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[RP ouvert ] Forêt de Compiègne.

Emilie33
Quand il la serra dans ses bras, elle déposa sa tête sur son épaule. Respirant son parfum, son odeur. Jamais il n'avait osé la toucher comme ça et ça la troublait mais en même tant elle était si bien là dans ses bras.

Mais elle avait peur, peur de perdre le peu qu'elle avait, peur de le faire fuir... Fermant les yeux et remettant une main sur son ventre elle se concentra pour oublier la douleur comme elle l'avait oublié quelques instants avant. Il fallait qu'elle cesse... Maintenant sinon elle ne pourrait plus rien faire pour le cacher...

Emilie ce concentra sur Doz, cherchant a oublier, elle était heureuse. Ils étaient lié et rien au monde ne pouvait les perturber en ce moment. Une tempête pouvait arriver qu'ils ne broncheraient pas.

Puis il se mit en mouvement, redressant la tête elle l'observa confectionner quelque chose avec les feuilles. Elle chercha a deviner ce qu'il fabriquait puis elle reconnu une couronne qu'il déposa sur sa tête avec un sourire radieux. Il était heureux.

En rougissant elle le remercia et déposa une bise sur sa joue. Une toute petite bise qui lui avait demandé beaucoup d'effort pour la réaliser. Non pas qu'elle ne voulait pas lui montrer son affection mais juste qu'elle était trop timide... Un sourire apparu sur ses lèvres et elle ne rajouta rien... Juste regarder au loin et soupirer d'aise.
Syuzanna.


Partie de chasse - Loh & Syuzanna


Le sol de la forêt est humide, et le chemin serpentant entre les arbres, relativement boueux. Syu inspire, en fermant les yeux, et s'avance dans les bois. Elle se tourne brièvement vers Loh, lui faisant signe d'un mouvement de tête de la suivre. Elle s'aventure toujours plus loin, les yeux fixés au sol. Brusquement, elle s'arrête, et s'accroupit. Elle désigne du doigt une trace, au sol.



- Tu vois cette empreinte ? Elle est fraiche. Une demie heure tout au plus. C'est notre première proie. Nous allons essayer de la retrouver, et quand ce sera fait, tu devras la tuer.

Elle se tourne vers Loh. Cela peut lui sembler difficile, voir impossible. Ôter la vie, même à une biche, peut paraître insurmontable, à certaines personnes.

- Ce n'est pas la première fois que je chasse dans cette forêt, et je connais assez les animaux des bois pour te dire sans douter que la biche va se diriger à présent vers un point d'eau. Il y en a un, à quelques minutes d'ici. Avant d'aller boire, elle va chercher sa pitence. Nous devons donc arriver à la mare avant elle. Lorsque nous y serons, je t'apprendrais à te servir de ton arc.

Elle la précède sur le chemin, les yeux rivés au sol. Comme elle le pense, les traces quittent le chemin. L'animal est en quête de nourriture. Parfait. Elle accélère le pas, aussi silencieuse qu'un loup en chasse. Et voilà la mare ! Ses abors son déserts, comme elle l'espère. Elle se tourne vers Loh en souriant.

- Très bien, avant de commencer... Ferme les yeux.

Elle plonge la main dans sa gibecière, et sort d'un sachet une poudre bleue, ainsi qu'une petite coupelle de bois. Disposant un peu de poudre au fond de l'écuelle, elle y ajoute de l'eau, et mélange avec ses doigts. S'approchant de son apprentie, Elle dessine quelques arabesques au-dessus des sourcils de l'adolescente, ainsi que sur ses joues. Elle se peint elle-même le visage, du haut du front jusqu'au menton, en passant par le nez et les lèvres, ses doigts traçant deux parallèles au centre de son visage.

- Bien, fait-elle, satisfaite. Tu as l'air d'une vraie Saxonne ainsi.

Elle sourit, amusée de voir Loh ainsi "décorée". Lorsque ses grands yeux se rouvrent, l'effet "guerrière" disparait quelque peu. Mais peu importe, elle le deviendra sans doute un jour. S'approchant d'un arbre, elle trace un cercle, à l'aide de la même mixture bleue, sur le tronc, y ajoutant à l'intérieur, deux droites perpendiculaires. Le centre du cercle ainsi révélé, la rousse revient près de son élève.

- Bien, et maintenant, encoche une flèche.
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Loh
Le sol est mou et humide, oui. Mes bottes s'y enfoncent légèrement. Et qui plus est, ça sent le champignon mal nettoyé!

Je tente de faire le moins de bruit possible. Toujours est-il que j'arrive à casser en deux une branche séchée qui traîne sur le sol. Bruit de résonance oblige! Je ne bouge plus. Je reste figée. Mon préceptrice se retourne. Elle me sourit. Je me détends alors. Mais pas totalement.

Je suis Syuzanna à la trace. C'est le cas de le dire! Quelle forme étrange que ceci. Je n'avais jamais vu ça. Il faut dire que je n'ai jamais pris la peine d'observer la forêt et ses mille secrets. Cela est des plus intrigants! Des plus excitants! Jusqu'à ce que...

- " La tuer? "

Glurp. Pourvu que mon bruit guttural ne résonne guère dans la forêt lui aussi! De toute façon, il fallait s'y attendre. On ne chasse pas sans tuer. Et puis, ce n'est pas de la tuerie gratuite. C'est pour se nourrir. Subsister. Survivre. Courage Loh...

Alors qu'elle me donne le reste des explications, je me conditionne mentalement à mon crime. Je la suis à nouveau. Sans un bruit. Lorsque nous nous arrêtons une seconde fois. Ou troisième? Je ne sais plus! L'humidité est à son paroxysme. Il fait de plus en plus sombre. J'ai du mal à voir où je pose mes paluches. Je n'ai vraiment pas l'habitude!

"Ferme les yeux". Je m'exécute sans broncher, déposant mes armes au sol. J'ai confiance. Est-ce son sourire qui me met dans cet état? Même si je me demande ce qu'elle traficote. Soudain, le visage me chatouille. D'un doigt, mon institutrice semble dessiner des formes géométriques à l'aide d'une crème. Cela m'intrigue. J'ai l'autorisation d'ouvrir mes yeux. Elle semble amusée. Elle me sourit. Je fais de même.

- " Je te ressemble alors? "

Une crème bleue? Est-ce la même qu'elle a frotté sur mon visage? J'aimerais tant me voir!
Un cercle. Un "ordre". A moi de jouer! J'empoigne naturellement l'arc pour le tenir fermement dans ma main gauche. Mais euh...

- " Comment s'en sert-on Syazanna? "
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Syuzanna.
Un sourire ravi éclaire momentanément le visage de Syu. Oh, oui, elle lui ressemble. Bien plus que ce que l'adolescente ne peut imaginer. Cette envie inexplicable d'apprendre, d'apprendre à se défendre, d'apprendre à chasser, d'apprendre à manier les armes. Elle l'a ressenti, elle aussi. Une bonne dizaine d'années auparavant, elle se trouvait dans la même situation que sa jeune amie aujourd'hui.
Mais ce n'est pas le moment de raconter son histoire. Elle lui a promis, elle le fera, mais là, il vaut mieux chasser de ses pensées ses souvenirs, qui ne sont, il faut bien l'avouer, pas très joyeux tout de même.
Elle lui demande comment on se sert de l'arc. La Saxonne esquisse un sourire. Elle prend son arc, encoche une flèche, tout ceci assez lentement pour que son élève puisse mémoriser les gestes. Elle se place de profil à une bonne distance de la cible. Bandant son arc, elle suit la ligne de la flèche, et fixe le centre du cercle, avant de relacher la tension de la corde. Un léger sifflement, un tac !, et la flèche de la rousse se fiche à l'endroit voulu.
Syu passe maintenant derrière son élève, encochant une flèche, tendant la corde, les mains recouvrants celles de Loh. Elle répète les mêmes gestes, lui montrant jusqu'à quel point bander l'arc. Elle inspire profondément ce faisant, puis expire brusquement en relachant la tension. De nouveau, un sifflement, un tac ! et la flèche vient cotoyer sa voisine, à quelques millimètres de distance.


- Tu as compris ? demande-t-elle. Au début, tu vas peut-être avoir du mal. Il ne faut pas baisser les bras. Tu dois être patiente, et persévérante. Réessaie, maintenant.

Syu se tient juste à côté de Loh. Elle lui montre de nouveau la bonne posture à adopter, répète plusieurs fois les gestes, lui remonte l'arc lorsque l'adolescente le pointe trop bas. Quelques fois, elle la reprend sur sa posture, lui ordonne de tendre plus la corde, ou au contraire, de relacher un peu.
La Saxonne sourit, en s'asseyant sur une souche d'arbre. En regardant Loh, elle a l'impression de se voir. Cette petite ira loin, songe-t-elle sans la quitter des yeux. Aussi loin que Syu peut l'emmener.

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Loh
J'ai la langue coincée entre les dents. Je plisse les yeux afin de visualiser plus clairement le centre du cercle. Mon visage doit être grimaçant. Heureusement que le guerrier n'est guère là! Parce qu'au niveau séduction, je dois être dix mille lieues sous la terre!

J'écoute avec attention. J'observe. Je tente de reproduire. Maladroitement certes. Mais je fais de mon mieux. Fermement, j'enroule mes doigts gauches au corps armé. Légèrement au-dessous du centre afin d'y créer un socle naturel pour la flèche. Comme Syuzanna me le montre. Mon index et mon majeur se postent de part et d'autre de cette même flèche. Les autres polochons ne sont guère bien loin. De mon bras droit, je tire sur la corde. L'arc est bandé. Mon bras tremble. Cette arme est tout de même grande! Comment peut-on courir agilement avec elle? La position n'est pas confortable. J'ai envie de baisser le bras. L'arme devient si lourde. Mes doigts me font mal. Tellement que je lâche la corde sans vraiment réfléchir. Elle se perd dans les ténèbres. Mieux vaut ça que sur quelqu'un!

Je regarde avec désolation mon professeur. Elle me réconforte d'un sourire, tout en m'incitant à recommencer. Je pose à nouveau le bout de mes doigts sur la tranche du fil. Je le ramène entre ma poitrine et mon visage. Je tiens bon cette fois. Je me force. Je plisse les yeux. Je me concentre. Et je détends le tout, rapidement. Ce sifflement est enivrant! La flèche n’atterrit pas dans la cible tracée. Mais bien au-dessus. Largement au-dessus d'accord, mais sur le tronc quand même!

Jamais deux sans trois. Troisième essai. Rebelote. La flèche atterrit plus près de la cible. En-dessous cette fois! Autant éviter la monotonie dès le début et farcer l’atterrissage, non?

Plus j'essaie et plus je m'améliore. Enfin, je crois! Je prends confiance. Je me trouve de moins en moins empotée. De plus en plus agile. Pour le moment, je reste fixe. Mais lorsqu'il sera question de courir, je vais tuer toute la forêt et ses gentils petits animaux! Voyons le côté positif : je ramènerai du gibier! Même si c'est un hibou!

Après une vingtaine d'essais, oui bien tout ça, je me tourne vers la saxonne à la chevelure en feu. Je suis fière de moi. Même si le geste n'est pas encore parfait, j'ai réussi à atteindre le centre de la cible. Et plus d'une fois s'il-vous plaît! Je reste alors debout, l'arc en main.

- " On dirait que tes cheveux sont en feu. Que leur est-il arrivé? Et tous ces points du même acabit que tu as sur le visage, c'est rigolo! "
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Syuzanna.
La Saxonne regarde son élève tirer, et tirer de nombreuses flèches. A chaque essai, elle devient plus habile. Bon, bien sûr, viser un tronc d’arbre n’est que le début, mais c’est déjà très bien. Elle verra bien, lorsqu’elle se trouvera devant une biche, comment son élève réagira.

Elle éclate de son rire chaud, à la remarque de Loh. Elle quitte son siège de fortune, et passe une main le long d’une des deux nattes qui la coiffent. Ce qu’il est arrivé à sa crinière ? Ma foi, elle est née comme ça. Quant aux tâches de rousseur… C’est plutôt chose commune en sa contrée. Elle en a presque oublié leur existence. Décidemment, la jeune fille lui plait de plus en plus. Elle n’a pas sa langue dans sa poche, et n’hésite pas à poser toutes les questions qui lui passent par la tête. Ce trait de caractère plait beaucoup à la rousse Saxonne. Enfin quelqu’un qui dit ce qu’il pense ! Elle ne supporte pas ceux qui tournent autour du pot durant un siècle et demi, pour lui annoncer une chose soit disant extraordinaire, mais dont finalement, elle se fiche comme de sa première hache.


- J’ai cette chevelure depuis toujours, jeune fille, répond-t-elle donc en souriant.

Depuis toujours... On pourrait croire à l'entendre, qu'elle est âgée d'un siècle. Elle n'a pourtant que vingt ans.

Elle se dirige vers le tronc de l’arbre-cible, et ôte toutes les flèches à sa portée. L’une d’elle, fichée trop haut, restera là. Replaçant les traits dans le carquois de son élève, elle désigne le châtaignier, situé juste derrière elle.


- Grimpe là-dedans, fait-elle.Nous allons attendre notre proie en hauteur.

La Saxonne monte sans difficulté, parmi les branches, tel un écureuil. Elle ne s’arrête qu’une fois assez haute pour que la biche ne puisse la voir. Attendant Loh, elle vérifie que sa dague est toujours bien retenue par le lien de cuir, au-dessous de son genou. Suspendant son arc à une branchette juste à ses côtés, elle sourit à son apprentie, qui l’a rejointe.

- Bien. Et maintenant, voici le plus dur. L’attente. L’animal ne devrait plus tarder. Une heure tout au plus. Lorsque nous l’aurons tué, je t’apprendrais à te servir correctement de ta dague. Je te montrerais comment vider ta proie. Et quand ceci sera fait, et si tu n’es pas trop fatiguée, je t’apprendrais les rudiments de l’épée. Nous nous battrons avec des bâtons, en attendant. Je n’ai pas envie de me faire embrocher.

Elle sourit, les jambes dans le vide.

- Et surtout, quoi qu’il arrive, ne bouge pas. Tu restes sur ta branche, et tu n’en descends que si je t’y autorise. C’est bien compris ? C’est très important.

Elle darde ses prunelles noisette sur la jeune brune à ses côtés. Elle espère ne pas avoir été trop rude, en lui intimant l’immobilité. Mais il fallait que Loh saisisse bien l’importance du silence, et surtout, se rende bien compte qu’un geste malheureux peut leur faire perdre le gibier.
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Soren
Ainsi donc, les deux aventurières prennent le chemin de la forêt? Hum, qu'espèrent-elles bien trouver là-bas? Veulent-elles rejoindre la rivière pour aller s'y baigner? A la tombée de la nuit et en plein hiver? Hum, ce serait là une bien drôle d'envie. Organisent-elles une veillée nocturne? Possible... mais pour quoi faire? Vont-elles chasser? Sont-elles partie en quête d'un quelconque ermite ou d'une quelconque sorcière? J'ai entendu des rumeurs en ville récemment. Il parait que la fillette aurait rencontré quelqu'un... Simple rumeur... fondée ou pas? Aurait-elle besoin de certaines herbes? Pour décupler le désir ? Il parait que ça existe oui... ou pour... éviter un "engrossement" non désiré? Tant de questions, tant de possibilités et aucune qui ne sorte réellement du lot! Bah! Mieux vaut que je continue à les suivre si je veux savoir ce qu'elles ont en tête.

Ici, il faut que je me fasse plus discret. Il y a moins de monde pour masquer ma présence et les bruits de la forêt discordant avec ceux que je fais pourraient facilement me trahir. Silencieux comme une ombre, vite comme un daim, preste comme un serpent... Être danseur d'eau ne sert pas seulement à la guerre!

Alors qu'elles font halte, je décide de grimper dans un arbre. Souple comme la soie d'été. De cette position d'observation, je ne devrais pas me faire découvrir. Inerte comme un rocher.

Un arc? Des flèches? Un cours de tir à l'arc? A la nuit tombée? La saxonne donne à Loh un cours de tir de l'arc!!! Mais... Suis-je repéré? Impossible! Et pourtant, la première flèche est pour moi... enfin presque! Elle vient se ficher dans mon arbre, à quelques pouces de ma tête. Encore un peu et elle perforait dans mon œil! Je jette un regard suspicieux en direction des deux femmes. Non, ça va. Elles ne semblent pas m'avoir vu. Je comprends soudain que cette flèche n'est qu'une maladresse de Loh... Sa première flèche... Rien de plus normal!

For fanden! Elles grimpent maintenant toutes les deux dans un arbre. D'où je suis je ne les vois plus très bien. Que manigancent-elles encore ? Je sens que tout ceci va mal finir...

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Loh
J'empoigne mon arc afin d'y passer mon buste entre le corps en bois et la corde. Il reste ainsi attaché. J'ai déjà vu un guerrier en faire de même. J'attrape également ma dague. Dans un premier temps, je ne sais où la placer. Puis je finis par la faufiler dans ma ceinture de cuir.

Grimper dans un arbre? J'observe mon aînée. Je grimace du manque de confiance en moi. Elle ne voit rien. Je l'imite. Maladroitement. Très maladroitement. Car mon pied glisse de la flèche. Je manque de me manger une branche desséchée. Je me rattrape de justesse. Je dois avoir l'air d'un singe malade. Deuxième branche. Je continue à grimper. Troisième branche. Je dois faire un boucan d'enfer. Quatrième branche. Mes doigts s'engourdissent de froid. Cinquième branche. Les branches sont aussi dures et glissantes que du marbre gelé. Après une montée qui me paraît interminable, Syu se pose. J'en fais de même. Mon arc prend de la place. Mais je n'y touche pas.

Je pose mon regard azur dans celui de mon amie. Tiens, elle a les mirettes noisettes! Je l'écoute. Lorsque mon attention se porte sur tout autre chose. Mes yeux se font vitreux, comme transporté à l'autre bout de la forêt. Je les plisse. Je tends l'esgourde. Il me semble avoir entendu un bruit de craquement. Est-ce la biche? Un sanglier? Un géant des neiges? Tu as lu trop de comptines dans la bibliothèque du couvent Loh! Je secoue la caboche, faisant virevolter ma tresse auburn.

- " As-tu entendu? "

Malgré ses avertissements de ne guère bouger, je m'agite. Ce bruit ne me paraît pas normal. Mon instinct me dit que non. Et mon popotin me fait atrocement mal! Je dois avoir une branche microscopique qui me pince la peau! Je penche la tête à gauche. A droite. En arrière. Je me retiens à une branche, de la main droite. Ou de la gauche, je suis incapable de le dire. Je suis comme en transe. Je ne fais quasiment pas de bruit pourtant. Jusqu'à ce que mon pouce se pose sur une famille de mousse persistante. Ou un polypore peut-être? Toujours est-il que je me penche un peu trop. De mon point de vue, la situation se déroule au ralenti. Je glisse. J'agrandis les yeux, de peur. Je me sens partir en arrière alors que je fixe ma préceptrice...
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Syuzanna.
- Par les nattes de la barbe de mon père ! s'exclame Syu. La voilà qui tombe !

Agile comme l'écureuil, elle bondit de branche en branche rapidement, sautant la dernière. Elle se réceptionne sur ses pieds si vite, qu'il lui faut poursuivre son aterrissage par une roulade avant.
A genoux près de son élève, elle vérifie tout d'abord qu'elle est consciente, avant de tâter ses bras, puis ses jambes. Rien de cassé, par bonheur.
La Saxonne se laisse tomber sur le derrière, reprenant un rythme cardiaque normal, et une respiration régulière.


- Je t'avais dit de ne pas t'agiter...

Elle hésite, maintenant, entre rire - car la figure que son apprentie affichait avant de tomber était fort comique - ou entre la morigéner - car elle n'avait pas respecter ses ordres.
L'aidant à se redresser sur son séant, la rousse secoue la tête. Elle ne se transformera pas en son père pour l'apprentissage de cette jeune fille. Loh n'est pas Saxonne, de plus, quoique l'allure qu'elle a en ce début de nuit peut tromper. Elle est sa protectrice, pas sa tortionnaire. Elle la serre donc brièvement dans ses bras, et dépose sur son pâle front un baiser.

Elle se fige soudain. Le bruit, cause de la chute de la jeune fille, vient de se répéter. Elle renifle soudain, se dégageant des bras de Loh. Se redressant, elle hume toujours les senteurs de la forêt. Quelque chose, effectivement, n'est pas à sa place, ici. Quelqu'un semble avoir confondu le baquet d'eau avec celui de purin. Ce n'est certainement pas une biche, ni un quelconque animal de la forêt.


- Dùin do bheul ! ordonne-t-elle à voix basse à Loh. Tais-toi !

D'un geste rendu souple par l'habitude, elle fait glisser la lame de son épée hors du fourreau. Un léger chuintement en résulte. Sur sa lame, la Lune fait danser la gravure représentant un dragon, signe de son Clan.
Sur le tapis de feuilles mortes, ses pieds sont silencieux. D'un geste de sa main libre, elle redresse Loh par le col de sa chemise, et la force à se cacher derrière le large tronc de l'arbre dans lequel elles étaient juchées un instant plus tôt.
Elle regarde la jeune fille, et ses yeux noisette lui lancent l'ordre de se taire, de n'émettre de son sous aucun prétexte.

L'astre de la nuit confère au visage de la Saxonne un air sauvage, accentué par les peintures en travers de sa figure. Ses yeux se posent sur la lame qu'elle tient entre ses doigts. La dernière fois qu'elle l'a sorti... Le bruit des armes s'entrechoquant, des hurlements de ses frères d'armes et de ses ennemis lui reviennent soudain aux oreilles. La forêt, songe-t-elle, ne sera plus longtemps silencieuse...

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Loh
Ces étoiles nocturnes que j'admire si souvent sont enfin à portée de paluche. Elles sont brillantes. Elles sont belles. Elles sont enivrantes. Si je tends la main, arriverai-je à en emporter une pour celui que j'aime secrètement?

Arrivée brutale à bon port. J'en ai le souffle coupé. A croire que j'ai avalé des comparses de Dame Lune. Vais-je avoir le cœur en forme d'étoile à présent? Je sens le sol empli de feuilles mortes sous mon corps. C'est dur, humide et agréable à la fois. Il me faut quelques grains de sablier afin de prendre conscience de mon état. Où suis-je? J'ouvre les yeux lentement. Je ne bouge toujours pas. Une forêt? Une rousse à nattes? Elle est très jolie. Elle semble m'apprécier puisqu'elle me serre tout contre elle. Il fait sombre. Est-ce la nuitée? Alors que ma bataille mentale se poursuit, la dame me relève. Il me faut bien ça pour tenir sur mes gambettes! Je tremblote encore. Le froid? Un éventuel choc? Mais que s'est-il passé? Je vois encore des étoiles. Mais à ma manière.

Me taire? Mais pourquoi faire? Quelle est cette langue? Sans dire un mot de plus, je sens que je dois m'exécuter. Quand bien même, je n'oserais dire mot de peur d'avoir perdu l'usage de la parole! Ou de baragouiner une langue inconnue! La donzelle me plaque contre le tronc le plus proche, comme si elle cherchait à me protéger. Étrange. Un bruit sourd se fait entendre. Est-ce à cause de cet écho qu'elle agit ainsi? Elle s'agite, sur la défensive. Je la regarde sans émotion particulière. Lorsque je me rends compte de mon accoutrement : une chasseuse. Ou une guerrière. J'hésite. Mes mains parcourent mon corps à la recherche d'une réponse éventuelle.

Je me recule légèrement, ne quittant pas vraiment le bas de l'arbre. Je panique. Pourquoi est-ce que je ne me rappelle de rien? Pourquoi est-ce que je me sens aussi vide qu'une coquille vidée de son animal d'eau douce?

Lorsque je sens une résistance sous mon pied droit. Je me fige. Je n'ose pas regarder derrière moi. Pourtant, il va bien falloir. Une. Deux. Trois! Je me retourne. A la vitesse d'un éclair de lune. Et là...

...surprise! Impossible de crier! Quelque chose obstrue ma bouche. Aucun son n'y sort. J'ai beau écarquiller mes mirettes océan ou me débattre, rien n'y fait! Je suis prisonnière!
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Soren
Ma main droite est posée fermement sur sa bouche. Elle sent le purin de cochon, mais c'est un bien petit désagrément en comparaison de ce qui s'annonce. Mon bras gauche est passé solidement autour de sa taille. J'attire fermement son corps contre le mien. J'en profite pour maintenir ses deux bras dans son dos, de manière à ce qu'elle n'ait pas le réflexe de se débattre trop. Mon souffle roule sur son cou soudain dénudé. Mon regard se pose sur son visage et s'ancre dans ses mirettes, le plus profondément possible. Je lève un sourcil en guise de salutation, et je lui chuchote tout près d'une oreille que j'ai envie de dévorer...

La dame a raison. Ne parle pas, ne remue pas et détends-toi rapidement. Nous ne sommes pas seuls, et ceux qui viennent n'ont pas des yeux de biches. Je vais te lâcher lentement Loh...

Et dans mon esprit, la phrase se complète naturellement: "...même si je n'en n'ai pas envie!".
Purin numéro 5, vêtements sales, visage barbouillé. Oui, je suis à l'opposé de ces séducteurs dont les cours de France et du Danemark regorgent. Dommage... La nuit... en forêt... éclairé par un quartier de lune idéal: ni trop grand et trop éclairant, ni trop petit pour apercevoir le moindre trait de son visage. L'endroit est idyllique, ne seraient ces...


... Mais avant, il faut que tu saches que des rôdeurs se trouvent dans les parages. Les faquins vous ont repéré. Quand à moi... Je crois qu'ils doivent puer autant si ce n'est plus. Alors, on a peut-être une petite chance qu'ils nous sous-estiment. Je ne sais s'ils en veulent à vos richesses matérielles ou corporelles mais ils n'auront ni l'un l'autre, crois-moi! Tu vas suivre scrupuleusement les consignes de la saxonne. Aucune prise de risque, aucune initiative cette fois. Ce n'est pas une plaisanterie!


Je relâche peu à peu mon étreinte, m'assurant par la même que mes demandes sont respectées. Envie? Moyen de la rassurer? Je libère sa main, non sans avoir préalablement déposé un baiser dans la paume de celle-ci. Je m'abaisse alors, ramassant une fleur blanche qui traine au sol et la replace dans ses cheveux. Maintenant, il est temps de faire preuve d'une peu de subtilité. Souple comme une anguille. Je regrimpe aussitôt dans l'arbre qui se trouve devant moi. Un danseur d'eau voit avec tous ses sens. Et il m'en faut plusieurs pour détecter la présence ennemie. 1...2...3 et 4 ! J'en ai repéré 4. Tous? Je n'en sais rien. Je me penche vers le bas et aussitôt j'indique à Syuzanna l'endroit où ils se trouvent.
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Syuzanna.
Elle sent un frisson la parcourir le long du dos, alors qu'elle détecte la présence proche, de Soren. Son ouïe capte sans trop le vouloir quelques unes des paroles du Danois. Elles ont donc été suivies... Elle grogne dans ses moustaches imaginaires. Qu'ont donc les hommes en tête ? Elle affirme l'emprise de ses doigts sur la garde de son épée.
Tandis que Soren, qui est monté dans l'arbe, l'informe tout bas du nombre de futures victimes, la Saxonne sent son coeur battre plus fort. Elle connait cette sensation. Ce n'est ni de la peur, ni de l'appréhension. C'est de l'excitation, de l'impatience, même. Elle se souvenait des champs de bataille. Elle ne parvenait pas à avoir peur. Son père l'avait élevé dans l'optique où rien, pas même la mort, n'était à craindre. Aujourd'hui, c'est la même chose. Elle a beau essayer, elle ne parvient pas à redouter ce qui l'attend.

Soudain, elle les sent approcher. Sentir, car leur odeur est telle qu'il lui est difficile de faire autrement que de les renifler. En tendant l'oreille, elle perçoit même un bout de leur conversation, où il est question de "voir sous les jupons des deux donzelles". L'un d'eux, particulièrement bruyant, revendique ses droits sur la prise de la Saxonne, car, soit disant, il aime l'exotisme.
Syu ne peut empêcher ses lèvres de s'étirer en un sourire carnassier. Qu'il vienne... Il en recevra pour son compte, de l'exotisme. Le voyage sera tel qu'il n'en reviendra pas.

Du coin de l'oeil, elle vérifie que Loh est toujours à sa place. Le bruit des pas des coquins se rapproche. Dans un instant, ils seront devant elle. Devant eux ? Le Danois redescendra-t-il, ou la laissera s'amuser toute seule ?
Le goût, métalique, du sang, lui vient en bouche, alors que les quatre aventuriers du dimache apparaissent.
En un éclair, Syu dissimule son épée derrière une jambe. Elle sait bien que ce n'est pas poli, mais elle aime jouer avec ses proies, avant de les transpercer de son arme.

Lentement, faisant rouler leurs épaules, ils s'avancent. Ils sont armés de lourds batons, et deux d'entre eux, d'épées Visiblement, ils la croient seule. Dans un rayon de Lune, leurs visages se dessinent. Ils ont la mine sale, et leurs yeux lancent des éclats lubriques. Elle reste parfaitement immobile. S'ils s'y connassaient un peu en tradition saxonne, ils se seraient rendu compte que la peinture sur son visage, ce n'était pas de la déco. Cela signifie clairement qu'elle est en guerre. Et à défaut d'ennemis convenables, la Saxonne s'avère désormais être en guerre contre eux. Et si, en plus de connaître les traditions, ils connaissaient le caractère saxon, cela fera bien longtemps qu'ils seraient partis. Ils n'auraient même pas chercher à venir, d'ailleurs. Ne dit-on pas des Saxons que ce sont des sauvages assoiffés de sang et de violence ?

Elle jete un regard en l'air, et ses prunelles rencontrent celles de Soren. Elle a une folle envie de faire joujou. Et comme elle se sent d'humeur joyeuse, elle se sent prête à partager ses jouets avec lui. Elle repporte ses yeux sur leurs visiteurs.


- Bonsoir, Messires, lance-t-elle en assurant sa prise sur la garde de son épée, tout en glissant une main le long de sa cuisse gauche, se saissant de la hachette qui ne la quittait jamais. Et bienvenue dans la danse...
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Loh
Je le sens tout contre moi. Il épouse presque mes formes de jeune femme. Devrai-je dire fillette? Je l'observe de mes yeux bleus en amande. Ma respiration s'accélère contre ma volonté. Je n'ai jamais été aussi proche d'un homme. Son regard est si clair. Je n'en rate pas une pupille.

Une odeur? Quelle odeur?


Il me parle. Il m'intime de rester calme. Comment puis-je faire autrement puisqu'il me ceinture de tous côtés? Je l'écoute. Sa voix m'est familière. Doucement chaleureuse. Un bien-être tellement étouffant qu'il me permet de me souvenir des derniers évènements. De me calmer. Le cours de chasse avec Suy, mon ange gardien. Les flèches dans l'arbre. La grimpette dans un de ceux-ci. Et la chute. Le ralenti. Comme si mon coeur allait lâcher. Le manque de souffle. Le choc feuillu. Je dois d'ailleurs en avoir plein le dos! Personne n'a pensé à m'en débarrasser!

Le guerrier s'en va faire le singe. Je tends inconsciemment une main vers lui. Sans le toucher, bien entendu. L'a-t-il remarqué? J'imagine que non puisque moi non plus! La saxonne s'apprête à combattre. Seurn est aux aguets. Et moi? Je reste là, bêtement. Nom d'une bille tricolore, je ne peux rester ainsi! A ne rien faire! Je vais me faire tuer! Ils ne pourront pas me protéger à eux deux!

Les deux guerriers sont concentrés. Les bruits se font de plus en plus proches. Je recule. Lentement. Afin de ne guère faire de bruit. Tout comme mon professeur me l'a appris. Ça à l'air de marcher. Je continue. Je m'éloigne d'eux. Je m'enfonce un peu plus dans les ténèbres. Je camoufle ma silhouette. D'arbre en arbre. Je sautille avec attention, tentant de frôler les feuilles mortes au sol. Et non de les écraser lourdement.

Le silence. Il est mortel. Aucun bruit. Aucun oiseau. L'ambiance est étouffante. Et apaisante à la fois. Cela faisait des mois que je ne m'étais plus retrouvé entourée d'un tel calme. Évidemment, il n'est guère aussi apaisant qu'une prière à côté de quelques flammèches. Mais je suis confiante. Peut-être trop. A tord ou à raison? A tord...

Sans crier "hibou", un homme surgit. Il me fonce littéralement dessus. Il est seul. Il est plus grand que moi. Plus fort. Il ne possède aucune arme. Seul le poids de son corps suffit à me faire vaciller. Je crie par instinct. Il m'envoie sa paluche dans le visage. Les étoiles sont de retour. Mais je suis toujours consciente. Il attrape ensuite violemment mon corps frêle pour le plaquer contre le sien. Il respire bruyamment. Il sent le rat crevé. Et encore, la comparaison est légère. Son haleine est putride, lourde d'alcool bon marché. Je reprends un tantinet mes esprits. J'ouvre la bouche pour crier à nouveau mais il plaque une de ses mains crasseuses sur mes lèvres. Décidément, veulent-ils tous m'étouffer au jour d'hui? Il m’écœure. Je repousse le vaurien. Je n'ai aucune force comparé à lui. Je me sens impuissante. Nous dansons étrangement ensemble. Je me prends les petons dans ma cape. Il m'expulse contre le sol. Il est étonnement dur à cet endroit de la forêt. Il m'y rejoint. Je me relève. Mais il insiste pour que j'y reste. Mon arc! Ma tête passe de gauche, à droite. Je ne le vois plus. Il a dû tomber alors que je me débattais. Mon bâton? Il est resté sur la champ de bataille. Nom d'une corne de cerf! Je marchande ma liberté autant que possible. Mais que fait-il? Non, pas ma chemise! Laissez mes braies en paix salopiot! Les mots me manquent. Je suis incapable d'articuler quoique ce soit. J'ai besoin de regrouper mes forces autre part que littérairement. Même si je les perds petit à petit. Je me surprends même à penser que je devrais me laisser faire. Ainsi, il me ficherait bien vite la paix.

Non! Non! J'ai une famille à retrouver! Et il y a Seurn! Syuzanna! Marjo! Enelia! Je ne peux leur faire cela! J'ai le droit de vie et je le revendique! Qui plus est, je ne compte me faire déflorer par un bougre pareil! Si tel est son but! C'est mon danois qui doit s'en occuper! Lui et lui seul!

Je me sens prise d'une étrange transe. D'une rage incommensurable. J'ai l'impression d'avoir acquit le double de force. Et je ne m'en prive pas pour l'exposer au rustre inconnu. Je le pousse, alliant un cri rauque. Il est surpris. Cela se remarque à son regard ahuri. J'en ris intérieurement alors que ma paluche droite traîne du côté de ma ceinture de cuir. Grossière erreur. Lenteur assurée. Le grossier merle, qui ne s'est même pas présenté, se rue à nouveau sur moi. Pour se figer devant moi. Contre moi. Sans bouger.

La situation dure une éternité. Le bandit se met à glisser contre mon corps. Pour sombrer lourdement à terre. Un "pouf" à moitié étouffé et tout se fini. Je le toise. Il est vêtu de somptueux haillons. A croire qu'il ne s'est pas changé depuis des semaines. Mais qu'il ne vit pas dans les rues. Il est face contre terre. Sa tignasse est longue, aucunement nouée et très certainement pleine de nœuds. Mon visage reste impassiblement bleuté durant mon analyse. Ma dague siège dans ma paluche droite. Pleine de sang. Mes doigts aussi. Mon corps aussi. Il s'est tué lui-même. Et il a tué une partie de moi par la même occasion.

Effet second? Provocation? Je ne prends plus conscience de grand chose. Je suis secouée. Le dos de ma main ensanglantée glisse alors sur ma bouche, laissant du sang humain s’immiscer en moi. Ça sera le souvenir de ce qui s'est passé cette nuitée en ce début d'année 1460.

Je n'aurais pas tué une biche. Mais un homme.

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Soren
Le calme avant la tempête... Les marins disent tous cela. Et quand on a passé sa jeunesse à Aalborg, on connaît forcément le dialecte des marins. On apprend leurs manières, et on les respecte. La vie de marin n'est pas facile tous les jours. Mais… Pourquoi donc mon esprit s'égare t-il vers Aalborg en cet instant?

Les animaux se terrent. Pas un ne bronche. Le silence est édifiant. L'ennemi est là, à quelques pas. Je les discerne à peine. Je vois juste leur ombre, mais c'est suffisant. Soudain une branche craque en dessous de moi! For Fanden! Par où est-il passé celui-là? Je ne l'avais pas vu venir! Alors ça veut dire qu'ils sont cinq désormais. Je me saisi d'un gland qui se trouve à portée de main et l'envoie sur la tête de celui que je surplombe. Je prends une voix efféminée, aussi aigue que me le permettent mes humeurs masculines et je m'adresse à l'intrus


Un gland! C'est tout ce que vous êtes Monseigneur! On ne casse jamais une branche quand on veut se faire discret. Et la discrétion est la première des qualités quand on court la gueuse!

L'homme lève la tête vers moi, abasourdi. Je lui fais un petit signe amical de la main pour être sur qu'il m'a bien repéré.

Si vous venez pour zyeuter sous les jupons des dames, alors vous êtes idéalement placé avec moi mon gentil homme mais…

Ma phrase est interrompue par la voix de Syuzanna. Ma tête se tourne dans sa direction. Je l'aperçois. Elle a visiblement, elle aussi, trouvé son cadeau. Elle semble maîtresse de la situation mais un peu d'aide ne lui fera sans doute pas de tort. De l'aide… une vraie aide! Celle d'un guerrier! Celle d'un homme! Je souris et je reprends ma voix habituelle, celle du guerrier danois, du danseur d'eau qui, cette fois-ci ne dansera pas, faute de posséder sa lame fine. Je reporte à nouveau mon attention vers mon voisin de l'étage inférieur.

… mais ce que vous y trouverez sera un tantinet plus viril que ce que vous escomptez. Et surtout, cela risque d'être pas mal plus poilu! Tenté malgré tout?

Sans attendre mon reste, je bondis de mon perchoir dans sa direction. Le gueux n'a pas le temps d'esquiver, il est encore manifestement sous le coup de la surprise. Ma botte atterrit directement dans son visage. Une gerbe de sang gicle de sa lèvre tuméfiée. L'homme, déstabilisé, a toutes les peines du monde à rester sur ses deux quilles. Il est visiblement sonné. Cela me donne l'opportunité de me récupérer et le temps de me relever, il essaie de me porter maladroitement une attaque avec sa lame qui pointe dangereusement en direction de mon flanc. Son geste est lent, effectué comme au ralenti. Je n'ai aucun mal à esquiver le coup et à lui assener un violent coup de coude en pleine mâchoire, faisant sortir de sa bouche une canine et une incisive dans un flot rouge bourgogne. L'homme est poussé vers l'arrière. Sa tête vient heurter lourdement le chêne qui se trouvait sur sa trajectoire. On prétend que le chêne est un bois dur. Lui en est sur. Son corps, inerte, s'affale mollement le long du tronc pour finir par s'allonger de tout son long dans l'herbe humide. Ça, c'est un coup gagnant. Malgré le repos forcé à Compiègne, il faut croire que je n'ai pas trop perdu la main. Je m'approche de lui. Pas de doute, il a son compte. Je ramasse l'épée courte et me précipite pour aller porter secours à Syuzanna que j'ai entraperçus aux prises aux trois malotrus. Là encore, j'ai l'avantage de la position. Deux des trois petits rigolos me tournent le dos. Je lève mon arme au dessus de ma tête et m'apprête à l'abattre lorsque l'abruti fait un mouvement de côté pour parer un coup de la saxonne. Acte manqué de sa part... et de la mienne. Je suis moi aussi déstabilisé et mon coup est imprécis. Au lieu de s'abattre du plat sur sa tête, la lame s'enfonce profondément à la base de son cou. Un craquement sinistre se fait entendre. Les vertèbres cervicales ont lâché. L'homme s'affale immédiatement, sa tête faisant désormais un angle bizarre avec son tronc. Finalement, mon manque d'entrainement se ressent plus fort que je ne le croyais à première vue. Jamais je n'aurais raté ce coup si j'étais en pleine possession de mes moyens. Jamais!

Deux hommes pour Syuzanna? Bah, il parait qu'elle est gourmande et vorace la rousse saxonne. Je les lui laisse ces deux-là! Qu'elle en fasse ce qu'elle veut! Qu'elle zyeute même dans leurs braies si elle veut appliquer la loi du talion, je m'en fous. Une idée nait dans mon esprit. Une inquiétude. Loh. Loh! Loh!!!! Je me retourne brusquement la cherchant du regard… et je tombe nez-à-nez sur un autre bachi-bouzouk tout aussi surpris que moi! Le bougre désirait-il me faire le même coup que celui que je viens d'asséner à son collègue de travail? Tant pis pour lui! Je suis plus prompt et mon coup porte exactement où je le désire cette fois. Trois morceaux de doigts effectuent un ballet aérien des plus disgracieux. L'homme hurle sa douleur à la face de lune. Tiens, c'est le premier des trois que j’entends parler. Dommage que mon oreille ne soit pas encore formée aux accents du royaume de France. Il ne demande pas son reste et détale aussi vite qu'il le peut. Je le poursuis en me demandant combien ils sont finalement. Quatre? Oh non, sans doute beaucoup plus… Six? Huit? Aucune idée!

Mon adversaire est arrivé à la lisière de la forêt et se précipite visiblement vers une masse sombre. Une masse mouvante. Une masse vivante. Je m'arrête immédiatement. Téméraire peut-être. Imprudent jamais. Je force mes yeux pour deviner ce que peut bien être cette masse. Un cavalier! Oui, c'est un cavalier. J'entends les hennissements d'un cheval. Je le vois même se cabrer désormais alors que le fat s'approche du cavalier. Hum… Ce que je distingue ne me dit rien qui vaille : le brillant d'une lame sur laquelle la lune se reflète, un bouclier, un blason qui ne veut révéler son secret. Pas de doute, l'homme est d'une noble maison… ou à sa solde! Milles idées se mélangent dans mon esprit. Ces gueux n'étaient visiblement pas des adversaires de qualité, loin s'en faut. Le triste cavalier lui, aurait été bien plus difficile à vaincre. Alors quoi? Et pour l'homme s'approche t-il ainsi? Que cherche t-il? Protection? Paiement pour son travail? Soudain, un bruit…. un bruit que je connais fort bien, celui d'une épée qui glisse dans son fourreau. Puis, celui d'un cri d'une douleur infinie. Mon ex-adversaire porte ses mains à son ventre comme pour empêcher ses entrailles de trainer par terre. Il a raison, cela ferait mauvais genre même pour un fat qui sent le purin à des lieues à la ronde. Le cavalier tourne bride et disparait dans la nuit.

Qu'est-ce que tout cela peut bien vouloir dire? Je suis un instant déstabilisé. J'essaie de comprendre. Mais mon esprit revient brusquement à la réalité. Un détail me titille. Quelque chose ne va pas. Mais oui! Sacré bon sang! Loh! Je ne l'ai pas vu depuis un bon bout de temps et c'est elle que je cherchais quand cet idiot est venu se mettre en travers de ma route. Oubliant toute discrétion, je retourne aussi vite que possible là où j'ai laissé les deux filles juste avant l'attaque. Les animaux sont toujours terrés. Ils ne bronchent toujours pas. Il n'y a que moi qui bronche dans cette forêt.


Loh!…. Loh! …. Loh, où es-tu?

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Syuzanna.
L’un des manants s’avance en ricanant, ses lèvres minces retroussées en un sourire qui ne dissimulait en rien ses chicots. Dieux, comment peut-on se laisser aller de la sorte, songe Syu. Il fait aller et venir son épée dans ses mains. Un coup à gauche, un coup à droite, un coup à gauche, un coup à droit, un coup à gauche… Que c’est désagréable ! Mais elle le laisse faire. Il se fatiguera avant elle.
Soudain, le voilà qui s’élance ! Il ne tient même pas correctement son arme, et Syu pense qu’une fois de plus, le combat est inégal. Elle ne bouge toujours pas. Droite comme i, elle le laisse s’approcher d’elle tout prêt. Puis, elle se décale légèrement. De nouveau, et fort opportunément, la Lune frappe de ses rayons la lame de la Saxonne. Un vilain sourire étire ses lèvres alors que le faquin s’arrête net. Il a l’air surpris, puis se met à rire.


- Lâche ça petite, tu vas te faire mal.

Elle se retient de rire. Garde son sérieux. Prend un air froid. Laisse son instinct prendre le dessus. Un sourire carnassier lui barre le visage. Elle lève l’épée et écarte légèrement les jambes, pour plus de stabilité. L’homme de semble plus trouver ça drôle. Un autre vient le rejoindre. Ils semblent penser qu’à deux, ils gagneront forcément. Elle reconnaît bien là le « courage » des hommes.

Et hop, l’un d’entre eux bondit vers elle en levant haut son arme. C’est si facile qu’elle en est déçue. Elle pare le coup sans problème. L’autre attaque en hurlant. Elle le repousse sans grande difficulté. Ils accélèrent le rythme, frappant plus vite et plus fort. Mais la Saxonne est entraînée. Et elle en a maté d’autres. Elle décide de se lâcher. C’est la fête, non ? Elle enchaine les coups de taille, d’estoc, portés avec la maîtrise d’une personne ayant passée sa vie au milieu des armes et des combats en tous genres. L’un d’entre eux l’attaque, et tend son épée au-dessus de sa tête, dans le but évident de trancher celle de la rousse à la verticale. De nouveau, elle l’en empêche. Et de sa main libre, elle extirpe sa hachette de sa ceinture. Un coup large, puissant, et l’arme s’enfonce dans le flan de son adversaire comme dans du beurre. L’homme la dévisage, surpris, alors que d’un geste du bras, elle reprend son bien. Il pose une main sur sa plaie, tentant de retenir les boyaux qui ne demande qu'à aller visiter le monde. Puis il s’effondre à ses pieds. Aussi mort qu’on peut l’être. Le second attaquant hésite. Mais son imbécilité n’a d’égal que son orgueil, qui refuse sans doute l’idée de se faire battre par une femme. Même si ladite femme est couverte du sang de son camarade. Il attaque, la pointe de l’épée en avant. La Saxonne fait glisser son arme contre celle du manant. Celui-ci est encore plus laid que le premier. Comment a-t-il bien pu se débrouiller pour être aussi sale ? Brusquement, la voilà agacée. Et il n’est jamais bon d’agacer une Saxonne. Surtout quand celle-ci est armée. D’un coup violent du coude, elle le projette au sol. Il se retourne rapidement, veut se relever, l’implore, la supplie, lui demande la pitié.


- Pitié ? siffle-t-elle. Je ne connais pas ce mot. Je m’excuse, je n’ai pas encore saisi tout le dialecte du pays.

Et sans plus attendre, elle enfonce sa hachette dans le crâne du faquin. Le sang gicle partout, tachant sa chemise, son visage, ses bras. Elle regarde autour d’elle. Le Danois s’est battu, lui aussi. Bien battu même. Elle lui adresse un bref sourire, même si elle n’est pas sûre qu’il ait pu le voir, dans cette sombre forêt. Elle se penche, et essuie sa hachette, pleine de sang, sur les haillons du mort. Puis elle se relève, cherche Loh des yeux. Il faut dire que le Danois l’inquiète, aussi, à hurler son nom partout comme un fou. Elle s’avance rapidement vers l’arbre où elle est censée être. Evidemment, comme dans les mauvaises histoires que les bardes racontent, la jeune fille a disparu. Elle soupire. Décidemment, cette journée ne se passe pas du tout comme prévue. Soudain, elle aperçoit, plus loin, à quelques mètres, la forme sombre d’un corps allongé. Par les Dieux ! Faites que…

Elle bondit jusqu’au cadavre. Elle soupire de soulagement en constatant que c’est un homme, fort laid d’ailleurs. Elle tourne la tête et voit enfin la fillette. Elle s’approche d’elle doucement, s’agenouille, lui prend le visage entre les mains. Sa bouche est pleine de sang. Ses doigts aussi. Une dague est posée non loin d’elle. La Saxonne retient un juron. Elle passe une main légère sur les cheveux de Loh, et s’aperçoit que sa chemise est à moitié arrachée. Elle la relace doucement.


- Soren Eriksen ! hurle la rousse. Elle est ici !
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