin voyons, rajoutes-en avec tes poils...


L'avantage, c'est qu'moi qui comptais prendre bien plus qu'une demi heure, j'ai jeté l'éponge au bout d'à peine la moitié.
En faisant quand même un petit détour vers le haut du village....

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